07.05.2024 à 15:48
Guillaume Grignard, Chercheur FNRS en sciences politiques, Université Libre de Bruxelles (ULB)
Dans un court article d’une œuvre immense, le médiéviste français Jacques le Goff s’est penché sur le rire au Moyen-Âge et nous disait une formule célèbre qu’on peut paraphraser ainsi « Dis-moi de quoi et de qui tu ris, et je te dirais qui tu es ».
Depuis les polémiques autour de la blague de Guillaume Meurice en octobre 2023 et son amplification récente qui a amené l’humoriste à être écarté de l’antenne de France Inter, beaucoup a été dit et plus que jamais cette discorde largement médiatisée et relayée dit quelque chose sur la France d’aujourd’hui. Cet article a comme objectif de cerner cette problématique par le prisme interdisciplinaire des travaux sur l’humour.
La littérature spécialisée sur le rire reconnaît en général trois grandes écoles qui appréhendent le phénomène : l’incongruité – utilisée souvent en linguistique – qui explique le rire par le décalage entre ce qui est attendu et ce qui survient ; le rire de supériorité – dont on retrouve traces chez Hobbes ou Bergson – qui analyse le rapport social entre le rieur et sa victime ; et le rire de libération de tendance freudienne qui concerne le lien entre le rire et les tabous.
La particularité de la blague de Guillaume Meurice, comparant Benyamin Nétanyahou à « une sorte de nazi sans prépuce » est qu’elle s’inscrit dans toutes les catégories. Il y a à la fois un élément paradoxal, utiliser le mot « nazi » pour qualifier un dirigeant israélien, un rapport particulier entre le rieur et sa cible et une référence à un organe génital.
Le deuxième élément me semble particulièrement intéressant à investiguer. En adressant ce sarcasme au premier ministre israélien, Guillaume Meurice utilise à la fois cet humour d’inversion des rapports de force puisqu’il s’en prend à quelqu’un qui a plus de pouvoir que lui. Il recourt alors à l’humour comme arme des opprimés. Mais en même temps, en osant cette formulation incongrue, il blesse une partie de la communauté juive, traumatisée par l’holocauste. Cette formule humoristique, quoiqu’on en pense à titre personnel, montre bien toute l’ambivalence de l’humour, à la fois arme des plus faibles et alibi innocent pouvant permettre toute interprétation. S’il ne fait aucun doute que Guillaume Meurice n’est ni antisémite, ni auteur d’une blague antisémite comme l’a démontré d’ailleurs la justice en classant sans suite la plainte qui lui était adressée, la blague qu’il a prononcée et réitérée illustre la polarisation que peut générer l’humour.
En m’appuyant sur un article fondamental pour la discipline par le linguiste Patrick Charaudeau, j’ai établi une grille de codage originale pour mesurer le discours des humoristes lors d’émissions en radio et en télévision. Cette grille s’inspire directement des théories de la supériorité et permet de mesurer la cible et la manière avec laquelle les humoristes ciblent les personnalités politiques.
Appliquée à l’émission Le grand dimanche soir, cette grille démontre comment le spectre politique français divisé en trois grands blocs lors des élections présidentielles 2022, se reproduit et se reconstruit au cours de cette émission. En outre, cette émission est désormais en public, ce qui permet d’intégrer le niveau d’applaudissement et les réactions des spectateurs.
L’analyse s’appuie alors sur des travaux en sociologie pour montrer comment l’émission rassemble un auditoire de gauche pour se moquer à la fois de la majorité présidentielle et des mandataires politiques du Rassemblement national, sur fond de guerre médiatique avec CNews et L’heure des pros, qui se prennent mutuellement pour cible à intervalle régulier.
Pour repartir sur le propos introductif emprunté à Jacques le Goff, cette analyse démontre que la France est un pays profondément divisé aujourd’hui et que l’humour amplifie cette division en accentuant les frontières entre les groupes politiques. Loin d’apaiser les tensions et d’offrir une soupape qui rassemble l’hexagone, l’émission Le grand dimanche soir, tirée par le public présent sur place et les excellentes audiences, rassemble la France progressiste face à l’extrême droite et à la majorité présidentielle. Loin d’épouser ici les approches psychologiques qui voient l’humour comme une forme de guérison, cette émission est plutôt un théâtre politique au contenu foisonnant pour les politologues, qui reproduit le rapport de force à l’Assemblée nationale.
