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09.12.2025 à 07:41
Nous y voilà : vous vous apprêtez à lire notre dernier article.
Equal Times, la plateforme d'information internationale, cesse ses publications en ce mois de décembre 2025. Le site internet restera en ligne, car il constitue une inestimable archive d'analyses et de témoignages sur les réalités du monde du travail et des droits humains au cours de la dernière décennie : les victoires durement arrachées par les travailleurs et leurs défenseurs, les innovations mises en place pour plus de (…)
Nous y voilà : vous vous apprêtez à lire notre dernier article.
Equal Times, la plateforme d'information internationale, cesse ses publications en ce mois de décembre 2025. Le site internet restera en ligne, car il constitue une inestimable archive d'analyses et de témoignages sur les réalités du monde du travail et des droits humains au cours de la dernière décennie : les victoires durement arrachées par les travailleurs et leurs défenseurs, les innovations mises en place pour plus de justice sociale ; mais aussi les récits de nombreux abus, injustices et anachronismes qui perdurent à travers le monde. Mais malheureusement il n'y aura désormais plus de contenu actualisé.
La mission de notre média, lancée à l'automne 2012, était simple : tenter de combler « le vide médiatique mondial autour des travailleurs ». À une époque où la couverture de l'action syndicale faisait surtout l'objet de commentaires méprisants sur les désagréments causés par les grèves, la Confédération syndicale internationale, avec l'Organisation internationale du travail, avait identifié le besoin urgent d'un journalisme qui s'intéresserait à ce que vivent et ce dont ont besoin les travailleurs et les travailleuses, et à l'évolution du monde politique et économique à travers une perspective défendant les principes de justice économique et de travail décent et sûr. Un journalisme qui offrirait « une vision réelle des événements et de ces thèmes, alors que les médias établis se contentent souvent des images que les entreprises et le secteur de la haute finance leur donnent », comme l'écrivait Sharan Burrow, la secrétaire générale de l'époque, dans un article inaugural, le 16 septembre 2012.
Depuis lors, nous avons publié des milliers d'articles originaux en anglais, français et espagnol, en collaboration avec un réseau international de plus de 1.000 journalistes, photographes, experts et personnalités de la société civile issus des quatre coins du globe.
Notre format principal a toujours été celui des articles de fond ; mais, au fil des années, nous avons également publié des formats, tels que des longs entretiens, des tribunes, des photoreportages, des courts-métrages documentaires et autres dossiers thématiques ou billets de blogs.
Notre philosophie a toujours été de « prendre notre temps et de creuser en profondeur », en nous engageant à renoncer à la course de la production quotidienne d'actualités afin de nous concentrer sur l'élaboration de deux à six articles de fond par semaine, ce qui nous a permis de nous focaliser sur des sujets qui n'étaient pas ou peu couverts ailleurs, et de prendre le temps de leur accorder l'attention qu'ils méritaient.
Comme nous l'a confié une de nos journalistes du réseau hispanophone : « Vous occupez une position unique pour décrypter les problèmes qui déterminent réellement l'avenir qui nous attend : les transitions du monde du travail, les nouvelles inégalités, la pression exercée par les technologies sur les emplois et les moyens d'empêcher que la disparité des richesses ne se durcisse et se pérennise. Vous examinez tous ces aspects à l'échelle mondiale, de manière rigoureuse et à travers la réalité de terrain. Cette perspective est rare, et c'est ce type de perspective qui peut contribuer à l'élaboration de solutions concrètes ».
Nous n'avions pas à publier des articles en fonction du nombre de clics qu'ils pouvaient générer : notre motivation était plutôt de veiller à ce que les voix peu relayées par les médias grand public trouvent une place où s'exprimer et soient rendues accessibles grâce à la gratuité et à la traduction.
Ainsi, il était possible de lire sur notre site des sujets que d'autres rédactions ne voulaient ou ne pouvaient pas traiter. Un article sur le travail des enfants en Afghanistan pouvait côtoyer un autre racontant l'exploitation des travailleuses domestiques ougandaises, à la fois dans leur patrie et dans les pays du Golfe. Vous pouviez lire aussi bien une analyse approfondie sur une législation complexe et méconnue sapant les efforts pour protéger le climat, qu'un article sur la dégradation des conditions de travail des traducteurs, sur un seul et même site d'information.
Au fil des années, plusieurs de nos articles ont reçu des prix qui récompensaient le travail journalistique effectué et nombre d'entre eux ont eu un impact considérable : en gagnant et en brisant les cœurs, en changeant les mentalités, en ouvrant les yeux et en influençant directement certaines politiques.
