17.06.2025 à 13:29
La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a donné lieu à un étrange spectacle de duel tempéré entre son Président et son rapporteur. Cela ne changera pas l'image traditionnelle des commissions d'enquête où chacun poursuit ses buts partisans plus qu'une quelconque vérité. Selon une division du travail classique des commissions, le calme tranchait avec les coups de sang des séances parlementaires. Malgré le sujet qui intéressait également les élus, on pouvait supposer que (...)
- Vous avez dit Commission des sondages ? / Commission des sondages, Contrôle des sondages, LFI, LREM, politologie, DoxosophieLa commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a donné lieu à un étrange spectacle de duel tempéré entre son Président et son rapporteur. Cela ne changera pas l'image traditionnelle des commissions d'enquête où chacun poursuit ses buts partisans plus qu'une quelconque vérité. Selon une division du travail classique des commissions, le calme tranchait avec les coups de sang des séances parlementaires. Malgré le sujet qui intéressait également les élus, on pouvait supposer que certaines divergences existaient entre Thomas Cazenave, membre du parti présidentiel, et son rapporteur Antoine Léaument, à l'origine de cette commission, membre de LFI. Elles n'apparaissaient guère. Mais...
L'enquête se focalisa rapidement sur les sondages en donnant à son titre une définition fort restrictive. Le rapporteur s'attachait obstinément à faire la preuve d'un désavantage systématique des sondages sur les intentions de voix contre son leader Jean-Luc Mélenchon en se focalisant sur la question des redressements et en donnant ainsi au débat un tour technique, plutôt ennuyeux et très secondaire dans les critiques scientifiques des sondages. Quant au Président, il présidait en se chargeant surtout de passer la parole. Significativement, les questions des députés aux personnes auditionnées étaient souvent des exposés de leurs propres idées plus que des questions. Il n'est pas si facile de questionner quand la politique consiste à donner des réponses.
Le modus vivendi se brisa finalement quand à la suite de la présentation du rapport, le Président livra enfin un avis totalement opposé à celui du rapporteur : « Rien ne m'a convaincu dans les auditions, longues, que nous avons faites qu'il y avait un biais des sondeurs », avant de rappeler qu'« il y a une grande diversité chez les sondeurs, il y a finalement une grande concurrence, il y a des techniques professionnelles, il y a une commission des sondages qui les vérifie ». Cet avis sans motif ni démonstration, sinon la conviction, est une opinion comme une autre. Pas tout à fait cependant car il vient d'un commanditaire de sondages. Pendant les travaux de la commission d'enquête, le parti Renaissance, autrement dit Thomas Cazenave, commandait un sondage sur les candidats potentiels à l'élection municipale de Bordeaux. Proposant aux enquêtés un choix partiellement arbitraire de candidats, le sondage désignait Thomas Cazenave comme le candidat le mieux placé pour affronter le maire sortant Pierre Hurmic. Il était peut-être surtout mieux placé que sa rivale interne du parti présidentiel, Nathalie Delattre, sénatrice et ministre déléguée chargée du tourisme. Sous l'apparence de la neutralité factuelle, le quotidien régional Sud Ouest (18 avril 2025) se fit l'écho plutôt complice de ce sondage performatif visant à imposer la candidature de Thomas Cazenave.
Le mélange des genres qui fait d'un président de commission parlementaire le défenseur des sondeurs dont il est le client en plein travaux parlementaires sur le sujet posera à certains des doutes déontologiques. Cette dérive n'est pourtant qu'une métaphore de la transaction systémique entre les sondeurs et leurs clients politiques. Pour cette raison, il ne faut pas beaucoup espérer de la critique des sondages. Celle-ci concerne trop les intérêts des dirigeants politiques pour qu'ils ne cherchent pas les bonnes grâces des sondeurs. Comme d'habitude la commission des sondages n'y vit pas malice. Finalement, après beaucoup d'heures d'auditions, le Président avouait avoir perdu son temps. Et le nôtre ?