La polémique autour de la blague de Guillaume Meurice nous invite à tempérer les vertus pacificatrices qu’on attribue régulièrement à l’humour. Au contraire, inspiré par le livre plutôt pessimiste de Bergson et d’autres ouvrages récents qui vont dans la même direction, l’humour apparaît dans ce contexte comme une arme politique de la division qui cristallise les identités entre les groupes et où chaque camp se rassemble contre les autres par l’alibi innocent du comique.
Il m’apparaît important de bien nuancer et préciser le propos. Il ne s’agit pas de dire ici que les humoristes de France Inter ont l’intention de diviser le pays davantage chaque dimanche, leurs intentions sont éminemment bienveillantes. Mais au contraire, il s’agit de montrer comment la division profonde de la société française, conjuguée à la présence du public qui excite le show dominical, s’exporte sur les planches des humoristes qui deviennent malgré eux des figures politiques de leur public. À aucun moment lors de mes recherches, je n’ai rencontré d’humoristes qui étaient sincèrement convaincus de jouer un rôle politique ou qui revendiquaient une quelconque forme de militantisme. Ce ne sont pas les humoristes qui ont un impact sur la société, c’est tout au contraire la société qui impacte leur travail et l’ampleur que prennent leurs blagues.
À lire aussi : De quoi riait-on au Moyen Âge ?
En conclusion, l’humour apparaît ainsi comme un véritable thermomètre démocratique, de quoi peut-être formuler une loi ou une relation de causalité à démontrer dans de futures recherches : plus une société démocratique parvient à rire d’elle-même, mieux elle se porte. A contrario, plus la société est divisée, moins elle parvient à se rassembler par le rire. L’ambivalence de l’humour apparaît alors comme un outil pertinent pour penser la solidité démocratique d’une société. L’éviction provisoire de Guillaume Meurice de France Inter serait ainsi le signal d’une France profondément divisée et marquée par la haine de l’autre camp, de quoi donner à l’humour un champ particulièrement fécond dans l’optique des élections présidentielles de 2027.
Guillaume Grignard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
07.05.2024 à 13:39
Souad Brinette, Enseignant chercheur en Finance, EDC Paris Business School - OCRE, EDC Paris Business School
Abdoulkarim Idi Cheffou, Associate Professor in finance and Dean of Research, ISG International Business School
Vesselina Tossan, maître de conférences HDR en sciences de gestion , Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
A growing number of companies are encouraging their employees to pursue their entrepreneurial dreams in-house – a trend known as intrapreneurship. Some managers do this by providing workers with the financial, human and material resources required for innovation. For example, Google has long encouraged employees to devote 20% of their working hours to side projects unrelated to their daily jobs. Others firms unleash workplace creativity by clearly stating the types of innovations they’re after.
Another less obvious and yet potentially game-changing method consists in tolerating, if not celebrating, failure. It’s common sense that rewards can act as “carrots” to encourage intrapreneurship – a concept we associate with success. But what if failure were just as important?
To create an organisational culture that boosts innovative intrapreneurial process, tolerating failure can be a first step. This can encourage employees to be more confident and to take measured risks – provided that this tolerance is made explicit to employees.
It’s also about encouraging the idea that learning can come from failure. Every stumble can be transformed into an opportunity because it helps us uncover new problems or different perspectives. An intrapreneur faced with an impasse acquires knowledge that she or he would not otherwise have been able to obtain. If someone else took over the project, they wouldn’t have been exposed to the same challenges, nor have the same learning as the original person.
It is possible to go even further. In a case study on the French energy company Engie, we looked at their decision to give “best failed ideas” awards to employees who dared – and failed – to realize their innovative ideas.
We analysed how Engie began to consider failed projects, not just to show a form of tolerance, but also to promote them within the company so that everyone can learn from them.
Despite being based on good ideas, some projects end up failing. They can be seen as quasi-successes, however, because sometimes it’s the company that decides to call them to an end. These are neither failures nor successes. Instead, they’re near-successes, also known as “nearlings”. These projects did not achieve the desired results for the firm, particularly in terms of profitability, but when carried out rigorously, they provided learning opportunities for the whole company.
The energy giant has even taken up the original idea of creating a category within its “innovation trophies” called “best failed idea”. The practice had already been popularised by Ratan Tata, head of a major Indian industrial group. It was an initiative by the company’s innovation manager to reward the best ideas that had “failed”, and the group experimented with the scheme from 2016 to 2020.
The selection procedure was not the same as for the other trophy categories, where project leaders apply spontaneously. Instead, the group’s innovation director canvassed candidates directly, acknowledging that presenting a failure was not easy.
