URL du flux RSS

ACCÈS LIBRE Actualité IA

▸ les 10 dernières parutions

31.10.2025 à 14:54

Recherche de brevets – Comment l’IA de Perplexity veut simplifier l’innovation pour tous

Romain Leclaire
Le monde de l’innovation repose sur le brevet, une pierre angulaire souvent sous-estimée. C’est le Graal pour tout inventeur, la protection juridique d’une idée, le document qui transforme une étincelle de génie en un actif tangible. Mais avant de pouvoir célébrer une nouvelle invention, il existe une étape redoutée, un véritable parcours du combattant que […]
Texte intégral (1963 mots)
Une illustration numérique représentant des élements graphiques futuristes avec une vue de paysage à travers des formes géométriques, suggérant un thème d'innovation et de technologie.

Le monde de l’innovation repose sur le brevet, une pierre angulaire souvent sous-estimée. C’est le Graal pour tout inventeur, la protection juridique d’une idée, le document qui transforme une étincelle de génie en un actif tangible. Mais avant de pouvoir célébrer une nouvelle invention, il existe une étape redoutée, un véritable parcours du combattant que tous les ingénieurs, chercheurs et entrepreneurs connaissent bien. Il s’agit de la recherche d’antériorité. Savoir si une idée est réellement nouvelle, si quelqu’un d’autre n’a pas déjà eu la même illumination il y a cinq ou dix ans, est un art obscur.

Traditionnellement, ce processus est, pour le dire poliment, notoirement difficile. Il s’agit d’un labyrinthe de bases de données gouvernementales, de codes de classification complexes et d’un jargon juridique qui découragerait même les esprits les plus motivés. C’est un monde où un simple oubli, un mot-clé manquant dans une requête de recherche, peut coûter des millions en frais de justice ou anéantir un projet. Mais cette époque de friction et d’incertitude pourrait bien être en train de changer. L’intelligence artificielle, qui transforme déjà notre façon d’écrire, de coder et de créer, frappe désormais à la porte des offices de brevets. Perplexity, l’un des noms les plus en vue dans le domaine de l’IA conversationnelle, vient de lancer un outil qui promet de dynamiter cette ancienne forteresse et de rendre la recherche de brevets enfin accessible.

Image of a patent document for methods of online language learning using artificial intelligence and avatar technology. The document includes sections such as the patent number, inventors, filing date, and an abstract describing the technology.

Pour saisir la portée de cette annonce, il faut d’abord comprendre la complexité de la recherche de brevets « à l’ancienne ». Cela ne se fait pas comme pour une recette de cuisine sur internet. Les avocats en propriété intellectuelle et les chercheurs spécialisés passent des jours, voire des semaines, à naviguer dans des bases de données massives comme celles de l’OEB (l’office européen). Le succès dépend de la maîtrise d’opérateurs booléens complexes, ces fameux « ET », « OU », « SAUF ». Il faut jongler avec des chaînes de mots-clés précises, anticiper tous les synonymes possibles et imaginables qu’un inventeur aurait pu utiliser.

Par exemple, une invention pour un « dispositif de suivi d’activité » pourrait être classée sous « podomètre électronique », « moniteur de fréquence cardiaque portable » ou « accéléromètre de poignet ». Oubliez l’un de ces termes, et vous manquez une partie importante de l’information. À cela s’ajoutent les classifications internationales (IPC ou CPC), des codes abscons qui catégorisent chaque invention. Si vous ne connaissez pas les bons codes, vous passez à côté de pans entiers de la connaissance technique. C’est un travail fastidieux, extrêmement coûteux lorsque sous-traité et à très haut risque. L’échec à trouver un « art antérieur » pertinent peut invalider un brevet des années après son octroi.

C’est précisément sur ce mur de complexité que Perplexity concentre sa puissance de feu. L’entreprise vient de déployer un nouvel agent de recherche de brevets alimenté par l’IA. La promesse est simple, remplacer la complexité des requêtes par l’intuition du langage naturel. Fini les chaînes de mots-clés cryptiques et les opérateurs booléens. L’outil est conçu pour comprendre ce que vous voulez dire, pas seulement ce que vous tapez.

Perplexity donne des exemples concrets. Au lieu de construire une requête syntaxiquement parfaite, vous pouvez simplement demander: « Existe-t-il des brevets sur l’apprentissage des langues par l’IA ? » ou « Quels sont les brevets clés en informatique quantique depuis 2024 ?« . C’est un changement de paradigme fondamental. L’IA ne se contente pas de chercher les mots « quantique » et « 2024 », elle s’efforce à comprendre l’intention derrière la question et le concept technologique sous-jacent.

