31.10.2025 à 15:40
Creative réinvente l’audio de bureau avec le surprenant hub Re:Imagine
Texte intégral (1745 mots)

Si vous avez connu l’informatique des années 90, votre cœur va probablement battre un peu plus vite à la simple évocation du nom Creative. Cette entreprise est indissociable de sa gamme légendaire de cartes son Sound Blaster, qui a littéralement donné une voix (et des bandes-son épiques) à nos PC de l’époque. C’était le temps où l’audio n’était pas un acquis, mais une mise à niveau excitante.
Eh bien, préparez-vous à un sérieux voyage nostalgique, car la marque est de retour. Mais ne vous y trompez pas, elle ne se contente pas de dépoussiérer un vieux nom. Elle cherche à le « Re:Imaginer ». Creative vient de dévoiler un tout nouveau produit qui fait la synthèse de son héritage audio et des besoins des créateurs, joueurs et audiophiles modernes avec son hub Re:Imagine. À première vue, cet appareil peut faire penser aux célèbres contrôleurs Stream Deck d’Elgato, devenus incontournables pour les streamers. Mais là où ce dernier se concentre sur les raccourcis visuels, le Re:Imagine place votre équipement audio au centre de l’expérience. Et il le fait avec une ambition remarquable.

La modularité comme philosophie
La caractéristique la plus frappante du Re:Imagine est sa conception modulaire. Nous ne parlons pas de quelques options de couleur mais d’une personnalisation physique profonde. L’appareil est conçu pour que vous puissiez mélanger, assortir et réorganiser à volonté des boutons, des molettes, des curseurs et même des écrans. Ces modules sont magnétiques, vous permettant de cliper les commandes dont vous avez besoin, là où vous en avez besoin. Vous êtes podcasteur ? Mettez en avant les curseurs pour gérer vos différentes pistes audio. Vous êtes streamer ? Privilégiez les boutons pour lancer des scènes ou des effets sonores. Vous êtes un audiophile ? La molette de volume de précision et l’écran tactile seront vos meilleurs amis. Le Re:Imagine s’adapte à votre flux de travail et non l’inverse.
Un véritable « Hub » pour tout votre son
Le mot « hub » n’est pas utilisé à la légère. Le Re:Imagine est conçu pour être le cerveau central de votre installation audio. La connectique est pléthorique: on y trouve de l’USB-C, des entrées micro, ligne et optique, une prise casque 3,5 mm, et un port USB dédié pour la connexion à l’ordinateur. Mais ce n’est pas tout. Il intègre également le Wi-Fi 6 et le Bluetooth, ouvrant la voie à tous vos appareils sans fil, comme votre casque favori.

Le véritable atout pour les puristes du son se cache à l’intérieur. Creative, fidèle à sa réputation, a intégré un DAC (convertisseur numérique-analogique) et un amplificateur de haute qualité. L’entreprise affirme que cet ensemble est capable d’alimenter de gros haut-parleurs de bureau de qualité studio. La promesse est de pouvoir acheminer le son d’un appareil à l’autre via les boutons du hub ou son écran tactile, sans plus jamais avoir à jongler avec les câbles derrière votre bureau.
Plus qu’un simple contrôleur audio
Si le Re:Imagine s’était arrêté là, il serait déjà un produit intéressant. Mais Creative a vu beaucoup plus grand. Lorsqu’il est connecté à un PC, ses divers boutons et commandes peuvent être personnalisés pour lancer des applications, déclencher des raccourcis (comme couper le micro lors d’un appel ou démarrer un enregistrement) ou même exécuter des macros programmables complexes.
Et voici la surprise, il peut également contrôler les appareils domestiques intelligents compatibles Matter. Votre hub audio devient soudainement une télécommande pour votre éclairage de studio ou votre thermostat. Pour les plus technophiles, Creative lâche une bombe, l’appareil fonctionne sous Linux, et les utilisateurs auront un accès root complet au matériel. C’est une invitation ouverte aux développeurs pour créer leurs propres applications, trouver des utilisations alternatives et repousser les limites de l’appareil.

