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02.05.2025 à 13:17

La pureté de chacun causera la perte de tous

Loïc Le Clerc

La gauche peut-elle se payer encore longtemps le luxe de ses divisions intestines ? Quand le monde brûle, on ne débat pas de la couleur de l’extincteur. Prédation sur les droits des chômeurs, des retraités, des jeunes, des prisonniers… Austérité budgétaire… Défense des valeurs traditionnelles… Attaques incessantes contre les minorités religieuses… Atteintes à l’environnement et…
Texte intégral (829 mots)

La gauche peut-elle se payer encore longtemps le luxe de ses divisions intestines ? Quand le monde brûle, on ne débat pas de la couleur de l’extincteur.

Prédation sur les droits des chômeurs, des retraités, des jeunes, des prisonniersAustérité budgétaire… Défense des valeurs traditionnelles… Attaques incessantes contre les minorités religieuses… Atteintes à l’environnement et à la rechercheFermeture d’un tiers des agences de l’ÉtatTaxation des plus modestes pour payer les cadeaux fiscaux des plus riches… Remise en cause de symboles des victoires sociales comme le 1er mai chômé… Qui ça ? Donald Trump ? Non, Emmanuel Macron. Rien que pour ces dernières semaines.


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Steve Bannon, l’ex-stratège de Donald Trump, aficionado des saluts nazis, avait théorisé la tactique du président américain et se réjouit de la voir à l’œuvre en son pays : « Je pense que vous voyez maintenant l’aboutissement de tout le travail qu’on a fait. Vous assistez à ce que j’appelle ‘l’inondation de la zone’ et il n’y a pas de meilleur moment pour être en vie que maintenant, quand on voit les fruits de ce grand effort. »

« Inonder la zone », ça veut dire bombarder le monde d’infos, de déclarations, de décisions politiques, attaquer à tout-va tous les pans de la société, à la seule fin de créer un tel désordre, une telle dispersion des forces et des esprits qu’aucune union ne sera possible. Et donc aucune réaction, aucune contre-attaque de poids.

Donald Trump le fait et son efficacité fait des émules. Et pas seulement auprès de ses amis argentin, hongrois ou italien. En France aussi, la Macronie mitraille.

Sous le tapis de « bombes Banon », il est impossible de tenir son bout de barricade sans regarder ce qu’il se passe pour les autres. La Commune de Paris n’a-t-elle pas été vaincue, bastion après bastion ?

Mais pendant que les droites et les extrêmes droites mondiales organisent leur contre-révolution, les gauches se tirent dans les pattes. Quelque soit le sujet, la division l’emporte. L’écologie ? Oui, mais le nucléaire… Le travail ? Oui, mais le RSA… L’islamophobie ? Oui, mais l’antisémitisme… Comme si le camp d’en face n’allait pas tout brûler. Ce jeudi 1er mai, les manifestations furent à la fois inquiètes, festives et empruntes de gravité devant l’ampleur des luttes à mener. Le spectacle affligeant des guéguerres intestines, les prises de parole des politiques qui voulaient voler la vedette aux syndicats, les violences à l’encontre du PS et de ses élus à Paris… montre que le chemin sera long et périlleux.

En France, les écologistes et les socialistes sont trop occupés par leurs batailles d’appareil que par les idées. Le PCF, François Ruffin, Clémentine Autain, cherchent, dans des styles différents, une manière d’exister au milieu de l’étau social-démocrate – insoumis. LFI n’est obsédé que par son hégémonie sur le tas de cendre. Tous se contorsionnent pour se démarquer de l’autre. L’électorat, lui, n’attend plus les lendemains qui chantent, le temps des cerises ou le grand soir. Simplement que ses représentants lui inspirent un peu de joie, un peu moins de honte mais surtout la possibilité de mener des luttes.

La pureté ne vaudra pas grand chose quand on sera tous morts. Et il est à parier que même le choix du cercueil sera objet de controverses !

02.05.2025 à 13:16

Sans syndicat, pas de salut : la gauche absente là où le salariat est abandonné

Pablo Pillaud-Vivien

Les dernières élections professionnelles confirment une réalité inquiétante : là où les syndicats sont affaiblis ou absents, la gauche peine à convaincre.
Texte intégral (1109 mots)

Les dernières élections professionnelles confirment une réalité inquiétante : là où les syndicats sont affaiblis ou absents, la gauche peine à convaincre.

