Sur le front, il est de plus en plus rare de voir des assauts russes menés par plusieurs chars d’assaut, ou tout autre type de véhicules blindés, comme ce fût le cas en 2022 ou 2023. À la place, les combattants ont plutôt recours à des motos, des quads, et des voitures civiles. Il est par ailleurs assez courant de voir des assauts conduits à pied.

  • La suprématie qu’exercent aujourd’hui les drones sur le champ de bataille ont relégué au second plan les véhicules blindés, qui constituent des cibles de choix pour les dronistes ukrainiens.
  • Malgré les tentatives d’innovation technique — qui passent la plupart du temps par des solutions low tech —, transformant les blindés en véhicules plus agiles, il est plus rare d’en voir s’aventurer sur des terrains ouverts qu’au cours des premiers mois de la guerre.
  • Les dernières tentatives se sont révélées désastreuses pour l’armée russe. À la mi-juin, autour de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, une demi-douzaine de BMP ont été détruits lors d’un assaut 1.
  • Les chars « hérissons » ou « tortues » russes, reconnaissables à leurs pics et structures en métal censés les protéger des drones kamikazes, présentent des défauts qui limitent notamment les capacités de l’équipage à sortir du véhicule rapidement en cas de danger.
  • Dans certains cas, ces protections extérieures empêchent les tourelles des chars d’assaut de tourner correctement ou nuisent à la visibilité des conducteurs, facilitant davantage le travail des dronistes 2.
  • Après les véhicules de combat d’infanterie type BMP-3 puis les chars d’assaut, l’armée russe transforme désormais également de simples vans, destinés à transporter des équipements et denrées vers le front, en « porc-épics » 3.

Si l’armée russe n’a toujours pas su s’adapter pour trouver une parade aux drones à fibre optique, insensibles aux armes de guerre électronique, celle-ci est également de plus en plus limitée en matière de réserves de véhicules disponibles. Bien que des centaines de blindés sortent chaque mois des usines russes, les industriels manquent toujours de nombreuses pièces allant d’outils d’optique aux composants électroniques pour fabriquer les véhicules les plus modernes.

  • C’est notamment pour cette raison que l’on voit de nouveau apparaître sur le front des anciens chars soviétiques T-62, entrés en service au début des années 1960.
  • Selon les renseignements militaires ukrainiens, « la Russie procède à la remise en service massive de véhicules de combat obsolètes » face à l’épuisement de ses réserves datant des années 1970 4.
  • En trois ans de guerre à haute intensité, l’armée russe a perdu environ la moitié de ses réserves de chars d’assaut, de véhicules de combat d’infanterie, de transport de troupes, ou encore de canons automoteurs.

L’armée russe continue toutefois de progresser sur le front. Au cours du mois de mai, elle a conquis 450 km² de territoire supplémentaire, soit 2,5 fois plus qu’au cours du mois précédent. Elle devrait encore accélérer ses avancées au cours du mois de juin. Toutefois, ce rythme demeure bien trop lent pour accomplir, à court terme, les objectifs de guerre fixés par Poutine.

  • Faute de pouvoir mener des assauts majeurs comme ceux observés en 2022, la Russie investit beaucoup de ressources dans la fabrication de drones, de missiles ainsi que dans des outils de guerre électronique.
  • En contraignant la population ukrainienne à vivre sous un déluge quotidien de drones Shahed et d’explosions, qui ont lieu majoritairement la nuit, le Kremlin espère épuiser suffisamment la population pour que celle-ci exige une fin du conflit. 
Sources