ACCÈS LIBRE
29.04.2025 à 07:42
Framatophe
L’illusion du progrès numérique masque une réalité brutale : celle d’un monde où chaque geste alimente des systèmes de contrôle, de surveillance et d’exploitation. Ce n’est pas seulement l’intelligence artificielle, mais tout un modèle technologique, celui des plateformes, de la capture de l’attention, de l’extractivisme numérique, qu’il faut interroger. Ce texte n’invite ni à fuir ni à consentir : il appelle à politiser nos usages et à réarmer nos pratiques.
Vers la vingt-deuxième minute de cet entretien matinal sur France Inter, le 09 avril 2025, la journaliste Léa Salamé faisait dire à F. Ruffin qu’il n’y a pas d’alternatives aux GAFAM. « Vous utilisez Google Docs, vous ? ». Tout le monde utilise les outils des GAFAM, on ne peut pas faire autrement…
En écoutant ces quelques secondes, et en repassant mentalement les quelques vingt dernières années passées à militer pour le logiciel libre avec les collègues de Framasoft, je me disais que décidément, le refrain sans cesse ânonné du there is no alternative concernant les outils numériques, n’est pas un argument défaitiste, ce n’est pas non plus un constat et encore moins une lamentation, c’est un sophisme. « Vu que tout le monde les utilise, on ne peut pas faire autrement que d’utiliser soi-même les logiciels des GAFAM » est une phrase qui a une valeur contraignante : elle situe celui ou celle qui la prononce en figure de sachant et exclut la possibilité du contre-argument du logiciel libre et des formats ouverts. Elle positionne l’interlocuteur en situation de renoncement car mentionner les logiciels libres et les formats ouverts suppose un argumentaire pseudo-technique dont le coût cognitif de l’explication l’emporte sur les bénéfices potentiels de l’argument. Face aux sophismes, on est souvent démuni. Ici, il s’agit de l’argumentum ad populum : tout le monde accepte l’affirmation parce qu’un nombre suffisamment important de la population est censé la considérer comme vraie. Et il est clair que dans le bus ou entre le café et la tartine du petit déjeuner, à l’heure de l’interview dont nous parlons ici, beaucoup de personnes ont dû se sentir légitimées et ont abordé leur journée comme ces pauvres prisonniers au fond de la caverne, dans un état de cécité intellectuelle heureuse (mais quand même un peu coupable).
20 ans (et même un peu plus) ! 20 ans que Framasoft démontre, littéralement par A+B que non seulement les alternatives aux outils des GAFAM existent, mais en plus sont utilisables, fiables, souvent conviviales. Depuis que nous avons annoncé que nous n’irions plus prendre le thé à l’Éducation Nationale, nous avons vu passer des pseudo politiques publiques qui tendent vers un semblant de lueur d’espoir : de la confiance dans l’économie numérique, des directives pour les formats ouverts, des débats parlementaires où pointe parfois la question du logiciel libre dans une vague conception de la souveraineté… auxquelles répondent, tout aussi inlassablement des contrats open bar Microsoft dans les fonctions publiques (1, 2, 3), quand il ne s’agit pas carrément du pantouflage de nos ex-élus politiques chez les GAFAM. Comme on dit de l’autre côté du Rhin : Einen Esel, der keinen Durst hat, kann man nicht zum Trinken bringen, que l’Alsacien par chez moi raccourcit ainsi : « on ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif », autre version de l’historique « laisse béton ». Le salut ne viendra pas des élus. Il ne viendra pas de l’économie libérale, celle-là même qui veut nous faire croire que l’échec tient surtout de nos motivations personnelles, d’un manque de performance, d’un manque de proposition.
Si le logiciel libre n’était pas performant, il ne serait pas présent absolument partout. Il suffit d’ouvrir de temps en temps le capot. Mais comme je l’ai écrit l’année dernière, c’est une situation tout aussi confortable que délétère que de pouvoir compter sur les communs sans y contribuer, ou au contraire d’y contribuer activement comme le font les multinationales pour s’octroyer des bénéfices privés sur le dos des communs. En quelques années, les transformations du monde numérique n’ont pas permis au grand public de s’approprier les outils numériques que de nouvelles frontières, floutées, sont apparues. L’une des raisons principales de l’adoption des logiciels libres dans le domaine de la bureautique personnelle consistait à tenter de s’émanciper de la logique hégémonique des grandes entreprises mondialisées qui imposent leurs pratiques au détriment des besoins réels pour se gaver des données personnelles. Or, l’intégration des services numériques et la puissance de calcul mobilisée, aux dépends de l’environnement naturel comme de nos libertés, ont crée une attraction telle que la question stratégique des pratiques personnelles est passée au second plan. Ce qui importe maintenant, ce n’est plus seulement de savoir ce que deviennent nos données personnelles ou si les logiciels nous émancipent, mais de savoir comment s’extraire du cauchemar de la production frénétique de contenus assistée par IA. Nous perdons pied.
Die Zeit Online. 21/01/2025. Capture d’écran. Source.
Cette logique productiviste numérique est au sommet de la logique formelle du capital. Elle a une histoire dont la prise de conscience collective date des années 1980, contemporaine de celle du logiciel libre. C’est Detlef Hartmann (il y a bien d’autres auteurs) qui nous en livre l’une des formulations que je trouve assez simple à comprendre. Dans Die Alternative : Leben als Sabotage (1981), D. Hartmann procède à une critique de l’idéologie capitaliste en montrant comment celle-ci tend à subsumer l’ensemble des rapports sociaux sous une logique instrumentale, formelle, qui nie les subjectivités concrètes. C’est un processus d’aliénation généralisée : ce que le capitalisme fait au travailleur dans l’atelier taylorisé, il le reproduit à l’échelle de toute la société à travers l’expansion de technologies façonnées par les intérêts du capital. La taylorisation, qu’on peut résumer en une intensification de la séparation entre conception et exécution, devient paradigmatique d’un mode de domination : elle dépouille les individus de leur autonomie, les rendant étrangers à leur propre activité. À partir des années 1970-1980, cette logique d’aliénation se déplace du seul domaine de la production industrielle vers celui de la production symbolique et intellectuelle, via l’informatisation des tâches, toujours au service du contrôle et de la rationalisation capitalistes. Dans cette perspective, ce que Hartmann appelle la « violence technologique » s’inscrit dans le prolongement de la violence structurelle du capital : elle consiste à tenter de formater les dimensions qualitatives de l’existence humaine (l’intuition, l’émotion, l’imaginaire) selon les exigences d’un ordre rationnel formel, celui du capital abstrait. Cette normalisation est une violence parce que, au profit d’une logique d’accumulation et de contrôle, elle nie la richesse des facultés humaines, elle réduit les besoins humains à des catégories qui ne représentent pas l’ensemble des possibilités humaines1. Ce faisant, elle entrave les pratiques d’émancipation, c’est-à-dire la capacité collective à transformer consciemment le monde.
La violence technologique capitaliste s’incarne à la perfection dans la broligarchie qui a contaminé notre monde numérique. Ce monde que, par excès d’universalisme autant que de positivisme, nous pensions qu’il allait réussir à connecter les peuples. Cette broligarchie joue désormais le jeu de la domination anti-démocratique. Elle foule même au pied la démocratie libérale dont pourtant nous avions compris les limites tant en termes d’inégalités que d’assujettissement des gouvernements aux intérêts économiques de quelques uns. Pour ces techbros, le combat est le même que le gouvernement chinois ou russe : le contrôle et les systèmes de contrôle ne sont pas des sujets démocratiques, il n’y a pas plus de contrat social et les choix politiques se réduisent à des choix techniques. Et il n’y a aucune raison que nous soyons exemptés dans notre start-up nation française.
Quelles sont les manifestations concrètes de ce productivisme dans nos vies ? il y a d’abord les algorithmes de contrôle qui relèvent du vieux rêve de l’automatisation généralisée dont je parlais déjà dans mon livre. Comme le montre H. Guillaud, ces systèmes décisionnels automatisés influencent les services publics, tout comme les banques ou les assurances avec une efficacité si mauvaise, entraînant des injustices, que l’erreur loin d’être corrigée devient partie intégrante du système. Le droit au recours, la nécessité démocratique du contrôle de ces systèmes, tout cela est nié parce que ces systèmes automatisés sont considérés comme des solutions, et non des problèmes. L’IA arrive alors comme le Graal tant attendu, surfant sur le boom du développement des IA génératives, les projets d’emmerdification maximale des services publics deviennent des projets d’avenir : si les caisses sont vides pour entretenir des services publics performants, utilisez l’IA pour les rendre plus productifs ! Comme l’écrit H. Guillaud :
Dans l’administration publique, l’IA est donc clairement un outil pour supprimer des emplois, constate le syndicat. L’État est devenu un simple prestataire de services publics qui doit produire des services plus efficaces, c’est-à-dire rentables et moins chers. Le numérique est le moteur de cette réduction de coût, ce qui explique qu’il soit devenu omniprésent dans l’administration, transformant à la fois les missions des agents et la relation de l’usager à l’administration. Il s’impose comme un « enjeu de croissance », c’est-à-dire le moyen de réaliser des gains de productivité.
Outre la question antédiluvienne du contrôle, cela fait bien longtemps que nous avons intériorisé l’idée que nous ne sommes pas seulement des usagers, mais surtout des produits. Ce constat ne relève plus de la révélation. Comme le montre David Lyon, c’est un choix culturel, une absorption sociale. En acceptant sans sourciller l’économie des plateformes, nous avons scellé un pacte implicite avec le capitalisme de surveillance, troquant nos données personnelles contre des services dont la pertinence est souvent discutable, dans des contrats où la vie privée se monnaie à vil prix. Ce choix, pour beaucoup, s’est imposé comme une fatalité, tant l’alternative semble absente ou inaccessible : renoncer à ces services reviendrait à se marginaliser et se priver de certains bienfaits structurels.
Pire : nous avons également intégré, souvent sans résistance, le modèle économique des plateformes parasites dont la logique repose sur l’intermédiation. Ces plateformes ne produisent rien : elles captent, organisent, et exploitent la relation entre des prestataires précaires et des clients captifs. Elles génèrent du profit non pas en créant de la valeur, mais en prélevant leur dîme sur chaque interaction. Et pourtant nous continuons à alimenter ces circuits toxiques : d’un côté, une généralisation du travail sous contrainte algorithmique, mal payé, pressurisé, et de l’autre, un mode de consommation séduisant qui reconduit en fait une exploitation des travailleurs qu’on croyait enterrée avec le siècle d’Émile Zola.
Dans sa conception classique, le logiciel libre se proposait d’effacer autant que faire se peut la distinction entre producteur et consommateur. Programmer n’est pas seulement une réponse à une demande industrielle, mais un moyen puissant d’expression personnelle et de possibilités créatives. Utiliser des programmes libres est tout autant créatif car cela renforce l’idée que l’utilisateur ne partage pas seulement un programme mais des savoirs, des rapports complexes avec les machines, au sein d’une communauté d’utilisateurs, dont font aussi partie les programmeurs.
L’efficacité et la durabilité de cette approche obéissent à une logique de « pratique réflexive ». La qualité d’un logiciel libre émerge d’une forme de « dogfooding », c’est-à-dire de la consommation directe du produit par son propre producteur, un processus d’amélioration continue. Cette pratique assure une dynamique auto-correctrice. Au sein de la communauté, la qualité du logiciel est d’autant plus renforcée par un feedback interne, où l’utilisateur se transforme en agent critique, capable d’identifier et de rectifier les dysfonctionnements de manière autonome. Il en résulte une production plus cohérente, car motivée par des intérêts personnels et collectifs qui orientent la création. Le code n’est pas seulement un produit technique, mais aussi un produit socialement inscrit dans une logique de désirs et de partage.
Code is law
Privacy is power
C’est beau, non ? Dans ces principes, oui. Mais les barrières sont de plus en plus efficaces, soit pour élever le ticket d’entrée dans les communautés d’utilisateur-ices de logiciels libres, soit pour conserver la dynamique libriste au sein même de la production de logiciels « communautaires ».
Pour le ticket d’entrée, il suffit de se mettre à la place des utilisateurs. Là où il était encore assez facile, il y a une dizaine d’années, de promouvoir l’utilisation de logiciels libres dans la bureautique personnelle, le cadre a radicalement changé : l’essentiel de nos communications et de nos productions numériques passe aujourd’hui par des services en ligne. Cela pose la question du maintien des infrastructures techniques qui sous-tendent ces services. Il y a dix ans, Nadia Eghbal constatait que, au fil du temps, le secteur de l’open source a une tendance à l’épuisement par une attitude productiviste :
Cette dernière génération de développeurs novices emprunte du code libre pour écrire ce dont elle a besoin, mais elle est rarement capable, en retour, d’apporter des contributions substantielles aux projets. Beaucoup sont également habitués à se considérer comme des « utilisateurs » de projets open source, davantage que comme les membres d’une communauté.
Aujourd’hui, cette attitude s’est radicalisée avec les outils à base d’IA générative qui se sont largement gavés de code open source. Mais en plus de cela, cela a conduit les utilisateurs à s’éloigner de plus en plus des pratiques réflexives que je mentionnais plus haut, car il est devenu aujourd’hui quasi impossible de partager des connaissances tant l’usage des services s’est personnalisé : les services d’hébergement de cloud computing, l’intégration toujours plus forte des services à base d’IA dans les smartphones, l’appel toujours plus contraignant à produire et utiliser des contenus sur des plateformes, tout cela fait que les logiciels qu’on installe habituellement sur une machine deviennent superflus. Ils existent toujours mais sont rendus invisibles sur ces plateformes. Ces dernières vivent de ces communs numériques. Elles y contribuent juste ce qu’il faut, créent au besoin des fondations ou les subventionnent fortement, mais de communautés il n’y a plus, ou alors à la marge : celleux qui installent encore des distributions GNU/Linux sur des ordinateurs personnels, celleux qui veulent encore maîtriser l’envoi et la réception de leurs courriels… Dans les usages personnels (hors cadre professionnel), tout est fait pour que l’ordinateur personnel devienne superflu. Trop subversif, sans doute. Et ainsi s’envolent les rêves d’émancipation numérique.
Même les logiciels dont on pouvait penser qu’il participaient activement à une certaine convivialité d’Internet commencent à emmerdifier les utilisateurs. Par exemple : qui a convaincu la fondation Mozilla que ce dont avaient besoin des utilisateurs de Firefox c’est d’un outil de prévisualisation des liens dont le contenu est résumé par IA ? Que ce soit utile, efficace ou pas, n’est pas vraiment la question. La question est de savoir si les surcoûts énergétiques, environnementaux et cognitifs en valent la peine. Et la réponse est non. Dans un tel cas de figure, où est la communauté d’utilisateurs ? où sont les principes libristes ?
Il faut re-former des communautés d’utilisateurs, en particulier pour des services en ligne, mais pas uniquement. Avec son projet Frama.space, basé sur Nextcloud, Framasoft a annoncé haut et fort vouloir œuvrer pour « renforcer le pouvoir d’agir des associations ». L’idée mentionnée dans le billet qui était alors consacré portait essentiellement sur la capacité des associations et autres collectifs à faire face aux attaques contre les libertés associatives, la mise en concurrence des associations, les logiques de dépolitisation et de ringardisation. Avoir un espace de cloud partagé pour ne pas dépendre des plateformes n’est pas seulement une méthode pour échapper à l’hégémonie de quelques multinationales, c’est une méthode qui permet d’échapper justement aux logiques formelles qui nous obligent à la productivité, nous contraignent aux systèmes de contrôle, et nous empêchent d’utiliser des outils communs. Nextcloud n’est pas qu’un logiciel libre dont nous pourrions nous contenter d’encourager l’installation. C’est un logiciel dont le mode de partage que nous avons adopté, en mettant à disposition des serveurs payés par des donateurs, consiste justement à outiller une communauté d’utilisateurs. Et nous pouvons le faire dans une logique libriste et émancipatrice. Les communs qui peuvent s’y greffer sont par exemple des logiciels tels l’outil de supervision Argos Panoptès ou Intros, une application spécialement dédié à la prise en main de Frama.space. Ce que Framasoft encourage, ce n’est pas seulement des outils : cela reviendrait à verser dans une forme de solutionnisme infructueux. C’est l’« encapacitation » des utilisateurs.
