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13.10.2025 à 19:46

« C’est la fin de la guerre » : le discours de Donald Trump à la Knesset

Matheo Malik

Devant le parlement israélien, Trump a affirmé que s’ouvrait pour le Moyen-Orient un nouvel âge d’or.

Dans un acte d’ingérence inédit, il a demandé publiquement au président Isaac Herzog de gracier le Premier ministre israélien — tout en vantant, en des termes particulièrement crus, la force du lobby pro-Netanyahou à Washington.

Nous traduisons les principaux extraits de son discours triomphaliste — commentés ligne à ligne.

L’article « C’est la fin de la guerre » : le discours de Donald Trump à la Knesset est apparu en premier sur Le Grand Continent.

Texte intégral (5880 mots)

Donald Trump avait mis en scène de manière particulièrement soignée son arrivée en Israël aujourd’hui, 13 octobre. Son avion a touché le tarmac alors que le Hamas s’apprêtait à libérer les 20 otages encore vivants détenus à Gaza. Au moment où il a commencé à prendre la parole à la Knesset — après un long retard par rapport à l’horaire prévu —, l’ensemble des otages vivants avaient regagné Israël et les prisonniers palestiniens libérés avaient rejoint les territoires palestiniens.

Cette séquence marquait le succès de la première phase du plan de paix en 20 points, entré en vigueur vendredi 10 octobre à 11h, qui comprend également la restitution des corps de 28 otages décédés et la libération de 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et de 1 700 personnes arrêtées depuis le 7 octobre 2023. 

L’objectif de Trump est désormais de passer à l’étape suivante de son plan, que ni Israël ni le Hamas n’ont pour le moment accepté. Cette deuxième phase, qui devrait inclure le désarmement du Hamas, le retrait progressif des forces israéliennes de Gaza et le déploiement d’une force internationale de stabilisation, a pour objectif de mettre fin définitivement aux combats. 

Lors de ce discours, Trump a affirmé que ces objectifs étaient atteints ; que Gaza serait démilitarisée et que le Hamas rendrait les armes.

Selon un sondage réalisé par la chaîne israélienne Channel 13, une large majorité d’Israéliens — 82 % — soutient le plan de paix en 20 points de Trump pour mettre fin à la guerre. 

Cette visite historique avait été préparée depuis plusieurs jours.

Au moment de son entrée en scène, Trump s’est fait longuement applaudir par une standing ovation de plus de deux minutes et au son de trompettes victorieuses. Des hourras et des cris ; le président Herzog lui glisse à l’oreille : « Vous voyez combien ils vous aiment ! »

Netanyahou s’est lui aussi longuement fait applaudir aux cris de « Bibi ! Bibi ! »

En appelant l’ambassadeur américain en Israël Mike Huckabee « ma rock star », le président de la Knesset, le membre du Likoud Amir Ohana, avait annoncé une « trumpisation » de la Knesset. Certains membres présents dans l’assemblée portent des casquettes rouges sur lesquelles est inscrit « TRUMP THE PEACE PRESIDENT ». (« Trump, le président de la paix »).

Une personne pose pour une photo avant que le président Donald Trump ne s’adresse à la Knesset, le parlement israélien, le lundi 13 octobre 2025, à Jérusalem. © AP Photo/Evan Vucci
Des personnes portant des casquettes sur lesquelles on peut lire « TRUMP THE PEACE PRESIDENT » (Trump, le président de la paix) à l’intérieur de la Knesset, alors que le président Donald Trump s’apprête à prononcer un discours, le lundi 13 octobre 2025, à Jérusalem. © Kenny Holston/The New York Times via AP

Comparant Donald Trump à Cyrus le Grand — l’empereur perse qui libère les Juifs de Babylone dans l’Ancien Testament — le président de la Knesset a déclaré que le président américain était « un géant de l’histoire juive » et que le peuple juif se souviendrait de lui pendant « des milliers d’années ».

Dans son long propos liminaire, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a quant à lui remercié Trump pour son intervention en Iran en disant qu’il avait donné un « coup de marteau » sur le régime de Téhéran pendant l’opération éponyme Marteau de Minuit (« Midnight Hammer »)

Au cours d’une longue prise de parole — dont le président américain a admis qu’elle le mettrait sans doute en retard pour le sommet en Égypte auquel il se rendait et auquel il avait finalement échoué dans la matinée à associer Netanyahou — le Premier ministre israélien a énuméré une série d’actions américaines qui ont bénéficié à Israël ces dernières années depuis les accords d’Abraham jusqu’aux attaques menées en juin contre les installations nucléaires iraniennes, affirmant que « Donald Trump est le plus grand ami que l’État d’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche ». 

Il a laissé entendre que, pour les Juifs du monde entier, le bombardement de Fordo pourrait être inscrit dans l’histoire mondiale. 

Dans son discours, pour la première fois depuis le 7 octobre, Netanyahou évoque la fin du temps de la guerre et appelle à la poursuite des accords d’Abraham. 

Acceptera-t-il le plan de Trump pour un nouveau Moyen-Orient ? À la Knesset, le président américain lui a dit frontalement : « Désormais, tu peux être un peu plus gentil, Bibi, parce que tu n’es plus en guerre. »

1 — L’annonce de la fin de la guerre et d’un « âge d’or » pour Israël

« Je tiens également à exprimer ma profonde gratitude envers tous les pays du monde arabe et musulman qui se sont unis pour faire pression sur le Hamas afin qu’il libère les otages et les renvoie chez eux. Nous avons reçu beaucoup d’aide. Nous avons reçu beaucoup d’aide de la part de nombreuses personnes que vous ne soupçonneriez pas, et je tiens à les en remercier chaleureusement. C’est une victoire incroyable pour Israël et pour le monde entier que tous ces pays aient travaillé ensemble en tant que partenaires pour la paix. C’est assez inhabituel, mais c’est ce qui s’est passé dans ce cas précis. C’était un moment très inhabituel, un moment brillant. Dans plusieurs générations, on se souviendra de ce moment comme celui où tout a commencé à changer, et à changer pour le mieux, comme aux États-Unis actuellement. Ce sera l’âge d’or d’Israël et l’âge d’or du Moyen-Orient. Tout va fonctionner ensemble. Je tiens à remercier plusieurs grands patriotes américains pour leur aide inestimable dans la réalisation d’un projet que presque tout le monde pensait absolument impossible. […] Beaucoup de gens nous disaient que nous perdions notre temps. Mais ce n’était pas le cas, car nous avions des personnes talentueuses qui travaillaient avec nous, et nous avions des personnes qui aiment votre pays. Et pour être franc, ce sont des personnes qui aiment la région, qui aiment le Moyen-Orient. »

Si Trump n’a pas eu le Prix Nobel de la Paix la semaine dernière — remporté vendredi par l’opposante à Maduro, Maria Machado — le gouvernement israélien appuie largement la propagande trumpiste dépeignant un « président de la paix ». Le compte officiel du Premier ministre avait ainsi tweeté la veille de l’annonce :

Avant de s’adresser au Parlement, Trump a signé le livre d’or de la Knesset dans lequel a écrit : « C’est un grand honneur pour moi, un grand et beau jour. Un nouveau départ. » Si toutefois, dans son discours Trump a présenté la guerre comme terminée, les membres de la coalition de Netanyahou ont refusé pour le moment de prononcer ces termes.

