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13.10.2025 à 06:00

« Deux ans après, on est toujours vivants »

Rami Abou Jamous
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Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, il a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l'armée israélienne. Ils se sont réfugiés à Rafah, ensuite à Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat. Un mois et demi après l'annonce du cessez-le-feu de janvier 2025 — rompu par Israël le (…)

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Texte intégral (2259 mots)

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, il a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l'armée israélienne. Ils se sont réfugiés à Rafah, ensuite à Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat. Un mois et demi après l'annonce du cessez-le-feu de janvier 2025 — rompu par Israël le 18 mars —, Rami est rentré chez lui avec sa famille. Depuis le 25 septembre 2025, ils ont dû à nouveau quitter la ville de Gaza pour Nusseirat.

Vendredi 10 octobre 2025.

Jeudi matin, vers 1h30 du matin, j'ai reçu un appel téléphonique de mon ami Hekmat, un collègue de la Maison de la Presse qui m'a dit : « D'après les fuites des négociations de Charm El-Cheikh, il y a aura sans doute dans les heures à venir un accord entre le Hamas et Israël, et un cessez-le-feu. » Comme j'ai une mauvaise connexion Internet à Nusseirat, où j'ai dû me déplacer encore une fois, surtout la nuit, je compte beaucoup sur Hekmat pour obtenir des informations, car il se trouve dans une zone mieux couverte. Il a continué à m'appeler toutes les dix minutes. Vers 2h, il m'a dit : « Apparemment c'est approuvé. »

J'ai éprouvé un sentiment bizarre. D'abord un soulagement. J'ai regardé Sabah, Walid et Ramzi dormir sur leurs matelas posés à même le sol, et je me suis dit : « Deux ans après, on est toujours vivants. » C'est un grand exploit de faire partie des survivants de ce génocide. Je n'ai pas pu m'empêcher de réveiller Sabah pour lui dire : « La guerre est finie ! » Elle m'a répondu : « Arrête de plaisanter ! » Elle ne voulait pas y croire. J'ai insisté : « Mais si, il y a un accord ! On verra après pour les détails, mais dans l'immédiat, il y a un cessez-le-feu. » J 'ai vu les larmes de joie briller dans ses yeux. Un sentiment d'euphorie, comme pour toute personne qui attendait la mort et qui apprend qu'elle va finalement continuer à vivre.

La joie se mêlait à la prudence

Bien sûr, des centaines de milliers de Gazaouis ont perdu leurs amis, leurs proches, leurs familles, leurs enfants, leurs parents. Mais même avec ces pertes immenses, le fait de rester en vie, d'échapper pour l'instant au rouleau compresseur israélien qui nous pousse vers le Sud, c'est un grand exploit pour la population de Gaza. J'ai essayé d'envoyer des messages au plus grand nombre de personnes possible, malgré la mauvaise connexion. Je voulais partager la nouvelle. Tout le monde l'attendait, pas seulement à Gaza, mais dans le monde entier. Tous ceux qui veulent la justice pour le peuple palestinien.

Je n'ai pas pu me rendormir, évidemment, et la journée a été longue. Comme je savais que j'allais être sollicité par de nombreux médias, j'ai pris la route pour Deir El-Balah, où se trouve la Maison de la presse. C'était la première fois que j'y retournais depuis mon retour à mon appartement de Gaza-ville.

J'ai repris une « bétaillère », cette charrette tirée par une voiture à bout de souffle. Comme je le faisais à l'époque, j'ai pris le pouls de l'opinion en écoutant les conversations des voyageurs qui s'y entassaient. Évidemment, tout le monde ne parlait que du cessez-le-feu. La joie se mêlait à beaucoup de prudence. « Ce n'est pas encore fait », disait un passager. Les autres approuvaient. Nous n'oublions pas les mauvaises expériences. Le cessez-le-feu de janvier, conclu, déjà, sous la pression de Trump, a été violé unilatéralement par Nétanyahou en mars, et le génocide a repris. Plusieurs accords entre le Hamas et les Israéliens ont fait long feu. D'ailleurs, des bombardements ont encore eu lieu pas loin de là où j'habite maintenant, à côté du corridor de Netzarim, à l'entrée de Nusseirat.

Des jeunes disaient ne pas vouloir rentrer tout de suite au Nord. « La dernière fois qu'on a essayé, pendant le dernier cessez-le-feu, on s'est fait bombarder. » Il y avait aussi une dame qui avait dû quitter sa maison de la rue Al-Nafaq, dans la ville de Gaza. Elle était enseignante, son mari travaillait à l'UNRWA. Elle espérait que le cessez-le-feu lui permettrait de rentrer chez elle, « mais je ne sais pas si ma maison est toujours debout ». Son quartier, Cheikh Radwan, a été la cible de ces énormes bombes roulantes, de vieux blindés téléguidés et bourrés d'explosifs. Elle a essayé de vérifier sur des images satellites, qu'on peut consulter sur le net, mais elle n'a pas réussi à voir sa maison, et elle n'a pas plus d'informaions. Elle espère la fin de la guerre à cause de l'épuisement moral, mais aussi financier. Son mari gagne 1 700 dolllars à l'UNRWA, un bon salaire à Gaza. « Mais on n'en touche que la moitié, à cause des changeurs. » Le salaire de son mari est versé sur son compte à Ramallah. Mais comme je l'ai déjà raconté, l'argent liquide est rare ici. Les banques ont fermé et seuls les « changeurs », en cheville avec les banques de Ramallah, disposent de cash. On leur vire une somme, et pour verser le liquide ils prennent une commission de 35 à 50 %, suivant les périodes. L'enseignante voudrait trouver un logement à louer à Nusseirat, mais les propriétaires demandent de payer le loyer en liquide. Le couple a du mal à acheter des fruits pour ses enfants et ses petits-enfants. Alors elle peste contre les « profiteurs de la guerre ».

