Publié le 04.12.2025 à 15:24
Manuel Pavard
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Publié le 04.12.2025 à 15:17
Manuel Pavard
Qu’est-ce qui relie des salariés de Teisseire, leurs collègues de STMicroelectronics ou Soitec, et des livreurs Uber Eats et Deliveroo, souvent auto-entrepreneurs ? Leur condition de travailleurs, malgré des statuts et nationalités — beaucoup de livreurs étant originaires de Guinée, à Grenoble — différents. Et cette ferme conviction d’avoir des intérêts communs, autrement dit la conscience de classe. Qu’on l’appelle ainsi ou pas, c’est bien ce moteur qui a poussé les uns et les autres à défiler côte à côte, ce mardi 2 décembre, dans la zone industrielle de Crolles et Bernin.
Jacky Coche (UL CGT Grésivaudan) au micro devant l’usine Teisseire.L’union locale CGT du Grésivaudan ainsi que les syndicats CGT de Teisseire, ST, Soitec et Atraltech avaient appelé les salariés de ces entreprises et leurs soutiens à manifester, à l’occasion de la journée de grève nationale interprofessionnelle contre l’austérité budgétaire. Un appel auquel s’est donc joint le syndicat CGT des livreurs à vélo, mobilisés à la fois en soutien à leurs camarades de l’industrie et pour défendre l’occupation du siège de la Métropole, à laquelle participent de nombreuses familles de livreurs.
Venus en soutien, les livreurs à vélo CGT ont raconté leur occupation du siège de la Métropole.L’objet de la manifestation ? Dénoncer bien sûr la fermeture prochaine de l’usine Teisseire de Crolles, mais aussi, plus largement, « la casse industrielle en cours dans le bassin d’emploi du Grésivaudan », peu d’entreprises échappant aux suppressions d’emplois et « réorganisations » diverses. Le parcours du défilé reflétait ainsi ces revendications, avec un coup d’envoi donné depuis le piquet de grève de Teisseire, puis des haltes, avec prises de parole syndicales, devant les sites d’Atraltech, STMicroelectronics et Soitec, avant un retour au point de départ.
Du côté du fabricant de sirops, c’est presque le statu quo en tout cas. Cela fait près de huit semaines que les salariés sont en grève, vent debout contre la « mort industrielle programmée » du site isérois, pour reprendre les termes de la CGT. Fermeture prévue en avril 2026 et qui doit laisser 205 salariés sur le carreau. Un véritable « pillage » organisé de la part du groupe Carlsberg qui, après avoir racheté Britvic en 2024, a visé « l’assèchement de la trésorerie de l’entreprise crolloise, s’ajoutant à la baisse des carnets de commande par la sous-traitance de l’activité vers Slaur-Sardet en Normandie », dénoncent la CGT Isère et la Fédération nationale agroalimentaire et forestière (FNAF CGT) Rhône-Alpes.
Près de 400 personnes ont défilé derrière les salariés de Teisseire.La présentation du PSE n’a amené à ce jour « aucun élément économique permettant de justifier la décision de fermeture portée par le groupe », selon les syndicats. Au contraire, « l’entreprise a fait remonter au groupe 121,5 millions d’euros en 2024 » tandis que « les résultats économiques restent positifs en 2024 avec 3,4 millions d’euros de résultat d’exploitation ». D’où une décision qui « relève uniquement d’une opération spéculative », d’après la CGT.
L’Unef était également présente dans le cortège.Au sein du cortège, plusieurs salariés insistent ainsi sur ce point, souligné par la CGT : Teisseire est bien « une entreprise solide financièrement et dispose de toutes les compétences en R&D » pour se positionner sur de nouveaux produits, en complément de la production historique de sirops.
« La direction affirme qu’on ne peut pas rester sur le site car on ne répond pas aux standards Carlsberg : douze lignes de prod’, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec TRS très élevé… Soit. Mais alors pourquoi envoyer à la Slaur qui ne répond pas elle-même à ces standards ? »
Un salarié de TeisseireAujourd’hui, les négociations sur le PSE avec la direction sont au point mort, explique un salarié : « On n’a toujours pas signé l’accord de méthode et on est en attente de notre rapport d’expertise. On n’a toujours pas d’informations de notre direction sur pourquoi on est en déficit, où sont passés les 144 millions d’euros [NDLR : de 120 millions de trésorerie à moins 24 millions entre 2024 et 2025]… donc on espère que les experts pourront nous donner des informations complémentaires à ce sujet. »
Des manifestants combatifs.Les grévistes réclament un retour de la production délocalisée vers la Slaur-Sardet, poursuit-il, ainsi que « des investissements sur le site pour préserver la marque et nos emplois, à Crolles, à côté de la R&D ». Laquelle doit rester à Crolles, à en croire les déclarations du président de Teisseire, Christophe Garcia.
