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30.06.2025 à 15:20

L'Ange des Ordures et la Lutte Contre la Gentrification à Marseille

dev

De la Ville, de l'Identité, de la Résistance Lucrezia Giordano

- 30 juin / , ,
Texte intégral (2693 mots)

Les touristes qui visitent Marseille pour la première fois se divisent en deux grandes catégories : ceux qui se plaignent du manque de propreté des rues et ceux qui s'en félicitent parce que ça authentifie leur expérience d'une ville populaire. Dans cet article, Lucrezia Giordano propose une nouvelle hypothèse : et si la place laissée aux ordures dans la cité phocéenne était une forme de résistance à la gentrification ?

Je n'oublierai jamais le printemps 2023. Pas parce que c'était ma première fois à Marseille, ni pour la mer, ni pour un nouvel amour. Ce printemps-là, les manifestations contre la réforme des retraites qui ont touché toute la France ont été accompagnées d'une grève des éboueurs, provoquant un amoncellement d'ordures pendant des semaines, mêlé aux restes de poubelles calcinées. Dans ce contexte, dès que l'on sort d'un petit bar du Cours Julien un samedi soir, on remarque immédiatement cet amas informe de sacs poubelles qui nous surplombe, atteignant le haut du mur de la cour voisine.

Et alors que nous regardons les poubelles, il arrive. Il est certainement dans une brume alcoolique plutôt épaisse. Il décide que le tas d'ordures est la toilette publique parfaite, malgré le fait qu'il se trouve littéralement au milieu de la rue. Une fois qu'il a terminé, quelque chose s'allume en lui. Il commence à escalader le tas d'ordures jusqu'à ce qu'il atteigne le sommet du mur, où il se lève. Encore une fraction de seconde et avant que l'on s'en rende compte, il saute, criant de joie et atterrissant sur le dos dans les sacs d'ordures au contenu indéfini — ces mêmes sacs sur lesquels il vient de pisser.

Il est là, les bras ouverts, et il rit. L'ange des poubelles de Marseille.

Les déchets comme symbole. Processus identitaires et altérisation

Les déchets (et, plus généralement, des stéréotypes à connotation traditionnellement négative) jouent un rôle important dans la construction de processus identitaires en réponse à l'avancée de changements sociaux tels que la gentrification à Marseille. Les ordures et la saleté, sont depuis des années des éléments qui ont contribué à construire la réputation peu positive de Marseille (bien que l'on puisse argumenter sur le fait qu'il s'agit d'un prétexte pour masquer des problèmes systémiques extrêmement profonds dans les grandes villes françaises, tels que le racisme et le classisme, qui voient Marseille comme l'épicentre parfait pour ce type de discours).

Cependant, on assiste depuis peu à une réappropriation de ces éléments : si les déchets ont toujours été au cœur de la définition de la ville, ses habitants décident aujourd'hui de donner à cette centralité une connotation positive. Si, à première vue, on peut se demander “pourquoi les déchets, les cafards et les rats ? Pourquoi ne pas se concentrer sur d'autres aspects de l'identité marseillaise ?”, il faut se rendre compte que cette revendication n'est pas apparue dans le vide, mais dans un contexte où la spéculation immobilière et la gentrification entraînent une hausse des loyers et du coût de la vie. Comme dans beaucoup d'autres villes européennes, l'expansion des locations touristiques génère un changement dans la géographie urbaine, avec la prolifération de commerces qui répondent à ces nouvelles cibles en termes de produits, d'esthétique et de prix.

On comprend donc que la revendication identitaire s'appuie sur certains éléments spécifiques. Marseille veut mettre en avant ce que ces changements cherchent à masquer, en mettant en œuvre une résistance fondée sur la séparation nette entre la collectivité marseillaise et l'individualisme néolibéral lié au tourisme de masse et à l'embourgeoisement de la ville. Cela a été particulièrement évident lors du carnaval indépendant de la Plaine 2023, dont le thème était “Feu à la Spécu”. Des gens déguisés en cafards, en rats et en sardines hors de prix, des dragons fabriqués à partir de valises, des pancartes et des affiches contre l'entreprise mondiale AirBnB [1] : tous les participants se sont rassemblés dans une marche qui s'est terminée par un grand feu de joie pour protester contre le tourisme inconscient et irresponsable, la gentrification et l'augmentation du coût de la vie.