« Et vous savez, si vous y réfléchissez bien, vous êtes plus en sécurité aujourd’hui, plus forts aujourd’hui et plus respectés aujourd’hui qu’à aucun autre moment de l’histoire d’Israël.

Pensez-y. Les gens disaient autrefois que cela n’existerait pas. Ils ne le disent plus aujourd’hui, n’est-ce pas ? Pourtant, si la sécurité et la coexistence peuvent prospérer ici, dans les ruelles sinueuses et les chemins anciens de Jérusalem, alors la paix et le respect peuvent certainement s’épanouir parmi les nations du Moyen-Orient au sens large. Le Dieu qui habitait autrefois parmi son peuple dans cette ville nous appelle encore, selon les paroles de l’Écriture, à nous détourner du mal et à faire le bien, à rechercher la paix et à la poursuivre. Il murmure donc toujours la vérité dans les collines, les coteaux et les vallées de sa magnifique création. Et Il inscrit toujours l’espoir dans le cœur de ses enfants partout dans le monde. C’est pourquoi, même après 3 000 ans de souffrances et de conflits, le peuple d’Israël n’a jamais cessé d’être exposé à toutes sortes d’autres menaces. Vous voulez la promesse de Sion. Vous voulez la promesse du succès, de l’espoir et de l’amour. Et Dieu et le peuple américain n’ont jamais perdu la foi en la promesse d’un avenir grand et béni pour nous tous. »

Avant d’arriver en Israël, le président américain a gardé une certaine ambiguïté quant aux étapes à venir. 

Interrogé sur la possibilité pour le groupe terroriste de se « réarmer et de s’instituer en force de police palestinienne » et alors que plusieurs images de la bande de Gaza de ce lundi montraient que le Hamas déploie des combattants en armes, il a déclaré depuis le Air Force One : « Ils veulent effectivement mettre fin aux problèmes, et ils l’ont dit ouvertement. Et nous leur avons donné notre approbation pour une certaine période. » Il a également minimisé la portée de la force de stabilisation : « Je ne pense pas que cela aura un grand impact, car je pense que nous n’aurons pratiquement pas à l’utiliser. »

Dans un communiqué précédant le discours de Trump, le Hamas a déclaré : « L’accord conclu est le fruit de la fermeté de notre peuple et de la résilience de ses combattants de la résistance ». « Nous annonçons notre engagement à respecter l’accord conclu et le calendrier qui y est associé, tant que l’occupation s’y conforme » en ajoutant qu’Israël avait « échoué à récupérer ses prisonniers par la pression militaire, malgré la supériorité de ses services de renseignement et la puissance dont il dispose ». « À présent, il a capitulé et récupéré ses prisonniers grâce à un accord d’échange, comme la résistance l’avait promis dès le début. » 

« Au Liban, le poignard du Hezbollah, qui visait depuis longtemps la gorge d’Israël, a été totalement brisé. Mon administration soutient activement le nouveau président libanais dans sa mission visant à désarmer définitivement les brigades terroristes du Hezbollah. Il fait du très bon travail et construit un État prospère en paix avec ses voisins. »

Le président Trump a aussi évoqué la guerre menée contre le Hezbollah au Liban et les différents succès stratégiques de Benjamin Netanyahou dans la région.

2 — Ingérence : l’appel à gracier Netanyahou

« Hé, j’ai une idée. Monsieur le Président, pourquoi ne lui accordez-vous pas votre grâce ? Accordez-lui votre grâce. Allez. »

Dans un geste d’ingérence inédit, en direct depuis la tribune de la Knesset, le président américain s’est tourné vers le président israélien Isaac Herzog en lui demandant d’utiliser son droit de grâce envers le Premier ministre israélien. 

« Au fait, cela ne figurait pas dans le discours, comme vous vous en doutez probablement, mais il se trouve que j’apprécie beaucoup cet homme [Netanyahou]. Et cela me semble tout à fait logique. Vous savez, que cela nous plaise ou non, c’est l’un des plus grands présidents en temps de guerre. Et quelques cigares et du champagne, qui s’en soucie ? Bon, assez de controverses pour aujourd’hui, non. »

Après un long silence assez gêné, où les plans de coupes montrant le visage de Netanyahou alternant avec celui d’Isaac Herzog, Trump a avoué que ce passage n’était pas prévu dans son discours.

Le propos du président américain est une intervention brusque et unilatérale dans la vie politique israélienne, où Benjamin Netanyahou est fragilisé et acculé par des affaires judiciaires. En demandant à Isaac Herzog de faire usage de son droit de grâce en direct dans un Parlement étranger — le premier où il est reçu depuis le début de son deuxième mandat — Trump souhaite assurer un avenir politique à son allié Netanyahou en intervenant directement au cœur de la démocratie israélienne.

4 — Miriam Adelson et la reconnaissance de l’importance du lobby pro-Netanyahou

« Miriam et Sheldon venaient au bureau. Ils m’appelaient. Je pense qu’ils se sont rendus à la Maison-Blanche plus souvent que n’importe qui d’autre à ma connaissance. Regardez-la, assise là, l’air si innocent. Elle a 60 milliards à la banque. 60 milliards. Et elle aime Israël, mais elle l’aime vraiment. Ils venaient, et son mari était un homme très agressif, mais je l’aimais. Il était très agressif — mais il me soutenait beaucoup. »

« Et il m’appelait pour me demander s’il pouvait venir me voir. Je lui disais : « Sheldon, je suis le président des États-Unis. Ça ne marche pas comme ça. » Il venait quand même. »

« Ils ont joué un rôle très important dans beaucoup de choses, notamment en me faisant réfléchir au plateau du Golan, qui est probablement l’une des meilleures choses qui soient jamais arrivées. »

« Je lui ai demandé un jour si elle préférait Israël et les États-Unis. Elle n’a pas répondu — ce qui signifie qu’elle préfère peut-être Israël. »

Dans l’un des passages les plus étonnants du discours — et également les plus repris par la frange antisémite du mouvement MAGA — le président américain a semblé reconnaître ouvertement l’influence disproportionnée auprès du gouvernement américain du lobby pro-Netanyahou.

Le président remercie dans l’assistance Miriam Adelson, veuve du milliardaire Sheldon Adelson. À la tête d’une des plus grandes fortunes américaines, elle avait significativement contribué à la campagne de Trump en 2024, avec un don de 106 millions de dollars. Depuis la mort de son mari — lui-même grand donateur républicain au point d’avoir une réputation de « faiseur de rois » dans le parti de la Maison-Blanche, et proche du Premier ministre israélien — elle a fait campagne pour des politiques radicales, militant fermement pour le développement des colonies en Cisjordanie et même pour l’annexion de la bande de Gaza par l’État hébreu.