Le salarié précité [qui tient à rester anonyme] réfute par ailleurs la thèse de la direction affirmant « qu’on ne peut pas rester sur le site car on ne répond pas aux standards Carlsberg : douze lignes de prod’, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec TRS (taux de rendement synthétique) très élevé… Soit. Mais alors pourquoi envoyer à la Slaur qui ne répond pas elle-même à ces standards ? », ironise-t-il, citant, entre autres exemples, « l’impossibilité de faire du bio » pour le sous-traitant havrais, contrairement à Teisseire.
Plus le temps passe, plus la décision de Carlsberg apparaît donc non seulement injustifiée au niveau économique, mais également illogique sur le plan industriel. Un point commun avec la situation des autres grandes entreprises du Grésivaudan, qui ont toutes fait l’objet de mesures absurdes, à chaque fois pour le seul profit des dirigeants et actionnaires, et au détriment de leurs salariés.
Alice Pelletier, déléguée syndicale CGT STMicroelectronics.Illustration lors des prises de parole organisées sur les différentes étapes du parcours. Kamel Mouhad, secrétaire général de l’UL CGT du Grésivaudan (et délégué syndical CGT Soitec) pointe ainsi le PSE réalisé par Altraltech, « qui désorganise complètement l’entreprise », poussant même les salariés non ciblés par ce PSE à vouloir partir « par tous les moyens possibles ». Atraltech (spécialisée dans les systèmes de sécurité et télésurveillance) qui a en outre été « rachetée par [le milliardaire Pierre-Edouard] Sterin, qui finance l’extrême droite », ajoute-t-il.
Pierre David (UL CGT Grésivaudan), devant Atraltech.Pierre David, de l’UL CGT, rapproche le cas de cette entreprise de celui de Teisseire : « Les investissements ne sont pas faits donc à un moment donné, on nous dit que ce n’est plus rentable et qu’on n’a pas d’autre solution que de licencier des gens et peut-être à terme, de fermer la boutique. » Là encore, une décision sans aucune justification économique. « Depuis qu’Atraltech a été revendue, rien n’a été fait pour que ce soit développé alors qu’il y a les compétences. Du coup, les salariés en ont marre, ils s’en vont et les compétences avec », déplore-t-il. Pierre David s’appuie toutefois sur la lutte victorieuse — sur les salaires — conduite ici en 2012 pour refuser la résignation : « La seule bataille perdue, c’est celle qui n’a pas été menée ! »
En passant devant STMicroelectronics, puis Soitec, les responsables CGT effectue des constats similaires, avec les mêmes causes produisant les mêmes effets. Nadia Salhi, déléguée syndicale CGT ST France, rappelle ainsi les visites successives des présidents de la République et ministres à Crolles, dont la dernière en date en 2022. C’était Emmanuel Macron, venu « annoncer des aides de l’État à hauteur de 2,9 milliards d’euros pour agrandir l’usine et pour créer mille emplois ». Résultat des courses, en 2025, « le PDG annonce mille suppressions d’emplois [NDLR : en France] », s’insurge-t-elle.
Devant l’usine ST de Crolles.Devant Soitec, Kamel Mouhad évoque quant à lui « la crise financière et de gouvernance de l’entreprise », comme en témoigne la récente démission du directeur général. Une délégation d’élus syndicaux de Soitec et STMicroelectronics a d’ailleurs été reçue au ministère lundi 1er décembre pour interpeller le gouvernement. « Il y a des centaines d’emplois menacés aujourd’hui dans la vallée du Grésivaudan », s’inquiète le syndicaliste. Et sa camarade Alice Pelletier, déléguée syndicale CGT à STMicroelectronics Crolles, de marteler une évidence, régulièrement répétée dans les manifestations : « De l’argent, il y en a dans les caisses du patronat ! » Et ce, « par milliards, alors que c’est nous qui produisons les richesses ».