On s’en doutait, les chiffres le confirment. Les élections professionnelles 2024 dans les fonctions publiques et dans le privé ont reconduit une tendance qui s’installe dangereusement : une baisse générale de la participation, une fragmentation accrue de la représentation, et surtout, une corrélation frappante entre la défaite syndicale et l’effacement politique de la gauche.


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Dans les services publics et les industries (ou ce qu’il en reste parfois…), là où les bastions syndicaux tiennent bon — enseignement, santé, transports, collectivités — la gauche garde encore un ancrage. Mais dans les zones grises du salariat contemporain, dans les entreprises sous-traitantes, les entrepôts de la logistique, les plateformes numériques, le petit commerce, les sociétés de nettoyage ou de sécurité, la gauche est introuvable. Et pour cause : ces secteurs sont aussi ceux où les syndicats sont les plus faibles, parfois absents, souvent réprimés.

Le lien est clair : sans organisation collective du travail, sans culture de la lutte, sans relais syndicaux, les salariés sont livrés à eux-mêmes. L’individualisme forcé — celui de la survie économique, du contrat précaire, de la peur du licenciement — rend toute politisation difficile. Dans ces zones d’ombre, la gauche parle une langue étrangère, souvent inaudible. Le développement des très petites entreprises (près de 5 millions aujourd’hui quand il y en avait moins de la moitié moins il y a 10 ans) affiche un taux de participation aux élections professionnelles éloquent : sous les 5%. Les relations de classes y sont complexes car les relations patrons-salariés intriquées, les revendications sont difficiles à faire entendre, les solidarités professionnelles prennent d’autres formes que dans les grandes entreprises.  

On retrouve ce même abandon dans le monde agricole. Les dernières élections aux chambres d’agriculture ont vu une nouvelle fois triompher la FNSEA, syndicat historiquement proche du pouvoir et des logiques productivistes. Le tout avec moins de la moitié des suffrages des agriculteurs… En face, la Confédération paysanne — seule voix clairement ancrée à gauche, écologiste et sociale — peine à élargir sa base. Pourquoi ? Parce que la gauche, trop longtemps déconnectée du monde rural, a déserté les campagnes. Or, l’agriculture est un champ de bataille social comme un autre : endettement massif, précarité des salariés agricoles, isolement, suicides… Et surtout incompréhension des réalités d’un monde pourtant d’une nécessité absolue pour notre société. Là encore, là où la gauche syndicale ne s’organise pas, c’est la droite et l’extrême droite qui prospèrent.

Autre exemple, ce sont près de 40% des salariés qui travaillent, selon le ministère du travail, dans les professions intermédiaires ou employées. Parmi eux, la grande majorité sont des personnels administratifs, de l’agent d’accueil au secrétaire de direction, en passant par toutes les fonctions dites supports qui sont le coeur battant des entreprises et des services publics. Pour ces travailleurs là, ni la gauche syndicale ni la la gauche politique n’offre de propositions de projet adapté. Autrement dit : bien sûr qu’il est important de mettre en avant les caristes et les chauffeurs Uber, les soignants et les postiers, les professeurs et les ouvriers des hauts fourneaux, mais quid de tous ceux qui remplissent les tableaux Excel et les agendas, répondent aux emails et au téléphone ?

Pire : là où les syndicats sont faibles, c’est souvent l’extrême droite qui avance. À force d’abandonner les salariés précaires, de mal comprendre les réalités du travail fragmenté, la gauche a laissé un vide que d’autres s’empressent de combler — par la haine et le ressentiment. Le repli identitaire prospère là où le combat social ne se donne plus les moyens de lutter – et de comprendre ! Le RN se fout du monde du travail – ou plutôt fait le strict minimum pour faire croire mensongèrement qu’il est du côté des travailleurs – mais il offre une grille de lecture du monde qui dépasse le poste de travail : le problème, y compris pour le travailleur, c’est l’arabe, le musulman, l’étranger. Au fond, sa réussite tient aussi du fait que les responsables du parti ont compris qu’un salarié ne devait pas se réduire à ses conditions matérielles de travail mais qu’il avait des rêves et des peurs – ce sur quoi ils ont décidé de capitaliser.

