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08.10.2025 à 12:23

Éducation à la sexualité : « Ouvrir aux enfants des espaces de liberté »

La Déferlante
Nouveauté de la rentrée scolaire 2025, l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Évars) – obligatoire depuis 2001 de la primaire au collège – est pour la première […]
Texte intégral (502 mots)

Nouveauté de la rentrée scolaire 2025, l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Évars)

– obligatoire depuis 2001 de la primaire au collège – est pour la première fois dotée d’un programme officiel. Mais son application est loin d’être garantie. Dans le public, les syndicats s’inquiètent du manque de moyens horaires et de formation pour les enseignant·es. L’enseignement privé sous contrat (à 96 % catholique) a pour sa part pris l’initiative d’adapter ce programme pour en proposer une vision jugée plus conforme à ses valeurs. Les séances y sont parfois assurées par des associations non reconnues par l’Éducation nationale qui, pour certaines, distillent auprès des élèves l’idée d’une complémentarité naturelle entre femmes et hommes, stigmatisent la masturbation et l’homosexualité.

Au-delà de ce qui se joue dans l’institution scolaire, les interrogations des enfants sur les rapports de genre, les stéréotypes ou la sexualité sont plus que jamais présentes dans le sillage du mouvement MeToo. Comment discuter avec elles et eux de ces sujets ? Comment répondre à leur curiosité sur des notions cruciales – la diversité des corps, le consentement, la multiplicité des relations affectives – tout en les sensibilisant au danger des violences sexuelles ?

Des solutions à l’embarras des adultes

C’est pour répondre à ces interrogations que Claire Marcadé Hinge et Marianne Stéphan Marty ont écrit Grandir sans tabou. Comment parler de sexualité avec les enfants ? Toutes deux militantes féministes et engagées professionnellement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, elles expliquent : « Il nous fallait partager nos idées, nos recherches, nos tentatives pour outiller nos enfants sans les freiner, et leur ouvrir des espaces de liberté. »


« Comment répondre à la curiosité des enfants, tout en les sensibilisant au danger des violences sexuelles ? »


Inspirées par leur expérience de la parentalité autant que leur engagement, elles signent un guide qui entremêle finement réflexions sur les pratiques éducatives et solutions très concrètes aux embarras des adultes sur ces sujets complexes. Leur texte est enrichi par des éclairages d’expert·es (l’enseignante Lolita Rivé, l’autrice et formatrice Mai Lan Chapiron, les militant·es de l’association Queer Éducation…) et de nombreuses ressources commentées. Grandir Sans tabou s’adresse à toutes les personnes qui accompagnent un·e ou des enfants au quotidien et cherchent des pistes pour parler avec elleux, en toute bienveillance et lucidité, de la sexualité, du corps, de la richesse et de la diversité des liens affectifs.

02.10.2025 à 17:18

💥Un agenda bien rempli

La Déferlante
📚Et un de plus ! Depuis ce matin, vendredi 3 octobre, notre cinquième livre, Sans parler des blessé·es est disponible en librairie. Entre janvier et juin 2025, les écrivain·es Kaoutar Harchi […]
Texte intégral (2243 mots)

📚
Et un de plus !

Depuis ce matin, vendredi 3 octobre, notre cinquième livre, Sans parler des blessé·es est disponible en librairie.

Entre janvier et juin 2025, les écrivain·es Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger se sont écrit une lettre par mois. Cet ouvrage est le recueil de cette correspondance. Réagissant à une actualité sans cesse plus brutale, chacun·e y explore, avec sa sensibilité propre, ce qui perce de toute part : la violence envers les enfants, le racisme structurel, la domination coloniale, la déshumanisation des Palestinien·nes. Au fil de leurs lettres, une question affleure : que peut la littérature face au chaos du monde ?

🗞 Lire la critique des Inrocks sur ce lien

🗺 Pour trouver une librairie où vous procurer votre exemplaire près de chez vous, rendez-vous sur notre carte interactive

✒ Vous pouvez aussi commander Sans parler des blessé·es sur notre site pour recevoir votre exemplaire dédicacé par les deux auteur·ices !