La veille du discours, un immense drapeau américain — le « plus grand du Moyen-Orient » — avait été planté dans les territoires occupés illégalement en Cisjordanie — appelée par les colons « Judée Samarie ».

5 — Les « huit paix » — et les guerres qui restent

« Pensez-y : nous avons réglé huit guerres en huit mois ; j’ajoute celle-ci, au fait, si cela ne vous dérange pas. Ils diront peut-être que cela a été rapide, car hier, je parlais de sept guerres, mais aujourd’hui, je peux dire huit. »

Les « huit guerres en huit mois » que le président évoque sont les conflits entre la Thaïlande et le Cambodge, entre la Serbie et le Kosovo, entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, entre le Pakistan et l’Inde, entre Israël et l’Iran, entre l’Égypte et l’Éthiopie, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et maintenant entre Israël et Hamas.

L’accord Israël-Hamas est une victoire diplomatique majeure pour le président américain qui avait déclaré à bord du Air Force One pour se rendre en Israël : « Ce sera la huitième guerre que j’aurai résolue, et j’entends dire qu’il y a actuellement une guerre entre le Pakistan et l’Afghanistan. J’ai dit : je devrai attendre d’être de retour. J’en règle déjà une autre en ce moment. Parce que je suis doué pour résoudre les guerres. Je suis doué pour faire la paix. »

Le président américain rencontrera le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche ce vendredi 17 octobre. Il est fort probable qu’une fois son attention libérée du Moyen-Orient, il se tournera vers le conflit en Ukraine, qu’il avait promis de résoudre en 24 heures lors de la campagne électorale de 2024. Hillary Clinton avait déclaré qu’elle proposerait elle-même le nom de Trump pour le prix Nobel de la paix si ce dernier parvenait à mettre fin à la guerre en Ukraine sans que Kiev ne cède de territoire à la Russie.

6 — Steve Witkoff et Jared Kushner : les figures du nouveau Moyen-Orient américain

« Je tiens à remercier mon ami Steve Witkoff. Vous savez, c’est moi qui ai choisi Steve. Il n’avait jamais fait cela auparavant, mais je le connaissais sous plusieurs aspects. C’était un excellent homme d’affaires, mais pour être honnête, je connais beaucoup d’excellents hommes d’affaires. Il avait d’incroyables talents de négociateur, mais je connais beaucoup de gens qui savent très bien négocier. Même si c’est un art, il y a des gens qui savent très bien négocier. Mais le plus important chez Steve, c’est qu’il est tout simplement quelqu’un de formidable. Tout le monde l’aimait. Tout le monde. Je connais des négociateurs qui sont très doués, mais vous n’auriez pas eu la paix au Moyen-Orient. Vous seriez… Nous serions en pleine Troisième Guerre mondiale avec certains d’entre eux. Tout le monde aime Steve, le respecte et s’identifie à lui d’une manière ou d’une autre. Je le connais depuis de nombreuses années et je l’ai vu maintes et maintes fois. »

« Puis nous avons appelé Jared. Nous avons parfois besoin de son intelligence. Nous devons faire venir Jared ici. Nous devons faire venir son groupe de personnes. Mais Steve a commencé tout cela tout seul. Je l’appelle Henry Kissinger. Sauf que Steve qui ne divulgue rien. »

Steve Witkoff, émissaire pour les « missions de paix », avait aussi été envoyé rencontrer le président russe Vladimir Poutine au printemps et à l’été 2025. La rencontre d’août 2025 prenait place alors que Donald Trump avait donné un ultimatum à la Russie pour un cessez-le-feu, en menaçant l’économie russe de nouvelles sanctions. 

« J’ai organisé une rencontre entre lui [Steve Witkoff] et le président Poutine, pensant qu’il s’agirait d’une réunion de 15 ou 20 minutes. Steve ne connaissait rien à la Russie, ni à Poutine. C’était trop pour lui. Il ne connaissait pas grand-chose à la politique, cela ne l’intéressait pas vraiment. Il était très doué dans l’immobilier, mais il avait cette qualité que je recherchais et que je ne voyais pas souvent. J’ai donc organisé la rencontre avec Poutine. J’ai appelé. J’ai demandé : ‘Steve a-t-il terminé ?’ Cela faisait environ une demi-heure que la rencontre avait commencé. ‘Non, monsieur, il n’a pas terminé. Il est toujours à l’intérieur.’ Nous étions à Moscou. J’ai demandé : ‘Comment ça se passe ?’ ‘Je ne sais pas, monsieur. Il est toujours à l’intérieur.’ J’ai rappelé une heure plus tard. ‘Laissez-moi parler à Steve, monsieur’. ‘Il est toujours avec Poutine. Il est avec le président Poutine.’ J’ai dit : Waouh, c’est une longue réunion. Une heure. J’ai rappelé une heure plus tard, il était toujours avec Poutine. Trois heures, il était toujours avec Poutine. Quatre heures, il a commencé à faire savoir qu’il allait bientôt sortir. Et au bout de cinq heures, il est sorti. J’ai dit : ‘Mais de quoi avez-vous bien pu parler pendant cinq heures ?’ Et il a répondu : « Juste beaucoup de choses intéressantes. Nous avons juste… Nous avons parlé de beaucoup de choses intéressantes, y compris de la raison pour laquelle il était là. Mais on ne peut pas en parler pendant cinq heures. On peut en parler pendant un certain temps et on sait ce qu’on obtient. Mais c’est un talent. C’est un talent que de pouvoir faire ça. La plupart des gens que j’enverrais, premièrement, ne seraient pas acceptés. Deuxièmement, s’ils l’étaient, la réunion durerait cinq minutes. Et c’est ce qui se passe avec Steve. Tout le monde l’aime. »

Ce week-end, le gendre de Donald Trump Jared Kushner et son émissaire Steve Witkoff, tous deux en première ligne des négociations avec le Hamas, avaient pris part au Conseil des ministres du gouvernement Netanyahou et s’étaient exprimés sur la Place des otages hier soir le 12 octobre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’un conseil des ministres avec Steve Witkoff (à gauche), envoyé spécial du président Trump au Moyen-Orient, et Jared Kushner (à droite), gendre du président, le 10 octobre 2025. © Newscom/SIPA
Ivanka Trump, s’adresse à la foule sur la scène de la place des Otages à Jérusalem le 12 octobre 2025. Steve Witkoff et Jared Kushner sont en arrière plan. © Sharon Eilon/SOPA/SIPA

« Jared a été d’une grande aide. Il a vraiment fait quelque chose de très spécial. Il a établi les accords d’Abraham avec un groupe de personnes formidables. »

Le président remercie également Jared Kushner pour son rôle dans la signature des accords d’Abraham en septembre 2020. Ceux-ci, conclus à la Maison-Blanche lors du premier mandat de Trump, normalisaient les relations entre Israël d’une part, les Émirats arabes unis et Bahreïn de l’autre — ils sont le principal héritage du premier mandat de Trump et sont aujourd’hui intégrés à son récit.

