27.05.2025 à 20:00
lundimatin
En avril dernier, une vague d’actions ciblait le système carcéral français. A chaque fois, le sigle DDPF pour Défense des Droits des Prisonniers Français était retrouvé sur les lieux. En parallèle, un canal Telegram revendiquait cette campagne et en explicitait les revendications, soit le respect des droits des prisonniers décrits comme systématiquement bafoués. Dans un brillant article récemment publié dans lundimatin (lire ici), l’historien Alessandro Stella revenait sur cette « affaire » pour la recontextualiser à la fois dans le moment politique présent mais aussi plus généralement dans l’histoire du « narcotrafic » et de la politique pénale qui prétend réprimer la vente et la consommation de stupéfiants. Dans ce lundisoir, nous accueillons Anne Coppel, sociologue et pionnière en France de l’étude du prohibitionnisme des drogues, Fabrice Olivert, militant historique pour la défense des consommateurs de drogue et fondateur d’ASUD (Auto support des usagers de drogues) ainsi qu’Alessandro Stella. On verra comment une pratique millénaire et anthropologiquement banale, -l’usage de psychotropes-, est devenue en quelques décennies le prétexte à une criminalisation et une répression de masse des populations pauvres et plus particulièrement racisées. Comment les figures du « drogué », du « dealer » et maintenant du « narcotrafiquant » ont été construites politiquement et se sont tellement bien ancrées dans nos représentions que lorsque une campagne d’actions en solidarité avec les personnes incarcérées se diffuse aux quatre coins de la France, personne dans le champs public n’entreprend de la soutenir ou à tout le moins de la comprendre.
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20.05.2025 à 20:00
lundimatin
Professeur de sciences politiques à São Paulo, Jean Tible navigue depuis plusieurs décennies entre la France et le Brésil. Ses recherches portent essentiellement sur cette matière riche et prolifique : la révolte. Il vient de publier Politique sauvage aux éditions Terres de feu, un essai aussi foisonnant qu’enthousiasmant qui propose de reprendre l’histoire de ces 70 dernières années depuis les gestes d’insoumission, de subversion et d’affrontement avec l’ordre des choses. Par ce renversement de perspective, on s’aperçoit que ce sont les bouleversements qui imposent le rythme de l’histoire et qu’il ne s’agit jamais pour le pouvoir que de tenter de l’interrompre. Jean Tible retrace donc 7 décennies de luttes qui se succèdent, se chevauchent, s’entrecroisent, des forêts de l’Amérique du Sud aux ZAD, des quilombos aux favélas, des Black Panthers aux féminismes révolutionnaires. Depuis les grèves, les usines, les campus, les ghettos ou les places occupées, il retisse le fil des évènements jusqu’à rendre palpables leurs résonances. Contre une politique politicienne aussi éreintée qu’impuissante et triste, il révèle cette politique sauvage, joyeuse et ingouvernable qui relie les mille luttes minoritaires, qu’elles soient queer, indigènes, ouvrières ou écologistes. En évoquant le trumpisme, un ami écrivait récemment que « nous avons la contre-révolution que nous méritons », la fascisation en cours n’étant que le contre-coup des révoltes récentes. Antonio Gramsci d’ajouter en 4e de couverture du livre de Jean Tible : « On ne peut prévoir que la lutte. ».
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13.05.2025 à 14:00
lundimatin
Pour ce 4e épisode de lundi bon sang de bonsoir cinéma, Nicolas Klotz, Saad Chakali et Victor Morozov discutent de cette figure presque évanouie : le critique de cinéma. Mais comme toujours, il s’agira d’abord de parler de tout le reste, comment bifurquer de l’industrie et s’en foutre de Cannes, comment encore faire du cinéma politique alors que Gaza, comment persévérer dans l’impasse jusqu’à ce que le réel se fissure. Plus de détails dans le chapitrage ci-dessous.
