Lien du flux RSS
Travail, Droits humains, Culture, Développement, Environnement, Politique, Économie, dans une perspective de justice sociale.

Accès libre Edition trilingue Anglais - Espagnol - Français

▸ les 20 dernières parutions

14.05.2024 à 10:07

L'Europe joue plus qu'il n'y paraît dans des élections assombries par l'extrême droite

img

Moins de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et à peine trois générations plus tard, l'Union européenne, dont l'idéal qui lui a donné naissance était qu'une telle chose ne se reproduirait plus jamais, aborde ses dixièmes élections au Parlement européen avec des partis d'extrême droite qui bénéficient d'un soutien croissant, évènement sans précédent dans l'histoire de la politique européenne.
Dans six pays, dont quatre sont des membres fondateurs de l'UE, les partis d'extrême droite sont déjà en tête (...)

- Actualité / , , , , , , , , , , , ,
Texte intégral (3115 mots)

Moins de 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et à peine trois générations plus tard, l'Union européenne, dont l'idéal qui lui a donné naissance était qu'une telle chose ne se reproduirait plus jamais, aborde ses dixièmes élections au Parlement européen avec des partis d'extrême droite qui bénéficient d'un soutien croissant, évènement sans précédent dans l'histoire de la politique européenne.

Dans six pays, dont quatre sont des membres fondateurs de l'UE, les partis d'extrême droite sont déjà en tête des sondages, de la Lettonie (avec 8,1 % des intentions de vote) aux Pays-Bas (22,4 %), en passant par l'Italie (27,2 %), la Belgique (27,4 %), l'Autriche (28,2 %) et la France (30,7 %). Dans huit autres pays, la droite radicale figure parmi le trio de tête des sondages (en Allemagne, en Bulgarie, en Espagne, en Finlande, en Pologne, au Portugal, en Roumanie et en Suède). En outre, elle gouvernait encore la Pologne il y a quelques mois, mais fait désormais partie des gouvernements finlandais, hongrois, italien et letton et apporte un soutien parlementaire essentiel au cabinet conservateur suédois.

Les sondages de juin prévoient une victoire du centre droit au Parlement européen, mais les partis populistes, anti-immigration et proches des partis fascistes recueillent un soutien dans les urnes qui pourrait compromettre la prise de décisions sur les grands défis des années à venir, de la guerre en Ukraine au changement climatique, en passant par la désinformation et l'intelligence artificielle.

Partout où l'extrême droite est au pouvoir, des retours en arrière sont observés en matière de droits sociaux, d'éducation et de mémoire historique, tandis que son obsession de l'immigration et la normalisation de ses positions démagogiques fragilisent les piliers démocratiques du continent.

La foi même dans les institutions européennes a été érodée par une décennie de coupes sociales, de chômage, d'inflation et de précarité, suite aux mesures d'austérité adoptées dans la plupart des pays de l'UE face à la crise de la dette depuis 2009. Elle a également été affectée ces dernières années par l'impact économique de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la normalisation de l'extrême droite dans le débat public et la diffusion galopante de la désinformation. En définitive, la plus grande réussite de l'extrême droite a été de semer sa propre controverse autour de l'identité des Européens (« blancs et chrétiens »), et d'exploiter ce mécontentement conjoncturel pour le canaliser contre l'immigration tous azimuts.

« L'inquiétude suscitée par les migrants (non européens et non “blancs”) est en fait le principal moteur du vote d'extrême droite », déclare à Equal Times Kai Arzheimer, professeur de sciences politiques à l'université de Mayence, qui étudie ce phénomène depuis trois décennies et qui est l'un des plus grands experts européens du sujet. « Au cours des cinq ou six dernières décennies, et surtout au cours des deux dernières, pratiquement toutes les sociétés européennes sont devenues beaucoup plus diverses sur le plan ethnique et culturel, et ce changement rapide génère certains niveaux d'anxiété qui n'ont pas grand-chose à voir avec les conséquences économiques de l'immigration, dont la plupart des études montrent qu'elle est immensément bénéfique ».

L'immigration, explique-t-il, est une thématique « asymétrique », car elle préoccupe beaucoup plus les électeurs anti-immigration que les électeurs pro-immigration, avec la complication que « l'extrême droite “est maîtresse” de cette question, un peu comme les partis verts “sont maîtres” des thématiques environnementales ». Par conséquent, les formations de centre droit ou de centre gauche qui durcissent leur position sur l'immigration dans l'espoir d'attirer des voix « ne finissent que par faire en sorte que cette question reste une priorité dans le débat public, ce qui tend à favoriser l'extrême droite ».

