09.07.2025 à 05:30
Les négociations intersessions des Nations Unies sur le climat qui se sont tenues à Bonn en juin dernier n'ont pas permis d'accomplir les progrès nécessaires pour mettre fin à l'urgence climatique, ni de prendre en compte l'impact dévastateur des changements climatiques sur les travailleurs et leurs familles.
Les négociateurs sont toutefois parvenus à s'entendre sur un texte qui doit servir de base aux discussions sur un mécanisme de transition juste lors de la prochaine Conférence des (…)
Les négociations intersessions des Nations Unies sur le climat qui se sont tenues à Bonn en juin dernier n'ont pas permis d'accomplir les progrès nécessaires pour mettre fin à l'urgence climatique, ni de prendre en compte l'impact dévastateur des changements climatiques sur les travailleurs et leurs familles.
Les négociateurs sont toutefois parvenus à s'entendre sur un texte qui doit servir de base aux discussions sur un mécanisme de transition juste lors de la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui se tiendra plus tard cette année à Belém, au Brésil. Les syndicats travailleront de concert avec les mouvements sociaux pour responsabiliser les gouvernements et mettre en œuvre des solutions climatiques qui font la différence.
Le mouvement syndical mondial place de grands espoirs dans la COP30 qui se tiendra cette année au Brésil et nourrit de nombreuses attentes à cet égard. La Conférence préparatoire sur les changements climatiques (ou SB62), du 16 au 26 juin à Bonn, en Allemagne, a été l'occasion pour le gouvernement brésilien de présenter ses plans.
Cependant, les résultats obtenus au terme de deux semaines de négociations restent en deçà des attentes. Aucun accord n'a pu être trouvé sur le mécanisme de transition juste réclamé par les syndicats et les mouvements sociaux.
Boitumelo Molete, du Congrès des syndicats d'Afrique du Sud (COSATU), a participé aux négociations climatiques de l'ONU depuis la COP26 à Glasgow, en Écosse, en 2021. Pour elle, « la majorité des négociateurs sur le climat sont complètement coupés des réalités que vivent les travailleurs et travailleuses face à l'urgence climatique. Pendant les vagues de chaleur, nos membres tombent malades et voient leurs revenus fondre, alors qu'ils n'ont qu'un accès limité aux soins de santé et aux autres mesures de protection sociale. Les femmes sont particulièrement mises à l'épreuve. Les récentes inondations dans la province du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, ont provoqué le déplacement de familles et détruit des habitations. Pourtant, aucun mécanisme de compensation pour les pertes et dommages n'est prévu pour aider à la reprise. Des communautés entières sont livrées à elles-mêmes, sans ressources, sans protection et sans recours. Ce n'est pas ainsi que l'on peut répondre à l'urgence climatique et agir contre les dérèglements climatiques. Nous assistons de fait à une triple crise, celle de la pauvreté, des inégalités et du chômage, et celle-ci ne fait que s'aggraver. Le taux de chômage des jeunes en Afrique du Sud dépasse aujourd'hui 60 % et les jeunes n'ont accès ni à l'éducation, ni à la formation, ni à la reconversion professionnelle, ni à l'emploi. Malgré les promesses, les infrastructures et l'accès ne sont pas à la hauteur des besoins, et aucune urgence n'est accordée à soutenir les personnes laissées pour compte. »
Les négociateurs sur le climat, réunis à Bonn, ont discuté de la manière dont les pays pourraient renforcer la dimension sociale du changement climatique. Pour les syndicats, il existe un lien direct et positif entre la création d'emplois de meilleure qualité, l'amélioration de la protection sociale, la formation et le renforcement des compétences nécessaires pour mettre en œuvre les politiques climatiques ambitieuses qui permettront d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
« Les syndicats, en tant que représentants officiels des travailleurs, doivent avoir leur place à la table, afin de négocier des accords par le biais du dialogue social et de la négociation collective. Un dialogue social constructif doit avoir lieu au niveau de l'entreprise, dans les secteurs concernés, ainsi qu'aux niveaux national et international », a déclaré Mme Molete.
