08.12.2025 à 16:13
La Casa de la Paz : une construction de paix colombienne depuis le bas
« Doris me montre les figurines de 470 papillons qui représentent le nombre d'ex-combattant.es tué.es depuis l'accord de paix »
- 8 décembre / Avec une grosse photo en haut, International, 2Texte intégral (3148 mots)
Dans un texte à la fois clair, concis et incarné, Hannah Miro (et Brice Costa) restitue l'histoire des guerillas en Colombie afin d'exposer les linéaments de la « paix » depuis que les FARC ont déposé les armes. Nous est présentée la construction pragmatique et fragile de la Paix tant par le commerce d'alcools, de vêtements, d'artefacts produits par les victimes de la guerre asymétrique complexe où s'entre-tuent révolutionnaires marxistes-léninistes, paramilitaires d'extrême-droite, narcotrafiquants et forces armées étatiques, que par l'entretien de la mémoire, des fêtes, des repas en commun et la vie quotidienne même. C'est le sens empirique de « l'Accord de paix » et de ses signataires qui, par leur commune présence, ouvrent un possible dans la guerre.
La construction d'une paix colombienne depuis le bas
L'année prochaine, la Colombie célébrera les 10 ans de l'Accord final de paix. La situation actuelle dans le pays montre pourtant que la “paix totale” du président Petro est encore loin d'être une réalité : flambées de violences en janvier par et entre des groupes armées dans différentes régions du pays, assassinat d'un précandidat aux présidentielles, attaques meurtrières attribuées à une dissidence des FARC à Cali, qualification par le président des dissidences FARC de "terroristes". Mais la paix reste un sujet et une préoccupation centrales pour beaucoup de Colombien.es. L'exemple développé ici, avec la Casa de la Paz à Bogota, montre que la paix est un objectif qui se construit depuis le bas et au jour-le-jour. Cette initiative cherche à garantir à la fois des espaces de débat apaisé et des conditions dignes pour victimes du conflit armé [1] et ex-combattant.es.
L'histoire du concept de paix en Colombie
En Colombie, le concept de paix est compris d'une manière très précise, en raison du contexte spécifique de ce pays. La paix à laquelle on se réfère ici correspond à la cessation des conflits opposant l'État et les guerrillas (surtout les FARC). Les racines de cette guerre remontent à une période connue comme « la Violencia » (plus ou moins entre 1946/48 et 1953, les dates sont débattues), une période de violence opposant les conservateurs aux libéraux. La formation des deux guerrillas d'extrême gauche les plus connues, les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et l'ELN (Armée de libération nationale) en 1964 est également reconnue comme date du début de l'état de conflit. Les causes du conflit et de la création des guerrillas sont multiples et débattues, mais certaines sont largement reconnues : les inégalités socio-économiques (parmi lesquelles l'inégale répartition des terres), l'absence de l'État et de ses institutions dans beaucoup de régions du pays, le manque d'inclusion et de participation démocratique (dû notamment au bipartisme), ou bien l'accès inégal aux ressources naturelles.
Au cours des années 80, sont venus s'ajouter au conflit les milices paramilitaires (d'extrême droite) et des groupes de narcotrafiquants. La guerre a notamment consisté en des disparitions, déplacements forcés et massifs de populations, massacres, tortures, enrôlements forcés, exécutions extrajudiciaires et attaques terroristes. « La paix » se réfère donc à la fin de cette violence, à travers la mise en œuvre d'un accord entre les différentes parties signé en 2016. Depuis 1984, différentes tentatives de processus de paix avaient échoué, notamment à cause d'un manque de confiance entre les acteurs du conflit et du fait d'une intensification de celui-ci dans les années 80 et 90. En 1991, une nouvelle constitution prometteuse a été approuvée, particulièrement moderne et progressiste, reconnaissant un large éventail de droits humains fondamentaux, notamment pour les minorités, mais protégeant aussi la diversité ethnique et culturelle du pays, ce qui a constitué un pas important (mais insuffisant) vers la paix.
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La création de la Trocha, La Casa de la Paz
Le dernier processus de paix commencé en 2012 entre le gouvernement du président Juan Manuel Santos et les ancien.es combattant.es des FARC-EP (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a donné lieu à l'Accord final de paix signé en 2016. Pour garantir la réinsertion des ex-combattant.es dans la vie civile, le gouvernement a subventionné la création de « projets productifs ». C'est avec cet argent que dix ex-combattants ont créé la Trocha, la bière de La Casa de la Paz. En produisant la Trocha, ses créateurs ont voulu procurer des conditions de travail dignes aux ex-combattant.es.
Ces mêmes acteurs ont aussi fondé en 2021 La Casa de la Paz, maison pour la paix et la justice sociale avec l'intention d'en faire un lieu dédié à la construction de la paix en même temps qu'à la commercialisation de la Trocha. La Casa de la Paz constitue aujourd'hui un espace de rencontre de référence pour différents acteur.ices : collectifs, associations, emprendimientos, réunis par une vision commune de l'effort collectif de paix nécessaire pour construire une Colombie plus juste socialement.
Les activités de la Trocha
Pour réaliser cette vision, un espace de la maison (La Camaraderia) est dédiée à la commercialisation de produits de victimes, ex-combattant.es, communautés ethniques et campesinos. En plus d'une partie de la production de la Trocha, la Casa accueille d'autres activités productives :
- La Union de costureros qui produit du viche du Pacifique (un alcool ancestral) et confectionne des vêtements dans le cadre d'un processus de "reconstruction culturelle"
- Manifiesta qui coud et vend des vêtements et autres objets produits par des ex-combattant.es, signataires de l'accord de paix
- Un groupe faisant quotidiennement de la cuisine du Pacifique colombien.