Hela Salhi, déléguée syndicale CGT Soitec.De leur côtés, la CGT Isère et la FNAF CGT s’adressent directement à la représentante de l’État : « Nous réitérons auprès de la préfète de l’Isère notre demande de l’organisation d’assises de l’industrie et de l’emploi en Isère afin de sortir de la spirale qui voit les entreprises mettre la clé sous la porte les unes après les autres sans aucune intervention de l’État, malgré 211 milliards d’aides publiques tous les ans. »
Rendez-vous le 11 décembre avec Sophie Binet et Fabien GayUne nouvelle manifestation sera organisée jeudi 11 décembre au départ de l’usine Teisseire et jusqu’à la mairie de Crolles, avec la présence de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, et de Fabien Gay, sénateur PCF de Seine-Saint-Denis — et directeur de l’Humanité — ayant révélé le scandale des 211 milliards d’aides publiques sans contrepartie aux entreprises.
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Publié le 04.12.2025 à 10:47
Luc Renaud
Radiall, une entreprise métallurgique qui fabrique des connecteurs pour le médical, le spatial ou l’aéronautique, installée à Voreppe, où travaillent quelque quatre cent salariés. A Voreppe, mais pas uniquement : le groupe emploie 1300 salariés et 3000 à travers le monde. Autre fait marquant, la société est dirigée par Pierre Gattaz, ancien dirigeant du Medef.
Radiall, c’est aussi un net succès de la CGT lors des dernières élections professionnelles. Globalement, dans les quatre sites français – le siège à Aubervilliers en région parisienne et les trois sites de production : Voreppe, l’Isle‑d’Abeau et Chateau-Renault non loin de Tours – le syndicat est passé de 18,66 % à 46,95 % des suffrages exprimés de 2022 à 2025. Avec pourtant une participation en baisse dans le premier collège, celui des ouvriers et employés : « le passage au vote électronique obligatoire réduit le nombre de votants à ceux qui disposent d’un ordinateur et n’hésitent pas à s’en servir », note Yoann, secrétaire du syndicat de Voreppe et délégué syndical central CGT. Le syndicat devient ainsi la première organisation syndicale devant la CFE-CGC, l’UNSA et Sud alors qu’il occupait la quatrième place il y a trois ans.
Les raisons de ce succès ? Yoann nous explique. « Avec l’union syndicale départementale de la métallurgie, nous avons beaucoup travaillé sur le site de l’Isle‑d’Abeau. » Le résultat, c’est que la CGT a pu présenter une liste dans le premier collège – ce qui n’est pas le cas en 2022 où l’UNSA était seul en lice – et y a obtenu 20,4 % des suffrages.
Du changement également à Château-Renault. Là, c’est la réunification syndicale qui est à l’oeuvre : des membres du syndicat Sud ont rejoint la CGT. La CGT s’est ainsi trouvée la seule organisation syndicale en capacité de présenter des listes dans les trois collèges. Situation certes « confortable » du point de vue du résultat, mais aussi significative. « Cela impacte le résultat global, se réjouit Yoann, mais ce qui est aussi important pour nous, c’est le vote du troisième collège, celui des cadres : bien que la CGT ait été seule à se présenter, le taux de participation a été de 72 % ; l’image de la CGT chez les cadres est en train d’évoluer positivement. » Décisif pour l’avenir, dans une entreprise où, comme dans beaucoup d’autres, le poids relatif du troisième collège s’accroit régulièrement.
Forte de ces résultats, la CGT va porter ses efforts sur la syndicalisation. « Que davantage de salariés participent à la réflexion et à l’action syndicales, ce serait positif pour tout le monde », relève Joann. Les sujets ne manquent pas. Dans l’immédiat, celui des négociations annuelles obligatoires qui se dérouleront au printemps prochain. « Nous allons faire le tour des ateliers et des bureaux. » Et, à plus long terme, les modalités de l’extension de l’usine de Voreppe. Radiall a décidé de construire un nouvel atelier à Centr’Alp à Saint-Jean-de-Moirans, et de développer son site de Voreppe en utilisant les surfaces libérées. Un investissement sur lequel les salariés auront à se faire entendre en termes d’efficacité du nouvel équipement, d’emploi et de conditions de travail.