« En Afrique du Sud, nous disposons du Conseil national du développement économique et du travail (NEDLAC), qui est l'instance à travers laquelle le gouvernement, les travailleurs, les entreprises et les organisations communautaires s'efforcent de coopérer sur les questions économiques, sociales et de développement, par le biais de la résolution de problèmes et de la négociation. Ces institutions doivent être considérablement renforcées, car elles garantissent la justice sociale pour les travailleurs », a-t-elle souligné.
Le mouvement syndical mondial a des demandes concrètes à adresser aux gouvernements afin qu'ils intègrent ces pratiques de dialogue social dans les négociations internationales sur le climat. Les gouvernements parties à la CCNUCC doivent décider de la mise en place d'un mécanisme de transition juste leur permettant de partager leurs bonnes pratiques et d'apprendre les uns des autres. Il est en outre nécessaire de définir les responsabilités.
« Chaque pays doit prendre en compte dans ses plans nationaux sur le climat et dans ses mécanismes de consultation nationale l'impact du changement climatique et des politiques climatiques sur les travailleurs et leurs communautés », a insisté Mme Molete.
« Les pays doivent en rendre compte à la CCNUCC. Par ailleurs, les travailleurs et leurs syndicats doivent également avoir officiellement leur place à la table des négociations de la CCNUCC sur ces questions. Rien sur nous sans nous ! »
À la Conférence de juin sur le changement climatique, à Bonn, les pays en développement ont demandé avec insistance que les « mesures unilatérales restrictives du commerce » soient inscrites à l'ordre du jour. Les pays du Sud réclament un développement industriel équitable et estiment que certaines mesures climatiques prises par les pays développés relèvent du protectionnisme commercial.
« Nous avons besoin de chances équitables en matière de développement industriel afin d'assurer la prospérité de nos populations. Alors que le chômage et la pauvreté restent endémiques, il est inacceptable que nos pays n'aient pas accès aux technologies et aux financements nécessaires à un développement véritable, à même de lutter efficacement contre la pauvreté », a déclaré Mme Molete.
Au terme de deux semaines de négociations à Bonn, un accord a été trouvé sur un texte devant servir de base aux discussions de la COP30, qui se tiendra à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025. Bien que ce texte laisse encore toutes les options ouvertes, il constitue néanmoins une avancée importante. Le mouvement syndical mondial s'organisera et se mobilisera aux côtés des mouvements sociaux pour que les travailleurs figurent en tête de l'ordre du jour à Belém.
« Nous souhaitons parvenir à un accord sur un programme de travail pour une transition juste qui réponde aux besoins des travailleurs, de leurs familles et de leurs communautés. Plus qu'un simple slogan, la transition juste doit être une réalité vécue, fondée sur le respect, la consultation et l'équité », a déclaré Mme Molete. « Nous, les travailleuses et travailleurs de première ligne, revendiquons une véritable transition juste. Amandla ! »
08.07.2025 à 16:32
08.07.2025 à 14:54
Le siège de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) à Rome était vide lorsque des néofascistes ont tenté de s'y introduire par effraction après une manifestation anti-vaccination en octobre 2021.
« Je n'étais pas dans le bâtiment au moment de l'attaque », explique Salvatore Marra, responsable des politiques européennes et internationales de la CGIL. « C'était un samedi après-midi et nos bureaux étaient fermés, mais s'il y avait eu des gens ici, ils auraient été gravement (…)
Le siège de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) à Rome était vide lorsque des néofascistes ont tenté de s'y introduire par effraction après une manifestation anti-vaccination en octobre 2021.
« Je n'étais pas dans le bâtiment au moment de l'attaque », explique Salvatore Marra, responsable des politiques européennes et internationales de la CGIL. « C'était un samedi après-midi et nos bureaux étaient fermés, mais s'il y avait eu des gens ici, ils auraient été gravement blessés, car ces casseurs étaient armés de matraques, de machettes et d'autres armes. Ils ont détruit toute la cave de notre siège ! » Cette attaque a tiré la sonnette d'alarme pour les syndicats européens, cibles historiques de l'extrême droite, et annonciatrice de la vague de gouvernements autoritaires qui déferle actuellement sur le continent.
La police a finalement dû recourir aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau pour contenir ce que Maurizio Landini, dirigeant de la CGIL, a qualifié d'« acte de violence fasciste ». « Personne ne devrait penser pouvoir ramener notre pays à son passé fasciste », déclare-t-il.