Le message est clair : laissez-nous nos déchets, laissez-nous notre identité. Ces revendications s'inscrivent dans un processus plus ou moins inconscient d'altérisation, c'est-à-dire “la construction et l'identification du soi ou du groupe d'appartenance et de l'autre ou du groupe d'exclusion dans une opposition mutuelle et inégale en attribuant une infériorité relative et/ou une aliénation radicale à l'autre/au groupe d'exclusion” (Brons 2015). En utilisant ce concept, il est plus facile de comprendre comment la communauté activiste de Marseille revendique non pas tant la saleté en tant que telle, mais en tant que symbole des caractéristiques normalement rejetées par les processus de gentrification et de redéveloppement urbain. Il est particulièrement intéressant de noter, en même temps, comment la composante hiérarchique typique des processus d'aliénation (dans lesquels le groupe extérieur est considéré comme subordonné au groupe intérieur) est renversée afin d'atteindre le résultat souhaité. Les Marseillais ne revendiquent pas leur supériorité à l'extérieur, mais font appel à des caractéristiques considérées comme négatives et, dans l'esprit général, inférieures, dans le but de créer une séparation radicale avec le groupe d'exclusion. Les caractéristiques négatives de ce groupe, bien que conceptuellement existantes, sont principalement intégrées dans l'impact potentiel qu'elles pourraient avoir sur la société marseillaise : ainsi, pour concrétiser les processus d'aliénation, il est plus pratique de se concentrer sur les caractéristiques visibles et revendiquées de l'in-group.

Le fort activisme de Marseille sur ces questions semble donner l'image d'une ville dévastée par des changements irréversibles et d'une identité communautaire gravement menacée. Pourtant, la gentrification à Marseille est un processus difficile à définir.

Marseille et la gentrification

Le concept de gentrification a été introduit en 1963 par Ruth Glass pour définir “les processus par lesquels des quartiers centraux autrefois populaires sont profondément transformés par l'arrivée de nouveaux habitants appartenant aux classes moyennes et supérieures”. Cependant, lorsqu'on tente d'appliquer cette définition spécifique à Marseille, on se heurte à un premier obstacle structurel : la géographie urbaine spécifique de la ville. En effet, depuis le XVIè siècle, les élites économiques et politiques locales ont préféré s'installer dans les quartiers sud de la ville, laissant l'espace du centre à la population immigrée et moins aisée [2]. Cela a conduit à la création de ce que Cusin (2016) appelle un modèle inverse centre-périphérie, dans lequel le centre est considéré comme moins valorisé et moins développé que les périphéries. Ce modèle urbain spécifique rend la réalisation des processus de gentrification plus lente et plus complexe, malgré les efforts évidents de redéveloppement déployés par la ville.

Un autre facteur contribuant aux processus de gentrification est l'augmentation du nombre du locations touristiques et l'impact qu'ils ont sur le marché de la location. La décision de louer aux touristes ou de vendre à des personnes ayant un pouvoir d'achat plus élevé (souvent originaires d'autres villes françaises ou de l'étranger) fait qu'il est difficile pour les résidents locaux de louer ou d'acheter dans des endroits auparavant considérés comme abordables, tels que Le Panier et le Cours Julien. Outre le facteur économique, l'augmentation des locations touristiques a également un impact sur le tissu social et communautaire des quartiers : les propriétaires sont incités à convertir leurs propriétés en locations à court terme plutôt qu'en locations à long terme, ce qui fait que certains quartiers ont des propriétés vacantes à certains moments de l'année. Cela affecte la vitalité et le dynamisme des quartiers et risque de créer un sentiment de perte de communauté, dont Le Panier est l'exemple le plus emblématique : d'un quartier ouvrier, il est devenu le centre de locations touristiques et d'activités commerciales et artisanales dont les prix ne plaisent certainement pas au Marseillais moyen.

Prendre conscience de ces changements et dire en même temps que la gentrification à Marseille n'existe pas semble donc une contradiction, puisqu'il est indéniable que nous assistons à des processus de changement du tissu urbain qui conduisent à une augmentation des inégalités économiques, de la précarité et des problèmes d'accès au marché du logement. En même temps, cependant, il y a des chercheurs comme Mateos Escobar (2017) qui affirment que le processus de gentrification à Marseille a rencontré tellement d'obstacles que ses conséquences prévues (dont la plus pertinente est certainement le déplacement des populations moins aisées qui vivent actuellement dans l'hypercentre de Marseille) ne sont pas pertinentes d'un point de vue purement statistique. Prenons par exemple les réaménagements de la Friche de La Belle de Mai ainsi que ceux réalisés dans le cadre du projet Euroméditerranée : ces formes de gentrification n'ont pas nécessairement conduit à des changements systémiques au niveau du tissu social (Mateos Escobar 2017).