Quant à la « normalisation de l'extrême droite par les partis de centre droit (et parfois de centre gauche), elle a commencé dans les années 1990 en Autriche, en Italie, aux Pays-Bas et en Scandinavie », rappelle-t-il, bien qu'au-delà des coalitions intéressées, « dans certains cas, ils se sont même inspirés de (voire ont tout simplement émulé) l'extrême droite et sont devenus de “grands partis radicalisés” (tels que les conservateurs britanniques ou l'ÖVP autrichien de Sebastian Kurz) ». Le problème, selon lui, est qu'« une fois que le génie est sorti de la lampe, il est très difficile d'inverser cette normalisation », de sorte que « le maintien d'un cordon sanitaire autour de l'extrême droite nécessite toujours la bonne volonté du centre droit, ou du moins sa certitude qu'à long terme, celui-ci se portera mieux s'il contribue à l'endiguer ».

En ce sens, la mémoire des sociétés européennes qui ont vécu des décennies de dictature influence la façon dont les grands partis et les partisans de l'extrême droite eux-mêmes réagissent. « Le comportement des élites est crucial pour la mobilisation de l'extrême droite », ajoute M. Arzheimer, comme le montrent les exemples du FPÖ autrichien dans les années 1990 ou de l'actuel AfD allemand, tandis que les cas de Vox (Espagne) et de Chega (Portugal) « démontrent que l'effet vaccinal ne dure pas indéfiniment ».

Ultralibéralisme et xénophobie dans le paradis nordique

En Europe du Nord, l'extrême droite est présente depuis longtemps dans la vie politique du Danemark et de la Norvège, mais elle s'est étendue plus récemment à la Finlande et à la Suède. « L'extrême droite s'impose également dans les pays nordiques : des pays qui figurent en tête des indices de bonheur dans le monde, qui sont parmi les premières démocraties parlementaires au suffrage universel, avec un niveau de confiance élevé parmi leurs citoyens », a déclaré à Equal Times Pekka Ristelä, responsable des affaires internationales de la Centrale syndicale finlandaise SAK.

Le Parti des Finlandais, un parti radical, gouverne en coalition avec les conservateurs depuis 2023, où il a obtenu 20,1 % des voix, et dirige un ministère des Finances « très agressif à l'égard des syndicats », des syndicats qui ont joué un rôle « absolument essentiel » dans la lutte contre les coupes sociales ces dernières années, « avec plusieurs vagues de grèves politiques ». Les partisans d'extrême droite les qualifient de « mafia » pour les délégitimer, explique M. Ristelä, même si les syndicats conservent « le soutien de plus de 50 % de la population » en raison de « leurs prises de position et de leurs grèves », il estime qu'il est nécessaire d'améliorer le dialogue politique et idéologique avec leur base.

Pendant ce temps, à Stockholm, le parti populiste Démocrates de Suède (SD), cofondé par un ancien de la Waffen-SS nazie, est le principal allié du gouvernement conservateur depuis 2022. Il bénéficie déjà du soutien d'un Suédois sur cinq, bien que le stratège de la confédération syndicale nationale LO, Johan Ulvenlöv, déclare à Equal Times que les syndicats et les sociaux-démocrates les font reculer parmi les travailleurs, en raison de la manière dont ils répondent à leurs préoccupations sur des questions telles que les soins de santé, la criminalité, la nationalisation des services publics, les infrastructures et l'éducation.

« Cela produit un impact plus important [sur le soutien aux sociaux-démocrates] que les manifestations », souligne-t-il, car « si les syndicats font bien leur travail, ils auront davantage de membres, ce qui renforcera la démocratie et créera une résistance face à l'extrême droite ».

Cette approche a également fonctionné pendant un certain temps en Allemagne. « L'héritage du nazisme, l'ineptie et l'obsession pour le passé des politiciens d'extrême droite ont facilité leur ostracisation », explique le politologue M. Arzheimer, mais tout a changé avec l'arrivée du parti xénophobe Alternative pour l'Allemagne (AfD), un parti xénophobe « qui est passé en quelques années d'un euroscepticisme modéré à une extrême droite classique, et qui se dirige à présent vers l'extrémisme traditionnel de l'extrême droite ».

Les manifestations antifascistes en Allemagne, un exemple pour l'Europe ?

Dans le pays qui a le mieux su affronter son passé (dont la dictature nazie a été responsable de la mort d'au moins 18 millions de civils européens), l'AfD a vu ses intentions de vote augmenter légèrement dans les sondages du mois d'avril, pour atteindre 16,3 %. Et ce, malgré le récent scandale qui a éclaboussé sa tête de liste aux élections, l'eurodéputé Maximilian Krah, accusé d'avoir accepté des pots-de-vin de la Chine et de la Russie pour influencer ses activités à Bruxelles, bien que ses partisans considèrent que l'affaire est un coup monté visant à le discréditer. Tout cela, notamment, quelques mois seulement après la révélation que des membres de l'AfD avaient participé, plusieurs mois auparavant, à un complot international d'extrême droite visant à mettre en œuvre un « plan directeur » de « remigration » prévoyant l'expulsion d'Allemagne de résidents d'origine étrangère dans le pays, y compris de citoyens détenteurs de passeports allemands, et ce, sur la base de critères racistes.