7 — Un discours interrompu 

« Bon, revenons à Steve… »

Alors qu’il était en train de longuement féliciter Steve Witkoff — « c’est juste un gars bien » — le discours de Trump a été interrompu par incident : deux individus sont évacués par la sécurité. 

Le président de la Knesset avait prévenu dans son discours liminaire : « Si quelqu’un interrompt le discours il sera renvoyé, mais vous avez le droit d’applaudir ». 

Deux députés membres du parti de gauche Hadash, Ayman Odeh et Ofer Cassif, sont vite appréhendés par les services de sécurité et forcés de quitter les lieux pour avoir brandi un papier appelant à la reconnaissance de la Palestine. 

Déclarant que cette évacuation avait été « très efficace », le président américain a repris le fil de son discours en faisant acclamer son émissaire par les parlementaires israéliens aux cris de « Witkoff ! Witkoff ! »

8 — L’ennemi commun : l’Iran

« L’Iran avait raison de penser que c’était notre dernière chance. Voilà vingt deux ans qu’ils cherchaient à avoir l’arme nucléaire. C’était notre dernière chance. C’est ce que les pilotes m’ont dit ; ils m’ont dit « Vingt-deux ans, monsieur ». Ils l’ont étudiée, nos prédécesseurs l’ont étudiée, ils l’ont étudiée trois fois par an, ils ont fait des exercices sur cette attaque précise et ils ont vraiment bien fait. 

Trump fait applaudir son chef d’état-major des Armées lors du rappel de l’opération Marteau de Minuit. Il présente l’opération comme une condition préalable à l’accord de paix réalisé aujourd’hui avec la libération des otages.

Mais supposons qu’ils n’aient pas réussi. Et supposons que l’Iran ait disposé d’armes nucléaires à grande échelle. Nous ne serions pas ici aujourd’hui, même si nous avions signé l’accord — ce que nous n’avons pas pu faire parce que beaucoup de gens ne voulaient pas y être associés. 

En frappant l’Iran, nous avons écarté un gros nuage du ciel du Moyen-Orient et d’Israël, et j’ai eu l’honneur d’y contribuer.

Ils ont pris un gros coup, n’est-ce pas ? N’est-ce pas qu’ils ont pris un gros coup ? Bon sang, ils l’ont pris d’un côté, puis de l’autre. Et vous savez, ce serait formidable si nous pouvions conclure un accord de paix avec eux. Et je pense que c’est peut-être possible. Seriez-vous satisfait de cela ? Ne serait-ce pas formidable ? Je pense que oui, car je pense qu’ils le veulent, je pense qu’ils sont fatigués. »

Dans le même passage, Trump appelle Steve Witkoff et Jared Kushner à se charger d’une nouvelle mission pour faire la paix en Iran — en faisant toutefois passer ce dossier après la fin de la guerre en Ukraine : « mais avant, il faut s’occuper de la Russie ».

Si Trump rappelle sa décision, lors de son premier mandat, de retirer les États-Unis de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, il critique aussi son prédécesseur Barack Obama, sous la présidence duquel l’accord avait été signé. Le retrait américain de l’accord en 2018 s’était accompagné du rétablissement des sanctions économiques contre l’Iran. 

« Obama est parti et l’accord sur le nucléaire iranien s’est avéré être un désastre. Et d’ailleurs, j’ai mis fin à l’accord sur le nucléaire iranien, et j’en suis très fier. »

9 — La puissance hollywoodienne de l’armée américaine

« Mes collaborateurs ont adoré travailler avec vous. Ils ont adoré. Ils ont très bien travaillé ensemble. Mais de nombreux terroristes iraniens de haut rang, notamment des scientifiques nucléaires et des commandants, ont été éliminés de la surface de la Terre grâce à l’opération Marteau de Minuit. C’est un nom génial pour cette opération. Ce que nous avons fait en juin dernier, l’armée américaine a fait voler sept de ces magnifiques bombardiers B2. Ils sont soudainement devenus si beaux. Ils l’ont toujours été. Je trouvais simplement que c’étaient de jolis avions. Je ne savais pas qu’ils pouvaient faire ce qu’ils ont fait. En fait, nous venons d’en commander vingt-huit autres. »

À plusieurs reprises, Trump se vante de la puissance de destruction des armes américaines et se félicite de la réussite de l’opération Marteau de Minuit de juin 2025, qui aurait permis de détruire trois sites du programme nucléaire iranien. Il a également présenté le soutien militaire des États-Unis à Israël comme la principale raison de l’accord de paix. Il a félicité le Premier ministre israélien pour avoir « très bien utilisé » les armes américaines. 

Il n’est pas possible de savoir si l’information de la commande de 28 nouveaux bombardiers B2 était scriptée, mais il s’agit en tout cas d’une annonce — Trump avait évoqué en août une commande d’un « nombre considérable » mais aucun chiffre n’avait jusqu’ici été avancé par l’administration américaine.

« Les États-Unis possèdent actuellement l’armée la plus importante et la plus puissante de l’histoire mondiale. Je peux vous dire que nous disposons d’armes dont personne n’aurait jamais osé rêver. J’espère seulement que nous n’aurons jamais à les utiliser. J’ai reconstruit l’armée. J’étais fier de le faire. Mais certaines choses m’ont déplu, j’ai détesté certaines armes parce que leur puissance est tellement énorme. Elles sont tellement dangereuses, tellement mauvaises. Mais nous devons faire ce que nous avons à faire. Nous fabriquons.

Et je veux dire, Bibi m’appelait tellement souvent. Pouvez-vous me procurer cette arme ? Cette arme ? Cette arme ? Certaines d’entre elles, je n’en avais jamais entendu parler. Bibi et moi les avons fabriquées. Mais nous les avons obtenues, n’est-ce pas ? Et ce sont les meilleures. Ce sont les meilleures. Mais tu les as bien utilisées. Il faut aussi des gens qui savent s’en servir, et tu les as manifestement très bien utilisées ; tu en as tellement utilisé qu’Israël est devenu fort et puissant, ce qui a finalement conduit à la paix. C’est ce qui a conduit à la paix. Alors que nous célébrons aujourd’hui, souvenons-nous comment ce cauchemar de dépravation et de mort a commencé. »

