21.03.2025 à 12:30
Nadim Fevrier
Plus de 200 manifestations sont prévues partout en France ce samedi 22 mars contre le racisme et l’extrême droite à l’appel de plus de 500 organisations, dont LFI. Une date clé de riposte pour organiser la résistance face aux offensives réactionnaires. En France, les Musk et Trump ont leur relais. Leurs laquais sur les chaînes en continu de Vincent Bolloré couvrent chaque jour les déluges de haine.
Des militants revendiquant leur appartenance au nazisme ont poignardé deux militants antifascistes il y a un mois. L’eurodéputée Rima Hassan est menacée de déchéance de nationalité pour sa défense continue du peuple palestinien. Le gouvernement Bayrou-Retailleau, inféodé à l’extrême droite, menace et insulte chaque jour des millions de citoyens, menaçant l’Algérie le matin, et créant des polémiques islamophobes de toutes pièces l’après-midi. Ses alliées se rendent au chevet de leur ami Netanyahu pendant que le génocide reprend à Gaza.
Salariés, fonctionnaires, micro-entrepreneurs, indépendants, ils sont nombreux de toutes les professions à appeler à descendre dans les rues pour résister face à ce Gouvernement qui les écrase et utilise le racisme, comme tout agent du capital, pour diviser le peuple et maintenir l’ordre établi. « Nous devons rester unis » a déclaré Jean-Luc Mélenchon à Brest ce mercredi 19 février, appelant à manifester partout en France ce samedi 22 mars. L’Insoumission publie dans ses colonnes la liste des manifestations.
Votre ville n’est pas dans la liste ? Regardez la carte détaillée ici.
20.03.2025 à 16:37
Nadim Fevrier
Javier Milei. L’Insoumission et le média espagnol Diario Red (Canal Red) s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours en France, en Espagne et en Amérique du Sud. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et de Diario Red.
L’ascension fulgurante de Javier Milei s’inscrit dans une stratégie de transformation culturelle mûrement réfléchie, où se mêlent discours radicaux, mobilisation numérique et création d’organisations politiques structurées. Cette architecture, savamment orchestrée, vise à banaliser la violence politique et à repousser les limites institutionnelles, redéfinissant les contours du débat public en Argentine.
Le sociologue et universitaire Charo Soli a consacré ses recherches aux politiques liées au genre et à la diversité sexuelle dans les universités argentines. Dans les colonnes de l’Insoumission et de Diario Red (Canal Red), il analyse la stratégie de Javier Milei en Argentine. Notre article.
« Sous mon gouvernement, l’Argentine a connu une liberté d’expression absolue. On pouvait afficher des slogans injurieux contre un journaliste ou m’accuser d’être une jument, une prostituée ou une Montonera. Lors des rassemblements sur la Plaza de Mayo, des pancartes me représentaient pendue, étranglée, sans que personne ne soit inquiété. Sur les réseaux sociaux, les insultes et les menaces pleuvaient. »
Par ces mots, Cristina Kirchner dépeint un climat toxique qui s’est insidieusement installé dans l’écosystème numérique argentin. L’affrontement avec le géant médiatique Clarín, aux multiples rebondissements, a transcendé les écrans et les journaux pour investir l’espace public, mobilisant des foules dans les rues. Ce conflit a inauguré un pont inédit entre les réseaux sociaux et les médias traditionnels, une symbiose désormais perçue comme une évidence.
L’irruption de Javier Milei sur la scène politique coïncide avec la montée en puissance des discours de haine en Argentine. La singularité de ce phénomène ne réside pas tant dans la mobilisation d’individus contre un ennemi commun que dans la visibilité croissante de récits autrefois confinés à l’anonymat numérique. Ces narratifs, jadis marginaux, ont désormais droit de cité dans l’arène publique.
Dans son ouvrage El Arca de Milei, l’écrivaine Valeria Di Croce analyse ce processus comme une pièce maîtresse de ce que les partisans de Milei appellent la « bataille culturelle ». En 2019, Milei publie Libertad, Libertad, Libertad, un manifeste dont le prologue met en avant cette stratégie. Il y affirme que la conquête du pouvoir passe par une diffusion massive et rapide de son message, via les réseaux sociaux, la télévision et la radio, tout en investissant les débats académiques.