Les élections de l'année suivante ont toutefois été remportées par le parti Fratelli d'Italia (Frères d'Italie) de Georgia Meloni, dont les origines remontent au parti néofasciste Mouvement social italien (MSI). L'un des candidats de Fratelli d'Italia aux dernières élections européennes était Caio Giulio Cesare Mussolini, l'arrière-petit-fils « post-fasciste » du chef de guerre fasciste italien Benito Mussolini. Depuis l'élection de Mme Meloni, « la liberté d'association fait l'objet d'une répression », explique M. Marra à Equal Times.
« Le droit de grève est attaqué par des décrets de Matteo Salvini [vice-premier ministre italien et leader du parti Ligue du Nord, parti nationaliste et populiste], en particulier dans les transports publics, et un nouveau “décret de sécurité” désormais en vigueur est très répressif. »
Lorsque des milliers de travailleurs du secteur de la métallurgie se sont mis en grève et ont manifesté à Bologne en juin pour réclamer le renouvellement de leur convention collective, la police a immédiatement déposé plainte auprès du procureur général en vertu de la nouvelle législation sur la sécurité.
Le décret, qui est entré en vigueur le mois dernier, prévoit des peines pouvant aller jusqu'à six ans de prison pour les manifestants qui bloquent les routes. Les actions non violentes, telles que le refus de s'alimenter ou le fait de rester assis pendant une émeute dans une prison, sont également criminalisées par la loi.
Les groupes d'extrême droite d'Italie et d'ailleurs, se posent souvent en défenseurs des droits des « travailleurs autochtones », mais leur comportement lorsqu'ils sont au pouvoir trahit une antipathie envers les travailleurs pauvres et un soutien indéfectible aux capitalistes.
Le gouvernement de Mme Meloni a mis fin à la plupart des dialogues sociaux, raboté les prestations sociales et s'en est pris à toute une série de boucs émissaires (migrants, journalistes, membres de la communauté LGBTQI+) tout en érodant les droits des femmes à l'avortement.
« Plus je me penche sur le sujet, plus l'Italie me fait penser à la Turquie en matière de libertés civiles et de droits humains », estime M. Marra. « La dissidence n'est plus la bienvenue. Elle est réduite au silence et punie. »
Les mesures d'austérité prises en Italie ont trouvé un écho dans toute l'Union européenne, où l'extrême droite est au pouvoir en Hongrie et participe à des gouvernements de coalition en Finlande, aux Pays-Bas et en Slovaquie.
En Suède, le parti d'extrême droite Démocrates de Suède, arrivé deuxième aux élections de 2022, a formé un bloc électoral proche du gouvernement, tandis que l'extrême droite a réalisé d'importants progrès électoraux dans plusieurs autres États, notamment en Autriche, en France, en Allemagne et en Roumanie.
Selon les experts, une décennie de déréglementation des marchés, d'austérité et de baisse des prestations sociales a créé les conditions propices à la montée des partis néofascistes, qui ont tendance à faire campagne en faveur d'États providence ethnonationalistes forts, puis à s'opposer aux mesures qui profiteraient à ceux qui s'en plaignent, intensifiant ainsi les conditions qui favorisent l'essor de leurs partis.
Juliana Chueri, professeure adjointe en politique comparée à l'Université libre d'Amsterdam, explique à Equal Times qu'il ne faut pas oublier que la montée de l'extrême droite « s'est produite dans un contexte de politiques sociales néolibérales et de réduction des prestations sociales, dont les partis de gauche de nombreux pays de l'UE sont également responsables ».
Pourtant, une fois au pouvoir, la politique phare de l'extrême droite a été partout le « chauvinisme social » : la limitation des prestations sociales à une classe « méritante » de citoyens blancs qui travaillent dur, ce qui criminalise également les chômeurs de longue durée en les qualifiant de « parasites de l'État providence », selon Mme Chueri.
Le discours, surtout à l'égard des retraités, était le suivant : « Vous étiez là depuis le début. Vous avez travaillé dans ce pays et vous y avez contribué. Il n'est pas juste que vous ayez été abandonnés et que vous ayez du mal à joindre les deux bouts », déclare-t-elle.