Une autre dimension de tristesse

Un autre passager de la bétaillère, un jeune commerçant, s'est senti visé et a voulu se défendre. Il vend des produits d'hygiène, dont des couches pour les bébés. Dernièrement, on en a vu entrer pour la première fois depuis longtemps, mais à des prix très élevés. Il en a gardé une partie pour sa fille, malgré le prix. Il regrette que des centaines de milliers de personnes ne puissent pas se les offrir.

Mais on n'est pas des profiteurs On achète la marchandise par transfert bancaire, et on vend aussi par transfert bancaire.. Pour faire entrer la marchandise — quand les terminaux sont ouverts —, cela coûte beaucoup d'argent. Il faut payer le grossiste, et les équipes de protection des camions, sinon ils sont pillés… Voilà pourquoi la marchandise est chère. Je faisais de meilleurs bénéfices avant la guerre, quand je vendais à des prix normaux, parce que j'avais beaucoup de clients.

Ainsi allaient les conversations dans la bétaillère, entre protestations contre le manque de tout et espoirs ténus de retour à la normale. Un groupe de jeunes se demandait si leurs cousins étaient toujours en vie, ou bien morts sous les décombres. Ils sont restés dans la ville de Gaza malgré l'ordre d'évacuation récent. Pas de nouvelles depuis. Les jeunes attendaient le cessez le feu pour aller voir. « Et s'ils sont morts, on les enterrera dignement. » Ainsi va la mort à Gaza.

Il faudra plus qu'un cessez-le-feu pour dissiper l'incertitude qui nous mine depuis deux ans. L'incertitude des bombardements, des déplacements, du siège, d'avoir de quoi se nourrir ou non. Nous ne pouvons plus penser, ni prendre de décisions. Et puis même si ce cessez-le-feu est réel, on basculera dans une autre dimension de tristesse.

Une deuxième guerre que nous allons affronter

Gaza ne va pas panser les plaies, elle va les rouvrir. Nous réenterrerons nos morts qui sont sous les décombres, nous reverrons nos maisons qui ont été détruites avec tous nos souvenirs, tous nos amis, toute notre vie.

C'est une deuxième guerre que nous allons affronter. Mais toujours dans l'incertitude. Nétanyahou pourra violer le cessez-le-feu ou l'accord à tout moment. Quand je suis arrivé au bureau, j'ai fait plusieurs interventions pour des radios et des télévisions. Je me suis retrouvé avec d'autres invités, une en Israël, un autre à Paris, qui disait qu'il fallait stopper le terrorisme du Hamas, que tout cela c'était à cause du Hamas, que tout avait commencé le 7 octobre 2023. Toujours la même chose : quand on est israélien, on voit les choses à l'envers. On ne voit pas qu'on est l'occupant, on ne voit pas qu'on a pris la terre des autres. On ne voit pas qu'on est en train de continuer à s'étendre et de prendre les terres des autres. On ne voit pas qu'on est en train de torturer les autres, de bombarder les autres. J'ai parlé de génocide, ça n'a pas plu. J'ai ajouté :

Ce que nous voulons, nous Palestiniens, c'est la justice. La justice est définie par le droit international. Les Nations unies ont dit qu'un génocide avait lieu. La Cour pénale internationale a lancé un mandat d'arrêt contre Nétanyahou pour crime de guerre et crime contre l'humanité. Les résolutions de l'ONU disent que les Palestiniens ont droit à l'autodétermination et à un État dans les frontières de 1967.

Un des invités a répondu : « Ce journaliste qui parle de Gaza, parle du terrorisme d'État d'Israël, mais ne parle pas du terrorisme de l'Autorité palestinienne. Il ne parle pas de la deuxième Intifada. » J'étais un peu étonné. S'agissait-il d'ignorance ou de naïveté ?

La victime n'aurait donc pas le droit de se défendre ? On ne devrait pas utiliser les armes quand on est occupé ? On ne devrait pas utiliser le droit international ? Il faudrait seulement se taire et écouter ce que dit le plus fort ? Si c'est de la naïveté, il devrait parler aux victimes pour voir la réalité : qu'ils sont des occupants et nous les occupés, qu'ils sont en train de prendre notre territoire et que le monde entier qualifie d'occupation la présence israélienne dans les territoires palestiniens. Que la plupart des pays ne reconnaissent pas l'annexion de Jérusalem. Quant au « plan Trump », son application reste floue.

