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08.06.2025 à 09:00

L’IA ne va pas vous piquer votre job : elle va vous empêcher d’être embauché !

Framasoft
L’IA ne sera pas la révolution que l’on pense. Son déploiement concret va prendre du temps. Elle ne sera pas non plus la menace existentielle qu’on imagine, parce qu’elle ne se développera pas là où les risques de défaillances sont trop importants. L’IA va rester sous contrôle malgré sa diffusion, estiment les chercheurs Arvind Narayanan et Sayash Kapoor dans une mise en perspective stimulante de notre avenir.
Texte intégral (4355 mots)

Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 28 mars 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.


Dans le monde du recrutement, les CV ne sont plus vraiment lus par des humains. Le problème, c’est que les scores produits sur ceux-ci pour les trier sont profondément problématiques. Les logiciels de tris de candidatures cherchent à produire des correspondances entre les compétences des candidats et ceux des employés et à prédire les personnalités… sans grand succès. Bien souvent, ils produisent surtout des approximations généralisées masquées sous des scores qui semblent neutres et objectifs. Problèmes : ces systèmes peinent à favoriser la diversité plutôt que la similarité. Ils répliquent, amplifient et obfusquent les discriminations plutôt que de réduire les biais de décisions des recruteurs.

 

 

 

 

 

 

« Les dégâts qu’un responsable du recrutement humain partial peut causer sont réels, mais limités. Un algorithme utilisé pour évaluer des centaines de milliers de travailleurs pour une promotion ou de candidats à l’emploi, s’il est défectueux, peut nuire à bien plus de personnes que n’importe quel être humain », affirmait dans Wired la journaliste américaine Hilke Schellmann. Après avoir publié depuis plusieurs années de nombreuses enquêtes sur les défaillances des systèmes automatisés appliqués à l’emploi, elle vient de faire paraître un livre permettant de faire le point sur leurs limites : The Algorithm : How AI decides who gets hired, monitored, promoted, and fired and why we need to fight back now (L’algorithme : comment l’IA décide de qui sera embauché, surveillé, promu et viré et pourquoi nous devons riposter, Hachette, 2024, non traduit). Son constat est sans appel : dans l’industrie technologique des ressources humaines (la « HRTech » comme on l’appelle), rien ne marche ! Pour elle, l’IA risque bien plus de vous empêcher d’être embauché que de vous piquer votre job !

La couverture du livre de Hilke Schellmann, The Algorithm.Il est écrit : How AI can hijack your career and steal your future

La couverture du livre de Hilke Schellmann, The Algorithm.

 

Dans le domaine des ressources humaines, beaucoup trop de décisions sont basées sur de la « mauvaise camelote algorithmique », explique-t-elle. Des systèmes d’évaluation qui produisent déjà des préjudices bien réels pour nombre d’employés comme pour nombre de candidats à l’emploi. Dans son livre, la journaliste passe en revue les innombrables systèmes que les entreprises utilisent pour sélectionner des candidats et évaluer leurs employés… que ce soit les entretiens automatisés, les évaluations basées sur les jeux, les outils qui parcourent les publications sur les réseaux sociaux et surtout ceux qui examinent les CV en ligne… Tous cherchent à produire des correspondances entre les compétences des candidats et ceux des employés et à prédire les personnalités… sans grand succès.

Ce qu’elle montre avant tout, c’est que les entreprises qui ont recours à ces solutions ne sont pas suffisamment critiques envers leurs défaillances massives. En guise de calculs, ces systèmes produisent surtout des approximations généralisées. Sous l’apparence de scientificité des scores et des chiffres qu’ils déterminent se cache en fait beaucoup de pseudo-science, de comparaisons mots à mots peu efficaces. Quand on s’intéresse au fonctionnement concret de ces outils, on constate surtout que leur caractéristique principale, ce n’est pas tant qu’ils hallucinent, mais de nous faire halluciner, c’est-à-dire de nous faire croire en leurs effets.

Les algorithmes et l’intelligence artificielle que ces systèmes mobilisent de plus en plus promettent de rendre le travail des ressources humaines plus simple. En l’absence de régulation forte, souligne la journaliste, ni les vendeurs de solutions ni leurs acheteurs n’ont d’obligation à se conformer au moindre standard. Or, poser des questions sur le fonctionnement de ces outils, les valider, demande beaucoup de travail. Un travail que les départements RH ne savent et ne peuvent pas faire. Nous aurions besoin d’un index pour mesurer la qualité des outils proposés, propose la journaliste… tout en constatant que nous n’en prenons pas le chemin. L’industrie RH se contente parfaitement de la situation, souligne-t-elle. Les avocats américains recommandent d’ailleurs aux services RH des entreprises de ne pas enquêter sur les outils qu’ils utilisent pour ne pas être tenu responsables de leurs dysfonctionnements ! À croire que la responsabilité sociale fonctionne mieux avec des œillères !

De l’automatisation des recrutements : tous scorés !

L’automatisation s’est imposée pour répondre aux innombrables demandes que recevaient les plus grandes entreprises et notamment les grandes multinationales de la Tech. Comment traiter les millions de CV que reçoivent IBM ou Google chaque année ? Qu’ils soient déposés sur les grands portails de candidatures et d’offres d’emplois que sont Indeed, Monster, Linkedin ou ZipRecruiter comme sur les sites d’entreprises, l’essentiel des CV sont désormais lus par des logiciels plutôt que par des humains. Les plateformes développées d’abord pour l’intérim puis pour les employés de la logistique, de la restauration rapide et du commerce de détail sont désormais massivement utilisées pour recruter dans tous les secteurs et pour tous types de profils. Mais elles se sont particulièrement développées pour recruter les cols blancs, notamment en entrée de tous les grands secteurs professionnels, comme l’informatique ou la finance. Si ces plateformes ont permis aux candidats de démultiplier facilement leurs candidatures, c’est au détriment de leur compréhension à savoir comment celles-ci seront prises en compte. Les fonctionnalités de tri massifs et automatisés restent encore l’apanage des grandes entreprises, notamment parce qu’elles nécessitent souvent d’accéder à des logiciels dédiés, comme les « systèmes de suivis de candidatures » (ATS, Applicant Tracking Systems) qui permettent de trier et gérer les candidats. Une grande majorité des employeurs y ont recours. Ces logiciels sont moins connus que les grandes plateformes de candidatures avec lesquelles ils s’interfacent. Ils s’appellent Workday, Taleo, Greenhouse, Lever, Phenom, Pintpoint, Recruitee, Jobvite… Sans compter les plus innovants parmi ces interfaces du recrutement, comme Sapia ou Hirevue, qui proposent d’automatiser jusqu’à l’entretien lui-même en mobilisant reconnaissance faciale, transcription des propos et analyse émotionnelle.