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Publié le 03.12.2025 à 10:49
daniel Oriol
Une soixantaine de militants retraités, agents publics hospitaliers, et salariés du privé a accompagné la délégation composée d’un membre de l’union locale de Roussillon, un de Voiron, du secrétaire de l’union syndicale départementale CGT santé, d’un des organismes sociaux, d’un retraité roussillonnais et un membre du collectif santé du Voironnais lors de la rencontre avec Yannick Neuder redevenu député de la 7e circonscription.
La délégation a bien entendu interpellé le députe sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) qu’elle qualifie du plus grave depuis sa création, ce qui impactera terriblement les plus précaires, et le bon fonctionnement des établissements public de santé.
Le député à répondu qu’il partageait l’analyse, qu’il avait décidé de ne pas reconduire son mandat au ministère de la Santé (!) pour ces raisons, qu’il était complètement d’accord sur l’ONDAM (Objectif national de dépenses d’assurance maladie) bien trop faible, aggravant encore le fonctionnement des hôpitaux et qu’il était opposé à la suspension de la réforme des retraites.
Le député estime au contraire qu’il faut une réforme des retraites afin de préserver le système par répartition. Le débat a permis à la CGT de réaffirmer que notre système de retraite peut largement fonctionner si les financements sont à la hauteur des enjeux, en allant récupérer toutes les aides publiques aux entreprises qui leur sont versé sans contrepartie citant Vencorex, Teisseire, les Aciéries de Bonperthuis entre autres.
Yannick Neuder a répondu qu’il fallait se méfier des annonces sur les aides publiques aux entreprises, car certaines sont plus que nécessaires pointant certains dispositifs comme les aides aux PME. Le député, conscient des enjeux, va organiser prochainement une visite dans les aciéries, afin de faire la lumière sur ce dossier.
Concernant le centre de santé de Beaurepaire, la CGT lui a fait part de sa déception, alors qu’il avait acté la création d’un comité de pilotage sur l’installation de centres de santé. L’ex-ministre a « chargé » sa suppléante, indiquant qu’elle n’a pas souhaité la création de ce COPIL, alors qu’il reste persuadé que c’est une bonne idée. Il se dit toujours prêt à travailler avec les gens qui le souhaitent, il s’engage à reparler de ce comité de pilotage avec la présidente de la communauté de communes Entre Bièvre et Rhône, mais qu’il ne pourra pas lui forcer la main. La CGT réaffirme sa volonté de participer à ce COPIL, en rappelant son souhait qu’il soit composé de professionnels de santé, d’élus, de citoyens et des organisations syndicales, ce qui serait une plus value dans le développement de ce projet.
Le député Neuder réaffirme qu’il fera le nécessaire, d’autant plus qu’il reconnaît que la CGT a réussi à le faire changer d’avis sur les centres de santé.
Le collectif santé du Voironnais a rappelé à Yannick Neuder les engagements pris lors de sa visite à l’hôpital de Voiron en mars dernier alors qu’il était encore ministre de la Santé, il salue les engagements pris et constate que certains sont en bonne voie d’exécution. Il souligne la création de 2.8 équivalents temps plein de médecins pour l’ouverture des urgences, mesure qui reste pour l’heure bloquée dans sa phase de recrutement alors que des candidats se sont bien manifestés.
Yannick Neuder explique que tout est en bonne voie, qu’il suit le dossier de près, il demande au collectif de santé de lui fournir les noms des candidats et fera un point rapidement avec la directrice CHU de Grenoble Voiron afin que ce dossier puisse aboutir rapidement.
Anthony Martinez, secrétaire de l’union locale de Roussillon, interpelle le député sur la situation dramatique de l’Ehpad Bellefontaine. Les conditions de travail des agents se détériorent gravement ayant un impact direct sur la santé des agents ; il se dit très inquiet, surtout suite aux déclaration de la direction de l’EHPAD qui se déclare contrainte de prendre des mesures pour préserver l’équilibre budgétaire de l’établissement. Il remet au député un dossier précis sur cette situation.
Le député interviendra auprès de l’agence régionale de santé et alertera sur les difficultés rencontrées par les agents.
Pour terminer, un courrier du syndicat CGT Elkem a été remis au député, réclamant une visite de celui-ci sur site, car les annonces du groupe sur l’avenir du site de Roussillon sont inquiétantes. La CGT alerte sur de graves répercussions potentielles sur l’équilibre de la plateforme chimique de Roussillon. Le député apprend cette information, va faire un point rapide et se rapprochera du syndicat et de l’union locale dans les plus brefs délais.
