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25.03.2025 à 09:54

Du mercantilisme au XXIe siècle

Matheo Malik

Aux côtés de Pierre Charbonnier et Anne-Laure Delatte, Branko Milanovic discutera ce soir, mardi 25 mars 2025 à partir de 19h30 avec Arnaud Orain autour de sa pièce de doctrine parue dans nos pages. L’entrée est libre mais les inscriptions obligatoires à ce lien

S’il est aujourd’hui communément admis que l’ère de la mondialisation néolibérale touche à sa fin 1, il est très difficile en revanche d’identifier le système international et national qui succédera au néolibéralisme. De nombreux candidats potentiels se présentent car, pour paraphraser Yogi Berra, il est difficile de faire des prédictions, surtout sur l’avenir.

L’histoire économique peut toutefois nous aider. Dans son nouvel ouvrage, l’économiste français Arnaud Orain nous emmène dans cette direction en examinant la nature cyclique du capitalisme mondial au cours des quatre derniers siècles. Selon Arnaud Orain, nous entrons dans l’un des réajustements périodiques du capitalisme qui oscille entre libre-échange et mercantilisme — caractérisé par le « commerce armé ». D’après lui, les époques de mercantilisme ont été plus fréquentes que les périodes de laissez-faire et de libre-échange. Il identifie trois périodes mercantilistes : la conquête européenne du monde (XVIIe et XVIIIe siècles), 1880-1945 et l’époque que nous vivons.

Le mercantilisme présenterait selon son étude deux caractéristiques principales. D’une part, il considère le commerce — et l’activité économique en général — comme un jeu à somme nulle. D’autre part, il crée un monde qui n’est jamais ni complètement en paix, ni complètement en guerre. L’état normal du mercantilisme est un conflit constant, qu’il soit mené par les armes ou par une multitude d’autres moyens coercitifs (piraterie, nettoyage ethnique, esclavage, etc.). Le mercantilisme implique (i) le contrôle des moyens de transport des marchandises, ce qui, hier comme aujourd’hui, signifie le contrôle des océans ; (ii) la préférence pour l’intégration verticale de la production et du commerce, ce qui implique des monopoles et des monopsones ; et (iii) la lutte pour la terre, soit comme source de matières premières et de nourriture (en particulier lorsque les idéologies malthusiennes prennent le dessus), soit comme terre sous forme de ports et d’entrepôts pour compléter la puissance navale. Le livre est donc divisé en trois parties (chacune composée de deux chapitres) qui passent en revue successivement la concurrence navale, les monopoles et les accaparements de terres au cours des deux précédentes époques mercantilistes — d’où le titre du livre : Le monde confisqué.

Un rôle idéologique central est accordé au stratège naval américain Alfred Mahan qui a formulé ce qu’Arnaud Orain définit comme les deux « lois ». La première affirme qu’un pays passe naturellement du statut de grand producteur de marchandises — comme la Chine aujourd’hui — à celui de pays ayant besoin d’exporter ces marchandises à l’étranger — et donc de contrôler les routes maritimes. Le pays doit donc devenir une puissance navale ou, idéalement, une puissance hégémonique navale. Il doit également créer un réseau d’entrepôts pour soutenir son déploiement naval. 

La deuxième loi de Mahan est qu’il n’y a pas de différence claire entre les marines marchandes et les marines de guerre. Le commerce étant « armé », la distinction entre les deux disparaît en grande partie, et Orain fournit de nombreux exemples historiques où les flottes marchandes ou de guerre néerlandaise, anglaise, suédoise, danoise et française ont joué les deux rôles. Cela contribue à l’atmosphère générale de « ni guerre, ni paix ». Les guerres sont, pourrait-on dire, « tous azimuts » mais sans gravité.

Le mercantilisme est un capitalisme de la « finitude » — un très beau terme introduit (ou peut-être inventé ?) par Arnaud Orain qui peut faire référence à la prise de conscience que les ressources naturelles sont limitées ou que l’activité économique est perçue comme un jeu à somme nulle. Le libre-échange correspondrait, par conséquent, aux époques où notre vision du monde est plus large et plus optimiste. Dans le capitalisme du libre-échange, nous avons tendance à croire qu’il y en aura — finalement — assez pour tout le monde. Le mercantilisme voit en revanche un monde dans lequel il « n’y en aura pas assez pour tout le monde » — la phrase de conclusion du livre.