📍
On y sera

📖 Discussion et dédicaces

Jeu 9 octobre 2025, à 19 h
Ici Librairie – Grands Boulevards, Paris

Aurélien Bellanger, coauteur de Sans parler des blessé·es avec Kaoutar Harchi, échangera avec les lectrices et les lecteurs de la librairie Ici – Grands Boulevards. Il sera accompagné de l’éditrice du livre (également corédactrice en chef de La Déferlante), Lucie Geffroy. La rencontre sera suivie d’une séance de dédicaces.

👉🏼 → Informations et réservations

🎞 Festival du film féministe

Mer 8 — Dim 12 octobre 2025
Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas (Seine-Saint-Denis)

Pour la troisième année consécutive, La Déferlante est partenaire du festival du film des Lilas. C’est dans ce cadre que sa corédactrice en chef Marion Pillas animera samedi 11 octobre à 18 h 30 une table ronde intitulée : « La joie militante : de quoi s’agit-il ? ». L’humoriste Tahnee, la militante Sarah Durieux et l’historienne Ludivine Bantigny s’interrogeront sur ce concept, et sur la place que prennent les émotions dans les luttes sociales.

🎟 → Réservations

📖 Philippe Poutou reçoit La Déferlante

Jeu 16 octobre 2025 à 19 h
Librairie Les 400 coups, Bordeaux

Ouverte il y a moins d’un an par Béatrice Walylo et Philippe Poutou, cette librairie engagée accueillera Emmanuelle Josse, corédactrice en chef de La Déferlante, pour un échange avec les lectrices et les lecteurs autour du dernier numéro : « S’informer en féministes ».

👉🏼 → Informations pratiques et réservations

🎤 Des médias sur scène

Jeu 16 octobre 2025 à 20 h 30
Salle de la Cité, Rennes

Marie Barbier, corédactrice en chef de La Déferlante, montera sur scène lors d’un PRESStacle intitulé Quand les médias indés secouent la société, organisé par le média breton Les Trois Ours. La soirée sera suivie d’un concert de l’artiste montpelliéraine Mauvaise Bouche.

👉🏼 → Informations et billetterie

🐟 Débat à Marseille

Jeu 16 octobre 2025 à 18 h 30
La Friche, Marseille

À l’occasion de la parution du numéro « S’informer en féministes », la librairie de la Friche-La Belle de mai accueillera une discussion entre les journalistes Constant Spina et Floriane Louison, modérée par Lucie Geffroy, corédactrice en chef de La Déferlante. Entrée libre, sans réservation.

👉🏼 → Informations à venir sur notre site

🍟 Table ronde à Lille

Jeu 17 octobre 2025 à 19 h
Bazaar St So, Lille

Comment la presse et l’édition peuvent-elles s’engager dans la lutte contre l’extrême droite ? Que peut le féminisme dans la lutte contre les fake news ? Ces questions seront au cœur d’une table ronde modérée par Marion Pillas. Les discussions seront suivies d’un DJ set.

👉🏼 → Informations et réservations sur notre site

✊🏼 Résister en s’informant

Lun 20 octobre 2025 à 19 h 30
MK2 Bibliothèque, Paris 13e

La Déferlante tiendra un stand dans le cadre de la deuxième édition de la masterclass de Salomé Saqué intitulée « Résister en (s)’informant ». Vous y retrouverez nos goodies et nos revues.

👉🏼 → Informations et réservations

💡
Un glossaire pour tout comprendre

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Grève féministe, intersectionnalité, masculinisme, validisme : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier.

🔏 → Retrouvez toutes nos définitions en libre accès

26.09.2025 à 12:33

MeToo en Turquie : « Ignorer la parole des femmes, c’est autoriser les violences »

Céline Pierre-Magnani
Plus de 5 000 comptes turcs ont publié et relayé des accusations de violences sexuelles sur X dès la mi-août. En tant qu’avocate et militante féministe, comment avez-vous réagi en […]
Texte intégral (1105 mots)

Plus de 5 000 comptes turcs ont publié et relayé des accusations de violences sexuelles sur X dès la mi-août. En tant qu’avocate et militante féministe, comment avez-vous réagi en découvrant cette prise de parole ?

Certains témoignages m’ont mise mal à l’aise, car ils font écho à des expériences personnelles. Je suis aussi inquiète que des procédures pour diffamation soient lancées contre ces femmes. Pourtant, quand on lit les messages publiés, on comprend immédiatement de quels faits il s’agit, car nous sommes beaucoup à avoir vécu des choses similaires, en Turquie ou ailleurs.