Une puissance autonome surprenante
L’appareil n’est pas totalement dépendant d’un PC. Il est alimenté par un processeur octa-core, soutenu par 8 Go de RAM et 16 Go de stockage (extensible via une carte microSD). C’est, en substance, un mini-ordinateur. Il peut faire tourner des applications directement sur son écran tactile de 3 pouces. Creative a même inclus des fonctionnalités étonnantes, un émulateur DOS pour jouer à des jeux rétro (un clin d’œil parfait à l’héritage Sound Blaster !), des assistants alimentés par l’IA et même un « DJ IA » capable de générer de la musique basée sur un thème.
Prix et disponibilité
Pour un projet aussi ambitieux, Creative s’est tourné vers le financement participatif. Une campagne Kickstarter a été lancée. Le prix de vente au détail devrait commencer à 500 $ pour un kit de base comprenant l’unité horizontale, un écran tactile, des modules de boutons, de molette et de curseur. Les participants à la campagne peuvent actuellement le précommander pour 329 $ pour une durée limitée. Il faudra être patient, la livraison est prévue pour juin 2026.
31.10.2025 à 15:18
Reddit – Pourquoi les chatbots IA ne sont pas (encore) un moteur de trafic
Texte intégral (1984 mots)

Reddit, le colosse de la discussion communautaire, vient de jeter un pavé dans la mare. Lors de la présentation des résultats du troisième trimestre 2025, son PDG Steve Huffman a livré une analyse surprenante. Non, les chatbots IA ne sont pas un moteur de trafic majeur pour l’entreprise.
Cette déclaration, en apparence simple, cache une stratégie complexe et fascinante que Reddit est en train de déployer. Alors que l’entreprise affiche une santé financière et une croissance d’utilisateurs insolentes, elle navigue dans les eaux troubles de l’IA avec une prudence de funambule, mêlant partenariats lucratifs et batailles juridiques acharnées.
La douche froide – L’IA n’est pas le moteur
Commençons par la nouvelle principale, celle qui a fait lever quelques sourcils parmi les analystes. Interrogé sur l’impact des nouveaux outils d’IA sur l’acquisition de trafic, Steve Huffman a été catégorique.
« [Les chatbots] ne sont pas un moteur de trafic aujourd’hui », a-t-il déclaré. Il a souligné que les sources de trafic dominantes de Reddit restent inchangées et robustes. On parle évidemment de la recherche Google et de l’accès direct. Un analyste a même tenté d’obtenir une répartition, demandant si le trafic était de 50 % Google et 50 % direct, ce à quoi le PDG a répondu que ces chiffres étaient approximatifs, mais assez proches.