« C’est aujourd’hui une période très excitante pour Israël et pour tout le Moyen-Orient. Car partout dans cette région, les forces du chaos, du terrorisme et de la ruine qui la ravagent depuis des décennies sont désormais affaiblies, isolées et totalement vaincues. Une nouvelle coalition de nations fières et responsables est en train de voir le jour. Et grâce à nous, les ennemis de toute civilisation battent en retraite, grâce au courage et à l’incroyable habileté des Forces de défense israéliennes dans le cadre de l’opération ‘Rising Lion’. C’est un casting parfait. Mettons-les dans un film. »

Dans l’avion qui le conduisait en Israël, Trump avait prononcé ces mots : « Je ne pense pas qu’il y ait quoi que ce soit qui me mènera au paradis. Vraiment, non. Je crois que je ne suis peut-être pas destiné au paradis. Je suis peut-être déjà au paradis en ce moment, alors que nous volons à bord d’Air Force One. Je ne suis pas sûr de pouvoir atteindre le paradis. Mais j’ai amélioré la vie de beaucoup de gens. »

10 — Le nouveau Moyen-Orient

« Après tant d’années de guerre incessante et de danger permanent, aujourd’hui, le ciel est calme, les armes sont silencieuses, les sirènes se sont tues et le soleil se lève sur une terre sainte enfin en paix. »

« Une terre et une région qui vivront, si Dieu le veut, dans la paix pour l’éternité. »

« Ce n’est pas seulement la fin d’une guerre, c’est la fin d’une ère de terreur et de mort et le début d’une ère de foi, d’espoir et de Dieu. C’est le début d’une grande concorde et d’une harmonie durable pour Israël et toutes les nations de ce qui sera bientôt une région vraiment magnifique. J’en suis profondément convaincu. C’est l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient. »

Il a également évoqué les contours du plan de Tony Blair, qui placerait Gaza sous une autorité internationale de transition. Il a souligné le rôle que joueraient les investissements de certains pays très riches — sans les nommer — dans la reconstruction et le développement de la « Gaza Riviera ». Dans l’esprit de ce plan, qui relève davantage d’un projet entrepreneurial que d’une proposition de transition politique, Trump souligne surtout les perspectives commerciales qui s’ouvriraient pour l’enclave. 

« Tout le monde veut en faire partie. Ça s’appelle le Conseil d’administration de la paix. Qu’en pensez-vous ? C’est un joli nom, non, le Board de la paix ? Le seul inconvénient, de mon point de vue, c’est que tous les pays concernés m’ont demandé de le présider. Et je peux vous dire que je suis très occupé. Je ne m’attendais pas à cela. Mais vous savez quoi ? Si nous le faisons, nous le ferons bien, et nous disposons d’un pouvoir et d’une richesse incroyables, car il nous faudra de la richesse pour cela. Vous aurez besoin de richesse pour reconstruire. Et ces gens-là ont une richesse que peu de gens possèdent. Je tiens à remercier les nations arabes et musulmanes pour leur engagement à soutenir une reconstruction et un avenir sûrs pour Gaza. »

« J’ai eu de nombreux pays arabes, des pays très riches qui se sont proposés et ont déclaré qu’ils allaient investir des sommes considérables pour reconstruire Gaza. Et je pense que cela va se produire. »

Outre Bahreïn et les Émirats arabes unis, signataires des accords d’Abraham en octobre 2020, Trump évoque ses efforts pour normaliser les relations d’Israël avec d’autres pays.

En novembre 2020, il avait annoncé un accord de normalisation entre le Soudan et l’État hébreu (signé en janvier 2021, mais jamais ratifié). Le mois suivant, une déclaration conjointe des États-Unis, du Maroc et d’Israël avait été signée, prévoyant l’établissement de relations diplomatiques et la réouverture des bureaux de liaison à Rabat et Tel-Aviv. En échange, Israël avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. 

« J’espère sincèrement et je rêve, très sincèrement, que les accords d’Abraham se révéleront être tout ce que nous avions espéré. Ces quatre pays ont fait preuve d’un immense courage en signant ces accords. Ils l’ont fait très tôt. Et chacun d’entre eux en tire des avantages financiers incroyables. Et si vous faites attention, même pendant cette période difficile que nous venons de traverser, ils sont tous restés membres des accords d’Abraham. Ils ont fait un travail incroyable. Et je… Vous savez qui vous êtes, et je tiens à vous remercier. Ils sont restés par loyauté, mais aussi parce que c’était vraiment une bonne affaire. Ils ont gagné beaucoup d’argent en tant que membres, et vous allez tous… Je pense, j’espère que chacun d’entre vous. J’espère que tous les pays que nous recherchons, Jared, j’espère qu’ils adhéreront rapidement. Pas de jeux, rien. Adhérez, tout simplement. Cela va être un formidable facteur de paix. Cela va vraiment rassembler au-delà de tout ce que l’on pouvait imaginer, au-delà des rêves les plus fous. »

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13.10.2025 à 18:43

L’« Arctic Express » : un porte-conteneurs chinois arrive en Angleterre via l’Arctique

Marin Saillofest

L’Istanbul Bridge, un porte-conteneurs chinois, devrait achever aujourd’hui, lundi 13 octobre, son itinéraire Chine-Angleterre en seulement 20 jours, soit deux fois moins que les 40 jours requis en moyenne en passant par le canal de Suez.

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Aujourd’hui, lundi 13 octobre en fin de journée, l’Istanbul Bridge, un porte-conteneurs chinois, parti il y a trois semaines du port de Ningbo, situé à une centaine de kilomètres au sud de Shanghai, devrait arriver au port de Felixstowe, en Angleterre.

Cette arrivée est plutôt symbolique, même si le navire est présenté comme inaugurant un nouveau service, l’« Arctic Express », qui doit relier les principaux ports chinois aux ports européens à travers la route arctique. 

  • Pour la première fois dans l’Arctique, un cargo opère comme un véritable service de ligne, avec plusieurs escales prévues sur son itinéraire.
  • La route maritime du Nord offre une réduction significative des distances de transport (et donc des coûts) par rapport à la route passant par le canal de Suez — ou celle du Cap de Bonne-Espérance, de plus en plus empruntée suite à l’intensification des attaques houthistes en mer Rouge.
  • L’Istanbul Bridge devrait ainsi compléter le trajet Ningbo-Felixstowe en seulement 20 jours, contre 40 jours en moyenne en passant par Suez. Il a parcouru seul les 8 000 miles nautiques, sans être escorté par un brise-glace.

La route arctique reste sous-développée pour le transport maritime commercial (autour de 90 conteneurs ont emprunté cette route en 2024), mais il s’agit d’une composante clef dans la stratégie arctique de Moscou.

  • La route se trouve en effet à l’intérieur de la zone économique exclusive de la Russie.
  • La stratégie arctique russe de 2020 vise à faire transiter 90 millions de tonnes de fret par an par cette route d’ici 2030 et 130 millions d’ici 2035, contre 32 millions en 2020.
  • Actuellement, une grande partie des cargaisons qui empruntent ce corridor sont des hydrocarbures (gaz et pétrole principalement).