La véritable magie de l’outil réside dans sa capacité à voir au-delà des correspondances exactes de mots-clés. C’est ce qu’on appelle la recherche sémantique. Si un utilisateur recherche « trackers de fitness », l’IA de Perplexity ne se limitera pas à ce terme précis. Elle comprendra le concept et étendra intelligemment la recherche pour inclure des termes connexes tels que « bandes d’activité », « montres compteuses de pas » ou « montres de surveillance de la santé ». C’est la fin de l’angoisse du synonyme manquant. L’IA ratisse plus large et plus intelligemment, en se basant sur le sens plutôt que sur la terminologie.

Mais trouver le bon brevet n’est que la moitié du combat. L’autre moitié, souvent tout aussi ardue, est de le comprendre. Le langage des brevets est un dialecte à part entière, conçu pour être blindé juridiquement, souvent au détriment de la clarté la plus élémentaire. Perplexity s’attaque aussi à ce problème. Pour chaque résultat pertinent, l’outil fournit un résumé clair et concis généré par l’IA. Cela permet à un entrepreneur, un ingénieur ou un journaliste de saisir l’essence d’un brevet en quelques secondes, au lieu de devoir déchiffrer des dizaines de pages de descriptions techniques et de revendications juridiques alambiquées.

Tampon ou sceau indiquant un brevet déposé, avec les mots 'BREVET DÉPOSÉ' et 'PROPRIÉTÉ INDUSTRIELLE' entourés d'étoiles.

L’innovation ne s’arrête pas aux portes des bases de données de brevets. La validité d’une invention ne se mesure pas seulement par rapport à d’autres brevets, mais par rapport à l’ensemble de « l’art antérieur ». Cela inclut tout ce qui a été rendu public avant la date de dépôt. Une idée décrite dans un article académique, un projet sur un dépôt de logiciels public comme GitHub, ou même une présentation lors d’une conférence peut suffire à invalider un brevet. Historiquement, rechercher cet art antérieur « non-brevet » était encore plus complexe, car il est dispersé aux quatre coins du web. Perplexity affirme que son outil peut également fouiller ces sources critiques. En intégrant les articles académiques et les référentiels de code, l’IA offre une vue à 360 degrés de l’état de l’art, réduisant considérablement le risque de réinventer la roue.

Pour encourager l’adoption et tester son outil à grande échelle, l’entreprise rend cet agent de recherche gratuit pour tous pendant sa phase bêta. Vous pouvez simplement vous rendre sur le site de Perplexity et taper votre requête en langage naturel pour l’essayer. Elle précise que les abonnés à ses formules payantes, Pro et Max, bénéficieront de quotas d’utilisation supplémentaires et de davantage d’options de configuration, ce qui sera sans doute nécessaire pour les utilisateurs intensifs comme les cabinets d’avocats ou les départements de R&D des grandes entreprises.

En s’attaquant au bastion notoirement complexe de la recherche de brevets, Perplexity propose une nouvelle philosophie: l’intelligence artificielle comme traducteur universel, capable de rendre les connaissances les plus denses et les plus techniques accessibles à tous. Si la promesse est tenue, ce ne sont pas seulement les avocats en brevets qui verront leur travail quotidien transformé, mais potentiellement tout l’écosystème de l’innovation, qui pourrait devenir plus rapide, plus informé et, finalement, plus ouvert.

31.10.2025 à 09:07

Apple change de cap – Pourquoi l’intégration de Gemini et ChatGPT n’est qu’un début

Romain Leclaire
Longtemps, Apple a cultivé l’image d’un jardin clos, un écosystème magnifique, performant, mais résolument fermé. La firme de Cupertino préférait maîtriser chaque aspect de l’expérience utilisateur, du matériel au logiciel. Mais dans la course effrénée à l’intelligence artificielle générative, même les portes les plus hautes commencent à s’ouvrir. Tim Cook vient de confirmer ce que […]
Texte intégral (2035 mots)

Un homme présente sur scène devant un grand logo Apple coloré, entouré d'un public prenant des photos.

Longtemps, Apple a cultivé l’image d’un jardin clos, un écosystème magnifique, performant, mais résolument fermé. La firme de Cupertino préférait maîtriser chaque aspect de l’expérience utilisateur, du matériel au logiciel. Mais dans la course effrénée à l’intelligence artificielle générative, même les portes les plus hautes commencent à s’ouvrir. Tim Cook vient de confirmer ce que beaucoup pressentaient, l’avenir de la pomme ne se construira pas seul. La nouvelle stratégie est de s’ouvrir aux meilleurs outils d’IA tiers pour transformer ses systèmes d’exploitation.