The eventual winner of the “best failed idea” prize had a project whose development potential the company doubted and thus wasn’t financed. In a three-minute pitch, he was able to highlight what he had learned from the process, and the jury found his perseverance convincing. One of the members of the jury, a senior executive in the group, invited him to a private meeting – he had the intuition that while the idea had not been retained in its original context, it could be of use to his product line. Without this trophy category, the director would probably never have heard of the project.
And what if this type of initiative were to become widespread? Initiatives rewarding failure, which go beyond simply celebrating mistakes, are on the rise within large companies such as Google, Australia’s MacQuarie Telecom, the US accounting firm Intuit, the chemical firm Huntsman and the textile giant WLGore. Perhaps the name could be changed to “Best Nearling” to reassure employees who are reluctant to tell top management that they have failed, even if for the right reasons.
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.
07.05.2024 à 13:38
Carine Sebi, Professeure associée et coordinatrice de la chaire « Energy for Society », Grenoble École de Management (GEM)
Patrick Criqui, Directeur de recherche émérite au CNRS, économiste de l’énergie, Université Grenoble Alpes (UGA)
The EU’s climate agenda is in trouble. The Green Deal, which aims to slash the bloc’s carbon emissions by 55% by 2030, had started off promisingly after several major pieces of legislation were adopted, including its ban on the sale of new combustion-powered vehicles from 2035 and new carbon border tax. Increasingly, however, Europeans are rebelling against green restrictions of which they have difficulty seeing the advantages.
Another less reported upon but equally important threat to the bloc’s ecological and energy transition comes from the alarming number of Chinese and US companies moving into the EU power sector.
In our book, Energy: How to Recover Our European Ambition (published in French), we shed light on this overlooked issue ahead of European elections that will be critical for the EU’s energy strategy, and call on the bloc to carefully weigh up cooperation and competition with sovereignty.
While there currently isn’t any quantitative data on China’s share in the European energy market, we do know the country detains 80% of the global clean-technology manufacturing capacity in 11 segments, from solar wafers to many lithium-ion battery components.
Taking advantage of the sovereign debt crisis in Europe, Chinese investors first stepped in to acquire substantial stakes in what have long been regarded as “sovereign” sectors, such as power transmission and distribution grids, in the early 2010s. Key among those was the world’s largest utility company, the State Grid Corporation of China (SGCC), commonly known as the State Grid – the world’s fourth-biggest company overall by revenue, behind Walmart, Saudi Aramco and Amazon as of March. Also increasingly present is Three Gorges Corp, responsible for the world’s largest hydroelectric power complex.
For instance, in Portugal, Three Gorges Corp. won the bidding for the Portuguese government’s 21% stake in EDP-Energias de Portugal SA in 2010. Meanwhile, in Italy, SGCC expanded its presence by collaborating with the Italian government in 2014, acquiring a 35% share in the CDP Reti fund, thereby attaining a blocking minority at the local gas network operator, SNAM, and electricity transmission network operator, Terna. Similarly, in Greece the State Grid made substantial inroads by acquiring a 24% stake in the national electricity transmission network operator from the Greek government in 2016.
While Portugal, Italy, and Greece were primary targets, Chinese investors have also acquired grids in Luxembourg. Last but not least, let’s not forget China’s green-tech industry has flooded Europe with cheap solar panels and electric vehicles (EVs).
The stakes are all the higher because China is not the only country with ambitions in the EU: The United States is also seeking to benefit from the bloc’s poorly thought-out energy strategy.
Russia’s war against Ukraine has not weakened the United States’ energy dominance in the world, and more specifically in the EU. Indeed, while Russian gas was expected to act as a bridge fuel in the energy transition, particularly for Germany, the EU was quick to adopt sanctions against its long-term trade partner that minimised its dependence. Partly filling the vacant space left by Moscow, the United States has become the leading producer and exporter of LNG to Europe. This development favours US trade while domestic energy costs are kept low, further widening the price gap, with Europe experiencing an energy inflation and undermining its relative competitiveness and attractiveness to energy-intensive industry.
Beyond these energy-supply issues, EU member states are struggling to carve out a common vision, highlighting the challenges of sovereignty and strategic autonomy. European companies, particularly in France, have endeavoured to develop fourth-generation small modular nuclear reactors (SMR), with an attempt to create a European nuclear alliance made in November 2023. But at the same moment, countries such as Italy, Belgium, and Romania have partnered with the American Westinghouse Electric Company to develop lead-cooled fast reactors.
Here again, the coordination gap plays to the advantage of American influence in Europe, as confirmed by John Kerry in September 2023. As part of the international consortium “Clean Fuel from SMR”, led by American companies, the Czech Republic, Slovakia, and Poland were selected to participate and will receive support for coal-to-SMR feasibility studies. These EU countries are turning to the Americans to build new nuclear power plants, mainly because of their funding and technical expertise, while the EU continues to block all support for nuclear projects developed on its soil.