La réponse de la société civile a donné lieu à l'un des moments symboliques les plus forts de la politique européenne de ces dernières années. Des dizaines de milliers d'Allemands sont descendus dans la rue au cours des week-ends suivants pour manifester mutuellement le rejet des positions de l'AfD, en défense de la démocratie allemande et des valeurs d'intégration et de respect des droits humains qu'elle est censée représenter.

Dans la ville de Bonn, quelque 30.000 personnes se sont rassemblées derrière la devise « Nie Wieder ist Jetz ! » (« Plus jamais ça, c'est maintenant ! »), avec des slogans sur leurs bannières tels que « Nazis dehors » et « La haine n'est pas une opinion ». Puis, soudain, à la fin de la manifestation, la foule s'est mise à chanter l'Ode à la joie de Ludwig van Beethoven, un passage de sa Neuvième symphonie, sur des vers de Schiller, qui célèbre la joie fraternelle entre les êtres humains, et que des milliers de voix ont spontanément entonné dans la ville natale du génie de Bonn. Cette musique, l'une des plus grandes contributions de la culture allemande à l'humanité, qui célébrait précisément les 200 ans de sa création le 7 mai, est l'hymne de l'Union européenne depuis 1972, ce qui confère à ce moment un symbolisme exaltant pour de nombreux démocrates européens tant en Allemagne qu'ailleurs.

« Je suis quelque peu optimiste, sans pour autant être trop naïf, mais seulement 20 à 25 % de nos concitoyens ont perdu confiance dans le gouvernement », déclare à Equal Times Reiner Hoffmann, qui présidait il y a quelques années encore la Confédération allemande des syndicats (DGB) et qui est aujourd'hui vice-président de la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), la doyenne des institutions allemandes d'études politiques.

« La confiance peut se perdre très rapidement, et pour la regagner, il faut du temps et que les gens voient et sentent qu'il y du changement », explique-t-il.

« Au début, j'étais un peu sceptique au sujet de ces énormes manifestations de 100.000 personnes, car combien de temps peut-on les faire durer ? Vous ne pouvez pas organiser des rassemblements de masse tous les deux week-ends, donc, de nombreuses autres choses doivent se produire, en particulier au niveau local », où l'extrême droite est particulièrement présente, « et à l'automne, des élections sont également prévues dans trois Länder allemands [Saxe, Thuringe et Brandebourg], où l'AfD est assez forte ».

M. Hoffmann rappelle que l'extrême droite allemande a des relents de violence (la tête de liste socialiste, Matthias Ecke, a lui-même été hospitalisé il y a quelques jours après avoir été agressé alors qu'il collait des affiches électorales à Dresde, dans l'un des quelque 2.800 délits contre des politiciens allemands enregistrés depuis le début de l'année). Selon lui, une partie du soutien dont jouit l'AfD provient du sentiment d'incertitude des citoyens. De nombreuses questions, telles que les politiques de durabilité environnementale, sont perçues « comme une menace et non comme une opportunité », en raison d'une mauvaise communication de la part du gouvernement, déplore-t-il, qui n'a pas réussi à expliquer aux Allemands en quoi la « transition verte » affecterait leur porte-monnaie. En face, on trouve un parti, l'AfD, qui nie le changement climatique, rejette l'immigration qui a été accueillie si chaleureusement par la société allemande en 2015 et exploite les problèmes logistiques qui ont surgi au niveau local pour l'intégration des réfugiés.

Les gouvernements et les syndicats « n'ont pas été assez sensibles pour s'attaquer à ces problèmes, qui étaient réels », indique M. Hoffmann. « Les citoyens ne sont pas opposés à l'immigration en soi, mais l'AfD a réussi à modifier le discours, et nous sommes passés d'une intégration sociale inclusive à une solidarité exclusive, c'est-à-dire uniquement solidaire avec nos chômeurs, qui souffrent de l'augmentation du coût de la vie : ils ont utilisé les personnes les plus vulnérables de notre société pour les dresser contre les immigrants, et nous n'avons jamais contré ce débat, dans lequel les syndicats ne sont pas montrés à la hauteur. »

En fait, M. Arzheimer reconnaît que, historiquement, la participation syndicale et l'éducation ont été des facteurs d'exclusion du vote d'extrême droite dans toute l'Europe, et « bien que cet effet se soit peut-être affaibli et que les syndicats aient leurs propres problèmes, je pense que les syndicats et leurs réseaux sont indispensables à une réponse efficace de la société civile face à l'extrême droite ».