C’est lors d’une interview accordée à CNBC, dans le sillage d’annonces financières records, que le PDG de la marque a lâché la phrase clé. « Notre intention est de nous intégrer avec davantage de monde au fil du temps », a-t-il déclaré. Cette affirmation n’est pas anodine. Elle signe un changement de paradigme majeur pour l’entreprise. Apple a déjà commencé à poser les fondations de cette nouvelle ère en intégrant ChatGPT au cœur de Siri, offrant à son assistant vocal, souvent critiqué pour sa rigidité, un premier véritable « boost » intellectuel.

Mais ce n’est qu’un début. Les rumeurs, de plus en plus insistantes, font état de discussions très avancées avec Google pour une intégration de Gemini. Sundar Pichai, le PDG de Google, avait d’ailleurs confirmé l’année dernière que ses équipes travaillaient activement sur la prise en charge de Gemini pour l’iPhone. L’idée de voir les deux géants, à la fois rivaux et partenaires, collaborer à ce niveau est fascinante. Et la liste ne s’arrête pas là. Des bruits de couloir mentionnent aussi des partenariats potentiels avec Anthropic, le créateur de Claude, et même avec Perplexity, le moteur de recherche conversationnel en pleine ascension.

Notification on an iPhone screen asking if the user wants to use ChatGPT for a task, with options to 'Cancel' or 'Use ChatGPT'.

Cette stratégie « d’ouverture » n’est pas totalement nouvelle. Craig Federighi, le vice-président senior de l’ingénierie logicielle d’Apple, avait déjà évoqué l’année dernière que l’entreprise pourrait envisager des intégrations avec différents modèles comme Google Gemini à l’avenir. Ce qui était une possibilité est aujourd’hui devenu une intention stratégique claire, validée au plus haut niveau.

L’objectif principal de cette manœuvre est de redonner vie à son assistant maison. Tim Cook a confirmé qu’Apple était en bonne voie pour lancer une version de Siri profondément améliorée par l’IA l’année prochaine. Il a souligné que l’entreprise faisait de bons progrès dans ce sens. Cette refonte est déterminante. Pendant que les chatbots gagnaient en intelligence et en contexte, Siri restait figé dans son rôle d’exécutant de tâches basiques. L’intégration d’IA tierces lui permettrait de gérer des requêtes complexes, de comprendre le contexte et d’agir de manière proactive. Pour y parvenir, Cupertino n’exclut aucune option. Interrogé lors de la présentation des résultats financiers, Cook a réaffirmé que les acquisitions restaient sur la table. « Nous sommes ouverts à poursuivre les fusions et acquisitions si nous pensons que cela peut faire avancer notre feuille de route », a-t-il précisé, faisant écho à des déclarations similaires passées. Si Apple ne peut pas construire une brique technologique assez vite, elle l’achètera.

Un homme avec des lunettes, ajustant ses lunettes tout en ayant une expression sérieuse.

Cette stratégie s’appuie sur une santé financière insolente. Les nouvelles concernant l’IA ont été partagées en marge de la publication des résultats du quatrième trimestre et ils sont tout simplement records. Apple a engrangé la somme colossale de 102,5 milliards de dollars au cours des derniers mois. Cela représente une augmentation impressionnante de huit pour cent par rapport à la même période de l’année dernière. Ces chiffres donnent à l’entreprise américaine une puissance de feu quasi illimitée pour investir massivement dans la recherche et le développement, ainsi que pour financer d’éventuelles acquisitions précieuses dans le domaine de l’IA.

L’iPhone reste, sans surprise, le moteur de cette réussite. Bien que le lancement le mois dernier de la gamme iPhone 17 soit encore récent, les ventes de smartphones ont généré à elles seules 49,03 milliards de dollars de revenus. Cette nouvelle gamme, qui comprend l’iPhone 17, l’iPhone 17 Pro et le très remarqué iPhone Air (l’appareil le plus fin jamais conçu par Apple) a été bien accueillie. Fait notable, la marque a cette année intégré des fonctionnalités auparavant réservées à ses modèles Pro dans l’appareil d’entrée de gamme, comme l’écran toujours allumé et la technologie ProMotion pour un défilement plus fluide. Cette montée en gamme de la base est essentielle pour supporter les futures fonctionnalités d’IA, plus gourmandes en ressources.

Les autres piliers de l’empire se portent tout aussi bien. Les revenus des Mac ont atteint 8,72 milliards de dollars, tandis que les iPad ont rapporté 6,95 milliards. Mais le véritable gagnant moins visible reste la division « Services ». Comprenant les abonnements à Apple TV, Apple Music, Apple Fitness Plus et Apple Arcade, elle a connu une croissance spectaculaire pour atteindre 28,8 milliards de dollars de revenus.