En Finlande, ce message a été relayé par le Parti des Finlandais (Perussuomalaiset, PS), qui est arrivé deuxième aux élections de 2023 et a remporté sept des 19 sièges ministériels, même si l'un de ses ministres a rapidement été contraint de démissionner après que des plaisanteries qu'il avait faites sur Hitler aient été révélées.
Pendant la campagne électorale, le leader du PS, Matti Putkonen (ou « Putkonen l'homme du peuple », comme il s'est lui-même surnommé) a promis de réduire le nombre de réfugiés, de leur refuser les prestations sociales et d'abaisser le prix de l'essence (qui n'a cessé d'augmenter depuis).
Mais M. Putkonen, qui était un ancien ouvrier, « savait parler aux travailleurs », explique Susanna Salovaara, directrice de FinUnions, qui représente les syndicats finlandais à Bruxelles. « Il y avait consacré toute sa vie. »
Le message anti-immigrés de M. Putkonen a été bien accueilli par de nombreux travailleurs qui, selon Mme Salovaara, « préféreraient que l'État verse des allocations familiales à une famille finlandaise vivant en Thaïlande plutôt qu'à un immigré qui travaille et paie ses impôts en Finlande depuis dix ans ».
Une fois au pouvoir, le PS a pourtant mis en place des mesures d'austérité radicales, des réductions d'impôts pour les riches et une réduction des prestations sociales universelles (notamment les allocations de chômage, l'accès aux soins de santé et les allocations de logement) en plus de restrictions sévères sur les contrats de travail et le droit de mener des actions de solidarité ou d'organiser des grèves politiques.
Les Finlandais n'avaient pas fait campagne pour de telles mesures, mais de nombreux travailleurs « accepteront la baisse de leur niveau de vie tant qu'il n'y a pas d'immigrants en Finlande », explique Mme Salovaara. « Ils ne parlent jamais de leurs idées les plus dures. Ils se contentent de les mettre en place subrepticement. »
La capacité de l'extrême droite à accaparer les votes d'une gauche qui semble avoir abandonné la classe ouvrière est aussi bien documentée que la négligence dont elle fait preuve pour ces électeurs une fois arrivée au pouvoir.
Beaucoup se demandent toutefois si le nouveau programme de l'extrême droite peut raisonnablement être qualifié de « néofasciste ».
C'est une question de vie ou de mort pour les syndicalistes, qui ont été parmi les premières victimes des nazis allemands après leur élection en mars 1933. Ce mois-là, les syndicats ont été dissous et, à la fin de l'année, 27.000 syndicalistes et dissidents politiques avaient été envoyés dans des camps de concentration.
Heureusement, rien de tel ne s'est (encore) produit cette fois-ci, mais les partis d'extrême droite d'aujourd'hui sont-ils faits de la même étoffe ? Les opinions sont partagées. Pour Mme Chueri, le terme « fascisme » est trop catégorique, car la plupart des formations d'extrême droite actuelles « acceptent assez largement la démocratie électorale, du moins sur le papier ».
Elle estime que le plus grand danger réside dans le fait que les idées et le langage de l'extrême droite pourraient se généraliser s'ils étaient repris par les partis libéraux et sociaux-démocrates. « La leçon que nous avons tirée des Pays-Bas est qu'il n'est vraiment pas judicieux de copier les politiques de l'extrême droite, car, au bout du compte, les électeurs voteront pour l'original, pas pour la copie. »
La première percée de l'« alt-right » européenne a eu lieu en Hongrie avec l'élection du parti Fidesz de Viktor Orbán en 2010, dont la campagne n'était pas axée sur l'immigration.
Tamás Székely, président du syndicat VDSZ qui représente les travailleurs de l'industrie chimique, énergétique et des professions connexes en Hongrie, a déclaré que le Fidesz « avait complètement glissé à l'extrême droite » après ces élections, utilisant une « propagande de type nazi » pour diviser et attaquer les groupes de travailleurs, les personnes LGBTQI+, les migrants et les réfugiés, et même les juifs (à travers la diabolisation de George Soros).
Face à une répression incessante, « le taux de syndicalisation est passé d'environ 12-13 % avant l'arrivée du Fidesz à environ 8 % aujourd'hui, en raison des nombreuses attaques lancées au cours des dix dernières années, en particulier dans le secteur public », explique M. Székely à Equal Times.
