09.12.2025 à 11:52
Équerre 2025, bal champêtre au pays des nains. Zéro mort !

Texte intégral (1818 mots)
L’équerre 2025, comme les années précédentes, propose un condensé d’écologie à la petite semaine. Par là même, ces prix réduisent le champ de l’excellence. Au détriment des lauréats eux-mêmes ?
Kunstsilo, Kristiansand (Norvège). Mendoza Partida+Bax Studio + Mestres Wage (2024) @Alan Williams
Les différents prix de l’Équerre d’argent ont été attribués le 24 novembre 2025 à la Maison de la Radio à Paris. L’Équerre d’argent est la plus haute distinction française annuelle pour un projet d’architecture. Il y a bien un Grand Prix National d’architecture – qui récompense l’œuvre d’un homme de l’art mais encore jamais une femme de l’art – et pléthore de prix catégoriels selon les matériaux – bois, acier, paille, etc. – ou la typologie, de type Pyramide d’or, mais l’Équerre, à l’échelle du pays, demeure le prix le plus prestigieux des prix d’architecture en France. Cela est plus du fait de son histoire sinon, désormais, de son impact puisque les limites de ce prix sont chaque année toujours plus évidentes.
La première est son échantillon puisqu’il se résume à environ 300 projets dont les agences sont suffisamment sûres d’elles-mêmes pour payer la cotisation. Comme un sondage sur internet, entre les architectes et maîtres d’ouvrage qui ne veulent surtout pas participer et la grande majorité qui s’en fout, ces 300 projets ne sont pas véritablement représentatifs de ce qu’est l’architecture en France.
Par exemple, parmi les lauréats 2025, aucune de ces gares du Grand Paris pourtant acclamées dans le monde entier. Pour autant voilà des réalisations qui sont amenées à être exploitées pendant un siècle au moins et, du fait du transport en commun de millions de gens, soit autant de bagnoles en moins, d’un bilan carbone imbattable à l’échelle du siècle justement. Parmi les lauréats, pas un musée non plus, ou un théâtre, pas un stade, pas un aéroport… Aucun nom connu hors nos frontières, aucune grosse agence. L’Equerre est devenue un bal champêtre au pays des nains.
D’ailleurs l’Equerre 2025, comme les années précédentes et de plus en plus d’ailleurs, propose un catalogue de petites choses plus ou moins bien serties. Surtout, en prônant encore et toujours, ad nauseam, les vertus du bois et des matériaux biosourcés, ces prix présentent un condensé d’écologie à la petite semaine et par là même réduisent le champ de l’excellence, comme si l’architecture était une histoire de matériaux et de bouts de ficelle. Ce n’est pas parce que le groupe scolaire Simone-Veil, à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) de l’agence Le Penhuel & associés a été réalisé « en pierre, terre crue et bois » qu’il mériterait l’Équerre mais peut-être parce que l’agence depuis longtemps travaille les sujets de l’école et de la mutualisation des espaces, au point d’en écrire un « Manuel de pratiques vertueuses pour penser et construire les écoles du futur » (Park Book, 2024).
Idem avec le prix de la première œuvre attribué à l’agence Hemaa. Ce ne sont pas les sempiternels matériaux bois et biosourcés qui en font l’intérêt mais la composition autour d’une cour ouverte et protectrice, l’élévation qui lui confère solennité et statut public, et la connexion avec le stade et la forêt avoisinants. Dans les deux cas, les matériaux de ces projets sont anecdotiques. Penser autrement est réduire le travail et l’intelligence des ouvrages à une juxtaposition astucieuse de produits, comme si le talent de Picasso était lié à sa marque de peinture. Gagner pour ces raisons en est presque désobligeant pour les architectes.
Limitation plus problématique, dans la Catégorie Habitat de l’Équerre 2025 avons-nous « Réhabilitation d’un îlot en 14 logements sociaux à Aurillac (Cantal) » qui coche toutes les cases merveilleuses : un travail propre, une belle histoire en patois, une restructuration astucieuse, des circuits courts. Pour autant, le pays connaît une spectaculaire crise du logement et notre meilleur projet de l’année ce sont 14 logements à Aurillac (Cantal) ? Il s’agit sans conteste d’un projet formidable, sensible comme tout, mais si dans ce domaine les lauréats de l’Équerre sont censés représenter ce qui se fait de mieux en France, je n’ose dire l’élite, ce projet ne peut jamais concourir dans la même division, voire le même stade, que des lauréats dans d’autres concours à l’étranger sur le même thème du logement. Est-ce ce projet-là que vous voulez pour représenter le pays aux Oscars ? Ce serait comme envoyer ma petite sœur sur le ring face à Mike Tyson.