Il y a donc ici une urgence stratégique. Réarmer la gauche politiquement passe nécessairement par un réarmement syndical. Et il ne sert à rien de fustiger, de l’extérieur, une soi-disant « bureaucratie syndicale » selon l’adage trotskiste vieux comme Léon. Les fédérations continuent de structurer un espace qu’elles sont les seules à investir. Mais il est aussi besoin d’un patient travail d’organisation de ce salariat oublié voire négligé : syndiquer dans l’intérim, dans les entrepôts, chez les aides à domicile et les personnels administratifs. Il ne peut y avoir de stratégie électorale sans stratégie d’organisation. Mieux : on ne peut penser la société si on n’a pas des représentants de tous ses espaces pour y travailler.

La gauche qui gagne est une gauche qui s’ancre. Et s’ancrer, aujourd’hui, c’est retourner là où elle a déserté : les lieux de travail. Sans mépris pour ceux que l’on considérerait comme non-nécessaires ou concentration univoque sur ceux qui sont d’ores et déjà les atouts de la gauche. Sinon, elle restera ce qu’elle devient peu à peu : une force bavarde et impuissante.

Pour aller plus loin – car oui, certains s’y attèlent ! – : https://laviedesidees.fr/Travailler-mieux-un-recueil-de-propositions

02.05.2025 à 13:15

La gauche face au travail : l’éternelle fracture

Lucas Sarafian

Droit à la paresse, "gauche des allocs", valeur travail… Les gauches redoublent d’efforts et d’anathèmes pour se différencier sur la question du travail. Des dissensions stratégiques plus que de réelles failles programmatiques ?
Texte intégral (2095 mots)

Droit à la paresse, « gauche des allocs », valeur travail… Les gauches redoublent d’efforts et d’anathèmes pour se différencier sur la question du travail. Des dissensions stratégiques plus que de réelles failles programmatiques ?

Lutte sans fin. A gauche, chaque ouvrage, chaque petite phrase suscite la polémique. Dans son livre publié le 24 avril, Le Parti pris du travail (Cherche midi), Fabien Roussel s’en prend au RSA : le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) assimile cette aide à « une politique de reniement, à une France qui refuse de garantir à chacun un emploi avec un bon salaire ». Pour lui, ce dispositif maintiendrait ceux qui en bénéficient  en situation d’exclusion.


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L’argumentaire détonne. « Un simplisme et une démagogie que la droite wauquiériste n’aurait pas reniés », lâche un député de gauche membre de la commission des Affaires sociales. « On doit avoir une garantie au travail mais c’est une fausse bonne idée, considère Hendrik Davi, député du groupe Écologiste et social. Si on supprime le RSA, on va contraindre des personnes très éloignées de l’emploi à accepter n’importe quel travail, ce qui va plutôt favoriser les patrons qui recruteront des salariés très qualifiés avec des salaires très bas. »

« Il ne s’agit pas de priver brutalement les personnes aujourd’hui assujetties à ce dispositif du RSA. Mais de leur permettre, grâce à une toute nouvelle approche de la place d’un travail redevenu émancipateur et replacé au coeur des politiques publiques, de retrouver de la sécurité et de la stabilité dans leurs parcours professionnels, ainsi qu’un niveau de vie qui leur permette de s’extraire des difficultés dans lesquelles le RSA les enferme durablement », répond Christian Picquet, chargé des idées au sein de l’exécutif du PCF. À la place de cette prestation sociale, le chef de file des communistes souhaite fonder une Sécurité sociale de l’emploi et de la formation. 

Travail ou allocs ?

Depuis quelques années, Fabien Roussel est obnubilé par une seule idée : placer la « valeur travail » au cœur du logiciel de gauche. Ce serait, selon lui, la seule manière de reconquérir les classes populaires. Son obsession réanime un débat qui irrite la gauche depuis longtemps : la gauche doit-elle défendre le travail ou les « allocs » ? Roussel avait lancé ce même débat lors de la Fête de l’humanité de 2022, provoquant alors l’ire des socialistes, des écologistes et des insoumis. « Opposer la gauche du travail et la ‘gauche des allocs’ revient à ignorer que les allocations sociales sont pensées comme des extensions de salaires, que le travail finance en réalité les aides sociales, et que ces allocations permettent à ceux qui en bénéficient de chercher et trouver un emploi », critique Hadrien Clouet, député La France insoumise (LFI). 