Pour Milei, la victoire électorale ne suffit pas. Il s’agit de transformer en profondeur la culture politique du pays. Selon ses calculs, le détachement de la société des idéaux « collectivistes » prendrait entre 10 et 20 ans. Sans cette mutation culturelle, aucun changement politique ne saurait être durable. D’abord la bataille des idées, ensuite les urnes. Cette conviction a guidé son mouvement jusqu’à ce qu’une évaluation critique du dernier gouvernement de Cambiemos ne les pousse à canaliser le mécontentement populaire. Ils jugent alors cette gestion trop timorée pour opérer le virage radical que le pays exige.
Cette phase initiale a vu émerger une nouvelle génération de militants, issus de milieux divers mais unis par une vision commune. Parmi eux, Agustín Laje, Eugenia Rolón, Iñaki Gutiérrez et Agustín Romo se sont imposés comme des piliers de la campagne de Milei.
Agustín Laje, auteur du livre El Negro de la Nueva Izquierda, a structuré l’idéologie du mouvement. Son ouvrage, qui lui a valu une notoriété internationale, défend une position fermement opposée à l’« idéologie du genre », à l’avortement et à la reconnaissance des crimes de la dernière dictature militaire. Bien qu’absent du gouvernement, il continue d’influencer le débat public à travers des conférences, tout en étant impliqué dans une controverse liée aux cryptomonnaies.
Eugenia Rolón, quant à elle, a émergé sur TikTok lors du débat sur la loi d’interruption volontaire de grossesse en 2018. Aux côtés de son compagnon, Iñaki Gutiérrez, elle a orchestré une campagne numérique à bas coût qui a grandement contribué à la popularisation de Milei. Son positionnement, ancré dans le libéralisme chrétien et l’activisme anti-droits, en fait une figure clé du mouvement. Bien que rapidement écartée des cercles communicationnels du gouvernement après une publication jugée inappropriée, son influence persiste.
Agustín Romo, enfin, a incarné la stratégie sur le terrain. Fondateur du Club de los Viernes, un espace libéral basé en Espagne, il a organisé des débats et rassemblé des figures comme Daniel Parisini (Gordo Dan) et Juan Pablo Carreira (Juan Doe). Nationaliste et farouchement anti-État, Romo occupe aujourd’hui un siège à la Chambre des députés de la province de Buenos Aires, tout en étant impliqué dans le scandale des valises qui a récemment secoué l’Argentine.
Dans une deuxième phase, le mouvement s’est doté d’organisations plus structurées. Le « Ministère de la Haine », comme l’ont surnommé ses détracteurs, a intégré des personnalités influentes sur les réseaux sociaux, telles qu’Eduardo Presta (« El Presta ») et Álvaro Zicareli. Certains de ces acteurs ont été associés à la tentative d’assassinat de Cristina Fernández de Kirchner, tandis que d’autres ont orchestré des manifestations contre les mesures sanitaires pendant la pandémie.
Le Club de los Viernes, actif depuis 2019, est devenu un lieu de rencontre incontournable pour la nouvelle droite argentine. Milei et Victoria Villarruel y ont participé, tout comme les animateurs de La Misa, un programme de streaming qui sert de tribune idéologique. Parallèlement, l’Escuela de Conducción Política, créée en 2023, forme des cadres politiques et des scrutateurs électoraux, consolidant ainsi les bases d’un mouvement en pleine expansion.
La troisième phase marque l’émergence de groupes politiques structurés, tels que Las Fuerzas del Cielo, qui réunit des figures comme Daniel Parisini et Alejandro Álvarez. Ces organisations, souvent moquées pour leur inefficacité, jouent un rôle clé dans la diffusion de l’idéologie de Milei. Karina Milei, sœur du président, a été une cheville ouvrière dans l’organisation territoriale et politique de ces structures.
