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17.06.2025 à 17:31
Malnutrition à Gaza : son impact sur les 1 000 premiers jours de vie des bébés
Texte intégral (2241 mots)
À Gaza, des enfants souffrent en nombre de malnutrition aiguë. Celle-ci peut avoir un impact majeur sur leur santé, en particulier sur leur cerveau en développement, surtout durant les 1 000 premiers jours de vie (de la conception jusqu’à l’âge de deux ans). Certaines lésions cérébrales peuvent être réversibles si des soins adaptés sont mis en œuvre précocement. Mais à Gaza, les conditions ne semblent pas réunies pour assurer cette prise en charge.
En mai dernier, les Nations unies avaient alerté sur le fait que plus de 14 000 bébés mourraient de malnutrition en 48 heures si Israël continuait d’empêcher l’aide d’entrer à Gaza.
(Le 19 mai 2025, après onze semaines de blocus total, Israël a autorisé l’entrée d’une aide limitée à Gaza. L’aide entre au compte-goutte, car une fois dans l’enclave, son acheminement se heurte à des obstacles logistiques majeurs, indiquaient les services de l’Organisation des Nations unies, le 13 juin 2025, ndlr).
Après que ce chiffre a été largement diffusé, ce calendrier a été reconsidéré. En effet, un porte-parole de l’ONU a apporté une clarification et indiqué que cette projection concernait les onze mois à venir. Ainsi, d’avril 2025 à mars 2026, on s’attend à 71 000 cas de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans, dont 14 100 cas graves.
La malnutrition aiguë sévère signifie qu’un enfant est extrêmement maigre et risque de mourir.
On estime que 17 000 femmes enceintes et allaitantes auront également besoin d’un traitement pour malnutrition aiguë pendant cette période.
La famine et la malnutrition sont nocives pour tout le monde. Mais pour les nourrissons, l’impact peut être profond et durable.
Qu’est-ce que la malnutrition ?
Chez les nourrissons et les jeunes enfants, la malnutrition signifie que leur taille, leur poids et leur périmètre crânien ne correspondent pas aux tableaux standard, en raison d’un manque de nutrition appropriée.
Les carences nutritionnelles sont particulièrement fréquentes chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.
Le corps humain a besoin de 17 minéraux essentiels. Les carences en zinc, en fer et en iode sont les plus dangereuses. Elles sont liées à un risque plus élevé de décès ou de lésions cérébrales chez les nourrissons.
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Lorsque la malnutrition est aiguë à grave, les nourrissons et les jeunes enfants perdent du poids parce qu’ils ne mangent pas assez et parce qu’ils sont plus sensibles aux maladies et à la diarrhée.
Cela conduit à ce que l’on appelle l’émaciation.
Un enfant émacié a perdu beaucoup de poids ou ne parvient pas à en prendre, ce qui se traduit par un rapport poids/taille dangereusement faible.
Un manque persistant de nourriture adéquate entraîne une malnutrition chronique ou un retard de croissance, qui nuisent à la croissance et au développement de l’enfant.
Risque d’infections et de mortalité
Les nourrissons malnutris ont un système immunitaire affaibli. Cela les rend plus vulnérables aux infections, en raison de la taille plus petite de leurs organes et de déficits en masse maigre. La masse maigre corespond au poids du corps à l’exclusion de la graisse. Elle est cruciale pour une croissance en bonne santé, pour acquérir de la force et pour le développement global.
Quand les enfants sont affamés, ils sont davantage susceptibles de mourir de maladies courantes telles que la diarrhée et la pneumonie.
Les infections peuvent rendre plus difficile l’absorption des nutriments, ce qui crée un cycle dangereux et aggrave la malnutrition.
La malnutrition chronique affecte le cerveau
Le cerveau humain se développe extraordinairement rapidement au cours des 1 000 premiers jours de la vie (de la conception à l’âge de deux ans). Pendant cette période, une alimentation adéquate est essentielle.
Le cerveau en développement des enfants est plus susceptible d’être affecté par des carences nutritionnelles que celui des adultes.