Tous ces systèmes font la même promesse aux entreprises qui les utilisent : minimiser et optimiser le nombre de candidats à un poste et réduire le temps de sélection des candidats. Pour ce faire, ces systèmes lisent les mots des CV selon les paramètres qu’en précisent les entreprises et que rendent disponibles les plateformes. Ils cherchent dans les CV les occurrences des termes qui décrivent le poste depuis l’annonce ou comparent les termes des CV candidats à ceux de personnes déjà en poste. La plupart utilisent des attributs par procuration pour détecter des compétences, comme le fait d’avoir un diplôme du supérieur ou le fait d’avoir des compétences précises formalisées par des mots-clefs littéraux.

Face à l’afflux des candidatures – en 2015, Glassdoor estimait qu’il y avait en moyenne 250 réponses par offre d’emploi pour 4 à 6 sélectionnés pour un entretien ; Jobvite, lui estime que le nombre moyen de candidats par offre tournerait plutôt autour de 29 en 2018, alors qu’il était de 52 en 2016, une baisse qui résulterait d’une meilleure optimisation des offres quand on pourrait questionner plutôt le recul de leur diffusion –, le recrutement automatisé s’est généralisé et ce dans une grande opacité au détriment des candidatures les plus précaires. Car dans ces outils, pour accélérer le tri, il est facile de ne retenir par exemple que ceux qui ont un diplôme du supérieur pour un poste qui n’en nécessite pas nécessairement. Les capacités de réglages sont bien plus conçues pour exclure et rejeter les candidatures que pour intégrer les candidats. Par exemple, comme souvent en informatique, si l’une des compétences exigée n’est pas présente, quelles que soit les qualifications et les qualités des autres compétences évaluées, le candidat va bien souvent être rejeté ou sa note globale dégradée, selon une moyennisation qui lisse les écarts plutôt que de capitaliser sur les forces et faiblesses des candidats. Dans leur livre, The Ordinal Society, les sociologues Marion Fourcade et Kieran Healy, parlent très justement du « lumpenscoretariat » pour qualifier le prolétariat du score dans le capitalisme numérique, pour parler de ceux qui sont toujours mal classés par les systèmes parce que les standards de ceux-ci s’adaptent extrêmement mal à tous les publics.

Ces logiciels de recrutement examinent, évaluent et classent les candidatures en leur attribuant des scores sur un certain nombre de critères définis par les possibilités du système et par l’entreprise qui recrute. Plusieurs scores sur plusieurs attributs sont produits (par exemple un score sur l’expérience requise, un score sur les compétences exigées, etc.) et forment un score unique qui permet de classer les candidatures les unes par rapport aux autres. Un très fort pourcentage de candidatures sont rejetées parce qu’elles ne remplissent pas les critères demandés. Et ce, alors que les employeurs ont tendance à démultiplier les critères pour réduire le nombre de candidats à examiner. Pour un simple emploi de vendeur, le nombre de compétences requises dans les offres d’embauche en ligne est en moyenne de 31 compétences différentes ! De plus en plus d’offres d’emploi demandent d’ailleurs des compétences qui étaient associées à d’autres professions : un vendeur doit savoir vendre, mais doit également désormais savoir utiliser tel ou tel logiciel par exemple ou disposer de compétences transverses, les fameux « soft skills », des aptitudes interpersonnelles qui n’ont pas toujours de liens avec les compétences techniques (qui elles relèvent par exemple de la maîtrise d’une langue étrangère ou de techniques de ventes spécifiques), que ce soient « l’autonomie », la « capacité à négocier » ou la « flexibilité », autant de « talents » dont l’appréciation est bien souvent difficile et subjective et que les calculs promettent de résoudre par des scores dont la formule est suffisamment complexe pour que nul ne regarde leurs défauts.

Bien souvent, les entreprises qui embauchent sont les premières responsables du sur-filtrage qu’elles utilisent. Mais surtout, à force de démultiplier les critères, elles ne parviennent pas à ouvrir leurs canaux de recrutement, comme s’en émouvait le rapport Fuller, Hidden Workers (2021). Joseph Fuller, le chercheur de la business school d’Harvard, montrait que nombre de candidats qualifiés n’étaient pas considérés par ces systèmes de tri automatisés. Nombre de systèmes de recrutement rejettent des candidats qui font de très bons scores sur nombre de critères, mais échouent totalement sur un seul d’entre eux, au profit de candidats qui peuvent être très moyens sur tous les critères. Ainsi, dans la moitié des outils d’analyse automatisés testés par son équipe, avoir un trou de 6 mois dans sa carrière conduit à une exclusion automatique, quelle que soit la raison de ce passage à vide (congé natalité, maladie…) et ce même si la candidature est par ailleurs très bien notée. Cet exemple montre que la qualification n’est pas le seul critère pris en compte. Ces systèmes font d’abord ce pour quoi ils sont programmés : minimiser le temps et le coût passé à recruter ! Pour Hilke Schellmann, ces exemples démontrent que les responsables RH devraient enquêter sur les outils qu’ils utilisent et comprendre les critères de sélection qu’ils mettent en œuvre. Les processus d’embauches automatisés se concentrent bien plus sur la détection de références que sur les capacités des candidats. L’automatisation du recrutement conduit à configurer les systèmes de manière inflexible afin d’en minimiser le nombre. Or, pour Fuller, ces outils devraient surtout permettre d’élargir le recrutement que de le resserrer, ils devraient permettre de s’intéresser aux expériences plus qu’aux compétences, explique-t-il en montrant que nombre de personnes compétentes ne sont pas recrutées parce que leur expérience peut-être sur des compétences similaires, mais dans un autre métier. Les descriptions de postes se complexifient, écartant certains postulants, et notamment les femmes qui ont tendance à postuler que si elles sont convaincues qu’elles satisfont à l’essentiel des exigences d’un poste.