À la Fondation Mor Çatı [qui accueille et accompagne les femmes victimes de violence domestique], nous menons depuis des années une campagne intitulée « Crie ! Que tout le monde entende et que cesse la violence masculine ! ». Parce que dans les récits de harcèlement ou d’agression, les femmes sont presque toujours réduites au silence et finissent par culpabiliser. Prendre la parole, c’est se rebeller, alerter les autres femmes et faire appel à leur solidarité.

Quel rôle jouent des associations et des fondations comme Mor Çatı, en Turquie ?

Le collectif Mor Çatı a été fondé en 1990, après une importante marche des femmes contre les violences de genre qui a eu lieu en 1987. L’objectif était de lutter ensemble contre la violence masculine, d’apporter une réponse institutionnelle aux demandes d’aide et aux besoins en matière d’hébergement (la fondation propose aujourd’hui quelques places d’hébergement et dispose d’un refuge indépendant). C’était aussi de mettre en place un accompagnement en partenariat avec des travailleurs sociaux, des psychologues et des juristes, en tenant compte des besoins des femmes et en adoptant une approche holistique. Il nous semble très important de valoriser l’expérience collective, de mettre en évidence les lacunes existant dans l’application du droit, et de visibiliser [auprès du grand public et des institutions] les bénéfices de l’approche féministe. Ignorer la parole des femmes – comme cela arrive souvent au sein des institutions ou des organisations [police, justice, lieux de travail], ou même dans la famille –, c’est autoriser ces violences.

Quels types de violences voyez-vous le plus souvent ?

En Turquie, la quasi-totalité des dossiers de divorces comportent des violences sexuelles. Les femmes n’ont pas toujours conscience qu’il s’agit de violences, car elles considèrent les relations sexuelles comme un devoir conjugal. De plus, ce sont des cas où il est très difficile, tant sur le plan social que juridique, de porter plainte. Il y a donc peu de signalements, car les femmes pensent qu’elles ne seront pas soutenues et, au contraire, blâmées.

On retrouve aussi très souvent, au sein de couples, des violences d’ordre économique et psychologique. Presque toutes les femmes sont par ailleurs victimes de harcèlement sexuel, dans la rue, dans les transports, ou pendant des concerts par exemple… C’est lié au système patriarcal, au regard porté sur le corps des femmes, jugé en permanence à travers leur tenue, leur attitude, leurs gestes.


« En Turquie, presque toutes les femmes sont victimes de harcèlement sexuel. »

Funda Ekin, avocate

Pourtant, il existe, dans la jurisprudence turque, un principe plutôt favorable aux victimes…

Le principe de « primauté de la parole de la plaignante » apparaît effectivement dans les jurisprudences de la Cour de cassation et de la Cour constitutionnelle. Dans les cas de crimes sexuels, c’est à l’auteur présumé de réfuter les faits : si le crime n’a pas eu lieu, il doit en apporter la preuve. C’est une forme d’inversion de la « charge de la preuve* ».

Les tribunaux s’attachent avant tout à évaluer si la déclaration de la victime est cohérente. Quand la plainte a‑t-elle été déposée ? Comment a‑t-elle été formulée ? Existe-t-il un passif d’animosité ? Pourquoi une femme porte-t-elle cette accusation alors même que cela pourrait porter atteinte à son honneur et à sa dignité ?

En 2020, la Cour de cassation a utilisé le principe de « primauté de la parole de la plaignante » dans une affaire de harcèlement sexuel impliquant un patron et une secrétaire dans laquelle les faits se sont déroulés sans témoin. Après avoir porté plainte, la secrétaire a perdu son emploi, et l’affaire s’est ébruitée dans tout son milieu professionnel : sa dignité et son honneur sont devenus un sujet de débat. Cela représente un coût énorme dans la vie de la plaignante. Quel intérêt avait-elle à accuser son patron ? La Cour est donc partie de ces réflexions pour faire avancer la procédure.

Personnellement, en plus de vingt ans de métier, je n’ai jamais vu une femme mentir sur ce type de faits.

Qu’est ce que le mouvement MeToo turc peut attendre du système judiciaire ?