AG
17.06.2025 à 13:28
Ecouter les heures d'audition d'une commission d'enquête est assez austère pour prendre en défaut. La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a pourtant retenu l'attention de la presse à cause d'une absence, celle de l'homme d'affaires Pierre-Edouard Stérin, exilé fiscal en Belgique mais financier en France de think tanks d'extrême droite (Hexagone, Périclès). Il aurait craint pour sa sécurité physique au Palais Bourbon. Le portail de l'Assemblée Nationale garde en mémoire les deux (...)
- L'opinion « ça se travaille » / Contrôle des sondages, CSA, Doxosophie, politologie, Commission des sondages, Échantillon représentatif, Fausse nouvelle, Loi de 1977, ArtefactEcouter les heures d'audition d'une commission d'enquête est assez austère pour prendre en défaut. La commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections a pourtant retenu l'attention de la presse à cause d'une absence, celle de l'homme d'affaires Pierre-Edouard Stérin, exilé fiscal en Belgique mais financier en France de think tanks d'extrême droite (Hexagone, Périclès). Il aurait craint pour sa sécurité physique au Palais Bourbon. Le portail de l'Assemblée Nationale garde en mémoire les deux rendez vous non honorés. Depuis lors, les auditions sont closes dans les limites légales du temps d'une commission parlementaire d'enquête. On ne sait si des sanctions seront prises à l'encontre du milliardaire comme le président de la Commission Thomas Cazenave en a brandi la menace.
Un épisode analogue a eu lieu sans défrayer la chronique. A l'occasion de l'audition du Président et du secrétaire général de la Commission des sondages, le rapporteur Antoine Léaument a signalé le refus du sondeur CSA d'être auditionné au motif qu'il ne faisait pas de sondages électoraux. Il est vrai que pour l'heure, l'ancien sondeur a été acheté par le groupe Bolloré et après une inactivité de quelques années, en quelque sorte en réserve du groupe, il publie régulièrement des sondages sur les opinions des Français, aux sujets et libellés soigneusement choisis pour donner des majorités acquises aux positions très conservatrices dument relayées par les médias du groupe Bolloré (Europe 1 Cnews, JDD, etc). Ce qui fait ce beaucoup de monde. En outre le sondeur ne se prive pas de faire des sondages de popularité sur les dirigeants politiques français pour lesquels il est impossible de ne pas identifier des manœuvres préélectorales. L'attention de la commission des sondages aurait été récemment alertée par cette anomalie corrigée selon son Président lors d'une réunion de mars 2025. Pourtant, la commission des sondages avait été interpellée jusque dans son sein sur cette définition restrictive des sondages électoraux. Sans vouloir entendre. Il suffisait de se rapporter à l'article 1 de la loi de 1977 modifié par la loi n°2016-508 du 25 avril 2016 :
« Un sondage est, quelle que soit sa dénomination, une enquête statistique visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d'une population par l'interrogation d'un échantillon.
Sont régis par la présente loi les sondages publiés, diffusés ou rendus publics sur le territoire national, portant sur des sujets liés, de manière directe ou indirecte, au débat électoral ».
On est surpris que des juristes du Conseil d'Etat aient besoin d'une réunion pour décider d'appliquer un texte datant de neuf ans. Remarquablement, dans leur appétence pour le légalisme, les conseillers d'Etat citant les textes légaux à foison, ont oublié l'article définissant le périmètre de leur compétence. Il est pourtant clair que le législateur avait élargi sciemment le champ de compétence de la commission des sondage et que la commission a préféré ignorer au cours de plusieurs années. Les sondages entrent donc dans le champ de contrôle de la commission. Conclusion implicite, le sondeur devait déférer à la convocation d'une audition. La encore, on ne sait si des pénalités seront prononcés contre les récalcitrants. Encore plus que pour le cas Stérin, elles devraient prendre en compte une autre faute, un mensonge devrait-on dire puisque, s'il est bien vrai que CSA ne fait plus guère de sondages électoraux, il en fait tout de même comme le révèle la liste des notices techniques enregistrées par la Commission des Sondages. Par une lettre du 19 février 2025, le Président de CSA envoyait à la commission des sondages une notice technique d'un sondage sur « L'organisation d'un référendum sur l'Immigration » diffusé sur CNews, Europe et le Journal du Dimanche.
AG
25.05.2025 à 19:34
Qui répond à ce genre de sondages ? [1]
Sondeur Bolloré, sondés Bolloré tout simplement .