Alors que le réchauffement climatique — qui a un impact particulièrement marqué dans l’Arctique où la température augmente trois fois plus vite que la moyenne mondiale — devrait réduire la couverture de glace et allonger donc les périodes de navigation, la hausse du nombre de cargos dans la région comporte de graves risques environnementaux et aura un impact sur l’écosystème fragile de la région.

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13.10.2025 à 17:45

Comprendre l’escalade armée entre le Pakistan et l’Afghanistan

Marin Saillofest

Islamabad et Kaboul revendiquent tous deux avoir causé plusieurs dizaines de pertes lors d'attaques qui ont culminé durant le week-end, dans la nuit du 11 au 12 octobre, avec une opération transfrontalière afghane ayant conduit à la mort d'environ 60 soldats pakistanais, selon les autorités talibanes.

Islamabad affirme avoir provoqué plus de 200 pertes du côté afghan, faisant état d'un bilan humain de 25 morts. Le ministre pakistanais de l’Intérieur a promis une riposte « coup pour coup ».

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Texte intégral (777 mots)

Depuis le vendredi 10 octobre, la situation a considérablement escaladé entre le Pakistan et l’Afghanistan suite à l’attribution de frappes pakistanaises sur la capitale afghane par les autorités talibanes, la veille, jeudi 9.

Durant le week-end, des affrontements armés et bombardements auraient provoqué la mort de plusieurs dizaines de soldats des deux côtés.

  • Au lundi 13 octobre, Islamabad revendique avoir éliminé « plus de 200 combattants talibans afghans et militants affiliés », faisant état de 23 soldats tués 1.
  • Les autorités afghanes revendiquent quant à elles avoir capturé 25 postes militaires de l’armée pakistanaise, provoquant la mort de 58 soldats et plusieurs dizaines de blessés 2.
  • L’absence de médias indépendants dans les zones frontalières entre les deux pays ne permet toutefois pas de confirmer ces déclarations.

Les deux pays s’affrontent régulièrement, directement et indirectement, dans le cadre de la lutte menée contre des groupes terroristes agissant des deux côtés de la frontière. Tandis que le gouvernement d’Islamabad accuse son voisin d’abriter des talibans pakistanais membres du Tehrik-e-Taliban (TTP), Kaboul accuse le Pakistan de servir de refuge aux combattants de l’État islamique.

  • Le Pakistan n’a pas revendiqué être à l’origine de la frappe du jeudi 9 octobre sur Kaboul, qui n’aurait pas provoqué de victimes.
  • Au même moment, des frappes attribuées par les autorités talibanes au Pakistan ont été signalées dans la province de Paktika, dans le sud-est du pays.
  • L’armée pakistanaise a toutefois déjà mené des frappes meurtrières en Afghanistan, notamment en décembre 2024, lorsque des attaques aériennes dans cette même province avaient fait une quarantaine de victimes, principalement des femmes et des enfants 3.

Les combattants du TTP ont intensifié ces derniers mois leur campagne menée contre les forces de sécurité pakistanaises dans la zone frontalière avec l’Afghanistan. Un rapport du Center for Research and Security Studies (CRSS) note que le nombre de victimes d’actes terroristes devrait continuer d’augmenter cette année au Pakistan, se situant à la fin du troisième trimestre à 2 414 — contre 2 546 l’an dernier 4.

  • Dans un rapport publié cette année, le Conseil de sécurité des Nations unies estimait que le gouvernement taliban, qui a repris le pouvoir à Kaboul en 2021, a « accueilli et activement soutenu » le TTP.
  • Selon les données compilées par ACLED, le nombre d’attaques menées par le groupe au Pakistan a fortement augmenté, passant d’environ 100 par an à plus de 500 cette année entre janvier et octobre.
Sources
  1. Fierce clashes along Afghan border take heavy toll », Dawn, 13 octobre 2025.
  2. Soldiers killed, posts captured : Why Afghanistan, Pakistan are clashing at the border », Hindustan Times, 12 octobre 2025.
  3. Taliban say Pakistani airstrikes killed 46 people in eastern Afghanistan, mostly women and children », Associated Press, 25 décembre 2024.
  4. Three Quarters of 2025 Nearly as Violent as Entire 2024, CRSS.
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13.10.2025 à 10:57

Prosopographie du gouvernement Lecornu II : moins parisien, mêmes équilibres partisans

Marin Saillofest

La composition du nouveau gouvernement Lecornu II annoncé hier soir, dimanche 12 octobre, révèle une composition similaire à la précédente formation en termes d’équilibres partisans. Dominé par des ministres figurant déjà dans le précédent gouvernement, il est toutefois moins parisien.

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Le nom des 19 ministres composant le nouveau gouvernement Lecornu II ont été annoncés hier soir, dimanche 12 octobre, par l’Élysée. Celui-ci fait suite à l’effondrement en seulement 14 heures la semaine dernière du précédent gouvernement Lecornu, qui a été le plus court de la Ve République — et qui figure parmi les plus éphémères de l’histoire européenne.

  • Parmi les 19 ministres du nouveau gouvernement français, 10 conservent le même portefeuille (11 en comptant Sébastien Lecornu).
  • Au total, 12 des 18 ministres du gouvernement Lecornu I ont été reconduits.
  • De même, un peu plus d’un tiers (37 %, soit 7 ministres sur 19) ont déjà été à la tête d’un ministère par le passé, que ce soit sous le précédent gouvernement ou bien auparavant.
  • Les équilibres partisans restent largement inchangés par rapport au précédent gouvernement : au total, 12 ministres et ministres délégués appartiennent au camp présidentiel, suivi par LR (6), le MoDem (4), Horizons (3) puis l’UDI (1).
  • On compte également, parmi les ministres de plein exercice, cinq profils techniques : Jean-Pierre Farandou (Travail), Monique Barbut (Transition), Serge Papin (PME), Édouard Geffray (Éducation nationale) et Philippe Baptiste (Enseignement supérieur).

La distance médiane à Paris des lieux de naissances des ministres de plein exercice, un indicateur permettant d’évaluer le « parisianisme » du gouvernement, s’établit pour le gouvernement Lecornu II à 192 kilomètres — contre 130 kilomètres pour Lecornu I.

  • Il s’agit ainsi du deuxième gouvernement le moins parisien du deuxième mandat d’Emmanuel Macron depuis le gouvernement Barnier (210 kilomètres).
  • Les gouvernements Borne puis Attal étaient, avec 15 et 17 kilomètres respectivement, de loin les plus parisiens.
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13.10.2025 à 07:39

Les nouvelles guerres de l’opium numérique

Matheo Malik

Un sédatif algorithmique, produit dans des empires postnationaux et acheminé à travers le monde, est en train d’endormir l’Europe.

C’est un cauchemar — mais il n’est pas trop tard pour se réveiller.

