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25.11.2025 à 14:52
En février 2026, cela fera 80 ans que les Nations Unies ont choisi leur tout premier Secrétaire général, un homme. Depuis lors, les huit autres personnes ayant occupé ce poste étaient tous des hommes. Il est grand temps qu'une femme occupe ces fonctions.
António Guterres, l'actuel Secrétaire général, terminera son mandat en décembre 2026. Les tractations pour désigner son successeur sont déjà bien engagées. Une campagne est également en cours, menée par 1 for 8 Billion, pour que le·la prochain·e Secrétaire général·e soit une femme. Plusieurs femmes se sont portées candidates.
Nous sommes au cours d’une crise mondiale des droits humains, en particulier pour les femmes. L'ONU a estimé en 2022 qu'au rythme actuel, il faudrait 300 ans pour parvenir à l'égalité des genres. Mais même cela semble désormais trop optimiste. En 2025, l'ONU signalait qu'un quart des pays connaissaient un recul des droits des femmes.
L'autoritarisme est en hausse et la misogynie est un outil couramment utilisé par les dirigeants autoritaires. Les conflits atteignent également des niveaux jamais vus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dix dernières années, le nombre de femmes et de filles vivant dans des zones de conflit a augmenté de 50 %, avec des conséquences dévastatrices, notamment l'exacerbation des inégalités entre les genres.
La pleine participation des femmes à toutes les prises de décision est un principe fondamental de l'ONU. Adoptée en 2000, la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité a établi que les femmes devaient participer pleinement, en toute sécurité, sur un pied d'égalité et de manière significative à toutes les discussions concernant l'avenir de leur pays, notamment lors des pourparlers de paix. En 2024, le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a publié des orientations sur la manière dont les pays peuvent parvenir à la parité entre les genres dans la prise de décision et sur les raisons pour lesquelles ils y sont tenus.
La participation des femmes est cruciale, car elles représentent la moitié de la population. Elle est également particulièrement nécessaire en cette période de conflits croissants ; des recherches montrent que lorsque les femmes sont pleinement impliquées, les processus de paix aboutissent plus souvent à des accords, et que ces accords ont plus de chances d'être mis en œuvre.
L'ONU a la responsabilité de garantir la participation des femmes et l'égalité des genres. Les objectifs de développement durable de l'ONU exhortent les pays à « mettre fin à toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des filles partout dans le monde » d'ici 2030.
Ces efforts devraient inclure le processus de sélection du/de la Secrétaire général·e des Nations Unies. Tous les États membres devraient présenter et soutenir des candidates avec une solide expérience dans le domaine des droits humains. Une fois constitué un groupe de candidat·e·s diversifié, les États membres devraient sélectionner le·la candidat·e le plus qualifié·e. En ces temps périlleux, nous ne pouvons-nous permettre d'avoir un club exclusivement masculin à la tête des Nations Unies.
25.11.2025 à 07:00
(Abuja, 25 novembre 2025) – Les autorités nigérianes devraient agir d’urgence pour assurer la libération des élèves et des enseignants récemment enlevés dans le nord-ouest du pays et prendre des mesures concrètes pour protéger les écoles et les communautés contre de nouvelles attaques, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Les groupes responsables des enlèvements devraient immédiatement libérer les élèves et les enseignants détenus.
Le 18 novembre, 25 écolières ont été enlevées par des hommes armés non identifiés à l'école secondaire publique pour filles de Maga, dans l'État de Kebbi. Trois jours plus tard, le 21 novembre, au moins 303 élèves (filles et garçons) et 12 enseignants ont été enlevés à l'école primaire et secondaire catholique St. Mary's de Papiri, dans l'État du Niger.
« Ces enlèvements massifs dans des écoles mettent une fois de plus en évidence le ciblage délibéré des élèves, des enseignants et des écoles alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer au Nigeria », a déclaré Anietie Ewang, chercheuse sur le Nigeria à Human Rights Watch. « L'aggravation de la crise met en lumière l'incapacité du gouvernement à protéger les communautés vulnérables. »
Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité de ces attaques. Ces dernières années, le Nigeria a été en proie à des attaques violentes et à des enlèvements perpétrés par des gangs criminels communément appelés « bandits ». Ces groupes ont procédé à des enlèvements contre rançon, notamment d’élèves des régions du nord-ouest et du centre du Nigeria. Le 18 novembre, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jama'at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, NIM), lié à Al-Qaïda et actif dans tout le Sahel, a revendiqué la responsabilité d'une attaque contre une patrouille militaire menée dans l'État de Kwara le 29 octobre ; il s’agissait apparemment de sa première incursion sur le territoire nigérian.
