26.06.2025 à 16:23
Dans son ouvrage, paru récemment aux éditions du Cerf, Anne de Bongain se penche sur les « coulisses du sport business ». Business, c’est de là qu’il faut partir. La marchandisation du sport constitue en effet un enjeu financier énorme pour tout un ensemble d’acteurs économiques non seulement légaux — chaînes TV, équipementiers, multinationales, sans oublier bien sûr les États qui en font un instrument d’influence, de soft power — mais aussi illégaux. Car de ce tableau déjà passablement contrasté ressortent en arrière-plan des réalités encore plus sombres telles que la corruption, le dopage, la triche dont l’auteur nous explique qu’elles ne constituent pas de regrettables dérives étrangères aux « valeurs » du sport, mais une dimension consubstantielle découlant de l’accouplement de la logique du « plus vite, plus haut, plus fort » et de la machine à cash globalisée. Dès lors, il était inévitable que l’industrie du sport ne devienne aussi un champ d’activité du crime organisé comme le montre Anne de Bongain. Derrière le mythe de l’olympisme et les valeurs proclamées du sport, son ouvrage Le Mondial du dopage révèle une réalité sombre, complexe et mondialisée. Entretien.
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Dans son ouvrage, paru récemment aux éditions du Cerf, Anne de Bongain se penche sur les « coulisses du sport business ». Business, c’est de là qu’il faut partir. La marchandisation du sport constitue en effet un enjeu financier énorme pour tout un ensemble d’acteurs économiques non seulement légaux — chaînes TV, équipementiers, multinationales, sans oublier bien sûr les États qui en font un instrument d’influence, de soft power — mais aussi illégaux.
Car de ce tableau déjà passablement contrasté ressortent en arrière-plan des réalités encore plus sombres telles que la corruption, le dopage, la triche dont l’auteur nous explique qu’elles ne constituent pas de regrettables dérives étrangères aux « valeurs » du sport, mais une dimension consubstantielle découlant de l’accouplement de la logique du « plus vite, plus haut, plus fort » et de la machine à cash globalisée. Dès lors, il était inévitable que l’industrie du sport ne devienne aussi un champ d’activité du crime organisé comme le montre Anne de Bongain.
Derrière le mythe de l’olympisme et les valeurs proclamées du sport, son ouvrage Le Mondial du dopage révèle une réalité sombre, complexe et mondialisée. Entretien.
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26.06.2025 à 11:36
Le sommet annuel de l’OTAN, qui s’est tenu les 24 et 25 juin à La Haye, s’est conclu par un net succès diplomatique pour Donald Trump. En dépit de ses attaques répétées contre les alliés européens – imposition de tarifs douaniers, déclarations agressives, multiples tentatives de décrédibilisation – ces derniers ont fait preuve d’une remarquable docilité face aux exigences américaines. En première ligne de cette attitude conciliante : Mark Rutte, le nouveau secrétaire général de l’Alliance. Les États membres se sont engagés à porter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB d’ici dix ans, un objectif peu réaliste quand on sait que les États-Unis eux-mêmes n’atteignent pas ce seuil. Tous ont accepté cet alignement, y compris la France. Seule l’Espagne a exprimé une opposition à ces exigences. En contrepartie, les États-Unis ont réaffirmé leur attachement à l’article 5 du traité, garantissant une assistance mutuelle en cas d’agression. Toutefois, Donald Trump a souligné que l’article peut être interprété de différentes manière. Cette posture accentue les incertitudes quant à la fiabilité de la protection américaine, d’autant plus la question d’une stratégie commune face à l’agressivité de Moscou a été largement éludée. Dans un rapport de force déséquilibré, céder à Trump ne traduit pas une sympathie, mais une faiblesse des pays européens. Il est nécessaire de tenir lui tête.
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Le sommet annuel de l’OTAN, qui s’est tenu les 24 et 25 juin à La Haye, s’est conclu par un net succès diplomatique pour Donald Trump. En dépit de ses attaques répétées contre les alliés européens – imposition de tarifs douaniers, déclarations agressives, multiples tentatives de décrédibilisation – ces derniers ont fait preuve d’une remarquable docilité face aux exigences américaines. En première ligne de cette attitude conciliante : Mark Rutte, le nouveau secrétaire général de l’Alliance.
Les États membres se sont engagés à porter leurs dépenses de défense à 5 % du PIB d’ici dix ans, un objectif peu réaliste quand on sait que les États-Unis eux-mêmes n’atteignent pas ce seuil. Tous ont accepté cet alignement, y compris la France. Seule l’Espagne a exprimé une opposition à ces exigences. En contrepartie, les États-Unis ont réaffirmé leur attachement à l’article 5 du traité, garantissant une assistance mutuelle en cas d’agression.
Toutefois, Donald Trump a souligné que l’article peut être interprété de différentes manière. Cette posture accentue les incertitudes quant à la fiabilité de la protection américaine, d’autant plus la question d’une stratégie commune face à l’agressivité de Moscou a été largement éludée.