The scale of these foreign investments in renewable energies, new nuclear facilities and grid development could come to bear heavily onto the bloc’s strategic independence at a time when it’s looking to decarbonise.
These investments raise concerns over continental energy security, given the still fragmented nature of Europe’s energy landscape:
in the short run, supply issues due to the energy crisis urgently push the EU to turn to other foreign partners (other than Russia) and only shift our energy dependence problem;
in the longer term, faced with Chinese dumping and US protectionism, Europe will have to protect domestic energy manufacturers or grid operators after having long neglected them.
The main challenge for Europe is ending one dependency without falling into another. To replace imports of fossil fuels (coal, gas, and oil), harmful to the climate, the EU member states must accelerate and coordinate the development of their “green” technologies.
These risks demand that the bloc not only pays more attention to non-EU operators, but take greater responsibility over its own energy system. How can it do this, all while pursuing the vision of the “green, secure and affordable energy supply” set out in its Green Deal?
For starters, we recommend EU member states work harder on building truly European energy grids. As we move toward decarbonisation, we can expect an array of renewable energies to increasingly power our electricity system. These arrangements will require extensive and interconnected networks on a European scale, which must be consolidated and developed by the EU member states themselves.
A second emergency is green energy financing. In November, the European Climate Neutrality Observatory warned a lack of EU-level public investment in green energy and other advances could lead the bloc to fail to meet its net-zero goals. Rather than take heed of the warning, member states axed the fund earmarked for renewables and clean tech – the Strategic Technologies for Europe Platform (STEP) – to 1.5bn in February. Our book calls for a radical change of strategy, through the creation of a “European transition savings account” to attract private savings, on the one hand, and a “European sovereign fund” that receives proceeds from carbon-pricing revenues on the other.
Whether these actually come into being will depend on the upcoming European elections. Results leaning toward a higher European ambition could help us see in clean, affordable and secure solutions. At the other end of the spectrum, further veering to the nationalistic right could carry harmful effects for the bloc’s economic clout and, paradoxically, sovereignty.
Michel Derdevet, President of the organisation Confrontations Europe, coauthored this article.
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.
07.05.2024 à 13:38
Kévin Jean, Maître de conférences en épidémiologie, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Audrey de Nazelle, Senior lecturer, Imperial College London
Marion Leroutier, Postdoc Fellow, Institute for Fiscal Studies
Philippe Quirion, Directeur de recherche, économie, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
When the French government recently announced a plan to cut state spending by 10 billion euros, the budget for ecology, development and sustainable mobility was first on the chopping block, with cuts totalling 2.2 billion euros. At first glance, health appears to have been relatively spared, facing a cut of 70 million euros in its budget – a big number, but less than 1% of the total. Cutting state funding targeting sustainable mobility will, however, also contribute to deteriorating public health, in addition to increasing greenhouse gas emissions.
In a recent study, we evaluated the benefits for public health and the climate of cycling in France. Here’s what we learned.
Our work consisted of analysing data from the decennial personal mobility survey, conducted by the National Institute of Statistics and Economic Studies (INSEE). It aims to describe people’s mobility practices and to assess how and why the French travel, on a daily basis as well as longer trips. The 2019 edition was based on a nationally representative sample of nearly 14,000 people interviewed in 2018 and 2019.
The first finding is that the French don’t cycle very much – just over 2km per week on average for those aged 18 and over. By comparison, Dutch people aged 75 and over cover an average of 13.7km per week, almost seven times more.
We also found that men are responsible for three quarters of the kilometres travelled by bicycle in France, whereas the practice is much more gender balanced in the Netherlands.
Second, we looked at the chronic diseases and deaths avoided by the levels of cycling in 2019. To do this, we used the quantitative health impact assessment method, which makes it possible to calculate the extent of the health consequences of exposure to a risk factor or, on the other hand, the health benefits of a protective factor within a given population.
In the case of cycling, the summary of epidemiological studies tell us that 100 minutes of cycling per week reduces all-cause mortality by 10% in adults. This relationship between cycling time and mortality risk can then be extrapolated and applied to observed levels of cycling.
In the same way, we selected five chronic diseases for which an association with physical activity had been reported in meta-analyses: cardiovascular diseases, type 2 diabetes, breast cancer, cancer of the prostate and dementia.
We were able to demonstrate that, while the levels of cycling observed in 2019 were modest, if they remained constant, they would make it possible to avoid nearly 2,000 deaths and 6,000 cases of chronic disease each year.