Les manifestations en Allemagne « ont été très importantes, car elles ont nuancé les récits populistes et envoyé un message très fort aux grands partis », ajoute-t-il, rappelant que plusieurs études en France et en Italie indiquent que le fait de manifester contre l'extrême droite, même quelques semaines avant une élection, réduit souvent de plusieurs points les intentions de vote. Pour M. Hoffmann, il s'agit d'un « signal d'alarme », mais il reste encore beaucoup à faire au niveau municipal, régional et des syndicats pour éviter que la situation ne se dégrade davantage. Si nous n'en prenons pas soin, a-t-il averti, « rien ne garantit que l'Union européenne durera éternellement ».

« Répétitions du cas hongrois » : potentiellement des bâtons dans les roues de toutes parts

Pour Elena Ventura, coordinatrice de plusieurs projets d'étude sur l'extrême droite pour le Carnegie Endowment en Europe, les manifestations ne se sont pour l'instant pas étendues à d'autres pays, et semblent donc « très spécifiques à l'Allemagne », où il existe « un grand sentiment de honte collective à cause de l'Holocauste », contrairement à l'Italie ou à l'Espagne, où émerge une « nostalgie » radicale, plus explicite, de Mussolini et Franco.

Quoi qu'il en soit, elle partage l'avis de M. Hoffmann : l'extrême droite est très habile à tisser des liens avec ses partisans lors des élections locales, dans la rue et sur Internet, et en général, les grands partis doivent beaucoup s'améliorer dans ces domaines, ainsi que dans leur discours et leur message, puisqu'« ils n'expliquent pas à la population comment l'immigration est utile » pour leur pays.

En attendant, les populistes radicaux s'expriment de manière simpliste et directe, mais qui « les connecte très bien à leurs électeurs, et ils utilisent très bien les réseaux sociaux, même s'ils les orientent de façons qui devraient être illégales, telles que la désinformation ». La plupart des Européens ne sont pas nécessairement conscients des enjeux de ces élections, prévient Mme Ventura, mais il est probable qu'un Parlement européen beaucoup plus divisé et inefficace émergera, avec de nouveaux bâtons dans les roues de son fonctionnement comme des « répétitions du cas hongrois ». Malgré le gouvernement de Giorgia Meloni, il est possible que l'Italie ne se comporte pas de la sorte, mais il est probable que cela se produise dès cet été avec des pays tels que la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et « sûrement, la France ».

07.05.2024 à 05:30

Comment la guerre en Ukraine a bouleversé le monde syndical et la vie des travailleurs

Inès Gil

img

« Depuis la première agression russe, nous sommes aux côtés des travailleurs ». Sur l'écran de son ordinateur, Yevgen Drapiatyi, vice-président de la Fédération des Syndicats d'Ukraine (Федерація професійних спілок України, en ukrainien, connu sous l'acronyme FPU), fait défiler les images de la Révolution de Maïdan. « Dès février 2014, la Russie voulait nous garder dans son giron, les Ukrainiens ont refusé. La fédération a activement soutenu les manifestants. Après cela, il y a eu l'invasion de la Crimée par les Russes, et la guerre (...)

- Actualité / , , , , , ,
Texte intégral (2382 mots)

« Depuis la première agression russe, nous sommes aux côtés des travailleurs ». Sur l'écran de son ordinateur, Yevgen Drapiatyi, vice-président de la Fédération des Syndicats d'Ukraine (Федерація професійних спілок України, en ukrainien, connu sous l'acronyme FPU), fait défiler les images de la Révolution de Maïdan. « Dès février 2014, la Russie voulait nous garder dans son giron, les Ukrainiens ont refusé. La fédération a activement soutenu les manifestants. Après cela, il y a eu l'invasion de la Crimée par les Russes, et la guerre du Donbass a commencé. Depuis, nous soutenons les travailleurs victimes des agressions russes et suite à l'invasion de février 2022, nous avons redoublé d'efforts ».

Situé en plein cœur de Kiev, sur la place Maïdan, le bâtiment massif de l'organisation, coloré d'un beige sobre, rappelle l'ère soviétique. La fédération a été fondée en 1990, un an avant l'indépendance de l'Ukraine. Dans son bureau, garni d'objets à l'effigie du poète ukrainien Taras Shevchenko, Yevgen Drapiatyi porte un pull orné d'un trident, symbole du nationalisme ukrainien, qui rappelle que le patriotisme traverse le monde syndical qui se mobilise pour le pays et ses habitants. « Nous avons créé des points d'accueil pour les déplacés de guerre dans l'ouest de l'Ukraine. Jusqu'à aujourd'hui, nous leur apportons un soutien à Lviv, Rivne, Dnipro et Zaporijia ».

En parallèle, la FPU distribue une aide financière aux familles des travailleurs syndiqués qui ont été blessés ou tués sur le front. Pour répondre aux besoins immenses des adhérents, la FPU a bénéficié d'une aide financière d'organisations syndicales solidaires, à hauteur de « 127 millions de hryvnia (environ 3 millions d'euros) en 2022 », et « 72 millions de hryvnia (environ 1,7 millions d'euros) en 2023 », selon la FPU. « Nos camarades à l'étranger se sont aussi mobilisés et nous soutiennent depuis le début de l'invasion. Sans eux, on ne s'en sortirait pas », affirme encore Yevgen Drapiatyi.