Logo d'Apple One avec les icônes des applications Apple Music, Apple TV, Apple Arcade, Apple News, Fitness+, et iCloud.

Pendant que la stratégie logicielle se dessine, le matériel, lui, se prépare. L’intelligence artificielle, surtout celle fonctionnant localement sur l’appareil pour des raisons de performance et de confidentialité, nécessite une puissance de calcul phénoménale. Apple vient tout juste de mettre à jour l’iPad Pro, le MacBook Pro et même le casque Vision Pro, en les dotant tous de puces M5 de nouvelle génération. Cette mise à jour n’est pas un hasard, elle prépare l’ensemble de l’écosystème à l’ère de « l’Apple Intelligence ».

Alors que l’entreprise a peut-être semblé prendre du retard dans la course à l’IA générative, sa stratégie se révèle aujourd’hui. Plutôt que de se précipiter pour lancer son propre grand modèle de langage et risquer la comparaison, Elle adopte une position de « curateur ». La firme de Cupertino construit le vaisseau (un matériel surpuissant avec les puces M5 et un système d’exploitation sécurisé) et invite les meilleurs moteurs d’IA du monde à monter à bord. L’avenir de Siri ne sera pas un seul cerveau, mais un hub intelligent capable de faire appel au bon outil pour la bonne tâche. Avec des rumeurs persistantes sur l’arrivée d’un iPhone 17e plus abordable l’année prochaine, Apple se prépare à démocratiser cette nouvelle expérience IA pour tous les budgets.

30.10.2025 à 19:03

Canva – un nouveau modèle IA, des outils marketing et Affinity gratuit pour tous

Romain Leclaire
Canva, l’entreprise australienne devenue synonyme de design accessible à tous, vient de frapper un grand coup. Loin de se reposer sur sa domination du marché « prosumer », la société a dévoilé ce jeudi une série d’innovations qui la propulsent fermement sur le terrain des géants de la tech. Au cœur de cette révolution se trouve un […]
Texte intégral (2075 mots)
Logo de Canva sur un fond bleu, avec des éléments de design graphique en arrière-plan.

Canva, l’entreprise australienne devenue synonyme de design accessible à tous, vient de frapper un grand coup. Loin de se reposer sur sa domination du marché « prosumer », la société a dévoilé ce jeudi une série d’innovations qui la propulsent fermement sur le terrain des géants de la tech. Au cœur de cette révolution se trouve un tout nouveau modèle d’IA « maison », conçu spécifiquement pour le design, qui promet de changer radicalement notre façon de créer. Mais ce n’est pas tout. Canva a également lancé une plateforme marketing complète, de nouveaux outils de productivité et a fait une annonce fracassante concernant sa suite professionnelle Affinity.

La véritable star de cette annonce est sans aucun doute le nouveau modèle de design fondamental. Jusqu’à présent, le monde de l’IA générative, dominé par les modèles de diffusion, nous avait habitués à créer des images « plates ». Une fois générée, l’image était un tout, difficilement modifiable au-delà de quelques retouches ou d’un nouveau prompt. Canva change les règles du jeu. Ce nouveau modèle, entraîné sur la propre bibliothèque d’éléments de la plateforme, génère un design complet, avec des couches, des objets et du texte entièrement modifiables.

Imaginez, vous demandez une affiche pour un concert. Au lieu d’une image figée, vous recevez une composition où le titre, la date, l’image de fond et les icônes sont des éléments séparés que vous pouvez déplacer, redimensionner ou réécrire instantanément. Robert Kawalsky, responsable mondial des produits de l’entreprise, a parfaitement résumé le problème lors d’une interview avec TechCrunch. Il explique que si les modèles actuels permettent d’éditer des images plates avec sophistication via des prompts, cela reste un défi pour un médium visuel.

« Ce que nous avons découvert, » dit-il, « c’est que les gens veulent pouvoir marier cette idée de commencer avec un prompt pour aller loin, mais aussi être capables d’itérer directement eux-mêmes. »

C’est exactement ce que ce modèle permet, le meilleur des deux mondes, l’efficacité de l’IA et le contrôle du designer. Ce modèle fonctionne de manière transparente à travers tous les formats de Canva, qu’il s’agisse d’un post pour les réseaux sociaux, d’une présentation, d’un site web ou d’un tableau blanc.

Cette nouvelle intelligence irrigue l’ensemble de la plateforme. L’assistant IA de Canva, déjà présent, devient omniprésent. Il n’est plus confiné à une petite fenêtre de chat, mais s’intègre directement dans les onglets de design et d’éléments. Plus impressionnant encore, il s’invite dans la collaboration. Vous pouvez désormais « mentionner » le bot dans les commentaires pour obtenir des suggestions de texte ou de médias tout en travaillant à plusieurs sur un projet. L’outil gagne aussi en puissance, avec la capacité de générer des objets 3D et une nouvelle fonction permettant de copier le style artistique d’un design existant pour l’appliquer à un autre.