Pour l'instant, tout ce que veut la population palestinienne, c'est que le génocide s'arrête une fois pour toutes. Rien n'est moins sûr. Je crains la réaction de Trump maintenant qu'il n'a pas reçu le prix Nobel de la paix. J'ai peur qu'il dise en substance : « Je n'ai pas eu mon prix, alors Nétanyahou peut finalement recommencer et aller jusqu'au bout. » Avec ce personnage, tout est possible. Et tout cela ajoute à l'incertitude.

Tout le monde parle des otages israéliens et des deux mille prisonniers palestiniens qui vont être libérés. Mais on oublie trop souvent qu'il y a des dizaines de milliers de Palestiniens torturés et soumis à des conditions de détention jamais vues dans les prisons israéliennes. Tout le monde sait ce qu'il se passe dans la prison de Sde Teiman, mais peu de médias en parlent.

Pour l'instant, je le répète, il faut que le génocide s'arrête et que le projet israélien de déporter les Palestiniens de Gaza tombe à l'eau. La population de Gaza va rester à Gaza, en Palestine. Et il y aura toujours une Palestine.

13.10.2025 à 06:00

Amira Hass. Pourquoi la Cisjordanie ne s'est pas soulevée

Amira Hass, Philippe Agret
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Amira Hass est une journaliste israélienne du quotidien de gauche Haaretz, installée depuis vingt ans à Ramallah, en Cisjordanie. Elle explique pourquoi aucune intifada n'a éclaté dans ce territoire occupé, et largement occulté, après le 7 octobre 2023. À l'inverse de ce qu'avaient imaginé les chefs du Hamas à Gaza. Entretien. Philippe Agret. — Vous êtes basée à Ramallah, en Cisjordanie. Pourquoi, d'après vous, n'y a-t-il pas eu d'intifada en Cisjordanie après le 7 octobre, même s'il y a (…)

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Texte intégral (4229 mots)

Amira Hass est une journaliste israélienne du quotidien de gauche Haaretz, installée depuis vingt ans à Ramallah, en Cisjordanie. Elle explique pourquoi aucune intifada n'a éclaté dans ce territoire occupé, et largement occulté, après le 7 octobre 2023. À l'inverse de ce qu'avaient imaginé les chefs du Hamas à Gaza. Entretien.

Philippe Agret. — Vous êtes basée à Ramallah, en Cisjordanie. Pourquoi, d'après vous, n'y a-t-il pas eu d'intifada en Cisjordanie après le 7 octobre, même s'il y a eu de violents affrontements armés dans le Nord ?

Amira Hass. — C'est une question cruciale, peut-être LA question à se poser, pas seulement parce que Yahya Sinouar et Mohammed Deïf1 imaginaient une révolte palestinienne majeure et une guerre régionale contre Israël après le lancement de leur grande attaque militaire. Cette question est valide, car la réalité créée par Israël à Gaza et en Cisjordanie avant le 7 octobre était insupportable.

Tout d'abord, je ne qualifierais pas d'intifada la présence de quelques dizaines de jeunes hommes armés dans les camps de réfugiés du Nord, prêts à être tués sur le champ.

Si l'on se réfère à la première intifada (1987-1993), elle désignait un soulèvement populaire, avec la participation de tous les milieux et, par conséquent, un mouvement dont la lutte armée n'était pas le moteur principal, voire pas du tout. Un mouvement qui supposait un état d'esprit de solidarité interne, de la coordination et un objectif clair. La résistance armée, elle, est toujours l'apanage d'un petit nombre et constitue un phénomène essentiellement masculin, du moins dans le contexte palestinien. L'objectif de ces groupes n'a d'ailleurs jamais été très clair.

Si l'on n'a pas vu davantage de groupes de jeunes hommes armés tirer ici ou là sur un poste militaire, un véhicule blindé ou un colon, cela tient d'abord à l'état des forces des deux organisations qui ont financé et encouragé l'armement des jeunes : le Hamas et le Djhad islamique. Ils étaient actifs dans le Nord, mais moins dans le reste de la Cisjordanie.

Ensuite, malgré la gloire tissée autour de ces groupes et les sentiments de compassion envers chaque martyr, j'ai tendance à croire que la plupart des habitants de Cisjordanie doutaient de l'efficacité de leurs actions.

« Les enclaves palestiniennes conçues par Oslo et Israël ont fragmenté la vie quotidienne »

P.A.Pourquoi ?

A.H. — Il y a un tabou dans la société palestinienne : critiquer les opérations armées et les martyrs. Donc le ressentiment et la colère vis-à-vis des groupes armés dans les villes et les camps de réfugiés — dont Israël a détruit bâtiments et infrastructures et déplacé environ 40 000 habitants — ne sont ni évoqués ni rapportés publiquement.

Mais je suppose que ces critiques circulent sous le manteau et sont connues. Dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, les services de sécurité de l'Autorité palestinienne, en relation avec des membres du Fatah (ce sont parfois les mêmes personnes), ont réussi à convaincre les hommes armés de quitter le camp — s'ils venaient de l'extérieur — ou de remettre leurs armes. La population a accepté la logique d'une telle position.