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Publié le 02.12.2025 à 18:13
Manuel Pavard
La bonne nouvelle est arrivée ce mercredi 2 décembre au soir alors que les parents et enseignants mobilisés, rassemblés devant le collège Vercors, s’apprêtaient à passer une deuxième nuit sous la tente, en compagnie de la famille. Des parents d’élèves d’une école de Meylan — où est scolarisé l’un des quatre enfants — ont en effet proposé d’héberger temporairement cette dernière. Delphine, la Meylanaise à l’initiative de cette solution, raconte : « Mon fils est dans la même classe que le plus petit de la famille et cet après-midi, la directrice de l’école, qui me connaît un peu, m’a raconté l’histoire et sollicitée. On vit dans un habitat participatif où il y a un studio et une chambre libres : on a donc demandé aux autres habitants, qui sont tous d’accord pour accueillir la famille pendant quinze jours. On ne peut pas proposer ad vitam æternam car la solution doit être ailleurs qu’ici. »
La famille angolaise de six personnes va donc pouvoir, dès ce mardi soir, dormir dans un lieu chauffé où elle sera entièrement indépendante. Une solution d’urgence et un petite victoire, du moins à court terme. « Notre action médiatique a un peu porté ses fruits », estime Crystelle Blanc-Lanaute, professeure de français au collège Vercors et membre du collectif, qui se félicite des « élans de solidarité individuels », comme celui de ces parents d’élèves de Meylan. Ou comme ceux des habitants du quartier, à l’image des « personnes de la mosquée qui ont préparé un repas » pour la famille et les membres du collectif.
Les membres du collectif ont pu partager un repas préparé par les personnes de la mosquée, mardi soir, avant de plier les tentes… au moins pour quinze jours. © Manuel PavardMais « rien n’est réglé sur le fond », tempère l’enseignante. « Dans quinze jours, on sera encore en hiver. Et surtout, on n’a toujours aucun retour des institutions », s’insurge-t-elle. Et de prévenir que le collectif est prêt à réinstaller le campement au terme de ces deux semaines. Chrystelle Blanc-Lanaute explique par ailleurs que les parents et profs mobilisés vont se mettre en lien avec l’intercollectif des écoles occupées « pour évoquer la question des collèges ». Car la situation du collège Vercors est loin d’être unique, souligne-t-elle, rappelant la poursuite de l’occupation du siège de la Métropole. Son constat est ainsi sans appel : « L’État est défaillant. »
[Article publié le 2 décembre 2025 à 18h13 et mis à jour à 20h46]
Devant le collège Vercors, dans le quartier Abbaye-Jouhaux, trois tentes ont été montées ce lundi 1er décembre. Malgré le froid glacial, des parents d’élèves et enseignants ont passé la nuit dans ce campement de fortune, avec une famille de six personnes (quatre enfants, dont deux scolarisés dans l’établissement), à la rue depuis le jour même.
La situation de cette famille angolaise, arrivée depuis plusieurs mois sur le territoire, est pourtant connue, les personnels et parents mobilisés alertant depuis des semaines à ce sujet. Celle-ci ayant déposé une demande d’asile, elle devrait pourtant avoir droit à un hébergement et une prise en charge, en l’occurrence l’allocation de demande d’asile. Mais « rien de tout cela n’est mis en place à ce jour », déplore le collectif dans un communiqué.
Trois tentes avaient été installées devant les grilles du collège Vercors, dans le quartier Abbaye-Jouhaux. © Manuel PavardLes soutiens de la famille ont bien sûr envisagé de mettre le couple et leurs quatre enfants à l’abri à l’intérieur du collège, « grand bâtiment chauffé », au moins pour la nuit. « À cela, on [NDLR : la direction académique] nous a répondu que les forces de l’ordre pourraient être envoyées pour déloger les occupants et qu’un dépôt de plainte pour intrusion serait effectué contre toutes les personnes présentes dans l’établissement », s’indignent-ils.
Au lendemain de cette première nuit, « aucun retour ni aucune proposition de solution n’a émergé », regrette le collectif, déterminé à poursuivre sa mobilisation. Parents d’élèves et enseignants appellent ainsi à un nouveau rassemblement ce mardi 2 décembre, à 19 heures, devant le collège Vercors, pour « une deuxième nuit de solidarité ».