Mais j’ai aussi écrit plus haut qu’il ne s’agissait pas seulement de services en ligne. Pourquoi avons-nous avancé quelques pions en produisant un logiciel qui utilise de l’IA comme Lokas ? Ce logiciel n’a rien de révolutionnaire. Il tourne avec une IA spécialisée, déjà entraînée, et il existe d’autres logiciels qui font la même chose. Qu’espérons-nous ? Constituer une communauté critique et autonome autour de la question de l’IA. Lokas n’est qu’un exemple : que souhaitons-nous en faire ? Si des modèles d’IA existent, quel avenir voulons nous avec eux ou à côté d’eux ? L’enjeu consiste à construire les conditions d’émancipation numérique face à l’envahissement des pratiques qui nous contraignent à produire des contenus sans en maîtriser la cognition.
J’ai affirmé ci-dessus la raison pour laquelle nous sommes embarqués de force dans un monde où les IA génératives connaissent un tel succès, quasiment sans aucune perspective critique : elles sont considérées comme les outils ultimes de la mise en production des subjectivités, leur dés-autonomisation. Les possibilités sont tellement alléchantes dans une perspective capitaliste que tout argument limitatif comme les questions énergétiques, climatiques, sociales, politiques, éthiques sont sacrifiées d’emblée sur l’autel de la rentabilité start-upeuse au profit de l’impérialisme fascisant des techbros les plus en vue. Ce que nous souhaitons opposer à cela, tout comme Framasoft avait opposé des outils alternatifs pour « dégoogliser Internet », c’est de voir si une alternative à l’« IA über alles » est possible. La question n’est pas de savoir si nous apporterons une réponse à la pertinence de chaque outil basé sur de l’IA générative ou spécialisée. La question que nous soulevons est de savoir quelles sont nos capacités critiques et notre degré d’autonomie stratégique et collective face à des groupes d’intérêts qui nous imposent leurs propres outils de contrôle, en particulier avec des IA.
Capital (poing dans une flaque rouge), Fac. des Sciences. BNF. Collection [Mai 1968]. Affiche. Source.
Il y a vingt ans déjà, nous avions compris que culpabiliser les utilisateurs de Windows constituait non seulement une stratégie inefficace, mais surtout contre-productive, dans la mesure où elle nuisait directement à la promotion et à la légitimation des logiciels libres. Cette attitude moralisatrice présupposait une liberté de choix que la réalité technologique, sociale et économique ne garantit pas à tous. L’environnement numérique est souvent imposé par défaut, par des logiques industrielles, éducatives ou institutionnelles. La posture libriste ne peut être qu’une posture située, consciente des rapports de force et des contraintes concrètes qui pèsent sur les individus.
À l’heure de l’IA générative omniprésente, le rapport de force s’est accentué et l’enfermement technologique est aggravé. Les systèmes d’exploitation en deviennent eux-mêmes les vecteurs, comme le montre la prochaine version de Windows, où la mise à jour n’est plus un choix mais une obligation, dissimulant des logiques de captation des usages et des données.
Dans ce contexte, proposer des alternatives « sans » IA devient de plus en plus difficile – et pourrait s’avérer, à terme, irréaliste. Dans la mesure où l’environnement numérique est colonisé par les intérêts d’acteurs surpuissants, il ne s’agit plus de rejeter globalement l’IA, mais de re-politiser son usage : distinguer entre les instruments de domination et les instruments d’émancipation.
Il serait malhonnête de nier en bloc toute forme d’utilité aux systèmes d’IA. Automatiser certaines tâches, c’est un vieux rêve de l’informatique, bien antérieur à l’essor actuel de l’IA générative. Il arrive que des IA fassent ce qu’on attend d’elles, surtout dans des environnements et des rôles restreints. Lorsqu’on regarde l’histoire des techniques numériques dans l’entreprise dans la seconde moitié du XXe siècle, on constate autant de victoires que de défaites, sociales ou économiques. Mais les usages supposément vertueux sont devenus l’argument marketing préféré des entreprises de l’IA d’aujourd’hui : une vitrine bien propre, bien lisse, pour faire oublier les ravages sociaux, environnementaux et politiques que ces technologies engendrent ailleurs. Comme si quelques cas d’usage médical, par exemple en médecine personnalisée, pouvaient suffire à justifier l’opacité des systèmes, la dépendance aux infrastructures privées, la capture des données sensibles et l’accroissement des inégalités. Ce n’est pas parce qu’une technologie peut parfois servir qu’elle sert le bien commun2.
De même que la promotion des logiciels libres n’avait pas vocation à se cristalliser dans un antagonisme stérile entre Windows (ou Mac) et GNU Linux, la question d’une informatique émancipatrice ne peut aujourd’hui se réduire à un débat binaire « pour ou contre l’IA ». Il faut reconnaître la diversité des IA – génératives, prescriptives, symboliques, décisionnelles, etc. – et la pluralité de leurs usages. L’enjeu est de comprendre leur place dans les systèmes techniques, reflets des rapports socio-économiques, et des visions du monde. Les IA nouvelles, notamment génératives, connaîtront un cycle d’adoption : après l’euphorie initiale et les sur-promesses, viendra probablement une phase de décantation, une redescente vers un usage plus mesuré, plus intégré, moins spectaculaire. Selon moi, cette marche forcée prendra fin. Mais ce qui restera – les infrastructures, les dépendances, les cultures d’usage – dépendra largement de ce que nous aurons su construire en parallèle : des communautés numériques solidaires, résilientes, capables de reprendre la main sur leurs outils et de refuser les logiques de dépossession. Quelle résilience pouvons-nous opposer à la violence technologique que nous subissons ? Il ne s’agit pas d’imaginer un monde d’après, neutre ou apaisé, mais de préparer les conditions de notre autonomie dans un monde où la violence technologique est déjà notre quotidien.
— Christophe Masutti
J’emprunte cette formulation à Agnès Heller, La théorie des besoins chez Marx, Paris, Les Éditions sociales, 2024, p.51.↩︎
Pour continuer avec l’exemple de la médecine, souvent employé par les thuriféraires de l’IA-partout, on voit poindre régulièrement les mêmes problèmes que soulève depuis longtemps la surveillance algorithmique. Ainsi ce récent article dans Science relate de graves biais relatifs aux groupes sociaux (femmes et personnes noires, essentiellement) dans la recherche diagnostique lorsqu’on utilise une aide à l’analyse d’imagerie assistée par IA. ↩︎
28.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Suite à l’attaque meurtrière de mardi au Cachemire, des échanges de tirs ont eu lieu durant la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril entre troupes pakistanaises et indiennes le long de la ligne de contrôle (LOC), la frontière entre les deux pays. L’ONU appelle à la « retenue maximale ».
La projection en mars 2025 à Paris d’un cycle intitulé « Cinéma soudanais : défis et résiliences » a offert une occasion rare de présenter et discuter des films d’une grande richesse. La mise en valeur de ces créations alors que la société soudanaise est déchirée par la guerre, trop souvent négligée, est un moyen pour lutter contre l’oubli et les raccourcis.
Depuis plusieurs jours, un climat de terreur règne dans les campements de migrants disséminés dans la région de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. La Garde nationale mène une opération de grande ampleur visant à démanteler les milliers de logements de fortune érigés dans les champs d’oliviers, sur la route qui mène de Sfax à El-Amra. Selon les estimations des autorités, environ 20 000 migrants vivent dans cette zone, en attendant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie.
That billionaires would fly private jets to luxury yachts, then board helicopters to chase the last snow-covered peaks in Europe—while attempting to silence Indigenous voices—is being seen as a microcosm of global environmental inequality.
Une dizaine d’universités et de hautes écoles suisses, parmi lesquelles l’EPFL, l’EPFZ ou les universités de Berne et de Genève, bénéficient de subventions du gouvernement américain.
Des polluants éternels en forte dose dans nos verres de vin. C’est ce qu’a découvert le réseau d’associations Pesticide Action Network (PAN) Europe, qui a analysé une cinquantaine de bouteilles, révèle Le Monde. Tous les millésimes récents contiennent des concentrations élevées d’acide trifluoroacétique (TFA). Cette contamination s’est accrue à un rythme effréné. Absent des vignes les plus anciennes, le TFA est présent dans tous les vins testés mis en bouteille après 1988, y compris ceux issus de l’agriculture biologique.
A surveillance tool meant to keep tabs on employees is leaking millions of real-time screenshots onto the open web.
“Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé”, a averti le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas
Donald Trump a aussi assuré mardi qu’il ne comptait pas limoger le chef de la Fed, Jerome Powell, malgré ses virulentes critiques contre lui, contribuant à soulager en partie les marchés mondiaux effrayés par ses politiques agressives. Les Bourses ont ainsi rebondi en Asie ce mercredi, de Tokyo à Hong Kong
Voir aussi Trump says China tariffs will drop ‘substantially – but it won’t be zero’ (theguardian.com)
Le président états-unien, Donald Trump, a signé un décret pour accélérer l’exploration et l’exploitation des minerais contenus dans les fonds marins, y compris dans les eaux internationales.
Voir aussi Donald Trump livre les océans à l’exploitation minière (reporterre.net)
Donald Trump a signé un décret autorisant l’exploitation minière des fonds marins. Une décision à rebours des accords internationaux, qui sera mortifère pour la vie et la biodiversité des océans.
Researchers left at US climate agency say drastic cuts could leave air ‘not breathable’ and water ‘not drinkable’
The US military launched a long-range hypersonic missile Friday morning from Cape Canaveral Space Force Station in Florida on a test flight that, if successful, could pave the way for the weapon’s operational deployment later this year.
Trump appointee Ed Martin accuses the online encyclopedia of “allowing foreign actors to manipulate information and spread propaganda to the American public.”
The goal is to create a massive repository of data pulled from various agencies, according to sources familiar with the project who spoke on the condition of anonymity because they aren’t authorized to talk about it. The administration has previously sought to centralize information from a number of agencies, including the Internal Revenue Service, the Social Security Administration and Health and Human Services, among others. Palantir, a Silicon Valley data-analytics company co-founded by a Musk ally that has been used by immigration officials before for criminal investigations, is involved in building out the database.
Voir aussi Trump s’appuie sur Palantir, l’entreprise de Peter Thiel, pour déporter des migrant·es et assister le DOGE d’Elon Musk (legrandcontinent.eu)
DOGE has tapped into some of the most sensitive and valuable data in the world. Now it’s starting to put it to work.
The suit claims that the government’s demands for input on Harvard’s hiring and admissions violate the university’s First Amendment rights, and that the funding freeze hasn’t followed the procedures laid out in federal law.
A letter signed by more than 400 university heads offers a sharp rebuke to the bully-in-chief.
Voir aussi Universities (finally) band together, fight “unprecedented government overreach” (arstechnica.com)
Une descendante de survivants de la Shoah : ce que lui ont raconté ses parents de la montée du nazisme « est en train de se passer ici »
AI-powered assistants are becoming a popular business and consumer tool. The EU says “no thanks” for now.
Hallucinations algorithmiques, discriminations exacerbées, atteintes à la vie privée, dépendance des professionnel.les de santé, ou encore obstacles dans l’accès aux droits de remboursement, on ne compte plus les exemples où des IA défaillantes ont affecté la santé et les droits des premiers concernés : les patient·es.
Recall se présente sous la forme d’une frise chronologique listant des captures d’écran réalisées à intervalles réguliers. Ces captures sont interprétées par une technologie de reconnaissance d’écriture, des informations qui sont ensuite moulinées par de l’IA.
“That’s kind of one of the other reasons we wanted to build a browser, is we want to get data even outside the app to better understand you,” Srinivas said. “Because some of the prompts that people do in these AIs is purely work-related. It’s not like that’s personal.” And work-related queries won’t help the AI company build an accurate-enough dossier.
Les robots utilisés par les grands modèles de langage (LLM) pour indexer le web ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Une étude portant sur le trafic web des clients d’une entreprise de cybersécurité proposant des services de lutte contre les bots avance que 37 % émanerait en effet de « robots malveillants » (contre 19 % il y a 10 ans), contre 14 % pour les robots légitimes, et 49 % pour les internautes humains (contre plus de 60 % il y a encore 5 ans).
L’absence de transparence sur le fonctionnement de certains outils d’intelligence artificielle inquiète. « Nous ne pouvons pas accepter de travailler uniquement avec une boîte noire […] Nous sommes une infrastructure cruciale, nous devons comprendre ce qui se passe et le contrôler. »
Being polite to your AI might make you feel warm and fuzzy, but it’s also burning through millions in electricity – literally.
Google’s AI Overviews feature credible-sounding explanations for completely made-up idioms.
With Llama 4, Meta fudged benchmarks to appear as though its new AI model is better than the competition.
Intel has tried to position itself at the forefront of the AI PC revolution, but based on the company’s latest financial report, it looks like that revolution isn’t happening yet. Despite offering dozens of AI-enabled PCs packing a Meteor Lake, Lunar Lake, or even more recently, Arrow Lake, CPU, Intel says that its older generations are seeing “much greater demand”
Big LLM is purposefully obfuscating the cost of running LLMs, because if the people actually knew the cost, they’d riot. Well, they wouldn’t riot. But they definitely stop believing all the hype surrounding AI and LLMs and especially open-source models.
In fact, I’m willing to go a step further and say you can’t actually run them.
Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars ses bombardements aériens suivis d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza.
« L’incapacité à tenir l’engagement d’accueillir 50 enfants palestiniens en sept mois est symbolique ; elle accompagne, à mon sens, notre attentisme face à un génocide qui se poursuit »
Le gouvernement justifie ce revirement par l’engagement de l’Espagne envers le peuple palestinien.
“The federal government reaching out to our personal cellphones to identify who is Jewish is incredibly sinister,” said Barnard associate professor Debbie Becher, who is Jewish and received the text. “They are clearly targeting what most of the United States, I hope and I think, defines as freedom of speech, but only in the case of anti-Israeli speech.”
A magician who tricked her way into the Magic Circle is finally being granted membership – 34 years after she was kicked out.Sophie Lloyd says she disguised herself as a man to fool examiners into letting her join the elite society in 1991, at a time female magicians were not allowed to be members.
Other Epstein victims credited Giuffre with giving them the courage to speak out.
Le souverain pontife a succombé à un accident vasculaire cérébral qui a provoqué un coma, d’après son certificat de décès.
J. D. Vance et son entourage théologico-politique sont descendus sur Rome avec une proposition et une menace.
Le Pape François a marqué son pontificat par un changement de discours sur des questions cruciales comme l’immigration et la crise climatique, ainsi qu’une ouverture relative sur les questions morales. Il est mort à l’âge de 88 ans ce lundi 21 avril.