Capture d'écran du jeu Survival of the best fit.

Vous aussi entraînez une IA de recrutement !
Survival of the best fit est un jeu en ligne qui permet de comprendre les limites du recrutement automatisé.

 

Les responsables RH comme les recruteurs savent pertinemment que leurs outils ne sont pas toujours pertinents : 88 % d’entre eux reconnaissent que ces outils excluent du processus d’embauche des candidats hautement qualifiés ou tout à fait qualifiés ! Leur efficacité elle-même est limitée, puisque 50 % des employés embauchés ne sont plus en poste 18 mois après leur arrivée. Au final, comme leurs outils, les responsables RH ont souvent bien plus confiance dans les diplômes, la réputation des écoles que dans l’expérience. Les filtres des systèmes fonctionnent comme des proxys : avoir été embauché dans un rôle similaire à celui de l’annonce dans les derniers mois est souvent plus important que de trouver des personnes qui ont des expériences multiples qui devraient leur permettre de s’épanouir dans le poste. La recherche de l’adéquation empêche bien souvent de chercher l’adaptation. Le recrutement, dans sa logique, cherche à minimiser son coût plutôt que de maximiser le capital humain. Et ces systèmes qui visent d’abord à matcher avec des exigences strictes, peinent à favoriser la diversité plutôt que la similarité, les manières dont les gens ont progressé plutôt que les statuts qu’ils ont acquis.

Discriminations invisibles

Hilke Schellmann n’est pas la seule à s’inquiéter du fonctionnement des systèmes de recrutement. La professeure de droit américaine, Ifeoma Ajunwa, qui a publié l’année dernière The Quantified Worker (Le travailleur quantifié, Cambridge University Press, 2023 non traduit), explique elle aussi que les systèmes d’embauche automatisés réduisent tous les candidats à des scores. Dans ces scores, les pratiques discriminatoires, liées à l’âge, au sexe, à la couleur de peau, au handicap, au niveau social… sont invisibilisées. Or, ces systèmes se déploient sans contrôle, sans régulation, sans audit, sans label de qualité, sans informations aux candidats… Dans une tribune pour Wired, elle demandait à la Fédération du commerce qui régule ces questions aux États-Unis de faire son job : c’est-à-dire contrôler et sanctionner les pires pratiques !

Couverture du livre, The Quantified Worker, de Ifeoma Ajunwa.En sous-titre : Law and Technology in the Modern Workplace

Couverture du livre, The Quantified Worker, de Ifeoma Ajunwa.

 

Les systèmes servent à répliquer, amplifier et obfusquer les discriminations à grande échelle, estime la juriste. Dans l’histoire du développement des plateformes d’embauches depuis les années 1990, qu’elle dresse avec Daniel Greene, la principale raison de leur développement repose sur la promesse de réduire les biais de décisions en utilisant des processus techniques « neutres ». C’est pourtant bien à l’inverse qu’on a assisté : les décisions algorithmiques sont devenues le véhicule d’amplification des biais ! Mais, pour la juriste, la question des biais de ces systèmes est bien plus un problème légal que technique. Le problème, c’est que les biais des systèmes sont démultipliés à un niveau sans précédent. « La recherche d’un meilleur fonctionnement technique nous empêche trop souvent de regarder les limites légales de ces systèmes », explique Ajunwa. Trop de données sont des proxies pour contourner les interdictions légales à la discrimination inscrite dans la loi. Les discriminations de race, de genre, sociales… sont déguisées derrière une « nébuleuse adéquation culturelle » des candidats aux offres. Plus que les compétences ou l’expérience, les recruteurs et leurs machines sont à la recherche d’un « matching socio-culturel » qui masque ses motivations discriminatoires d’un couvert de neutralité, qui occulte combien nos stéréotypes acquis influencent en profondeur nos décisions, comme le fait de préférer certaines écoles à d’autres dans les recrutements, ou le fait que les systèmes de recrutements favorisent certains termes sur d’autres. Les exemples de biais de ce type sont nombreux et se démultiplient quand tous les termes d’un CV peuvent devenir prédictifs. C’est ainsi que parfois des prénoms, des formations ou des hobbies ont pu devenir des paramètres clefs de ces systèmes. Les systèmes d’analyse des CV fonctionnent bien trop sur des mots- clefs qui prennent alors des valeurs qui dépassent leur portée. L’avocat spécialiste des questions de travail Ken Willner a ainsi montré que des termes comme « Afric » ou « Latin », qu’ils soient associés à un travail où à un hobby (comme le fait de pratiquer la danse Afro par exemple) pouvaient dégrader le score d’un CV juste parce que la présence du terme renvoie à des publics afro-américains. Sur les douzaines de systèmes d’embauche que l’avocat a examinés, il a trouvé des variables problématiques dans plus d’un quart ! Pour Willner, les entreprises qui développent ces outils ne font même pas le travail liminaire de contrôle et de non prise en compte de termes potentiellement discriminatoires. Willner en a trouvé bien d’autres, comme la pratique du baseball et du softball, le second surtout joué par des femmes, dont l’occurrence pouvait être prise en compte pour dégrader le score des secondes.

L’autoritarisme de plateforme pour obscurcir les discriminations

Les systèmes d’embauche automatisés permettent d’abord d’obscurcir les discriminations. Par exemple, celles liées à l’âge, alors que la loi les interdit. Plusieurs études ont montré que la discrimination liée à l’âge est exacerbée par l’automatisation. Un audit de la banque of America a montré que les gens de plus de 40 ans avaient un taux de rappel suite à une candidature 30 % moins élevée que les plus jeunes pour des emplois de base et que ce taux s’effondrait plus encore pour les femmes de plus de 40 ans. Le problème, estime Ifeoma Ajunwa c’est que ces discriminations liées à l’âge sont facilitées sur les plateformes, comme l’avait souligné une enquête de CNBC.