Des visites de la maison, s'appuyant sur les nombreux supports (photos, affiches, archives) présents sur les murs, sont organisées afin de faire connaître l'histoire du conflit armé, de l'accord de paix, des ex-combattant.es et de La Casa de la Paz. La Casa est ouverte au public toute la journée. Les après-midis et soirées sont souvent dédiées à des évènements tels que des conférences, des projections de documentaires, des ateliers sur des thèmes variant de l'histoire du conflit et de ses acteur.ices, au concept de "paix avec la nature", à la question palestinienne, à la formation politique antifasciste, etc.. Des activités très variées sont également organisées : des concerts, des karaokés, des ateliers d'autodéfense, des moments de partages linguistiques et culturels (language exchanges).
Les divers acteur.ices de la Trocha contribuent aux différents projets, notamment celui de la "radio pour la paix", ou les projets développés par les stagiaires universitaires de travail social. A travers cette variété d'acteurs et d'évènements la Casa de la Paz est un espace vivant, d'échanges, de rencontre et de débat. Mais c'est aussi un lieu où la paix se fait "par le bas", à travers à la fois l'aide concrète par la commercialisation de produits et par l'ouverture d'un espace ouvert à la formation, le débat et l'organisation politique.
L'histoire de Doris et Alex
Doris Suarez et Alex Monroy sont deux des fondateurs de La Trocha, ex-combattants des FARC et activement engagés dans la construction de la paix.
Dans les années 85 commence le massacre de la Union Patriotica (UP) par les paramilitaires et les Forces Armées. La UP est le parti des FARC créé à l'occasion du processus de paix initié par le gouvernement d'alors (Belisario Betancur), et qui marquait la tentative d'intégration politique des FARC en vue d'une sortie pacifique du conflit. Cette tentative ne fut pas acceptée par une partie de la population, en particulier les organisations (militaires) de droite et d'extrême droite. Face à la violence, Doris, alors membre de ce parti ainsi que du Parti Communiste, ne voit plus d'autre solution que d'intégrer la guerrilla. Après de nombreuses années dans les rangs des FARC, elle est capturée et emprisonnée, avant d'être libérée 14 ans plus tard avec l'accord de paix de 2016. Alex, fils d'ouvriers, a grandi dans un quartier populaire périphérique, où l'absence de perspective de réussite sociale et les conditions dans lesquelles il vivait l'ont poussé à intégrer les FARC en tant que milicien urbain à 18 ans : “il ne fut pas difficile de prendre la décision, mais ce n'était pas politique, j'étais pas marxiste-léniniste, c'était plus l'impulsion et la sensibilité sociale, beaucoup de colère ; je sentais que c'était injuste mais que la situation pouvait être changée”.
La nature politique des FARC, la signature de l'Accord de paix et les valeurs de la Trocha
« La seule chose à laquelle on a renoncé, c'est les armes. »
Les FARC étaient un groupe strictement compartimenté et vertical ; il y avait très peu voire pas du tout de communication entre les différentes factions pour éviter les fuites d'information ; seuls les rangs les plus hauts communiquaient entre eux et étaient au courant de la stratégie et des opérations politico-militaires. La décision de rendre les armes avec l'Accord de paix de 2016 fut donc une décision prise « par le haut », mais selon Doris et Alex, cette décision était « dans l'ADN » des FARC depuis le début. Selon eux, les combattant.es étaient prêt.es à rendre les armes dès que les conditions auraient été plus favorables. Les FARC n'ont pas initialement pris les armes par goût pour la violence. Pour Doris, si passer à la guerrilla était à l'époque la « seule voie possible », elle avait conscience que ce n'était pas la meilleure voie pour arriver à ses fins. C'est pourquoi la formation des combattant.es ne se restreignait pas à la formation militaire, et était doublée d'une formation politique qui occupait une place centrale dans le quotidien des ex-combattant.es.
Influencés par le Parti Communiste Colombien, les FARC suivaient une formation marxiste-léniniste, c'est-à-dire l'interprétation du marxisme par Lénine, adoptée comme idéologie officielle par l'URSS pendant le stalinisme ainsi que par les partis communistes durant la Troisième Internationale. Les FARC ont utilisé le marxisme-léninisme comme théorie révolutionnaire, ce qui s'est reflété notamment dans le type d'organisation (verticale), dans les stratégies utilisées, dans leur analyse de la société et leur approche politique. L'autre base idéologique fondamentale fut le bolivarisme, selon l'exemple de Simon Bolivar, connu en Colombie comme le « Libertador », car il dirigea l'indépendance de plusieurs pays Latino-américains (dont la Colombie). Bolivar est reconnu en Colombie comme symbole de l'anti-impérialisme, du patriotisme latino-américain, et de la souveraineté des peuples.