Il ne faut pas éluder la raison de l'échec de ces tentatives : tout simplement, l'idée de vivre à proximité des populations défavorisées et immigrées ne séduit pas ceux qui disposent de ressources économiques suffisantes pour déclencher un processus de gentrification en tant que tel, c'est-à-dire un processus irréversible qui conduirait à la disparition de populations historiques au profit d'habitants au capital économique ou financier plus riche (Géa & Gasquet-Cyrus 2017). Il est évident que la perception du tissu urbain et militant de Marseille diffère des données statistiques : comme l'affirme Cassely (2018), nous sommes confrontés au “paradoxe d'une ville qui aura vu un mouvement anti-gentrification précéder par sa vigueur le phénomène qu'il est censé combattre”. Données concrètes ou non, c'est la perception de la population qui compte. La perception est une expérience corporelle, vécue, qui se déroule en relation avec le monde et dans laquelle l'environnement dans lequel elle se déroule est un participant actif à la formation de nos expériences perceptives (Merlau-Ponty, 1945). La perception va au-delà du moment présent et comprend un ensemble de significations et de possibilités permettant d'interpréter la réalité — et en même temps de la créer, puisque l'interprétation de la réalité n'est pas moins concrète que les éléments factuels qui la composent. En tenant compte de cela, il est donc possible de comprendre la volonté de la population marseillaise de continuer à protester contre les changements systémiques qui semblent pointer vers des politiques urbaines néolibérales.

Cette réflexion a trouvé une muse improbable dans l'ange des ordures du Cours Julien. Alors que la ville connaît des mutations urbaines et sociales, ses habitants se raccrochent à des éléments souvent considérés comme négatifs, tentant de préserver la vitalité et l'authenticité de Marseille. La lutte n'est pas seulement menée contre la hausse des prix des loyers, mais contre une idéologie qui menace d'éroder le tissu social de la ville. La gentrification à Marseille se heurte à une géographie urbaine et à une histoire qui a façonné les quartiers et les identités différemment des autres villes européennes. Bien que les données statistiques puissent suggérer le ralentissement des processus de gentrification, la perception de la population est le véritable test : à Marseille, la gentrification est souvent perçue comme une menace à l'essence même de la communauté. Dans ce contexte, l'ange des ordures devient l'emblème d'un peuple qui embrasse son identité, même celle qui est considérée comme “sale” ou “indésirable”. Alors que la ville fait face à l'avenir, l'ange continue de rire dans les sacs, nous rappelant que la résistance est un acte symbolique mais puissant qui défie les forces d'un changement irréversible, et que la véritable beauté de Marseille réside dans son authenticité sauvage.

Références :

  • Bacqué, M., et Fijalkow, Y. 2006. « Introduction. Gentrification : Discours et politiques urbaines (France, Royaume-Uni et Canada) », Sociétés contemporaines, vol. 63, n° 3, p. 5-13.
  • Brons, L. 2015. « Othering, An Analysis. Transcience », Journal of Global Studies, vol. 6, p. 69-90.
  • Cassely, J. 2018, « Marseille, la ville qui résiste encore et toujours aux « gentrifieurs » », Socialter, 28 octobre 2018. URL : https://www.socialter.fr/article/marseille-la-ville-qui-resiste-encore-et-toujours-aux-gentrifieurs-1
  • Cusin, F. 2016. « Y a-t-il un modèle de la ville française ? Structures urbaines et marches Immobiliers », Revue française de sociologie, vol. 57, p 7-129.
  • François, C. , Vacher, K. et Valegeas, F. 2021. « Marseille : les batailles du centre-ville », Métropolitiques. 29 novembre 2021. URL : https://metropolitiques.eu/Marseille-les-batailles-du-centre-ville.html
  • Géa, J. et Gasquet-Cyrus, M. 2017. « Introduction. Approche sociolangagière des changements urbains et de la gentrification à Marseille », Langage et société, vol. 162, n° 4, p. 9-19.
  • Glass, R. 1963, Introduction to London : aspects of change. London : Center for Urban Studies.
  • Mateos Escobar, D. 2017. « Le processus de gentrification rend-il compte des dynamiques de peuplement des quartiers centraux de Marseille ? », Langage et société, vol. 162, n° 4, p. 47-51.
  • Merlau-Ponty, M. 1945. Phénoménologie de la perception, Paris : La Librairie Gallimard

Lucrezia Giordano est une chercheuse et journaliste indépendante spécialisée dans les migrations, le genre et la transformation des espaces urbains. Avec une formation en anthropologie et en études internationales, elle mène des enquêtes approfondies et publie dans des médias tels qu'Acta Humana, SSRN, et El Mundo. Son travail combine analyse critique et narration immersive pour explorer les dynamiques sociales et politiques contemporaines.


[1] Pour plus de détails : 'Carnaval et Charivari... à Marseille - Ode au carnaval de la Plaine-Noailles et à la lutte contre la gentrification et l'invasion Airbnb', https://lundi.am/Carnaval-et-Charivari-a-Marseille.

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30.06.2025 à 12:10

Politiser l'érotisme

dev

Pistes de réflexion Nathan J. Beltràn

- 30 juin / , ,
Texte intégral (5140 mots)

Dans un récent article, Nathan J. Beltràn proposait de penser politiquement l'amour (Voir : De la forme-de-vie amoureuse->https://lundi.am/De-la-forme-de-vie-amoureuse], cette semaine, il s'agira de politiser l'érotisme.