These avoided deaths and chronic diseases also result in reduced health spending for the community. The direct medical costs that cycling helps avoid – hospitalisations, medical treatments, paid sickness leave – can be quantified using health insurance data: they amount to nearly 200 million euros each year.
If these direct medical costs have the advantage of being “tangible”, in the sense that they are monetary expenses, they represent only the tip of the iceberg: avoiding illness or death has a value for society, even in the absence of treatment or compensation. Indeed, illnesses and deaths have intangible consequences that affect not only the person concerned, but also those around them and the community. These include emotional damage, loss of well-being, impact on the lives of loved ones (especially caregivers), loss of productivity, and more.
To take this into account and consistently evaluate the costs of avoided diseases and deaths, health economists generally use the notion of “intangible health costs”, in other words, social health costs.
Based on this notion of intangible health costs, the commission – chaired by the economist Émile Quinet – recommended in 2013 to use the value of 3 million euros per death avoided (the equivalent of 3.48 million euros in current money) for the evaluation of public policies.
For our work, we thus estimated that cycling had made it possible to avoid 4.8 billion euros in social health costs in 2019. By taking the number of kilometres travelled by bike in the year of the survey (4.6 billion kilometres), we were able to estimate that each kilometre travelled by bike helps avoid around 1 Euro in social health costs.
If our analysis provides information on the current health benefits of cycling, it can also tell us more about the benefits to be expected from policies to promote cycling. This is particularly relevant in the French context, since there is significant potential for the development of cycling. In fact, in France, more than half of journeys of less than 5 km are made by car.
Here, the detailed individual data from the personal mobility survey makes it possible to model a scenario in which a portion of journeys of less than 5 km made by car would be made by bicycle. In our study, we simulated the effects of a 25% shift from the car to the bicycle for such journeys. Our results indicate that while quite modest, this switch would make it possible to prevent 1,800 more deaths and avoid an additional 2.6 billion euros in social health costs.
To put this in context, road safety policies over the last 10 years would have prevented around 1,500 deaths per year.
Finally, this simulation allowed us to estimate that such a modal shift scenario would reduce CO2 emissions by 250 kilotonnes per year. This corresponds more or less to double the emissions avoided by the tax credits granted for energy-saving renovations of housing which were implemented in 2015 and 2016.
Despite long-standing scientifically documented benefits, it is distressing to note that cycling has not benefited from significant investments, at least over the decade 2010-2019.
As a result, between the 2008 and 2019 personal mobility surveys, the proportion of journeys made by bicycle has not increased: instead, it stagnated at around 3%. Local authorities often present investments in cycling infrastructure from a cost perspective, but our study reveals the extent of the benefits that can be expected in terms of health, as do numerous other studies on the advantages of cycling in an urban context.
It can therefore be a valuable ally in reducing air pollution and travel times. Promoting bicycle mobility is also a way of reducing the role of the automobile in the city, the harmful effects of which on health are often underestimated.
Furthermore, most energy-climate scenarios compatible with France’s climate commitments, whether developed by the French Environment and Energy Management Agency (ADEME) or the non-profit négaWatt, foresee a significant increase in the use of bicycles. In such a context, public authorities would have everything to gain from highlighting the convergence of the climate and health benefits of cycling.
We have shown in other studies that the implementation of the low-carbon transition scenario described in 2021 by négaWatt would make it possible to avoid around 10,000 deaths per year by 2050, which would translate to 40 billion euros in economic benefits. Conversely, achieving carbon neutrality by relying essentially on the electrification of the vehicle fleet would completely miss the health benefits of physical activity linked to active transport.
This would represent a tremendous missed opportunity to mobilise this possible synergy between climate change mitigation and improvement of public health.
This article was co-written by Émilie Schwarz, scientific project manager within the investigation unit of the “Processing and data analysis support” directorate of Santé publique France, the French national agency for public health.
Kévin Jean is a member of the board of the association Sciences Citoyennes (volunteer activity). His team has received research funding from the ADEME and the ANRS-MIE.
Audrey de Nazelle has received funding from UK Research and Innovation (UKRI)
Philippe Quirion est président de l'association Réseau Action Climat France (activité bénévole).
Marion Leroutier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
07.05.2024 à 11:51
John Swierk, Assistant Professor, Chemistry, Binghamton University, State University of New York
Les tatouages, dont les plus anciens connus datent de plusieurs milliers d’années, sont devenus à notre époque un moyen relativement commun d’exprimer sa personnalité. La plupart des tatoueurs suivent des protocoles stricts en matière d’hygiène, et l’on pourrait supposer que la composition des encres qu’ils utilisent est également très réglementée.