Arnaud Orain présente un tableau historique extraordinairement riche de la conquête européenne et des « semi-guerres » intra-européennes sur des terres étrangères aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des sociétés telles que les Compagnies néerlandaise, britannique et française des Indes orientales et d’Afrique occidentale et autres jouent un rôle clef. Arnaud Orain souligne que ces Compagnies avaient souvent acquis des fonctions gouvernementales en extorquant les droits « régaliens » aux gouvernements nationaux et en s’imposant par la force aux gouvernements des pays conquis.

Alors que je connaissais déjà les grandes lignes de la concurrence navale de l’époque, les deux premiers chapitres ont particulièrement retenu mon attention, notamment en ce qui concerne la conquête française de l’Afrique de l’Ouest. Ils témoignent également d’une connaissance approfondie de la stratégie navale.

Aujourd’hui, la Chine et ses entreprises publiques — en particulier COSCO Shipping — poursuivent la même voie que la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et que ses sœurs britannique et française. Selon Arnaud Orain, la Chine obéit également à la première « loi » de Mahan : d’une puissance industrielle continentale, elle doit étendre son influence sur les mers afin d’expédier et de vendre ses marchandises. L’extension des  différentes flottes chinoises, en nombre de navires et en interopérabilité entre les fonctions commerciales et guerrières et le déclin parallèle des flottes américaines doivent être pris en compte. Sur les sept chantiers navals américains capables de produire de grands navires dans les années 1990, il n’en reste qu’un.

Pour conclure, je retiendrais deux points.

Il s’agit d’abord d’une lecture entièrement différente de l’histoire de la pensée économique classique. Les auteurs pré-physiocrates français tels que Forbonnais, Grotius, le conseiller juridique de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et apologiste du commerce armé, ou encore Gustav Schmoller et l’école historique allemande, sont dans cette histoire des références cruciales.

Du canon orthodoxe, seuls Smith — qui est à mes yeux incontournable car ses écrits se situent à la frontière idéologique et chronologique exacte entre le libre-échange et le mercantilisme — Marx et Schumpeter « survivent ». Ricardo, Marshall, Walras, les théoriciens de l’équilibre général, Keynes et bien d’autres sont à peine mentionnés, voire pas mentionnés du tout. Ce n’est pas un caprice de l’auteur. Cela découle directement de sa lecture du capitalisme comme un système de production forcée et de commerce armé. Un économiste ayant reçu une éducation conventionnelle entre dans un monde entièrement différent : comme dans une salle de miroirs déformants, de nombreux éléments sont familiers mais sont présentés d’une manière nouvelle et apparemment déformée, tandis que beaucoup d’autres sont entièrement nouveaux.

Mon seul reproche — qui n’est pas négligeable — concerne l’explication d’Arnaud Orain sur le passage à la « finitude » mercantiliste, en particulier à la fin du livre qui traite du contrôle des terres. Le passage au capitalisme de la finitude est présenté comme le résultat de la nature épuisable des ressources. Cela me semble peu convaincant. En effet, la transition actuelle du libre-échange au mercantilisme et la perception du commerce comme un jeu à somme nulle ne sont pas le résultat d’un changement observable dans la disponibilité des ressources naturelles : le monde n’a pas soudainement découvert au cours des cinq ou sept dernières années qu’il n’y en aurait pas « assez pour tout le monde » au sens physique du terme. 

Il l’a plutôt découvert au sens idéologique du terme.

Je pense que la transition vers le capitalisme de la finitude s’est produite non pas parce que nous avons pris conscience des pénuries réelles à venir mais plutôt en raison de l’essor de la Chine et de l’Asie en général. L’émergence de la Chine, nouvel acteur majeur sur la scène internationale avec un système politique différent de celui de l’Occident, constitue en effet un défi hégémonique. Poursuivre la mondialisation néolibérale comme avant signifierait, comme l’a compris l’Occident, que la Chine finirait par dominer le monde. La perception du déclin occidental dans ces circonstances a poussé l’Occident à adopter une position plus radicale et belliqueuse, où le monde est effectivement considéré comme fini, car « s’il y en a plus pour la Chine, il y en aura moins pour nous ».

L’évolution qu’Arnaud Orain décrit si justement n’est pas due au « réel » changement physique de la quantité de ressources, mais à la concurrence stratégique pour la suprématie mondiale. Les causes du passage au mercantilisme ne sont donc pas « objectives » et physiques — mais avant tout politiques 2.