Quand elle se prolonge, la malnutrition peut entraîner des changements structurels cérébraux, et notamment conduire à un cerveau plus petit et qui comporte moins de myéline – la membrane protectrice qui entoure les cellules nerveuses et aide le cerveau à envoyer des messages.
La malnutrition chronique peut affecter les fonctions et les processus cérébraux tels que la pensée, le langage, l’attention, la mémoire et la prise de décision.
Ces impacts neurologiques peuvent causer des problèmes à vie.
Les lésions cérébrales peuvent-elles être permanentes ?
Oui, surtout lorsque la malnutrition survient pendant les périodes cruciales du développement du cerveau, comme les 1 000 premiers jours.
Cependant, certains effets sont réversibles. Des interventions précoces et intensives, comme l’accès à des aliments riches en nutriments et à des médicaments pour traiter l’hypoglycémie (faible taux de sucre dans le sang) ainsi que le fait de combattre les infections, peuvent aider les enfants à rattraper leur retard en matière de croissance et de développement cérébral.
Une revue d’études portant sur des enfants d’âge préscolaire sous-alimentés a par exemple révélé que leurs capacités cognitives – telles que la concentration, le raisonnement et la régulation émotionnelle – s’amélioraient quelque peu lorsqu’ils recevaient des suppléments de fer et des multivitamines.
Toutefois, la malnutrition pendant la fenêtre cruciale avant l’âge de deux ans augmente le risque de handicaps à vie.
Il est également important de noter que le rétablissement est plus probable dans un environnement où des aliments nutritifs sont disponibles et où les besoins émotionnels des enfants sont pris en charge.
À Gaza, les opérations militaires d’Israël ont détruit 94 % des infrastructures hospitalières et l’aide humanitaire reste sévèrement limitée. Les conditions nécessaires à la guérison des enfants sont donc hors de portée.
Mères enceintes et allaitantes
La malnutrition maternelle sévère peut augmenter le risque de décès ou de complications pendant la grossesse pour la mère et l’enfant.
Lorsqu’une mère qui allaite est mal nourrie, elle produira moins de lait et celui-ci sera de qualité inférieure. Les carences en fer, en iode et en vitamines A, D et en zinc compromettront la santé de la mère et réduiront la valeur nutritionnelle du lait maternel. Cela peut contribuer à une mauvaise croissance et affecter le développement du nourrisson.
Les mères affamées peuvent souffrir de fatigue, d’une mauvaise santé et d’une détresse psychologique, ce qui rend difficile le maintien de l’allaitement.
Des impacts aussi sur les autres organes
Les données recueillies auprès des personnes nées pendant la famine de 1944-45 aux Pays-Bas nous ont aidés à comprendre les impacts sur la santé des enfants conçus et nés pendant que leurs mères mouraient de faim.
Dans cette cohorte, la malnutrition a affecté le développement et le fonctionnement de nombreux organes chez les enfants, y compris le cœur, les poumons et les reins.
Ce groupe présentait également des taux plus élevés de schizophrénie, de dépression et d’anxiété, ainsi que des performances inférieures aux tests cognitifs.
Il présentait également un risque plus élevé de développer des maladies chroniques évolutives (telles que les maladies cardiovasculaires et l’insuffisance rénale) et de mourir prématurément.
Ces effets sont-ils réversibles ?
Les enfants peuvent récupérer. Mais cela dépend de la gravité de la malnutrition dont souffre l’enfant, du moment où cela se produit et du type de prise en charge qu’il reçoit.
Il a été prouvé que les enfants restent vulnérables et courent un risque plus élevé de mourir, même après avoir été traités pour des complications de malnutrition aiguë sévère.
Les interventions efficaces comprennent :
une réadaptation nutritionnelle (qui consiste à donner à l’enfant des aliments riches en nutriments, une alimentation spécialisée et à remédier aux carences sousjacentes)
un soutien à l’allaitement maternel pour les mères
le fait de fournir des soins de réadaptation et de santé dans la communauté (afin que les familles et les enfants puissent reprendre leurs activités quotidiennes).