La réalité est néanmoins quelque peu différente. Les résultats obtenus par mon équipe de chimistes suggèrent en effet que la composition de près de 90 % des encres à tatouer utilisées aux États-Unis n’est pas correctement indiquée sur leur étiquette. Il ne s’agit pas seulement d’un pigment manquant, ou d’une légère divergence entre l’affichage et le contenu. Dans de nombreux cas, les encres que nous avons testées contenaient en effet des additifs potentiellement préoccupants qui n’étaient pas répertoriés sur l’emballage.
Toutes les encres sont composées d’un ou plusieurs pigments, les molécules qui donnent leur couleur aux tatouages, ainsi que d’un support pour ces pigments. Avant le XXe siècle, les pigments utilisés pour les tatouages pouvaient être des cendres, du charbon de bois, des minéraux ou d’autres matériaux naturels. Vers le milieu du XXe siècle, cependant, les tatoueurs ont commencé à fabriquer leurs propres encres, en utilisant des pigments ou des colorants synthétiques.
(insolubles, les pigments demeurent en suspension dans le liquide qui les contient. Il s’agit de molécules souvent inorganiques, autrement dit ne contenant pas d’atome de carbone, dont la couleur n’est pas ou peu affectée par le milieu dans lequel ils sont. Les colorants sont quant à eux solubles dans le liquide qu’ils colorent. Ce sont des composés organiques – autrement dit des molécules contenant des atomes de carbone – dont la couleur varie selon le milieu, qu’il s’agisse du liquide dans lequel ils sont dissous ou du support sur lequel on les applique, ndlr).
Chaque mardi, notre newsletter « Et surtout la santé ! » vous donne les clés afin de prendre les meilleures décisions pour votre santé (sommeil, alimentation, psychologie, activité physique, nouveaux traitements…)
Aujourd’hui, presque tous les pigments utilisés dans les tatouages (à l’exception des pigments blancs et noirs) sont constitués de telles molécules synthétiques, ce qui permet d’obtenir des couleurs vives.
Initialement, les tatoueurs fabriquaient eux-mêmes leurs encres. Cependant, au cours des dernières décennies, le marché a changé, et désormais les encres sont produites par de grandes entreprises qui les vendent aux artistes. Nous avons décidé de vérifier si ces contenaient bien les ingrédients indiqués sur les étiquettes de ces mélanges. Pour cela, nous avons analysé 54 encres à tatouer disponibles sur le marché nord-américain.
Nos résultats ont révélé que plus de la moitié des encres analysées contenaient du polyéthylène glycol (PEG), sans que cela ne soit précisé sur l’emballage. Ce polymère fabriqué à partir d’éthylène glycol est présent dans divers produits médicaux, par exemple certains laxatifs. On sait cependant qu’il peut être à l’origine de réactions allergiques. En outre, dans le cas du tatouage, des recherches ont suggéré qu’une exposition répétée au PEG pourrait entraîner une insuffisance rénale.
Nous avons par ailleurs trouvé dans 15 encres du propylène glycol, un autre composé non mentionné dans les compositions. Structurellement similaire à la glycérine qui est utilisée pour épaissir l’encre, le propylène glycol est généralement non toxique. Cependant, certaines personnes y sont fortement allergiques. Ce composé a même été désigné comme allergène de l’année 2018 par l’American Contact Dermatitis Society (Société américaine de dermatite de contact). Une réaction allergique au propylène glycol peut provoquer une éruption cutanée, des démangeaisons et des ampoules.
Mon équipe a également identifié, dans plusieurs encres, des ingrédients couramment utilisés dans les cosmétiques, mais qui n’ont jamais été testés dans les produits de tatouage. Parmi ces produits non indiqués sur l’étiquetage figuraient le BHT, le dodécane et le 2-phénoxyéthanol. À faibles concentrations, le 2-phénoxyéthanol peut être un conservateur. Toutefois, la Food and Drug Administration a averti que ce produit peut être transmis aux nourrissons par l’allaitement maternel, et provoquer des vomissements et une déshydratation chez les bébés.
Sur les 54 encres que nous avons analysées, seules 29 indiquaient les pigments corrects, tandis que les autres ne listaient pas les pigments contenus, ou en indiquaient de mauvais. C’est un problème connu dans le domaine des encres à tatouer, que les fabricants n’ont toujours pas réglé.
Des travaux ont révélé que le noir de carbone, le principal pigment noir utilisé dans le tatouage, peut être contaminé par des molécules cancérigènes que l’on trouve également dans les gaz d’échappement des voitures et la fumée de cigarette.