Reste, souligne la juriste, que les disparités de traitements sont difficiles à prouver, d’abord et avant tout parce que les plateformes d’emploi ne sont contraintes à aucune transparence statistique sur ce qu’elles font. Une étude a même montré que pour quelque 600 plaintes pour discrimination raciale à l’emploi aux Etats-Unis, la majorité des jugements rendus peinent à reconnaître la discrimination à l’œuvre. Ajunwa parle « d’autoritarisme de plateforme » pour évoquer les contradictions entre les politiques des plateformes et les législations. Cet autoritarisme masque la relation qu’elles entretiennent avec les candidats comme intermédiaires qui bénéficie bien plus aux employeurs et aux plateformes qu’aux utilisateurs. Pas étonnant dès lors que le public soit très critique à l’égard des plateformes d’embauche, comme le montrait un sondage du Pew sur la très vive défiance du grand public à l’encontre de l’embauche automatisée (avec un autre biais récurrent, qui est de croire que le système a plus de conséquences négatives globalement que pour soi personnellement).

Plus que de résoudre les dérives du recrutement, son automatisation a surtout généré un empilement de problèmes, que toute la chaîne de la HR tech tente de mettre sous le tapis, plutôt que de l’affronter. Il n’est pas sûr que ce soit une position longtemps tenable…

(à suivre)

02.06.2025 à 07:42

Khrys’presso du lundi 2 juin 2025

Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière. Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer … Lire la suite­­
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Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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  • Appel à cartographie des caméras de vidéosurveillance (bourrasque-info.org)

    Présentation du site Surveillance under Surveillance, un outil permettant de répertorier et cartographier les caméras partout dans le monde.

  • Digital Justice, Now ! A call to action for WSIS+20 and beyond (apc.org)

    Twenty years after the conclusion of the World Summit on the Information Society (WSIS), we find ourselves in a now-or-never moment. The vision of a people-centered, inclusive, and development-oriented digital order has never seemed more elusive, yet so urgent, to claim. The new digital order dictated by corporate greed and state control is, unfortunately, a far cry from the ideals of the WSIS consensus. (See the Global Digital Justice Forum’s Johannesburg Communique for our analysis of what is wrong with the status quo.) The weaponization of data and AI has already seen widespread job precarity, misinformation, war crimes, the climate catastrophe, and more. Our autonomy, agency, shared humanity, and planetary well-being are under siege. We need Digital Justice, Now !

  • « On est là pour enseigner la vérité : un génocide se déroule sous nos yeux » (politis.fr)

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  • « Bientôt, nous enseignerons qu’il y a eu un génocide à Gaza » (politis.fr)

    Aggiornamento, un collectif d’enseignant·es, estime qu’éviter de parler de génocide à Gaza en classe relève d’une posture politique contraire à la « neutralité » demandée aux professeurs par le ministère, alors que le rectorat de Dijon a suspendu une professeure pour un hommage aux victimes gazaouies.

  • Un « bain de sang » dans une fontaine au cœur de Paris pour dénoncer les massacres à Gaza (huffingtonpost.fr)

    « Stop au bain de sang », « Macron doit enfin agir » : une poignée de militants se sont donnés rendez-vous en début de matinée à la fontaine des Innocents, dans la capitale française, où ils ont déversé plusieurs litres de colorant alimentaire rouge sur les marches du bassin et brandi des pancartes appelant les autorités à l’action face au désastre humanitaire à Gaza.

  • L’appel des mères pour les enfants de la Palestine (politis.fr)

    Face au massacre des enfants palestiniens, des mères de France appellent à marcher le 15 juin devant l’Élysée pour exiger des sanctions contre Israël et des actions immédiates de la part d’Emmanuel Macron.

  • « Les enfants palestiniens ne sont-ils pas des enfants ? » (politis.fr)

    L’Assemblée pour des soins antiracistes et populaires, dans une lettre ouverte, demande à la Société française de pédiatrie de faire pression sur les autorités françaises afin d’obtenir une action diplomatique internationale auprès du gouvernement israélien.

  • Action anti-jets privés : des activistes d’Attac et XR à la barre (basta.media)

    Treize activistes ont été jugé·es pour une action de désobéissance civile contre les jets privés. Au-delà des faits reprochés, le procès soulève une question : celle de la légitimité de mener des actions illégales face à l’urgence climatique.

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    Après l’annonce de l’autorisation de reprise du chantier de l’A69, les opposant·es à cette autoroute ont organisé des rassemblements partout en France.

  • Thomas Brail sur l’A69 : « J’entame une grève de la soif dès la reprise du chantier » (reporterre.net)
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    De nombreuses voix de la société civile se sont élevées pour dire leur indignation après le vote, le 26 mai, par les députés du centre et de la droite, d’une résolution de rejet « tactique » contre leur propre texte, pour éviter un débat en séance plénière et envoyer le texte décrié directement en commission mixte paritaire.

  • Vers un soulèvement associatif ! (associations-citoyennes.net)

    Le Projet de Loi de Finance 2025 adopté en force par le parlement annonce un véritable « carnage associatif ». Protection et accompagnement des personnes, aide sociale, culture et éducation populaire, défense des droits, solidarité internationale, écologie, sport … le choc est immense dans le monde associatif et solidaire pourtant indispensable à la vitalité démocratique et au tissu social. Amplifié par de nombreuses collectivités locales pratiquant la même politique de la terre brûlée, l’effet domino est terrible et aucune association, aucune initiative citoyenne ne sera épargnée.

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    Alors qu’ArcelorMittal a annoncé un vaste plan de suppressions de postes, la CGT a décidé d’entamer une « guerre » pour préserver les emplois et éviter le départ du producteur d’acier de l’Hexagone.

  • Sabotages sur la Croisette (lundi.am)

    Ce week-end, en plein 78e Festival de Cannes, trois installations électriques ont été sabotées dans les Alpes-maritimes. Un poste électrique incendié à Tanneron, un pylône scié près de Villeneuve-Loubet, et un transformateur incendié à l’ouest de Nice provocant « une panne d’électricité géante »

    Voir aussi Communiqué sur les sabotages de la Côte d’Azur (lagrappe.info)

  • Restauration : Bondir·e, des professionnels s’engagent contre les violences en cuisine (humanite.fr)

    Alors que plus de 200 000 personnes manquent dans la restauration, les violences qui y règnent expliquent de nombreux départs. L’association Bondir·e, créée en 2020 par des cheffes, sensibilise les futurs professionnels au caractère inacceptable de pratiques trop longtemps tolérées.