Canva pousse également son avantage du côté des données et de l’automatisation. L’entreprise avait déjà surpris en ajoutant un tableur à sa suite. Aujourd’hui, elle connecte ce produit à son outil de codage pour « sheets ». L’objectif est de vous permettre de créer des widgets personnalisés qui puisent dans les données stockées dans le tableur. Cela ouvre la porte à la création de tableaux de bord dynamiques et d’aperçus répétables, transformant Canva d’un simple outil de design statique en une plateforme d’analyse visuelle.

L’ambition de Canva ne s’arrête pas là. Forte de l’acquisition de la société d’analyse publicitaire MagicBrief plus tôt cette année, l’entreprise lance Canva Grow. Il s’agit d’une plateforme marketing « full-stack » (complète) qui utilise l’IA à la fois pour la création d’actifs et pour l’analyse des performances. Cet outil unifié permet aux équipes marketing de concevoir leurs campagnes, de mesurer leur impact et même de publier leurs publicités directement sur des plateformes comme Meta, le tout sans jamais quitter l’écosystème Canva.

Interface de design Canva affichant un projet de plan marketing pour une entreprise fintech, avec un fond coloré et des textes ajustables.

Pour compléter cette transformation en une suite de productivité totale, deux nouveaux produits font leur apparition. Premièrement, Canva Forms vous permet de créer des formulaires pour recueillir des informations, se posant en concurrent direct de solutions comme Google Forms. Deuxièmement, la plateforme intègre désormais le design d’e-mails. Vous avez maintenant la possibilité de créer des modèles et des mises en page pour vos campagnes marketing ou vos e-mails transactionnels (comme le suivi de colis), en vous assurant qu’ils respectent parfaitement l’esthétique de votre marque.

A user interface showing a design collaboration in Canva. The screen features a floral-themed email draft titled 'Fresh, Fast, FLAWLESS' along with a conversation sidebar where a user is requesting more eye-catching image suggestions from Canva.

Enfin, l’entreprise a gardé le meilleur pour la fin, une annonce qui va faire trembler Adobe. L’année dernière, Canva avait racheté Affinity, la suite d’outils de design professionnel (concurrents de Photoshop, Illustrator et InDesign). La nouvelle est tombée, elle rend la suite Affinity gratuite pour tous, et ce, pour toujours. C’est un mouvement stratégique colossal qui vise à attirer massivement les professionnels du design. En parallèle, l’interface d’Affinity est entièrement repensée pour fusionner la compréhension des vecteurs, des pixels et de la mise en page au sein d’une seule et même interface unifiée. L’intégration avec la plateforme mère est également renforcée: les designers pourront créer des objets complexes dans Affinity et les transférer de manière fluide dans Canva. Et la boucle est bouclée, Canva AI sera également intégrée dans Affinity, permettant aux professionnels de bénéficier de la génération d’images et de designs directement dans leur outil de prédilection.

Interface d'un outil de design montrant une image d'une femme avec un effet de glitch, accompagné de paramètres d'ajustement pour l'effet et une liste de calques.

Canva construit sous nos yeux un écosystème créatif et productif total, alimenté par une IA de nouvelle génération, qui cherche à couvrir tous les besoins, du simple utilisateur souhaitant créer une invitation d’anniversaire au professionnel du marketing et au designer chevronné. La bataille pour la domination de la suite créative vient de prendre un tournant décisif.

30.10.2025 à 09:42

YouTube et l’IA – La « Super Résolution » va transformer vos vieilles vidéos et confirmer la domination de Google sur nos TV

Romain Leclaire
Nous vivons une époque fascinante où l’intelligence artificielle n’est plus un concept de science-fiction, mais un outil quotidien qui modifie nos expériences. Google, ou plutôt sa société mère Alphabet, vient de le prouver une fois de plus, non seulement en annonçant un trimestre record historique dépassant les 100 milliards de dollars de revenus, mais aussi […]
Texte intégral (1432 mots)
Un motif de boutons YouTube rouges avec des flèches blanches, représentant la plateforme de streaming vidéo en ligne.

Nous vivons une époque fascinante où l’intelligence artificielle n’est plus un concept de science-fiction, mais un outil quotidien qui modifie nos expériences. Google, ou plutôt sa société mère Alphabet, vient de le prouver une fois de plus, non seulement en annonçant un trimestre record historique dépassant les 100 milliards de dollars de revenus, mais aussi en dévoilant une série de nouveautés pour YouTube qui visent à asseoir sa domination incontestée sur nos écrans de télévision.