Un Code du travail introduit en 2011 a considérablement restreint le droit de grève des travailleurs du secteur public et obligé les syndicats à maintenir un « service minimum » acceptable pour les employeurs lorsqu'ils faisaient grève. Les programmes de « workfare », à savoir l'échange forcé de travail contre les allocations de chômage, ont été étendus. On a encouragé les femmes plus âgées à prendre leur retraite. Les jeunes ont été incités à quitter l'école sans qualification, et les besoins en matière de mobilité interne de la main-d'œuvre ont été négligés.
Une loi dite « loi sur le travail forcé » a même été introduite, permettant aux patrons d'exiger 400 heures supplémentaires obligatoires par an, tout en reportant les paiements pendant jusqu'à trois ans.
Dans le même temps, M. Orbán a attaqué les institutions qui assurent un contrepoids, comme la liberté de la presse et l'indépendance de la justice. Il a entrepris de privatiser l'assurance maladie, limité les allocations chômage à trois mois seulement (la durée la plus courte en Europe) et rongé les prestations sociales jusqu'à l'os, tout en augmentant les impôts des plus pauvres et en réduisant ceux des plus riches.
Naturellement, les syndicats sont dans son collimateur. Gabor Scheiring, professeur adjoint de sciences politiques à l'université Georgetown au Qatar et ancien membre du Parlement hongrois, explique à Equal Times que l'offensive du Fidesz a été « dévastatrice » pour le mouvement syndical du pays.
« Elle a redistribué les ressources des communautés ouvrières vers les classes moyennes supérieures et les élites économiques », déclare-t-il. « Elle a également entraîné la destruction des mécanismes institutionnels d'autodéfense de la classe ouvrière, notamment la fragmentation délibérée des syndicats, leur récupération partielle dans certains cas et une répression générale des droits des travailleurs et de la capacité de ces derniers à s'organiser. »
M. Scheiring souligne un fait inquiétant : la Hongrie est devenue un laboratoire de l'illibéralisme, où la recherche de boucs émissaires, le clientélisme et une politique autoritaire fondée sur la peur ont permis d'opérer un transfert massif de richesses des pauvres vers les riches. « On ne peut pas maintenir la démocratie dans un contexte où règnent de telles inégalités obscènes », ajoute-t-il.
Une activiste syndicale hongroise, qui a souhaité rester anonyme par crainte de représailles, a déclaré à Equal Times que le harcèlement des opposants politiques du Fidesz était désormais courant sur les lieux de travail.
« Comme tout le monde sait que je ne suis pas d'accord avec la politique du parti actuellement au pouvoir, ma progression de carrière est freinée depuis un certain temps », explique-t-elle. « À un moment donné, ils ont voulu me licencier. Je leur ai répondu que s'ils le faisaient, j'utiliserais mes relations dans les médias et en politique pour raconter mon histoire. Ils ne m'aiment pas, mais ils ont renoncé à me licencier après cela.
« Malheureusement, je connais de nombreux cas où mes collègues ont été licenciés ou se sont retrouvés dans des situations impossibles à cause de leurs positions syndicales et de leurs convictions politiques », poursuit-elle. « En Hongrie, aujourd'hui, cela n'a rien d'extraordinaire. Nous ne disposons d'aucune protection juridique, d'aucun recours légal. Nos lois le permettent, ce qui empêche les gens de défendre leurs intérêts. »
Dans l'Indice des droits dans le monde 2025 de la Confédération syndicale internationale (CSI), la Hongrie a reçu une note de 4 (sur 5+), indiquant que les droits des travailleurs ne sont pas garantis en raison de la destruction de l'État de droit. Dans le cas de la Finlande et de l'Italie, toutes deux avec une note de 2, l'indice CSI montre comment ces deux pays « ont imposé des restrictions draconiennes aux grèves ». « Le gouvernement de coalition d'extrême droite dirigé par Petteri Orpo en Finlande fournit une nouvelle preuve de la stratégie déployée à l'échelle mondiale pour affaiblir les syndicats et restreindre les droits des travailleurs », peut-on y lire. Dans le cas de l'Italie, l'indice met en garde contre l'« indication claire » que les libertés des travailleurs « sont de plus en plus menacées par la montée de l'extrême droite ».