Par ailleurs, de nombreux pigments rouges, jaunes et orange sont des pigments azoïques (qui contiennent deux atomes d’azote connectés). Ces pigments donnent des couleurs vives à l’encre, mais avec le temps, ils peuvent se décomposer en agents cancérigènes.
En Europe, la réglementation interdit l’utilisation du pigment bleu 15 contenant du cuivre et du pigment vert 7. Or ces deux pigments se sont avérés être les deux seuls pigments bleus et verts contenus dans les encres que nous avons testées. L’Union européenne a interdit ces pigments par crainte que leur utilisation dans les colorants capillaires ne puisse provoquer un cancer de la vessie. La possibilité qu’un tel lien existe suite à une utilisation dans le domaine du tatouage n’a pas encore été étudiée.
La Food and Drug Administration (ou FDA, l’administration américaine chargée de la protection et de la promotion de la santé publique) commence à prêter plus d’attention à la composition des encres à tatouer. En 2022, le Congrès a adopté le Modernization of Cosmetics Regulation Act, ou MoCRA, qui confère à cette agence fédérale des pouvoirs élargis pour réglementer ces produits.
La FDA est encore en train d’évaluer la meilleure façon d’appliquer le MoCRA, mais la nouvelle loi reposera sur la mise en place d’un étiquetage plus précis des ingrédients. L’agence bénéficiera également d’un pouvoir de rappel des encres jugées problématiques. Jusqu’ici, les encres à tatouer n’ont que rarement fait l’objet de rappels. Ceux-ci ont toujours été volontaires, et uniquement en raison de contaminations bactériennes.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus scientifique clair concernant les risques associés aux tatouages, même si l’on sait qu’ils peuvent provoquer des infections et des réactions allergiques, notamment parce que la taille, les couleurs ou l’emplacement des tatouages varient considérablement d’un individu à l’autre. Les problèmes de santé liés aux tatouages mis en évidence jusqu’ici concernaient essentiellement des problèmes survenus suite à des prestations réalisées par des artistes inexpérimentés, qui n’avaient pas respecté correctement les protocoles d’hygiène.
Nos résultats peuvent orienter les travaux des chercheurs désireux de déterminer quels événements indésirables éventuels pourraient être associés aux tatouages (tels que des réactions allergiques survenant à long terme, par exemple). Comprendre ce qui se trouve réellement dans les encres utilisées pourrait aussi aider les médecins à mieux cerner les problèmes de santé potentiels auxquels ils doivent être attentifs chez leurs patients tatoués.
Et si vous souhaitez vous faire tatouer en minimisant les risques de problèmes de santé, veillez à faire appel à un artiste expérimenté, formé aux bonnes pratiques d’hygiène et de soin post-tatouage.
John Swierk est financé par le National Institute of Health, la National Science Foundation et l'American Chemical Society Petroleum Research Fund.
07.05.2024 à 11:51
Céline Pulcini, Professeur de médecine, infectiologue, Université de Lorraine
Jean-Yves Madec, Directeur Scientifique Antibiorésistance de l'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
La moitié des Français environ possède un animal de compagnie. Les contacts entre les humains et leurs animaux sont souvent étroits et répétés. Si certains risques infectieux à l’interface homme/animal sont bien connus, comme la toxoplasmose, transmise par les chats, la menace de l’antibiorésistance vient rarement à l’esprit. Et pourtant…
La résistance des bactéries aux antibiotiques, ou antibiorésistance, est aujourd’hui identifiée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme l’une des menaces majeures pesant sur la santé de l’humanité.
Rien qu’en France, chaque année, environ 4500 personnes décèdent en raison d’une infection à bactérie multirésistante, c’est-à-dire résistante à de nombreux antibiotiques. Dans le monde, ce sont près de 1,3 million de personnes qui sont mortes en 2019 de telles infections, soit plus que les décès dus au paludisme ou au VIH.
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Le phénomène d’antibiorésistance compromet l’efficacité des traitements antibiotiques, nuisant à la santé humaine ainsi qu’à celle des animaux. Cela veut dire concrètement qu’on a de fortes chances de mourir d’une infection due à une bactérie qui ne peut pas être traitée par les antibiotiques disponibles, lorsque cette infection est grave.
De manière générale, la durée des soins est souvent plus longue lorsqu’une infection bactérienne est résistante aux antibiotiques, et il faut parfois être pris en charge à l’hôpital.