« Fabien Roussel reprend un thème de droite et essaie de lui donner une image de gauche. Mais en acceptant le diagnostic de la droite, il entérine l’idée qu’il existe des “assistés”, il accepte cette représentation du monde social. Et au sein de la classe politique de gauche, beaucoup n’osent pas dire qu’il n’y a pas “d’assistés” car cela pourrait alimenter le procès en oisiveté mené par la droite et contredire cette idée, présente au sein des catégories populaires, fondée sur l’aspiration à se réaliser par le travail », développe Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’université de Lille. 

Revenu de base ou pas ?

« Notre idée affronte les logiques du capital. Personne ne défend ce type de mesures à gauche, estime Guillaume Roubaud-Quashie, responsable de la formation au sein de l’exécutif du PCF. Quand les socialistes étaient au pouvoir, ils n’ont jamais pris une seule initiative allant dans le sens d’une extension de la Sécurité sociale au marché du travail. Le discours dominant de gauche aujourd’hui, c’est ‘ne rien changer’ ou, dans une certaine partie de la gauche non marxiste, des idées alternatives comme le revenu de base. »

Le débat fait donc surgir une nouvelle question qui a divisé la gauche il y a quelques années : la rémunération doit-elle dépendre uniquement du travail ? En défendant un revenu universel, Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste (PS) lors de la présidentielle de 2017, avait clivé, y compris dans son propre camp. Aujourd’hui, la question n’est plus vraiment d’actualité et aucun député ne porte une proposition de ce type dans le débat public. 

De l’autre côté du spectre politique, Sandrine Rousseau honnit cette « valeur travail ». La députée écologiste de Paris, fervente défenseuse d’un droit à la paresse, espère amener le logiciel de la gauche hors du champ productiviste. « Parmi les erreurs que commet la gauche figure le fait que nous acceptons les valeurs et les mots imposés dans le débat public. On dénie le droit à la paresse comme un péché capital, une valeur morale interdite. Pourquoi serait-il interdit de penser en dehors du travail ? Pourquoi faudrait-il ignorer que le travail est aussi un lieu de souffrance ? » se demandait la députée en décembre. 

Chacun son sillon

« À gauche, deux traditions cohabitent historiquement. D’un côté, la valorisation du travail. De l’autre, l’accomplissement de l’individu hors de la sphère productive, une émancipation hors du travail. D’ailleurs, la gauche s’est toujours définie par la réduction du temps de travail : les 40 heures durant le Front populaire, les 39 heures en 1981, les 35 heures en 1997…, expose le politologue Rémi Lefebvre. Mais aujourd’hui, la question ne se pose plus comme cela : la gauche ne met plus en avant la question du temps de travail et elle entérine le récit culturel de la droite qui place le travail dans une logique d’effort et de mérite. »

Sur un autre créneau, l’ex-insoumis François Ruffin tente de tracer son sillon en concentrant l’essentiel de ses prises de parole sur la question du « mal-travail » et en visibilisant ces métiers si souvent déconsidérés dans le débat public, à l’image des caristes ou des auxiliaires de vie. Le discours est globalement adoubé par le Parti socialiste (PS) qui tente de tourner définitivement la page de la loi El Khomri, ouvrant la voie en 2016 à une modification du code du travail. Les écolos lient logiquement la question productive à la catastrophe climatique. Les insoumis préfèrent poser de grands objectifs comme une meilleure rémunération du travail, une plus juste reconnaissance et un meilleur rééquilibrage du temps de vie. Ses principes, posés par Hadrien Clouet, coresponsable du programme du mouvement et rédacteur du livret thématique consacré à la question du travail, pourraient bien être défendus par tout le reste de la gauche. 

Car en comparant les programmes de la présidentielle de 2022, il est aisé d’admettre qu’Anne Hidalgo, Fabien Roussel, Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon défendent, de manière générale, une augmentation du Smic (seul Yannick Jadot défendait un revenu minimum garanti avant la mise en place d’un revenu universel d’existence), une réduction du temps de travail, un système de limitation des écarts salariaux dans les entreprises ou des dispositifs de garantie d’emploi. 