Car oui, YouTube n’est plus seulement le roi du streaming sur mobile, il attire désormais plus de spectateurs sur grand écran que Netflix et Disney+ réunis. Fort de ce constat et d’une puissance financière et technologique colossale, Google déploie l’artillerie lourde. Et au cœur de cet arsenal se trouve la « Super Résolution », une fonctionnalité qui pourrait bien changer notre façon de consommer d’anciens contenus.

La « Super Résolution » – L’IA au secours de nos archives vidéo

De quoi s’agit-il ? C’est très simple, YouTube va commencer à utiliser l’intelligence artificielle pour mettre à l’échelle (upscale) les vidéos de basse qualité. Concrètement, si une vidéo a été mise en ligne dans une résolution inférieure à 1080p (pensez à tous ces trésors de l’ère SD qui peuplent la plateforme) YouTube générera automatiquement une version de résolution supérieure. L’objectif est de passer ces vidéos de la SD à la HD, mais la firme de Mountain View voit déjà plus loin avec la prise en charge des résolutions allant jusqu’à 4K dans un avenir proche.

Imaginez pouvoir redécouvrir de vieux clips musicaux, des tutoriels historiques ou des vlogs des débuts de la plateforme avec une clarté inédite sur votre téléviseur 4K. C’est une promesse de taille, qui donne une seconde vie à des millions d’heures de contenu qui, autrement, vieilliraient mal sur nos écrans modernes. Cette version améliorée sera clairement étiquetée « Super Résolution » dans les paramètres de lecture, laissant le choix au spectateur.

La transparence et le contrôle – Une leçon retenue

Cette initiative n’est pas totalement nouvelle. Plus tôt cette année, des tests menés par YouTube avaient suscité l’inquiétude de certains créateurs, qui s’étaient plaints de l’aspect artificiel soudain de leurs vidéos, modifié sans leur consentement explicite. Le manque de transparence avait été un point de friction notable. Cette fois, le service de streaming semble avoir retenu la leçon. Il insiste sur le fait que les créateurs garderont un contrôle total.

Bien que la fonctionnalité soit activée automatiquement (opt-in par défaut), les fichiers originaux resteront intacts. Les créateurs auront accès à la fois à la version originale et à la version « Super Résolution » et, surtout, ils disposeront d’une option claire pour se retirer (opt-out) de ces améliorations via les paramètres avancés de YouTube Studio. Du côté du spectateur, la transparence est également de mise. Non seulement les versions améliorées seront étiquetées, mais il sera toujours possible de revenir à la résolution originale téléchargée par le créateur. C’est un équilibre délicat mais nécessaire entre amélioration technologique et respect de l’œuvre originale.

YouTube veut être le roi de votre salon

Cette « Super Résolution » vise à faire de YouTube l’expérience centrale de la télévision domestique. Pour y parvenir, plusieurs autres fonctionnalités sont déployées. D’abord, la page d’accueil sur TV va adopter une ambiance de « zapping » plus traditionnelle. Fini le simple défilement de vignettes, place à des aperçus immersifs des chaînes populaires, permettant de feuilleter le contenu pour avoir un avant-goût, un peu comme on changeait de chaîne à l’époque. Ensuite, la recherche devient plus contextuelle. Si vous lancez une recherche depuis la page d’un créateur spécifique, les résultats affichés proviendront en priorité de cette chaîne, au lieu d’être mélangés avec l’ensemble du catalogue YouTube. Une amélioration de bon sens qui facilitera grandement la navigation.

Enfin, YouTube s’attaque au télé-achat 2.0. Google note que les utilisateurs ont regardé le chiffre impressionnant (et quelque peu alarmant) de 35 milliards d’heures de contenu lié au shopping l’année dernière. Mais comment convertir cet intérêt sur un téléviseur, où cliquer sur un lien est impossible ? La réponse n’est pas l’IA, mais le bon vieux QR code. Les créateurs pourront désormais en intégrer et qui apparaîtront à des moments précis de la vidéo. Les spectateurs n’auront qu’à scanner le code avec leur téléphone pour ouvrir la page du produit.

L’IA et l’économie – Le moteur d’une domination

Ces innovations ne sortent pas de nulle part. Elles sont le fruit de la domination écrasante de Google dans le domaine de l’IA et de sa santé financière insolente. Les résultats du troisième trimestre 2025 d’Alphabet ont révélé un premier trimestre historique à 102,3 milliards de dollars de revenus. Sundar Pichai, son PDG, a partagé que l’application Gemini compte désormais plus de 650 millions d’utilisateurs actifs, un bond spectaculaire par rapport aux 350 millions de mars 2025. L’AI Mode, quant à lui, attire 75 millions d’utilisateurs quotidiens. Cette adoption massive de l’IA générative alimente l’expertise qui permet aujourd’hui de développer des outils comme la « Super Résolution ».