D'après Doris, dans les formations données aux combattant.es des FARC, “la consigne a toujours été de chercher la voie la moins douloureuse, et la voie la moins douloureuse c'est toujours le dialogue”. Ils étaient donc préparés à l'éventualité d'une démobilisation, dans le cas où leurs revendications auraient été satisfaites. Se référant au préambule de l'Accord de paix de 2016, Doris affirme : "on renonce absolument à rien de nos croyances, nos convictions idéologiques et nos rêves de transformation sociale ; la seule chose à laquelle on renonce, c'est les armes”. De fait, beaucoup des combattant.es démobilisé.es ont laissé de côté l'aspect militaire pour se dédier à la politique patisane (notamment dans le cadre de la Union Patriotica, qui fait désormais partie du parti Pacto Historico, la coalition de gauche ayant porté l'actuel président Petro au pouvoir), ou à la politique extra-parlementaire, comme c'est le cas de Doris et Alex.
Aux yeux de ses fondateurs, la Casa de la Paz constitue un nouvel essai pour mettre en oeuvre, depuis le bas et en défendant une culture du débat, des valeurs qu'ils ont défendu toute leur vie, et pour lesquelles ils étaient prêts à mourir. Il s'agit des mêmes valeurs que celles présentes dans la Constitution de 1991 et inscrites dans l'Accord final de paix de 2016, qui n'ont pour l'heure pas toutes été mises en œuvre : les droits humains fondamentaux, l'ouverture démocratique, la souveraineté des peuples et surtout, la réforme rurale. L'inégale répartition des terres est en effet largement reconnue comme le principal problème en Colombie, où 1% de la population détient 80% des terres.
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La Casa de la Trocha reflète donc une conception de la paix comme quelque chose qui se construit, depuis le bas, en faisant de la politique du quotidien. « Tout le monde depuis différents espaces peut le faire ; nous apportons ici une pédagogie de paix, ouvrons des espaces démocratiques, soutenons les économies locales, ainsi que les survivants du conflit. Nous faisons de la politique et la revendiquons comme telle, nous ouvrons les espaces pour les accueillir [les victimes du conflit armé], nous soutenons les paysans qui remplacent la culture de produits illicites ; nous croyons qu'en permettant cela depuis les positions où nous sommes nous pouvons générer des emplois et donc des conditions de vie dignes »
La construction de la paix malgré la stigmatisation et le futur incertain
« On a joué notre vie et notre liberté pour ce rêve, il faut le poursuivre. »
S'engager dans un projet comme celui de La Trocha signifie aussi s'exposer à une stigmatisation et une violence largement répandues envers les ex-combattant.es. Les dissidences des FARC, ainsi que d'autre groupes armés présents dans le pays, constituent une menace réelle pour la vie des ex-combattant.es, notamment parce qu'ils occupent des territoires auparavant aux mains des FARC, et où les ex-combattant.es se sont installé.es après l'Accord de paix. Doris me montre les figurines de papillons attachées au plafond du Salon de las mariposas, 470 papillons qui représentent le nombre d'ex-combattant.es tué.es depuis l'accord de paix. C'est normal d'avoir peur me dit-elle, “mais cela ne signifie pas qu'il faut lui céder, à cette peur”. L'un des objectifs de la Casa est justement de produire un récit alternatif à celui présent dans les grands médias, qui dépeint les signataires de paix comme des “assassins sans idéaux de transformation” : “nous ne sommes pas les monstres que les grands médias dépeignent”. Selon Doris, s'il n'y a pas de véritable manière pour défendre les ex-combattant.es, on peut en revanche soutenir leurs projets productifs et faire connaître ce qu'est l'Accord de paix.
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Alors que les candidat.es pour les élections présidentielles en 2026 sont en train d'êtres définis, la grande question est de savoir si la Colombie continuera à avoir un président de gauche défenseur du processus de paix. Doris et Alex supportent Ivan Cepeda, le candidat du Pacto Historico qui s'insère dans la continuité de l'actuel président Gustavo Petro. Selon eux, grâce au gouvernement du premier président de gauche dans l'histoire de la Colombie, le processus de paix a continué à être mis en oeuvre, notamment avec la redistribution de plus de terres. Ceci dit, et malgré les efforts, la "paix totale" promise par Petro est encore loin d'être une réalité.
Aujourd'hui, la communauté de La Trocha, La Casa de la Paz, cherche à acheter la maison, selon le slogan « Hagamos de esta casa, nuestra casa » (il est possible contribuer par ce lien https://www.latrochalacasadelapaz.com/dona-ahora/). Sans acheter la maison, La Casa de la Paz ne pourra pas continuer son projet de construction de la paix. Par ricochet, c'est tout l'« écosystème » de La Casa de la Paz qui se trouverait affecté, car beaucoup de collectifs, associations et emprendimientos ne pourraient plus profiter de ce lieu pour se réunir, s'organiser et proposer des évènements.
Hannah Miro, avec l'aide de Brice Costa
[1] Les victimes du conflit sont définies de la suivante manière par la Commission de la vérité (une institution crée avec l'accord de paix de 2016) : « Personne physique ou morale ayant subi un préjudice du fait du conflit armé interne. Ces dommages peuvent être directs ou indirects, individuels ou collectifs, physiques ou moraux, personnels ou institutionnels ; dans tous les cas, il convient de reconnaître la manière différente dont les personnes ou les groupes les ont vécus en fonction de leurs plus grandes vulnérabilités. » Cela inclut notamment, outre que les personnes blessées physiquement, les personnes « déplacées », c'est-à-dire les personnes qui ont du partir de chez elles à cause de l'insécurité ou de la violence causées par le conflit (qui étaient en 2023 plus de 5 millions).(https://www.unidadvictimas.gov.co/las-cifras-que-presenta-informe-global-sobre-desplazamiento-2024/) .