Nous allons commencer par poser quelques constats & hypothèses sur la situation actuelle qui influe sur l'érotisme : l'état du corps actuel, sa place dans la société, d'abord, la question de la pornographie & de la marchandisation du désir, enfin. Ces deux points tenteront de servir de socle pour saisir la situation actuelle de l'érotisme. Dans un second temps, nous tenterons de trouver quelques pistes pour penser politiquement l'érotisme & le désir en nous tournant notamment vers la littérature, ou plutôt ce qui lui échappe : la poésie.

I. CE QUI EST LÀ

I.1 HYPOTHÈSE :

 Nous avons perdu tout sens de réalité corporelle, nous vivons dans un monde d'abstractions, de doubles & de simulacres. Jamais, dans notre époque gavée d'images & de discours sur le corps, il n'a semblé si omniprésent, & pourtant, jamais il n'a paru aussi impossible à incarner. Comme une sorte de contre-alchimie, où la matière doit traverser plusieurs épreuves – séparation, purification, réintégration – nos corps sont soumis à une série de séparations qui, prétendant les purifier, les privent de leur puissance d'incarnation.
(Notons qu'il y a un certain privilège à se caler dans le fond de son corps sans être affecté par ce qui le traverse – je pense notamment à certains ouvriers, travailleurs & travailleuses du sexe, etc.)
Toute la question étant de comprendre comment le corps, célébré, mesuré, exposé, est – & est souhaité comme – séparé de sa matérialité.

Il ne s'agit pas tant de penser – dans un geste presque réactionnaire – un corps originaire, authentique à ressaisir, que de dire ceci : il n'y a jamais eu qu'une pluralité de manières d'être au corps, toujours situées, variables selon les époques, les sociétés, les dispositifs de pouvoir, etc, mais ce qui caractérise notre présent, c'est peut-être de n'avoir plus, collectivement, de manière(s) d'être au corps sinon de le refuser, en embrassant une image de lui – je veux dire en le tenant à distance, en le réduisant à sa représentation.

I.2 CONTRÔLE ET DÉPOSSESSION

Toute société qui tend à régenter le corps, quelle que soit la manière, le met à sac..

Le pouvoir ne fonctionne plus par la simple censure du sexe, mais par la multiplication de discours, de représentations, & donc des normes autour de la sexualité. La sexualité n'est plus cachée, elle se veut, à l'image du corps, omniprésente, surexposée. Ce n'est pas la libération du sexe, mais son intégration pleine dans l'économie, contribuant à ce corps à la fois hypervisible & impossible à habiter pleinement.

La dépossession du corps n'est pas qu'une affaire de techniques ou de dispositifs, elle est le résultat d'une histoire politique & économique qui a fait de tout un terrain de séparation & de contrôle.

La privatisation de la santé, la marchandisation du soin, la difficulté d'accès aux ressources vitales ne sont pas des « hasards » mais les conséquences logiques d'un système qui repose sur la hiérarchisation des vies, de la « valeur » des êtres & des corps.

Exploiter, surveiller, discipliner, exclure. Imposer des normes, tracer des frontières, décider qui a le droit, ou non, au Graal de la visibilité. Contrôler les genres, les identités. La racialisation des pratiques de soin & de surveillance participe de cette même logique de hiérarchisation & d'assujettissement.

I.3 BREF RÉCAPITULATIF SUR LA PORNOGRAPHIE

Tout cela est, plus ou moins, logique depuis Foucault : la prolifération des discours & des images sur la sexualité capture le désir dans des dispositifs de gestion & de normalisation.

On trouve, dans la pornographie, une répartition très précise des corps & des rôles, c'est-à-dire, des actrices très jeunes, souvent qualifiées de « teens [1]]] » (adolescentes). On devine – & les statistiques nous le prouvent – que la majorité des consommateurs est elle-même très jeune, & l'on peut se dire qu'il est tout à fait logique que des jeunes fantasment sur des personnes qui sont assez proche de leur tranche d'âges, mais cela ne tient pas, ou plutôt disons que factuellement le résultat est ceci : on assiste, massivement, à la représentation de jeunes filles jouant de plus jeunes filles encore, dans des rapports de pouvoir très peu équilibrés. Et nous n'évoquons même pas les scénarios qui font directement l'apologie de la pédocriminalité [2].

La situation empire lorsqu'on examine les noms des sites & productions populaires : SisLovesMe, ExploitedTeens, SellYourGF [3]. « Ma sœur m'aime », « Adolescentes Exploitées » (notons bien le terme d'exploitation), « vends ta copine » – tout est dit : exploitation, commerce, domination incestueuse ou pseudo-familiale ; dans le cas de Vends Ta Copine, la femme – ici la femme aimée, la femme censée être aimée – devient un simple objet de transaction entre hommes. Évidemment, seules deux issues semblent possibles à cette trame : la femme est soit dépossédée, humiliée, agressée donc, soit elle en tire du plaisir &, se révèle – comme toutes les femmes selon la logique patriarcale – une « pute ». Et pour n'étonner personne, le scénario inverse, Sell your BF, n'existe pas.