P.A.Pourquoi n'a-t-on pas vu de soulèvement populaire et non violent comme alternative à la lutte armée ?

A.H. — La réalité des accords d'Oslo a déconnecté l'occupé de l'occupant en plaçant une entité tampon entre les deux : l'Autorité palestinienne (AP). Pour lancer un projet de désobéissance civile de masse, il faut d'abord appeler à la rupture des liens bureaucratiques et sécuritaires entre l'entité tampon et l'occupant. Autrement dit, exiger de l'Autorité palestinienne qu'elle agisse différemment. D'innombrables demandes et plusieurs résolutions du conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) réclamant la fin de la coopération sécuritaire avec Israël, n'ont jamais été entendues ou mises en œuvre par Abou Mazen [Mahmoud Abbas] et sa cour.

La dimension bureaucratique de la coopération palestinienne avec Israël est encore plus difficile à contester ou à stopper, car elle touche aux besoins fondamentaux des citoyens : obtenir une pièce d'identité, enregistrer les naissances, partir à l'étranger, ouvrir une entreprise et un compte bancaire, importer et exporter, etc. Une telle rupture exige une planification minutieuse, une décision commune et la volonté de l'ensemble de la population de se préparer en amont à d'énormes sacrifices au quotidien. Il y a quelques années, Qadura Farès, cadre du Fatah et ancien prisonnier — apprécié et vénéré par la base, mais souvent en disgrâce auprès des dirigeants — avait conçu un ambitieux plan de désobéissance civile de masse, mais il n'a manifestement jamais réussi à convaincre de sa faisabilité.

Durant les 30 années d'existence des zones A et B, les Palestiniens ont joui d'un certain « répit » face à l'occupant : certes dans des zones restreintes et pour des périodes limitées. J'appelle cela la « logique des bantoustans ». Elle a habitué les gens à un confort limité et à une normalité limitée, qu'ils n'étaient pas disposés à abandonner.

Enfin, les enclaves palestiniennes conçues par Oslo et Israël, toujours plus dispersées, toujours plus réduites, ont fragmenté la vie quotidienne sous une domination étrangère hostile : chaque ville ou village vit différemment cette expérience et trouve, ou pas, ses propres moyens de collaborer ou de résister. Ce fut très visible lors du mouvement de résistance contre le mur de séparation, au début des années 2000 : organisées par chaque village en son nom, les manifestations n'étaient pas exclusivement palestiniennes. On pouvait compter avec la présence et le soutien de militants internationaux et israéliens. Il est difficile d'imaginer aujourd'hui l'élaboration d'une stratégie unifiée à l'échelle de toute la Cisjordanie. La solidarité interne est affaiblie.

« La brutalité de la répression israélienne contre toute tentative de résistance est effrayante »

P.A.Il semble qu'une partie de la population palestinienne se soit sentie trahie ou abandonnée par ses dirigeants ?

A.H. — Les « dirigeants » palestiniens n'ont évidemment aucun intérêt pour une nouvelle stratégie. Ils sont devenus une nomenklatura, qui identifie la « cause nationale » à sa propre stabilité et à son bien-être. Les cercles élargis autour du noyau de cette nomenklatura — c'est-à-dire les fonctionnaires et les milieux d'affaires — dépendent de lui et ne peuvent se permettre, ou n'osent pas, s'en détacher.

Il existe par exemple une institution officielle, la Commission de résistance à la colonisation et au mur. Elle est principalement composée de militants du Fatah rémunérés par l'Autorité. Elle collecte des informations, dispose d'avocats qui représentent les citoyens dans les affaires de spoliation des terres [par Israël], et organise des manifestations de solidarité et de protection avec les communautés menacées par les colons et la bureaucratie de l'occupation.

S'il n'y a aucune raison de douter de la sincérité des individus impliqués — exposés aux tirs des soldats, à la violence des colons et aux arrestations —, ils n'ont pas reçu l'adhésion des masses. Au contraire, leur identification au Fatah et à l'Autorité ne leur attire aucune sympathie de l'opinion publique. Ils sont inconnus, à l'inverse de ces jeunes qui ont été tués par l'armée israélienne et dont les portraits géants — munis d'armes impressionnantes — sont placardés partout.

De fait, la brutalité de la répression israélienne contre toute tentative de résistance est effrayante. Indépendamment de toute forme de résistance ou d'opposition, cette brutalité est plus intense et généralisée qu'auparavant. Surtout sous cette coalition d'extrême droite et depuis le 7 octobre. Pour résister de manière proactive, le collectif palestinien a besoin de croire en son efficacité, d'avoir des dirigeants dignes de confiance, à l'écoute du peuple et capables de le guider avec un objectif commun clair.

Tout cela manque. Les sondages peuvent bien faire dire aux Palestiniens qu'ils sont favorables à la lutte armée et que c'est la seule façon de parvenir à une solution, mais en pratique leurs choix personnels démontrent le contraire. Je vois des parents s'efforçant d'éloigner leurs enfants des affrontements près des postes militaires, ou de les envoyer étudier à l'étranger, même s'ils soutiennent idéologiquement la lutte armée.