Et encore s’agit-il d’une réhabilitation, pratique aujourd’hui mise en exergue ! Voyons par exemple, s’il est question de réhabilitation, le projet Kunstsilo, réalisé à Kristiansand en Norvège par les agences Mendoza Partida+Bax Studio + Mestres Wage. Il est non seulement parmi les nommés du Prix Versailles 2025 des plus beaux musées du monde mais également Prix d’architecture espagnol (décerné par l’équivalent du CNOA). Il s’agit de la transformation d’un immense grenier industriel portuaire – vaste bâtiment de 3 300 m² construit en 1935, réparti sur trois étages et composé de 30 silos à grains – devenu depuis mai 2024 le plus grand musée du sud de la Norvège.
La rénovation préserve la structure et les matériaux du silo, ouvre le rez-de-chaussée au public et ajoute une terrasse panoramique sur le toit. Son intégration avec l’Opéra de Kilden et l’École de Culture renforce son rôle de pôle culturel. Telle une cathédrale de béton, le lieu inspire un sentiment de grandeur et de poésie ; ce que l’escalier vertigineux amplifie au fil d’une ascension propice à la méditation avec au sommet une vue panoramique sur le littoral. Toutefois, l’aspect le plus spectaculaire de l’édifice demeure ces gigantesques silos de béton qui soulignent l’échelle monumentale de l’ouvrage.
« Le projet répond à des exigences élevées en matière de développement durable grâce à l’optimisation de l’inertie thermique du béton, à la mise en œuvre de stratégies d’éclairage passif et à la priorité accordée à l’efficacité énergétique », soulignent ses auteurs. Qui précisent : « Kunstsilo est une référence en matière de régénération urbaine et de développement durable, conciliant conservation du patrimoine, innovation architecturale et inclusion sociale ». Tous les éléments de langage dont nous avons coutume sont bien là !
Alors, en termes de réhabilitation, ma petite sœur ou Mike Tyson ?
Il est vrai cependant que, comme toutes les gares du Grand Paris, autres cathédrales contemporaines en leur nom propre, le Kunstsilo est une ode au béton. Ceci expliquant peut-être cela.
De fait, combien de ces Équerres tiennent la route ? Nous savons de quelques bâtiments célébrés cinq minutes qui vieillissent vite et mal. Peut-être faudrait-il que ces prix soient attribués dans chaque catégorie à des bâtiments de plus de 10 ans, de plus de 25 ans et de plus de 50 ans. Là, les modes passées, il sera bien question, au-delà des matériaux, d’architecture !
Car, à la fin, si l’Équerre est à chaque fois plus décevante, c’est sans doute qu’on aurait envie d’audace, de prise de risque, de pied de nez aux marchands de bonheur. Qu’on aurait envie d’être surpris par le souffle de projets d’envergure qu’assurément on soutiendrait alors jusqu’aux Oscars. Au moins jusqu’à l’Eurovision.
Christophe Leray, le 9/12/2025
Equerre 2025
Le palmarès 2025 :
– Équerre d’argent 2025 : Groupe scolaire à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis)
Architectes : Le Penhuel & Associés ;
– Habitat : Réhabilitation d’un îlot en 14 logements sociaux à Aurillac (Cantal)
Architectes : Boris Bouchet
– Culture, jeunesse et sport : Aménagement du château de Foix (Ariège)
Architecte : Cros & Leclercq
Architecte associé : Antoine Dufour
– Lieux d’activité : Bureaux et logements à Nantes (Loire-Atlantique)
Architecte : Alexandre Chemetoff – Bureau des paysages
– Espaces publics et paysagers : Parc sportif et paysager à Elancourt (Yvelines)
Maîtrise d’œuvre : D’ici là
– Infrastructures et ouvrages d’art : Passerelle cyclo-piétonne à Cormoranche-sur-Saône (Ain)
Maîtrise d’œuvre : Atelier Tropisme Mécanique
09.12.2025 à 11:41
Les connexions énergétiques d'Alexandra Jabre

Texte intégral (935 mots)
Analix Forever a le plaisir de présenter la première exposition personnelle d’Alexandra Jabre (après un duo en 2024 à Drawing Now et plusieurs expositions collectives) sur le thème « Connexions », une notion qui traverse profondément l’œuvre et l’âme de l’artiste.