Cela semble difficile, voire impossible, à Gaza, où le blocus de l’aide par Israël et les opérations militaires en cours signifient que la sécurité et les infrastructures sont gravement compromises.
Or, les épisodes répétés ou prolongés de malnutrition augmentent le risque de dommages durables concernant le développement de l’enfant.

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.
17.06.2025 à 17:29
Rafles, expulsions… la gestion de l’immigration, illustration du tournant autoritaire de Donald Trump ?
Texte intégral (2850 mots)
L’administration Trump a lancé une opération à grande échelle contre les migrants en situation irrégulière, en Californie et ailleurs, de préférence dans les États et comtés démocrates. Face au tollé, notamment, des employeurs de ces sans-papiers qui travaillent et paient des impôts, le pouvoir a légèrement reculé, mais sans changer son fusil d’épaule. Ses rodomontades, couplées à des décisions symboliques maladroites, comme la parade militaire organisée à grands frais, le 14 juin dernier, provoquent des contestations de plus en plus véhémentes.
Tout au long de l’année 2024, Donald Trump a fait campagne sur l’expulsion des « criminels, terroristes et violeurs » qui se sont installés aux États-Unis durant le mandat de Joe Biden. Dès son entrée en fonctions le 20 janvier dernier, il a promulgué plusieurs décrets sur la fin du droit du sol, les déportations/expulsions vers le Salvador ou le Soudan du Sud et l’incitation à faire du chiffre (pour la police fédérale de l’immigration – Immigration and Customs Enforcement, ICE).
Plus récemment, un décret rédigé en termes larges (et non limité à la Californie) l’autorise à fédéraliser (c’est-à-dire à placer sous son contrôle) la Garde nationale d’un État (laquelle relève du gouverneur, commandant en chef dans « son » État) en cas de rébellion contre l’autorité si l’État en question n’est pas en mesure de maintenir l’ordre public.
Cette décision doit en principe être prise par le président en concertation avec le gouverneur. En Californie, il n’en a rien été : la Garde y a été déployée contre l’avis du gouverneur de l’État Gavin Newsom, suscitant un bras de fer entre le centre fédéral et Sacramento, capitale du « Golden State ».
Les textes en jeu
Avant d’examiner les textes autorisant, dans des conditions bien précises, la fédéralisation de la Garde nationale, il convient en premier lieu de rappeler ce qui dit la Constitution en matière de partage des pouvoirs entre l’État fédéral et les États fédérés, législateurs de droit commun. Le pouvoir fédéral ne dispose que des compétences énumérées à l’article Ier section 8 de la Constitution. Cette division s’applique au Congrès et au président, en charge de l’exécution des lois. Le 10e amendement précise :
« Tous les pouvoirs qui ne sont pas accordés au pouvoir fédéral ou interdits aux États sont réservés aux États et au peuple. »
En d’autres termes, l’immigration relève du pouvoir fédéral (par le biais de la clause des pouvoirs « nécessaires » indiqués dans l’article Ier section 8), mais les actes du président ne peuvent empiéter de façon disproportionnée sur les pouvoirs et compétences du gouverneur.
Par ailleurs, la Cour suprême, dans sa jurisprudence Printz v. United States (1997), a précisé que le pouvoir fédéral ne peut donner des ordres (commandeering) aux autorités des États et les contraindre à mettre en œuvre ses politiques. Dans cette affaire, la Cour a jugé inconstitutionnelle la disposition de la loi Brady qui imposait aux shérifs de participer activement au contrôle des armes à feu prévu par la loi.
Concernant les textes spécifiquement consacrés à la Garde nationale, il a la Constitution (Article II ; section 2 ; alinéa 1) et des lois. Le texte essentiel est l’Insurrection Act (1807), qui autorise le président à mobiliser l’armée sur le territoire national si une partie de celui-ci est devenue le théâtre d’une rébellion hors de contrôle.