L’article Du mercantilisme au XXIe siècle est apparu en premier sur Le Grand Continent.

Texte intégral (1793 mots)

Aux côtés de Pierre Charbonnier et Anne-Laure Delatte, Branko Milanovic discutera ce soir, mardi 25 mars 2025 à partir de 19h30 avec Arnaud Orain autour de sa pièce de doctrine parue dans nos pages. L’entrée est libre mais les inscriptions obligatoires à ce lien

S’il est aujourd’hui communément admis que l’ère de la mondialisation néolibérale touche à sa fin 1, il est très difficile en revanche d’identifier le système international et national qui succédera au néolibéralisme. De nombreux candidats potentiels se présentent car, pour paraphraser Yogi Berra, il est difficile de faire des prédictions, surtout sur l’avenir.

L’histoire économique peut toutefois nous aider. Dans son nouvel ouvrage, l’économiste français Arnaud Orain nous emmène dans cette direction en examinant la nature cyclique du capitalisme mondial au cours des quatre derniers siècles. Selon Arnaud Orain, nous entrons dans l’un des réajustements périodiques du capitalisme qui oscille entre libre-échange et mercantilisme — caractérisé par le « commerce armé ». D’après lui, les époques de mercantilisme ont été plus fréquentes que les périodes de laissez-faire et de libre-échange. Il identifie trois périodes mercantilistes : la conquête européenne du monde (XVIIe et XVIIIe siècles), 1880-1945 et l’époque que nous vivons.

Le mercantilisme présenterait selon son étude deux caractéristiques principales. D’une part, il considère le commerce — et l’activité économique en général — comme un jeu à somme nulle. D’autre part, il crée un monde qui n’est jamais ni complètement en paix, ni complètement en guerre. L’état normal du mercantilisme est un conflit constant, qu’il soit mené par les armes ou par une multitude d’autres moyens coercitifs (piraterie, nettoyage ethnique, esclavage, etc.). Le mercantilisme implique (i) le contrôle des moyens de transport des marchandises, ce qui, hier comme aujourd’hui, signifie le contrôle des océans ; (ii) la préférence pour l’intégration verticale de la production et du commerce, ce qui implique des monopoles et des monopsones ; et (iii) la lutte pour la terre, soit comme source de matières premières et de nourriture (en particulier lorsque les idéologies malthusiennes prennent le dessus), soit comme terre sous forme de ports et d’entrepôts pour compléter la puissance navale. Le livre est donc divisé en trois parties (chacune composée de deux chapitres) qui passent en revue successivement la concurrence navale, les monopoles et les accaparements de terres au cours des deux précédentes époques mercantilistes — d’où le titre du livre : Le monde confisqué.

Un rôle idéologique central est accordé au stratège naval américain Alfred Mahan qui a formulé ce qu’Arnaud Orain définit comme les deux « lois ». La première affirme qu’un pays passe naturellement du statut de grand producteur de marchandises — comme la Chine aujourd’hui — à celui de pays ayant besoin d’exporter ces marchandises à l’étranger — et donc de contrôler les routes maritimes. Le pays doit donc devenir une puissance navale ou, idéalement, une puissance hégémonique navale. Il doit également créer un réseau d’entrepôts pour soutenir son déploiement naval. 

La deuxième loi de Mahan est qu’il n’y a pas de différence claire entre les marines marchandes et les marines de guerre. Le commerce étant « armé », la distinction entre les deux disparaît en grande partie, et Orain fournit de nombreux exemples historiques où les flottes marchandes ou de guerre néerlandaise, anglaise, suédoise, danoise et française ont joué les deux rôles. Cela contribue à l’atmosphère générale de « ni guerre, ni paix ». Les guerres sont, pourrait-on dire, « tous azimuts » mais sans gravité.

Le mercantilisme est un capitalisme de la « finitude » — un très beau terme introduit (ou peut-être inventé ?) par Arnaud Orain qui peut faire référence à la prise de conscience que les ressources naturelles sont limitées ou que l’activité économique est perçue comme un jeu à somme nulle. Le libre-échange correspondrait, par conséquent, aux époques où notre vision du monde est plus large et plus optimiste. Dans le capitalisme du libre-échange, nous avons tendance à croire qu’il y en aura — finalement — assez pour tout le monde. Le mercantilisme voit en revanche un monde dans lequel il « n’y en aura pas assez pour tout le monde » — la phrase de conclusion du livre.