Convergences

Aujourd’hui, tout le monde défend, à des degrés différents, une revalorisation des salaires, une meilleure reconnaissance du travail et la sauvegarde des emplois menacés par les plans de licenciement à la chaîne qui touchent le pays. Alors pourquoi tant de haine ? « Les divergences politiques à gauche sont largement surjouées. Sur le fond, quand les partis de gauche parlent du travail, ils parlent du niveau des salaires et de la protection sociale. Et pas de la prise de contrôle des outils de production, de la qualité du travail ou de son pouvoir sur son propre travail qui sont des thèmes plus radicaux », balaie Stefano Palombarini, économiste, maître de conférences à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis et membre du conseil scientifique de l’institut La Boétie.

« Le débat sur le niveau des salaires des travailleurs par rapport aux droits sociaux peut toujours exister. Mais je ne crois pas que ce soit le clivage fondamental dans notre société. À gauche, le vrai clivage dominant se situe entre les gens qui travaillent et ceux qui tirent leurs revenus de la possession des moyens de production », tempère Gilles Candar, historien des gauches, président de la Société d’études jaurésiennes et membre du conseil d’administration de la Fondation Jean-Jaurès. 

Mais les prises de bec ne sont jamais très loin. Les socialistes considèrent que la stratégie électorale des insoumis revient à tourner le dos aux employés et aux ouvriers. « Au fond, la note Terra Nova de 2011 (le think tank préconisait au PS de se détourner de l’électorat ouvrier, ndlr), c’est aujourd’hui la sociologie électorale de Jean-Luc Mélenchon », lâche un cadre socialiste. En réponse, les insoumis rappellent, à chaque occasion, le souvenir du quinquennat de François Hollande

« Il existe évidemment des divergences programmatiques et de méthodes entre nos partis. C’est une richesse qui ne nous empêche pas d’être fondamentalement d’accord sur l’essentiel. Nous réprouvons toutes et tous la “start-up nation” d’Emmanuel Macron qui est aujourd’hui la source de désastres industriels que nous aurions pourtant pu éviter. Nous voulons toutes et tous abroger la réforme des retraites, des salaires qui rémunèrent, un travail qui émancipe et qui respecte la planète, un renforcement de la formation professionnelle tout au long de la vie… », énumère Rémi Cardon, sénateur socialiste de la Somme, qui regrette que la gauche n’ait pas produit de contre-récit face au « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy. 

« Nous souhaitons toutes et tous en finir avec le mythe du ruissellement porté par les ultra-libéraux. Il est temps que l’argent public cesse de financer des plans sociaux à répétition, qu’il soit octroyé en échange de contreparties de maintien de l’emploi durables et que les rapports soient rééquilibrés entre ouvriers, patrons, actionnaires et Etat. » Au boulot ?

02.05.2025 à 13:14

« Quand c’est nécessaire, le mouvement social sait se montrer unitaire »

Pablo Pillaud-Vivien

En ce lendemain de 1er mai, journée internationale de lutte des travailleuses et des travailleurs, Youlie Yamamoto, porte-parole d'ATTAC, est l'invitée de #LaMidinale.
Texte intégral (2095 mots)

En ce lendemain de 1er mai, journée internationale de lutte des travailleuses et des travailleurs, Youlie Yamamoto, porte-parole d’ATTAC, est l’invitée de #LaMidinale.

02.05.2025 à 13:13

LA LETTRE DE REGARDS ET POLITIS DU 2 MAI

la Rédaction

La pureté de chacun causera la perte de tous
Texte intégral (1372 mots)

Tous les vendredis, les rédactions web de Regards et Politis unissent leurs forces pour vous donner à lire, à écouter et à penser. Des éditos, des articles et des vidéos pour comprendre une actualité de la semaine.

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La pureté de chacun causera la perte de tous

par Loïc Le Clerc

La gauche peut-elle se payer encore longtemps le luxe de ses divisions intestines ? Quand le monde brûle, on ne débat pas de la couleur de l’extincteur.