Une dizaine de personnes ont passé la nuit devant le collège, avec la famille, lundi 1er décembre. DR« Nous continuons à appeler les acteurs susceptibles d’aider, en premier lieu les autorités compétentes et les élus locaux, à se mobiliser de toute urgence pour garantir une mise à l’abri immédiate de cette famille », indiquent-ils. Une mobilisation qui s’inscrit en outre dans « un contexte alarmant » alors que plusieurs dizaines de familles sans-logis occupent le siège de la Métropole de Grenoble depuis le 19 novembre. Là encore, le collectif exige « la réquisition des logements vacants ».
Cet article Grenoble. Après une nuit sous la tente devant le collège Vercors, une mise à l’abri temporaire « mais rien de réglé » est apparu en premier sur Travailleur alpin.
Publié le 01.12.2025 à 23:06
Didier Gosselin
Quatre-vingt personnes se sont retrouvées à la salle Daniel Balavoine de Villefontaine, samedi 29 novembre 2025, dans une ambiance conviviale pour évoquer l’histoire de la Sécurité sociale et son devenir. Des représentant·es de l’Institut d’histoire sociale du Rhône, de la mutuelle Solimut, de la Sécurité sociale et les comédiennes et comédiens de la cie théâtrale Osera ont chacun·e à leur manière et en fonction de leurs vécus ou recherches mis en relief les enjeux et fonctionnements de cette institution majeure, depuis sa création jusqu’aux menaces d’aujourd’hui.
Ont été également avancées les propositions pour « repartir à l’offensive » selon les mots d’Emmanuel Defouloy, journaliste et syndicaliste SNJ-CGT qui a présenté son livre Ambroise Croizat : Justice sociale et humanisme en héritage. Les intervenant·es ont longuement présenté les propositions de la CGT pour le 100% Sécurité sociale du XXIe siècle et prolonger le principe « contribuer selon ses moyens et recevoir selon ses besoins ». A savoir par exemple un financement par la seule cotisation et non la fiscalisation (CSG), le rétablissement de la gestion démocratique par le retour des élections pour en finir avec l’étatisation et la limitation des dépenses imposées par le PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale), la reconquête d’une sécurité sociale intégrale, la constitution d’une filière industrielle française du médicament, le développement de la recherche, la mise en place de nouvelles branches comme la dépendance ou la sécurité d’emploi…
Ces interventions ont été suivies d’un échange avec la salle qui a permis de mettre en évidence le formidable rapport de force syndical et politique qui a permis d’imposer la Sécu et dans lequel la CGT et le Parti Communiste ont joué un rôle de premier plan, notamment avec Ambroise Croizat qui était membre des deux organisations, et celui qu’il convient aujourd’hui de construire pour défendre et développer la sécurité sociale.
Après un entracte gourmand et fraternel préparé par les retraités CGT du Nord-Isère, la compagnie de théâtre Osera a présenté son spectacle sur la Sécurité sociale. Les différentes scènes interprétées par des comédiens et comédiennes inspiré·es ont porté tout autant sur le rapport de l’institution avec le grand public, les entreprises ou le gouvernement que sur la déshumanisation ou la perte de sens générées par le tout numérique ou les enjeux du financement de la sécurité sociale.
Les participant·es se sont séparé·es en s’engageant à poursuivre le combat pour la sécurité sociale et pour faire vivre la mémoire d’Ambroise Croizat.
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Publié le 01.12.2025 à 22:25
Edouard Schoene
Les délégués départementaux de l’Éducation nationale siègent dans les conseils des écoles primaires et maternelles. « L’ancêtre de notre fonction est le « magistrat aux mœurs » créé par la Convention en 1793 » nous précise Pascal Costarella lui-même responsable au sein des DDEN du secteur « Rive gauche du Drac-Vercors » qui comprend les communes de Seyssins à Veurey, rive gauche du Drac. Quarante écoles, soit quarante conseils d’école pour… neuf DDEN.
« La loi Falloux du 15 mars 1850 crée les délégués cantonaux. Ce sont alors des auxiliaires de l’administration, de véritables inspecteurs surveillant les sentiments politiques et religieux des instituteurs et la moralité de leur action. Avec les lois de 1886–1887, le « délégué cantonal » devient le regard de la société. C’est une sorte de « missionnaire laïque » et républicain soucieux de son indépendance, et qui va contribuer à l’enracinement de l’école publique dans le pays. En 1940, le régime de Vichy supprime les délégations cantonales. Elles seront rétablies en 1945. En 1969 le délégué cantonal devient le « délégué départemental de l’Éducation nationale ». Les délégués, nommés par l’administration de l’éducation nationale, tous les quatre ans, siègent donc dans les conseils d’écoles et se réunissent régulièrement au sein d’une association départementale. Ils sont 255 dans le département pour 897 écoles (onze à Fontaine pour trente-trois écoles).