08.12.2025 à 16:12
D'un feu vivant
Notes autour de Rumba – L'âne et le bœuf de la crèche de Saint François sur le parking du supermarché d'Ascanio Celestini & David Murgia
- 8 décembre / Avec une grosse photo en haut, Littérature, 2Texte intégral (1221 mots)
Après Laïka et Pueblo, Rumba clôture le cycle de cette épopée moderne des Poveri cristi - les « pauvres diables » - en actualisant la vie de Saint François d'Assise.
« Et Dieu a fait les deux lumières les grandes
La grande lumière pour l'empire du jour et la
petite lumière pour l'empire de la nuit et les étoiles » [1]
C'est une histoire d'attente et de silence.
Une histoire de foi et de miracles.
Une histoire ordinaire, somme toute.
Une histoire sainte : celle de François d'Assise, né Giovanni di Pietro Bernardone, en 1182.
Une histoire humaine racontée aujourd'hui, depuis un parking quelconque, semblable à n'importe quel parking périphérique de la planète.
Une histoire qu'on raconte, comme une fable, une allégorie, ou une blague, comme si nous vivions nous-mêmes en plein Moyen Age, au milieu de temps très obscurs et violents.
Comme s'il s'agissait de nous en souvenir, et de l'accepter, comme s'il fallait, à notre tour, nous dépouiller de tout le superflu, de l'inutile, de tout le futile, et de l'accessoire, pour réapprendre à voir.
Et à écouter Dieu, ou la Nature.
Un plateau nu, un rideau rouge au fond, deux chaises, un piano et un accordéon.
Entrent un comédien et un musicien : David Murgia et Philippe Orivel ; commence le théâtre.
Des récits dans des récits, ouvrant sur des anecdotes et des digressions qui, mises bout à bout, forment la toile d'autres récits, se reflétant les uns dans les autres, s'appelant et se répondant, comme autant de relais, de passages de témoin pour dire la matérialité des existences et, ce faisant, redonner corps au langage.
Un parking, donc ; et puis, un supermarché et un entrepôt avec ses travailleurs sans-papiers ; et puis, le bar avec ses éternels habitués ; et puis, la prostituée et ses clients ; et le clochard qui dort sur le parking ; et puis, une benne à ordures ; sans oublier la vieille femme à la tête embrouillée et le gitan qui fume.
Bientôt, le rideau s'ouvre sur ce peuple de l'ombre qui compose le décor invisible d'une répétition de la vie de Saint François, en attendant que des cars de pèlerins arrivent en ce soir de Noël pour leur jouer la pièce sur le parking.
Bien sûr, les pèlerins n'arriveront jamais ; et voilà que derrière le rideau apparaît une toile avec des symboles : un chevalier, un homme nu, un soleil, un sultan, des oiseaux, une main, un arbre, un âne, une sainte, et un bœuf.
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Le spectacle est à lui-même sa propre répétition et entre les scènes hagiographiques et historiques s'entremêlent les épisodes des habitants du coin, gens de peu, subalternes aux itinéraires anonymes, éclairés soudain de l'éclat du mythe par la magie d'un nom : Job, le manutentionnaire analphabète, Joseph, le fossoyeur émigré, etc., etc.
Une histoire de fraternité ouvrière et de fascisme quotidien ; de noblesse d'âme et d'amertume ; de ressentiment banal et d'espérance ; d‘une quête de dignité absolue, à la limite de la folie, dans un monde déchiré par l'injustice et l'oppression.
Le récitant, le conteur, incarne tout à tour ces personnages multiples en laissant se déployer l'écriture d'Ascanio Celestini comme un standard de jazz sur lequel on improvise pour dialoguer avec le public dans la salle. Mélange incroyable de liberté et de maîtrise, sautant des registres les plus familiers au ton d'une pureté lyrique, variant de l'humour noir à la colère, à la douceur de l'oubli.
Mais David Murgia est à lui-même sa propre voix : rassemblant les mondes en un seul chœur épique, il dit la création et la chute, le premier cri et le dernier souffle, délivrant une histoire qui les embrasse toutes et fait des conversations de tous les jours une polyphonie nocturne sous un ciel étoilé ; un monologue sans fin comme un tourbillon, un discours-fleuve qui devient le baromètre du temps présent, traduisant l'impasse comme sa puissance secrète.
Arme redoutable que cette parole en acte qui transforme l'enfer en paradis, le cauchemar en rêve, la pauvreté en richesse, la solitude en communauté. Opération poétique par excellence qui fait du dénuement, de la dépossession la plus totale, la chance d'un retournement complet, de l'enfermement, une liberté infinie. Parole anticapitaliste.
Parole agissante, parole vivante donnant place aux morts, aux oubliés, aux fantômes, aux errants ; parole, en ce sens, profondément politique qui dévoile la fausseté de toute forme de discours qui ne s'adosse pas à une respiration singulière ; parole rythmée qui danse sur elle-même, entre invocation et convocation, chant et prière, creusant l'écart avec le mensonge et l'hypocrisie, questionnant les évidences les mieux établies.
Parole qui reprend à son compte la règle de Saint François s'adressant aux oiseaux, traçant son propre chemin exemplaire d'homme créé à l'image de Dieu.
La rumeur de l'histoire comme une étoile filante dans un ciel désert est, bien sûr, celle d'une récupération et d'un pourrissement, d'une trahison et d'une prise de pouvoir religieuse, d'un malentendu entretenu sur la signification de ce destin.