Mais au-delà de la violence de ces représentations, c'est le fonctionnement même de la pornographie comme prise dans l'économie qui pose question. Chaque image, y compris celle qu'on dit « éthique » reste une marchandise. Le marché, fidèle à luimême, recycle les critiques d'où qu'elles viennent, les absorbe, les digère, puis les revend – peinard. Féminisme ? queer ? qu'importe : le désir devient un produit à regarder, stocker, acheter, & finalement, à dépenser dans tous les sens du terme.

Le véritable enjeu n'est ni la diversité, ni la « bonne » représentation ; il n'est pas non plus le formatage des désirs & des fantasmes, voire du type de sexualité présentée. L'enjeu est la délégation totale de nos désirs à des images, pire : leur formatage & leur mise en vente. Le problème, c'est la vie par procuration, vécue à travers un plus ou moins petit écran, & que le désir passe par des images à consommer, inséparable d'une logique économique, capable de digère tout, y compris la critique en vue de « toucher de nouveaux marchés ».

HYPOTHÈSE :
— Il n'y a pas de sexualités qui soient entièrement subversives
— Il n'y a pas d'images de la sexualité qui ne soient pas récupérables. Toute image est potentiellement récupérable d'une manière ou d'une autre par le système.

II. POLITISER L'EROTISME : LITTÉRAIRE

II.1 PISTE(S) ET TENTATIVE

Alors commençons, commençons par une scène la plus banale possible – puisque nous voulons politiser l'érotisme même, en dehors des personnages, des situations économiques, des lieux donc – choisissons de jeunes adultes, hétérosexuels ; & imaginons-les vadrouillant dans la campagne. Lumière douce, herbes hautes, un peu de chaleur, ce qu'il faut. On plante le décor, on y met les corps, on y met une robe, c'est elle qui la porte, la robe (vous ne savez pas encore pourquoi c'est important, mais ça l'est. Les robes sont utiles, dramaturgiquement parlant – elles permettent gestes, révélations & déplis. Il nous faudra des déplis.)

« frissonnante toute à la fois tremblée & sûre sa
robe bardée de dentelles elle la

retrousse d'une main à présent à demi-nue elle s'avance
d'entre les herbes laisse s'avancer sa trame puis se

tourne. Le dos, la main toute contre ses fesses, tête
légèrement inclinée sur le côté
dessus l'épaule. »

La scène est plantée ; ensuite – parce qu'il faut un ensuite – il se passe quelque chose. Ou plutôt : il faudrait qu'il se passe quelque chose ; parce que là, il ne se passe rien, ou si peu. Imaginons un événement qui s'en viendrait sexualiser la scène, & forcerait sa politisation. Imaginons : il pleut. Il pleut, & sa robe est blanche, laissant entrevoir disons quelques atouts. Nous restons dans un regard banalement masculin & hétéro, & trouvons en même temps l'événement qui les poussera à affronter la ville pour se réfugier dans la petite chambre de bonne de l'un deux. Et c'est là, peut-être là, la ville, que quelque chose pourrait devenir politique. Nous n'y sommes pas encore, mais presque, patience.

« [...] le blanc mouillé, tu as alors tout loisir de lorgner bas, oui, bas, & de t'émerveiller – sous couvert d'amour - de quelques légers roulages de cul ; ainsi, sans le savoir, te voilà déjà inscrivant cette image dans les fibres de ta conscience afin de pouvoir - en cas d'absence prolongée du fessier susdit - t'en émerveiller de nouveau. »

La scène n'est pas politique, loin de là, elle se veut tendre, elle est surtout terriblement banale. À peine une variante sur des milliers d'autres, toujours vues d'en bas. Mais pour l'instant, le reste fonctionne : les deux amants paumés dans les herbes hautes, après avoir plus ou moins batifolé, rentrent pour plus d'intimité (& moins d'intempérie). Continuons un peu, puis, profitons de leur passage en ville, pour commencer à politiser :

« […] Que dire alors que, longeant la dite civilisation, elle ne pense qu'à l'excorier, lui faire jaillir son sang latent, la gratter à sève, cette crasse ? »

Ça y est, le style s'améliore, & l'appétit grandit : on veut en savoir plus, pourtant, nous voilà bien embêtés : nous sommes sur le point de faire entrer le politique dans la scène, mais nous ne la rendons pas politique. L'érotisme & le politique se dissocient. Il n'est, ici, même plus question de leur batifolage. Pire : nous avons creusé la banalité & en la creusant, avons mis en scène ce qui s'apparente pas mal à un mâle gaze. Une politique donc, mais certainement pas celle que nous voulions.

