
10.12.2025 à 19:49
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Plongée au cœur de la fabrique du pouvoir avec Bérengère Bonte, journaliste politique et autrice d’un ouvrage explosif sur Gabriel Attal. Dans cet entretien dense, elle décrit l’ascension fulgurante du plus jeune Premier ministre de la Ve République, les codes d’un monde politique devenu théâtre permanent et les zones de tension au sein même de la macronie. Entre révélations inédites, archives retrouvées et analyse des entourages, Bonte éclaire les ressorts d’une génération qui rêve de l’Élysée avant 40 ans. Un récit précis, documenté et parfois sidérant.
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Plaisir de recevoir Bérengère Bonte, ancienne directrice adjointe de la rédaction d’Europe 1 (avant le contrôle de la station par Bolloré), qui s’essaye désormais aux podcasts, et autrice de plusieurs ouvrages sur des responsables politiques. Et cette journaliste chevronnée sait qu’il faut (parfois) beaucoup de patience pour écrire une « bio politique ». Celle qui s’était déjà essayée à l’exercice (notamment Édouard Philippe et Élisabeth Borne, on en reparlait dans l’émission) en avait eu de la patience pour écrire L’Ange exterminateur (L’Archipel, octobre 2025) consacré à Gabriel Attal, fugace Premier ministre d’Emmanuel Macron entre janvier et juin 2024.
Pendant dix-huit mois d’enquête, l’enquêtrice politique a essayé d’ouvrir toutes les portes pour percer les mystères de Gabriel Nissim Attal de Couriss (son nom complet) et a fini par entrer dans cet « autre monde » où « on devient Premier ministre à 34 ans, et présidentiable à 36 ans ». Histoire familiale, vie privée, ambitions cachées, décryptage de son entourage, relations avec Emmanuel Macron… Tout y passe pour tenter d’en savoir plus sur ce « beau gosse poli » qui plait « aux mamies », mais qui cache surtout un « ambitieux à l’idéologie changeante » et « qui s’entourait de brutaux aux méthodes décriées ». À la lecture du livre de Bonte, on en apprend davantage sur ceux que Macron dénomme en privé les « sales types » – certains se retrouvaient ainsi à traîner avec la bande d’Alexandre Benalla – ou sur le « couple politique » qu’il a formé avec Stéphane Séjourné, un des piliers du macronisme.
Finalement, Bérengère Bonte a attendu un an avant de décrocher un premier entretien avec Gabriel Attal ; d’autres suivaient (huit heures en tout), mais cet exercice se révélait « d’une transparence fluctuante ». L’occasion pour moi d’interroger Bonte sur l’évolution du journalisme politique et de la politique… notamment sous la macronie et à l’heure des oligarques propriétaires de médias.
Marc Endeweld.
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Bérengère Bonte explique que Gabriel Attal s’inscrit dans sa série de portraits de Premiers ministres, après Édouard Philippe et Élisabeth Borne. Elle rappelle : «Gabriel Attal, c’est mon troisième premier ministre»
Elle décrit le contraste entre Philippe, très populaire mais mystérieux, et Attal, beaucoup plus exposé : «On ne savait pas bien qu’Il était, mais Il était ultra populaires»
Elle souligne la singularité d’Élisabeth Borne, marquée par un parcours familial douloureux et des postes prestigieux : «Elle a été patronne de la RATP, elle a été préfète, elle avait fait polytechnique»
En observant Attal, Bonte insiste sur la légitimité de l’ambition mais interroge le phénomène politique qu’il incarne : «On a le droit d’avoir de l’ambition»
Elle dévoile le Year Book de l’école alsacienne, document précieux pour comprendre l’imaginaire d’Attal adolescent, en particulier son montage photo : «Il détoure et met son visage à la place, et y met Gabriel Attal, président de la République»
Face à cette image d’un lycéen se projetant déjà chef de l’État, elle confie sa sidération : «Moi quand je tombe là-dessus…»
Elle raconte que beaucoup de camarades ont refusé de témoigner sur Attal, par crainte : «Je n’ai pas forcément envie de parler» dit-elle en citant leurs réactions
Elle décrit la violence politique interne à la Macronie, où rivalités et coups bas sont fréquents, notamment entre Attal et Macron, évoquant une «violence politique, parfois publique, souvent privée».
Bonte détaille le rôle central du cercle rapproché d’Attal, ses fidèles, surnommés les Power Rangers : «C’est Gabriel Attal qui les bâtissait» .
Elle précise qu’Emmanuel Macron et d’autres membres de la Macronie qualifient ce groupe de «sales types», selon sa formulation, soulignant leur influence dès ses débuts ministériels : «C’est comme ça que j’ai intitulé le chapitre» ajoute-t-elle en évoquant ces quatre collaborateurs clés .