C’est un soir de printemps qui s’étire. Les fenêtres sont ouvertes sur la cour. Le merle reprend son chant dans la soirée qui commence. Au loin, dans la rue, quelques pétards. Nous sommes un soir de match à Paris. Pas n’importe quel match : le PSG rencontre l’Inter de Milan en finale de la Ligue des Champions. Quinze jours qu’on en parle. Il est 21 heures. Dans l’immeuble, une seule télé allumée : la nôtre. Les autres téléspectateurs de l’événement ont choisi de partager
L’invocation de l’hubris comme figure tragique d’un pouvoir narcissique et sans mesure, telle est la description d’un pouvoir trumpien qui semble s’imposer à tous comme une fatalité. Il est frappant d’observer avec quelle rapidité les acteurs politiques et les médias dans leur ensemble, ont tendance à normaliser ce régime en formation. Pourtant les infractions aux règles de l’État de droit, les violations de toutes sortes s’accumulent, en matière de relations internationales,
Du haut d'un causse ou d'un massif, le paysage impose au promeneur une évidence d'éternité immobile. Captif d'un à-perte-de-vue de monts dissous dans l'horizon, l'œil emporté par sa rêverie oublie que, sous l'illusion d'un hors-le-temps quiet à perpétuité, un temps réel, inhumain, a produit ce panorama de roc, qui en est la séquelle majestueuse. Des éons d'un chaos géologique de millions d'années ont balafré, surélevé, creusé la roche et, de surrection en plissement, de subduction
La photographie n’est pas un marivaudage. Ce médium découpe le réel, mais aussi parfois son absence. Chaque photographe pense peu ou prou entretenir un engagement documentaire mais, de fait, il crée souvent un clivage qui prend part à la transformation du monde. Celui-ci n’est pas seulement liée à un style ou à une forme, mais à une histoire intime. Bref, on ne badine pas avec le réel. Toute photographie n’est donc pas une représentation, mais une transformation. Un acte magique
En architecture les faits peuvent être drôles. Aussi est-il bon parfois de laisser ce dernier mot vagabonder et l’entendre soudain changer de sens, faisant en quelque sorte tourner l’étonnement en plaisanterie, le risible en surprenante étrangeté. « C’est drôle » : c’est ce qui vous échappe à la lecture du récent ouvrage du sociologue Jean-Louis Violeau où les péripéties de « l’architecte-auteur » contemporain deviennent aussi complexes que cocasses, aussi curieuses
Dans les années 1960, la réception de Marcuse en France – Lucien Goldmann l’accueille à plusieurs reprises à l’École pratique des hautes études – est centrée sur la critique de la rationalité technologique1. Gorz publie d’abord, dans une revue progressiste new-yorkaise, « Un appel à la subversion intellectuelle » (1964), une critique de L’Homme unidimensionnel. Tout en saluant le travail de Marcuse, Gorz se distancie de sa thèse selon laquelle la classe ouvrière occidentale
Dans un tourbillon de décrets exécutifs et de déclarations d’urgence, le président Donald Trump s’est lancé à la hache contre l’État américain et l’ordre mondial. Il met en pièce des pans entiers de l’administration, ferme des agences, licencie des fonctionnaires fédéraux. Il expulse des résidents permanents pour des délits d’opinion protégés par le premier amendement, révoque les visas d’étudiants étrangers et expédie des immigrés à Guantánamo Bay et dans une
J’ai trouvé ça drôle… mais aussi triste, comme quand il préfère la prison à la rue. Yanis, 11 ans. C’est beau la fin, ils ont rien, mais ils sont heureux. Sarah, 9 ans.
En 1910, Charles Péguy sut dire, avec infiniment de justesse, les vertus singulières de l’affaire Dreyfus : « Plus cette affaire est finie, plus il est évident qu’elle ne finira jamais. Plus elle est finie plus elle prouve1. » On en a une nouvelle fois la preuve avec le débat ouvert, depuis plusieurs jours, sur des propositions de loi trans-partisane au Sénat et à l’Assemblée nationale en faveur de l’élévation au grade de général de brigade, à titre posthume, du capitaine
Fruit d’un compromis entre le gouvernement Jospin et le groupe communiste à l’Assemblée nationale, qui a obtenu de le raccrocher à la loi de modernisation sociale, le harcèlement moral au travail naît en janvier 2002, dans la confusion de débats qui se sont étalés sur deux ans. Bien que faiblement réprimé (an an d’emprisonnement, 15 000 euros d’amende), le nouveau délit est regardé avec méfiance par les employeurs et perplexité par les praticiens : l’employeur n’a-t-il
Il y a vingt ans environ (cela passe vite, le temps), on pensait que l’histoire était « finie ». Le 5 mars 2000, Poutine déclarait envisageable, dans le futur proche, une entrée de la Russie dans l’Organisation du traité de l’Atlantique nord : « Nous pensons que nous pouvons discuter d’une intégration plus profonde avec l’OTAN. » Le 11 décembre 2001, la Chine venait d’entrer à l’Organisation mondiale du commerce en déclarant soutenir un commerce mondial libre et non