Figure soi-disant inimitable qu'en ce soir de Noël, Rumba vise à restaurer dans sa clarté radicale : dans la crèche, rien d'autre qu'un âne et un bœuf. L'enfant Jésus, comme n'importe quel enfant né dans un lieu de pauvres, entre Verviers et Bethléem, entre Gaza et Bruxelles, et comme n'importe quel enfant créé à l'image de Dieu ou de la Nature, qu'il s'appelle, Giovanni ou François, Job ou Joseph, qu'elle se nomme Chiara, Claire, Fatima ou Lili.
Une vie. Le mouvement même de vivre. La bonne nouvelle qui n'apparaît dans aucun journal de la planète. Faire-part pour personne et pour le commun des mortels d'une étincelle de joie sans cesse renaissante.
Elias Preszow
[1] Henri Meschonnic, Au Commencement, Traduction de la Genèse, Desclée de Brouwer, 2002, p.28
08.12.2025 à 12:08
Profaner
À propos d'une image d'un soldat israélien piétinant une tombe palestinienne
- 8 décembre / Avec une grosse photo en haut, Terreur, 4Texte intégral (1000 mots)
Au matin du 3 décembre, l'armée israélienne a lancé un raid dans le village de Misilyah, au sud de Jénine (Cisjordanie). Bouclage des voies de circulation, couvre-feu strict : l'ordre colonial. L'image d'un soldat d'occupation piétinant une tombe palestinienne a ensuite tourné. Voici une proposition de déchiffrage.
Il a vingt-sept ans. Peut-être vingt. Ou trente-cinq. Est-ce un homme ? On ne sait pas, on ne saura pas. Il a l'âge de sa panoplie : un uniforme lourd, épais, moderne, connecté et suréquipé pour la mort. Un uniforme chargé de dépenses et d'histoire, cristallisées sur des épaules, des bras, des jambes, et ce qui pourrait être une tête sous un casque. Toute la technique de programmes experts en designs militaires s'est concentrée là : pour revêtir les apparences de la vie et conspirer à son effacement. Toute l'énergie spirituelle du monde ramassée en un vêtement, convertie en signaux mécaniques, après avoir circulé par les lignes codées d'une logistique complexe, innocente et coupable. Un réduit de civilisation. Mais d'abord, on ne devine qu'un dos sur pattes. Un dos sécurisé et sans âme. D'ailleurs, ce n'est pas un dos. Et il n'est pas sur pattes. Ce soldat sans âme n'a pas non plus de corps. Ce n'est pas un démon, c'est l'image d'une fonction. Un simple chainon, le dernier : une panoplie qui improvise des mouvements et s'exécute. La panoplie du soldat d'occupation. Au matin du 3 décembre, la panoplie a pris part au raid de l'armée israélienne dans le village de Misilyah, au sud de Jénine. Bouclage des voies de circulation, couvre-feu strict. Cela, c'est l'ordre des choses de l'occupation : discipliner les vivants, les empêcher de vivre. Mais on ne pouvait pas croire qu'ils s'attaqueraient aussi aux morts dans le cimetière. D'ailleurs, ils ne s'y sont pas vraiment attaqués. L'image montre, interdite, se faufilant entre les branches, ce geste flou qu'on ne peut pas croire. Elle donne à voir une panoplie sans terreur, prise dans l'improvisation d'un protocole. Sans honte, on le savait. Sans terreur, en passant, comme par distraction : c'est le plus terrifiant. Le degré zéro de la barbarie. Techniquement intégrée, sans pli. Peut-être l'image la plus nette du sionisme réalisé. Celle qui informe les gestes plus discrètement, par-dessous les monceaux de pourritures qui contaminent la vision : Netanyahou, Smotrich, ou le brigandage exalté des colons. La panoplie du soldat sans terreur, solitaire, soulève une dalle. Puis une deuxième. Pourquoi cette tombe ? Regardons mieux. Ce n'est pas un geste archaïque. Ce n'est pas une profanation. C'est le fait d'un programme. Son aboutissement. Le programme a jeté son hôte sur cette tombe à piétiner. L'hôte – la panoplie – va piétiner. Ce n'est pas une mise en scène, bien que le monde, au loin, se crève les yeux en assistant au spectacle. Sous la dalle, il y a la terre. La panoplie n'y croit pas non plus. Elle veut vérifier. On dirait qu'elle a peur des morts et des soulèvements de la terre. Elle voudrait aussi les discipliner. Elle a raison. Mais elle ignore qu'en Palestine, même les morts ne se laissent pas piétiner par un programme. Ils ne dorment plus dans des tombes ; ils infusent la vie ailleurs. Dans des territoires sans carte et sans Livre, qu'aucun colon ne peut occuper. La panoplie monte sur la tombe. Que veut-elle conjurer ? Elle croit peut-être pouvoir piétiner tous les restes d'humanité – prouver sa pesanteur, qui seule, pourtant, saute encore aux yeux. Un coup de pied, un autre. Ils raclent à peine la surface de la terre. Peut-être le souvenir d'un animal qui veut enfouir sa trace. Non. Un rite sans substance et sans mythe, qui n'est pas non plus un jeu. Inutile d'y chercher une grammaire. Un geste exécuté par un automate que Dieu et le Diable ont déserté ensemble. Ainsi la panoplie connait la paix. Elle seule connait la paix. Elle peut s'en aller en ignorant même la valeur du geste. Ça n'était pas prévu. Là est tout le contentement bizarre tapi dessous le casque. Non qu'une panoplie ait le sens du devoir si mal accompli. Plutôt qu'elle se flatte de la cohérence de son système d'improvisation. La pointe avancée de notre enfer de monde : une panoplie capable de se bénir elle-même, sans s'ennuyer, comme un fonctionnaire de la mort zélé – et content d'être lui.
