Lien du flux RSS

Accès libre
▸ les 10 dernières parutions

30.04.2025 à 17:38

Retailleau engage la dissolution de la Jeune Garde et d’Urgence Palestine

Alexis Poyard
img

Retailleau. Ce mardi après-midi, lors des questions aux gouvernements à l’Assemblée Nationale, le ministre de l’Intérieur a annoncé en plein hémicycle le lancement d’une procédure de dissolution contre la Jeune Garde et l’association Urgence Palestine, pouvant mener à leur dissolution. Deux structures remplissant pourtant des missions d’intérêt général humain, l’une par l’antifascisme, l’autre par la défense du peuple palestinien en suivant la boussole du droit international.

Si, sur la forme, le ministre s’est montré évasif, le fond est très clair. Le but est bien la dissolution d’un groupe antifasciste et d’une association qui dénonce le génocide à Gaza, en pleine fièvre raciste et islamophobe. Bruno Retailleau ne jette plus d’huile sur le feu, il sort le lance-flammes. Ce jeudi 1er mai, ces annonces font une raison supplémentaire à chacun pour battre massivement le pavé partout en France. Notre article.

Une malhonnêteté que Retailleau ne cache même plus 

En réponse au député d’extrême droite Sébastien Chenu, Bruno Retailleau a annoncé lancer une procédure « contradictoire » contre la Jeune Garde. Le groupe antifasciste aura alors l’occasion de « faire valoir ses droits », dixit le ministre. 

Mais dans la même phrase, Retailleau dit « espérer » la dissolution du groupe : il assume donc lancer un soi-disant contradictoire… tout en faisant comprendre que la seule conclusion à la procédure est la dissolution de la Jeune Garde. Dès le départ, les dés sont pipés.

L’occasion est trop belle pour le ministre de l’Intérieur, qui rêve de s’imposer comme figure de rassemblement entre les macronistes radicalisés, la droite classique et une partie de l’extrême droite, quitte à braconner sur les terres du Rassemblement National (RN). Pour cela, le ministre doit d’abord prendre le contrôle des Républicains (LR), lors du congrès de mai, qui l’oppose au député Laurent Wauquiez. La surenchère au racisme et à l’autoritarisme est de mise pour séduire la foule d’adhérents LR radicalisés.

Bruno Retailleau : Un ministre raciste et irresponsable 

Après avoir partagé le combat des racistes du collectif Némésis, après avoir ouvertement ignoré, méprisé, la famille d’Aboubakar Cissé, répugné à qualifier d’islamophobe son épouvantable meurtre, un nouveau pas est franchi. Après avoir provoqué et instrumentalisé une crise diplomatique avec l’Algérie, sur fond xénophobe et colonialiste, Retailleau fait s’enfoncer le pays toujours plus loin dans la nuit, et avec lui, c’est la droite et le centre qui le suivent.

Pour aller plus loin : France-Algérie : l’échec de la diplomatie bulldozer de Bruno Retailleau

Le bloc bourgeois abandonne de plus en plus la pirouette rhétorique des « extrêmes qui se rejoignent ». Retailleau accélère le choix de la bourgeoisie : plutôt le RN que le Nouveau Front Populaire, plutôt Le Pen que Mélenchon (bien que Retailleau se verrait bien comme champion des droites). Et les premiers à trinquer sont les antifascistes et les soutiens de la Palestine, les deux causes étant liées.

Pour donner des gages au RN, Retailleau cède une fois de plus, ici pour dissoudre un groupe antifasciste, dont la lutte contre les groupuscules néonazis, à Lyon notamment, protège les cortèges de manifestations par exemple. L’extrême centre assume son alliance avec l’extrême droite, en réprimant la gauche. Et de même pour Urgence Palestine, dont le tort est de porter la voix du peuple palestinien, que les soutiens du génocide tentent de faire taire en France

Comme l’a écrit Raphaël Arnault, député LFI et porte-parole de la Jeune Garde, « tout le monde devra répondre présent » en soutien au groupe antifasciste. Si des associations se font dissoudre, quelle sera la prochaine cible du macronisme fascisé ? Un mouvement politique, un syndicat, ou une association d’aides aux réfugiés par exemple ?