À ce stade, le président a envoyé en Californie la Garde nationale et les Marines mais il n’a pas (encore ?) invoqué la loi sur l’insurrection. Il a utilisé une disposition du Code des États-Unis (U.S.C. Title 10, § 12406) qui prévoit que le président peut fédéraliser la Garde nationale d’un État, ici de Californie, mais doit informer le gouverneur, les ordres devant transiter par ce dernier. Ce que n’a pas fait Donald Trump.
Gavin Newsom et son ministre de la justice ont saisi la justice fédérale dans le district Nord de Californie, invoquant l’illégalité du décret et demandant au juge de l’annuler pour abus de pouvoir, empiètement sur les pouvoirs du gouverneur et atteinte au droit de l’État en violation du 10e amendement. Les actes du président privent l’État de Californie de la possibilité de recourir à la garde nationale pour ses missions habituelles de protection des citoyens et de lutte contre les incendies par exemple.
Le juge Charles Breyer (frère de l’ancien juge à la Cour suprême Stephen Breyer) a déclaré que le décret était illégal, mais l’administration Trump a immédiatement saisi la cour d’appel du neuvième circuit (compétente en Californie) qui a suspendu l’interdiction rendue en première instance jusqu’au mardi 17 juin, date à laquelle une audience est programmée.
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Quelle signification politique ?
Le conseiller et l’âme damnée du président, Stephen Miller, veut « faire du chiffre » afin de satisfaire la base MAGA. Il voudrait faire arrêter et expulser 3 000 migrants par jour – ce qui est impossible, d’autant que la frontière avec le Mexique est quasiment fermée depuis janvier 2025. Mais peu importe : pour Miller, il s’agit de « trouver » des migrants en grand nombre à arrêter.
C’est pourquoi ses services raflent de façon indiscriminée, y compris des personnes installées aux États-Unis depuis plusieurs années, qui travaillent et qui paient des impôts. La police fédérale procède à ses rafles dans les magasins de bricolage, les lieux de recrutement à la journée, les exploitations agricoles, les restaurants sans oublier l’extérieur des tribunaux (où se rendent les migrants ayant finalement obtenu un rendez-vous en vue de la régularisation de leur statut) et la sortie des écoles. Ces opérations donnent lieu à d’innombrables scènes déchirantes de familles en pleurs. Durant le premier mandat, c’est au moment où l’administration a séparé les familles et où l’on a vu des enfants en bas âge laissés à l’abandon que l’opinion publique s’était retournée. Les sondages montrent la différence entre les chiffres d’approbation encore globalement positifs sur les objectifs de la politique d’immigration et les chiffres négatifs quant à la manière (forte) dont elle est mise en œuvre.
Les migrants et leurs défenseurs ont appris du mouvement Black Lives Matter et compris la force des images et des vidéos. Ils font circuler ces histoires de familles terrifiées lors de l’arrestation et les vidéos d’actes de violence commis par l’ICE. Mais il faut nuancer : les images de l’insurrection du 6 janvier 2021 n’empêchent pas les partisans du président de répéter qu’il s’agissait d’un jour de joie…
La blogosphère de droite fait, quant à elle, circuler les (rares mais réelles) images de violence, de voitures brûlées et de drapeaux mexicains brandis par certains manifestants, le tout en boucle sur Fox News et consorts. Il s’agit de mobiliser la base et d’accréditer l’idée que le gouverneur n’a pas la situation en main et qu’il existe une rébellion non matée contre le pouvoir fédéral.
Il serait, dès lors, légitime et nécessaire d’envoyer non seulement la Garde nationale fédéralisée mais aussi les Marines, c’est-à-dire des militaires d’active. Pour le moment, ceux-ci protègent les bâtiments fédéraux de Los Angeles. Si les militaires devaient se livrer à des opérations de maintien de l’ordre et à des arrestations, ce serait en violation de la loi Posse Comitatus (1878), et de la culture, fortement ancrée, de non-intervention de l’armée dans les affaires intérieures.
Parade militaire et manifestations anti-Trump : ce 14 juin peut-il marquer un tournant ?