Cela n'est pas de la littérature. C'est une image-clé du monde. Ce monde est un calvaire duquel on ne sort pas. Et pourtant, c'est le passage. Pour s'y enfoncer, la charité révolutionnaire n'est pas une clé. Mais la profanation, peut-être. Profaner le droit colonial de l'État d'Israël, consacré par ce monde : cela pourrait-il être un paradigme pour les vivants et les morts qui refusent d'être piétinés par des panoplies, le geste le plus important de ceux qui ne veulent pas sceller leur défaite ? Une autre marche vengeresse pour un autre retour. Un autre déluge est possible... Et les enfants en deuil se rassembleront. Ils lèveront les yeux et contempleront cette autre image, merveilleuse, tant de fois rêvée et tant de fois rejouée, qui volera enfin, libre, dans le ciel de la longue procession des ULM et des cerfs-volants mêlés.
Atelier Oncléo
08.12.2025 à 11:17
Du nazisme quantique
Un lundisoir avec l'historien Christian Ingrao
- 8 décembre / Avec une grosse photo en haut, Histoire, lundisoir, 2Texte intégral (5279 mots)
Ce lundisoir nous invitons Christian Ingrao, le big boss de l'histoire française du nazisme. Après Johann Chapoutot qui nous avait parlé du « nazisme zombi », voilà qu'il va nous falloir comprendre ce qu'est le « nazisme quantique ». C'est l'hypothèse de Christian Ingrao dans Soleil noir du paroxysme. Ça a l'air fou, mais c'est en réalité totalement génial.
À voir lundi 8 décembre à partir de 20h :
(En attendant la diffusion, on a mis un petit extrait quand même)
Non seulement nous allons comprendre comment les structures imaginaires de la chasse et de la domestication les plus profondes peuvent soudain surgir en quelques mois à travers les pratiques de guerre des brigades de « chasseurs noirs » nazis sur le front de l'Est, mais nous allons aussi méditer sur la méthode de l'historien lorsque ses objets atteignent des paroxysmes de violence qui rendent tout témoin muet et tétanique. Et puis pourquoi se suicide-t-on en masse à la suite d'une défaite militaire comme en Allemagne nazie ou comme dans le Japon impérial ? Enfin, l'histoire peut-elle emprunter à la physique et à la mécanique quantiques ses concepts et ses instruments pour penser ses propres « incomplétudes » ?
Allé, on vous laisse découvrir tout ça, c'est du lourd, du délirant et du super sérieux à la fois, bref, c'est de qualité quantique, à la fois onde et corpuscule. Une belle citation avant de regarder :
« Il n'en reste pas moins que le système de « reproduction » des sociétés européennes occidentales du long Moyen Âge qu'ils décrivent est formé de millions d'orgasmes – essentiellement masculins, je le crains fort – et de centaines de millions d'instants suspendus, où des couples tremblants de désir se sont abstenus de faire l'amour, myriades vertigineuses d'étreintes interrompues par des femmes ou des hommes qui bâtissaient – malgré et avec la jouissance, ce paroxysme des corps… – ce qui se dégradait par décohérence en un modèle démographique de limitation des naissances par retard de l'âge au mariage. Ces milliards de possibles, pour certains seulement advenus, qui sont en eux-mêmes les états d'un système, son histoire et son devenir, n'ont jamais été mesurés ni observés.
Mais leur enveloppe à peine pensable constitue les espaces probabilistes à dimensions infinies qui font du réel un système quantique sur lequel l'histoire des populations, la démographie historique, mais aussi les observations plus micro-issues de l'histoire sociale, de la microstoria, des cultural studies et des gender studies n'ont et ne pourront peut-être jamais avoir qu'un point de vue newtonien, faute de pouvoir se doter des procédures, des langages et des outils descriptifs aptes, comme le calcul matriciel, les mathématiques probabilistes ou les algèbres non commutatives, à rendre compte de sa nature quantique. Car le réel, en histoire comme dans la plus grande partie de la physique, n'est mesurable qu'après ou à décohérence ; une décohérence constante mais discrète elle aussi ; une décohérence qui élimine superposition des états et suspension des potentialités du réel. Un réel qui nous fuit, donc, mais dont on intuite au moins fugitivement les potentialités, ne serait-ce qu'en formulant des expériences de pensée… Il est d'ailleurs temps, désormais, de conclure celle-ci. »
Le Soleil noir du paroxysme, Christian Ingrao
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Voir les lundisoir précédents :
Terres enchaînées, Israël-Palestine aujourd'hui - Catherine Hass
Penser en résistance dans la Chine aujourd'hui - Chloé Froissart & Eva Pils
Vivre sans police - Victor Collet
La fabrique de l'enfance - Sébastien Charbonnier
Ectoplasmes et flashs fascistes - Nathalie Quintane
Dix sports pour trouver l'ouverture - Fred Bozzi
Casus belli, la guerre avant l'État - Christophe Darmangeat
Remplacer nos députés par des rivières ou des autobus - Philippe Descola
« C'est leur monde qui est fou, pas nous » - Un lundisoir sur la Mad Pride et l'antipsychiatrie radicale
Comment devenir fasciste ? la thérapie de conversion de Mark Fortier
Pouvoir et puissance, ou pourquoi refuser de parvenir - Sébastien Charbonnier
10 septembre : un débrief avec Ritchy Thibault et Cultures en lutte
Intelligence artificielle et Techno-fascisme - Frédéric Neyrat
De la résurrection à l'insurrection - Collectif Anastasis