Human Rights Watch a mené des entretiens avec les parents de deux des filles enlevées dans l'État de Kebbi. Isa Nazifi, le père de Khadija Nazifi, une élève de 13 ans qui figurait parmi les personnes enlevées, a déclaré : « J'ai immédiatement pris une moto et je me suis précipité à l'école, où j'ai trouvé ma deuxième fille, également élève dans cette école. Elle m'a dit que Khadija avait été enlevée. Nous sommes extrêmement inquiets. Ma femme est en larmes. Je resterai ici à l'école jusqu'à ce que ma fille revienne. Si je rentre à la maison sans elle, que vais-je dire à ma famille ? »
Malam Sani Zimri, dont la fille, Salima Sani Zimri, est une lycéenne qui a également été enlevée, a déclaré avoir entendu des rumeurs provenant d'autres parents concernant une possible attaque de bandits au cours de la semaine ayant précédé l'incident : « Nous avions repris confiance après avoir vu des militaires surveiller la zone, mais nous avons réalisé qu'il n'y avait aucun agent de sécurité sur place pendant les trois heures qu'a duré l'incident. »
En 2014, l'enlèvement d'écolières à Chibok, dans l'État de Borno par le groupe islamiste armé Boko Haram avait provoqué l'indignation mondiale. Depuis lors, une série d'enlèvements dans des écoles du nord du Nigeria a laissé des familles traumatisées et des communautés entières vivant dans la crainte que si leurs enfants allaient à l'école, ils ne rentrent jamais à la maison. En 2016, Human Rights Watch a rapporté que Boko Haram avait également enlevé plus de 300 enfants de l'école primaire Zanna Mobarti à Damasak, dans l'État de Borno, en 2015.
En décembre 2020, plus de 300 garçons ont été kidnappés dans un internat à Kankara, dans l'État de Katsina. Début 2021, des élèves ont de nouveau été enlevés lors d'incidents majeurs à Kagara, dans l'État du Niger, et à Jangebe, dans l'État de Zamfara, suivis par l'enlèvement de plus de 100 élèves du lycée baptiste Bethel dans l'État de Kaduna. La vague d'enlèvements s'est poursuivie en 2024 avec l'enlèvement d'élèves dans des écoles à Kuriga, dans l'État de Kaduna, et à Gidan Bakuso, dans l'État de Sokoto.
Les autorités nigérianes n'ont pas tiré les leçons des attaques précédentes pour mettre en place des systèmes d'alerte précoce et d'autres mesures susceptibles de prévenir ces atrocités, a déclaré Human Rights Watch.
En réponse aux récents enlèvements, le gouvernement a promis de secourir les élèves kidnappées et de traduire les responsables en justice. Le président Bola Tinubu a ordonné aux agences de sécurité d'agir rapidement pour ramener les filles, tout en exhortant les communautés locales à partager leurs renseignements.
Les autorités ont également fermé 47 écoles secondaires fédérales connues sous le nom de Federal Unity Colleges, et certains États, dont Katsina, Taraba et Niger, ont également fermé des écoles ou restreint les activités scolaires, en particulier dans les internats. Si ces mesures visent à protéger les élèves, elles ont perturbé l'éducation de milliers d'enfants, les privant d'accès à l'éducation et du soutien social et psychologique que leur apportent les écoles. Sans mesures concrètes visant à offrir d'autres possibilités d'apprentissage afin d'assurer la continuité de leur éducation, les élèves risquent de prendre du retard scolaire et de subir des revers à long terme dans leur développement.
Le Nigeria est l’un des pays signataires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui engage le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour protéger l'éducation en période de conflit et d'insécurité. Pourtant, les enlèvements se poursuivent à grande échelle, à un rythme sans relâche. Le 19 novembre, le Sénat nigérian a ordonné une enquête approfondie sur la mise en œuvre du Fonds pour la sécurité des écoles du gouvernement, demandant pourquoi les fonds destinés à la protection des écoles n'avaient pas permis d'empêcher les attaques récurrentes. Le gouvernement devrait agir d’urgence pour faire avancer une proposition visant à introduire une législation afin de mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a déclaré Human Rights Watch.