Depuis le 24 février 2022, de nombreux syndicats ukrainiens ont bénéficié, comme la FPU, du soutien de syndicats internationauxet européens à travers des collectes de fonds et des dons humanitaires. À l'occasion du deuxième anniversaire de l'entrée en guerre, la FPU a rappelé la nécessité vitale de continuer ce soutien, dans une appel conjoint avec la Confédération des syndicats libres d'Ukraine (конфедерація вільних профспілок україни en ukrainien, connu sous l'acronyme KVPU).

Car la guerre a en effet lourdement affecté tout le monde syndical. Avant février 2022, la FPU, qui chapeaute une quarantaine de syndicats répartis selon les secteurs, regroupait près de 3,5 millions de membres dans les territoires non-occupés.

« Mais avec les blessés, les populations déplacées, les Ukrainiens enlevés ou tués par l'armée russe, la fermeture des entreprises à l'est et la mobilisation de 10% de nos membres par l'armée ukrainienne, nous avons perdu des milliers d'adhérents. Sans compter les bâtiments de nos sections locales détruits par les missiles russes, comme à Kharkiv. Cela nous empêche de fonctionner normalement. »

Quand Equal Times rencontre en février dernier, Mykhaïlo Volynets, le président de la KVPU, celui-ci est alors particulièrement préoccupé par la situation des mineurs de la ville de Myrnograd, située dans l'oblast de Donetsk. La veille, une frappe russe a endommagé les infrastructures industrielles, empêchant des dizaines de travailleurs de sortir de la mine.

« Certains sont des membres du Syndicat indépendant des mineurs ukrainiens [Незалежна профспілка гірників України, NPGU] rattaché à la KVPU. En tant que représentants des travailleurs, nous devons suivre leur situation, la documenter, les soutenir sur le plan physique et psychologique, et apporter une aide pour réparer les dégâts causés par le bombardement », explique-t-il après avoir interrompu l'interview pour accepter un appel téléphonique. « Notre représentant local vient de m'informer qu'ils sont tous sortis, il n'y a pas eu de victime », indique-t-il, sourire aux lèvres. Depuis le début de l'invasion russe, 1.300 travailleurs membres de la KVPU ont été victimes des frappes russes. Parmi eux, 400 ont été tués, selon la Confédération.

Dans les territoires occupés désormais par la Russie, qui correspondent à 20% de l'Ukraine, les syndicats ne peuvent plus s'entretenir avec leurs adhérents. « Nous tentons de maintenir un contact, mais c'est dangereux, Moscou fait pression pour qu'ils rejoignent les syndicats russes », déplore Yevgen Drapiatyi. Les travailleurs de ces régions font également face à des violations de leurs droits, comme le dénonçait une enquête de l'Organisation internationale du travail, en mai 2023.

À quelques kilomètres, dans les bureaux de la Fédération des syndicats des travailleurs des petites et moyennes entreprises (PME) (федерація профспілок працівників малого та середнього підприємництва україни, en ukrainien), le président, Roi Viacheslav, s'alarme pour la sécurité de ses adhérents. « Avant la guerre, nous comptions au moins 150.000 membres. Aujourd'hui, ils sont seulement 100.000. Face aux attaques russes, les employés des petites et moyennes entreprises sont plus vulnérables que les travailleurs des grosses usines, ils ne bénéficient pas toujours d'une protection sur leur lieu de travail. »

Dans le contexte de guerre de haute intensité, la question sécuritaire est devenue une priorité pour les salariés. Régulièrement, les adhérents de la Fédération des syndicats des travailleurs des PME réclament des formations aux premiers secours en cas d'attaque de missile sur leur lieu de travail. Certains souhaitent aussi être orientés pour « obtenir un soutien psychologique », affirme Roi Viacheslav. « Aider les travailleurs à faire face à la guerre est aujourd'hui le cœur de nos activités, car nous ne pouvons plus jouer notre rôle d'acteur du dialogue social, comme c'était le cas avant l'invasion. Les lois adoptées ces deux dernières années en Ukraine retirent leurs prérogatives traditionnelles aux syndicats. »

Des nouvelles législations menacent les droits des travailleurs

Depuis le début de l'invasion russe, la Rada (le nom du parlement ukrainien) a adopté une succession de lois qui fragilisent gravement le droit du travail. Les textes votés immédiatement après l'invasion ont contraint le pays à s'adapter au contexte nouveau de guerre : la loi martiale interdit toute manifestation, mais elle n'a pas vocation à durer une fois les combats terminés.