Tweet de réaction de Raphaël Arnault suite à l’annonce du ministre de l’Intérieur

Depuis hier, les soutiens à la Jeune Garde et à l’association Urgence Palestine, elle aussi menacée de dissolution pour avoir dénoncé le génocide en cours à Gaza, se multiplient. On peut citer notamment le communiqué du Réseau Insoumis Antifasciste, publié ce mercredi en fin de matinée.

Et Retailleau, espère-t-il vraiment qu’une dissolution musellera l’élan antifasciste qui s’est éveillé en juin 2024 ? Pareil pour la cause palestinienne ? Un bout de papier signé par un ministre sans légitimité populaire ne saurait enrayer de telles dynamiques historiques. Comme l’a déjà dit Jean-Luc Mélenchon en 2012, « si noire que soit la nuit, la lumière jamais ne s’éteint ».

Par Alexis Poyard

30.04.2025 à 16:40

TVA pour les micro-entrepreneurs : l’abaissement du seuil finalement suspendu jusqu’au prochain budget

Nadim Fevrier
img
La nouvelle est tombée cet après-midi. Le gouvernement a décidé de prolonger la suspension de l’abaissement du seuil de TVA pour les micro-entrepreneurs, initialement prévue jusqu’en juin. Ce, jusqu’au prochain budget de l’État. Une première étape qui marque « une victoire » a salué Manuel Bompard, grâce à la « mobilisation exemplaire » des micro-entrepreneurs, […]

30.04.2025 à 11:21

« Face à Parcoursup, résister à la zombification » – Le cri d’alarme d’une enseignante

Nadim Fevrier
img

Parcoursup. L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.

Avril : ses promesses de printemps, ses fleurs en bouton, ses dossiers Parcoursup… Du côté de l’Éducation nationale, les vacances de Pâques sont frappées d’un sinistre fléau : c’est l’époque du « tri » des candidatures déposées sur la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur. Pour les aspirants étudiants, c’est la terrible attente du verdict : les dés sont jetés, les vœux formulés, plus rien à faire qu’à croiser les doigts en serrant les dents – on se sait peu de choses dans un monde si peu soucieux de former sa jeunesse.

La balle est désormais dans le camp des profs qui, exerçant dans le « supérieur », sont chargés d’examiner les candidatures et de les noter pour les classer : ainsi seront séparés les heureux élus (qui obtiendront une place conforme à leurs espoirs) des damnés (qui ne seront accueillis nulle part). Dans l’âme d’un prof en train d’exécuter cette tâche sordide, c’est un dilemme par minute et cinquante nuances de désespoir. Notre article.

Parcoursup : Pas assez de places dans le supérieur, une seconde chance offerte seulement aux milieux aisés

Plus concrètement, parce que les chiffres sont éloquents : j’exerce dans un établissement qui propose 65 places, et reçoit cette année plus de 6 000 candidatures – le taux de malheur généré par nos réponses sera fatalement exorbitant. Pour chaque prof de mon équipe, il y a plus de 350 dossiers à examiner ; chaque dossier comprend des milliers de signes se combinant en une poignée de documents : bulletins scolaires des trois dernières années, avis des équipes pédagogiques, pseudo curriculum vitæ pré-rubriqué, récapitulatif de la scolarité, lettre de motivation…

Dans chacun de ces dossiers, nous tâchons de deviner un profil, un parcours, une ambition, une personnalité, des capacités, des réalisations avérées ou à venir. Nous luttons contre notre propre robotisation, piégés dans la sérialisation et l’automatisation qu’un tel volume d’informations à traiter génère mécaniquement.

Nous ne pouvons pas oublier que derrière chaque numéro (les dossiers sont anonymisés, bien sûr, aussi n’avons-nous affaire qu’à des numéros) se tient quelqu’un avec une histoire et un projet, des doutes et des aspirations ; nous tâchons de pister son devenir singulier à travers le fourmillement des signes standardisés.