Cet écosystème profite aussi directement aux créateurs. Le nombre de chaînes gagnant plus de 100 000 dollars par an a augmenté de 45 % entre 2024 et 2025. Pour les aider à séduire davantage sur grand écran, YouTube augmente même la limite de taille des miniatures de 2 Mo à 50 Mo, ouvrant la voie à des visuels encore plus léchés. En s’appuyant sur la force de frappe de Gemini et une économie de créateurs florissante, Google cimente sa place non pas comme une alternative à la télévision, mais comme son successeur inévitable.

28.10.2025 à 15:58

OpenAI finalise sa mue controversée – Ce que change le nouveau pacte historique avec Microsoft

Romain Leclaire
C’est la fin d’une période et le début d’une autre, potentiellement encore plus explosive, pour le monde de la tech. OpenAI, le laboratoire à l’origine de ChatGPT qui a bouleversé notre rapport à l’intelligence artificielle, vient d’annoncer la finalisation de sa restructuration très controversée. Après plus d’un an de négociations tendues, de batailles juridiques et […]
Texte intégral (1473 mots)
Logo d'OpenAI avec un fond coloré dégradé jaune et bleu, représentant l'intelligence artificielle.

C’est la fin d’une période et le début d’une autre, potentiellement encore plus explosive, pour le monde de la tech. OpenAI, le laboratoire à l’origine de ChatGPT qui a bouleversé notre rapport à l’intelligence artificielle, vient d’annoncer la finalisation de sa restructuration très controversée. Après plus d’un an de négociations tendues, de batailles juridiques et de doutes stratégiques, l’entreprise adopte une nouvelle forme juridique et, dans la foulée, redéfinit en profondeur son alliance avec Microsoft, son partenaire et investisseur principal.

Cette transformation est un pivot calculé qui pourrait bien définir les contours de la course à l’intelligence artificielle générale (AGI) pour la décennie à venir. OpenAI est désormais scindée en deux entités distinctes. D’un côté, nous avons « OpenAI Group PBC », une « Public Benefit Corporation » (une société d’intérêt collectif à but lucratif). C’est cette partie qui mènera les opérations commerciales et la recherche appliquée. De l’autre, l’entité originelle à but non lucratif est rebaptisée « OpenAI Foundation ».

Contrairement aux plans prévus qui ont mis le feu aux poudres, la fondation n’est pas reléguée au rang de simple observateur. Elle conserve un rôle central. En effet, elle détient désormais un contrôle juridique sur l’entité à but lucratif et nommera les membres de son conseil d’administration. Plus important encore, elle obtient une participation en capital dans cette nouvelle société, actuellement évaluée à la somme stupéfiante d’environ 130 milliards de dollars, ce qui correspond à 26% du total. La fondation recevra également des parts supplémentaires lorsque l’entreprise atteindra un certain seuil de valorisation, qui n’a pas encore été spécifié.

Selon le communiqué officiel, présidé par Bret Taylor, cette fondation commencera avec une dotation de 25 milliards de dollars pour se concentrer sur des missions d’intérêt public, notamment la santé, les maladies et la résilience de l’IA. Ce montage complexe n’a pas été facile à réaliser. Il aura fallu plus d’un an de tractations pour obtenir le feu vert des procureurs généraux de Californie et du Delaware, sans lequel OpenAI n’aurait pas pu avancer. Cette restructuration met également un terme, du moins sur ce front, à l’épineuse bataille juridique engagée par Elon Musk. Le cofondateur, qui avait quitté l’entreprise et l’avait poursuivie en justice, ainsi que son PDG Sam Altman, tentait désespérément d’empêcher cette conversion, lui qui avait participé à sa création en 2015 en tant que laboratoire de recherche purement non lucratif. La pression était également financière. OpenAI risquait de perdre jusqu’à 10 milliards de dollars d’un investissement important de SoftBank si la réorganisation n’était pas bouclée avant la fin de cette année.

Au cœur de toutes ces tensions subsiste la question fondamentale: qui contrôlera véritablement la technologie sous-jacente et surtout, le développement potentiel de l’AGI, cette intelligence artificielle hypothétique capable d’égaler ou de surpasser les capacités cognitives humaines ? C’est le Graal que poursuivent OpenAI et tous ses concurrents, y injectant des ressources financières et humaines exponentielles.

Logos d'OpenAI et de Microsoft côte à côte, symbolisant leur partenariat stratégique et la restructuration récente de l'entreprise.