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Texte intégral (2755 mots)

C’est à Bruxelles, lors d’une récente discussion sur les superpuissances numériques, que j’ai compris que je manquais de mots pour exprimer ce que je ressentais. La réunion était saturée du vocabulaire habituel — IA, résilience, souveraineté, démocratie, confiance dans les données —, mais j’ai senti un étrange brouillard m’envahir. 

Je n’étais pas vraiment en désaccord. J’étais juste complètement désorienté.

Plus tard dans la soirée, j’ai relu un ancien article dans lequel je décrivais la situation du continent comme un champ de bataille entre des forces internes et externes qui s’affrontaient principalement dans le domaine numérique. 

Cette image provocatrice était devenue une réalité — mais il en fallait une autre, qui reflète mieux les réalités d’aujourd’hui.

Les analogies historiques sont séduisantes. 

Elles offrent le réconfort de la familiarité, en projetant le présent dans les contours du passé. Elles nous aident à nous sentir ancrés — partie intégrante d’un récit plus large — et nous donnent l’illusion de maîtriser ce qui échappe à notre contrôle. Il n’est donc pas étonnant qu’elles soient omniprésentes à notre époque. 

Mais les analogies sont toujours partielles, toujours un peu décalées. Elles risquent de nous faire sombrer dans la nostalgie. 

Et pourtant, me voilà à nouveau en train de chercher une analogie.

Des caisses en Chine

Tout a commencé avec des caisses. 

Pas des caisses d’armes, mais d’opium. Dans le port de Canton, les autorités chinoises ont saisi et détruit plus d’un millier de tonnes d’opium introduit en contrebande par des commerçants britanniques. C’était le dernier acte de résistance d’un empire déjà en déclin. La Grande-Bretagne a répondu avec des canonnières, une puissance de feu supérieure et la logique du libre-échange. Mais le commerce n’était libre que pour les puissants et dévastateur pour ceux qui avaient moins de pouvoir. Le commerce est devenu un outil de domination.

« Du grain de pavot à la chambre, une chaîne d’approvisionnement mondiale de la dépendance était parfaitement orchestrée. »
« La guerre a commencé avec un objet aussi petit et puissant qu’une pipe. »

Cette version de la « liberté » a contraint la Chine à rendre légale sa propre dépendance.

Après la victoire de l’Empire britannique dans la Première Guerre de l’opium, le traité de Nankin de 1842 a obligé la Chine à ouvrir plusieurs de ses ports au commerce, à payer des réparations substantielles et à renoncer au contrôle de Hong Kong — l’événement considéré dans l’histoire chinoise comme le début du « siècle d’humiliation ». Ce terme englobe une longue période, allant approximativement des années 1840 à la fondation de la République populaire en 1949, au cours de laquelle la Chine a été soumise à des incursions étrangères répétées, à des concessions territoriales et à une désintégration interne. Ce récit est devenu central dans l’identité politique chinoise, à la fois comme cri de ralliement nationaliste et comme cadre permettant de comprendre la trajectoire historique de la Chine moderne.

Ce qui frappe dans cette analogie, c’est moins la guerre que la substance.

Une arme qui prend le contrôle des vies en vous endormant.

Un produit qui crée la demande qu’il prétend satisfaire.

Une arme lente, mais dévastatrice. 

Une substance qui entre doucement — mais qui s’installe pour rester.

Une dépendance qui semblait volontaire.

Une guerre qui a commencé avec un objet aussi petit et puissant qu’une pipe.

La création de la dépendance

L’opium était donc plus qu’une drogue.

Fumé dans des repaires calmes et faiblement éclairés, inhalé lentement à travers de longues pipes à mesure que la substance était chauffée et vaporisée — c’était un rituel de retraite et de sédation — il était organique et tangible — dangereux, mais compréhensible selon les normes de l’époque. Il berçait, il apaisait. Il a créé un marché là où il n’en existait pas, s’est infiltré dans les vies, a ralenti les temps de réaction. Il engourdissait la douleur tout en aggravant l’impuissance. Il étouffait toute résistance politique.

L’opium qui a remodelé la trajectoire historique de la Chine n’était pas cultivé localement, mais dans des régions de l’Inde contrôlées par les Britanniques, telles que le Bengale et le Malwa, sous des systèmes coloniaux gérés d’une main de fer.

Les agriculteurs locaux, souvent liés par des contrats coloniaux, cultivaient les pavots sous surveillance. Après la récolte, le pavot était séché, transformé en briques denses et soigneusement emballé pour le transport. La Compagnie britannique des Indes orientales gérait chaque étape : plantation, récolte, fixation des prix, expédition. L’opium était transporté par convois vers des ports comme Calcutta, puis chargé sur des navires à destination de Canton. 

La production était biologique, le système était millimétré. 

Du grain de pavot à la chambre, une chaîne d’approvisionnement mondiale de la dépendance était parfaitement orchestrée.

« Nous avons entraîné un système conçu pour nous comprendre ; pour prédire et exploiter les schémas de notre attention. »
« Nous avons entraîné un système conçu pour nous comprendre ; pour prédire et exploiter les schémas de notre attention. »

Le nouvel opium

Lorsque Facebook a été lancé en 2004, la question sur sa page d’accueil était d’une simplicité trompeuse et désarmante : « À quoi pensez-vous ? » 

Elle semblait décontractée, presque attentionnée, comme l’écho numérique du coup de téléphone d’un bon ami. 

Pourtant, elle n’avait rien de rhétorique : elle était structurelle. Elle nous disait une chose très simple : le produit, c’était nos esprits.

Nous avons répondu, et ce faisant, nous avons entraîné un système conçu pour nous comprendre ; pour prédire et exploiter les schémas de notre attention.

L’opium d’aujourd’hui est numérique : nous ne le fumons pas mais l’inhalons à travers tous nos sens. Nos addictions sont plus vives, plus rapides, plus difficiles à nommer. Le sédatif n’est plus chimique, mais algorithmique.

Les données sont extraites de manière invisible des utilisateurs du monde entier, affinées par des algorithmes, conditionnées par des plateformes et vendues à des annonceurs ou à des fins politiques. 

Nos écrans sont devenus des plantations : la matière première est notre comportement ; l’expédition est instantanée ; la dépendance est volontaire ; la structure qui la sous-tend est délibérée, vaste et largement invisible.

L’Empire de l’ombre. Guerre et terre au temps de l’IA

Sous la direction de Giuliano da Empoli. Postface par Benjamín Labatut.

Avec les contributions de Daron Acemoğlu, Sam Altman, Marc Andreessen, Lorenzo Castellani, Adam Curtis, Mario Draghi, He Jiayan, Marietje Schaake, Vladislav Sourkov, Peter Thiel, Svetlana Tikhanovskaïa, Jianwei Xun et Curtis Yarvin.

À découvrir en librairie et en s’abonnant à la revue.

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Un empire sans territoire

La guerre de l’opium était un conflit entre des empires, des États souverains armés et dotés d’un drapeau.

La version actuelle est différente. 