Cette répartition 50/50 est intéressante. Elle montre que Reddit bénéficie à la fois d’une puissance de référencement (SEO) immense, captant les recherches de niche sur Google (pensez à toutes les fois où vous avez ajouté « reddit » à votre recherche pour obtenir de vrais avis), et d’une loyauté de marque massive, avec des millions d’utilisateurs qui tapent directement l’URL ou ouvrent l’application par habitude. Huffman a tenu à préciser que cela ne signifiait pas une rupture des relations avec les acteurs de l’IA.
« Je pense que nos relations avec les entreprises avec lesquelles nous travaillons directement sont saines, et nous avons tous deux beaucoup appris au cours des deux dernières années, notamment sur la valeur des données de Reddit […]. Je suis donc impatient de continuer à travailler sur ces sujets avec ces partenaires. »
Mais le message est clair, à l’heure actuelle, les utilisateurs ne passent pas massivement par un chatbot pour atterrir sur un subreddit.
Le jeu dangereux – Vendre l’or tout en protégeant la mine
Cette déclaration sur le trafic devient encore plus passionnante lorsqu’on la met en contexte avec la stratégie de données de Reddit. L’entreprise sait qu’elle est assise sur une mine d’or. Pendant des années, ses forums ont été le terrain d’entraînement de facto pour les grands modèles de langage, qui se sont nourris de ses millions de conversations humaines authentiques pour apprendre à parler, raisonner et débattre. En mai 2024, la plateforme a décidé de fermer le robinet. Conscient de la valeur commerciale immense de ce contenu, elle a modifié sa politique, verrouillant son API et stipulant que toute utilisation commerciale de ses données nécessiterait désormais une licence payante.
C’est là que réside sa relation compliquée avec l’IA. D’un côté, l’entreprise a signé un accord majeur avec OpenAI pour lui permettre d’utiliser les données maison pour l’entraînement de ses modèles. Un partenariat similaire existe avec Google. Reddit monétise donc son atout le plus précieux auprès des plus grands noms du secteur. De l’autre côté, le réseau social a sorti les griffes. Il est engagé dans des batailles juridiques féroces avec d’autres sociétés d’IA, notamment Anthropic et Perplexity, probablement accusées d’avoir pillé ses données sans autorisation ni compensation. Reddit joue un double jeu, il se positionne comme le fournisseur officiel et payant de « l’âme d’Internet » pour les géants de l’IA tout en poursuivant agressivement ceux qui tentent de s’emparer de ces mêmes données gratuitement.
Une stratégie validée par les chiffres
Et cette stratégie semble payer. Loin d’être une simple plateforme de discussion, Reddit est devenu une puissance financière. Les résultats du T3 2025 sont éloquents:
- Revenus: 585 millions de dollars, soit une croissance spectaculaire de 68 % d’une année sur l’autre.
- Utilisateurs: 116 millions d’utilisateurs actifs uniques quotidiens et 444 millions d’utilisateurs actifs uniques hebdomadaires, en hausse de 20 %.
- International: La croissance internationale est un moteur clé, avec une augmentation de 31 % des utilisateurs quotidiens en dehors des États-Unis.
- Portée: Plus de 190 millions d’Américains visitent le réseau chaque semaine.
Ces chiffres montrent une entreprise en pleine expansion qui n’a pas besoin des chatbots pour assurer sa croissance. Elle a le luxe de pouvoir choisir ses partenaires et de dicter ses conditions.
La véritable révolution IA se passe à l’intérieur
Si Steve Huffman minimise l’impact de l’IA externe sur son trafic, il mise tout sur celle interne pour transformer l’expérience utilisateur. La véritable ambition de Reddit n’est pas d’être une source pour les chatbots externes, mais de devenir lui-même un moteur de réponse. L’entreprise continue d’investir massivement pour faire de la recherche une partie centrale de l’expérience. Et les résultats sont déjà là. Le PDG a révélé que la société traite déjà 20 % de ses volumes de recherche via sa nouvelle fonctionnalité « Answers » alimentée par l’IA et via la barre de recherche principale.

Le volume est considérable, au troisième trimestre, 75 millions de personnes ont utilisé la fonction de recherche chaque semaine. L’objectif, annoncé par Huffman, est de fusionner complètement l’IA et l’expérience de recherche de base au cours des prochains trimestres. En d’autres termes, Reddit est en train de construire son propre concurrent de Perplexity ou de la recherche IA de Google, directement intégré à sa plateforme. Au fond, pourquoi iriez-vous demander à un chatbot externe « quel est le meilleur casque audio selon de vrais utilisateurs » quand vous pouvez poser la question directement à Reddit et obtenir une réponse synthétisée par l’IA, basée sur des millions de discussions authentiques ?
L’accueil avant tout
Pour finir, cette croissance doit être soutenue par une capacité à retenir les nouveaux venus. Parallèlement à ses ambitions en matière d’IA, Reddit expérimente un nouveau flux d’intégration (onboarding) plus simple. L’objectif est de réduire la friction pour les nouveaux utilisateurs, souvent intimidés par la structure unique de la plateforme.
« Nous voulons qu’ils voient dès leur première session que Reddit est incroyable et qu’il a du contenu pour eux. Notre objectif est donc de connecter les utilisateurs avec du contenu pertinent très rapidement », a expliqué Huffman.
L’image qui se dessine est celle d’une entreprise remarquablement stratégique. Reddit comprend que sa valeur ne réside pas dans le trafic de clics généré par l’IA, mais dans les données brutes qui alimentent cette dernière. La société monétise ces données auprès de partenaires triés sur le volet, tout en utilisant ses revenus explosifs pour construire ses propres outils d’IA internes. L’objectif final n’est pas d’être une note de bas de page dans les réponses de ChatGPT, mais de devenir la destination unique où la recherche IA et la communauté humaine authentique fusionnent.
31.10.2025 à 14:54
Recherche de brevets – Comment l’IA de Perplexity veut simplifier l’innovation pour tous
Texte intégral (1963 mots)