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05.05.2025 à 20:00
lundimatin
Autrefois cantonné aux cercles les plus assumés de l’extrême droite, le « problème musulman » a doucement mais sûrement conquis l’espace politique et médiatique. D’une partie de la gauche qui veut sauver une « république » en péril au ministre de l’Intérieur qui proclame « vive le sport, à bas le voile » la question de l’islamophobie est devenue un marqueur plus déterminant que jamais en France. Si certains assument cette peur des musulmans pendant que d’autres s’indignent des discriminations qu’elle engendre, personne ne s’interroge sur la manière dont s’est construit ce « problème musulman ». C’est ce à quoi s’attèle Hamza Esmili, socio-anthropologue, dans La cité des musulmans, une piété indésirable (Amsterdam). Le chercheur retrace la genèse et les différentes évolutions de l’islamophobie en France, de sa variante libérale de gauche à son déploiement conservateur actuel et ouvre la question en creux de ce « problème musulman » : comment l’histoire coloniale, la désindustrialisation et l’espace ségrégé de la cité, ont produit un phénomène de réaffiliation et de regain de piété qui vient mettre en crise le rapport dominant à la communauté, à l’État et à la société globalisée. Soit « une collision historique bien réelle, une épreuve de modernité ».00:00 Intro 2:58 1982, les ayatollahs infiltrent les grèves ouvrières 6:13 1989, trois lycéennes voilées à Creil, le Munich de l’éducation 9:23 Le « problème musulman », collision historique et épreuve de la modernité 11:23 De l’islamophobie libérale de gauche à l’islamophobie conservatrice 15:25 La question en creux du « problème musulman » : la non-assimilation 18:09 La différence entre l’islamophobie et le racisme anti-maghrébin 20:47 De la génération perdue des enfants d’immigrés à la réaffiliation pieuse 24:20 Désindustrialisation et multiplication des mosquées 28:06 Une forme singulière de collectifs d’individus ’un à un’ pieux 33:06 L’influence méconnue de la prédication des « frères de l’effort » sur l’islam de France 37:09 L’attentat géopolitique et l’attentat antisémite : distinguer politiquement les phénomènes de violence 43:52 Islamophobie des gouvernants : calcul politique cynique ou déréliction morale sincère 44:43 Le « problème musulman » permet-il de produire « du français » ? 47:56 Pourquoi l’extrême droite ne rêve pas (même au Puy du fou)
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28.04.2025 à 20:00
lundimatin
Si vous ne savez pas que les mésanges conspirent secrètement pour abolir le capitalisme et qu’il est possible d’entrer dans la tête de Bruno Retailleau grâce à un rituel animiste douloureux, c’est que vous n’avez jamais lu les excellentes et hilarantes bandes-dessinées d’Alessandro Pignocchi. Après La recomposition des mondes et Ethnographies des mondes à venir avec Philippe Descola [1], l’ancien chercheur en sciences cognitives revient avec un projet peut-être encore plus ambitieux. Avec Perspectives terrestres, Scénario pour une émancipation écologiste, Alessandro Pignocchi propose une hypothèse politique hybride qui ne se satisfait ni d’une pureté révolutionnaire dépendante du « grand soir », ni des illusions réformistes auxquelles plus personne ne croit de toute façon. Il s’agirait de renouer avec les milieux de vie, de territorialiser les forces politiques et de nouer les alliances qui permettent à la fois prendre au sérieux la question de la subsistance et celle du démantèlement de ce qui détruit la vie, la planète et tout le reste. Il s’agirait en somme d’accueillir le devenir émeutier de Marine Tondelier et d’accepter que Jean-Luc Mélenchon puisse au moins diriger un potager. Programme vaste et audacieux qui vient nourrir les questionnements politico-stratégiques.
00:00 Présentation 2:20 Lutter par et depuis les affects : diffuser les possibilités de joie et d’intensité de vie 7:36 Reprendre prise sur le monde depuis nos attachements aux territoires, aux milieux de vie et au vivant non-humain 10:25 L’attitude objectivante VS l’attitude subjectivante 17:23 De l’impossibilité de connaître 51 vaches ou comment l’élevage intensif modifie substantiellement le rapport au non-humain 21:35 La pensée du vivant : programme révolutionnaire ou anesthésiant pour bourgeoisie déprimée 29:41 Renverser les coordonnées de la valorisation économique de soi 35:42 Entre le réformisme social-démocrate et le mythe du grand soir : le gradualisme et l’oscillation saisonnière 41:47 Archipels, désertion et autonomie : luxe communale ou alternative pour privilégiés ? 47:36 Face à l’effondrement de l’hypothèse sociale-démocrate : fascisme ou prises de terres 51:14 Territorialiser les forces politiques 55:52 Engager la conflictualité, organiser le démantèlement 1:01:22 Se débarrasser de Retailleau dans un rituel animiste 1:08:07 Réactiver la joie de la grève ouvrière, réactualiser le lieu de la conflictualité politique
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21.04.2025 à 20:00
lundimatin
Gabriel Hagaï est une figure qui tranche au sein du judaïsme français contemporain. Formé à Jérusalem au sein d’une confrérie mystique qui transmet des enseignements ésotériques ancestraux, il est l’un des derniers représentants d’une tradition orthodoxe séfarade marginalisée. Il se revendique Gilet jaune, anarchiste, communiste et anti-matérialiste, et promeut une politique mystique de l’amour inconditionnel. Il vient de publier Itinéraire d’une initiation, le cheminement d’un rabbin qabbaliste aux éditions Vues de l’esprit dont nous avons publié quelques bonnes feuilles.
00:00 Présentation 1:18 Qu’est-ce que la Kabbale ? 2:48 Pourquoi la Thora n’est pas la loi mais la voie 5:38 Comment faire le pitch de la Thora en se tenant sur un pied ? 7:51 Pourquoi publier un tel livre dans la situation politique et mondiale actuelle ? 11:17 Déconstruire les projections sur le judaïsme 14:10 Messianisme et sionisme : la question du littéralisme 21:00 « Nous n’attendons pas le messie, le messie nous attend » (et il pourrait être le nom d’un phénomène révolutionnaire) 23:54 Du sionisme culturel au sionisme politique 28:23 Qu’est-ce que l’amour inconditionnel ? 34:38 Peut-on être anarcho-communiste et royaliste ? 38:40 Le soutien des gouvernements européens au sionisme 40:16 La mystique est elle l’espace du dialogue inter-religieux ? 45:03 La tradition mystique contre le littéralisme 47:35 Que reste-t-il des traditions talmudiques séfarades par rapport aux traditions talmudiques ashkénazes ? 52:18 Comment devient-on mystique ? 57:31 « D’abord vivre, ensuite philosopher, mais troisièmement revivre. » 58:38 Qu’est-ce que le tiqqun ? 1:04:34 Quel rapport à la lutte politique ? Gripper la machine, réparer le monde
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