  • Prostitution. 50 ans après l’occupation de l’église Saint-Nizier, les parapluies rouges se déploient à Lyon (tribunedelyon.fr)

    Lyon célèbre ce week-end les 50 ans de l’occupation de l’église Saint-Nizier par les travailleurs et travailleuses du sexe (TDS). Une date désormais ancrée dans les mémoires, bien au-delà des frontières, mais qui rappelle que même à Lyon, les droits des TDS restent encore à conquérir.

Spécial outils de résistance

  • Cent ans de sabotage : résister à l’oppression politique et technologique (terrestres.org)
  • Comment et quoi « réparer » après le colonialisme nucléaire ? (terrestres.org)

    une discussion sérieuse sur la réparation commence par la reconnaissance de l’irréparable, c’est-à-dire l’impossibilité de « solutionner » ou de gérer le désastre nucléaire comme un simple paramètre de plus dans l’administration des choses. Parmi les principes fondamentaux de l’ONU concernant le droit à la réparation figure la garantie de non-répétition14 : réparer le passé, c’est déjà garantir que des faits similaires ne se produiront plus dans le futur. Considérant que l’industrie nucléaire, tant civile que militaire, repose sur une chaîne de production et de contaminations coloniales irréversibles, il est antithétique de proclamer une « paix » sans avoir préalablement procédé à une dénucléarisation et à une décolonisation totales des sociétés française et maohi.

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01.06.2025 à 09:00

Inférences : comment les outils nous voient-ils ?

Framasoft
Dans le miroir des données inférées, qui sommes-nous ? Et comment arrêter ce délire d’hallucinations ?
Texte intégral (2268 mots)

Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 18 mars 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.


Dans le miroir des données inférées, qui sommes-nous ? Et comment arrêter ce délire d’hallucinations ?

 

 

 

 

 

 

 

Comment les systèmes interprètent-ils les images ? Ente, une entreprise qui propose de chiffrer vos images pour les échanger de manière sécurisée sans que personne d’autres que ceux que vous autorisez ne puisse les voir, a utilisé l’API Google Vision pour montrer comment les entreprises infèrent des informations des images. C’est-à-dire comment ils les voient, comment les systèmes automatisés les décrivent. Ils ont mis à disposition un site pour nous expliquer comment « ILS » voient nos photos, qui permet à chacun d’uploader une image et voir comment Google Vision l’interprète.

Sommes-nous ce que les traitements disent de nous ?

Le procédé rappelle le projet ImageNet Roulette de Kate Crawford et Trevor Paglen, qui renvoyait aux gens les étiquettes stéréotypées dont les premiers systèmes d’intelligence artificielle affublaient les images. Ici, ce ne sont pas seulement des étiquettes dont nous sommes affublés, mais d’innombrables données inférées. Pour chaque image, le système produit des informations sur le genre, l’origine ethnique, la localisation, la religion, le niveau de revenu, les émotions, l’affiliation politique, décrit les habits et les objets, pour en déduire des passe-temps… mais également des éléments de psychologie qui peuvent être utilisés par le marketing, ce qu’on appelle les insights, c’est-à-dire des éléments permettant de caractériser les attentes des consommateurs. Par exemple, sur une des images en démonstration sur le site représentant une famille, le système déduit que les gens priorisent l’esthétique, sont facilement influençables et valorisent la famille. Enfin, l’analyse associe des mots clefs publicitaires comme albums photos personnalisé, produits pour la peau, offre de voyage de luxe, système de sécurité domestique, etc. Ainsi que des marques, qui vont permettre à ces inférences d’être directement opérationnelles (et on peut se demander d’ailleurs, pourquoi certaines plutôt que d’autres, avec le risque que les marques associées démultiplient les biais, selon leur célébrité ou leur caractère international, comme nous en discutions en évoquant l’optimisation de marques pour les modèles génératifs).

Autant d’inférences probables, possibles ou potentielles capables de produire un profil de données pour chaque image pour leur exploitation marketing.

Comme l’explique le philosophe Rob Horning, non seulement nos images servent à former des modèles de reconnaissance d’image qui intensifient la surveillance, mais chacune d’entre elles produit également des données marketing disponibles pour tous ceux qui souhaitent les acheter, des publicitaires aux agences de renseignement. Le site permet de voir comment des significations sont déduites de nos images. Nos photos, nos souvenirs, sont transformés en opportunités publicitaires, identitaires et consuméristes, façonnées par des logiques purement commerciales (comme Christo Buschek et Jer Thorp nous l’avaient montré de l’analyse des données de Laion 5B). L’inférence produit des opportunités, en ouvre certaines et en bloque d’autres, sur lesquelles nous n’avons pas la main. En nous montrant comment les systèmes interprètent nos images, nous avons un aperçu de ce que, pour les machines, les signifiants signifient.

Mais tout n’est pas parfaitement décodable et traduisible, transparent. Les inférences produites sont orientées : elles ne produisent pas un monde transparent, mais un monde translucide. Le site They see your photos nous montre que les images sont interprétées dans une perspective commerciale et autoritaire, et que les représentations qu’elles produisent supplantent la réalité qu’elles sont censées interpréter. Il nous permet de voir les biais d’interprétation et de nous situer dans ceux-ci ou de nous réidentifier sous leur répétition.

Nous ne sommes pas vraiment la description produite de chacune de ces images. Et pourtant, nous sommes exactement la personne au cœur de ces descriptions. Nous sommes ce que ces descriptions répètent, et en même temps, ce qui est répété ne nous correspond pas toujours ou pas du tout.

Capture d'écran montrant le résultat de l'analyse de They See Your Photos sur une photo d'Hubert Guillaud. On voit le visage d'Hubert légèrement souriant. En fond, on devine une manifestation à la foule portant des banderoles vertes.
Autre capture d'écran montrant le résultat de l'analyse de They See Your Photos sur une deuxième photo d'Hubert Guillaud.La photo d'Hubert est sur fond noir, on voit son visage légèrement souriant et son buste. Le résultat de l'analyse change parfois beaucoup comparé à la première photo.

Exemples d’intégration d’images personnelles dans TheySeeYourPhotos qui montrent les données qui sont inférées de deux images. Et qui posent la question qui suis-je ? Gagne-je 40 ou 80 000 euros par mois ? Suis-je athée ou chrétien ? Est-ce que je lis des livres d’histoire ou des livres sur l’environnement ? Suis-je écolo ou centriste ? Est-ce que j’aime les chaussures Veja ou les produits L’Oréal ?