Arnaud Orain présente un tableau historique extraordinairement riche de la conquête européenne et des « semi-guerres » intra-européennes sur des terres étrangères aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des sociétés telles que les Compagnies néerlandaise, britannique et française des Indes orientales et d’Afrique occidentale et autres jouent un rôle clef. Arnaud Orain souligne que ces Compagnies avaient souvent acquis des fonctions gouvernementales en extorquant les droits « régaliens » aux gouvernements nationaux et en s’imposant par la force aux gouvernements des pays conquis.

Alors que je connaissais déjà les grandes lignes de la concurrence navale de l’époque, les deux premiers chapitres ont particulièrement retenu mon attention, notamment en ce qui concerne la conquête française de l’Afrique de l’Ouest. Ils témoignent également d’une connaissance approfondie de la stratégie navale.

Aujourd’hui, la Chine et ses entreprises publiques — en particulier COSCO Shipping — poursuivent la même voie que la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et que ses sœurs britannique et française. Selon Arnaud Orain, la Chine obéit également à la première « loi » de Mahan : d’une puissance industrielle continentale, elle doit étendre son influence sur les mers afin d’expédier et de vendre ses marchandises. L’extension des  différentes flottes chinoises, en nombre de navires et en interopérabilité entre les fonctions commerciales et guerrières et le déclin parallèle des flottes américaines doivent être pris en compte. Sur les sept chantiers navals américains capables de produire de grands navires dans les années 1990, il n’en reste qu’un.

Pour conclure, je retiendrais deux points.

Il s’agit d’abord d’une lecture entièrement différente de l’histoire de la pensée économique classique. Les auteurs pré-physiocrates français tels que Forbonnais, Grotius, le conseiller juridique de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et apologiste du commerce armé, ou encore Gustav Schmoller et l’école historique allemande, sont dans cette histoire des références cruciales.

Du canon orthodoxe, seuls Smith — qui est à mes yeux incontournable car ses écrits se situent à la frontière idéologique et chronologique exacte entre le libre-échange et le mercantilisme — Marx et Schumpeter « survivent ». Ricardo, Marshall, Walras, les théoriciens de l’équilibre général, Keynes et bien d’autres sont à peine mentionnés, voire pas mentionnés du tout. Ce n’est pas un caprice de l’auteur. Cela découle directement de sa lecture du capitalisme comme un système de production forcée et de commerce armé. Un économiste ayant reçu une éducation conventionnelle entre dans un monde entièrement différent : comme dans une salle de miroirs déformants, de nombreux éléments sont familiers mais sont présentés d’une manière nouvelle et apparemment déformée, tandis que beaucoup d’autres sont entièrement nouveaux.

Mon seul reproche — qui n’est pas négligeable — concerne l’explication d’Arnaud Orain sur le passage à la « finitude » mercantiliste, en particulier à la fin du livre qui traite du contrôle des terres. Le passage au capitalisme de la finitude est présenté comme le résultat de la nature épuisable des ressources. Cela me semble peu convaincant. En effet, la transition actuelle du libre-échange au mercantilisme et la perception du commerce comme un jeu à somme nulle ne sont pas le résultat d’un changement observable dans la disponibilité des ressources naturelles : le monde n’a pas soudainement découvert au cours des cinq ou sept dernières années qu’il n’y en aurait pas « assez pour tout le monde » au sens physique du terme. 

Il l’a plutôt découvert au sens idéologique du terme.

Je pense que la transition vers le capitalisme de la finitude s’est produite non pas parce que nous avons pris conscience des pénuries réelles à venir mais plutôt en raison de l’essor de la Chine et de l’Asie en général. L’émergence de la Chine, nouvel acteur majeur sur la scène internationale avec un système politique différent de celui de l’Occident, constitue en effet un défi hégémonique. Poursuivre la mondialisation néolibérale comme avant signifierait, comme l’a compris l’Occident, que la Chine finirait par dominer le monde. La perception du déclin occidental dans ces circonstances a poussé l’Occident à adopter une position plus radicale et belliqueuse, où le monde est effectivement considéré comme fini, car « s’il y en a plus pour la Chine, il y en aura moins pour nous ».

L’évolution qu’Arnaud Orain décrit si justement n’est pas due au « réel » changement physique de la quantité de ressources, mais à la concurrence stratégique pour la suprématie mondiale. Les causes du passage au mercantilisme ne sont donc pas « objectives » et physiques — mais avant tout politiques 2.

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