Deux propositions de loi ont été déposées, des syndicats de policiers s’élèvent contre le cadre légal flou, et en 2024, un nombre record de personnes a été tué par les balles policières. Mais ce jeudi, devant les experts du Comité contre la torture de l’ONU, la France a continué de faire la sourde oreille.
Malgré l’échec de son projet d’implantation au sein même du campus de Polytechnique, TotalEnergies reste omniprésent sur le plateau de Saclay et – plus généralement – dans l’écosystème de la recherche et de l’enseignement supérieur français. Mais la contestation ne faiblit pas.
Le tribunal administratif de Lille a décidé ce mercredi d’annuler la résiliation du contrat d’association avec l’État de l’établissement privé musulman de Lille, décidée par un ancien préfet en décembre 2023. […] « Sur le fond, c’est simple, tout ce qu’a dit le préfet était faux » […] C’est un camouflet pour le préfet Georges-François Leclerc, désormais en poste à Marseille, et pour le président du Conseil régional, Xavier Bertrand. Depuis l’année scolaire 2020-21, ce dernier refuse de verser le forfait d’externat au lycée même si à chaque fois, le Conseil d’État le contraint à payer. […] un éventuel appel ne serait pas suspensif. Averroès, revenu dans le giron de l’Éducation nationale avec rétroactivité à la rentrée de septembre, est en droit de réclamer des dommages économiques et moraux.
Les usages se développent, comme la consommation d’énergie et les émissions des acteurs des télécoms et des datacenters d’après l’édition 2025 de l’enquête de l’Arcep sur le numérique.
Plus de 500 000 hectares. C’est l’ampleur de la déforestation menée par Casino au Brésil selon un rapport publié le 23 avril par l’Instituto Centro de Vida (ICV), une ONG spécialisée dans l’analyse des dégâts éco-environnementaux des chaînes d’approvisionnement en viande et en soja. Un chiffre a minima : les coupes pourraient s’étendre jusqu’à 50 fois la taille de la capitale française.
Depuis son arrivée en France en 2013, l’enseigne Primark a connu un succès fulgurant. Mais au sein de la multinationale irlandaise de la fast-fashion, les salarié·es sont au bout du rouleau. Ils et elles ont fait grève en mars.
À l’hôpital, les internes doivent assumer d’importantes responsabilités dans des conditions très difficiles, avec des horaires à rallonge pouvant mener au burn-out et la dépression
Dans une interview à « Paris Match », Hélène Perlant, ancienne élève de Notre-Dame-de-Bétharram, décrit par ailleurs un établissement scolaire « organisé comme une secte ou un régime totalitaire » pour que les élèves « se taisent ».
Voir aussi Affaire Bétharram : la fille de François Bayrou met à mal la défense du Premier ministre (huffingtonpost.fr)
Hélène Perlant assure que son père s’est rendu au domicile du juge Christian Mirande pour parler de l’affaire, ce que François Bayrou avait toujours nié.
C’est la première fois que la chanteuse de 34 ans évoque publiquement son agression. À ses côtés dans le clip mis en ligne, la comédienne Charlotte Arnould, qui accuse Gérard Depardieu de viols, ou Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot.
Dans un rapport publié en partenariat avec Attac, l’Observatoire des multinationales propose une radiographie sans concession du groupe Bolloré et alerte sur les risques démocratiques à continuer à le considérer comme un groupe « comme les autres ».
Dans un rapport, Attac et l’Observatoire des multinationales décortiquent le « système Bolloré », expliquant comment le milliardaire, dans l’indifférence, voire avec le soutien des pouvoirs publics, a acquis son empire médiatique. Et s’inquiètent d’une trésorerie largement positive qui laisse craindre le pire.
Les filiales Lagardère Media et Hachette Livre sont visées par un redressement fiscal de près de 200 millions d’euros […] Bercy leur a respectivement adressé 189,9 millions et 6,5 millions d’euros de rectification pour l’année 2024. Une annonce à rebours de la communication du groupe, qui a loué une année record.
Dans la galaxie des médias d’extrême droite, Frontières occupe une place centrale. Le jeune média identitaire peut compter sur le soutien de l’écosystème pour diffuser ses idées réactionnaires, parfois aux frais du contribuable.
Quand on dit que la dépense publique c’est 57 % du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.
Lors de la séance du 24 avril, les partenaires sociaux présents (Medef, CPME, CFDT, CFE-CGC) ont fait un pas de côté, en effleurant le sujet d’une dose de retraite par capitalisation, en sus du système par répartition, sans parvenir à une proposition commune concrète. Ils n’excluent pas de lancer une négociation distincte incluant les quatre organisations absentes (U2P, FO, CGT et CFTC).
Voir aussi Retraite par capitalisation : le retour d’un débat explosif (lessentieldeleco.fr)
La retraite par capitalisation revient dans le débat public, sur fond de réforme des retraites et de tensions démographiques croissantes.
Et Retraites : 68 % des Français·es favorables à un référendum, 73 % des salarié·es pour l’abrogation de la réforme à 64 ans (humanite.fr)
« Attention aux publicités mensongères : dans plusieurs pays où les retraites ont été capitalisées, c’est-à-dire jouées en Bourse pour les intérêts des fonds de pension ou des banques, tout a été perdu lors des différentes crises financières […] Avec la capitalisation, on sait ce qu’on verse mais pas ce qu’on reçoit une fois retraité. Avec le salaire socialisé, on est protégé, avec la capitalisation, on risque de perdre sa pension. »
L’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi, créée il y a quatre ans à l’initiative du gouvernement, devait favoriser le dialogue social entre les plateformes comme Uber et les travailleureuses. Mais c’est toujours la précarité qui règne.
Alors que deux centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) doivent fermer en Haute-Loire, des bénévoles et habitants se mobilisent, malgré un climat local et national parfois hostile et une justification budgétaire contestée.
« Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu’il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi » […] Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a estimé que l’attaque au couteau n’était « pas un fait divers » mais « un fait de société ». « Je pense que ce n’est pas un fait divers ce drame, cette tragédie, c’est un fait de société. Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l’autorité, l’ordre, les hiérarchies et qui a accouché finalement de toute cette violence »
Dominique Sopo déplore le manque de réaction “de certains responsables politiques”, notamment du ministre de l’Intérieur, après l’assassinat, vendredi, d’un homme dans une mosquée du Gard. [Il] reproche au ministre de l’Intérieur de s’être “précipité à Nantes” après l’attaque dans le lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides […]“pour raconter à peu près n’importe quoi”. “Là, il a su s’exprimer, se déplacer, se prendre pendant quelques instants pour le ministre de l’EN mais, en tant que ministre des cultes, lorsque l’information que ce crime est au moins en partie motivé par la haine envers les musulmans, il y a un silence pour le moins assourdissant”
Au sein de la Ligue ligérienne, Stanislas Laugier fricote avec des néofascistes violents et racistes. Un fiston encombrant pour son père, Louis Laugier, directeur général de la police nationale depuis octobre 2024, nommé par Bruno Retailleau.
L’empire philanthropique du milliardaire Pierre-Édouard Stérin
« les gens le connaissaient comme dépressif ». « Il disait qu’il adorait Hitler » […] il était « réservé » et « partageait des idées bizarres, des idées nazies ».
« Le but n’est pas de nous mettre en cellule mais de nous fatiguer. » Trois antinucléaires sont repassés au tribunal pour des faits remontants à 2017. Une épopée judiciaire épuisante qui pourrait bien se terminer par une relaxe.
Pierre Nicodème, mathématicien-informaticien retraité au CNRS, rend la médaille d’honneur du CNRS, qu’il avait reçue en 2013, en réponse aux pressions du ministère de l’Enseignement supérieur sur l’IEP de Strasbourg pour maintenir le partenariat avec l’Université Reichman de Herzliya en Israël.
Des militant·es de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et de la CGT se sont mobilisé·es jeudi 24 avril devant la Salle Pleyel à Paris, en marge de l’assemblée générale du groupe AXA. Iels accusent l’assureur d’investir dans des entreprises d’armements liées au génocide perpétré par Israël à Gaza.
Ce 26 avril, des centaines de personnes se sont donné rendez-vous place de la Nation à Paris pour célébrer la journée de visibilité lesbienne. Une manifestation sous le prisme de la lutte contre l’extrême droite.
« Nous, on n’est pas anti-État. C’est plutôt l’État qui est anti-nous »
Les président·es d’associations de solidarité du collectif Alerte ont adressé le 18 mars au Premier ministre un recours gracieux pour lui rappeler ses obligations légales en matière de réduction de la pauvreté. En ce sens, il lui a été demandé de définir un objectif quantifié de la pauvreté pour les 5 ans à venir et de reprendre la remise au Parlement d’un rapport annuel sur le sujet. Il s’agit en effet d’une obligation prévue dans la loi du 1er décembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active (RSA). […] Le silence du gouvernement est considéré comme un refus au bout de deux mois selon la loi. Aujourd’hui, à un peu plus d’un mois de l’échéance, une vingtaine de parlementaires déposent une question écrite au gouvernement lui demandant de respecter cette obligation légale.
Pour développer un élevage capable de fournir en singes les laboratoires français, le CNRS veut tripler la capacité d’accueil de la station de primatologie de Rousset, dans les Bouches-du-Rhône. Selon ce projet, elle deviendrait d’ici à 2030 le centre national de primatologie et fournirait une part bien plus important qu’aujourd’hui des primates non-humains dont dit avoir besoin la recherche biomédicale. […] Opposée à l’expérimentation animale en général et à celle sur les primates en particulier, l’association One Voice […] dénonce un projet « qui transforme un lieu principalement dédié à l’observation de colonies de babouins en un élevage pour de l’expérimentation animale invasive » […] Aujourd’hui, la station de Rousset accueille en majorité des babouins à des fins de recherche en éthologie, l’étude du comportement animal.
The European Commission has shown some teeth with the EU’s digital rulebook by slamming tech giants Apple and Meta with fines, and an order to stop the infringing behaviour. While we commend the strong stance, we’re concerned about whether the low fines will actually lead to change of behaviour from the tech giants.
Chrome will keep third-party cookies, a win for web giant’s ad rivals
The company is also pulling Nest thermostats out of Europe entirely, citing “unique” heating challenges.
Data on 4.7 million members was captured over almost four years from a misconfiguration that sent Google Analytics data to Google Ads.
Meta is facing a second set of lawsuits in Africa over the psychological distress experienced by content moderators […] Moderators working for Majorel in Accra claim they have suffered from depression, anxiety, insomnia and substance abuse as a direct consequence of the work they do checking extreme content.
Multiple countries in Europe are critically dependent on services provided by Microsoft. Querying mail-servers teaches that in some countries, over 70 % of all public services rely on this American provider. Europe needs to build its own infrastructure, and open source is the most robust solution.
Lorsque la France annonce la reprise des essais nucléaires en Polynésie en 1995, Tahiti s’enflamme et le monde se mobilise. Quelques mois plus tard, c’est la fin… sauf pour les victimes des retombées atomiques des 193 bombes explosées dans l’archipel. Hinamoeura Morgant-Cross est l’une d’elles.
I speak of the near-constant refrain that devious men will enter these spaces and pretend to be trans women, in order to spy on, or assault, their occupants. It obviously appals me that our trans friends are constantly cited as monsters, ubiquitously mentioned in the same breath as cisgendered male predators. […] Perhaps my conception of feminism has been mis-calibrated all this time, and true freedom for women is mandating that they carry their birth certificates around with them all day, so they can be checked by citizen genital inspectors, male and female, encouraged to presume you’re a predator first, and work backwards from there. […] The only way any of the absurdities of this ruling make sense, is if its aims are exactly what they appear to be : A punitive attack on the rights and dignity of trans people divorced from any real-world concern about safety or women’s rights, designed to demoralise and punish them simply for the crime of existing.
One way or another, we are inside a process of fundamentally changing the world. If we don’t want their plan to be the only one on offer, we have to similarly give ourselves the right to dream big, to act boldly, and make clear that it’s our vision against theirs.
Une traduction de ce texte est proposée ici : Monstruosité constitutionnelle et escroquerie monarchiste (lundi.am)
La théorie du complot qui permet de comprendre le second mandat Trump
By seeking to “liberate” Germans from a globalized world order, the Nazi government sent the national economy careening backwards.
last night the story broke of three children ages 2, 4 and 7—all U.S. citizens—being taken out of the country without due process […] the “rapid early-morning deportation” involved two mothers (one who is pregnant) and their children, including a two-year-old who suffers from a rare form of metastatic cancer and was removed without needed medication.
The Trump administration wants to make us too afraid to look out for one another. Don’t let them.One of the more pernicious effects of authoritarianism is to make the everyday participation in civic life we take for granted feel subversive. The goal isn’t to police all behavior at all times. It’s to make us fearful to the point that we police our own behavior. […] There was no video. “That’s when I learned why my VPN had gone down. It wasn’t the VPN. Someone had shut off my Wifi.” About 15 minutes after the interaction at his front door, Jackson’s Wifi was up and running again.“So there was about a 30-minute period where my Wifi was down, and it happened to be the period where these officers came to my door, which prevented my Ring camera from recording them […] I guess it could be a coincidence. But that’s a big coincidence” […] [Intimidating lawyers has become a key component of the Trump administration’s overall strategy, and this is especially true with respect to mass deportations. Immigrants detained for lacking documentation are more than 10 times more likely to get a favorable outcome if they have an attorney than if they don’t.
De passage en France pour effectuer des recherches sur son prochain livre, l’historienne, écrivaine et professeure à Yale Alice Kaplan s’inquiète des attaques menées par Donald Trump contre les universités américaines et le langage. Elle revient sur son parcours et ses travaux sur la période de l’Occupation en France et sur l’Algérie.
Claudia Jones (1915-1964) fut une grande militante du Parti Communiste états-unien et une féministe, qui a très tôt théorisé la triple oppression des femmes (de race, de classe et de genre). Après une présentation de son parcours par Carole Boyce Davies, nous publions un de ses textes les plus célèbres, rédigé en 1949.
Cette question insolite oppose deux historiens britanniques. Christopher Monk dit avoir repéré un « pénis manqué » sur la broderie médiévale, ce que conteste George Garnett qui avait réalisé un premier comptage il y a six ans.
Les canards font partie des 3 % d’oiseaux seulement dotés de pénis externes (les autres, comme les coqs ont des cloaques ), organes qu’ils ne développent qu’au printemps, avant que celui-ci ne dégénère totalement, puis repousse à la saison des amours suivante. […] En 2011, Patricia Brennan avait déjà montré que les canards se livraient une véritable guerre des sexes dans une course évolutive effrayante : l’anatomie interne des femelles évolue en effet pour empêcher l’accès aux indésirables qui forcent la copulation et leurs cloaques forment même des culs-de-sacs où vont se perdre leurs spermatozoïdes. De leur côté, les mâles développent des sexes de plus en plus longs en forme de tire-bouchon hérissés de crochets de kératine pour augmenter leur chances […] Les accouplements se font dans la majorité des cas par la coercition. Et ils ne durent que quelques secondes
Alors que l’interruption volontaire de grossesse est autorisée depuis la loi Veil du 17 janvier 1975, des femmes rencontrent encore des obstacles pour faire valoir ce droit. On leur fait la morale, on leur reproche de mal prendre leur contraceptif, on les bouscule psychologiquement. Trois expériences d’interruption volontaire de grossesse (IVG) à la limite du déni de droit.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
27.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 19 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Sommes-nous en passe d’entrer dans un État artificiel, c’est-à-dire un moment où la vie civique n’est plus produite que par le calcul au risque de nous dessaisir de toute action collective ?