Alexandra Jabre, Life Cycle of a Split Soul (1-5) — 26 x 36cm — Watercolour on paper © Alexandra Jabre
Jusqu’ici, Analix Forever n’avait pas encore exploré les représentations artistiques de la spiritualité, la télépathie ou des relations avec l’au-delà. Aujourd’hui, le temps semble propice à cette recherche que mènent les artistes sur les réalités humaines, naturelles et surnaturelles, sur leurs ondes, auras et karmas. Parmi celles qui empruntent ce chemin, déjà largement exploré, entre autres, par les surréalistes, on pense à Janet Biggs, Rachel Labastie ou Mimiko Türkkan.
© Alexandra Jabre
À quelques mètres seulement de ses enfants et de son conjoint, dans son atelier londonien, Alexandra Jabre accueille sur ses toiles et son papier les forces cosmiques et leurs chutes, qu’elle traduit en formes, corps et beautés grâce à sa maîtrise virtuose de l’aquarelle. Si l’énergie cosmique se manifeste le plus souvent chez l’être humain sous forme d’énergie sexuelle, les œuvres d’Alexandra Jabre la transforment en une rencontre corporelle, avec soi, avec autrui et avec le monde. L’art d’Alexandra Jabre, à la fois puissant et délicat, mature et sensuel, capte notre regard, éveille nos émotions et fait surgir les sentiments souvent enfouis que nous éprouvons vis-à-vis de notre place dans le monde et l’au-delà.
Phil Spectro, le 9/12/2025
Alexandra Jjabre - Connexions -> 14/02/2026
Galerie Analix Forever 10 rue du Gothard 1225 Chêne-Bourg (Suisse)
09.12.2025 à 11:31
15e édition du SoBD : Anne Simon & Lucie Servin invitées d’honneur & focus sur la BD Chilienne

Texte intégral (3020 mots)
Du vendredi 5 au dimanche 7 décembre 2025, vous aviez rendez-vous au festival SoBD à Paris pour un week-end de bande dessinée autour de la bande dessinée chilienne, pays invité avec une délégation d’artistes et de spécialistes chilien.ne.s ainsi que 8 expositions, des tables rondes, ateliers et rencontres.
En plein cœur de Paris, chaque début décembre, vous pouvez retrouver la plus grande proposition d’ouvrages sur la bande dessinée, essais, beaux livres et revues ; mais aussi des expositions thématiques dans le cadre de la programmation ou monographiques autour des invité.e.s.
Anne Simon & Lucie Servin invitées d’honneur
Cette année, ce sont Anne Simon, autrice, & Lucie Servin, journaliste, qui sont à l’honneur avec une série de table rondes, masterclass et expo. Une occasion de les rencontrer et de découvrir leur travail sous plusieurs facettes.
Pour Lucie Servin vous pouvez la retrouver dans la conférence des invitées d’honneur le samedi (15h – 15h50) et dans la rencontre Lucie Servin : portrait, parcours, engagements (dimanche de 14h15 – 14h50).
Pour Anne Simon, en plus de la conférence des invitées d’honneur, vous pouvez découvrir ses planches dans l’exposition le musée éphémère d’Anne Simon ou la rencontrer en signature le dimanche 7 décembre à partir de 15h ou encore assister à sa Master class vendredi 5 décembre 16h30
Focus sur la bande dessinée Chilienne
L’autre point d’orgue de cette 15e édition du SoBD, c’est le moment de la BD chilienne à paris avec 23 invité.e.s dont des auteurices, des spécialistes et des professionnels du livre au Chili.