En théorie, les procureurs doivent agir dans l’intérêt public et prendre connaissance des infractions lorsqu’ils reçoivent des plaintes. Mais, en Turquie, on ne les a jamais vus s’emparer de révélations publiques de harcèlement ou d’agressions sexuelles. Ils interviennent plus volontiers sur des sujets politiques [liés à des questions de mœurs]. Par exemple, en septembre, deux procès ont été ouverts immédiatement après des plaintes du ministère de l’Intérieur contre des groupes de musique pop [pour « obscénité » et « exhibitionnisme »].

* Dans le droit pénal français, la charge de la preuve repose sur les victimes. C’est à elles d’apporter des éléments prouvant les faits qu’elles dénoncent.

18.09.2025 à 18:29

Les luttes sociales à la une

La Déferlante
🗞️ Revue de presse Grévistes des villes, grévistes de champs À peine la première journée de mobilisation du 10 septembre terminée, l’extrême droite prenait ses distances avec le mouvement, l’accusant de […]
Texte intégral (3094 mots)

🗞
Revue de presse

Grévistes des villes, grévistes de champs

À peine la première journée de mobilisation du 10 septembre terminée, l’extrême droite prenait ses distances avec le mouvement, l’accusant de ne représenter qu’une frange de privilégié·es urbain·es. Dans un entretien, la chercheuse Clara Deville démonte la théorie, chère au Rassemblement national, de la fracture territoriale, qu’elle qualifie de « piège à penser assez dangereux ».

🐄 → À lire sur le site de Mediapart.

Convergence des luttes

« Nous savons que seule l’abolition de la société de classe permettra notre émancipation intégrale, mais avec une rage supplémentaire au cœur, celle de nos vies fracassées par l’homophobie et la transphobie. » Publié par la revue de critique communiste Contretemps, l’appel à la mobilisation du collectif LGBTQIA+ Les Inverti·es, dans le cadre du mouvement Bloquons tout, explique avec clarté les raisons de la convergence des luttes queers et anticapitalistes.

🏳️‍🌈 → Retrouvez l’appel à mobilisation sur le site de Contretemps

Les campus sous surveillance

Dans une lettre adressée à l’avocat principal de l’université de Berkeley où elle enseigne, la philosophe Judith Butler s’inquiète que son employeur ait transmis à l’administration étasunienne une liste de 160 étudiant·es et professeur·es –dont elle fait partie – pour nourrir une enquête sur des actes « présumés antisémites ». Et ce, sans que la nature des faits qui leur sont reprochés n’ait été jamais été précisée, encore moins reconnue par la justice.

👩🏽‍🎓 → Retrouvez cette tribune dans Libération

📖
On lit

« Ces gens-là »

Née dans l’Ain, partie faire Sciences Po à Paris et devenue activiste pour la justice sociale et l’écologie à la fin du premier confinement, Lumir Lapray est momentanément retournée vivre dans le département qui l’a vue grandir. De ce retour aux sources, elle tire un livre, portrait intime des habitant·es de la France rurale et périphérique, régulièrement accusé·es de faire le lit de l’extrême droite. Pourtant, dans cette « France des ronds-points » d’où partit, en 2018, le mouvement des Gilets jaunes, les personnalités qu’elle rencontre – des anciennes copines d’école ou de nouvelles connaissances croisées au bar du coin – sont bien plus complexes qu’on ne le laisse entendre depuis les grandes villes. Surtout, au-delà de ce qu’elles et ils votent, toutes et tous partagent le même sentiment d’appauvrissement et de déclassement, la même sensation d’être méprisé·es autant par les élu·es que par les médias. Mais comme le souligne l’autrice, dans ce décor de lotissements et de villages, « les ultra-riches, les multinationales, les élus corrompus » sont invisibles, et les boucs émissaires bien plus faciles à trouver parmi les « cassos » et les « assistés », dont le vécu déroge à l’idéal de réussite – un pavillon à soi, un CDI, des vacances deux fois par an – des ouvrier·es et employé·es qui peuplent majoritairement ces territoires à la périphérie des villes et ces campagnes.

👩🏼‍🌾 → Lumir Lapray, « Ces gens-là ». Plongée dans cette France qui pourrait tout faire basculer, Payot, 24 septembre 2025. 19,50 euros.