Alors que la situation n’est pas réglée en Californie, que des gouverneurs républicains déploient préventivement la garde nationale et que Donald Trump a effectué une énième volte-face (sur les rafles dans la restauration et les fermes) après qu’exploitants agricoles et entreprises du secteur de la restauration lui ont expliqué qu’ils ne pouvaient fonctionner sans ces migrants, le pays a été le théâtre de plus de 2000 manifestations pendant que se déroulait dans la capitale fédérale le défilé dont le président a rêvé si longtemps.
Le samedi 14 juin, le président Trump a enfin pu faire ce qu’il souhaitait tant depuis son invitation par Emmanuel Macron à assister au défilé du 14 juillet, en 2017. Son ministre des armées de l’époque et ses conseillers l’avaient dissuadé d’organiser une « parade », si contraire à l’esprit de la Constitution et au rôle des États-Unis dans le monde. Faire montre de sa force en arborant tanks, avions et parachutistes dans la capitale, c’est la culture de la Russie et de la Corée du Nord, pas des États-Unis.
Mais Trump a tenu à célébrer le 250e anniversaire de la création de la première armée continentale des États-Unis, fondée le 14 juin 1775, après que le premier Congrès continental a refusé de le faire en 1774, craignant qu’un mauvais gouvernement puisse l’utiliser contre le peuple. Un an plus tard, le second Congrès Continental a créé l’armée nécessaire pour lutter contre les Anglais. Or, le 14 juin était aussi l’anniversaire de Trump, qui a fêté ce jour-là ses 79 ans.
Les critiques se sont élevées contre la gabegie – 45 millions de dollars alors que le budget prévoit de nombreuses coupes –, et le côté « culte de la personnalité » de l’opération. De nombreuses manifestations (2000) se sont déroulées ce même jour, réunissant plusieurs millions de personnes venues protester contre le pouvoir monarchique de Trump (mot d’ordre : « No Kings », « Pas de rois »), contre le déploiement de la Garde nationale fédéralisée à Los Angeles et contre ce grand défilé, notamment contesté de nombreux militaires qui préféreraient que les 45 millions de dollars soient utilisés pour réparer leurs baraquements et par des associations d’anciens combattants qui préféreraient que l’argent aille aux services médicaux destinés aux « vétérans » et empêcher les coupes sombres dans leur couverture médicale.
Dans le pays, il y a eu, ce 14 juin, essentiellement des manifestations contre la dérive autoritaire et les politiques migratoires de Trump et peu de mobilisations contre la situation à Gaza ou d’appels à l’abolition de la police fédérale des frontières (« Abolish ICE ») qui auraient pu nuire au message global, d’autant qu’une majorité d’Américains comprend la nécessité de l’existence de l’ICE, dans un contexte où l’on estime à quelque 11 millions de personnes le nombre de migrants en situation irrégulière vivant aux États-Unis – même s’ils peuvent réprouver la façon dont elle fonctionne.
Le risque était grand pour les démocrates de se trouver débordés par des éléments violents, la gauche du parti et les groupes pro-Palestine, ce qui aurait été instrumentalisé par le président et ses affidés. Mais tout s’est déroulé dans le calme.
Cependant, la nuit même, une élue démocrate du Minnesota était assassinée avec son mari par un individu qui avait sur lui une liste de 70 personnes – toutes démocrates ou notoirement favorables au droit à l’avortement – à éliminer et qui a également grièvement blessé un autre élu de cet État et son épouse. La violence verbale de Trump et de ses troupes se traduit de plus en plus par des attaques ou des menaces (contre les juges par exemple).
La montée de la violence politique s’ajoute aux autres dangers pour la démocratie : attaques en règle contre les contre-pouvoirs et contre la liberté d’expression (pour les ennemis de Trump), règne de l’arbitraire et corruption généralisée.
L’envoi des Marines à Los Angeles et le défilé militaire à la gloire du « leader maximo » marqueront sans doute un tournant du deuxième mandat Trump. Le sursaut ne peut venir que de la société civile… et il semble en train de se produire.

Anne E. Deysine ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.