Le monde de l’innovation repose sur le brevet, une pierre angulaire souvent sous-estimée. C’est le Graal pour tout inventeur, la protection juridique d’une idée, le document qui transforme une étincelle de génie en un actif tangible. Mais avant de pouvoir célébrer une nouvelle invention, il existe une étape redoutée, un véritable parcours du combattant que tous les ingénieurs, chercheurs et entrepreneurs connaissent bien. Il s’agit de la recherche d’antériorité. Savoir si une idée est réellement nouvelle, si quelqu’un d’autre n’a pas déjà eu la même illumination il y a cinq ou dix ans, est un art obscur.
Traditionnellement, ce processus est, pour le dire poliment, notoirement difficile. Il s’agit d’un labyrinthe de bases de données gouvernementales, de codes de classification complexes et d’un jargon juridique qui découragerait même les esprits les plus motivés. C’est un monde où un simple oubli, un mot-clé manquant dans une requête de recherche, peut coûter des millions en frais de justice ou anéantir un projet. Mais cette époque de friction et d’incertitude pourrait bien être en train de changer. L’intelligence artificielle, qui transforme déjà notre façon d’écrire, de coder et de créer, frappe désormais à la porte des offices de brevets. Perplexity, l’un des noms les plus en vue dans le domaine de l’IA conversationnelle, vient de lancer un outil qui promet de dynamiter cette ancienne forteresse et de rendre la recherche de brevets enfin accessible.