Dans un rapport de force déséquilibré, céder à Trump ne traduit pas une sympathie, mais une faiblesse des pays européens. Il est nécessaire de tenir lui tête.
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26.06.2025 à 10:38
Depuis le 13 juin et le déclenchement de l’opération « Rising Lion » par Israël contre l’Iran, une nouvelle phase d’escalade militaire s’est ouverte, impliquant directement les États-Unis. Des échanges de tirs balistiques quotidiens à l’intervention aérienne de Washington, plusieurs stratégies sont perceptibles alors qu’un cessez-le-feu vient d’être décrété. Quelles sont les perspectives quant à la reprise des négociations sur le nucléaire iranien ? Dans quelle mesure cet épisode militaire est-il susceptible d’influencer la stabilité du régime en place en Iran ? Quel bilan peut-on dresser des manœuvres militaires israélo-américaines ? Le point avec Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran. Alors que Washington appelait Téhéran à s’assoir à la table des négociations avec Tel-Aviv, des frappes américaines ont visé ce dimanche 22 juin trois sites nucléaires iraniens (Fordo, Ispahan et Natanz). Comment expliquer cette double approche de Trump à l’égard de l’Iran ? Du côté iranien, les négociations à la table des États-Unis ont été acceptées avec une certaine réticence, notamment de la part des plus radicaux et du Guide Ali Khamenei, qui au départ, ne voulaient pas discuter avec les États-Unis. Cet étonnant revirement de position s’explique par plusieurs facteurs, notamment les promesses électorales de Donald Trump en faveur d’un désengagement des conflits internationaux, mais également au soutien politique du Congrès à majorité républicaine qui présage de conditions favorables à un accord plus solide et durable que celui conclu en juillet 2015 sur le nucléaire iranien. Dès lors, il y a effectivement un énorme effet de surprise lorsque successivement les armées israélienne, puis américaine, s’en prennent aux structures nucléaires et militaires iraniennes alors même qu’un sixième tour de négociation était prévu. Les premières déclarations de Donald Trump à ce sujet — aussi compliquées à suivre soient-elles — laissent entendre que le Pentagone était au courant des opérations que […]
L’article Guerre Israël-Iran : une reprise des négociations sur le nucléaire iranien est-elle encore possible ? est apparu en premier sur IRIS.
Depuis le 13 juin et le déclenchement de l’opération « Rising Lion » par Israël contre l’Iran, une nouvelle phase d’escalade militaire s’est ouverte, impliquant directement les États-Unis. Des échanges de tirs balistiques quotidiens à l’intervention aérienne de Washington, plusieurs stratégies sont perceptibles alors qu’un cessez-le-feu vient d’être décrété. Quelles sont les perspectives quant à la reprise des négociations sur le nucléaire iranien ? Dans quelle mesure cet épisode militaire est-il susceptible d’influencer la stabilité du régime en place en Iran ? Quel bilan peut-on dresser des manœuvres militaires israélo-américaines ? Le point avec Thierry Coville, chercheur à l’IRIS, spécialiste de l’Iran.
Alors que Washington appelait Téhéran à s’assoir à la table des négociations avec Tel-Aviv, des frappes américaines ont visé ce dimanche 22 juin trois sites nucléaires iraniens (Fordo, Ispahan et Natanz). Comment expliquer cette double approche de Trump à l’égard de l’Iran ?
Du côté iranien, les négociations à la table des États-Unis ont été acceptées avec une certaine réticence, notamment de la part des plus radicaux et du Guide Ali Khamenei, qui au départ, ne voulaient pas discuter avec les États-Unis. Cet étonnant revirement de position s’explique par plusieurs facteurs, notamment les promesses électorales de Donald Trump en faveur d’un désengagement des conflits internationaux, mais également au soutien politique du Congrès à majorité républicaine qui présage de conditions favorables à un accord plus solide et durable que celui conclu en juillet 2015 sur le nucléaire iranien.
Dès lors, il y a effectivement un énorme effet de surprise lorsque successivement les armées israélienne, puis américaine, s’en prennent aux structures nucléaires et militaires iraniennes alors même qu’un sixième tour de négociation était prévu.
Les premières déclarations de Donald Trump à ce sujet — aussi compliquées à suivre soient-elles — laissent entendre que le Pentagone était au courant des opérations que Benyamin Netanyahou s’apprêtait à mener. La première question qui vient à l’esprit est pourquoi n’a-t-il rien dit ? Pourquoi a-t-il laissé faire ces attaques qui allaient saborder les négociations en cours ? C’est d’une contradiction gigantesque.
Déjà trahie par Donald Trump en mai 2018 qui était revenu sur l’accord de juillet 2015 alors même que l’Iran le respectait, cette nouvelle trahison en pleines négociations va nécessairement crisper la position des Iraniens. L’effet de surprise qui a pris de court Téhéran n’a pas échappé à la communauté internationale qui a été bousculée par ces actes.
La stratégie états-unienne est d’autant plus questionnable que son efficacité n’est pas sans conteste. Des incertitudes sur l’efficacité des frappes effectuées sur les différents sites d’enrichissement d’uranium, notamment ceux de Natanz et Fordo, persistent et nuancent le bilan. L’armée israélienne déclare avoir « retardé de deux ou trois ans le moment où l’Iran pourrait acquérir la bombe » alors que le premier objectif affiché était de neutraliser la menace nucléaire iranienne — et ce, même si l’Iran n’avait pas décidé d’aller vers la bombe atomique. Le deuxième objectif était de réduire les capacités du programme balistique de Téhéran. Une fois de plus, les résultats sont décevants puisque manifestement, c’est cet arsenal terrestre qui leur a permis de résister, et même de riposter.
Tout ça pour ça ?
Face à ces frappes, l’Iran a riposté dans la nuit du 23 juin en visant une base militaire états-unienne au Qatar et le président américain a par la suite exigé un « cessez-le-feu » entre Téhéran et Tel-Aviv. Quels sont désormais les différents scénarios qui s’imposent à l’Iran dans le cadre de ce conflit ?
Au vu de la volatilité des positions, il faut être prudent.
Un scénario positif serait de véritables négociations qui s’engagent et le respect du cessez-le-feu.
Pour ce faire, il va falloir que les discussions reprennent à partir des acquis précédents. C’était par exemple, la proposition américaine d’avoir un consortium régional pour produire de l’électricité à partir du nucléaire. Une proposition acceptée par l’Iran, une grande avancée en la matière puisque ce consortium aurait inclus l’Arabie saoudite.
Cependant, il est difficile d’imaginer un dialogue serein alors que Donald Trump n’a eu de cesse de dire tout et son contraire. De plus, il ne faut pas oublier que malgré les avancées et le traitement médiatique des discussions, les négociations rencontraient de nombreux points de blocages. Parmi les divergences figurait l’enrichissement local de l’uranium iranien, un point que Steve Witkoff et Donald Trump n’avaient de cesse de renégocier à la baisse. Il sera difficile pour l’Iran, après avoir subi ces attaques causant la mort de nombreux civils et militaire — dont des chefs de gouvernement —, de céder complètement sur cette question de l’enrichissement.
Le dialogue s’annonce compliqué et va nécessiter la flexibilité de Donald Trump pour être mené, notamment sur la question du nucléaire civil sous contrôle de l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, comme en 2015.
En ce qui concerne les capacités militaires de l’Iran, il faut être prudent, mais cet épisode va incroyablement les renforcer dans l’idée que de toute façon, ils sont seuls. Ils ne peuvent pas compter sur le droit international et doivent renforcer leur défense et notamment leur programme balistique. Pour eux, c’est une évidence.
En cherchant à démanteler le programme nucléaire iranien, Benyamin Netanyahou a affirmé vouloir déstabiliser le pouvoir en place et aboutir à un changement de régime, qui apparait pour l’heure peu probable. Quelles sont les répercussions de cette escalade au Proche-Orient sur la politique intérieure iranienne et notamment sur le régime des Mollahs ? Quelles réactions cette escalade suscite-t-elle au sein de la population ?
Il faut être très prudent. Au regard de ce que reporte la BBC persan, la réalité s’écarte des espérances de Benyamin Netanyahou. Alors qu’il s’adresse directement aux Iraniens et s’attendait à la sortie en masse de la population dans les rues pour acclamer les attaques israéliennes et le retour du fils du Shah, aucune des manifestations observées n’allait en ce sens.
Il semblerait que le nationalisme dont témoigne le peuple iranien ait pris le dessus sur leurs revendications politiques. Autrement dit, bien que beaucoup d’Iraniens ne soient pas favorables à la République islamique, les menaces pesant sur le pays encouragent les rassemblements sous sa bannière. Encore un objectif manqué.
Plus encore, cet épisode pourrait renforcer le narratif des durs et d’Ali Khamenei en leur offrant la possibilité de clamer leur résistance face à des attaques surprises, dans une situation de guerre profondément asymétrique, l’Iran n’ayant pas d’aviation pour prévenir ce type d’assaut. Le risque est bien que les plus radicaux se sentent confortés par ce narratif d’un Iran qui a « résisté » et continuent de bloquer toute tentative de modération des politiques intérieure et extérieure de la République islamique d’Iran.
Est-ce que les plus modérés, comme le président Massoud Pezeshkian, vont vouloir utiliser ce moment d’unité nationale pour aller plus loin dans les réformes qu’ils essaient de mener malgré toute l’opposition des ultra-radicaux dans un certain nombre de domaines ? Est-ce qu’ils pourront utiliser ce moment d’unité nationale pour montrer une certaine flexibilité dans leur négociation avec les États-Unis ?
Ces questions restent en suspens et détermineront la politique intérieure iranienne dans les semaines à venir.
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