Le philosophe Rob Horning rapporte que des chercheurs de Google ont publié un article décrivant un projet de « Machines d’Habermas » – hommage au philosophe et à sa théorie de l’espace public – décrivant des machines permettant de faciliter la délibération démocratique. L’idée consiste à utiliser des IA génératives pour générer des déclarations de groupes à partir d’opinions individuelles, en maximisant l’approbation collective par itération successive. Le but : trouver des terrains d’entente sur des sujets clivants, avec une IA qui fonctionne comme un médiateur.
Dans leur expérimentation, les chercheurs rapportent que les participants ont préféré les déclarations générées par les IA à celle des humains. Pour Horning, cela signifie peut-être que les gens « sont plus susceptibles d’être d’accord avec une position lorsqu’il semble que personne ne la défende vraiment qu’avec une position articulée par une autre personne ». Effectivement, peut-être que le fait qu’elles soient artificielles et désincarnées peut aider, mais peut-être parce que formulées par la puissance des LLM, ces propositions peuvent sembler plus claires et neutres, comme le sont souvent les productions de l’IA générative, donc plus compréhensibles et séduisantes. Les chercheurs mettent en avant l’efficacité et la rapidité de leur solution, par rapport aux délibérations humaines, lentes et inefficaces – mais reconnaissent que les propositions et les synthèses faites par les outils nécessiteraient d’être vérifiées. 404 media rapportait il y a peu le développement d’une IA pour manipuler les réseaux sociaux permettant de cibler les messages selon les discours politiques des publics. Pas sûr effectivement qu’il y ait beaucoup de différence entre les machines d’Habermas de Google et ces outils de manipulation de l’opinion.
Ces efforts à automatiser la sphère publique rappellent à Horning le livre de Hiroki Azuma, General Will 2.0 (2011) qui défendait justement l’utilisation de la surveillance à grande échelle pour calculer mathématiquement la volonté générale de la population et se passer de délibération. « Nous vivons à une époque où tout le monde est constamment dérangé par des « autres » avec lesquels il est impossible de trouver un compromis », expliquait Azuma, en boomer avant l’heure. Il suffit donc d’abandonner la présomption d’Habermas et d’Arendt selon laquelle la politique nécessite la construction d’un consensus par le biais de discussions… pour évacuer à la fois le compromis et les autres. D’où l’idée d’automatiser la politique en agrégeant les données, les comportements et en les transformant directement en décisions politiques.
Rob Horning voit dans cette expérimentation un moyen de limiter la conflictualité et de lisser les opinions divergentes. Comme on le constate déjà avec les réseaux sociaux, l’idée est de remplacer une sphère publique par une architecture logicielle, et la communication interpersonnelle par un traitement de l’information déguisé en langage naturel, explique-t-il avec acuité. « Libérer l’homme de l’ordre des hommes (la communication) afin de lui permettre de vivre sur la base de l’ordre des choses (la volonté générale) seule », comme le prophétise Azuma, correspond parfaitement à l’idéologie ultra rationaliste de nombre de projets d’IA qui voient la communication comme un inconvénient et les rencontres interpersonnelles comme autant de désagréments à éviter. « Le fantasme est d’éliminer l’ordre des humains et de le remplacer par un ordre des choses » permettant de produire la gouvernance directement depuis les données. Les intentions doivent être extraites et les LLM – qui n’auraient aucune intentionnalité (ce qui n’est pas si sûr) – serviraient de format ou de langage permettant d’éviter l’intersubjectivité, de transformer et consolider les volontés, plus que de recueillir la volonté de chacun. Pour Horning, le risque est grand de ne considérer la conscience de chacun que comme un épiphénomène au profit de celle de la machine qui à terme pourrait seule produire la conscience de tous. Dans cette vision du monde, les données ne visent qu’à produire le contrôle social, qu’à produire une illusion d’action collective pour des personnes de plus en plus isolées les unes des autres, dépossédées de la conflictualité et de l’action collective.
Mais les données ne parlent pas pour elles-mêmes, nous disait déjà Danah Boyd, qui dénonçait déjà le risque de leur politisation. La perspective que dessinent les ingénieurs de Google consiste à court-circuiter le processus démocratique lui-même. Leur proposition vise à réduire la politique en un simple processus d’optimisation et de résolution de problèmes. La médiation par la machine vise clairement à évacuer la conflictualité, au cœur de la politique. Elle permet d’améliorer le contrôle social, au détriment de l’action collective ou de l’engagement, puisque ceux-ci sont de fait évacués par le rejet du conflit. Une politique sans passion ni conviction, où les citoyens eux-mêmes sont finalement évacués. Seule la rétroaction attentionnelle vient forger les communautés politiques, consistant à soumettre ceux qui sont en désaccord aux opinions validées par les autres. La démocratie est réduite à une simple mécanique de décisions, sans plus aucune participation active. Pour les ingénieurs de Google, la délibération politique pourrait devenir une question où chacun prêche ses opinions dans une application et attend qu’un calculateur d’opinion décide de l’état de la sphère publique. Et le téléphone, à son tour, pourrait bombarder les utilisateurs de déclarations optimisées pour modérer et normaliser leurs opinions afin de lisser les dissensions à grande échelle. Bref, une sorte de délibération démocratique sous tutelle algorithmique. Un peu comme si notre avenir politique consistait à produire un Twitter sous LLM qui vous exposerait à ce que vous devez penser, sans même s’interroger sur toutes les défaillances et manipulations des amplifications qui y auraient cours. Une vision de la politique parfaitement glaçante et qui minimise toutes les manipulations possibles, comme nous ne cessons de les minimiser sur la façon dont les réseaux sociaux organisent le débat public.
Dans le New Yorker, l’historienne Jill Lepore dresse un constat similaire sur la manière dont nos communications sont déjà façonnées par des procédures qui nous échappent. Depuis les années 60, la confiance dans les autorités n’a cessé de s’effondrer, explique-t-elle en se demandant en quoi cette chute de la confiance a été accélérée par les recommandations automatisées qui ont produit à la fois un électorat aliéné, polarisé et méfiant et des élus paralysés. Les campagnes politiques sont désormais entièrement produites depuis des éléments de marketing politique numérique.
En septembre, le Stanford Digital Economy Lab a publié les Digitalist papers, une collection d’essais d’universitaires et surtout de dirigeants de la Tech qui avancent que l’IA pourrait sauver la démocratie américaine, rien de moins ! Heureusement, d’autres auteurs soutiennent l’exact inverse. Dans son livre Algorithms and the End of Politics (Bristol University Press, 2021), l’économiste Scott Timcke explique que la datafication favorise le néolibéralisme et renforce les inégalités. Dans Théorie politique de l’ère numérique (Cambridge University Press, 2023), le philosophe Mathias Risse explique que la démocratie nécessitera de faire des choix difficiles en matière de technologie. Or, pour l’instant, ces choix sont uniquement ceux d’entreprises. Pour Lepore, nous vivons désormais dans un « État artificiel », c’est-à-dire « une infrastructure de communication numérique utilisée par les stratèges politiques et les entreprises privées pour organiser et automatiser le discours politique ».
La politique se réduit à la manipulation numérique d’algorithmes d’exploration de l’attention, la confiance dans le gouvernement à une architecture numérique appartenant aux entreprises et la citoyenneté à des engagements en ligne soigneusement testés et ciblés. « Au sein de l’État artificiel, presque tous les éléments de la vie démocratique américaine – la société civile, le gouvernement représentatif, la presse libre, la liberté d’expression et la foi dans les élections – sont vulnérables à la subversion », prévient Lepore. Au lieu de prendre des décisions par délibération démocratique, l’État artificiel propose des prédictions par le calcul, la capture de la sphère publique par le commerce basé sur les données et le remplacement des décisions des humains par celles des machines. Le problème, c’est qu’alors que les États démocratiques créent des citoyens, l’État artificiel crée des trolls, formule, cinglante, l’historienne en décrivant la lente montée des techniques de marketing numérique dans la politique comme dans le journalisme.
À chaque étape de l’émergence de l’État artificiel, les leaders technologiques ont promis que les derniers outils seraient bons pour la démocratie… mais ce n’est pas ce qui s’est passé, notamment parce qu’aucun de ces outils n’est démocratique. Au contraire, le principal pouvoir de ces outils, de Facebook à X, est d’abord d’offrir aux entreprises un contrôle sans précédent de la parole, leur permettant de moduler tout ce à quoi l’usager accède. Dans l’État artificiel, l’essentiel des discours politiques sont le fait de bots. Et X semble notamment en avoir plus que jamais, malgré la promesse de Musk d’en débarrasser la plateforme. « L’État artificiel est l’élevage industriel de la vie publique, le tri et la segmentation, l’isolement et l’aliénation, la destruction de la communauté humaine. » Dans sa Théorie politique de l’ère numérique, Risse décrit et dénonce une démocratie qui fonctionnerait à l’échelle de la machine : les juges seraient remplacés par des algorithmes sophistiqués, les législateurs par des « systèmes de choix collectifs pilotés par l’IA ». Autant de perspectives qui répandent une forme de grande utopie démocratique de l’IA portée par des technoprophètes, complètement déconnectée des réalités démocratiques. Les Digitalist Papers reproduisent la même utopie, en prônant une démocratie des machines plutôt que le financement de l’éducation publique ou des instances de représentations. Dans les Digitalists Papers, seul le juriste Lawrence Lessig semble émettre une mise en garde, en annonçant que l’IA risque surtout d’aggraver un système politique déjà défaillant.
La grande difficulté devant nous va consister à démanteler ces croyances conclut Lepore. D’autant que, comme le montre plusieurs années de problèmes politiques liés au numérique, le risque n’est pas que nous soyons submergés par le faux et la désinformation, mais que nous soyons rendus toujours plus impuissants. « L’objectif principal de la désinformation n’est pas de nous persuader que des choses fausses sont vraies. Elle vise à nous faire nous sentir impuissants », disait déjà Ethan Zuckerman. Dans une vie civique artificielle, la politique devient la seule affaire de ceux qui produisent l’artifice.
21.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Le rapport sur l’état du climat européen en 2024, publié conjointement par le Service Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale (OMM) ce mardi 15 avril, décrit un Vieux Continent scindé par les extrêmes climatiques.
« Comme il y a 80 ans, Moscou et Washington sont unis dans la lutte contre un ennemi commun : ‘l’eurofascisme’ ».
l’assistance américaine à l’Ukraine n’a représenté que 480 millions d’euros depuis le début de l’année, contre 6,92 milliards pour les pays européens. Depuis le début de la guerre, l’Europe a ainsi alloué 137 milliards d’euros pour son assistance à l’Ukraine depuis 2022, contre 115 milliards pour les États-Unis.
Amendment also enshrines recognition of only two sexes, providing basis for denying gender identities
Pour la somme de 200 millions d’euros, le Danemark, un des pays les plus riches d’Europe, a conclu un accord avec le Kosovo – un des Etats les plus pauvres du continent.
Selon la Commission européenne, la loi Omnibus vise à réduire de 25 % les obligations des entreprises en matière de rapports et de 35 % celles des petites et moyennes entreprises […] Les huit ONG y voient plutôt un moyen « d’édulcorer de manière significative les lois européennes clés sur le développement durable qui ont été récemment adoptées ».
Lors de la visite de la cheffe de gouvernement d’extrême droite Giorgia Meloni, jeudi 17 avril, à Washington, le président des États-Unis a célébré leurs convergences idéologiques
Jerome Powell, le patron de la puissante Fed, a dit ce mercredi 16 avril craindre des perspectives d’inflation durable aux Etats-Unis à cause de l’offensive douanière de Donald Trump. De quoi faire repartir les marchés dans le rouge.
Cette décision, justifiée par la nécessité de « défendre la liberté d’expression des Américain·es », survient au moment où des expert·es alertent sur les risques de désinformation venus de Chine et de Russie.
If you don’t see all of this as one of the darkest days in American history, in which the President is openly embracing disappearing people without due process in the name of “liberty,” you are a part of the problem. Fascism has risen in America, and it is being aided by a foreign dictator whom Trump admires.
The self-described “coolest dictator” has big secrets to hide, according to one journalist who spoke to Al Letson.
Des influenceurs MAGA ont fait la pub de l’appli ICERAID qui veut transformer les citoyens en délateurs. Mais tout semble indiquer que le projet est une vaste arnaque.
When Secretary of State Marco Rubio announced on March 27 that 300 student visas have been revoked as a result of students participating in campus protests, 300 was the discernable number. Now the number of foreign-born students who have had their visas revoked or changed has grown to around 1,200 people — and the number continues to grow.
Dr. Lisa Anderson, 58, was born in Pennsylvania and is a U.S. citizen.
Dans un courrier très ferme signé par deux avocats de l’université et adressé à l’administration républicaine, Harvard, classée régulièrement parmi les meilleurs établissements dans le monde, avait assuré qu’elle « n’abdiquera(it) pas son indépendance ni ses droits garantis par la Constitution ».
Currently, about 70 % of Americans approve of legally recognizing the marriages of same-sex couples, a 10-percentage-point bump from 2015.
Depuis New York ou Washington, à l’Est, jusqu’à San Francisco, à l’Ouest, en passant par le Texas, au Sud, les manifestant·es ont également dénoncé la politique anti-immigration du président américain.
Analysis finds Amazon, Meta, Alphabet, Netflix, Apple and Microsoft averaged 18.8 %, compared with 29.7 % US average
Près de 1,4 milliard de personnes dans le monde vivent dans des régions où les sols agricoles sont contaminés par des métaux toxiques, alertent sept scientifiques.
Quelle est l’origine des deux satellites de Mars ? Après qu’une sonde a livré en mars des images inédites de Deimos et observé de loin Phobos, une mission spatiale japonaise impliquant la France va tenter, en octobre 2026, de résoudre ce mystère. Objectif de MMX : être la première à ramener des échantillons du système martien.
What happens when you combine Palantir — the not-at-all evil AI company named after the spying orbs from “The Lord of the Rings” — with an immigration agency that’s disappearing US residents to a South American internment camp ? The makings of one hell of a surveillance state, that’s what.
The company says it will notify users and give them a chance to opt out.
Voir aussi Meta va de nouveau entrainer ses IA sur les données des utilisateurices européen·nes (next.ink)
We need the energy in all forms, renewable, non-renewable, whatever.
Generative AI systems have a few unusual properties that make them very distinct from traditional digital services.
LG TVs will soon leverage an AI model built for showing advertisements that more closely align with viewers’ personal beliefs and emotions
There’s a somewhat concerning new trend going viral : People are using ChatGPT to figure out the location shown in pictures.
Selon Upguard, plusieurs plateformes, bricolées à partir d’un outil open-source appelé llama.cpp, ont commencé à fuir. Littéralement. Leurs serveurs ont laissé échapper près de 1 000 conversations intimes en l’espace de 24 heures, dont certaines d’une rare violence. Cinq d’entre elles décrivaient des scénarios pédocriminels détaillés
What is happening is, quite simply, annihilation. Yet our politicians keep funding it and media outlets normalize it
Les Palestinien·ne·s subissent une violence coloniale qui détruit non seulement leurs corps et leurs maisons, mais aussi leur psychisme. Génocide, déplacements forcés, blocus, humiliations quotidiennes constituent autant de traumatismes individuels et collectifs. Il est urgent de repolitiser la santé mentale pour en faire un enjeu de justice.
Depuis 70 ans, le concours annuel de photographies reconnaît les plus grandes œuvres produites l’année précédente. Cette année le cliché lauréat a été capturé par la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le « New York Times ».
Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont tué plus de deux cents journalistes palestiniens en dix-huit mois. Un collectif d’organisations professionnelles françaises, dont Orient XXI fait partie, a dénoncé, dans une tribune, cette hécatombe et le black-out médiatique qu’Israël organise sciemment.
La photojournaliste palestinienne, héroïne d’un documentaire sélectionné à Cannes en mai prochain, a été tuée le mercredi 16 avril dans le bombardement de sa maison familiale à Gaza.
Couronnes de fleurs sur la tête, grain de beauté sur la joue, seins nus et poing levé : Oksana Chatchko avait fait de son corps son arme. La co-créatrice ukrainienne des Femen s’est donné la mort à 31 ans le 23 juillet 2018 en France, où elle était réfugiée politique. Sept ans plus tard, la réalisatrice Charlène Favier lui rend hommage dans Oxana, au cinéma depuis mercredi 16 avril.
L’icône de l’art contemporain a organisé sa vie et son œuvre pour favoriser son emprise sur ses victimes. Le témoignage de six hommes, aujourd’hui âgés de 35 à 60 ans, doit aider à libérer la parole dans ce milieu hermétique.
Trois membres du gouvernement sont mis en cause pour « homicides involontaires », révèlent France Inter et « le Monde » ce lundi 14 avril. L’objectif est de « briser l’omerta » face à une « épidémie de suicides à l’hôpital public ».
Plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés par des attaques entre dimanche et mardi.
La ferme laitière de la famille Maris a été déclarée, à tort, contaminée à la tuberculose bovine et a dû cesser son activité. L’État se défausse de toute responsabilité. L’exploitation qui fait vivre 17 personnes se retrouve en grande difficulté.
Près de deux décennies durant lesquelles Christian Cervantes, décédé en 2012 des suites d’un double cancer du pharynx et du plancher buccal, puis ses proches ont patiemment attendu que l’injustice dont ils ont été victimes soit reconnue.
Atteint de deux cancers liés aux pesticides, Christian Jouault est décédé jeudi 10 avril, à 70 ans. Cet ancien agriculteur était un pilier du collectif de soutien aux victimes de ces produits.
« L’Abbé Pierre, la fabrique d’un saint », livre à paraître ce jeudi, démontre que le Saint Siège avait connaissance depuis des décennies de « la dangerosité » de l’homme d’Église français accusé d’agressions sexuelles.
Écarté en novembre 2023 de l’antenne de NRJ après les plaintes de plusieurs femmes, l’animateur fera son retour le 28 avril sur la station qui a récemment débarqué Benjamin Castaldi à cause de ses mauvaises audiences.
Sur son site internet, le quotidien national a interrogé l’agresseur sexuel d’un adolescent, qui s’est suicidé en apprenant sa libération et son installation à 3 kilomètres de son domicile.
« Die-in », multiples prises de parole de la part de syndicats, associations et journalistes… Rien de cette mobilisation de plus d’une heure et demie n’aura percé, en direct, les écrans des quatre principales chaînes d’information en continu. Seules TV5Monde et France 24 s’y sont intéressées
La France a renvoyé à son tour, ce mardi 15 avril, douze agents algériens et rappelé son ambassadeur, en réponse au renvoi de douze fonctionnaires français en poste à Alger. Une première mesure qui avait été prise en réponse à l’arrestation en France d’un agent consulaire algérien. Les perspectives d’une normalisation s’éloignent.
« Aucun ordre du jour détaillé ou document de travail n’a été fourni aux organismes convoqués »
La nouvelle organisation, voulue par Emmanuel Macron et concrétisée par François Bayrou, vise à répondre à la crise de vocation et aux difficultés de recrutement.
Alors que les besoins sont croissants et que les rapports accablants s’accumulent, le gouvernement annonce un plan de refondation de l’aide sociale à l’enfance, mais pas de crédits supplémentaires.
Supprimer des financements à des associations environnementales pour les punir de leur indépendance, c’est le choix du président LR du département du Rhône. […] Il reproche à ces trois associations d’avoir co-signé un courrier critiquant le projet de port fluvial du Bordelan, à Anse, situé en bord de Saône, au nord de Lyon.
Il devait prendre fin le 15 avril. Le seuil de revente à perte majoré a finalement été prolongé de trois ans. Or, il augmente les prix pour les consommateurices, et pas les revenus des agriculteurices.
Depuis l’insurrection qui a embrasé la Nouvelle-Calédonie en mai 2024, des dizaines de détenus à la prison de Nouméa ont été transférées vers des prisons de l’Hexagone. Qualifiés de « déportations » par plusieurs associations, qui y voient l’expression d’une justice post-coloniale, ces transferts ont eu lieu dans la plus grande opacité, sans que les personnes concernées aient été prévenues.
Depuis les émeutes survenues en Nouvelle-Calédonie, plus aucun rassemblement n’est autorisé dans Nouméa et son agglomération. Pourtant, au premier jour de la visite de Manuel Valls, des partisans de la France ont pu librement chahuter le ministre des Outre-mer et l’accueillir avec des pancartes outrageantes, au motif qu’il s’agissait de cérémonies patriotiques.
les coulisses d’une campagne publicitaire de l’Agence bio. Mis en images par l’entreprise de communication The Good Company, le spot télévisé — prévu pour être diffusé à partir du 22 mai — devait vanter une France diverse et métissée, rassemblée autour de produits gourmands et sans pesticides de synthèse.[…] Le 7 avril, veille du tournage, le cabinet de la ministre a exigé des modifications déroutantes via des courriels consultés par Libération. Parmi elles, figurait la demande de « choisir un casting caucasien » en remplacement de l’acteur métis initialement sélectionné. Quant à la séquence principale du repas de famille, le personnel d’Annie Genevard désirait « remplacer » le « couscous » par du « cassoulet avec canard »
Dans le Lot-et-Garonne (47), deux travailleurs marocains auraient porté plainte pour traite d’êtres humains chez un producteur de pommes, élu du syndicat agricole proche de l’extrême droite.
Dans le contexte de l’offensive fasciste générale menée partout dans le monde, nous devons riposter, et notre détermination se porte aujourd’hui sur un milliardaire qui incarne cette internationale d’extrême droite en France : Pierre-Édouard Stérin, et ses « Nuits du Bien Commun », contre lesquelles nous appelons à une mobilisation d’ampleur.
Voir aussi À Lyon, Les Nuits du Bien Commun n’auront pas lieu ! (rebellyon.info)
« Nous dépensons trop (…) Comme si chaque Français devait 50 000 euros à la banque », a déclaré ce 15 avril François Bayrou, lors d’une conférence de presse portant sur le budget 2026.[…] Le déficit public est avant tout un problème de recettes. […] On pense bien sûr à la suppression de l’ISF, du prélèvement forfaitaire unique, à la baisse de l’impôt sur les sociétés…
À La Hague, le collectif Piscine Nucléaire Stop a obtenu l’annulation de la vente de deux parcelles à Orano. L’industriel souhaite y installer un nouveau bâtiment pour son site de retraitement des déchets nucléaires.
Nouvelle victoire sur la carte des luttes. Le 14 avril, le géant de la gestion des déchets Veolia a déclaré renoncer à son projet de stockage de déchets dangereux à Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais). Raison invoquée : le « mur de défiance local » infranchissable […] la mobilisation de 600 à 700 habitant·es opposé·es au projet a fini par faire plier la multinationale française.
Alors que les partis et syndicats de travailleurs ont déserté les campagnes et que la droite s’y engouffre, la Confédération paysanne persévère. Levier antifasciste ?
David Maenda Kihtoko est cofondateur et président de l’association Génération Lumière. Né en 1995 à la frontière entre le Burundi et le Congo, il est aujourd’hui réfugié en France. Créée en 2017, l’association agit à la fois en France et en République démocratique du Congo (RDC). Elle milite pour une réduction de la consommation des minerais, la fin des accords commerciaux néo-coloniaux et la justice environnementale.
Des associations ont adressé via leurs avocats un courrier de mise en demeure au musée parisien. Ils lui reprochent “d’effacer le nom Tibet de la nomenclature utilisée”, sur fond de pressions de la Chine.
Voir aussi Tribune collective » Le musée Guimet efface le mot Tibet » publiée dans Libération (ldh-france.org)
Usager·es et élu·es manifesteront mardi 15 avril leur mécontentement pour dénoncer le manque de moyens accordés aux lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et Paris-Clermont-Ferrand.
Civil society organisations Bits of Freedom, Convocation Design + Research, European Digital Rights (EDRi), and Gesellschaft für Freiheitsrechte (GFF) are filing a complaint against Meta for violating the Digital Services Act (DSA).
Un discours aujourd’hui dominant dans la Silicon Valley a servi d’inspiration à J. D. Vance pour son discours de Munich : l’Europe ne devrait pas « étouffer la parole des innovateurs les plus provocants — même s’ils paraissent fous ou dangereux. Le risque pour le continent serait de se faire humilier dans la guerre de l’IA. Son auteur le plus éminent est Alex Karp, PDG de Palantir. Son livre « The Technological Republic », encore trop peu connu en Europe, est une pièce essentielle dans l’idéologie des entrepreneurs de la tech qui ont posé leurs valises à Washington.
Avec sa politique erratique de droits de douanes jamais vue depuis des décennies, le président des États-Unis veut redéfinir la mondialisation à l’avantage de son pays.
The removal of the four dams on the Klamath, which were owned by the power utility PacifiCorp, represents the first real attempt at the kind of river restoration that Indigenous nations and environmentalists have long demanded. It is the result of an improbable campaign that spanned close to half a century, roped in thousands of people, and came within an inch of collapse several times.
Derrière le mythe d’une Afrique sauvage et fascinante se cache une histoire méconnue : celle de la mise sous cloche de la nature au mépris des populations, orchestrée par des experts occidentaux.
Voir aussi Colonialisme vert, une vérité qui dérange (theconversation.com)
“The only ancient culture to develop a word for blue was the Egyptians — and as it happens, they were also the only culture that had a way to produce a blue dye.” Color is not only cultural, it is also technological. But first, perhaps, it could be a linguistic phenomenon.
Depuis 8 ans, Noëlie, victime du porno hardcore, se bat pour faire retirer les vidéos de viols en réunion qu’elle a subis : 242 pénétrations en trois jours. Avec elle, Hélène Devynck et Alice Géraud, nous avons parlé de ce qu’il faut appeler la porno-criminalité. Conditions de « tournage », effets de dissociation, recrutement sur des mensonges, fric monstre pour les uns, humiliations totales pour les autres, mort sociale, droit à l’oubli, responsabilité des consommateurs
Au congrès de la SFIO en 1906, Madeleine Pelletier monte à la tribune, habillée en homme, les cheveux courts, et harangue les militants socialistes. Elle refuse l’idée que les femmes et les hommes soient assignés à des rôles. “La femme, dit-elle, doit devenir un individu avant d’être un sexe”.
Alors qu’en France le financement des retraites par capitalisation semble intéresser de plus en plus, le Chili, un des premiers pays à adopter ce modèle, essaye d’aller vers un système de sécurité sociale.
It’s a coup.[…] we can’t fight it if we can’t see it.And we can’t see it if we don’t name it.The Russian and American presidents are now speaking the same words.They are telling the same lies.We are watching the collapse of the international order in real time.And this is just the start.[…] Some people are calling this oligarchy,but it’s actually bigger than that.These are global platforms.It’s broligarchy.
Alors que l’Islande avait ré-autorisé la chasse à la baleine jusqu’en 2029, les géants de mer seront finalement tranquilles cette année. La raison : cette chasse n’est pas rentable pour le le seul baleinier actif d’Islande, Hvalur.Le gouvernement islandais avait donné l’autorisation aux baleiniers de tuer 209 rorquals communs et de 217 baleines de Minke et ce chaque année jusqu’en 2029. Cette décision va donc épargner plus de 400 baleines !51 % des Islandais étaient contre la chasse à la baleine en 2023, une hausse de neuf points sur quatre ans, selon une enquête.
En Bolivie, l’agronome Trijidia Jimenez milite depuis 25 ans pour réhabiliter la cañahua, un grain andin plus nutritif et résistant au changement climatique que son cousin le quinoa et dont la culture avait quasiment disparu.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
20.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 03 décembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Plus une caractéristique culturelle est inhabituelle, moins elle a de chances d’être mise en évidence dans la représentation de la culture par un grand modèle de langage. L’IA saura-t-elle nous aider à identifier ce qui est nouveau ?
Dans sa newsletter, Programmable Mutter, le politiste Henry Farrell – qui a publié l’année dernière avec Abraham Newman, Underground Empire (qui vient d’être traduit chez Odile Jacob sous le titre L’Empire souterrain) un livre sur le rôle géopolitique de l’infrastructure techno-économique mise en place par les Etats-Unis – estime que le risque de l’IA est qu’elle produise un monde de similitude, un monde unique et moyen.
Comme le disait la professeure de psychologie, Alison Gopnick, dans une tribune pour le Wall Street Journal, les LLM sont assez bons pour reproduire la culture, mais pas pour introduire des variations culturelles. Ces modèles sont « centripètes plutôt que centrifuges », explique Farrell : « ils créent des représentations qui tirent vers les masses denses du centre de la culture plutôt que vers la frange clairsemée de bizarreries et de surprises dispersées à la périphérie ».
Farrell se livre alors à une expérience en générant un podcast en utilisant NotebookLM de Google. Mais le bavardage généré n’arrive pas à saisir les arguments à discuter. Au final, le système génère des conversations creuses, en utilisant des arguments surprenants pour les tirer vers la banalité. Pour Farrell, cela montre que ces systèmes savent bien plus être efficaces pour évoquer ce qui est courant que ce qui est rare.
« Cela a des implications importantes, si l’on associe cela à la thèse de Gopnik selon laquelle les grands modèles de langues sont des moteurs de plus en plus importants de la reproduction culturelle. De tels modèles ne soumettront probablement pas la culture humaine à la « malédiction de la récursivité », dans laquelle le bruit se nourrit du bruit. Au contraire, ils analyseront la culture humaine avec une perte qui la biaise, de sorte que les aspects centraux de cette culture seront accentués et que les aspects plus épars disparaîtront lors de la traduction ». Une forme de moyennisation problématique, une stéréotypisation dont nous aurons du mal à nous extraire. « Le problème avec les grands modèles est qu’ils ont tendance à sélectionner les caractéristiques qui sont communes et à s’opposer à celles qui sont contraires, originales, épurées, étranges. Avec leur généralisation, le risque est qu’ils fassent disparaître certains aspects de notre culture plus rapidement que d’autres ».
C’est déjà l’idée qu’il défendait avec la sociologue Marion Fourcadedans une tribune pour The Economist. Les deux chercheurs y expliquaient que l’IA générative est une machine pour « accomplir nos rituels sociaux à notre place ». Ce qui n’est pas sans conséquence sur la sincérité que nous accordons à nos actions et sur les connaissances que ces rituels sociaux permettent de construire. A l’heure où l’IA rédige nos CV, nos devoirs et nos rapports à notre place, nous n’apprendrons plus à les accomplir. Mais cela va avoir bien d’autres impacts, explique encore Farrell, par exemple sur l’évaluation de la recherche. Des tests ont montré que l’évaluation par l’IA ne ferait pas pire que celle par les humains… Mais si l’IA peut aussi bien que les humains introduire des remarques génériques, est-elle capable d’identifier et d’évaluer ce qui est original ou nouveau ? Certainement bien moins que les humains. Pour Farrell, il y a là une caractéristique problématique de l’IA : « plus une caractéristique culturelle est inhabituelle, moins elle a de chances d’être mise en évidence dans la représentation de la culture par un grand modèle ». Pour Farrell, ce constat contredit les grands discours sur la capacité d’innovation distribuée de l’IA. Au contraire, l’IA nous conduit à un aplatissement, effaçant les particularités qui nous distinguent, comme si nous devenions tous un John Malkovitch parmi des John Malkovitch, comme dans le film Dans la peau de John Malkovitch de Spike Jonze. Les LLM encouragent la conformité. Plus nous allons nous reposer sur l’IA, plus la culture humaine et scientifique sera aplanie, moyennisée, centralisée.