Pour saisir la portée de cette annonce, il faut d’abord comprendre la complexité de la recherche de brevets « à l’ancienne ». Cela ne se fait pas comme pour une recette de cuisine sur internet. Les avocats en propriété intellectuelle et les chercheurs spécialisés passent des jours, voire des semaines, à naviguer dans des bases de données massives comme celles de l’OEB (l’office européen). Le succès dépend de la maîtrise d’opérateurs booléens complexes, ces fameux « ET », « OU », « SAUF ». Il faut jongler avec des chaînes de mots-clés précises, anticiper tous les synonymes possibles et imaginables qu’un inventeur aurait pu utiliser.
Par exemple, une invention pour un « dispositif de suivi d’activité » pourrait être classée sous « podomètre électronique », « moniteur de fréquence cardiaque portable » ou « accéléromètre de poignet ». Oubliez l’un de ces termes, et vous manquez une partie importante de l’information. À cela s’ajoutent les classifications internationales (IPC ou CPC), des codes abscons qui catégorisent chaque invention. Si vous ne connaissez pas les bons codes, vous passez à côté de pans entiers de la connaissance technique. C’est un travail fastidieux, extrêmement coûteux lorsque sous-traité et à très haut risque. L’échec à trouver un « art antérieur » pertinent peut invalider un brevet des années après son octroi.
C’est précisément sur ce mur de complexité que Perplexity concentre sa puissance de feu. L’entreprise vient de déployer un nouvel agent de recherche de brevets alimenté par l’IA. La promesse est simple, remplacer la complexité des requêtes par l’intuition du langage naturel. Fini les chaînes de mots-clés cryptiques et les opérateurs booléens. L’outil est conçu pour comprendre ce que vous voulez dire, pas seulement ce que vous tapez.
Perplexity donne des exemples concrets. Au lieu de construire une requête syntaxiquement parfaite, vous pouvez simplement demander: « Existe-t-il des brevets sur l’apprentissage des langues par l’IA ? » ou « Quels sont les brevets clés en informatique quantique depuis 2024 ?« . C’est un changement de paradigme fondamental. L’IA ne se contente pas de chercher les mots « quantique » et « 2024 », elle s’efforce à comprendre l’intention derrière la question et le concept technologique sous-jacent.
La véritable magie de l’outil réside dans sa capacité à voir au-delà des correspondances exactes de mots-clés. C’est ce qu’on appelle la recherche sémantique. Si un utilisateur recherche « trackers de fitness », l’IA de Perplexity ne se limitera pas à ce terme précis. Elle comprendra le concept et étendra intelligemment la recherche pour inclure des termes connexes tels que « bandes d’activité », « montres compteuses de pas » ou « montres de surveillance de la santé ». C’est la fin de l’angoisse du synonyme manquant. L’IA ratisse plus large et plus intelligemment, en se basant sur le sens plutôt que sur la terminologie.
Mais trouver le bon brevet n’est que la moitié du combat. L’autre moitié, souvent tout aussi ardue, est de le comprendre. Le langage des brevets est un dialecte à part entière, conçu pour être blindé juridiquement, souvent au détriment de la clarté la plus élémentaire. Perplexity s’attaque aussi à ce problème. Pour chaque résultat pertinent, l’outil fournit un résumé clair et concis généré par l’IA. Cela permet à un entrepreneur, un ingénieur ou un journaliste de saisir l’essence d’un brevet en quelques secondes, au lieu de devoir déchiffrer des dizaines de pages de descriptions techniques et de revendications juridiques alambiquées.

L’innovation ne s’arrête pas aux portes des bases de données de brevets. La validité d’une invention ne se mesure pas seulement par rapport à d’autres brevets, mais par rapport à l’ensemble de « l’art antérieur ». Cela inclut tout ce qui a été rendu public avant la date de dépôt. Une idée décrite dans un article académique, un projet sur un dépôt de logiciels public comme GitHub, ou même une présentation lors d’une conférence peut suffire à invalider un brevet. Historiquement, rechercher cet art antérieur « non-brevet » était encore plus complexe, car il est dispersé aux quatre coins du web. Perplexity affirme que son outil peut également fouiller ces sources critiques. En intégrant les articles académiques et les référentiels de code, l’IA offre une vue à 360 degrés de l’état de l’art, réduisant considérablement le risque de réinventer la roue.
Pour encourager l’adoption et tester son outil à grande échelle, l’entreprise rend cet agent de recherche gratuit pour tous pendant sa phase bêta. Vous pouvez simplement vous rendre sur le site de Perplexity et taper votre requête en langage naturel pour l’essayer. Elle précise que les abonnés à ses formules payantes, Pro et Max, bénéficieront de quotas d’utilisation supplémentaires et de davantage d’options de configuration, ce qui sera sans doute nécessaire pour les utilisateurs intensifs comme les cabinets d’avocats ou les départements de R&D des grandes entreprises.
En s’attaquant au bastion notoirement complexe de la recherche de brevets, Perplexity propose une nouvelle philosophie: l’intelligence artificielle comme traducteur universel, capable de rendre les connaissances les plus denses et les plus techniques accessibles à tous. Si la promesse est tenue, ce ne sont pas seulement les avocats en brevets qui verront leur travail quotidien transformé, mais potentiellement tout l’écosystème de l’innovation, qui pourrait devenir plus rapide, plus informé et, finalement, plus ouvert.
31.10.2025 à 09:30
Alborosie – « Nine Mile », un voyage au cœur des racines et de l’âme du reggae
Texte intégral (1610 mots)