📻
On écoute

Faire peur aux riches

Dans les 4e et 5e épisodes de son nouveau podcast Renverser la table, Victoire Tuaillon reçoit Nicolas Framont, sociologue et créateur du magazine en ligne Frustration, pour une masterclass décoiffante sur les effets concrets qu’ont sur nos vies les actions, les arbitrages et les alliances réalisées par les très riches, au sein du système capitaliste. Qu’on parle de marchandisation des transports, de l’éducation ou du soin, il s’agit bien selon les deux intervenant·es d’une « guerre » menée en toute impunité par les riches contre les pauvres, dans le but de gagner encore plus d’argent. Prenant pour exemple l’assassinat de Brian Thompson, patron de l’assurance santé privée UnitedHealthcare, accusé d’avoir refusé le remboursement de soins vitaux à des malades (on pense aussi à celui plus récent de Charlie Kirk, l’influenceur misogyne et transphobe), Nicolas Framont remet sur le tapis une question vieille comme les luttes sociales : la violence du système capitaliste qui détruit des vies, ne doit-elle pas être jugée et condamnée au même titre que des meurtres qui eux, tombent sous le coup de la loi ?

💸 → « Comment faire peur aux riches ? », 2 épisodes de 55 minutes. Produit par Victoire Tuaillon, disponible sur la plupart des plateformes d’écoute.

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Dans les archives

Grève féministe

En mars 2025, dans le cadre de son dossier sur le thème du travail, La Déferlante publiait un article de Mathilde Blézat sur la grève féministe, un processus révolutionnaire difficilement réductible aux seules grèves d’ouvrières qui jalonnent l’histoire sociale. Car avant même que les Espagnoles ou les Suisses s’emparent de cet outil, qu’en Argentine le mouvement de lutte contre les féminicides Ni una menos ne s’allie avec le mouvement social, ce sont les Islandaises, qui en 1975 ouvraient le bal. Cette année-là, le 24 octobre, 90 % des femmes du pays se mettaient en grève : pas de soins aux enfants, pas de repas en cuisine, pas de guichetières dans les banques ni d’hôtesses dans les avions. Le pays mis à l’arrêt réalise alors – comme le verbaliseront les militantes sud-américaines des années plus tard – que « la grève féministe, c’est la vraie grève générale ».

🚀 → Commandez le numéro 17 de La Déferlante sur le thème « Travailler »

💡
Un glossaire pour tout comprendre

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Grève féministe, temps partiel, travail domestique, intersectionnalité : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, qui sera alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier.

🔏 → Retrouvez toutes nos définitions en libre accès

💌
On soutient

Tandis que Sans parler des blessé·es, le recueil de la correspondance entre Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger, est en précommande sur notre site (il sortira le 3 octobre en librairie), notre partenaire, le média épistolaire La Disparition a besoin d’un coup de pouce. Il vient en effet de lancer de son côté les préventes d’une deuxième correspondance, cette fois entre les écrivaines Alice Zeniter et Phoebe Hadjimarkos Clarke. Une lettre par mois ou un espace de dialogue sur l’actualité, dont l’intégralité sera publiée, cette fois-ci encore, par La Déferlante Éditions.

→ Commandez la correspondance entre Alice Zeniter et Phoebe Hadjimarkos Clarke

📍
On y sera

🎉 Festival Livresse

Jeu 25 septembre 2025, à 20h30
Charleroi, Belgique

Marion Pillas, cofondatrice de La Déferlante échangera avec une de ses consœurs du magazine féministe belge Axelle lors d’une soirée sur le thème « Comment les femmes peuvent-elles gagner la guerre de l’info ? »

👉🏼 → Informations pratiques et inscriptions

💥 Salon Formula Bula

Ven 26, Sam 27 et Dim 28 septembre 2025
Césure, Paris

La Déferlante sera présente tout le week-end pour vendre ses revues, livres et goodies. Dimanche 28 septembre à 15h, la journaliste Marie Kirschen animera une table ronde sur le thème « Peut-on encore faire l’histoire de la BD sans parler des femmes qui y ont contribué ? » Avec Camille de Singly et l’équipe du Zine FFF.

🎟 → Réservations

📖 Aurélien Bellanger en librairie

Jeu 9 octobre 2025 à 19h
Librairie Ici grands boulevards, Paris

Coauteur, avec Kaoutar Harchi, de Sans parler des blessé·es publié à La Déferlante Éditions, Aurélien Bellanger rencontrera lectrices et lecteurs parisien·nes. Il sera accompagné par Lucie Geffroy, cofondatrice de la revue et éditrice du livre.