En revanche, les lois votées à l'été 2022 pourraient installer les salariés ukrainiens dans une précarité durable. Un premier texte controversé a introduit les contrats dits « zéro heure », qui ne garantissent aucune sécurité d'emploi ni de salaire. S'en est suivi la loi 5371, qui soustrait les salariés des entreprises de moins de 250 employés de la couverture des accords collectifs. À cela s'ajoute, l'augmentation de la durée légale du travail dans les secteurs stratégiques et la facilitation des retards de paiement des salaires et des ruptures de contrat. « Cette loi est en contradiction avec les Conventions 87 et 158 de l'Organisation internationale du Travail », dénonce Mykhaïlo Volynets.

« Avant, pour changer les termes d'un contrat de travail, les employeurs avaient pour obligation d'entamer des négociations avec le syndicat. Mais maintenant, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. C'est un terrible recul », affirme Roi Viachesla.

Le responsable syndical arbore un pin's représentant le drapeau européen. Selon lui, ces lois « dictées par le patronat ukrainien dont les intérêts sont portés par le pouvoir » nuisent aux chances de l'Ukraine d'entrer dans l'Union Européenne, « depuis plusieurs années, l'Ukraine a fait beaucoup de progrès dans de nombreux domaines pour s'adapter aux normes européennes. Mais maintenant, à l'heure où les Ukrainiens ont plus que jamais soif d'Europe, c'est le rétropédalage. Cette législation est en désaccord total avec les exigences européennes en matière de protection du droit du travail. » En témoignent ainsi les menaces pesant sur le droit de grève, et qui pourrait être limité par amendement législatif.

Selon Denys Gorbach, chercheur associé au Centre d'études européennes et de politique comparée de Sciences Po qui travaille sur la situation socio-économique en Ukraine, les partisans d'une ligne ultralibérale profitent du contexte de guerre pour fragiliser le droit du travail, « les lois votées à l'été 2022 ne sont pas limitées par un cadre temporel, elles ont vocation à se maintenir après la fin de la guerre. Elles sont le reflet d'une vision néo-libérale portée par Volodymyr Zelensky et son parti Serviteur du peuple depuis son arrivée à la présidence en 2019. Ces néo-libéraux s'appuient sur des arguments fallacieux, affirmant que le code du travail est soviétique, et qu'il doit être totalement remodelé. Certes, le code du travail date de 1971, mais il a connu des modifications considérables pendant des décennies pour s'adapter à la modernité, notamment après l'indépendance de l'Ukraine. »

Plus préoccupant encore, d'après les Confédérations européenne et internationale, « les dirigeants syndicaux font l'objet de différentes enquêtes, de campagnes de diffamation et d'intimidation, tandis que les locaux syndicaux sont visités par des représentants de l'État, que les documents syndicaux sont examinés, que les représentants syndicaux sont convoqués à des interrogatoires. Cela distrait et rend difficile, voire impossible, le travail de fond que mènent les syndicats ».

La priorité de la guerre

Depuis deux ans, la situation de guerre a affecté tous les pans de l'économie nationale, détruisant des millions d'emplois, et notamment les secteurs métallurgique et minier, principalement concentrés à l'est. Dans la cité industrielle de Kryvyi Rih, à 70 kilomètres du front, ArcelorMittal représente un des derniers piliers de l'économie régionale.

À l'entrée du complexe industriel, une immense affiche envahit l'espace. Elle représente une fillette entourée par un soldat et un métallurgiste, avec l'inscription en ukrainien : « Ensemble jusqu'à la victoire ». Implanté depuis l'époque soviétique à Kryvyi Rih, le groupe sidérurgique est le premier producteur d'acier de la ville. « Un tiers des revenus de Kryvyi Rih proviennent des taxes payées par ArcelorMittal », affirme avec fierté Volodymyr Haidash, responsable de la communication auprès de l'entreprise. « En aidant l'économie locale, l'entreprise participe à l'effort de guerre. »

Dans un hangar, un groupe d'ouvriers surveille le passage de l'acier laminé à chaud. Une épaisse fumée se dégage des machines. Elle s'échappe par un trou formé dans le toit après une attaque russe sur le site en décembre dernier.

« Malgré le danger, nous travaillons dur, nous contribuons à faire entrer l'argent dans les caisses de l'État et d'ArcelorMittal », affirme Oleksandr, un ouvrier métallurgiste, « donc il faudrait que nos salaires suivent l'inflation, car nous n'arrivons plus à vivre décemment ».

Le syndicat de la métallurgie et des mineurs, dont les bureaux se trouvent dans l'enceinte d'ArcelorMittal depuis les années 1930, a entamé des négociations pour augmenter les salaires, affirme sa présidente, Natalya Mariniuk : « Ils n'ont pas été augmentés depuis deux ans, alors que l'inflation a explosé de plus de 35% après l'invasion russe. » Le syndicat souhaite également obtenir un treizième mois de salaire en bonus, qui avait été « supprimé unilatéralement en 2023 par ArcelorMittal. » La présidente du syndicat de la métallurgie et des mineurs semble optimiste, « mais il faut se méfier », affirme Mykhaïlo Volynets, « les syndicats héritiers de l'époque soviétique sont proches du pouvoir, ils prétendent qu'il existe encore un dialogue social en Ukraine ».