14.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Since the 2022 election, Facebook and Instagram, two of Australia’s most popular platforms, have gone dark. Their parent company, Meta, decided in 2024 to get rid of a tool called CrowdTangle, which helped journalists, researchers and watchdog organisations track what was happening across the services. In 2023, X, formerly Twitter, got rid of a free way to access its data — used to track the spread of posts across its platforms — and started charging exorbitant amounts that priced out journalists and researchers. Reddit, too, started charging for access to this data (and now restricts search engines other than Google from indexing its content). TikTok has never really granted much access ever.
Initialement interdit par un moratoire datant de 2022, le commerce des crédits carbone forestiers sera bientôt de nouveau opérationnel dans les forêts tropicales humides de l’État du Pacifique.
Le coup d’envoi de l’Expo 2025 a été donné ce dimanche 13 avril dans la grande ville portuaire japonaise. Cette édition, qui se déroulera jusqu’au 13 octobre, est placée sous le signe des technologies d’avenir.
Le sol sous la mer d’Aral, dont le volume a diminué de 93 % depuis 1960, est revenu à l’emplacement qu’il occupait avant l’existence du lac et continue même de s’élever« Il semble que l’humanité ait perturbé la tectonique des plaques juste pour améliorer les rendements de coton ! »
Selon le Programme alimentaire mondial, les Etats-Unis ont décidé de réduire – aussi – leur aide alimentaire d’urgence à 14 pays, dont l’Afghanistan, pourtant officiellement selon l’ONU la deuxième plus grande crise humanitaire mondiale derrière le Soudan en guerre.
Le 18 février 2025, la Zambie a été frappée par une catastrophe environnementale de grande ampleur. L’effondrement d’une digue à résidus acides, appartenant à une entreprise minière chinoise, a entraîné le déversement de millions de litres de déchets toxiques dans un affluent de la rivière Kafue, l’un des plus important cours d’eau du pays.
Agitant des drapeaux gris, dont des drapeaux arc-en-ciel en noir et blanc appelant à une « Gray Pride », plus de 10 000 personnes se sont jointes à la manifestation de la capitale hongroise.
Longtemps bloqué au Sénat, le projet de « loi sécurité » du gouvernement italien vient d’être passé en force par décret, le 4 avril. La loi liberticide vise en particulier les activistes écologistes.
Twenty years after Concorde was grounded, a new wave of ‘quiet’ supersonic aircraft are in development – but not everyone welcomes the return of this costly, carbon-intensive technology
The ‘freedom city’ is the latest effort to create stateless cities with minimal corporate regulation.
For tech companies, trying to keep up with Trump’s social media posts regarding tariffs has been a struggle, as markets react within minutes.
Les États-Unis ont reçu l’autorisation, par le gouvernement panaméen, de déployer des troupes autour du canal du Panama, où transite près de 6 % du commerce mondial. Cet accord bilatéral, dévoilé jeudi 10 avril, marque une étape majeure, pour la Maison Blanche, dans sa guerre d’influence avec la Chine.
The Israeli spyware maker, still on the US Commerce Department’s “blacklist,” has hired a new lobbying firm with direct ties to the Trump administration
La veille, la Cour suprême avait, à l’unanimité, ordonné à l’exécutif de « faciliter » le retour de Kilmar Abrego Garcia aux Etats-Unis, d’où il n’aurait jamais dû être expulsé. La juge Paula Xinis a donc demandé à l’administration de se conformer à ce jugement mais celle-ci cherche à gagner du temps.
L’administration américaine a décidé de priver plus de 6 000 migrant·es résidant aux Etats-Unis de toute prestation sociale en les déplaçant dans une base de données normalement réservée aux « personnes décédées », selon des informations parues dans la presse américaine jeudi 10 avril.
With billions in grants put on hold, targeted universities will see research crippled.
Elon Musk’s DOGE goons crashed the Social Security Administration website Monday when an apparent “anti-fraud upgrade” went badly wrong.
Donald Trump says he is not joking about a third term. His attorney has reportedly studied legal loopholes for how he might pull it off. Conservative think tanks like Heritage have provided blueprints for an administrative coup. Media allies float the idea like it’s cocktail-party fodder. A large portion of the party base is not only unbothered, but thrilled. Let that sink in. The 22nd Amendment is clear. It is as clear as law gets : two terms and out. This is not a gray area. And yet, the GOP treats this not as a red line, but a red carpet.
Navarro was the first former White House official to go to prison following a contempt of Congress conviction, but not the last. Steve Bannon, a Trump ally who served as White House chief strategist, is currently serving a four-month sentence at a federal prison in Connecticut for also refusing to comply with a subpoena from the House select committee.
Déjà plombés par des cours déprimés, les agriculteurs américains craignent de voir leurs exportations chuter après l’instauration de nouveaux droits de douane par Donald Trump, pour qui ils ont massivement voté l’an dernier.
a voice claiming to be Zuckerberg says that “it’s normal to feel uncomfortable or even violated as we forcefully insert AI into every facet of your conscious experience. And I just want to assure you, you don’t need to worry because there’s absolutely nothing you can do to stop it.” […] a voice claiming to be Musk says that he would “like to personally welcome you to Palo Alto.” “You know, people keep saying cancer is bad, but have you tried being a cancer ? It’s f—— awesome,” the voice goes on to say.
Dans cinq ans, la demande d’électricité des « data centers » – indispensables à l’IA – devrait atteindre la consommation totale d’électricité du Japon aujourd’hui, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE).
Voir aussi La consommation d’électricité des centres de données qui alimentent l’IA devrait tripler d’ici 2035 (legrandcontinent.eu)
Once the United States beats China to develop superintelligence, Schmidt said, AI will solve the climate crisis. And if it doesn’t, he went on, China will become the world’s sole superpower.
New aerial surveillance footage obtained by the Southern Environmental Law Center has found that Musk’s artificial intelligence company, xAI, is using 35 methane gas generators to power its “Colossus” supercomputer facility, the backbone of its flagship Grok. That’s 20 more generators than the 15 xAI filed permits for, and 35 more than it was approved to use.
Without clear protocols to catch errors, artificial intelligence’s growing role in science could do more harm than good.
All that’s required is to create a malicious software package under a hallucinated package name and then upload the bad package to a package registry or index like PyPI or npm for distribution. Thereafter, when an AI code assistant re-hallucinates the co-opted name, the process of installing dependencies and executing the code will run the malware.
Servo has shown that we can build a browser with a modern, parallel layout engine in a fraction of the cost of the big incumbents, thanks to our powerful tooling, our strong community, and our thorough documentation. But we can, and should, build Servo without generative AI tools like GitHub Copilot.
WordPress.com has launched a new AI-powered site builder in early access that can construct your WordPress webpage, including fully written text, layout, generated images, and more.The builder makes a functional WordPress site “in minutes.”
Snapshotting and AI processing a screen every 3 seconds. What could possibly go wrong ?
Depuis le 3 mars, le quotidien américain a mis en place une intelligence artificielle censée rendre les articles éditoriaux plus « neutres ». Le résultat est à la hauteur des critiques : catastrophique.
Thousands of newly obtained documents show that Clearview AI’s founders always intended to target immigrants and the political left. Now their digital dragnet is in the hands of the Trump administration.
A sweeping crackdown on posts on Instagram and Facebook that are critical of Israel—or even vaguely supportive of Palestinians—was directly orchestrated by the government of Israel […] The data show that Meta has complied with 94 % of takedown requests issued by Israel since October 7, 2023. Israel is the biggest originator of takedown requests globally by far, and Meta has followed suit—widening the net of posts it automatically removes, and creating what can be called the largest mass censorship operation in modern history.
Depuis le 7 octobre, colons et gouvernement israélien redoublent d’intensité pour faire partir les familles qui vivent à Jimba, village palestinien de Cisjordanie occupée. Face aux attaques armées et aux démolitions de leurs maisons, les familles de ce village de la vallée de Masafer Yatta comptent bien rester sur leurs terres.
« En tant que puissance occupante, Israël a des obligations sans équivoque en vertu du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit international sur les droits humains […] Rien de cela ne se passe aujourd’hui ».
Ce samedi 12 avril, le gouvernement de Benyamin Netanyahou a annoncé une nouvelle intensification des opérations militaires dans l’enclave palestinienne. Deux tiers de la bande de Gaza sont inaccessibles à la population, à nouveau poussée à évacuer, sans échappatoire. La guerre génocidaire menée par l’armée israélienne ne connaît plus de limites.
L’armée israélienne a frappé l’un des rares hôpitaux encore en fonction dans la bande de Gaza ce dimanche 13 avril, expliquant avoir ciblé un « centre de commandement » du Hamas.
L’ Albanais est accusé par la Hongrie, comme une dizaine d’autres personnes, d’avoir « brutalement attaqué des néonazis » à Budapest en février 2023 alors qu’une commémoration était organisée par des néonazis dans la capitale hongroise.
Gérard B., 76 ans, a menacé la présidente du tribunal qui a prononcé la peine d’inéligibilité contre Marine Le Pen en publiant en ligne une photo de guillotine. Il a aussi écopé d’une amende de 3 000 euros.
Les élu·es ont entériné dans la nuit de vendredi à samedi 12 avril un amendement accordant à la personne qui souhaite recourir à l’aide à mourir la liberté de choisir entre auto-administration du produit létal et administration par un·e médecin·e ou un·e infirmier·e.
Lundi 7 avril au soir, le centre de tri des déchets du XVIIe arrondissement de Paris s’est embrasé, provoquant la stupeur des riverains. Le feu, maîtrisé durant la nuit grâce à l’intervention de 180 pompiers, n’a fait aucun blessé parmi les 31 salariés présents, l’alarme incendie s’étant déclenchée immédiatement. Si aucune toxicité n’a pour l’heure été détectée dans le panache de fumée émanant du site, l’incident a eu des conséquences pour les habitants : une portion du périphérique a dû être fermée à la circulation et un confinement a été décrété pour les zones à proximité. Le bâtiment, géré par le Syctom (le syndicat des déchets d’Île-de-France), s’est finalement effondré dans la matinée du mardi 8 avril.
La France se réchauffe plus vite que la moyenne globale. Dans le scénario retenu par le gouvernement français, l’Hexagone se prépare à une hausse du thermomètre de 2 °C en 2030, par rapport aux valeurs de l’ère préindustrielle, de +2,7 °C en 2050 et +4 °C en 2100, compte tenu des politiques et stratégies climatiques actuelles mises en œuvre par les différents pays.
411 espèces de champignons sont menacées d’extinction mais ce chiffre et largement sous-estimé. Et, malgré la perte de 90 % des champignons des prairies et pelouses en 70 ans, ils ne bénéficient d’aucune protection.
Depuis 2011, le taux d’enfants qui meurent avant d’atteindre l’âge de 1 an a progressé de 0,6 point, selon une étude de l’Institut national de la statistique publiée jeudi 10 avril.
Deux femmes intérimaires à la SNCF témoignent du harcèlement sexuel subi de la part d’un même agent. Malgré un signalement, ce dernier n’a pas été sanctionné. Le délégué syndical qui a relayé l‘alerte risque en revanche une mesure disciplinaire.
Au terme de cinq mois de travail, la commission d’enquête parlementaire sur les violences commises dans la culture présidée par Sandrine Rousseau présente son rapport ce mercredi au Palais-Bourbon.
Le parquet de Bordeaux a confirmé vendredi 11 avril que quatre hommes avaient été mis en examen et écroués dans une enquête pour viols avec actes de torture et de barbarie sur cinq victimes. Les faits se sont déroulés entre 2011 et 2024, notamment dans les clubs libertins de la métropole bordelaise.
Alors que des femmes victimes de violences de l’industrie pornographique témoignent dans un livre qui paraît vendredi 11 avril, 19 hommes ont été mis en examen dans les deux dossiers au parcours judiciaire à l’avancement contrasté. […] Pour la première circonstance aggravante, la cour d’appel de Paris a estimé que les victimes avaient « accompli une démarche initiale volontaire pour participer à des tournages », que les actes sexuels pouvaient être « douloureux », mais que « les souffrances ne pouvaient être considérées comme exceptionnellement aiguës et prolongées ». Certains « tournages » pouvaient durer 24h […] Malgré les pleurs, les suppliques, les saignements visibles sur les vidéos, la chambre de l’instruction a estimé qu’il n’y avait pas de « blessure distincte délibérément infligée ». Quant aux insultes racistes et sexistes – « vide-couilles », « massacrez-la, la beurette » – elles n’ont pas été retenues au motif que les actes commis sur ces femmes participent « de la réalisation d’œuvres de l’esprit »
Quinze femmes témoignent dans un livre qui paraît vendredi des viols subis lors de tournages de films pornographiques extrêmes. Parmi elles, « Emilie », l’une des 42 plaignantes de l’affaire French Bukkake, décrit des méthodes de « cartel » et raconte sa difficile reconstruction.
Tandis que la gauche n’en finit pas d’essuyer les calomnies, diabolisée à flux continu, l’extrême droite et ses relais capitalisent sur la complaisance des plateaux prétendument « respectables ». Énième démonstration du service public, où de dépolitisation en médiocrité, le confusionnisme va bon train, favorisé par l’entre-soi.
Les chaînes d’information ont relayé les images filmées par le parti d’extrême droite d’une foule dense venue en soutien à Marine Le Pen, dimanche 6 avril. Un cadrage flatteur qui interroge la diffusion de ces vidéos maîtrisées par les politiques.
Les trois organisations non gouvernementales (ONG) Quota Climat, Data for Good et Science Feedback, dévoilent, jeudi 10 avril, une note qui démontre une hausse de la désinformation sur le dérèglement climatique dans l’audiovisuel français. Depuis trois mois, « une dizaine de cas par semaine » ont été recensés.
Bercy se refuse à toute hausse d’impôt sur les classes moyennes et sur les entreprises, préférant miser sur des économies budgétaires et le retour de la croissance.
Le projet de loi de « simplification de la vie économique » est débattu à l’Assemblée à partir de ce mardi 8 avril 2025. Censé augmenter la compétitivité des entreprises, il revient sur de nombreux acquis au détriment des salariés.
Voir aussi Projet de loi de « simplification » : avec la suppression de nombreuses instances consultatives, la démocratie en danger ? (humanite.fr)
« C’est un texte fourre-tout qui mélange plein de sujets, avec pour présupposé idéologique que moins d’État, moins de régulation conduirait à plus d’efficacité, résume le député communiste Emmanuel Maurel. En réalité c’est la continuité de la politique de l’offre pour la Macronie, avec la bénédiction du Medef. »
« Il n’y a aucun nouvel élément » et « j’ai donné sur cette affaire tous les éléments », avait déclaré le Premier ministre le mois dernier, d’un ton visiblement excédé. Il ne peut pourtant être aussi excédé que les victimes qui cherchent vainement à faire éclater un scandale étouffé depuis si longtemps.
La DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour identifier des solutions d’IAG destinées au secteur public.