P.A.De nouvelles formes ou de nouveaux espaces de résistance émergent-ils en Cisjordanie depuis le 7 octobre ?

A.H. — Avant de voir émerger de nouvelles formes de résistance, un bouleversement majeur dans la politique interne palestinienne est nécessaire. Sous forme de renaissance d'une OLP désormais obsolète ? D'une OLP entièrement neuve ? De changement impulsé par la diaspora ? D'initiative palestinienne inclusive [englobant les Palestiniens dits de « 1948 »] ? Chacune de ces options a ses avocats ou est associée à certaines initiatives intellectuelles, ce qui a minima nous indique combien la population aspire à un changement politique. Mais il va sans dire que c'est aux Palestiniens de décider.

En tout cas, à l'heure où le génocide perpétré par l'État israélien à Gaza se poursuit, la sensation d'incompétence et de paralysie politiques est plus forte que jamais, à l'opposé de l'ambiance victorieuse des premiers jours après le 7 octobre et des slogans que l'on entendait dans la diaspora palestinienne et en Cisjordanie.

« Les colons mènent une guerre sur plusieurs fronts contre les Palestiniens »

P.A.Quel est l'impact de l'accélération de la colonisation et de la violence des colons depuis le 10 octobre ? Comment percevez-vous les (nouvelles ?) stratégies israéliennes de colonisation ?

A.H. — Vivre sous l'occupation et la colonisation éternelles est une forme de résistance permanente. Parce qu'il s'agit d'un mode de vie organique ni organisé ni planifié. On parle de soumoud.2. Comme l'objectif d'Israël a toujours été d'accumuler « le plus de terres avec le moins de Palestiniens possible », la détermination des communautés d'éleveurs et d'agriculteurs à rester sur leurs terres et la capacité à assurer une certaine normalité dans les zones A et B, ont été phénoménales.

Mais le gouvernement actuel et ses milices semi-officielles de gangs de colons ont réussi à briser le soumoud dans de larges régions de Cisjordanie, à expulser une soixantaine de communautés et empêcher des dizaines de villages d'accéder à leurs terres cultivées ou aux pâturages.

Les méthodes ne sont pas vraiment nouvelles, mais les « jeunes des collines »3 et la construction parfaitement organisée et planifiée d'avant-postes par des bergers violents sont venus assister la bureaucratie de l'occupation : cette dernière a toujours cherché à « nettoyer » la plus grande partie de la Cisjordanie de toute présence palestinienne, mais elle le faisait « trop lentement ». Le processus s'est désormais accéléré.

Par ailleurs, les colons et leurs instances non gouvernementales, dirigés et inspirés par le Gauleiter de Cisjordanie, Betzalel Smotrich, mènent une guerre sur plusieurs fronts contre les Palestiniens qui parvient à briser la « logique du Bantoustan ». Personne n'est en sécurité nulle part.

« Les prisons sont le lieu où les sadismes d'État et individuel convergent »

P.A.Pouvez-vous détailler cette guerre multifrontale ?

A.H. — Les recettes de l'Autorité palestinienne sont ouvertement pillées. Smotrich, le ministre des Finances, interdit tout simplement le transfert des revenus — sous forme de taxes douanières sur les importations palestiniennes transitant par les ports israéliens — au trésor public de l'Autorité palestinienne.

Les sources d'eau sont systématiquement détournées par l'État et les colons. Depuis octobre 2023, l'armée bloque villes et villages au moyen de grilles de fer flambant neuves, entravant la liberté de circulation encore plus qu'avant. Répondant à une revendication constante des colons : circuler « en sécurité » sur les routes de Cisjordanie.

En outre, on assiste à une vague sans précédent de vols et de « confiscations » d'argent liquide et d'or chez les habitants, perpétrés par des soldats dépêchés par leurs commandants lors d'incursions à toute heure du jour et de la nuit. Ce, alors même que la population a déjà dépensé le plus gros de ses économies, car, contre l'avis même des militaires, le gouvernement empêche des dizaines de milliers de Palestiniens de retourner travailler en Israël. Pour la troisième année consécutive, l'armée interdit à des milliers d'agriculteurs de récolter leurs olives — une source importante de revenus et une manifestation collective, à la fois nationale et émotionnelle, de continuité et d'appartenance à la terre.

Sans oublier les arrestations massives et les détentions, dont les conditions sont devenues épouvantables : famine, humiliation, surpopulation carcérale propice aux maladies de peau, privation des livres et du matériel d'écriture, interdiction des visites familiales… Les prisons sont le lieu où les sadismes d'État et individuel convergent et se manifestent le plus ouvertement.

Partout, les Palestiniens sont désormais exposés aux caprices des soldats et des colons, ainsi qu'à la cruauté calculée des responsables et des institutions en charge. Rien d'étonnant à ce que la population craigne qu'une fois qu'Israël en aura « fini » avec Gaza, il lance des expulsions massives, voire une politique de génocide, en Cisjordanie.