Alborosie est un véritable bourreau de travail. Presque stoïquement, il nous livre de superbes nouveaux albums studio tous les deux ans et sa dernière création, « Nine Mile », est une fois de plus une bénédiction pour nos oreilles.
Dès l’ouverture, Calling Selassie nous plonge dans un one drop classique, agrémenté d’arrangements de cuivres frais et de paroles inspirantes qui retracent les voyages de l’artiste en Éthiopie. Mais la Jamaïque, elle aussi, recèle de nombreux lieux importants qui l’ont inspiré pour cet album. Trench Town Legend est un hommage vibrant à Bob Marley, la plus grand superstar du reggae de tous les temps. Musicalement, le titre réinterprète We and Dem de l’album Uprising de Marley, chargé spirituellement et politiquement. Avec une grande créativité, Alborosie a tissé des citations du roi du reggae dans un nouveau récit lyrique puissant.
Le lieu de naissance de Marley justement, Nine Mile, n’est pas seulement le titre du disque, il apparaît aussi comme une chanson. Alborosie a dédié ce morceau, de loin le plus émouvant et personnel, au regretté Jo Mersa Marley, décédé en décembre 2022. Le chanteur le décrit comme un bon ami à lui et le poids émotionnel du titre souligne le lien étroit qu’ils partageaient. C’est une pièce maîtresse acoustique, dépouillée et vulnérable qui clôt l’album sur une note d’amour et de souvenir, capable de vous donner la chair de poule.

Nine Mile est rempli de moments personnels et de clins d’œil culturels. La reprise de Club Paradise de Jimmy Cliff provient de la bande originale du film du même nom avec Robin Williams, un film qui a eu un fort impact sur l’artiste dans sa jeunesse. Avec un clin d’œil joueur, il dit voir un peu de lui-même dans le personnage d’Island Jack. C’est un hymne ensoleillé, une ode à la Jamaïque facile d’accès, parfaite pour une campagne de l’office du tourisme.
Il a également inclus une interprétation passionnée de No Tan Distintos, initialement sortie en 1987 par le groupe punk-reggae argentin Sumo. Le morceau est une dédicace sincère à ses fans sud-américains et son message, avec des lignes comme « Nous ne voulons plus de guerre », est tout aussi pertinent aujourd’hui, près de 40 ans plus tard. C’est une chanson de protestation dans la pure tradition d’Alborosie, portant un message global ancré dans la vérité. L’influence de l’Amérique du Sud ne s’arrête pas là. Au Brésil voisin a été tourné le clip de Come My Way, un single qui bénéficie d’une version dub du légendaire King Tubby. Le titre Ganas de Verte est chanté entièrement en espagnol, offrant une ambiance reggae latin douce et chaleureuse. Et sur Ipanema, vous serez transportés à Rio de Janeiro, mêlant des touches de bossa nova et de samba aux vibrations reggae pour un morceau résolument solaire.