Un monde indifférent à la vérité

L’autre démonstration que permet le site, c’est de nous montrer l’évolution des inférences publicitaires automatisées. Ce que montre cet exemple, c’est que l’enjeu de régulation n’est pas de produire de meilleures inférences, mais bien de les contenir, de les réduire – de les faire disparaître voire de les rendre impossibles. Nous sommes désormais coincés dans des systèmes automatisés capables de produire de nous, sur nous, n’importe quoi, sans notre consentement, avec un niveau de détail et de granularité problématique.

Le problème n’est pas l’automatisation publicitaire que ce délire de profilage alimente, mais bien le délire de profilage automatisé qui a été mis en place. Le problème n’est pas la qualité des inférences produites, le fait qu’elles soient vraies ou fausses, mais bien le fait que des inférences soient produites. La prévalence des calculs imposent avec eux leur monde, disions-nous. Ces systèmes sont indifférents à la vérité, expliquait le philosophe Philippe Huneman dans Les sociétés du profilage (Payot, 2023). Ils ne produisent que leur propre renforcement. Les machines produisent leurs propres mèmes publicitaires. D’un portrait, on propose de me vendre du cognac ou des timbres de collection. Mais ce qu’on voit ici n’est pas seulement leurs défaillances que leurs hallucinations, c’est-à-dire leur capacité à produire n’importe quels effets. Nous sommes coincés dans un régime de facticité, comme le dit la philosophe Antoinette Rouvroy, qui finit par produire une vérité de ce qui est faux.

Où est le bouton à cocher pour refuser ce monde ?

Pourtant, l’enjeu n’est pas là. En regardant très concrètement les délires que ces systèmes produisent on se demande surtout comment arrêter ces machines qui ne mènent nulle part ! L’exemple permet de comprendre que l’enjeu n’est pas d’améliorer la transparence ou l’explicabilité des systèmes, ou de faire que ces systèmes soient plus fiables, mais bien de les refuser. Quand on comprend la manière dont une image peut-être interprétée, on comprend que le problème n’est pas ce qui est dit, mais le fait même qu’une interprétation puisse être faite. Peut-on encore espérer un monde où nos photos comme nos mots ne sont tout simplement pas interprétés par des machines ? Et ce alors que la grande interconnexion de celles-ci facilite ce type de production. Ce que nous dit « They see your photos », c’est que pour éviter ce délire, nous n’avons pas d’autres choix que d’augmenter considérablement la confidentialité et le chiffrement de nos échanges. C’est exactement ce que dit Vishnu Mohandas, le développeur de Ente.

Hubert Guillaud

MÀJ du 25/03/2025 : Il reste une dernière inconnue dans les catégorisations problématiques que produisent ces outils : c’est que nous n’observons que leurs productions individuelles sur chacune des images que nous leur soumettons… Mais nous ne voyons pas les catégorisations collectives problématiques qu’ils peuvent produire. Par exemple, combien de profils de femmes sont-ils catalogués comme à « faible estime de soi » ? Combien d’hommes catégorisés « impulsifs » ? Combien d’images de personnes passées un certain âge sont-elles caractérisées avec des mots clés, comme « alcool » ? Y’a-t-il des récurrences de termes selon le genre, l’âge putatif, l’origine ou le niveau de revenu estimé ?… Pour le dire autrement, si les biais individuels semblent innombrables, qu’en est-il des biais démographiques, de genre, de classe… que ces outils produisent ? L’exemple permet de comprendre très bien que le problème des biais n’est pas qu’un problème de données et d’entraînement, mais bien de contrôle de ce qui est produit. Ce qui est tout de suite bien plus problématique encore…

27.05.2025 à 11:27

Amenons PeerTube dans nos poches !

Framasoft
Grâce à votre soutien, nous (Framasoft, une petite association à but non-lucratif) développons PeerTube depuis sept ans ! D’un projet étudiant à un logiciel d’envergure internationale, notre solution de plateforme vidéo est désormais utilisée et reconnue par de nombreuses institutions ! Bien … Lire la suite­­
Texte intégral (3838 mots)

Grâce à votre soutien, nous (Framasoft, une petite association à but non-lucratif) développons PeerTube depuis sept ans ! D’un projet étudiant à un logiciel d’envergure internationale, notre solution de plateforme vidéo est désormais utilisée et reconnue par de nombreuses institutions !

Bien sûr, nous avons encore beaucoup de chemin à faire, et si la communauté de PeerTube grandit de jour en jour, nous percevons déjà quelques étapes cruciales qui permettraient à PeerTube d’être adopté par un plus grand public !

Avec votre aide, amenons PeerTube dans la poche de toutes et tous  !

 

Soutenir PeerTube

 

Une application pour toutes et tous !

L’année dernière a marqué un tournant important pour PeerTube. En effet, nous avons engagé Wicklow pour travailler sur l’application mobile PeerTube, doublant ainsi notre effectif dédié au développement de PeerTube.

Oui, ça peut sembler un peu dingue, et pourtant, PeerTube n’a été développé jusqu’à présent que par un seul développeur salarié et une poignée de contributeur·ices bénévoles ! (Merci mille fois à vous ! 💖)

Nous réfléchissions depuis longtemps à construire notre propre application mobile, constatant l’utilisation massive des smartphones pour profiter de contenus vidéos. Grâce à vos votes sur notre plateforme dédiée au partage d’idées concernant PeerTube, nous avons été convaincu·es d’entamer ce chantier et souhaitons aujourd’hui mettre des ressources dedans !

Depuis sa sortie en fin d’année dernière en version préliminaire, l’application a beaucoup évolué et vous pouviez il y a quelques semaines découvrir la première version majeure ! Le détail des améliorations apportées par cette version sont consultables dans l’article de blog dédié.

 

 

Une bulle d’autonomie hors du système YouTube-Twitch-Vimeo

Plus qu’une application mobile, PeerTube est un écosystème vibrant : 1300 plateformes recensées, totalisant 300 000 comptes utilisateurices et 756 000 vidéos. 

Outre les nombreuses autres améliorations, la version 7 a apporté un nouveau design, pensé pour être plus moderne, accessible et mieux adapté pour les institutions.

Parmi ces institutions, nous retrouvons notamment le Ministère de l’Éducation Nationale français ou le GARR (réseau informatique des universités italiennes).