L’autre volet notable de cette annonce n’est autre que la redéfinition du partenariat avec Microsoft. Le géant de Redmond, qui avait investi massivement dans OpenAI, voit sa participation légèrement diluée. Alors qu’il détenait 32,5 % de l’ancienne structure à but lucratif, il possède désormais environ 27 % de la nouvelle PBC. Une participation diluée et convertie, incluant tous les propriétaires, mais qui est tout de même valorisée à environ 135 milliards de dollars. Un rapide calcul permet d’estimer la valorisation totale d’OpenAI Group PBC à un chiffre vertigineux de 500 milliards de dollars. Mais le changement à retenir se trouve dans ce qu’on appelait la « clause AGI ». Auparavant, leur accord stipulait que Microsoft perdrait ses droits sur la technologie d’OpenAI une fois que cette dernière aurait officiellement atteint cette frontière technologique. Cette clause, jugée trop vague et risquée pour Redmond, a été entièrement réécrite.

Premièrement, la déclaration d’AGI ne sera plus à la seule discrétion d’OpenAI. Un panel d’experts indépendants sera chargé de vérifier cette affirmation. Deuxièmement, et c’est fondamental, Microsoft ne perdra plus ses droits. Le nouveau pacte étend ses droits de propriété intellectuelle sur les modèles et produits d’OpenAI jusqu’en 2032 et inclut désormais explicitement les modèles « post-AGI », sous réserve de garanties de sécurité appropriées.

Microsoft n’a pas obtenu un chèque en blanc. Ses droits sur la recherche pure d’OpenAI (les méthodes confidentielles de développement) ne dureront que jusqu’en 2030 ou jusqu’à la vérification de l’AGI par le panel, selon la première de ces deux éventualités. L’accord de partage des revenus est maintenu jusqu’à la vérification de l’AGI, mais les paiements seront étalés sur une période plus longue. Un détail nouveau et particulièrement stratégique est apparu. Les droits de propriété intellectuelle de Microsoft ne couvrent désormais plus le hardware grand public d’OpenAI. En clair, la sauce secrète derrière l’appareil que cette dernière développe avec le célèbre designer d’Apple, Jony Ive, est hors de portée de Microsoft. C’est un signe clair qu’OpenAI se garde une chasse gardée dans le domaine du matériel.

En échange de ces concessions, OpenAI s’est engagé à acheter pour 250 milliards de dollars supplémentaires de services cloud Azure. Un montant colossal qui ancre solidement l’entreprise dans l’écosystème de son allié, même si ce dernier a accepté de renoncer à son droit de premier refus pour être le fournisseur de calcul d’OpenAI.

Enfin, ce nouvel accord desserre l’exclusivité de leur partenariat. OpenAI peut désormais collaborer avec des tiers pour développer certains produits et publier des modèles en « open weight ». Plus révélateur encore, Microsoft peut désormais poursuivre indépendamment l’AGI, seul ou en partenariat avec des tiers. La course aux armements pour l’AGI est plus ouverte que jamais et les deux partenaires sont désormais aussi, officiellement, des concurrents potentiels sur la ligne d’arrivée. Cette restructuration n’est pas un point final, c’est le coup d’envoi d’une nouvelle période de compétition et d’innovation effrénée.

6 / 10

 

  GÉNÉRALISTES
Ballast
Fakir
Interstices
Lava
La revue des médias
Le Grand Continent
Le Diplo
Le Nouvel Obs
Lundi Matin
Mouais
Multitudes
Politis
Regards
Smolny
Socialter
The Conversation
UPMagazine
Usbek & Rica
Le Zéphyr
 
  Idées ‧ Politique ‧ A à F
Accattone
Contretemps
A Contretemps
Alter-éditions
CQFD
Comptoir (Le)
Déferlante (La)
Esprit
Frustration
 
  Idées ‧ Politique ‧ i à z
L'Intimiste
Jef Klak
Lignes de Crêtes
NonFiction
Nouveaux Cahiers du Socialisme
Période
Philo Mag
Terrestres
Vie des Idées
 
  ARTS
Villa Albertine
 
  THINK-TANKS
Fondation Copernic
Institut La Boétie
Institut Rousseau
 
  TECH
Dans les algorithmes
Framablog
Gigawatts.fr
Goodtech.info
Quadrature du Net
 
  INTERNATIONAL
Alencontre
Alterinfos
CETRI
ESSF
Inprecor
Journal des Alternatives
Guitinews
 
  MULTILINGUES
Kedistan
Quatrième Internationale
Viewpoint Magazine
+972 mag
 
  PODCASTS
Arrêt sur Images
Le Diplo
LSD
Thinkerview
 
Fiabilité 3/5
Slate
 
Fiabilité 1/5
Contre-Attaque
Issues
Korii
Positivr
🌞