Fidèle à son essence, ce nouvel opus a été enregistré et produit dans son propre studio Shengen à Kingston, qui abrite des équipements vintage autrefois utilisés par King Tubby lui-même. Comme toujours, Albo s’est occupé de tout, de la production à l’ingénierie et au mixage, maintenant le son et l’esprit qui le définissent depuis des années. Il est un maître dans l’art de livrer le son de sa Jamaïque d’adoption de manière authentique, organique et roots, tout en utilisant les effets avec précision pour créer une identité sonore moderne et fraîche. Cette richesse est aussi due au talent des musiciens qui l’entourent, tels que Giuseppe « Big Finga » Coppola, Aston Barrett Jr. ou encore Fabrice « Frenchie » Allegre.
Les messages d’Albo sont aussi intemporels que la musique qu’il crée, et pourtant ils résonnent avec une pertinence contemporaine en 2025. Il chante le véritable amour, qui devrait toujours triompher des sentiments médiatisés par les réseaux sociaux, comme sur l’ironique Digital Love. Sur Zombies, l’ambiance s’assombrit, dénonçant la corruption et la décadence morale des dirigeants mondiaux. Loco Loco, également en espagnol, poursuit ce commentaire social sur la folie du monde réel et virtuel, n’hésitant pas à toucher aux conflits mondiaux actuels. L’album navigue habilement entre ces commentaires sociaux et des explorations plus intimes du cœur humain. Cool Down est un morceau décontracté sur une rupture, tandis que When est une chanson soul sur le chagrin d’amour, ce moment où l’un des deux continue d’attendre. Les nuances de Nine Mile scintillent entre douleur et joie, désir, espoir et persévérance.
Dans l’ensemble, cette nouvelle proposition artistique est une œuvre solide, consciente et diversifiée. Ce n’est peut-être pas l’album roots le plus pur d’Alborosie. Il n’y a pas ici de nouveau Kingston Town ou Herbalist. Cependant, il montre sa croissance et sa volonté d’explorer de nouveaux recoins du reggae, mélangeant des touches de rock des années 80, de bossa nova et de new wave sans jamais perdre sa base habituelle.
31.10.2025 à 09:07
Apple change de cap – Pourquoi l’intégration de Gemini et ChatGPT n’est qu’un début
Texte intégral (2035 mots)

Longtemps, Apple a cultivé l’image d’un jardin clos, un écosystème magnifique, performant, mais résolument fermé. La firme de Cupertino préférait maîtriser chaque aspect de l’expérience utilisateur, du matériel au logiciel. Mais dans la course effrénée à l’intelligence artificielle générative, même les portes les plus hautes commencent à s’ouvrir. Tim Cook vient de confirmer ce que beaucoup pressentaient, l’avenir de la pomme ne se construira pas seul. La nouvelle stratégie est de s’ouvrir aux meilleurs outils d’IA tiers pour transformer ses systèmes d’exploitation.
C’est lors d’une interview accordée à CNBC, dans le sillage d’annonces financières records, que le PDG de la marque a lâché la phrase clé. « Notre intention est de nous intégrer avec davantage de monde au fil du temps », a-t-il déclaré. Cette affirmation n’est pas anodine. Elle signe un changement de paradigme majeur pour l’entreprise. Apple a déjà commencé à poser les fondations de cette nouvelle ère en intégrant ChatGPT au cœur de Siri, offrant à son assistant vocal, souvent critiqué pour sa rigidité, un premier véritable « boost » intellectuel.
Mais ce n’est qu’un début. Les rumeurs, de plus en plus insistantes, font état de discussions très avancées avec Google pour une intégration de Gemini. Sundar Pichai, le PDG de Google, avait d’ailleurs confirmé l’année dernière que ses équipes travaillaient activement sur la prise en charge de Gemini pour l’iPhone. L’idée de voir les deux géants, à la fois rivaux et partenaires, collaborer à ce niveau est fascinante. Et la liste ne s’arrête pas là. Des bruits de couloir mentionnent aussi des partenariats potentiels avec Anthropic, le créateur de Claude, et même avec Perplexity, le moteur de recherche conversationnel en pleine ascension.