Nous avons exploré un vaste panel de sujets, depuis la lutte pour la défense des droits fondamentaux du travail jusqu'aux innombrables répercussions de la double transition numérique et énergétique, entre autres, sur l'avenir du travail. Nos contributeurs ont traité de nombreux angles portant sur l'économie des soins ou celle des plateformes, la démocratie au travail, les chaînes d'approvisionnement et les accords commerciaux.
Si vous avez été à la recherche d'articles sur l'impact de la mainmise des entreprises, ou sur la lutte mondiale pour les droits des peuples autochtones, des personnes handicapées et de la communauté LGBTQIA, ou encore de reportages fouillés sur les drames de la migration, les efforts déployés pour combattre la violence sexiste et la discrimination de genre et raciste ; alors vous pouviez les trouver sur Equal Times.
Aujourd'hui encore, vous pourrez lire ou relire dans nos archives, des histoires sur l'illustre héritage de la culture de la pomme de terre péruvienne, la bourgeonnante scène du rock iranien ou la vie et l'œuvre de la première écrivaine du Burkina Faso, car nous avons souhaité montrer que le monde du travail ne se résume pas à celui de l'entreprise, mais bien à toute forme d'activité de production et de création, réalisée dans un contexte culturel, social, économique et politique plus large.
Établir des connexions entre différents thèmes, nous a toujours paru crucial : si, par exemple, les classes populaires de Lisbonne, Accra, Caracas et Miami peinent à se procurer un logement décent, alors peut-être cela a-t-il à voir avec la question des salaires ou de la spéculation ? Si le droit de grève, l'un des principaux outils dont disposent les travailleurs pour défendre leurs intérêts, est remis en cause, comme en Hongrie ou en Argentine, alors peut-être peut-on supposer que certains tirent profit d'une classe ouvrière affaiblie et divisée. Quand les travailleurs des Philippines ou des États-Unis sont soumis à des pressions pour pouvoir conserver leur emploi (malgré la baisse des salaires, l'érosion des droits, la détérioration des conditions de travail et la menace constante d'obsolescence professionnelle), ce n'est peut-être pas tant à cause d'une menace de disparition que laissent supposer les progrès technologiques, mais plutôt parce qu'une poignée de personnes puissantes peut aujourd'hui définir quels emplois seraient socialement utiles et lesquels ne le seraient pas.
Notre petite équipe éditoriale, composée de trois éditrices et coordinatrices (une pour chaque langue), a toujours pu compter sur l'implication d'un grand nombre de professionnels (journalistes et traducteurs/traductrices en premier lieu) qui, pour beaucoup, nous ont été fidèles jusqu'au bout. Même si les sujets traités au quotidien n'étaient pas toujours réjouissants, notre mission d'information et la communauté que nous formions nous procuraient, elles, un certain sentiment de joie. Nous sommes extrêmement fières d'avoir développé une façon de travailler qui se voulait engagée et respectueuse, tant pour le sujet abordé que pour le messager.
Comme nous l'a confié un de nos journalistes : « Equal Times était bien plus qu'une simple publication pour moi : c'était un espace où j'ai découvert ma voix en tant que journaliste, à une époque où d'autres publications ne l'auraient peut-être pas écoutée. Votre ouverture d'esprit, votre confiance et votre engagement à diffuser des points de vue diversifiés m'ont donné la confiance nécessaire pour raconter des histoires qui comptent, et je vous en serai toujours reconnaissant. »
Après avoir appris la nouvelle de notre fermeture, une autre nous a écrit : « J'admirais non seulement la ligne éditoriale d'Equal Times, mais aussi le fait que je me sentais respectée en tant que travailleuse, ce qui, à mes yeux, était étroitement lié à la fibre syndicale du média. Ayant travaillé des années comme journaliste indépendante, je pourrais partager de nombreuses histoires édifiantes sur ces rédactions peu scrupuleuses qui exploitent des journalistes précaires et les paient peu, en retard, voire pas du tout. Le fait de savoir qu'une publication ne profiterait pas de nous comptait vraiment beaucoup. »
L'ambiance géopolitique actuelle est difficile et la nécessité d'avoir accès à des médias progressistes n'a jamais été aussi urgente, face aux populistes d'extrême droite, soutenus par des milliardaires, qui continuent de détourner notre attention avec de la désinformation, des polémiques ineptes et de la bouillie de contenus générée par l'IA , tout ça pour soutirer toujours plus de profits sur le dos de celles et ceux qui travaillent avec toujours moins de droits et de protection. Malheureusement, par manque de financements, notre histoire doit s'arrêter ici.
Nous vous invitons à continuer à faire vivre l'héritage que nous laissons. Nous souhaitons sincèrement que cette forme de journalisme puisse continuer à informer, inspirer et mobiliser les gens – même si cela devra se faire ailleurs qu'ici. Le travail d'information n'est jamais terminé. Il reste tellement de choses à couvrir, en particulier en cette période de profonds changements.