👉🏼 → Informations pratiques et réservations

🎞 Festival du film féministe des Lilas

Sam 11 octobre 2025 à 18h
Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas (Seine-Saint-Denis)

Pour la troisième année consécutive, La Déferlante est partenaire du Festival du film féministe des Lilas. Cette année, l’évènement a pour thématique « La joie militante ». Pour discuter de ce qu’apportent le rire et les émotions dans les luttes, Marion Pillas recevra Tahnee, Sarah Durieux et Ludivine Bantigny.

👉🏼 → Informations et réservations à venir sur notre site

11.09.2025 à 13:09

Y a‑t-il un backlash antiféministe sur la première radio de France ?

Nora Bouazzouni
Après l’inexplicable suppression, l’année dernière, de l’émission quotidienne de satire politique présentée par Charline Vanhoenacker et sa bande et le licenciement de Guillaume Meurice (qui a valu à Adèle Van […]
Texte intégral (1601 mots)

Après l’inexplicable suppression, l’année dernière, de l’émission quotidienne de satire politique présentée par Charline Vanhoenacker et sa bande et le licenciement de Guillaume Meurice (qui a valu à Adèle Van Reeth, directrice de la station, une motion de défiance signée par 80 % des titulaires), la grille des programmes de la rentrée 2025 semble confirmer le raidissement éditorial de France Inter.

Moins d’investigation, moins de reportages et deux thématiques élaguées à la machette : l’écologie et le genre. L’émission « La Terre au carré » se voit amputée de son dernier quart d’heure, lors duquel des militant·es écologistes (Cyril Dion, Claire Nouvian, Féris Barkat…), des médias indépendants et auditeur·ices prenaient la parole. Exit également l’émission hebdomadaire sur les luttes sociales « C’est bientôt demain ».

Côté féminisme, c’est l’hécatombe. La chronique hebdomadaire d’Anne-Cécile Mailfert, présidente fondatrice de la Fondation des femmes, passe à la trappe. La journaliste Giulia Foïs, journaliste productrice depuis 2019 des émissions « Pas son genre » puis « En marge » (qui a réalisé la saison dernière plusieurs pics d’audience à 775 000 auditeur·ices) est, pour sa part, remerciée.

Celle qui faisait exister les sujets liés aux droits des femmes et des minorités de genre depuis dix ans sur cette antenne a d’abord vu ses chroniques sauter, avant d’assister à la lente dilution de sa ligne éditoriale, sous prétexte de convergence des luttes. « En 2022, Adèle Van Reeth m’a proposé d’interroger plus largement la norme et pas seulement le genre. Avec le recul, je me demande si ce n’est pas là que commence le lissage des questions féministes : lorsqu’elles n’ont plus un créneau qui leur soit spécifiquement dédié. », confie-t-elle à La Déferlante.

« Complètement à côté de l’époque »

Alors que la saison dernière a été marquée par le procès des violeurs de Mazan, le renvoi aux assises de l’affaire « French Bukkake », la diffusion sur Netflix d’un documentaire accablant sur l’affaire Cantat ou la remise du prix Albert-Londres à la journaliste du Monde Lorraine de Foucher, spécialiste des violences masculines, à quoi joue la première radio de France ? « France Inter a choisi de couper le micro des féministes au moment où les masculinistes sortent du bois et où les personnes minorisées sont encore plus exposées qu’avant à la haine et au rejet. Elle passe complètement à côté de l’époque », tranche Giulia Foïs.

Sans croire à une « résistance » active de la part d’Inter à traiter de ces sujets, Magalie Lacombe, journaliste-formatrice experte des questions de genre et d’égalité, voit dans les choix de la direction une « validation et un renforcement du pouvoir politique » en place. Elle rappelle que de nombreuses études (ici et ) attestent d’une sous-représentation des femmes dans les médias. « Lorsque France Inter choisit délibérément d’effacer progressivement la présence des femmes de ses antennes, elle est consciente de les minoriser encore plus, et cette domination lui convient. »


« France Inter a choisi de couper le micro des féministes au moment où les masculinistes sortent du bois. »

Giulia Foïs, journaliste

Avec l’arrivée de Benjamin Duhamel pour remplacer Léa Salamé à la présentation de la matinale aux côtés de Nicolas Demorand, deux hommes sont désormais aux manettes de la tranche la plus écoutée de France – près de 5 millions d’auditeur·ices pour la saison 2024–2025. « Ce sont deux hommes blancs, cisgenres et socialement aisés : comment, avec si peu de diversité, peut-on imaginer raconter la société dans sa réalité ? », interroge Magalie Lacombe, elle-même ancienne journaliste à Radio France et autrice du podcast L’Info en tous genres.