Cette stratégie « d’ouverture » n’est pas totalement nouvelle. Craig Federighi, le vice-président senior de l’ingénierie logicielle d’Apple, avait déjà évoqué l’année dernière que l’entreprise pourrait envisager des intégrations avec différents modèles comme Google Gemini à l’avenir. Ce qui était une possibilité est aujourd’hui devenu une intention stratégique claire, validée au plus haut niveau.
L’objectif principal de cette manœuvre est de redonner vie à son assistant maison. Tim Cook a confirmé qu’Apple était en bonne voie pour lancer une version de Siri profondément améliorée par l’IA l’année prochaine. Il a souligné que l’entreprise faisait de bons progrès dans ce sens. Cette refonte est déterminante. Pendant que les chatbots gagnaient en intelligence et en contexte, Siri restait figé dans son rôle d’exécutant de tâches basiques. L’intégration d’IA tierces lui permettrait de gérer des requêtes complexes, de comprendre le contexte et d’agir de manière proactive. Pour y parvenir, Cupertino n’exclut aucune option. Interrogé lors de la présentation des résultats financiers, Cook a réaffirmé que les acquisitions restaient sur la table. « Nous sommes ouverts à poursuivre les fusions et acquisitions si nous pensons que cela peut faire avancer notre feuille de route », a-t-il précisé, faisant écho à des déclarations similaires passées. Si Apple ne peut pas construire une brique technologique assez vite, elle l’achètera.

Cette stratégie s’appuie sur une santé financière insolente. Les nouvelles concernant l’IA ont été partagées en marge de la publication des résultats du quatrième trimestre et ils sont tout simplement records. Apple a engrangé la somme colossale de 102,5 milliards de dollars au cours des derniers mois. Cela représente une augmentation impressionnante de huit pour cent par rapport à la même période de l’année dernière. Ces chiffres donnent à l’entreprise américaine une puissance de feu quasi illimitée pour investir massivement dans la recherche et le développement, ainsi que pour financer d’éventuelles acquisitions précieuses dans le domaine de l’IA.
L’iPhone reste, sans surprise, le moteur de cette réussite. Bien que le lancement le mois dernier de la gamme iPhone 17 soit encore récent, les ventes de smartphones ont généré à elles seules 49,03 milliards de dollars de revenus. Cette nouvelle gamme, qui comprend l’iPhone 17, l’iPhone 17 Pro et le très remarqué iPhone Air (l’appareil le plus fin jamais conçu par Apple) a été bien accueillie. Fait notable, la marque a cette année intégré des fonctionnalités auparavant réservées à ses modèles Pro dans l’appareil d’entrée de gamme, comme l’écran toujours allumé et la technologie ProMotion pour un défilement plus fluide. Cette montée en gamme de la base est essentielle pour supporter les futures fonctionnalités d’IA, plus gourmandes en ressources.
Les autres piliers de l’empire se portent tout aussi bien. Les revenus des Mac ont atteint 8,72 milliards de dollars, tandis que les iPad ont rapporté 6,95 milliards. Mais le véritable gagnant moins visible reste la division « Services ». Comprenant les abonnements à Apple TV, Apple Music, Apple Fitness Plus et Apple Arcade, elle a connu une croissance spectaculaire pour atteindre 28,8 milliards de dollars de revenus.

Pendant que la stratégie logicielle se dessine, le matériel, lui, se prépare. L’intelligence artificielle, surtout celle fonctionnant localement sur l’appareil pour des raisons de performance et de confidentialité, nécessite une puissance de calcul phénoménale. Apple vient tout juste de mettre à jour l’iPad Pro, le MacBook Pro et même le casque Vision Pro, en les dotant tous de puces M5 de nouvelle génération. Cette mise à jour n’est pas un hasard, elle prépare l’ensemble de l’écosystème à l’ère de « l’Apple Intelligence ».
Alors que l’entreprise a peut-être semblé prendre du retard dans la course à l’IA générative, sa stratégie se révèle aujourd’hui. Plutôt que de se précipiter pour lancer son propre grand modèle de langage et risquer la comparaison, Elle adopte une position de « curateur ». La firme de Cupertino construit le vaisseau (un matériel surpuissant avec les puces M5 et un système d’exploitation sécurisé) et invite les meilleurs moteurs d’IA du monde à monter à bord. L’avenir de Siri ne sera pas un seul cerveau, mais un hub intelligent capable de faire appel au bon outil pour la bonne tâche. Avec des rumeurs persistantes sur l’arrivée d’un iPhone 17e plus abordable l’année prochaine, Apple se prépare à démocratiser cette nouvelle expérience IA pour tous les budgets.