Parmi les cultures où le recours aux aéronefs est rendu possible figurent les parcelles escarpées dont la pente est supérieure à 20 %, celles des vignes mères de porte-greffes – une certaine variété de vignes -, « notamment dans le Beaujolais, l’Alsace ou les Pyrénées-Orientales » mais aussi de l’ensemble des bananeraies, situées principalement en Guadeloupe et en Martinique, explique le quotidien. […] le texte est passé outre quitte à risquer d’exposer encore davantage les riverains aux dangers des pesticides, notamment aux Antilles déjà empoisonnées par le chlordécone.
La possibilité de nouvelles sanctions pour les allocataires du RSA, et la menace de les faire sombrer encore davantage dans la pauvreté, suscite la consternation. Associations et syndicats tentent de mobiliser « des deux côtés du guichet ».
Contrôlés à répétition, des jeunes accumulent plus de 30 000 euros de dettes d’amendes. Aline Daillère et Magda Boutros ont publié un rapport sur la manière dont des adolescents racisés des classes populaires sont harcelés par des policiers.
Après les avocat·es en droit des étrangers, la revue d’extrême droite “Frontières” s’en prend désormais aux collaborateurices des député·es LFI qu’il attaque nommément pour certain·es. Les syndicats dénoncent “une manœuvre d’intimidation”. […] Frontières met également en ligne une vaste « cartographie de l’extrême gauche », répertoriant 500 noms et entités (jusqu’à la Croix rouge et MSF), « sur le modèle de Wikipedia » (ils espèrent en compiler mille). Ici aussi, les adversaires sont rangés par familles, des « anti-flics » aux « sans-frontiéristes » en passant par les « écolos radicaux ».
Devant une foule éparse, la cheffe de file du Rassemblement national, condamnée à cinq ans d’inéligibilité, a continué ses attaques contre la « République des juges ».
À partir d’un retour sur l’histoire de l’UNI et d’enquêtes sur plusieurs sections locales de cette organisation étudiante, voici le bilan réalisé par 10 groupes antifascistes.
Astrid, aide-soignante à la Villa d’Avril, un Ehpad de Saint-Avold (Moselle), dit subir un « harcèlement moral » de la part de la direction de l’établissement, qu’elle accuse de vouloir la faire taire alors qu’elle alertait sur un sous-effectif chronique.
En novembre 2023, 3 335 placements n’avaient pas été exécutés en France […] Un constat confirmé l’an passé par le Cese, qui évoque une crise systémique, ou, en janvier 2025, par la Défenseure des droits, Claire Hédon. D’après l’institution, 6 000 à 7 000 enfants étaient encore en attente de l’exécution d’une décision.
De gigantesques data centers pourraient bientôt se multiplier sur le sol français, en vertu de la loi « simplification de la vie économique » visant à faciliter leur implantation.
Alors que, depuis le 20 janvier 2025, aux États-Unis, Donald Trump s’applique à défaire les droits des minorités sexuelles et raciales, comment organiser la résistance ? Dans cet entretien exclusif, Kimberlé W. Crenshaw, la juriste qui a popularisé le concept d’intersectionnalité, nous livre les clefs du combat.
a former Facebook employee, Sarah Wynn-Williams, will testify to Congress that Meta executives “repeatedly” sought to “undermine US national security and betray American values” in “secret” efforts to “win favor with Beijing and build an $18 billion dollar business in China.”
On Monday, Microsoft reportedly terminated the roles of two software engineers, Ibtihal Aboussad and Vaniya Agrawal, who protested the company’s reported dealings with the Israeli military during Microsoft’s Copilot and 50th anniversary event last week.
Microsoft a récemment arrêté ou reporté certains projets de construction de data centers en Indonésie, au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis et en France. Alors qu’il y a encore quelques mois, la mode était à la construction d’énorme centres pour l’IA, le géant du numérique planifiait déjà de freiner ses projets.
Voir aussi Confirmed : Microsoft stops new data centres worldwide (pivot-to-ai.com)
What do you call it when an economic bubble stops growing ?
Ce qui est en jeu avec les droits de douane de Trump, même s’il vient d’en réduire sacrément la voilure pour tous les pays excepté la Chine, ce ne sont pas seulement les échanges commerciaux, c’est une promesse de justice. L’idée selon laquelle les ouvriers peu qualifiés, sacrifiés par la mondialisation, pourraient enfin être les gagnants d’une revanche protectionniste.
Le président américain fait basculer le monde. Pour y répondre, il faut être à la hauteur. Opposition ou vassalisation ? France ou Union européenne ? Protectionnisme ou néolibéralisme ?
We need to talk about the data. Crap data. We’re destroying our environment to create and store trillions of blurred images, half-baked videos, rip-off AI ‘songs’, rip-off AI animations, videos and images, emails with mega attachments, never-to-be-watched-again presentations, never-to-be-read-again reports, files and drawings from cancelled projects, drafts of drafts of drafts, out of date, inaccurate and plain wrong information, and gigabytes and gigabytes of poorly written, meandering content.
Il est curieux que dans un monde éducatif qui se montre, heureusement, capable de s’opposer – au moins dans les programmes officiels et valeurs revendiquées – au monde tel qu’il semble aller de soi, inégalitaire, violent, machiste etc, on renonce à toute ambition émancipatrice dès qu’il s’agit d’évolutions technologiques.
Depuis l’amorce du processus de libéralisation de l’avortement dans les années 1970, l’accès à ce droit fait l’objet d’une lutte permanente des deux côtés de l’Atlantique.
À propos de : Nancy Rose Hunt, Un État nerveux. Violence, remèdes et rêverie au Congo colonial, Éditions de l’EHESS
Une nouvelle découverte archéologique à Kach Kouch au Maroc remet en question l’idée longtemps admise selon laquelle le Maghreb (nord-ouest de l’Afrique) était une terre vide avant l’arrivée des Phéniciens du Moyen-Orient vers 800 avant notre ère. Cette trouvaille révèle une histoire beaucoup plus riche et complexe qu’on ne le pensait jusqu’à présent.
The CCC declares representing racism and fascism, as well as trivialising historical and current violence, to be incompatible with a membership in our ranks.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
13.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 13 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
L’IA dans les services publics, on en parle plus qu’on ne la voit, regrette le syndicat Solidaires Finances Publiques qui tente de faire le point de ses déploiements au Trésor Public. Les représentants du personnel dénoncent des déploiements opaques pour les usagers comme pour les personnels et regrettent que les agents soient si peu associés aux projets. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur travail et sur la capacité même des agents des impôts à accomplir leur mission. C’est la force de leurs réflexions : faire remonter les difficultés que le déploiement de l’IA génère et nous rappeler que l’enjeu de l’IA n’a rien de technique.
Les publications syndicales sur l’IA sont nombreuses. Souvent, elles sont assez généralistes… et peu spécifiques. C’est-à-dire qu’elles interrogent la place des technologies dans les transformations à venir, font des recommandations pour améliorer les modalités de gouvernance, mais ne regardent pas toujours ses déploiements concrets, préférant poser un cadre général pour en comprendre les effets, comme le montrait, parmi les plus récents, le Plaidoyer pour un dialogue social technologique de FO, les réflexions de la CGT sur le sujet ou celles de la CFE-CGC (voir également le manifeste commun de plusieurs organisations syndicales qui défend un dialogue social technologique ainsi que le tout récent site dédié DIAL-IA).
C’est un peu l’inverse que propose Solidaires Finances Publiques dans le court livre que le syndicat publie aux éditions Syllepse, L’IA aux impôts. Les syndicalistes y évoquent d’abord ce que le déploiement de l’intelligence artificielle change pour les agents et les usagers à la Direction générale des finances publiques (DGFIP), l’une des administrations françaises pionnières dans le développement des outils numériques et de l’IA.
L’IA y est déployée depuis 2014 notamment pour évaluer les risques et les schémas de fraude en modélisant les fraudes passées. Solidaires rappelle d’ailleurs les limites de ces schémas, qui peinent à détecter les fraudes atypiques et ses nouvelles modalités. Mais l’IA à la DGFIP, c’est d’abord de très nombreux projets que le syndicat lui-même ne parvient pas à recenser.
Ce sont d’abord des outils pour détecter la fraude des entreprises et des particuliers, notamment en repérant des anomalies ou des incohérences déclaratives depuis les déclarations de revenus, les comptes bancaires, les données patrimoniales et les informations provenant d’autres administrations, via le projet CFVR (« Ciblage de la fraude et valorisation des requêtes »). C’est également le projet Signaux faibles, pour détecter et identifier les entreprises en difficulté qui produit un score de risque depuis des données financières économiques et sociales des entreprises provenant de plusieurs services publics, afin d’évaluer leur rentabilité, leur endettement, leur niveau d’emploi, leurs difficultés à régler leurs cotisations sociales. C’est aussi un projet pour prédire les difficultés financières des collectivités locales à partir d’indicateurs comme l’endettement des communes. Un autre projet encore vise à estimer la valeur vénale et locative des biens immobiliers exploitant les données de transaction immobilières pour produire de meilleures estimations. Le projet Foncier innovant, lui, vise à détecter depuis des images aériennes, les piscines et bâtiments non déclarés par les contribuables (voir la très bonne synthèse sur ce programme réalisé par le projet Shaping AI). Le projet TAAP (« Traitement d’analyse auto prédictive ») vise à contrôler les dépenses à risques que l’Etat doit payer à ses fournisseurs afin d’accélérer ses règlements. Enfin, on trouve là aussi un voire des projets de chatbot pour répondre aux demandes simples des usagers sur impots.gouv.fr… (l’administration fiscale reçoit chaque année 12 millions de demandes par mail des contribuables, cependant une première expérimentation de réponses automatisées sur les biens immobiliers a produit 70 % de réponses erronées ou fausses).
La liste n’est pourtant pas exhaustive. De nombreux autres projets sont en phase d’expérimentations, même si leur documentation fait bien souvent défaut, à l’image de l’utilisation des réseaux sociaux pour lutter contre la fraude (que beaucoup affublent du doux nom de Big Brother Bercy), dont le bilan est très limité, mais qui a pourtant été accéléré, comme l’évoquait Le Monde. Lors d’une récente cartographie des systèmes d’intelligence artificielle en cours de déploiement au ministère des finances, les premiers échanges auraient révélé que l’administration avait du mal à recenser tous les projets.
Même sur les principaux projets qu’on vient d’énumérer, l’information disponible est très lacunaire, non seulement au grand public mais également aux agents eux-mêmes. L’IA publique se déploie d’abord et avant tout dans la plus grande opacité.
Pour Solidaires, cette opacité est entretenue. L’omerta a une composante politique, nous expliquent les représentants du personnel. Elle permet de désorganiser les luttes des personnels. Les nouveaux agents, qu’ils soient contractuels ou statutaires, sont privés de la connaissance de leurs missions, ils ont moins de compréhension de la chaîne de travail, ils ne savent pas pourquoi ils font ce qu’on leur dit de faire. « Le travail automatique empêche la conscientisation du service public, comme du travail. Il place les agents dans une routine qui les noie sous des canaux informatiques de dossier à traiter », nous expliquent-ils. L’IA permet de faire le job, sans avoir de connaissance métier. Il suffit de traiter les listes d’erreurs, de valider des informations. « Le risque, c’est de ne plus avoir d’agents qualifiés, mais interchangeables, d’un service l’autre ». Mis en difficultés par les objectifs de productivité, par des formations très courtes quand elles ne sont pas inexistantes, ils ne peuvent comprendre ni résister au travail prescrit.
Le développement de l’IA à la DGFIP « part rarement d’un besoin « terrain » », constatent les syndicalistes, c’est-à-dire que les agents sont rarement associés à l’expression des besoins comme à la réalisation des projets. Ceux-ci sont surtout portés par une commande politique et reposent quasi systématiquement sur des prestataires externes. Pour lancer ces projets, la DGFIP mobilise le Fonds pour la transformation de l’action publique (FTAP), lancé en 2017, qui est le catalyseur du financement des projets d’IA dans l’administration. Pour y prétendre, les projets doivent toujours justifier d’économies prévisionnelles, c’est-à-dire prédire les suppressions de postes que la numérisation doit produire. Dans l’administration publique, l’IA est donc clairement un outil pour supprimer des emplois, constate le syndicat. L’État est devenu un simple prestataire de services publics qui doit produire des services plus efficaces, c’est-à-dire rentables et moins chers. Le numérique est le moteur de cette réduction de coût, ce qui explique qu’il soit devenu omniprésent dans l’administration, transformant à la fois les missions des agents et la relation de l’usager à l’administration. Il s’impose comme un « enjeu de croissance », c’est-à-dire le moyen de réaliser des gains de productivité.
Pour Solidaires, ces transformations modifient les missions des personnels, transforment l’organisation comme les conditions de travail des personnels, changent « la façon de servir le public ». Le déploiement de l’IA dans le secteur public n’est pas capacitante. « L’introduction de l’IA émane de choix centralisés » de la seule direction, sans aucune concertation avec les personnels ou ses représentants. Les personnels (comme les publics d’ailleurs) ne reçoivent pas d’information en amont. La formation est rare. Et la transformation des métiers que produit l’intégration numérique consiste surtout en une intensification et une déqualification, en adéquation avec ce que répètent les sociologues du numérique. Ainsi par exemple, les agents du contrôle des dépenses de l’État sont désormais assignés à leurs écrans qui leur assènent les cadences. Les nouvelles dépenses à contrôler passent au rouge si elles ne sont pas vérifiées dans les 5 jours ! Les agents procèdent de moins en moins à leurs propres enquêtes, mais doivent valider les instructions des machines. Ainsi, les agents valident les dépenses, sans plus contrôler les « conditions de passation de marché public ». Même constat au contrôle fiscal, rapportent les représentants du personnel : les agents doivent accomplir les procédures répétitives et peu intéressantes que leur soumettent les machines. Les personnels sont dessaisis de la connaissance du tissu fiscal local. Ils ne peuvent même plus repérer de nouveaux types de fraudes. « On détecte en masse des fraudes simples, mais on délaisse les investigations sur la fraude complexe ». Les erreurs demandent des vérifications chronophages, puisque nul ne sait plus où elles ont lieu. Le risque, prévient Solidaires, c’est de construire un « service public artificiel », ou la modernisation conduit à la perte de compétences et à la dégradation du service. Où l’administration est réduite à une machine statistique. Le risque, comme s’en prévenait le Conseil d’Etat, c’est que la capacité à détecter les erreurs soit anesthésiée.
Cette déqualification ne touche pas que les agents, elle touche aussi les administrations dans leur capacité même à mener les projets. Les investissements sont transférés au privé, à l’image du Foncier innovant, confié à Capgemini et Google. Les projets d’IA sont largement externalisés et les administrations perdent leurs capacités de maîtrise, comme le notaient très bien les journalistes Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre dans leur livre, Les infiltrés. Certains projets informatiques ont un taux d’externalisation supérieur à 80 % explique Solidaires – quand la Dinum estime qu’un taux supérieur à 70 % constitue déjà un risque de défaillance majeur.
Enfin, la numérisation éloigne les administrés de l’administration, comme le pointait la sociologue Clara Deville. Les agents estiment que les risques d’inexactitudes augmentent avec le remplissage automatique des déclarations de revenus. Avant, quand les agents recevaient les déclarations remplies par les usagers, ils pouvaient parfois détecter des erreurs manifestes, par exemple le fait de mettre des enfants mineurs en occupant de propriétés générant une taxe d’habitation à leur destination. Désormais, les données ne sont plus vérifiées. Les contribuables ne sont plus en obligation de reremplir leur déclaration s’il n’y a pas eu de changement de revenus ou de situation. Si le contribuable ne renvoie rien, on reprend les éléments fournis automatiquement. Le risque c’est de ne plus voir les défaillances de déclaration ou les difficultés que peuvent avoir certains publics, sans revenir vers eux. L’automatisation peut devenir un piège pour certains usagers.