Que faire ? Pour le regard masculin, nous pouvons tenter de le corriger, de le renverser mais pour la politique - celle qui nous intéresse - ? Avancer de quelques paragraphes, les retrouver sous les draps, commentant l'actualité politique entre deux baisers ? Aussi imaginaires que soient nos deux amis, ils ne méritent pas tant d'horreur. Alors on en reste là ? dans la pluie, la robe, la chambre ? avec un récit qui ne veut, ne peut avancer ?

Tant pis, faisons rapidement notre deuil & allons plutôt lorgner chez d'autres voix, notamment celle de Catalina Raíz [4].

II.2 ÉROTISME POLITIQUE CHEZ RAÍZ

Dès l'ouverture du poème « Te vamos a llamar Bohemia [5] » « Nous t'appellerons Bohème », elle place l'érotisme sous le signe de l'hospitalité, cette autre conception de la politique pour Derrida⁶ :

« Le agradezco por acogerme aquí, ¿no le molesta que esté desnuda ? »
« Je vous remercie de m'accueillir ici, permettez que j'y sois nue ? »

« L'hospitalité "inconditionnelle" et "incalculable" […] peut être conçue en géopolitique comme ce qui sape l'autorité de la souveraineté. [6] » L'érotisme y est directement énoncé comme manière de faire monde, de s'accueillir mutuellement. Cela rejoint ce que nous avons pu appeler précédemment une forme-de-vie amoureuse.

Dans son poème, notre « corps impossible » est traversé, & traversé parce qu'authentiquement incarné. Il n'y est pas tant question d'habiter le corps dans une sorte de plénitude ou de « maîtrise », que de le faire en acceptant de traverser & d'être traversé – autant par l'effondrement du monde que par la Beauté même.

Et l'on pourrait même se demander si, plus loin, lorsqu'elle écrit « Nosotros de la Grieta », « Nous de la Brêche », ce n'est pas de cela qu'il s'agit : faire du corps, alors même qu'elle l'incarne, une Grieta – une faille, une brèche. Et, pour la préserver, inventer des rites : la boîte à mouchoirs, la collection d'images, autant de gestes symboliques pour sauvegarder ce qui résiste au monde & à la saisie.

« Guardar estas imágenes […] es como un rito para que la Belleza que pase en ellas permanezca en mí, que me acompañe… »

« Ranger de teles images […] est comme un rituel pour que la Beauté qui passe en elles demeure en moi, qu'Elle m'accompagne… »

La suite politique du poème réside dans la suspension du temps, ouvrir une brèche, un espace de fête, de magie & de rites où le Désir, la Beauté circulent librement. :

« DESTRUIR CUALQUIER INTERMEDIARIO, PONERSE
EN CONTRA DE LA HISTORIA ¡SUSPENDIDA LA
HISTORIA ! SUSPENDER EL TIEMPO, PASAR
FRONTERAS Y HACER PASAR INTERCAMBIAR LA
BELLEZA »

« DÉFAIRE TOUT INTERMÉDIAIRE, SE PLACER CONTRE L'HISTOIRE, LA SUSPENDRE, SUSPENDRE LE TEMPS ! PASSER FRONTIÈRE ET S'ENTREPASSER BEAUTÉ »

Suspendre le temps, n'est-ce pas là le premier geste de la Commune, voire de toutes tentatives révolutionnaires ? tirer sur les horloges, interrompre la longue course du monde, tirer le frein d'urgence, dirait Benjamin. C'est ici un microcosme du geste révolutionnaire : suspendre la course, ouvrir un temps autre, créer un dehors (passer la frontière) & rejeter tout intermédiaire entre nous & l'expérience directe des choses.

II.3 DESIR ET PERCÉE(S)

« Ce désir commun, collectif, grouille déjà, partout dans le monde, depuis toujours – c'est une joie fragile, plombée, un jaillissement. [7] »
Leïla Chaix

HYPOTHÈSE : le désir est un trop-plein, non pas un manque. Il est ce qui déborde & cherche une issue. Le désir comme volonté diffuse de vie, non comme droit frustré.

Chez Catalina Raíz, la « Beauté » est une percée fragile, elle n'est ni dans la matière brute, ni dans un quelconque critère formel : elle vient d'ailleurs, traverse la matière sans être prisonnière, & se passe entre amants ou amis. Dans sa vision plutôt mystique, voire gnostique, elle n'est pas une image mais une émanation opérative.