Lors d'un sommet qui a eu lieu le 23 avril dernier, à Lublin, en Pologne, cette question de la restauration du dialogue social a été abordée par les syndicats ukrainiens et leurs homologues européens, tout comme le rôle des syndicats dans les discussions sur l'avenir et la reconstruction du pays. Le soutien international se poursuit ainsi dans les échanges que peuvent avoir les acteurs syndicaux avec les responsables politiques d'Ukraine et de l'UE.

Selon le président de la KVPU, l'amélioration des conditions de travail en Ukraine passe par « la fin de l'agression russe, l'adhésion à l'Union Européenne et le vote par la Rada de nouvelles lois respectueuses des droits des travailleurs ».

01.05.2024 à 05:00

Rappelons-nous, en cette journée internationale du travail 2024, qu'il n'y a pas de démocratie sans syndicats

img

L'année 2024 est décrite comme une « super année électorale » historique, et pour cause : près de quatre milliards de personnes se rendront aux urnes dans plus de 40 pays. Pourtant, si nous examinons l'état de la démocratie dans le monde, a fortiori à l'aune des droits syndicaux, nous constatons qu'elle est gravement malade et qu'elle a besoin de soins urgents. Le mouvement syndical international est le plus grand mouvement social au monde. Nous constituons un maillon essentiel de tout système (...)

- Opinions / , , , , ,
Texte intégral (1575 mots)

L'année 2024 est décrite comme une « super année électorale » historique, et pour cause : près de quatre milliards de personnes se rendront aux urnes dans plus de 40 pays. Pourtant, si nous examinons l'état de la démocratie dans le monde, a fortiori à l'aune des droits syndicaux, nous constatons qu'elle est gravement malade et qu'elle a besoin de soins urgents. Le mouvement syndical international est le plus grand mouvement social au monde. Nous constituons un maillon essentiel de tout système démocratique qui se veut efficace, et nous possédons les valeurs démocratiques et l'expérience nécessaires pour prendre position « Pour la démocratie ».

La détérioration de la démocratie est évidente. Son affaiblissement peut être observé dans toutes les régions du monde. Chaque année depuis 2018, plus de pays connaissent un recul net plutôt qu'une amélioration des processus démocratiques, selon le rapport 2023 Global State of Democracy de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale (International Institute for Democracy and Electoral Assistance, IDEA), basé à Stockholm.

Le classement annuel des démocraties (Democracy Index) établi par The Economist Intelligence Unit a attribué au monde une note globale de 5,22 en 2023, contre 5,29 en 2022, à mesure que les guerres et les conflits aggravent les tendances antidémocratiques négatives existantes. Selon cette enquête, si 45,5 % de la population mondiale vit dans une forme de démocratie, seuls 7,8 % des personnes, soit moins d'une sur dix, vivent dans une « démocratie complète », et 39,4 % vivent sous un régime autoritaire.

Cette tendance antidémocratique va de pair avec des attaques antisyndicales à l'échelle mondiale. L'Indice des droits dans le monde 2023 préparé par la Confédération syndicale internationale (CSI) montre que les violations des normes fondamentales ont atteint des niveaux inédits : 87 % des pays ont violé le droit de grève, tandis que 79 % ont violé le droit de négociation collective. L'Indice CSI a suivi l'aggravation de ces chiffres sur une période de dix ans.

Cette hausse notable des atteintes aux droits syndicaux s'est doublée d'une augmentation parallèle des inégalités économiques et de l'insécurité.

Dans les pays où le taux de syndicalisation et la portée des conventions collectives sont élevés, les richesses et le pouvoir sont répartis plus équitablement et la confiance des citoyens dans la démocratie est plus grande.

En 2023, l'Institut V-Dem a identifié la Norvège – où le taux de syndicalisation atteint 49 % et la couverture des conventions collectives 72,5 % – comme la démocratie la plus délibérative et la plus égalitaire au monde. Toutefois, les chercheurs ont également relevé que « le taux de syndicalisation a diminué dans l'ensemble des pays développés et que, dans la plupart des pays, l'avantage salarial lié à la syndicalisation a, lui aussi, reculé ».

Par ailleurs, l'essor de nouvelles formes de fascisme, de nationalisme, de populisme et de xénophobie se serait vu conforté par les politiques d'austérité du capitalisme. Selon une étude de 2022 qui portait sur 200 élections en Europe, les politiques d'austérité auraient, en effet, entraîné « une augmentation significative de la part de voix remportées par des partis extrêmes, une baisse de la participation électorale et une augmentation de la fragmentation politique ». Au lieu de conduire à des économies plus fortes à même de soutenir un État social plus inclusif, les profits ont été privatisés et les pertes socialisées.