Déborder Bolloré - Amzat Boukari-Yabara, Valentine Robert Gilabert & Théo Pall
Planifications fugitives et alternatives au capitalisme logistique - Stefano Harney
Pour une politique sauvage - Jean Tible
Le « problème musulman » en France - Hamza Esmili
Perspectives terrestres, Scénario pour une émancipation écologiste - Alessandro Pignocchi
Gripper la machine, réparer le monde - Gabriel Hagaï
La guerre globale contre les peuples - Mathieu Rigouste
Documenter le repli islamophobe en France - Joseph Paris
Les lois et les nombres, une archéologie de la domination - Fabien Graziani
Faut-il croire à l'IA ? - Mathieu Corteel
Banditisme, sabotages et théorie révolutionnaire - Alèssi Dell'Umbria
Universités : une cocotte-minute prête à exploser ? - Bruno Andreotti, Romain Huët et l'Union Pirate
Un film, l'exil, la palestine - Un vendredisoir autour de Vers un pays inconnu de Mahdi Fleifel
Barbares nihilistes ou révolutionnaires de canapé - Chuglu ou l'art du Zbeul
Livraisons à domicile et plateformisation du travail - Stéphane Le Lay
Le droit est-il toujours bourgeois ? - Les juristes anarchistes
Cuisine et révolutions - Darna une maison des peuples et de l'exil
Faut-il voler les vieux pour vivre heureux ? - Robert Guédiguian
La constitution : histoire d'un fétiche social - Lauréline Fontaine
Le capitalisme, c'est la guerre - Nils Andersson
Lundi Bon Sang de Bonsoir Cinéma - Épisode 2 : Frédéric Neyrat
Pour un spatio-féminisme - Nephtys Zwer
Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation - Benjamin Bürbaumer
Avec les mineurs isolés qui occupent la Gaîté lyrique
La division politique - Bernard Aspe
Syrie : la chute du régime, enfin ! Dialogue avec des (ex)exilés syriens
Mayotte ou l'impossibilité d'une île - Rémi Cramayol
Producteurs et parasites, un fascisme est déjà là - Michel Feher
Clausewitz et la guerre populaire - T. Drebent
Faut-il boyotter les livres Bolloré - Un lundisoir avec des libraires
Contre-anthropologie du monde blanc - Jean-Christophe Goddard
10 questions sur l'élection de Trump - Eugénie Mérieau, Michalis Lianos & Pablo Stefanoni
Chlordécone : Défaire l'habiter colonial, s'aimer la terre - Malcom Ferdinand
Ukraine, guerre des classes et classes en guerre - Daria Saburova
Enrique Dussel, métaphysicien de la libération - Emmanuel Lévine
Des kibboutz en Bavière avec Tsedek
Le macronisme est-il une perversion narcissique - Marc Joly
Science-fiction, politique et utopies avec Vincent Gerber
Combattantes, quand les femmes font la guerre - Camillle Boutron
Communisme et consolation - Jacques Rancière
Tabou de l'inceste et Petit Chaperon rouge - Lucile Novat
L'école contre l'enfance - Bertrand Ogilvie
Une histoire politique de l'homophobie - Mickaël Tempête
Continuum espace-temps : Le colonialisme à l'épreuve de la physique - Léopold Lambert
« Les gardes-côtes de l'ordre racial » u le racisme ordinaire des électeurs du RN - Félicien Faury
Armer l'antifascisme, retour sur l'Espagne Révolutionnaire - Pierre Salmon
Les extraterrestres sont-ils communistes ? Wu Ming 2
De quoi l'antisémitisme n'est-il pas le nom ? Avec Ludivine Bantigny et Tsedek (Adam Mitelberg)
De la démocratie en dictature - Eugénie Mérieau
Inde : cent ans de solitude libérale fasciste - Alpa Shah
(Activez les sous-titre en français)
50 nuances de fafs, enquête sur la jeunesse identitaire avec Marylou Magal & Nicolas Massol
Tétralemme révolutionnaire et tentation fasciste avec Michalis Lianos
Fascisme et bloc bourgeois avec Stefano Palombarini
Fissurer l'empire du béton avec Nelo Magalhães
La révolte est-elle un archaïsme ? avec Frédéric Rambeau
Le bizarre et l'omineux, Un lundisoir autour de Mark Fisher
Démanteler la catastrophe : tactiques et stratégies avec les Soulèvements de la terre
Crimes, extraterrestres et écritures fauves en liberté - Phœbe Hadjimarkos Clarke
Pétaouchnock(s) : Un atlas infini des fins du monde avec Riccardo Ciavolella
Le manifeste afro-décolonial avec Norman Ajari
Faire transer l'occident avec Jean-Louis Tornatore
Dissolutions, séparatisme et notes blanches avec Pierre Douillard-Lefèvre
De ce que l'on nous vole avec Catherine Malabou
La littérature working class d'Alberto Prunetti
Illuminatis et gnostiques contre l'Empire Bolloréen avec Pacôme Thiellement
La guerre en tête, sur le front de la Syrie à l'Ukraine avec Romain Huët
Abrégé de littérature-molotov avec Mačko Dràgàn
Le hold-up de la FNSEA sur le mouvement agricole
De nazisme zombie avec Johann Chapoutot
Comment les agriculteurs et étudiants Sri Lankais ont renversé le pouvoir en 2022
Le retour du monde magique avec la sociologue Fanny Charrasse
Nathalie Quintane & Leslie Kaplan contre la littérature politique
Contre histoire de d'internet du XVe siècle à nos jours avec Félix Tréguer
L'hypothèse écofasciste avec Pierre Madelin
oXni - « On fera de nous des nuées... » lundisoir live
Selim Derkaoui : Boxe et lutte des classes
Josep Rafanell i Orra : Commentaires (cosmo) anarchistes
Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre : Une histoire globale des révolutions
Ghislain Casas : Les anges de la réalité, de la dépolitisation du monde
Silvia Lippi et Patrice Maniglier : Tout le monde peut-il être soeur ? Pour une psychanalyse féministe
Pablo Stefanoni et Marc Saint-Upéry : La rébellion est-elle passée à droite ?