Dans un passage d'Haïr le monde [8], Leïla Chaix, sans parler d'érotisme, rejoint cette idée : « Sous ce qu'on affiche et ce qu'on Tiktok, il y a désirs. Qu'on le veuille ou non, il y a de la vie. Elle est moche et elle est bruyante, empêchée quotidiennement, mais elle perce sous la chape de plomb du monde-béton. » Il est question d'y « entretenir un amour féroce et continuer à se battre pour que parfois et par endroits, la beauté perce ». La beauté – & ce qui relève de la vie, comme une force – au sens philosophique du terme – politique, capable de fissuré le « monde-béton ».

Cette puissance de la beauté, de l'Eros, du désir insurrectionnel ne relève pas seulement de l'intime ou de l'exception, elle est comme une force collective qui pourrait déborder les digues de la répression & de la politique de l'impuissance. Le Comité érotique révolutionnaire l'exprime ainsi :

« Notre désir de vivre, notre passion de vivre, notre énergie érotique, celle d'Eros comme pulsion de vie, réprimée durant des années, contenue dans une impuissance politique et une politique de l'impuissance, ne peut désormais plus être endiguée [9]. »

Ce n'est pas seulement le désir individuel qui chercherait à percer, mais une énergie commune, une volonté de vivre qui, après avoir été contenue, déborderait & s'en viendrait fissurer l'ordre établi. L'Eros comme une force de soulèvement, de fête ou de création de mondes : de quoi fissurer « l'Empire du fake. »

Cette idée, Raíz la rejoint entièrement dans un « nous » peu éloigné de ce que Pacôme Thiellement peut appeler une « communauté de Freaks », une « solidarité nomade et anarchiste [10] » :

« nosotros del Deseo, nosotros de la Grieta,
nosotros que hablamos con cerviz erguida ; recuerden –
nosotros comunes y de Bohemia,
nosotros de un mundalma y cuyas voces resuenan aún
nosotros del Eros, de la erosión, de lo erótico, largas pestañas negras rozando nuestros mejillas »

« oui, nous du Désir,
nous de la Brèche,
nous du front levé contre le ciel ; rappelez vous –
nous communs et des Bohèmes
nous d'un monde-âme dont les voix résonnent encore
nous de l'Éros, de l'érosion, de l'érotique, de longs cils noirs frôlant nos joues »

Dans GITANE ou le droit à la candeur [11], Raíz propose aussi le concept de candeur, à mille lieues de l'innocence naïve qu'on pourrait penser à première vue. La candeur, chez elle, est une puissance vivante : la capacité rare, presque magique, à ressentir pleinement la joie d'exister, à danser sans raison, à jouir du monde sans chercher à le posséder, mais surtout, le refus d'être mat, de la dépossession intérieure que le système tente d'imposer en rendant toute spontanéité, & toute trace de vie suspecte. La candeur comme ce qui, en nous, résiste à la séparation des mondes. Puis le concept de « gitanerie », que nous désignerons sommairement comme – vous m'excuserez du jargon – le vouloir-candeur dans un monde d'exil(s), une volonté esthétique, mystique & politique.

III. L'ALCHIMIE AMOUREUSE SELON THIELLEMENT

Dans son texte « Le Sexe des anges [12] », Pacôme Thiellement s'inscrit dans la critique de la « fausse permissivité de notre époque » & propose de penser la sexualité & l'amour comme un processus alchimique, une traversée des états de la matière & de l'âme. Pour Thiellement, l'alchimie n'est pas une métaphore décorative mais, comme elle l'est originellement, une méthode existentielle, un art de la transmutation radicale. L'amour & la sexualité doivent être vécu comme une œuvre au noir, au blanc, au rouge :

  • Œuvre au noir : traversée de la crise, de la séparation, du chaos, de la perte de sens – accepter de se laisser dissoudre, de perdre ses repères, de traverser la nuit.
  • Œuvre au blanc : émergence d'une clarté nouvelle, d'une sensibilité affinée, d'une capacité à percevoir autrement.
  • Œuvre au rouge : réconciliation, union retrouvée, peut être : réhabilitation des puissances de vie obscurcies, invention d'un nous où s'entremêlent corps, désir, fête, magie & mémoire.

Thiellement en appelle à une sexualité passionnée qui soit l'athanor de notre transmutation psychique ET collective. Il en invite à traverser tous les états : rêves, hallucinations, coïncidences, crainte & tremblements, à refuser la gestion, & à véritablement travailler la passion comme force de transmutation :

« Sans une sexualité passionnément travaillée comme l'athanor de notre transmutation psychique, sans la fabrication de l'androgyne – cet « adolescent-jeune fille » auquel Nicolas Berdiaev comparait Dieu – les histoires d'amour ne sont que des partenariats domestiques tristes à pleurer, des histoires de cul-de-jatte guidés par des aveugles¹³. »

Pour Thiellement, la beauté, la fête, la magie, la passion ne sont pas des surplus mais, je crois l'avancer sans me tromper, la condition de toute résistance, de toute invention du commun. Il s'agit de refuser la résignation, de cultiver « l'amour féroce » dont parlait Chaix, de traverser la crise pour faire surgir la beauté, l'intensité, la fête, la magie, y compris dans la précarité, y compris – gnose oblige – dans l'exil.