Nous vous invitons à continuer à lire et à soutenir le journalisme progressiste et indépendant (dont voici une liste de titres de presse à consulter ici). À une époque où de nombreuses entreprises sont convaincues qu'elles peuvent remplacer les personnes par l'IA, il n'a jamais été aussi important de soutenir les efforts qui valorisent et mettent en avant le travail accompli par des personnes compétentes, dévouées et investies.
Merci donc, chère lectrice, cher lecteur pour toutes ces années passées ensemble.
Avec toute notre gratitude,
Tamara Gausi (rédactrice en chef pour l'anglais), Marta Checa (rédactrice en chef pour l'espagnol) et Mathilde Dorcadie (rédactrice en chef pour le français)
NB : Si vous souhaitez republier l'un de nos articles, veuillez créditer l'auteur et Equal Times comme éditeur original. Attention : vous n'avez pas la permission de republier les photographies. Si vous avez d'autres questions, veuillez contacter info@ituc-csi.org.
08.12.2025 à 05:49
Année après année, les journalistes d'Equal Times font rayonner un journalisme engagé, rigoureux et profondément humain. Leurs reportages, publiés aux quatre coins du monde, ont été salués par de nombreux prix et distinctions, dont voici une liste non-exhaustive :
2024
SOPA- Society of Publishers in Asia Award, dans la catégorie "Reportage d'excellence sur les arts et la culture dans le monde", article lauréat de Shirley Law à Hong Kong. « Une ère de déclin culturel » combinée à un essor (…)
Année après année, les journalistes d'Equal Times font rayonner un journalisme engagé, rigoureux et profondément humain. Leurs reportages, publiés aux quatre coins du monde, ont été salués par de nombreux prix et distinctions, dont voici une liste non-exhaustive :
SOPA- Society of Publishers in Asia Award, dans la catégorie "Reportage d'excellence sur les arts et la culture dans le monde", article lauréat de Shirley Law à Hong Kong.
Concours Mondial de presse sur les migrations de main d'oeuvre : Article finaliste de Seulki Lee en Corée du Sud.
Freelance Journalism Awards : Prix de la meilleure journaliste de presse écrite pour Gabriella Jozwiak, pour une série d'articles sur l'impact de la guerre en Ukraine sur les enfants.
Prix de l'Association Internationale de la Presse Sportive, section Afrique, dans la catégorie "Meilleur article web", décerné au journaliste Yannick Kenné.
Pictures of the Year Latin America (POY Latam) Awards : Mention spéciale (deuxième prix) pour le photojournaliste Pablo Garrigós Cucarella pour son reportage en Ouganda.
Prix Michael Elliott 2021 pour l'excellence narrative sur l'Afrique reçu par la journaliste Bernadette Vivuya sur le travail des enfants en RDC.
Prix Elizabeth Neuffer de l'Association des correspondants des Nations Unies (UNCA), médaille de bronze reçue par le journaliste Maurizio Guerrero.
Concours Mondial de presse sur les migrations de main d'oeuvre : Photoreportage finaliste de Morena Pérez Joachin au Guatemala.
Concours Mondial de presse sur les migrations de main d'oeuvre : Article finaliste de Noémie Taylor-Rosner.
Concours Mondial de presse sur les migrations de main d'oeuvre : Article finaliste de Marco Marchese.
Fetisov Journalism Awards, article finaliste de Marga Zambrana sur les réfugiés Ouïgours, dans la catégorie "Contribuation remarquable sur la paix".
Prix Lorenzo Natali, catégorie meilleure journaliste émergente reçu par Shola Lawal, remis par la Commission Européenne, ce prix récompense le journalisme de qualité axé sur des reportages mettant en lumière des sujets liés au développement durable.
Fetisov Journalism Awards, article finaliste de Kira Walker sur les femmes au Yémen, dans la catégorie “Contribution remarquable pour la paix”.
Concours Mondial de presse sur les migrations de main d'oeuvre : Article lauréat de Carmen Grau, au Japon.
Migration Media Award, catégorie "média online", pour l'article de la journaliste Alicia Medina sur une victime de la guerre en Syrie.
Prix "Colombine" de journalisme international de l'Association de la presse d'Almería (Espagne) : Article finaliste de la journaliste María José Carmona.
Prix du journalisme environnemental, décerné par la revue Claves 21, une mention spéciale à l'article de Carmen Grau.
Concours Mondial de presse sur les migrations de main d'oeuvre : Trois articles de nos contributeurs ont été présélectionnés dans cette édition du Concours de l'OIT qui récompense les reportages équitables sur les migrations de main d'oeuvre.