Une situation qui ne semble émouvoir ni Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, ni Philippe Corbé, directeur de l’information depuis le printemps dernier. « La parité est une valeur très importante de cette chaîne, mais jamais aux dépens de la compétence », aurait affirmé la première, tandis que pour le second, Benjamin Duhamel « est le seul aujourd’hui à Paris en capacité » de coanimer la matinale. Des propos cités dans Télérama début juillet 2025, que le service de communication de la radio se dit incapable de nous confirmer. L’argument fait en tout cas bondir Magalie Lacombe : « C’est hallucinant de désuétude, en plus d’être complètement fallacieux ! Si c’est la seule personne compétente qu’ils ont trouvée, c’est qu’ils n’ont pas cherché. Je doute même qu’il y ait eu un casting pour ce poste… » L’équipe d’Adèle Van Reeth le concède : « Avoir deux voix masculines à 8 h 20, ce n’est pas idéal. » Elle plaide un mauvais concours de circonstances lié à l’annonce tardive du départ de Léa Salamé pour présenter le journal de 20 heures sur France 2.

Une répartition genrée

Dans un autre article publié le 3 septembre, Télérama, qui a épluché la nouvelle grille de programmes, pointe plus largement « une répartition qui reflète les stéréotypes de genre ». Aux femmes les chroniques et entretiens culturels ; aux hommes les interviews et éditos politiques ou économiques. « Agir de la sorte, c’est refuser une société plus égalitaire », analyse Magalie Lacombe. « Mais ces gens-là [la direction de France inter] s’en moquent, parce qu’ils bénéficient d’un grand nombre de privilèges. »

Désormais soumis au bon vouloir des rédacteur·ices en chef et des chroniqueur·euses, le traitement des luttes sociales – en particulier féministes – est-il encore un enjeu d’intérêt général aux yeux de la radio publique, dont la directrice martelait, à son arrivée en 2022, qu’elle n’était « ni de gauche ni de droite » ? Interrogée par La Déferlante, la direction de la station réaffirme son intérêt pour les sujets liés au genre : « c’est pourquoi ils sont présents partout sur l’antenne et ne se limitent pas à quelques émissions comme cela était le cas au moment où ces sujets ont commencé à émerger dans la société ». Pas convaincue par les arguments de son ex-direction, Giulia Foïs interroge : « Quelle est la raison d’être de France Inter, si ce n’est d’être un rempart contre les haines et les discriminations, un endroit où peut s’exprimer une pluralité d’opinions et de regards ? Aujourd’hui, ce n’est plus la radio de toutes et tous, mais bel et bien celle d’un courant de pensée unique. »

Thomas Legrand suspendu après une polémique lancée par l’extrême droite

Vendredi 5 septembre, après la diffusion d’une vidéo enregistrée à son insu sur le site du magazine d’extrême droite L’Incorrect, l’éditorialiste politique Thomas Legrand était suspendu de l’antenne d’Inter à titre conservatoire.

Filmé discrètement lors d’un déjeuner informel avec son confrère Patrick Cohen et deux personnalités du Parti socialiste, le journaliste assurait : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati. » Accusé par la droite et l’extrême droite de mener campagne contre la ministre de la Culture, candidate autoproclamée à la mairie de Paris, le journaliste s’est fendu d’une tribune, publiée dans Libération dans laquelle il reconnaît des propos maladroits pouvant semer la confusion mais affirme également : « J’assume […] de m’employer à dire la vérité sur les mensonges et l’attitude néotrumpienne de la ministre de la Communication (sic) […] il s’agit là de défendre notre métier, si menacé à travers le monde. »

Mardi 9 septembre il a finalement annoncé renoncer à son émission politique hebdomadaire, sans pour autant arrêter d’intervenir ponctuellement à l’antenne.

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