III.2 HYPOTHÈSE : LA TRANSMUTATION COMME POLITIQUE

L'alchimie vise à la transmutation, la possibilité de faire surgir de l'or à partir du plomb. Si l'on transpose – plus ou moins artificiellement – cette logique, une ligne révolutionnaire : face à l'intensité des séparations & de la dépossession, œuvrer au noir, c'est-à-dire destituer, pour purifier puis qui ouvrir la possibilité d'une recomposition & d'une réappropriation du monde & des forces.

Là où la société contemporaine tend à tout dissoudre dans l'image & la gestion, l'alchimie rappelle qu'une transformation profonde est possible, elle suppose de reconnaître la perte pour expérimenter, collectivement, de nouvelles formes d'habitation & de présence.

Face à la crise de la présence & à la dépossession du corps, l'alchimie propose un imaginaire & une pratique radicalement différents : elle ne vise pas la transformation, mais la transmutation, un changement de nature, une métamorphose à la racine même des choses.

Dans l'œuvre au noir (Nigredo), tout commence par la déconstruction & la traversée de l'ombre, le moment où la matière est réduite à l'essentiel, confrontée à ses limites & à sa perte de sens. Cette étape, qu'on pourrait liée à la crise actuelle du corps, n'est jamais une fin en soi, elle prépare la possibilité d'une renaissance.

Nous l'avons vu brièvement : l'œuvre au blanc (Albedo) symbolise une nouvelle perception & l'œuvre au rouge (Rubedo) incarne la réconciliation entre la matière & l'esprit, le désir & son vécu. L'alchimie, comprise ainsi, ne se réduit pas à une métaphore mais peut être un chemin opératif, où se mêlent la destitution, la purification des schémas imposés & la recomposition collective, logistique & ontologique. La métamorphose de la matière n'a de sens que si elle s'inscrit dans un rapport renouvelé au monde & aux autres. Elle suppose d'affronter les conditions historiques & matérielles qui rendent la présence impossible, & de permettre les gestes, les rites ou expérimentations qui permettent de recomposer du commun.

Politiser l'alchimie, c'est reconnaître que la crise du corps n'est pas seulement un problème intime, mais le symptôme d'une organisation sociale contre-alchimique. L'alchimie devient une ressource politique quand elle offre des images, des symboles, mais aussi des méthodes pour traverser la crise, non pas seul, mais ensemble, & permettre des formes-de-vie.

IV. HYPOTHÈSES DE BAS DE PAGE

— Désexualiser l'érotisme pour érotiser le monde.
— Dégénitaliser la sexualité : attaquer la hiérarchisation, faire ou révéler le corps comme une source entièrement érogène.

Nathan J. Beltràn


[1] [[« If you look at the videos on mainstream porn sites you can see ‘teen' themes, ‘mom and son' themes, lots of incestuous porn. It's pretty deviant stuff. To watch this you have already lowered your threshold of what is acceptable. Porn is an entry drug for a lot of them. » https://www.theguardian.com/global-development/2020/dec/16/online-incest-porn-is-normalising-child-abuse-say-charities

[2] « Selon des chiffres communiqués à la délégation par Céline Piques, porte-parole de l'association Osez le féminisme ! , lors d'une audition le 20 janvier 2022, Pornhub recense 71 608 vidéos faisant l'apologie de l'inceste et de la pédocriminalité, ainsi que 2 462 vidéos ayant pour mot clé "torture". » https://www.senat.fr/rap/r21-900-1/...

[3] Le site SisLovesMe enregistre environ 1,88 million de visites mensuelles. https://hypestat.com/info/sislovesme.com. SellYourGF, lui, attire moins mais tout de même plusieurs milliers de visiteurs par jour.
https://hypestat.com/info/sellyourgf.com.

[4] Il y a plusieurs raisons au fait de prendre l'exemple d'une jeune poétesse peu, voire pas connue. D'une part, il me semble toujours sympathique d'évoquer quelques écrivains en début de parcours ; de l'autre, étant son traducteur, je connais bien son œuvre & elle s'impose assez naturellement à mon esprit. Il y aurait eu, bien sûr, quantité d'autres exemples tout aussi pertinents. Je pense notamment à Bernard Noël & Pierre Guyotat – d'une manière totalement différente à ce que nous voyons ici.

[5] CORTÈGE, revue d'hérésies n°1, pages 5 à 11.

[7] Hair le monde, Leïla Chaix, Éditions le Sabot, page 173.

[8] Haïr le monde, Leïla Chaix, Éditions le Sabot

[11] GITANE ou le droit à la candeur, Catalina Raíz, Éditions CONTRE-SORT, à paraître.

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