Prédation sur les droits des chômeurs, des retraités, des jeunes, des prisonniersAustérité budgétaire… Défense des valeurs traditionnelles… Attaques incessantes contre les minorités religieuses… Atteintes à l’environnement et à la rechercheFermeture d’un tiers des agences de l’ÉtatTaxation des plus modestes pour payer les cadeaux fiscaux des plus riches… Remise en cause de symboles des victoires sociales comme le 1er mai chômé… Qui ça ? Donald Trump ? Non, Emmanuel Macron. Rien que pour ces dernières semaines.

Steve Bannon, l’ex-stratège de Donald Trump, aficionado des saluts nazis, avait théorisé la tactique du président américain et se réjouit de la voir à l’œuvre en son pays : « Je pense que vous voyez maintenant l’aboutissement de tout le travail qu’on a fait. Vous assistez à ce que j’appelle ‘l’inondation de la zone’ et il n’y a pas de meilleur moment pour être en vie que maintenant, quand on voit les fruits de ce grand effort. »

« Inonder la zone », ça veut dire bombarder le monde d’infos, de déclarations, de décisions politiques, attaquer à tout-va tous les pans de la société, à la seule fin de créer un tel désordre, une telle dispersion des forces et des esprits qu’aucune union ne sera possible. Et donc aucune réaction, aucune contre-attaque de poids.

Donald Trump le fait et son efficacité fait des émules. Et pas seulement auprès de ses amis argentin, hongrois ou italien. En France aussi, la Macronie mitraille.

Sous le tapis de « bombes Banon », il est impossible de tenir son bout de barricade sans regarder ce qu’il se passe pour les autres. La Commune de Paris n’a-t-elle pas été vaincue, bastion après bastion ?

Mais pendant que les droites et les extrêmes droites mondiales organisent leur contre-révolution, les gauches se tirent dans les pattes. Quelque soit le sujet, la division l’emporte. L’écologie ? Oui, mais le nucléaire… Le travail ? Oui, mais le RSA… L’islamophobie ? Oui, mais l’antisémitisme… Comme si le camp d’en face n’allait pas tout brûler. Ce jeudi 1er mai, les manifestations furent à la fois inquiètes, festives et empruntes de gravité devant l’ampleur des luttes à mener. Le spectacle affligeant des guéguerres intestines, les prises de parole des politiques qui voulaient voler la vedette aux syndicats, les violences à l’encontre du PS et de ses élus à Paris… montre que le chemin sera long et périlleux.

En France, les écologistes et les socialistes sont trop occupés par leurs batailles d’appareil que par les idées. Le PCF, François Ruffin, Clémentine Autain, cherchent, dans des styles différents, une manière d’exister au milieu de l’étau social-démocrate – insoumis. LFI n’est obsédé que par son hégémonie sur le tas de cendre. Tous se contorsionnent pour se démarquer de l’autre. L’électorat, lui, n’attend plus les lendemains qui chantent, le temps des cerises ou le grand soir. Simplement que ses représentants lui inspirent un peu de joie, un peu moins de honte mais surtout la possibilité de mener des luttes.

La pureté ne vaudra pas grand chose quand on sera tous morts. Et il est à parier que même le choix du cercueil sera objet de controverses !

Loïc Le Clerc

Sans syndicat, pas de salut : la gauche absente là où le salariat est abandonné

par Pablo Pillaud-Vivien

Les dernières élections professionnelles confirment une réalité inquiétante : là où les syndicats sont affaiblis ou absents, la gauche peine à convaincre.

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La gauche face au travail : l’éternelle fracture

par Lucas Sarafian

Droit à la paresse, « gauche des allocs », valeur travail… Les gauches redoublent d’efforts et d’anathèmes pour se différencier sur la question du travail. Des dissensions stratégiques plus que de réelles failles programmatiques ?

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« Quand c’est nécessaire, le mouvement social sait se montrer unitaire »

En ce lendemain de 1er mai, journée internationale de lutte des travailleuses et des travailleurs, Youlie Yamamoto, porte-parole d’ATTAC, est l’invitée de #LaMidinale.

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30.04.2025 à 11:16

Sondage Regards-Harris : la gauche peut gagner en 2027

Pablo Pillaud-Vivien

Dans quelle configuration la gauche peut-elle atteindre le second tour de la présidentielle ?
Texte intégral (901 mots)

Dans quelle configuration l’union de la gauche lui permet-elle d’atteindre le second tour de la présidentielle ?