D’après nos estimations, cette année, environ 90 % des lettres de motivation sont rédigées par une IA ; qui s’en étonnera ? Se sachant traités en troupeaux dont il faut réguler les flux, les aspirants étudiants se prémunissent comme ils peuvent contre la désubjectivation qu’une telle machinerie leur inflige. Recourir à l’IA, c’est à la fois s’assurer qu’aucune faute d’orthographe ne viendra entacher leur prose, que leur lettre ne sera pas moins bonne que celle de leurs concurrents (qui y recourent fort probablement), et qu’ils ne se seront pas exposés trop personnellement à l’humiliation d’être éconduits.

Car pour la plupart, ils seront éconduits. Il n’y a mathématiquement pas assez de places dans le supérieur pour absorber la cohorte d’une génération qui aspire à une poursuite d’études dans un monde qui ne veut pas la financer. Ce n’est pas mathématique, bien sûr : c’est politique. C’est un choix de société tout à fait explicite, « assumé » comme ils aiment dire, qui atrophie à dessein l’enseignement supérieur public, ouvrant de très juteuses opportunités pour les marchands d’enseignement privé.

Que seuls les jeunes issus des milieux les plus aisés puissent jouir de la seconde chance offerte par le privé ne pose bien sûr aucun problème au pouvoir politique : la doctrine néolibérale qui est son credo ne prévoit pas d’éduquer les générations pour former des citoyens éclairés – d’ailleurs à quoi sert même la démocratie ? Il ne s’agit que de produire des cohortes de travailleurs décérébrés – tandis que des sujets formés, éveillés à l’esprit critique et à l’autonomie intellectuelle leur seraient, il faut le reconnaître, d’assez pénibles perturbateurs.

Pour aller plus loin : 220 000 réponses en 48 heures – L’enquête inédite de Louis Boyard auprès des collégiens et des lycéens en souffrance

Résister face à une tentative de zombification

Alors tout le mois d’avril, engloutis dans nos abrutissantes opérations de tri et tâchant de n’y pas perdre la raison, c’est cette réalité qu’il nous faut regarder en face, cette expérience qu’il faut endurer : cette tentative de zombification intégrale, de la jeunesse et de ses formateurs, que les mécaniques capitalistes poursuivent méthodiquement. Faire de nous des machines, et nous remplacer bientôt par elles.

Devant le volume persistant – et même augmentant, année après année – des candidatures, pourtant, se lit quelque chose qui veut résister. La jeunesse continue de vouloir poursuivre ses études ; elle a beau avoir parfois souffert sur les bancs de l’école, que les mêmes politiques néolibérales ont singulièrement amochée, elle ne se satisfait pas d’être envoyée, dès le bac en poche, à l’abattoir qu’est devenu le marché du travail. Il y a là un refus. Il y a là un espoir.

Une manière de tenir, encore, à ce qui est important, à ce qui nous édifie, et nous permet de devenir ce que nous voulons être. En attendant qu’une rupture politique vienne enfin abroger Parcoursup et ouvrir largement l’enseignement supérieur public à tous ceux qui y aspirent, ces signes-là portent un message précieux : les zombies n’ont pas encore gagné.

Par Judith Bernard, enseignante, co-fondatrice du média Hors-Série.

6 / 10

 

  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
La Croix
Le Figaro
France 24
France-Culture
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE / RUSSIE
Courrier Europe Centrale
Desk-Russie
Euractiv
Euronews
Toute l'Europe
 
  Afrique du Nord / Proche & Moyen-Orient
Haaretz
Info Asie
Inkyfada
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
L'Orient - Le Jour
Orient XXI
Rojava I.C
 
  INTERNATIONAL
CADTM
Courrier International
Equaltimes
Global Voices
I.R.I.S
The New-York Times
 
  OSINT / INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
Global.Inv.Journalism
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
L'Insoumission
Les Jours
LVSL
Médias Libres
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Reseau Bastille
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
Vrai ou Fake ?
🌞