Leur rôle est important, comme l’illustre ce projet concernant une école fontainoise. Début 2024, le conseil d’école de maternelle Anatole France est saisi d’une proposition de fusion des écoles maternelle et primaire. Une telle proposition est toujours issue de l’administration de l’Education nationale, l’inspection académique, en concertation avec la municipalité. Le DDEN de l’école, Serge Chaléon se prononce contre cette fusion en avançant un argument assez traditionnel en la circonstance, celui de la défense de l’intérêt des élèves. Les petits groupes sont en général plus favorables aux apprentissages et élèves que des regroupements en école souvent trop grosses. Il note n’avoir pas reçu de dossier et souligne que l’école n’est pas préparée à cette fusion d’autant qu’un problème de poste de femme de service est posé.
Selon nos informations, la représentante de la municipalité de Fontaine au conseil d’école, Mme Anne-Sophie Chardon (adjointe, conseillère départementale) prétend alors refuser le vote du DDEN (pourtant membre de droit) et demande, après consultation d’un correspondant en mairie, un vote nominatif. Ceci est contesté par les membres du conseil d’école et, après un nouvel appel téléphonique, elle se ravise et le conseil vote, délégué départemental compris.
Le vote est défavorable à la fusion. Quelques jours plus tard le conseil d’école primaire est sollicité pour se prononcer sur la fusion des écoles, en présence de l’inspection d’académie. Il se prononce contre, malgré l’avis de l’élu de la ville, M. Thoviste, qui y est favorable.
Les DDEN constatent une tendance lourde de municipalisation des décisions relatives aux locaux scolaires dont la charge est municipale. Certes, des dotations d’État sont censées compenser les charges mais la réalité est autre : l’État n’assume pas de compensation intégrale de ces charges.
Les décisions sur les horaires sont aujourd’hui municipales. En outre le rôle des directions d’écoles tend de plus en plus vers l’administratif. Un tract intersyndical soulignait ainsi : « Ce qui est prioritaire aujourd’hui pour le ministre, ce n’est pas l’amélioration des conditions de travail des directrices et directeurs. C’est bien la volonté de finaliser une modification profonde de ce que représente l’école primaire aujourd’hui en instaurant une chaine hiérarchique permettant de valider une gestion par le pilotage et les évaluations. » Serge Chaléon regrette qu’à Fontaine, les instances de concertation, comme la commission de l’enseignement, ont disparu sur le dernier mandat municipal.
Les DDEN du territoire étaient informés, invités aux instances démocratiques où étaient traitées les questions concernant les élèves et parents d’élèves : travaux dans les locaux, projets de constructions, effectifs prévisibles et leurs conséquences…). Dans le passé, précise Pascal Costarella, nous avions de l’ordre de 50% des DDEN qui étaient des directeurs d’écoles ou instituteurs à la retraite. Aujourd’hui avec l’aggravation des conditions de travail et le recul de l’âge de la retraite le recrutement de DDEN est plus difficile. Serge Chaléon ajoute que les enseignants depuis la transformation de leur statut et la perte du logement sur place, remplacé par une indemnité dans le statut de professeur des écoles, ne sont plus des acteurs associatifs dans le quartier, puisque résidant souvent dans d’autres communes.
Le rôle d’un DDEN, précise Pascal Costarella, demeure riche et motivant : « La surveillance des bâtiments scolaires constitue l’aspect le plus évident. Il peut être consulté sur les projets de construction, d’aménagement et d’équipement des locaux, l’utilisation des locaux scolaires en dehors des heures de classe, les activités péri-scolaires. Sa fonction s’étend en outre aux centres de loisirs, transports, restaurants scolaires, bibliothèques… en un mot à tout l’environnement éducatif pour le bien-être des élèves. La visite d’école est l’une des missions les plus importantes du DDEN. Nous accueillerons avec plaisir les candidat(es) pour cette fonction. »
Rappelons que l’Éducation nationale reçoit les candidatures, en particulier celles qui transitent par les associations de délégués départementaux de l’Éducation nationale.
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