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30.06.2025 à 09:35
Souviens-toi d'Evin
« À l'entrée de cette prison, l'État d'Israël rejoint la République islamique. »
Parham Shahrjerdi
Texte intégral (661 mots)

Le 23 juin dernier, l'armée israélienne tirait un missile sur la prison d'Evin à Téhéran où sont entassés et torturés la grande masse des opposants au régime. S'il s'agissait certainement de mettre en scène le soutien du régime israélien à l'opposition iranienne, Parham Shahrjerdi y voit au contraire le point de rencontre et d'intersection de deux fascismes.
Alors, voilà. Faisons une petite présentation de la prison d'Evin.
Ce lieu « symbolique », là où la République islamique d'Iran commet tous les crimes imaginables — et surtout, inimaginables. Incarcération. Isolement. Torture. Pendaison. Exécutions de masse.
Evin, c'est une adresse bien connue : celle des prisonniers politiques. Ceux qui pensent. Ceux qui résistent. Ceux qui mettent en péril la République islamique.
Il y a des prisonniers, à Evin. Des proches, de la famille, qui viennent leur rendre visite. À Evin, il y a aussi de jeunes garçons, obligés d'y faire leur service militaire. Evin : la prison.
Le 23 juin 2025, l'armée israélienne attaque la prison d'Evin.
Remplie de prisonniers. Remplie de visiteurs. Remplie de corps déjà torturés par le régime.
D'après l'un des régimes fascistes impliqués, cette attaque a coûté la vie à 71 personnes.
Plusieurs prisonniers sont portés disparus.
D'autres, qui ont survécu, ont été transférés vers d'autres prisons — dans des conditions abominables : jusqu'à 40 par cellule, sans soins, sans secours.
Écrivons. Pour que cela reste, que cela s'inscrive quelque part —
Comme une tache. Comme une trace. Une de plus.
De ce que le fascisme d'État fait à l'autre, au corps, à l'esprit.
Et bordel, personne ne bouge.
Écrivons pour ces corps abandonnés à l'enfer.
Reprenons, donc :
En plein jour, l'armée israélienne viole le ciel de Téhéran —
après avoir violé la vie et les vivants :
Gaza, ses hôpitaux, ses écoles, ses ruelles, ses maisons,
ses enfants, ses habitants.
Après avoir piétiné le droit international,
après avoir souillé chaque recoin de l'Iran,
elle atteint, enfin, la prison d'Evin.
Evin : la prison où le régime fasciste de la République islamique
emprisonne, torture, exécute
les têtes pensantes,
les corps insurgés,
les voix vivantes.
À l'entrée de cette prison,
l'État d'Israël rejoint la République islamique.
Point de jonction entre fascisme et fascisme.
Le bourreau change de nom — pas de méthode.
Et devant la lâcheté du monde,
devant la complicité des puissants,
l'État d'Israël frappe Evin.
Il prolonge la torture,
il bombarde les corps déjà brisés
par les tortionnaires d'hier.
Personne n'est venu pour libérer.
Ils sont venus pour tuer.
Pour appuyer le crime d'un autre crime, d'un autre régime.
Pour écraser les survivants de l'intérieur
sous les bombes de l'extérieur.
Les fascistes se ressemblent.
Ils se reconnaissent.
Ils s'entraident.
Les principes sont à l'épreuve.
SOUVIENS-TOI D'EVIN.
Parham Shahrjerdi