Cela revient à trahir la confiance de l'électorat. L'histoire nous montre que les travailleurs recherchent invariablement des alternatives qui promettent de répondre à leurs besoins et que les populistes exploitent cette situation pour remporter les élections et ensuite démanteler les éléments de la démocratie qui leur ont permis d'accéder au pouvoir.

Aucune région du monde n'est épargnée par cette recrudescence des forces antidémocratiques, et ce, alors que nous assistons à une convergence de crises mondiales. Les conflits armés se multiplient, l'urgence climatique s'accélère, la crise de la dette ne peut plus être ignorée et la croissance non régulée des technologies pose d'énormes risques sociaux.

Il est temps de se mobiliser « Pour la démocratie »

Pour contrer ces tendances, nous avons besoin d'un mouvement véritablement démocratique qui dépasse les frontières et rassemble tous les groupes sociaux, un mouvement qui ait le pouvoir et la responsabilité de modifier l'équilibre des pouvoirs sur chaque lieu de travail, dans chaque pays et dans chaque institution mondiale. Ce mouvement, nous l'incarnons, car la démocratie est le projet des travailleurs.

Il est temps que nous, syndicalistes, assumions notre rôle en tant qu'acteurs, combattants et défenseurs des valeurs démocratiques que nous exerçons chaque jour.

C'est pourquoi la CSI a lancé la campagne « Pour la démocratie », qui vise à défendre les fondements de la démocratie sur trois fronts cruciaux : au travail, au niveau national et au niveau mondial.

– Pour la démocratie au travail : sachant qu'il n'y a pas de démocratie sans syndicats, nous affirmons notre droit à la liberté syndicale, à la syndicalisation et à la grève. Nous revendiquons des négociations collectives et un dialogue social, un traitement égal pour tous les travailleurs, un pouvoir égal dans les décisions qui ont un impact sur notre santé, notre sécurité, notre environnement et nos perspectives d'emploi, la fin de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail, ainsi que la démocratie et la représentation au sein de nos structures syndicales.

– Pour la démocratie au niveau sociétal et national : nous revendiquons le droit de manifester et la liberté d'expression. La liberté de la presse joue un rôle essentiel en ce sens. Aussi, devons-nous défendre le rôle des journalistes qui, dans le cadre de démocraties fortes, doivent dénoncer les injustices et sensibiliser l'opinion publique, à l'abri de toutes attaques et persécutions. Nous revendiquons une véritable égalité des genres, des systèmes fiscaux justes, qui soient à même de financer la protection sociale universelle, ainsi qu'une transition juste qui soutienne tous les travailleurs. Nous résistons aux idéologies haineuses d'extrême droite et à la mainmise des entreprises sur l'élaboration des politiques nationales.

– Pour la démocratie au niveau mondial : nous demandons la réforme des structures économiques internationales en vue de la création de systèmes inclusifs qui accordent la priorité au bien-être public, aux droits humains et aux normes du travail plutôt qu'au profit privé. Nous demandons la protection et la promotion d'un multilatéralisme démocratique représentatif et d'une coopération mondiale équitable pour parvenir à la paix universelle et à la sécurité commune.

Au cœur de la campagne « Pour la démocratie » se trouve un nouveau contrat social ; une économie mondiale repensée, centrée sur les voix des travailleurs et fondée sur les piliers de l'emploi, des droits, des salaires, de la protection sociale, de l'égalité et de l'inclusion, pour faire face à la convergence des crises mondiales. Seule une approche démocratique et participative qui permette aux travailleurs d'influer sur leur avenir pourra déboucher sur un nouveau contrat social, et seul un nouveau contrat social permettra de reconstruire durablement la démocratie.

En ce premier mai, nous devons rendre hommage à tout ce que les syndicats ont fait pour la démocratie par le passé et exploiter le pouvoir collectif des syndicats pour défendre et reconstruire la démocratie aujourd'hui et à l'avenir. La campagne « Pour la démocratie » est un appel lancé aux travailleurs, aux syndicats et à leurs alliés dans le monde entier pour qu'ils se mobilisent en faveur d'un changement démocratique.

La démocratie n'est pas seulement un idéal politique, mais une réalité vécue que les travailleurs sont les mieux à même de définir, de défendre et de faire avancer.

3 / 20

 

  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
La Croix
Euronews
Le Figaro
France 24
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE
Courrier Europe Centle
Euractiv
Toute l'Europe
 
  INTERNATIONAL
Equaltimes
CADTM
Courrier International
Global Voices
Info Asie
Inkyfada
I.R.I.S
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
N-Y Times
Orient XXI
Of AFP
Rojava I.C
 
  OSINT / INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
G.I.J.N
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Issues
Les Jours
Le Monde Moderne
LVSL
Marianne
Médias Libres
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
Vrai ou Fake ?
🌞