« En l'absence de “sang neuf”, l'Autorité palestinienne se caractérise par une sclérose d'idées et d'actions »

P.A.Comment percevez-vous le rôle de l'AP, à la fois force de collaboration et de répression contre son peuple et néanmoins obstacle aux tentatives d'annexion d'Israël ?

Amira Hass — Il est important de distinguer l'AP en tant que prestataire de services à la population, en tant que direction nationale, et en tant qu'entité politique visant à accéder au statut d'État. De nombreux individus et acteurs de l'Autorité sont d'honnêtes soutiens de famille résolus à servir leur communauté. Le détournement des revenus de l'AP par Israël a réduit leurs salaires de moitié, voire des deux tiers, depuis plusieurs années déjà. Ce qui a évidemment des répercussions personnelles et professionnelles et affecte leur volonté de bien faire leur travail.

Il est d'ailleurs remarquable que le secteur public continue de fonctionner et de fournir des services, aussi modestes et insatisfaisants soient-ils. Quant aux institutions elles-mêmes, leur fonctionnement varie d'un endroit à l'autre, il peut être minimal, notamment en raison des contraintes budgétaires, tandis qu'ailleurs certains secteurs sont minés par la politique interne — comme le système judiciaire.

Les accords d'Oslo ont dégagé Israël de toute responsabilité envers le peuple qu'il continue d'occuper, et l'Autorité doit remédier au mal que cause Israël : qu'il s'agisse d'aider les personnes déplacées, les familles démunies, les blessés ou simplement ceux qui souffrent d'hypertension artérielle en raison d'une réalité insupportable et du stress permanent. Jusqu'à aujourd'hui, l'AP paie les frais des patients gazaouis venus se faire soigner en Cisjordanie avant le 7 octobre. Elle paie leur hébergement et leurs soins. Elle paie aussi l'eau potable qu'Israël a dû fournir [sous la pression internationale] à Gaza. De petites quantités qui constituent désormais la seule eau potable disponible sur place.

À cet égard, on ne peut pas dire que l'Autorité travaille contre son propre peuple. En revanche, c'est le cas lorsqu'on examine son rôle de direction politique nationale. En l'absence d'élections ou de « sang neuf », elle se caractérise par une sclérose d'idées et d'actions. En tant que nomenklatura, elle est incapable de s'affranchir de ses intérêts personnels et, par conséquent, de prendre la moindre initiative de changement ou de désobéissance civile vis-à-vis des Israéliens. Dans certains cas, sa promptitude à suivre les diktats israéliens relève d'une véritable collaboration, je parle ici de collaboration bureaucratique.

P.A.Et la collaboration sécuritaire ?

A.H. — J'ignore si, et dans quelle mesure, l'Autorité parvient, souhaite ou peut déjouer des attaques armées contre des Israéliens. En revanche, elle devrait avoir le droit, à mon avis, de s'opposer aux actions qui facilitent les campagnes de destruction et les expulsions massives par Israël. Mais elle préfère utiliser ses services de sécurité pour intimider et étouffer les critiques internes et le libre débat. Étant donné qu'il s'agit d'une nomenklatura — avec ses phénomènes évidents de népotisme, les salaires élevés et les avantages qui vont avec, son hostilité au recours à la lutte armée — par ailleurs sensée — est jugée comme un signe de corruption, sinon de trahison, par la population.

« Une reconnaissance dénuée de sanctions contre Israël n'est qu'un vœu pieux »

P.A.Malgré la dernière vague de reconnaissances de l'État de Palestine, que reste-t-il de la « solution à deux États » ?

A.H. — Nous faisons une erreur en continuant à parler de « solution ». Dans les processus historiques, la question est de savoir ce que l'on fait afin de garantir que la prochaine phase sera meilleure pour le peuple. Les retardataires qui reconnaissent aujourd'hui un État palestinien semblent ignorer la réalité de l'annexion de facto par Israël de la majeure partie de la Cisjordanie et la menace des expulsions massives.

Mais je voudrais être positive : faisons pression sur ces pays et leurs dirigeants pour qu'ils imposent des sanctions à Israël pour que ce dernier commence par démolir les quelque 300 avant-postes déjà érigés, comme une première étape avant le démantèlement progressif des colonies.

Il faut réaffirmer l'axiome selon lequel toutes les colonies sont illégales. Il faut rejeter l'affirmation selon laquelle elles sont « irréversibles », car cela signifie que nous acceptons et soutenons la dépossession quotidienne et permanente des Palestiniens.

Une fois que le processus de négociation aura repris, l'État de Palestine pourrait accepter que des Israéliens juifs restent à l'intérieur de ses frontières. Mais à condition que les anciennes colonies soient ouvertes à tous et pas seulement aux Israéliens juifs ; que les propriétaires fonciers — y compris les communautés locales dont les terres sont publiques et non privées — soient indemnisés pour les terres volées ; que les colons violents soient expulsés ; et que l'État d'Israël garantisse que ceux qui restent ne formeront pas une cinquième colonne. Une reconnaissance dénuée de sanctions immédiates et audacieuses contre Israël n'est qu'un vœu pieux.