Les artistes Antonia Bañados, Sol Díaz, Rodrigo Elgueta, Sofía Flores Garabito, Germán Gabler, Alberto Montt, Panchulei, Maliki, Oficinisma, Félix Vega Encina seront présents tout le week-end en dédicace et tables ronde. La plupart des artistes ont des traductions françaises de certains de leurs livres à retrouver sur le salon et une librairie chilienne est également installée pour découvrir toutes leurs publications.
Vous pourrez retrouver leurs travaux dans l’exposition Bande dessinée chilienne contemporaine au cœur du salon avec des planches des invité.es.s mais également les rencontrer lors des tables rondes thématiques tout le week-end [tout le programme est dispo ici].
En plus de la délégation d’artistes, le salon invite deux éditeurs Claudio Álvarez (Acción Cómics) & Daniel Olave Miranda ( Reservoir Books (Penguin Random House)) ; ainsi que des spécialistes Claudio Aguilera Álvarez (Responsable des archives graphiques à la Bibliothèque nationale du Chili) & Paloma del Pilar Domínguez Jeria ( Directrice du diplôme Bande dessinée de l’Université Diego Portales)
Les expositions
En plus des expositions déjà mentionnées : le musée éphémère d’Anne Simon & Bande dessinée chilienne contemporaine ; vous pouvez découvrir les expo :
Artima, un grand éditeur populaire du milieu du xxe siècle
Infos
Les belles gravures du SoBD
Infos
Jeunes talents étudiants
Expo hors les murs
Infos
Déconfetti, l’aventure déconfinée
Expo hors les murs
Infos
Ateliers & Masterclass
Ce vendredi 5 décembre, vous pouvez assister à deux master class (payantes) :
Raconter et dessiner : la façon d’Anne Simon
16h30 -19h
Mettre une séquence en images avec Mezzo
14h – 16h15
Mais également des ateliers gratuits : Création de fanzines, Gravure sur brique de lait, Linogravure, Le dessin BD et ses styles, Charadesign avec le Webtoon Café, Crowdfunding, Initiation au webtoon.
Les rencontres
De nombreuses rencontres sont proposées pendant tout le week-end, voici une sélection :
Dessiner aujourd’hui : deux parcours croisés Anne Simon & Delphine Panique
Samedi 14h – 14h50
Les éditeurs bd et le crowdfunding avec Laurent Lerner (Delirium) et Thomas Dassance (iLatina)
Samedi 14h – 15h30
Conférence des invitées d’honneur : Anne Simon & Lucie Servin
Samedi 15h – 15h50
L’utopie dystopique avec Anne Simon, Lucie Servin et Lauren Triou
Samedi 16h – 16h50
Rire du désastre : l’humour dans la BD chilienne avec Sol Diáz, Alberto Montt et Claudio Aguilera
Dimanche 14h30 – 15h20
Qu’est-ce que la critique de bande dessinée ? avec Lucie Servin, Irène Le Roy Ladurie et Christian Rosset
Dimanche 15h – 15h50
« Brigida » et la Polola : deux initiatives féminines chiliennes avec Maliki, Sol Diáz et Paloma Domínguez
Dimanche 16h30 – 17h20
Fiction et non-fiction dans la BD chilienne avec Antonia Bañados, Félix Vega et Paloma Domínguez
Dimanche 17h30 – 18h20
Toutes les infos sur les rencontres ici
💡 Et les infos pratiques
SoBD 2025 est en accès libre et gratuit (sauf pour les master class)
Une inscription préalable est demandée pour assister aux rencontres, tables rondes et ateliers. Pour vous inscrire gratuitement : sobd2025.com
Accès au salon : 48 rue vieille-du-temple 75004 paris
Horaires
Vendredi 5 décembre : 16 h – 20 h
Samedi 6 décembre : 11 h – 19 h
Dimanche 7 décembre : 11 h – 19 h
Bonus : Bubble éditions en dédicace
Rien à voir avec la programmation du festival cette fois mais je voulais absolument vous informer que pour la dernière dédicace de l’année, on a réuni 5 auteurices de Bubble éditions, c’est la première fois qu’ils/elle sont toustes réuni.e.s.
Souky, Yoann Kavege, Anne Masse, Nicolas Bazin & Thomas Mourier
Vous pouvez venir discuter avec nous, vous faire signer des livres au stand S5.
Thomas Mourier, le 9/12/2025
SoBD 15e