Pour toutes ces raisons, nous considérons que PeerTube est désormais un logiciel mature

(même si, oui, il y a toujours moyen de l’améliorer et nous allons œuvrer dans ce sens ! 😛)

 

Nous voyons en PeerTube un logiciel émancipateur, permettant un partage non-marchand des vidéos.

Que vous souhaitiez partager vos vidéos avec vos élèves, publier vos tutoriels de jardinage facile, ou avoir une plateforme vidéo autonome pour votre structure, tout est possible avec PeerTube !

 

Popularisons les vidéos et lives partagées par des humain·es, pour des humain·es !

Pour permettre à encore plus de personnes d’accéder à PeerTube, nous sommes ravi·es d’annoncer le lancement d’une campagne de financement participatif ! 🎉

Notre feuille de route pour la partie Web de PeerTube étant déjà financée, nous voulons concentrer sur l’amélioration de l’application mobile. Nous aimerions y apporter des fonctionnalités clés pour qu’elle facilite l’apport de contenus.

Ensemble, allons plus loin en amenant PeerTube dans les poches de tout le monde !

 

Quatre objectifs collectifs

PeerTube est pensé comme un commun, un outil appropriable par toutes et tous. Nous souhaitons développer l’application dans ce sens et avons donc pensé à quatre objectifs-clés nous permettant de nous en rapprocher.

Contrairement à la plupart des financements participatifs, nous ne proposons pas de « contrepartie » pour votre don. En soutenant PeerTube, votre récompense, c’est d’avoir contribué à un Commun, qui sert à toutes et appartient à tous.

Cependant, nous avons joué avec le concept, et vous proposons différentes « contributions » possibles, pour vous montrer le travail que votre soutien nous permet de réaliser.

 

15 000€ – Un PeerTube « Premium » gratuit pour toustes

Cet objectif permet de débloquer un « PeerTube Premium »… mais gratuit et pour tout le monde !
Sepia, la mascotte de PeerTube, qui porte un plateau sur lequel il y a du popcorn. Il y a une serviette blanche sur le tentacule qui porte le plateau. Ses yeux sont fermés et sa tête orientée vers le bas.

Sepia apporte le popcorn. CC-BY-SA David Revoy

  • Lisez la vidéo en fond pour pouvoir continuer d’écouter une conférence ou un cours sans interruption, même si vous avez besoin d’aller jeter un coup d’œil rapide à un document
  • Diffusez les vidéos sur votre télévision et montrez à vos ami·es le tutoriel vidéo super utile pour votre association
  • Recevez des notifications sur les nouveaux contenus publiés afin de ne plus manquer les sorties de votre vidéaste préféré·e
  • Changez la définition de la vidéo et économisez ainsi votre forfait data
Tout ça, sans publicité ! La magie d’une application pensée pour vous servir, pas pour vous pister ! 🪄

 

35 000€ – Partager des vidéos depuis votre poche

Parfois, vous n’avez pas de grosse édition à faire sur vos vidéos et souhaitez juste les téléverser rapidement sans passer par votre ordinateur.

C’est ce que vous permettra cet objectif !
Sepia, la mascotte de PeerTube, qui édite une pellicule de film à coups de ciseaux.

Sepia fait de l’édition. CC-BY-SA David Revoy

  • Gérez toutes les chaînes de votre compte, directement dans l’application
  • Modifiez les chapitres, sous-titres et autres informations de vos vidéos
  • Consultez les statistiques détaillées de votre contenu : combien de personnes regardent vos vidéos, pendant combien de temps, à partir d’où, etc.
  • Téléversez de nouvelles vidéos avec votre téléphone
Est-ce qu’il faut que l’application réponde aux besoins des vidéastes… ? À vous de nous le dire, car nous avons bien envie de développer ces fonctionnalités d’ici à la fin de l’année.

 

55 000€ – Diffuser en live depuis votre téléphone

Pour que vous puissiez aussi bien partager en direct un mouvement social ou votre découverte de Séoul !
Sepia, la mascotte de PeerTube, fait un live via son smartphone. Elle fait le cul de poule avec sa bouche.

Sepia tourne un vlog. CC-BY-SA David Revoy

  • Configurez et gérez vos diffusions en direct sur votre téléphone, sans passer par OBS ! 😎
  • Utilisez votre périphérique et sa connexion, pas de matériel supplémentaire requis
  • Diffusez en live du bout des doigts, sans avoir besoin d’ordinateur
  • Plus besoin d’application secondaire dédiée aux lives, retrouvez tous vos besoins au même endroit !
Nous imaginons déjà les directs partagés depuis une manifestation, une conférence, un débat associatif. Néanmoins, si cet objectif est financé, nous n’envisageons pas le finir avant fin de l’année, et tablons sur une publication en 2026.

 

75 000€ – Soutenir Framasoft & PeerTube

PeerTube est un projet majeur dans l’histoire de Framasoft, mais il n’est pas le seul. Si Framasoft a pu développer PeerTube, c’est parce que notre association a été soutenue pour ses autres actions, par des dons.

Soutenir Framasoft, c’est ainsi contribuer à la construction d’un numérique solidaire, émancipateur et non-marchand.

 

Sepia, la mascotte de PeerTube, sur les épaules de Pinchot, la mascotte de Framasoft. Pinchot court. Les deux ont une expression joyeuse.

Sepia et Pinchot. CC-BY-SA David Revoy.

  • Nous ne faisons pas de profit  : nous fournissons des Communs
  • Tous les dons financent tous nos projets, à la fois PeerTube mais aussi des dizaines d’autres
  • Nous maintenons PeerTube, avec un support gratuit et de qualité — ce travail de l’ombre, quotidien, se fait en plus des nouveaux développements
  • Nous dégooglisons plus de 2M de personnes par mois, en leur fournissant des services web qui permettent de s’émanciper des géants du numérique


Nous détaillerons chacun de ces objectifs dans des articles de blog dédiés, très prochainement ! Comme on dit dans le Bouchonnois  : Stay Tuned !

Contribuer aux communs : un cercle vertueux !

En contribuant, vous ne donnez pas seulement pour l’application mobile PeerTube, mais pour l’ensemble des projets de Framasoft !