Par ailleurs, l’antibiorésistance augmente le risque de séquelles liées à l’infection, car l’infection devient alors plus difficile, voire impossible, à traiter.
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Une seule prise d’antibiotique suffit pour sélectionner des bactéries résistantes dans nos microbiotes, dans la flore intestinale par exemple. Une fois « porteur » d’une telle souche résistante, on ne s’en aperçoit pas forcément : on ne tombe pas toujours malade, la ou les bactéries vivent souvent simplement comme les autres dans notre organisme.
Le problème est que les bactéries, qu’elles soient résistantes ou sensibles aux antibiotiques, circulent… Elles se transmettent en permanence entre les êtres humains, les animaux (de compagnie ou d’élevage), et l’environnement (sol, eau, surfaces diverses…). On peut donc partager avec son animal des bactéries résistantes aux antibiotiques, et lui peut faire de même avec vous.
Ainsi, certains éleveurs de porcs se sont-ils retrouvés porteurs de staphylocoques multirésistants aux antibiotiques, lesquels leur ont été transmis par contact avec leurs animaux. Inversement, des staphylocoques multirésistants humains ont été transmis par des propriétaires à leur chien.
Le fait que l’antibiorésistance puisse se transmettre entre les animaux et l’être humain a été confirmé par un récent rapport des agences européennes.
Chez l’être humain comme chez l’animal, la prise d’antibiotiques peut se faire à la maison ou au cours d’une hospitalisation. Les bactéries résistantes peuvent ensuite circuler entre les membres du foyer (humains ou animaux), ou au sein de l’hôpital ou de la clinique vétérinaire, ou encore lors des différents contacts après la sortie d’hospitalisation.
En France, contrairement aux idées reçues qui circulent encore, les animaux - de compagnie ou d’élevage - consomment moins d’antibiotiques que les humains. Cela n’a pas toujours été le cas : cette situation résulte des efforts importants réalisés depuis plus de 20 ans en médecine vétérinaire, notamment dans le cadre des programmes ministériels Ecoantibio 1 et 2 et des règlements européens.
Les consommations humaines d’antibiotiques ont également évolué à la baisse en France, cependant de manière moins marquée que chez les animaux.
Il faut toutefois préciser que la forte baisse de consommation d’antibiotiques en médecine vétérinaire en France a surtout concerné les animaux d’élevage. Pour les animaux de compagnie, les usages sont restés globalement constants. C’est la raison pour laquelle le programme ministériel Ecoantibio 3, lancé en novembre 2023, demande un effort particulier pour les chiens, les chats et les chevaux.
Au niveau mondial, en revanche, les choses sont un peu différentes. L’usage des antibiotiques chez les animaux a certes globalement tendance à baisser ces dernières années, mais de nombreux pays utilisent encore les antibiotiques comme facteurs de croissance dans l’élevage. Depuis 2006, cette pratique est interdite dans les pays de l’Union européenne (UE), laquelle a étendu cette interdiction par le règlement 2019/6 entré en application le 28 janvier 2022, dont l’article 118 impose que les produits importés dans l’UE proviennent d’animaux n’ayant pas été traités avec des antibiotiques facteurs de croissance.
Quelques gestes simples, facilement applicables au quotidien, permettent de réduire le risque d’infection et d’antibiorésistance, chez l’homme comme chez l’animal :
Tous ces réflexes simples à appliquer au quotidien peuvent permettre à chacun de contribuer à préserver l’efficacité des antibiotiques, pour soi, pour ses proches et pour ses animaux, en France et ailleurs, maintenant et pour les générations futures. Atteindre cet objectif constitue un réel défi sociétal, politique et de santé, vis-à-vis duquel chacun doit se sentir concerné.
En effet, humains comme animaux, nous aurons tous possiblement besoin, à un moment donné de notre vie, de recourir à des antibiotiques pour soigner une infection bactérienne qui pourrait avoir, si elle ne peut pas être traitée de manière optimale, de graves conséquences pour notre santé.
Pour aller plus loin :
- Pour contribuer au bon usage des antibiotiques, en lien avec son professionnel de santé, ne pas hésiter à consulter Antibio’Malin, l’espace dédié aux antibiotiques du site santé.fr ;
-Jean-Yves Madec a contribué à l’ouvrage « L’antibiorésistance : un fait social total », qui illustre la nécessaire complémentarité des disciplines pour comprendre et lutter contre l’antibiorésistance.
-Céline Pulcini est l’auteur du roman « Dans le tourbillon de la médecine », qui aborde notamment le sujet des études de médecine, de la prévention des infections et de l’antibiorésistance.
Jean-Yves Madec ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Céline Pulcini ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.