En 2027, la gauche peut-elle être une alternative crédible au macronisme et à l’extrême droite ? Dans ce moment peu réjouissant de divisions et de tensions à gauche, alors que chaque jour nous tombent sur la tête des dingueries toujours plus à droite, on a voulu en avoir le cœur net.


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Bien sûr, un sondage n’est pas prédictif d’un résultat, encore moins à deux ans d’une élection dans ce monde si bouleversé. Au-delà du cadre général, les acteurs ne sont pas connus. Nous avons donc pris le parti d’interroger des Français de gauche sur la base des étiquettes de parti. Nous en mesurons les limites : une campagne, c’est un projet, un programme, un rassemblement de forces et un.e candidat.e. Rien de tout cela n’est en place. Les sondés le savent aussi bien que nous tous : leurs réponses dessinent pourtant des attentes voire des exigences.

Nous avons voulu tester trois configurations à gauche, en excluant la plus folle, celle d’une totale atomisation des partis : autant de candidats que de chapelles. Nous avons donc fait trois hypothèses d’alliance à gauche avec en face une configuration précise : une candidature RN et les petits bateaux de l’extrême droite + un candidat LR qui rêve de croquer un peu de l’électorat RN libéré par l’absence de Marine Le Pen + une candidature des macronistes (sûrement Gabriel Attal ou Édouard Philippe). Cette configuration détermine le niveau de suffrages à rassembler pour atteindre le second tour : nous la croyons à ce jour hautement probable. Par ailleurs, nous avons conservé l’hypothèse d’une candidature d’extrême gauche (LO).

Sans surprise, c’est une candidature de la gauche rassemblée qui obtient le meilleur score : 26%. Elle est alors qualifiée au second tour.

Nous avons testé deux configurations d’alliance en plus de celle de l’unité : une qui rassemblerait PS-PCF-EELV, LFI faisant cavalier seul ; une autre rassemblant LFI-PCF-EELV, le PS faisant cavalier seul. Ces deux hypothèses ne sont pas sorties de nos cerveaux créatifs : elles sont bel et bien dans le débat du moment. Dans le premier cas, LFI seule ferait 8%, le reste de la gauche rassemblée atteindrait 20%. Dans le second, le PS seul ferait 13% et le reste de la gauche rassemblée 16%.

Au-delà des hypothèses de vote, deux questions complétaient cette enquête qui mesuraient le désir d’union. C’est confirmé : il est extrêmement puissant à gauche, où 8 sympathisants sur 10 souhaitent cette union.

Quels enseignements en tirer ? La candidature unique n’est pas la seule hypothèse pour permettre à la gauche d’accéder au second tour. Si l’ensemble des forces de gauche hors LFI se met d’accord sur un candidat, un projet, un programme, elle peut être crédible et réussir la primaire sauvage que serait le premier tour de la présidentielle. La crédibilité politique de cette hypothèse est loin d’être établie : comment réunir dans une même proposition propulsive à la fois François Ruffin et Raphaël Glucksmann ? Autre bémol, le sondage teste LFI et pas Jean-Luc Mélenchon : nul n’ignore le potentiel d’entraînement électoral du triple candidat à la présidentielle.

Dans l’hypothèse d’une candidature socialiste autonome, les 13% qui leur sont crédités confirment que le PS n’a pas disparu mais reste limité par son bilan et son absence de projet alternatif. Les 16% crédités au rassemblement LFI-PCF-EELV est dans l’étiage de la gauche d’alternative depuis maintenant de nombreuses années.

Au-delà des hypothèses de vote, deux questions complétaient cette enquête qui mesuraient le désir d’union. C’est confirmé : il est extrêmement puissant à gauche, où 8 sympathisants sur 10 souhaitent cette union. Les dissensions politiques ne sont pas ignorées mais les sympathisants de gauche qu’elles soient surmontées ou relativisées. La volonté d’une gauche qui compte ne s’est pas érodée malgré les efforts répétés de nombreux acteurs politiques. La responsabilité de trouver un chemin pour l’accession au second tour et la victoire en 2027 est immense. Il faut travailler aux convergences, aux modes de désignation et… go !

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