Olivier Lefebvre : Sortir les ingénieurs de leur cage
Du milieu antifa biélorusse au conflit russo-ukrainien
Yves Pagès : Une histoire illustrée du tapis roulant
Alexander Bikbov et Jean-Marc Royer : Radiographie de l'État russe
Un lundisoir à Kharkiv et Kramatorsk, clarifications stratégiques et perspectives politiques
Sur le front de Bakhmout avec des partisans biélorusses, un lundisoir dans le Donbass
Mohamed Amer Meziane : Vers une anthropologie Métaphysique->https://lundi.am/Vers-une-anthropologie-Metaphysique]
Jacques Deschamps : Éloge de l'émeute
Serge Quadruppani : Une histoire personnelle de l'ultra-gauche
Pour une esthétique de la révolte, entretient avec le mouvement Black Lines
Dévoiler le pouvoir, chiffrer l'avenir - entretien avec Chelsea Manning
Nouvelles conjurations sauvages, entretien avec Edouard Jourdain
La cartographie comme outil de luttes, entretien avec Nephtys Zwer
Pour un communisme des ténèbres - rencontre avec Annie Le Brun
Philosophie de la vie paysanne, rencontre avec Mathieu Yon
Défaire le mythe de l'entrepreneur, discussion avec Anthony Galluzzo
Parcoursup, conseils de désorientation avec avec Aïda N'Diaye, Johan Faerber et Camille
Une histoire du sabotage avec Victor Cachard
La fabrique du muscle avec Guillaume Vallet
Violences judiciaires, rencontre avec l'avocat Raphaël Kempf
L'aventure politique du livre jeunesse, entretien avec Christian Bruel
À quoi bon encore le monde ? Avec Catherine Coquio
Mohammed Kenzi, émigré de partout
Philosophie des politiques terrestres, avec Patrice Maniglier
Politique des soulèvements terrestres, un entretien avec Léna Balaud & Antoine Chopot
Laisser être et rendre puissant, un entretien avec Tristan Garcia
La séparation du monde - Mathilde Girard, Frédéric D. Oberland, lundisoir
Ethnographies des mondes à venir - Philippe Descola & Alessandro Pignocchi
Enjamber la peur, Chowra Makaremi sur le soulèvement iranien
Le pouvoir des infrastructures, comprendre la mégamachine électrique avec Fanny Lopez
Comment les fantasmes de complots défendent le système, un entretien avec Wu Ming 1
Le pouvoir du son, entretien avec Juliette Volcler
Qu'est-ce que l'esprit de la terre ? Avec l'anthropologue Barbara Glowczewski
Retours d'Ukraine avec Romain Huët, Perrine Poupin et Nolig
Démissionner, bifurquer, déserter - Rencontre avec des ingénieurs
Anarchisme et philosophie, une discussion avec Catherine Malabou
La barbarie n'est jamais finie avec Louisa Yousfi
Virginia Woolf, le féminisme et la guerre avec Naomi Toth
Françafrique : l'empire qui ne veut pas mourir, avec Thomas Deltombe & Thomas Borrel
Guadeloupe : État des luttes avec Elie Domota
Ukraine, avec Anne Le Huérou, Perrine Poupin & Coline Maestracci->https://lundi.am/Ukraine]
Comment la pensée logistique gouverne le monde, avec Mathieu Quet
La psychiatrie et ses folies avec Mathieu Bellahsen
La vie en plastique, une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur
Anthropologie, littérature et bouts du monde, les états d'âme d'Éric Chauvier
La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives », avec Geneviève Pruvost
Afropessimisme, fin du monde et communisme noir, une discussion avec Norman Ajari
Puissance du féminisme, histoires et transmissions
Fondation Luma : l'art qui cache la forêt
L'animal et la mort, entretien avec l'anthropologue Charles Stépanoff
Rojava : y partir, combattre, revenir. Rencontre avec un internationaliste français
Une histoire écologique et raciale de la sécularisation, entretien avec Mohamad Amer Meziane
LaDettePubliqueCestMal et autres contes pour enfants, une discussion avec Sandra Lucbert.
Basculements, mondes émergents, possibles désirable, une discussion avec Jérôme Baschet.
Au cœur de l'industrie pharmaceutique, enquête et recherches avec Quentin Ravelli
Vanessa Codaccioni : La société de vigilance
Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D'exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l'avance ou improvisés dans la joie et l'ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu'au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu.