24.04.2025 à 00:15
Une radiographie sans concession du groupe Bolloré, qu'il n'est plus possible de considérer comme une entreprise « comme les autres ».
- Le système Bolloré / France, Concentration et oligopoles, Lobbying et influence, Bolloré, Vivendi, pouvoir des entreprises, capture, finance, liberté d'expression et de la presseComment s'est construit l'empire Bolloré et quelle est sa stratégie aujourd'hui, après la revente des activités portuaires et logistiques et sur fond de proximité de plus en plus marquée de ses dirigeants avec l'extrême-droite ? Dans un rapport publié en partenariat avec Attac, l'Observatoire des multinationales propose une radiographie sans concession du groupe Bolloré et alerte sur les risques démocratiques à continuer à le considérer comme un groupe « comme les autres ».
Vincent Bolloré, l'une des plus importantes fortunes françaises à la tête d'un important groupe qui englobe le secteur de médias, de la communication et des industries culturelles, s'est lancé dans une croisade politique au service de l'extrême-droite et de ses idées. À l'œuvre depuis un certain temps déjà dans la sphère médiatique à travers CNews, Europe 1 et le JDD, cette campagne implique désormais aussi le monde de l'édition (Fayard), et Vincent Bolloré et certaines des sociétés qu'il contrôle ne craignent plus d'intervenir directement dans les campagnes électorales.
Le débat se focalise surtout sur la figure controversée de Vincent Bolloré lui-même et ses idées politiques. L'objectif de cette publication est de montrer ce qui a rendu Vincent Bolloré possible, et ce qui continue à le rendre possible : le système derrière l'individu. Rien ne dit que les choses vont changer lorsqu'il sera contraint de laisser un jour réellement le pouvoir à ses enfants. Sa garde rapprochée et ses alliés resteront les mêmes. Et le système qui a rendu tout cela possible restera également le même.
En mettant à nu la réalité du système Bolloré, nous sommes amenés à casser nombre des mythes que lui et ses alliés aiment à entretenir :
Parce que le débat démocratique mérite mieux que la com' du CAC 40.
Faites un donParmi les nombreuses questions auxquelles répond ce rapport, il y a celle-ci : peut-on séparer l'individu Vincent Bolloré et ses agissements du groupe qu'il contrôle directement et indirectement ? Autrement dit, peut-on continuer à traiter les diverses entités qui composent ce groupe – même lorsqu'elles ne sont pas ouvertement mises au service de l'extrême-droite – en faisant totalement abstraction des idées et du combat politique du milliardaire qui est derrière elles ?
La réponse à notre sens est non :
Il est donc plus que temps de mettre fin à la tolérance et au soutien dont le système Bolloré continue de bénéficier dans une large partie du monde des affaires et des sphères culturelles et politiques.
03.04.2025 à 17:16
Connaissez-vous la première manifestation écologiste de l'histoire ? Elle a eu lieu le 4 février 1888, en Espagne à Riotinto, contre une des plus grandes multinationales minières, la compagnie Rio Tinto. Ivan du Roy, rédacteur en chef de Basta !, revient sur cet événement à l'occasion de la sortie du livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, publié aux éditions La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.
Est ce que vous connaissez la première manifestation (…)
Connaissez-vous la première manifestation écologiste de l'histoire ? Elle a eu lieu le 4 février 1888, en Espagne à Riotinto, contre une des plus grandes multinationales minières, la compagnie Rio Tinto. Ivan du Roy, rédacteur en chef de Basta !, revient sur cet événement à l'occasion de la sortie du livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, publié aux éditions La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.
Est ce que vous connaissez la première manifestation écologiste de l'histoire ?
Nous sommes au XIXe siècle, en 1888 exactement, à Rio Tinto.
Ce nom vous dit peut-être quelque chose. Rio Tinto est l'une des plus grandes compagnies minières au monde. C'est aussi le nom d'un gisement riche en cuivre, situé en Andalousie, en Espagne, (exploité depuis l'Antiquité). Et à la source de la prospérité de la multinationale.
Profitant du retour de la monarchie espagnole, après une éphémère République, un conglomérat d'hommes d'affaires anglo-allemand prend le contrôle du gisement. Dans ce conglomérat, on retrouve la Deutsche Bank (la plus grande banque allemande), des britanniques qui ont fait fortune grâce au commerce de l'opium en Chine, mais aussi la banque Rothschild.
Les blocs de roches extraits de la mine sont chauffés en plein air pour en dégager le cuivre. Ce procédé génère des fumées toxiques et une forte pollution de l'air, des eaux et des sols. Des mineurs décèdent et des paysans perdent leurs récoltes.
Le 4 février 1888, des milliers de mineurs en grève, des habitants et des paysans manifestent pacifiquement contre ces pratiques polluantes. La Rio Tinto Company refuse de négocier et l'armée ouvre le feu.
La répression fait au moins 200 morts.
Aujourd'hui la compagnie Rio Tinto n'exploite plus cette mine. Mais elle continue d'être impliquée dans des scandales de pollutions.
On peut penser par exemple à la plus grande mine d'or du monde, Grasberg, en Papouasie Nouvelle Guinée, responsable du déplacement forcé de populations et d'une pollution massive de l'eau et des sols.
Mais aussi au dynamitage d'une grotte sacrée aborigène vieille de 46 000 ans, en Australie.
Et désormais dans un projet de mine de lithium en Serbie, qui suscite une forte opposition locale.
Rio Tinto n'est pas la seule multinationale minière à continuer de ravager des territoires entiers, de l'Amazonie à l'Indonésie.
En Espagne, un siècle et demi plus tard, l'eau de la rivière Rio Tinto est toujours toxique.
Retrouvez ces récits dans notre livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, en librairie depuis le 13 février.
03.04.2025 à 17:05
De la République de Venise au Beretta 92 de l'armée américaine, retour vidéo sur l'épopée de l'entreprise italienne Beretta. Avec Olivier Petitjean, co-directeur de l'ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, aux éditions La Découverte.
Smith & Wesson, Colt ou encore Winchester... Les États-Unis semblent être à la pointe de l'industrie des armes à feux. Mais saviez-vous que l'un des principaux acteurs de ce marché est une vénérable entreprise européenne : Beretta ? (…)
De la République de Venise au Beretta 92 de l'armée américaine, retour vidéo sur l'épopée de l'entreprise italienne Beretta. Avec Olivier Petitjean, co-directeur de l'ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, aux éditions La Découverte.
Smith & Wesson, Colt ou encore Winchester... Les États-Unis semblent être à la pointe de l'industrie des armes à feux. Mais saviez-vous que l'un des principaux acteurs de ce marché est une vénérable entreprise européenne : Beretta ?
La première trace Beretta remonte à 1526, date d'un contrat entre Bartolomeo Beretta et la République de Venise. L'entreprise, originaire de la région de Brescia dans le nord de l'Italie, est aujourd'hui encore la propriété de la même famille.
Depuis 500 ans, Beretta équipe des armées et des forces de police en Italie et dans le reste du monde. Mais c'est en 1985 que l'entreprise obtient le contrat du siècle : le pistolet semi-automatique Beretta 92 (ou M9) devient l'arme de service de l'armée américaine. Il remplace le Colt 45 qui était utilisé depuis 1911.
Pour obtenir ce marché, l'entreprise italienne ouvre une usine de production sur place, dans l'État du Maryland. Le Beretta 92 devient l'une des armes les plus vendues de l'histoire, omniprésente au cinéma et dans les jeux vidéo.
En parallèle, Beretta va immédiatement mettre sur le marché une version du Beretta 92 pour la population civile. Les fabricants d'armes continuent aujourd'hui à appliquer la même stratégie : ils créent des nouveaux modèles pour les forces armées, puis en proposent une version civile. Commercialement, c'est un succès retentissant, mais cela contribue à la prolifération des armes à feu dans la société. Malgré les tueries à répétition, notamment dans les écoles américaines, le puissant lobby des armes à feu, la National Rifle Association (NRA), réussit à empêcher un véritable contrôle.
Beretta est d'ailleurs l'un des premiers financeurs de la NRA. Et quand en 2015, suite au massacre de Sandy Hook, le Maryland décide de passer des lois plus restrictives sur la possession d'armes, Beretta délocalise son usine dans le Tennessee.
Cette histoire est à retrouver dans le livre Multinationales, Une histoire du monde contemporain, publié aux éditions La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.