P.A.Pour terminer sur une note plus personnelle, comment se passe le travail d'une journaliste israélienne en Cisjordanie depuis le 7 octobre ?

A.H. — La situation est plus frustrante que jamais : il y a trop d'événements majeurs et dangereux, trop d'incidents, d'attaques et de résolutions gouvernementales [israéliennes] qu'il faut couvrir sérieusement et minutieusement. Et les lecteurs [israéliens], plus que jamais, refusent de connaître et de comprendre le contexte général.


1NDLR. Yahya Sinouar, chef du Hamas dans la bande de Gaza, puis leader du mouvement islamiste après l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh en août 2024. Considéré comme le cerveau des attaques du 7 octobre 2023. Tué le 16 octobre 2024 par l'armée israélienne à Rafah. Mohammed Deïf, chef militaire du Hamas. Tué le 13 juillet 2024 par l'armée israélienne à Al Mawasi, près de Khan Younès.

2Difficilement traduisible, le terme soumoud exprime le fait de «  tenir bon  ».

3Les «  jeunes des collines  » sont un mouvement de jeunes colons ultra radicaux.

10.10.2025 à 14:30

La Lettre

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Lire et écouter Orient XXI Pour rendre nos contenus accessibles à toutes et à tous, Orient XXI propose désormais une version audio de ses articles. Un lecteur audio, placé en haut de chaque texte, vous permet de découvrir nos analyses et reportages autrement. Encore en développement, ce nouveau service s'améliore chaque jour. N'hésitez pas à nous faire part de vos retours pour nous aider à le perfectionner. Ainsi, Orient XXI poursuit son engagement : partager une information libre et (…)

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Texte intégral (3575 mots)

Lire et écouter Orient XXI

Pour rendre nos contenus accessibles à toutes et à tous, Orient XXI propose désormais une version audio de ses articles. Un lecteur audio, placé en haut de chaque texte, vous permet de découvrir nos analyses et reportages autrement.

Encore en développement, ce nouveau service s'améliore chaque jour. N'hésitez pas à nous faire part de vos retours pour nous aider à le perfectionner.

Ainsi, Orient XXI poursuit son engagement : partager une information libre et indépendante pour toutes et tous.

Présentation de « Que ma mort apporte l'espoir » par Nada Yafi à Bordeaux et Mont-de-Marsan, les 10 et 11 octobre

À l'initiative du Comité Palestine 33, Nada Yafi présentera le recueil de poésie Que ma mort apporte l'espoir. Poèmes de Gaza (Libertalia, collection Orient XXI, 2024) à la librairie Les 400 coups, 36 rue du maréchal Joffre, le vendredi 10 octobre, 19h, à Bordeaux.

Le samedi 11 octobre, à midi, elle présentera le recueil à la librairie Caractères, 15 rue du maréchal Bosquet, à Mont-de-Marsan.

Nada Yafi, Octobre 2024
Le recueil, publié aux éditions Libertalia dans la collection Orient XXI, présente une cinquantaine de poèmes dont les auteurs et autrices viennent toutes et tous de Gaza. Écrits pour la grande majorité en arabe, ils ont été traduits par l'ancienne diplomate et interprète Nada Yafi, qui signe également la préface de l'ouvrage. L'écrivain palestinien Karim Kattan a également offert une postface au livre.
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Dans le journal de bord de Gaza

Rami Abou Jamous et sa famille ont dû fuir leur appartement à Gaza-ville dans la nuit du 24 au 25 septembre. Ils ont trouvé refuge à Nusseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

Rami Abou Jamous, 7 octobre
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, il a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l'armée israélienne. Ils se sont réfugiés à Rafah, ensuite à Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat. Un mois et demi après l'annonce du cessez-le-feu de janvier 2025 — rompu par Israël le 18 mars —, Rami est rentré chez lui avec sa famille. Depuis le 25 septembre 2025, ils ont dû à nouveau quitter la ville de Gaza pour Nusseirat. Pour ce journal de bord, Rami a reçu le prix de la presse écrite et le prix Ouest-France au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
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Les derniers articles