Ce qui a débuté comme une stratégie disruptive pour imposer des idées marginales s’est transformé en un mouvement organisé, capable d’influencer à la fois l’État et la société civile. En normalisant la violence politique et en repoussant les limites du débat public, ce courant a réussi à ancrer sa vision dans le paysage politique argentin. Une transformation culturelle qui, selon leurs propres termes, prendra une décennie ou deux, mais qui est déjà en marche.
Par Charo Solis, sociologue et universitaire, consacrant ses recherches aux politiques liées au genre et à la diversité sexuelle dans les universités argentines.
Crédits photo : « Argentinian President Elect Javier Milei », Mídia NINJA, Creative Commons, CC BY-NC 4.0, pas de modifications apportées.
20.03.2025 à 13:01
Nadim Fevrier
Extrême droite. Samedi, en fin d’après midi se tenait la rencontre du championnat de France de football entre Angers et Monaco. Même si les Monégasques se sont imposés sur la pelouse des Angevins 2-0, ce n’est visiblement pas ce qui a fait le plus parler. Lors de la rencontre, l’arbitre, monsieur Dejalod aurait interrompu le match pour laisser les joueurs de confession musulmane rompre leur jeûne du fait du ramadan. L’extrême droite a monté une polémique de toutes pièces pour instrumentaliser la laïcité et cible les citoyens de confession musulmanes. Ce samedi 22 mars, plus de 500 organisations, dont LFI appellent à manifester partout en France contre le racisme et le fascisme. Notre article.
C’est tout naturellement que la droite et l’extrême droite se sont indignés et ont crié à l’atteinte à la laïcité par le biais de Laurent Wauquiez, ancien président de la région Auvergne Rhône-Alpes et actuel candidat à la présidence du parti Les Républicains. Sur Twitter, il a déclaré : « Match interrompu à cause du Ramadan : « inacceptable. Plutôt que de soutenir le port du voile dans le sport, la ministre des Sports doit faire respecter la laïcité. ». Il est suivi de près par François-Xavier Bellamy, actuel euro-député et tête de liste des Républicains lors des dernières élections européennes qui l’a affirmé : « C’est un vrai grand moment de rupture avec le projet français »
Matthias Renault, député RN de la 3ᵉ circonscription de la Somme, a adressé une lettre au président de la FFF (Fédération Française de Football) : « Un terrain de football, un stade, un gymnase, ne sont pas des lieux d’expression politique ou religieuse », mettant volontairement ou involontairement à part les joueurs rentrant sur la pelouse en faisant un signe de croix chrétien…
Pour aller plus loin : Scandale : quand Carole Delga fait du Bardella sur Kylian Mbappé
Après avoir été interpellée de toutes parts, selon l’Agence France Presse, la Fédération Française de Football a réagi en démentant que le match Angers – Monaco avait été interrompu dans le but de permettre à des joueurs de confession musulmane de rompre le jeûne du ramadan. Elle indique aussi que dans un but de « respect de la laïcité » elle avait interdit dans toutes les rencontres l’interruption de cette dernière dans le but de rompre le jeûne. Elle indique enfin que si le match a été interrompu, c’était parce qu’il y avait eu un joueur de blessé. La confusion est née du fait que les joueurs ont profité de cette interruption pour rompre leur jeûne.
L’extrême droite a vu le poisson mordre à l’hameçon, une raison de plus pour s’attaquer aux musulmans en instrumentalisant le principe de la laïcité comme il est défini dans la loi de 1905 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Elle met fin au Concordat instauré en 1802 qui régissait les relations entre l’État et les cultes.
Le respect de la laïcité, ce n’est pas interdire la rupture du jeûne des joueurs de confession musulmane qui font le ramadan, mais plutôt l’arrêt des subventions de l’État alloué aux écoles privées qui sont à 97 % catholiques. 8 milliards de subventions publiques leur sont accordées chaque année. La droite et l’extrême droite, dans leur instrumentalisation de la lutte pour la laïcité, se morfondent dans la haine de l’autre, surtout la haine des musulmans, systématiquement visés lorsque ceux-ci parlent de laïcité. Au bord de l’abîme, ils ne disent qu’une seule phrase : faisons un grand pas.
Par Lubin Caulier
Crédits photo : « Football Match – Night Time », Pexels, CC0 1.0, pas de modifications apportées.