Il s’agit d’une confrontation entre d’une part des empires technologiques postnationaux et d’autre part quelque chose de beaucoup plus délicat : l’être humain.

L’objet de la conquête n’est pas le territoire mais l’intériorité. Le pouvoir en jeu n’est pas la force brute, mais une influence calibrée. 

Cela pourrait également évoluer : les territoires riches en minéraux rares, au climat froid et aux énergies naturelles deviennent essentiels au fonctionnement des algorithmes. Le Groenland passe pour le théâtre d’une lutte de pouvoir impériale à l’ancienne — et dans une certaine mesure, c’est le cas. Dans le même temps, la volonté américaine d’annexer ce territoire européen est motivée par un impératif numérique : les matériaux essentiels aux infrastructures dont dépendent les plateformes de notre nouvelle dépendance.

L’ironie de l’Europe

Les acteurs ont changé.

Il ne s’agit plus de la Couronne britannique ou de la Compagnie des Indes orientales, mais de monopoles de plateformes dont l’ampleur et l’ambition sont impériales. Leurs noms à eux seuls témoignent d’une ambition impériale démesurée. Alphabet revendique la totalité du langage ; Meta, le tout, partout, tout le temps. Ce ne sont pas seulement des logos, ce sont des plans pour la domination. L’Empire britannique en aurait rougi.

Ces monopoles ne se contentent pas de distribuer du contenu, ils créent une dépendance.

Émotionnelle, cognitive, existentielle. Ils façonnent ce que les gens voient, ce qu’ils apprécient, ce qu’ils croient, comment ils votent. Non pas par la force physique, mais par des lignes de code. Leurs outils sont fluides, leurs motivations masquées par les « interfaces utilisateur » qui semblent bénignes. Et comme leurs prédécesseurs historiques, ils ne prospèrent pas dans la liberté, mais dans le contrôle.

Il serait tentant de voir dans tout cela une sorte de plaisanterie : ironie de l’histoire en effet que « l’Europe », berceau de l’État moderne, des Lumières, du capitalisme, des empires et de la Ligue des champions, se retrouve ainsi renversée par ce qui est indirectement sa création.

Les modèles économiques exportés par l’Europe génèrent désormais du code écrit ailleurs, hébergé ailleurs, optimisé pour le profit d’autrui. Elle qui imposait autrefois son modèle aux autres se retrouve aujourd’hui du côté des cibles. Elle était autrefois le distributeur ; elle est désormais l’utilisateur passif sous l’emprise de drogues numériques administrées par des maîtres étrangers. Autrefois architecte de la modernité, elle est aujourd’hui l’objet du code de quelqu’un d’autre.

Nous ressemblons à la cour de la dynastie Qing : nous sommes fiers, fragmentés et nous ne savons pas comment réagir.

L’Union d’aujourd’hui est pleine d’idéaux hérités de son histoire, d’intentions nobles et d’institutions complexes, mais elle est lente à agir, prise entre des intérêts concurrents, dépendante de technologies qu’elle ne maîtrise pas et de discours qu’elle ne contrôle plus.

« L’opium d’aujourd’hui est numérique : nous ne le fumons pas mais l’inhalons à travers tous nos sens. »
« L’opium supprime le corps ; mais l’algorithme casse le cerveau. »

L’ère des cerveaux cassés

Un silence étrange entoure ce qui pourrait être la plus grande crise de notre ère numérique : notre esprit. 

Pourtant, nous traversons bien ce qu’il est désormais admis d’appeler une pandémie mondiale de santé mentale : anxiété, épuisement professionnel, hallucinations, dépression et troubles du sommeil ne sont pas des phénomènes marginaux. Ils sont omniprésents. Et si les causes sont complexes, l’exposition quotidienne à la drogue numérique est un facteur majeur.

Les effets sont similaires à ceux d’une addiction.

Nous recherchons la stimulation lorsque nous nous ennuyons ou que nous sommes tristes. Nous faisons du doom scrolling, du multitâche, de l’autosurveillance. Notre capacité d’attention diminue. Notre patience s’évapore. La frontière entre solitude et isolement s’estompe. Nous avons de plus en plus besoin des réseaux sociaux pour fonctionner, tout simplement.

Notre condition numérique remodèle les circuits de récompense du cerveau — en particulier les systèmes liés à la dopamine qui sont associés à l’attention, la motivation et le contrôle des impulsions. Les plateformes ne sont pas des hôtes passifs. Elles nous entraînent activement à vouloir toujours plus, plus vite, plus fort, plus bruyamment.

L’infrastructure numérique actuelle n’est pas conçue pour maximiser le bien-être humain, mais pour extraire massivement des richesses. 

Et l’étage supérieur, l’intelligence artificielle, présentée comme notre assistant, notre meilleure amie, notre prolongement, notre prochain grand bond en avant, est devenue l’agent de contrôle le plus élégant qui soit.

Elle prédit, persuade et anticipe. Elle nous rend plus bêtes, car elle prend le pas sur les muscles entraînés de l’intelligence humaine.

Si la Première Guerre de l’opium a ravagé les corps et les familles, la deuxième, plus lente, plus silencieuse, s’insinue dans le système nerveux. Elle est plus difficile à voir. Plus difficile à traiter. Plus difficile à désintoxiquer. Et peut-être sera-t-il plus difficile d’y survivre. 

Car l’opium supprime le corps ; mais l’algorithme casse le cerveau.

Retrouver son libre arbitre

Cette analogie est-elle utile ? Peut-être — peut-être pas. Mais elle a le mérite de nous interpeller.

La Première Guerre de l’opium a conduit à la désintégration de la Chine : un siècle de perte de souveraineté, de désorientation et de désordre interne. 

À quoi ressemble le déclin d’une puissance aujourd’hui ? Ce n’est pas une guerre traditionnelle. Ce n’est pas un effondrement total. C’est ce que Mario Draghi a appelé la « lente agonie ».

Pendant que l’opium numérique s’implantait, l’Europe a réagi, au fil des ans, sous la forme de réglementations : RGPD, DSA, DMA, IA Act. Ce qui nous manque, ce sont des alternatives européennes saines. Des antidotes, peut-être… À la sonorité, « Mastodon » ressemble « méthadone » : il est difficile de ne pas voir un geste inconscient dans le fait que le « Twitter européen » porte presque le nom du traitement contre la toxicomanie.

La désintoxication ne viendra probablement pas d’en haut.

Elle ne sera pas imposée par un décret mais elle pourrait peut-être venir d’un changement de discours. D’une lente reconquête de l’autonomie. D’un changement culturel qui valorise le temps plutôt que la vitesse, l’attention plutôt que l’engagement, le sens plutôt que l’optimisation. 

C’est le problème des analogies : qu’y a-t-il après les belles paroles qui décrivent le déclin de l’Europe vers l’insignifiance ?

Personne ne le sait — mais toute réaction commence par une prise de conscience.

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