« Les enfants nigérians ont le droit d'aller à l'école sans craindre pour leur vie », a conclu Aniete Ewang. « Les autorités nigérianes devraient donner la priorité à la libération en toute sécurité des enfants et des enseignants kidnappés, et traduire en justice les responsables. »
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24.11.2025 à 22:54
(Washington) – L'intensification des pressions politiques exercées sur les autorités électorales au Honduras y menace le droit des citoyens de voter lors d'élections libres et équitables, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Des élections générales seront tenues au Honduras le 30 novembre, afin d’élire le ou la président-e, les 128 membres du Congrès national et les 20 députés honduriens du Parlement centraméricain. Ces dernières semaines, le bureau du Procureur général a ouvert des enquêtes pénales visant les hautes autorités électorales. Parallèlement, l'impasse au sein du Conseil national électoral (Consejo Nacional Electoral, CNE) a retardé à plusieurs reprises l'attribution des contrats pour l'organisation des élections. Les allégations de fraude formulées par la présidente Xiomara Castro, ainsi que par des membres des partis d'opposition, sapent également la crédibilité du processus électoral.
« Les allégations de fraude potentielle, les mesures agressives prises par les procureurs et l'armée, et l'impasse politique au sein de l'autorité électorale menacent le droit des Honduriens à participer à des élections libres et équitables », a déclaré Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques à Human Rights Watch. « Les missions internationales d'observation électorale devraient suivre de près le processus et faire pression sur les autorités honduriennes pour garantir que les conditions électorales soient libres et équitables. »
Depuis 2019, l'autorité électorale est divisée entre le Tribunal de justice électorale (Tribunal de Justicia Electoral, TJE), la plus haute autorité en matière de justice électorale, et le CNE, qui administre le processus électoral. Ces deux institutions sont composées de trois membres principaux, élus à la majorité des deux tiers au Congrès. La nomination des membres du conseil et du tribunal résulte d'un accord politique entre les trois principaux partis du pays – Partido Nacional, Partido Liberal et Partido Libre – permettant à chacun d’entre eux d’obtenir un siège dans chaque organe. Ces derniers mois, les tensions entre les membres du conseil ont toutefois paralysé le CNE.
Le 29 octobre, le procureur général Johel Zelaya a annoncé l'ouverture d'une enquête sur Cossette López, membre du conseil issue du parti Nacional, l'accusant d'avoir comploté pour manipuler les résultats électoraux. Zelaya a cité un enregistrement audio, que Cossette López affirme avoir été manipulé. La présidente Xiomara Castro a qualifié les enregistrements contestés de « complot criminel visant à provoquer un coup d'État électoral ».
Le 10 novembre, les procureurs ont ouvert une enquête contre deux juges du tribunal, les accusant d'avoir agi illégalement en approuvant une résolution alors que seuls deux des trois juges étaient présents.
Le 9 novembre, le Conseil a testé son système national de transmission des résultats préliminaires des élections le soir même du scrutin. Le conseiller Marlon Ochoa, du parti Libre, a déclaré que le test avait échoué et qu'il existait « une conspiration contre le processus électoral au sein même de l'organe électoral ».
Le chef d'état-major interarmées a demandé au Conseil de fournir à l'armée une copie du relevé des votes présidentiels le jour du scrutin. Ana Paola Hall, présidente du Conseil, a déclaré avoir rejeté cette demande. L'armée a le devoir constitutionnel de soutenir le transport du matériel électoral le jour du scrutin, mais n'a aucune autorité pour accéder aux résultats, les compter, les transmettre ou les examiner.
Le 20 novembre, les forces armées ont déposé une plainte auprès du bureau du procureur général afin d'engager une action pénale pour diffamation contre Cossette López.
Dans ce contexte de méfiance croissante et d'allégations de fraude, le rôle des missions d'observation électorale indépendantes nationales et internationales sera essentiel pour préserver la crédibilité du processus, a déclaré Human Rights Watch.
La mission d'observation de l'Organisation des États américains a exprimé son inquiétude face aux « actions et déclarations fréquentes – pratiquement quotidiennes – qui génèrent de l'incertitude et déstabilisent le processus électoral » et a fait part de ses préoccupations concernant « l'intervention judiciaire excessive » dans les élections. L'Union européenne a également déployé une mission d'observation électorale au Honduras. Le 18 novembre, l'UE a exprimé son inquiétude face aux développements susceptibles de compromettre les institutions électorales du Honduras à l'approche des élections, déclarant que les autorités et les partis politiques devaient veiller à ce que les organes électoraux puissent fonctionner de manière indépendante et transparente.
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