Jadd Hilal, 10 octobre
Jadd Hilal est un universitaire et écrivain libano-palestino-français. Dans ce témoignage personnel, il revient sur ce qu'a été son expérience sur des chaînes de télévision françaises après le 7 octobre 2023. Avec ce dilemme : faut-il boycotter et refuser le cadre imposé, ou ne pas laisser la chaise palestinienne vide ?
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Jean Stern, 9 octobre
Le réalisateur israélien en exil à Paris est retourné dans son pays pour y tourner Oui. Il affiche une colère louable contre son gouvernement, mais rate sa cible avec un film vaniteux et autocentré, aussi laid que la société va-t-en-guerre qu'il prétend dénoncer.
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Alain Gresh, Sarra Grira, Muzna Shihabi, Nitzan Perelman Becker, 9 octobre
Horizons XXI est une carte blanche laissée aux rédactions d'Orient XXI et Afrique XXI qui revient sur l'actualité ou l'histoire de l'Afrique et des mondes arabe et musulman à travers des entretiens. À retrouver une fois par mois sur le média indépendant Au Poste.
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Hajar Raissouni, 8 octobre
Depuis le samedi 27 septembre, la vie du royaume est rythmée par les manifestations quotidiennes du mouvement GenZ 212. Lancée par des jeunes autonomes refusant toute affiliation politique ou syndicale, la contestation innove et mobilise. Mais elle doit aussi faire face aux limites de son manque de structuration, tandis que les élites au pouvoir semblent attendre le discours du roi prévu pour le 10 octobre.
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Trita Parsi, 7 octobre
Une nouvelle conflagration entre Israël et l'Iran paraît inévitable et, peut-être, toute proche, les Européens ayant délibérément choisi de s'aligner sur les faucons de l'administration Trump dans le contentieux nucléaire. Au risque d'être entraînés dans un conflit majeur et incontrôlable. Analyse.
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Mathieu Rigouste, 6 octobre
Depuis le 7 octobre 2023, des enquêtes ne cessent de confirmer l'emploi par l'État israélien de techniques de déshumanisation du peuple palestinien : tortures, viols et humiliations, punitions collectives, déplacements, internements en camps et disparitions forcées sont conjugués aux bombardements massifs contre les civils enfermés dans Gaza. Loin de constituer des dérives, toutes ces violences font système et s'inscrivent dans l'histoire globale et connectée des doctrines contre-insurrectionnelles du colonialisme occidental.
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Sur Afrique XXI

EDITORIAL
La rédaction d'Afrique XXI, 10 octobre
Zukiswa Wanner, écrivaine et activiste sud-africaine, publie dans Afrique XXI son journal de bord de la flottille Global Sumud, en route pour Gaza. Elle a été interceptée le mercredi 1er octobre.
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En anglais

Rami Abou Jamous, 29 September
Rami Abu Jamous is keeping a diary for Orient XXI. The founder of GazaPress, an agency which helped and translated for western correspondents, he had to leave his Gaza City apartment with his wife Sabah, her children, and their three-year-old son Walid, in October 2023, under threat from the Israeli army. They took refuge in Rafah, they were displaced to Deir el-Balah and later to Nusseirat. A month and a half after the announcement of the January 2025 ceasefire – broken by Israel on March 18 – Rami returned home with Sabah, Walid, and their new son Ramzi. With the ground invasion of Gaza City that began on September 16, Rami and his family had to leave once again. They returned to Nusseirat. For this diary of his, he has received two awards, the Prix Bayeux for war correspondents in the printed press category, and the Prix Ouest-France. This space has been dedicated to him in the French section of the site since 28 February 2024.
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En italien

Fabio Merone, 8 ottobre
Una mappatura dei più importanti movimenti arabi per la Palestina, poco presenti nella cartina della solidarietà internazionale degli ultimi due anni.
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Mathieu Rigouste, 6 ottobre
Dal 7 ottobre 2023, i rapporti continuano a confermare l'uso da parte dello Stato israeliano di tecniche di disumanizzazione del popolo palestinese: torture, abusi fisici e verbali, umiliazioni, punizioni collettive, sfollamenti, internamenti nei campi e sparizioni forzate che si aggiungono ai bombardamenti massicci contro i civili confinati a Gaza. Lungi dall'essere episodi isolati, tutte queste violenze costituiscono un sistema che si inserisce nella storia globale legata alle dottrine contro-insurrezionali del colonialismo occidentale.
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En espagnol

Ahmed Nadhif, 9 de octubre
Hace 40 años, el 1º de octubre de 1985, la aviación israelí bombardeó el cuartel general de la Organización para la Liberación de Palestina en Hammam Chatt, en la periferia sur de Túnez capital. La operación aérea sigue siendo la más distante que haya lanzado Tel Aviv hasta el día de hoy. Los ataques de drones contra la flotilla por Gaza, amarrada en la costa de Túnez capital a comienzos de septiembre de 2025, reavivaron el recuerdo de aquel ataque.
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En persan

رامي أبو جاموس، 29 سپتامبر
رامی ابو جاموس یادداشت های روزانه خود را برای «اوریان ۲۱» می نویسد. او که بنیانگذار «غزه پرس» - دفتری که در ترجمه و کارهای دیگر به روزنامه نگاران غربی کمک می کند- است، ناگزیر شده با همسر و پسر دو سال و نیمه اش ولید، آپارتمان خود در شهر غزه را تحت فشار ارتش اسرائیل ترک نماید. پس از پناه بردن به رفح، رامی و خانواده اش مجبور شدند مانند بسیاری از خانواده ها که در این منطقه فقیر و پرجمعیت گیر افتاده بودند، مجددا به تبعید داخلی خود ادامه دهند.. او رویداد های روزانه خود را در این فضا برای انتشار در «اوریان ۲۱» می نویسد.
رامی برای این گزارش‌های محلی، جایزه مطبوعات نوشتاری و جایزه Ouest-France را در کادر جایزه Bayeux برای خبرنگاران جنگ دریافت کرد. این فضا از ۲۸ فوریه ۲۰۲۴ به او اختصاص یافته است.
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