Voici un graphique montrant, dans le détail, la manière dont nous utilisons cet argent. Si vous souhaitez plus de détails, vous pouvez aussi consulter notre rapport financier.

Graphique sur la répartition de l'argent de Framasoft.

Ressources humaines : 73 %
Serveurs et domaines : 7 %
Frais de fonctionnement : 5 %
Interventions et projets ext. : 4 %
Communication : 1,5 %
Prestations projets : 6 %
Frais bancaires et impôts : 3,5 %

Graphique sur la répartition de l’argent de Framasoft.



Ce financement participatif est vraiment important pour nous car non seulement il nous permet de sécuriser l’argent nécessaire au développement du projet, mais aussi d’estimer l’enthousiasme du public pour l’application mobile et le projet PeerTube en général !

Cependant, soyons clair·es ! Nous chercherons à réaliser les améliorations proposées dans cette collecte que nous parvenions à nos objectifs ou non !
Si les objectifs de collecte ne sont pas remplis, nous devrons piocher dans les dons faits par la communauté francophone en fin d’année dernière pour l’ensemble des projets de Framasoft. Cela nous signifiera que notre enthousiasme pour PeerTube et son application n’est pas partagé. (Ça arrive, parfois ! 🤷‍♀️)
Nous nous demanderons alors s’il faut vraiment ajouter l’envoi de vidéos (ou les live) dans l’application, mais surtout s’il faut lever le pied dans notre stratégie de populariser l’écosystème PeerTube.

Votre soutien est notre boussole : à vous ne nous dire si vous partagez notre enthousiasme !

 

Soutenir PeerTube

 

Soutenez l’écosystème PeerTube en partageant votre attention…

L’écosystème de PeerTube dépasse le seul giron de Framasoft. Mois après mois, de plus en plus de personnes ou structures s’approprient le projet et le font vivre !

Grâce à un système d’extensions puissant, des développeurs et développeuses volontaires ne cessent d’étendre les fonctionnalités du logiciel. Le catalogue d’extensions de PeerTube comporte plus de 200 extensions, chacune permettant d’ajouter des fonctionnalités de PeerTube ou de modifier son apparence !

Côté communauté, celle-ci s’enrichit de différentes initiatives inspirantes !

C’est le cas, par exemple, du compte Mastodon Fedi.Video qui, depuis des années, aide à visibiliser les vidéastes publiant sur PeerTube !

Capture d'écran d'un message de Fedi.Video.

Le pouet dit :
« The excellent artist and libre fan David Revoy has an official PeerTube account full of art, art tutorials, reviews of art-related hardware etc. You can follow at:

➡️ @shichimi 

There are already more than 80 videos uploaded. If these haven't federated to your server yet, you can browse them all at https://peertube.touhoppai.moe/a/shichimi/videos

You can also follow Revoy's general account at @davidrevoy »

Un des nombreux messages de promotion de Fedi.Video.

 

Aussi, des plateformes spécialisées se développent, à l’image de MakerTube, dédiée à celles et ceux « qui font ».

 

Nous ne pouvons évidemment lister dans cet article toutes les initiatives géniales que nous repérons, mais nous tenons à vous dire un immense bravo à toustes pour votre travail formidable. Merci d’enrichir PeerTube de vos couleurs ! 🫶

Si vous souhaitez en savoir d’avantage sur l’écosystème PeerTube, vous pouvez vous inscrire sur la newsletter PeerTube. Vous recevrez ainsi des informations concernant les avancées du projet mais aussi sur les initiatives de la communauté !

Vous pouvez aussi suivre le compte PeerTube (et Framasoft) sur les médias sociaux (Mastodon et BlueSky) :

En plus des informations ponctuelles, nous y publions chaque semaine des astuces pour utiliser PeerTube !

Message du compte Framasoft promouvant une astuce PeerTube :

« Dans #PeerTube, vous pouvez ajouter des sous-titres à vos vidéos, que ce soit manuellement ou en les générant automatiquement !

Mais saviez-vous que vous pouvez utiliser le widget de transcription pour chercher dans ces sous-titres ?

👉 https://docs.joinpeertube.org/use/watch-video#transcription-widget
»

Exemple d’astuce PeerTube partagée sur Mastodon chaque semaine.

 

 

…et en nous aidant à récolter les fonds !

Nous nous donnons 3 semaines pour, collectivement, financer nos actions pour populariser PeerTube.

Nous croyons sincèrement que nous pouvons y parvenir car nous sommes convaincu·es que PeerTube est un Commun qui vous importe autant qu’à nous !

Alors si vous aussi souhaitez voir advenir un monde où PeerTube est utilisé par toutes et tous, soutenez-nous en faisant un don (si vous le pouvez) et en diffusant le site de la campagne autour de vous !

 

Ensemble, ré-approprions nous les plateformes vidéos !

Soutenir PeerTube

26.05.2025 à 07:42

Khrys’presso du lundi 26 mai 2025

Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière. Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer … Lire la suite­­
Texte intégral (11419 mots)

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)

Brave New World

Spécial IA

Spécial Palestine et Israël

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Spécial femmes en France

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Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial outils de résistance

  • Que boycotter ? (bdsfrance.org)

    La campagne BDS est une campagne de citoyens, c’est à chacun de s’en emparer pour affirmer son pouvoir d’opposition à l’apartheid pratiqué par Israël. Par le boycott économique d’abord, le plus simple, à la portée de chacun quand il achète un produit ou utilise un service, mais aussi, en fonction de vos activités, le boycott culturel, universitaire, sportif…

  • Face à l’urgence à Gaza, votre courage politique est attendu (speakout.lemouvement.ong)

    Pour interpeller l’Élysée en quelques secondes :
    1/ cliquez sur le bouton envoyer
    2/ une fois le mail envoyé, cliquez sur c’est fait !

  • Soutenir la Palestine (soutenirpalestine.wordpress.com)

    Un site pour répertorier de manière simple et synthétique des moyens à ta portée pour soutenir la Palestine

  • Festivals, concerts, artistes : comment des milliardaires s’accaparent l’industrie musicale (streetpress.com)

    Après la presse et l’édition, une poignée de grandes fortunes mettent la main sur la musique et les festivals. Le syndicat des musiques actuelles (SMA) publie une cartographie pour alerter sur la concentration en cours en France.

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les trucs chouettes de la semaine

Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

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