18.11.2025 à 11:00
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A partir de 2008 le quartier athénien d’Exarchia, à dix minutes à pied du Parlement grec, a été le territoire d’une expérimentation sociale sans équivalent dans notre époque. Délivré de la présence policière suite aux émeutes consécutives à l’assassinat du jeune Alexandros Grigoropoulos par la police, il l’est resté pendant près de douze ans. Cette situation de territoire sans police, base arrière d’innombrables manifs et émeutes contre les politiques d’austérité imposées par l’ultralibéralisme de l’Union Européenne, lieu de vie collective à travers de très nombreux squats et lieux d’accueil de migrants, a aimanté toute une population de jeunes et moins jeunes d’Europe et d’ailleurs en quête d’une vie hors du modèle dominant.Entre « anarcho-tourisme » plus ou moins folklorique et tensions opposant les différents courants politiques qui le structuraient, ce bout de tissu urbain très particulier a largement échappé aux caricatures pour constituer aux yeux de milliers de gens un laboratoire essentiel à la revivification d’une perspective révolutionnaire. Victor Collet, que nous connaissions déjà pour ses études critiques sur les luttes immigrées à Nanterre et contre Aibnb à Marseille, y a vécu certains des moments les plus chauds de son histoire tumultueuse. A travers de nombreux témoignages constamment reliés à une analyse socio-historique, il raconte comment cette utopie urbaine a pu exister, et comment elle a fini par être étouffée. Son récit nous interroge sur les échelles de nos combats, sur les dangers et les illusions d’une territorialisation pourtant indispensable, sur le rapport entre espaces (jamais totalement) libérés et luttes dans toute la société. On en cause.
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11.11.2025 à 20:00
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Partons d’un postulat simple : l’âge est le rapport de pouvoir à la fois le plus commun et le plus tu. Or nous sommes tous des enfants en passe de devenir adultes, des adultes anciennement enfant, voire des parents en charge d’enfants ; quelle que soit notre place dans la hiérarchie des âges, nous croyons à l’innocence et à l’incomplétude de l’enfance autant qu’à la nécessité inéluctable de devenir adulte. Avec La fabrique de l’enfance, anthropologie de la comédie adulte, Sébastien Charbonnier vient dynamiter nos catégories et nos certitudes. En décortiquant les dispositifs et représentations qui produisent l’enfant autant que l’adulte, le philosophe met à nu l’un des mécanismes essentiel à notre conformation au capitalisme : il faut fabriquer de l’enfant pour perpétuer la comédie adulte.
La démonstration est aussi implacable qu’embarrassante : au cœur de nos attachements les plus forts et les plus sincères, se logent les dynamiques et les imaginaires qui nous assujettissent le plus puissamment au monde de l’économie. Et aucune crise de susceptibilité ou de culpabilité ne nous en sauvera. Ce dont il est question c’est d’abolir l’adulte, c’est-à-dire de libérer les devenirs.
La fabrique de l’enfance paraît aux éditions lundimatin ce vendredi 14 novembre. Le livre sera disponible dans toutes les bonnes librairies et en vente en ligne sur notre site ici. Des extraits sont aussi disponibles ici.
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07.11.2025 à 10:00
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Juin 2024, dissolution de l'assemblée et possible arrivée de l'extrême droite au pouvoir. Nathalie Quintane, écrivaine qu'on ne présente plus ou que l'on présente mal, s'est mise à consigner ce qu'elle voyait : des objets, des anecdotes, des scènes comme autant de flashs fascistes. Ces micro-évènements tout à fait ordinaires qui nous disent que quelque chose se passe : des langues qui se mettent à baver, des corps qui se ratatinent et la bêtise qui se raidit. Soixante-dix fantômes (éd. La Fabrique), n'est pas vraiment un essai et pas tout à fait de la poésie. Quintane aime bien l'idée de « fantaisie réaliste » parce que ça permet d'imaginer des têtes rouler et d'en rigoler mais elle est aussi un peu ethnographe, styliste et chroniqueuse. Ça fait beaucoup pour une seule personne mais c'est pour ça qu'on l'a invitée.
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