Mais surtout, répètent les militants de Solidaires, les personnels sont confrontés à une opacité totale des projets. L’absence d’information sur les projets est d’abord le signe d’un dialogue social inexistant, particulièrement problématique. Mais l’opacité à d’autres conséquences, notamment une déqualification des agents. Les dépenses à contrôler sont désormais sélectionnées par la machine, mais les agents ignorent sur quels critères. « Pourquoi certaines dépenses insignifiantes qui n’étaient jamais contrôlées auparavant, le sont à présent, alors que d’autres sont validées en masse quand elles étaient scrupuleusement regardées avant l’IA. »
« Le TAAP a pour but d’améliorer les délais de paiement de l’Etat, un objectif louable. Il vise à alléger la sélection des dépenses à contrôler », nous expliquent en entretien les responsables de Solidaires Finances Publiques. Le problème, c’est que le critère n’est plus l’importance, mais le risque. Alors que les agents avaient toute latitude pour contrôler les dépenses qu’ils jugeaient problématiques ou prioritaires, le système leur impose désormais de regarder certaines dépenses plutôt que d’autres. C’est ainsi que des agents se sont vus par exemple devoir contrôler les dépenses d’essence des ambassades qui étaient jusqu’à présent des dépenses à faibles enjeux. La détermination des contrôles par les algorithmes est désormais organisée par en haut. Les data scientists en centrale fournissent aux agents des « listes Data Mining », c’est-à-dire des fichiers avec des listes d’entreprises ou des contribuables à contrôler et vérifier selon des axes de recherche, par exemple des listes d’entreprises soupçonnées de minorer leur TVA ou des listes de particuliers soupçonnés de faire une déclaration de valeur immobilière qui n’est pas au niveau du marché… Le risque, c’est qu’on pourrait dévoyer ces listes pour contrôler certaines catégories de populations ou d’entreprises, préviennent les syndicalistes, qui mettent en garde contre l’absence de garde-fous que produit cette centralisation du contrôle, qui pourrait demain devenir plus politique qu’elle n’est.
Les listes Data Mining sont générées par les data scientist du service central depuis des croisements de données. Ce sont des listes d’entreprises ou de particuliers à regarder. Ces listes doivent d’abord être apurées par les agents… Quand ils reçoivent des listes d’entreprises qui feraient trop de provisions par exemple (ce qui pourrait être un moyen de faire baisser leurs bénéfices), ils doivent les trier, par exemple sortir les compagnies d’assurances, qui, par nature, sont des entreprises qui font plus de provisions que d’autres. Dans ces listes, les anomalies détectées ne sont pas toutes compréhensibles aux agents chargés du contrôle et parfois le critère de recherche détecté par l’IA ne donne rien. Mais si l’agent trouve un autre axe de recherche de fraude, le dossier est statistiquement compté comme relevant d’une réussite du data mining. Ce qui a pour but d’augmenter les résultats que produit la recherche de fraude automatisée, alors qu’elle demeure bien souvent le résultat d’un travail spécifique des agents plutôt que le produit d’une liste fournie par les machines.
Le contrôle fiscal automatisé représente aujourd’hui 50 % du contrôle, mais les résultats notifiés (et non pas recouvrés) eux n’ont pas beaucoup progressé depuis l’expansion de l’automatisation. Ils stagnent à 13-14 %, c’est-à-dire environ 2 milliards d’euros, quand le contrôle fiscal atteint environ 13 milliards. Réaliser 50 % de contrôle automatisé est devenu un objectif, nous expliquent les syndicalistes. Si un service n’arrive pas à l’atteindre, les agents doivent prioriser le traitement des listes Data mining plutôt que de réaliser des contrôles d’initiatives. La vérification de ces listes produit surtout un travail fastidieux et chronophage, que les agents jugent souvent bien peu intéressant et qui ne produit pas beaucoup de résultats.
Le grand problème, estime encore Solidaires, c’est que le contrôle automatisé n’est pas très efficace sur la fraude complexe. A la direction de l’international qui s’occupe des fraudes les plus difficiles, il y a très peu d’utilisation de l’IA par exemple. Pour parvenir à mieux détecter les fraudes les plus évoluées, il faudrait que les agents de terrain qui en sont souvent les meilleurs observateurs, soient mieux associés aux orientations du contrôle centralisé des data-scientists. Ce n’est pas le cas. Alors que les outils pourraient venir aider les agents à faire leur travail, trop souvent, ils proposent surtout de le faire à leur place.
La DGFIP soutient qu’elle n’aurait pas mis en place de score de risque sur le contrôle fiscal… mais « certains agents rapportent que le traitement de listes Data mining fait ressortir régulièrement certains types de contribuables ». On peut malgré tout douter de cette absence de scoring, puisque le fait de lister des contribuables ou des entreprises selon des critères consiste bien à produire des listes classées selon un score.
Les personnels de la DGFIP sont inquiets, rapporte Solidaires. Pour eux, les outils d’IA ne sont pas aussi fiables qu’annoncés. Les contrôles engagés suite à des problèmes détectés « automatiquement » ne sont pas si automatiques : il faut des humains pour les vérifier et les traiter. Bien souvent, c’est l’enrichissement de ces dossiers par les services qui va permettre de donner lieu à une notification ou à un recouvrement. Enfin, le taux de recouvrement lié à l’automatisation est bien faible. L’IA peut s’avérer probante pour des fraudes ou des erreurs assez simples, mais ne sait pas retracer les fraudes élaborées.
Dans la surveillance des finances communales, les indicateurs remplacent les relations avec les personnels de mairie. Solidaires dénonce une industrialisation des procédés et une centralisation massive des procédures. L’IA change la nature du travail et génère des tâches plus répétitives. La DGFiP a perdu plus de 30 000 emplois depuis sa création, dénonce le syndicat. L’IA amplifie les dysfonctionnements à l’œuvre et prolonge la dégradation des conditions de travail. Quant au rapport coût/bénéfice des innovations à base d’IA, le syndicat pose la question d’une innovation pour elle-même. Dans le cadre du projet Foncier Innovant, la mise en oeuvre à coûté 33 millions. La maintenance s’élève à quelques 2 millions par an… Alors que le projet aurait rapporté 40 millions de recettes fiscales. Le rapport coût bénéfice est bien souvent insuffisamment documenté.
Pour Solidaires, ces constats invitent à réinventer le syndicalisme. Le syndicat estime qu’il est difficile de discuter des techniques mobilisées, des choix opérés. Solidaires constate que l’administration « s’exonère » de la communication minimale qu’elle devrait avoir sur les projets qu’elle déploie : coûts, bilans des expérimentations, communication sur les marchés publics passés, points d’étapes, documentation, rapports d’impacts… Pour Solidaires, l’omerta a bien une composante politique. Faire valoir le dialogue social technologique est une lutte constante, rapporte Solidaires. Trouver de l’information sur les projets en cours nécessite de mobiliser bien des méthodes, comme de surveiller le FTAP, les profils Linkedin des responsables des administrations, leurs interventions… mais également à mobiliser la CADA (commission d’accès aux documents administratifs) pour obtenir des informations que les représentants des personnels ne parviennent pas à obtenir autrement.
Ce patient travail de documentation passe aussi par le travail avec d’autres organisations syndicales et militantes, pour comprendre à quoi elles sont confrontées. Pour Solidaires, l’omerta volontaire de l’administration sur ses projets organise « l’obsolescence programmée du dialogue social » qui semble avoir pour but d’exclure les organisations syndicales du débat pour mieux externaliser et dégrader les services publics.
Pourtant, les personnels de terrains sont les mieux à même de juger de l’efficacité des dispositifs algorithmiques, insiste Solidaires. La difficulté à nouveau consiste à obtenir l’information et à mobiliser les personnels. Et Solidaires de s’inquiéter par exemple de l’expérimentation Sicardi, un outil RH qui vise à proposer une liste de candidats pour des postes à pourvoir, automatiquement, au risque de rendre fonctionnel des critères discriminatoires. Solidaires observe comme nombres d’autres organisations les dysfonctionnements à l’œuvre dans l’administration publique et au-delà. « Aujourd’hui, Solidaires Finances Publiques n’a aucun moyen pour confirmer ou infirmer que les algorithmes auto-apprenants utilisés dans le contrôle fiscal sont vierges de tout biais. À notre connaissance, aucun mécanisme n’a été institué en amont ou en aval pour vérifier que les listes de data mining ne comportaient aucun biais ».
Avec le déploiement de l’IA, on introduit un principe de rentabilité du contrôle fiscal, estiment les représentants du personnel. Ce souci de rentabilité du contrôle est dangereux, car il remet en cause l’égalité de tous devant l’impôt, qui est le principal gage de son acceptation.
Solidaires conclut en rappelant que le syndicat n’est pas contre le progrès. Nul ne souhaite revenir au papier carbone. Reste que la modernisation est toujours problématique car elle vient toujours avec des objectifs de réduction massive des moyens humains. Dans l’administration publique, l’IA est d’abord un prétexte, non pour améliorer les missions et accompagner les agents, mais pour réduire les personnels. Le risque est que cela ne soit pas un moyen mais un but. Faire que l’essentiel du contrôle fiscal, demain, soit automatisé.
« L’apparente complexité de ces outils ne saurait les faire échapper au débat démocratique ». En tout cas, ce petit livre montre, à l’image du travail réalisé par Changer de Cap auprès des usagers de la CAF, plus que jamais, l’importance de faire remonter les difficultés que les personnes rencontrent avec ces systèmes.
Bien souvent, quand on mobilise la transformation numérique, celle-ci ne se contente pas d’être une transformation technique, elle est aussi organisationnelle, managériale. A lire le petit livre de Solidaires Finances Publiques, on a l’impression de voir se déployer une innovation à l’ancienne, top down, peu impliquante, qui ne mobilise pas les savoir-faire internes, mais au contraire, les dévitalise. Les syndicalistes aussi ne comprennent pas pourquoi le terrain n’est pas mieux mobilisé pour concevoir ces outils. Certes, la fonction publique est structurée par des hiérarchies fortes. Reste que les transformations en cours ne considèrent pas l’expertise et les connaissances des agents. Les décideurs publics semblent répondre à des commandes politiques, sans toujours connaître les administrations qu’ils pilotent. Dans le discours officiel, ils disent qu’il faut associer les personnels, les former. Dans un sondage réalisé auprès des personnels, le syndicat a constaté que 85 % des agents qui utilisent l’IA au quotidien n’ont pas reçu de formation.
Le sujet de l’IA vient d’en haut plutôt que d’être pensé avec les équipes, pour les aider à faire leur métier. Ces exemples nous rappellent que le déploiement de l’IA dans les organisations n’est pas qu’un enjeu de calcul, c’est d’abord un enjeu social et de collaboration, qui risque d’écarter les personnels et les citoyens des décisions et des orientations prises.
10.04.2025 à 16:01
Framasoft
We (Framasoft) are proud to present the 2025 roadmap for the project ! PeerTube is improving thanks to (only) two developers, the financial support of donors, the support of the NLnet foundation, and external contributions, whether in the form of code, design (hi La Coopérative des Internets), or user feedback from hundreds of people ! Thanks to all of you !
Before we list future improvements to PeerTube, we can already tell you what we’ve done at the beginning of the year.
Broadly speaking (since you can get the detailed version of what’s new in version 7.1 here), you’ll find the redesign of the « About » page, your PeerTube content as podcasts and improved playback comfort thanks to the update of the p2p-media-loader, the library that allows PeerTube to use P2P in the video player !
As for the released late 2024 app (available on F-Droid, the Play Store and the App Store), it allows you to watch videos (pretty handy for a video-viewing app, isn’t it ?), have a local account so you can add videos to a « to watch later » list, explore platforms, channels and so on, all while avoiding the dark patterns of applications developed by the GAFAMs (like doom scrolling, ubiquitous notifications, etc.).
Version 0.6.0 (released end of January) now allows you to see comments under videos !
Illustration : David Revoy – Licence : CC-By 4.0
This year will see the arrival of a much requested feature : the ability to transfer ownership of a channel to another account ! Currently, a channel is linked to the PeerTube account that created it. It will soon be possible for the account associated with the channel (or the admin of the instance) to transfer the ownership of this channel and propagate this change throughout the federation (as is already the case when changing the ownership of a video).
This feature goes hand in hand with the development of another much-requested feature : shared administration of a channel (see… below 👀).
For many instance administrators, it is important to be able to customise their platform as they see fit (in their own image, in the image of the institution they represent, etc.). That’s why we’re working on making it easier to make changes such as the general colours of the interface, the ability to add a logo, customise the video player, allow or disallow the integration of videos according to an allowlist/blocklist, and much more… This extensive customisation of the interface will be accessible to admins directly from the PeerTube web interface.
PeerTube is designed for a wide range of audiences : institutions, non-profits, media, companies, etc. In order to simplify the configuration of a platform, we are going to develop a graphical configuration wizard that will allow, after the installation of PeerTube, to apply and display several recommended configuration rules according to the desired profile of the platform (with the installation of plugins depending on the use case : adding chat if lives are authorised, LDAP/OpenID, etc.).
Illustration : David Revoy (CC-By)
Once the work on transferring channel ownership is complete, we’ll finally be able to offer the multi-user channel management ! To the public, the channel will belong to a main account, but can be managed by several other users in the same instance. These co-manager accounts will have the same rights (upload videos, create and manage playlists, customise the channel, etc.) but will not be able to :
These changes will be accompanied by a number of design and database changes, which is a lot of work !
This year will also see an improved warning system for sensitive content and « quality of life » features for the management and moderation of instances, allowing institutions, associations, media, administrations, etc. to use PeerTube more serenely. This will be done via shared lists of instances or accounts to be banned and also via auto-tags preventing video publication that contain specific keywords. We’re also planning to add batch action capabilities on videos, so you can update the licence of multiple videos in a single action, for example.
The mobile application is an excellent way to facilitate the adoption of PeerTube by a wide audience. We now want to expand the audience to also include tablet and TV users.
We’ll also allow you to connect to your PeerTube account, giving you access to all your subscriptions, likes, comments, history, notifications, settings and playlists.
By the end of the year, you’ll be able to play your videos in the background, stream them from your phone to your « smart » TV (initially Android ; Apple TVs will take a bit more work) and receive notifications. The video player will also be improved.
For content creators, it will be possible to upload and manage your videos, start a live broadcast and manage your channels directly from the application !
It’s thanks to the trust you’ve placed in us over the years, your financial (and/or moral) support, the help of la Coopérative des Internets and the funding of the NLnet Foundation that we can offer you this roadmap.
We hope you like it enough to continue to help us !
10.04.2025 à 16:00
Framasoft
Nous (Framasoft) sommes fiers de vous présenter la feuille de route 2025 pour le projet ! Si PeerTube s’améliore c’est grâce à (seulement) deux développeurs, au soutien financier des donateurs et donatrices, à celui de la fondation NLnet, et aux contributions externes, que ce soit au niveau du code, du design (coucou La Coopérative des Internets) ou des retours utilisateurices de centaines de personnes ! Merci à vous !
Avant de lister les futures améliorations de PeerTube, nous pouvons déjà vous parler de ce que nous avons réalisé en ce début d’année.
Dans les grandes lignes (puisque vous pouvez avoir la version détaillée des nouveautés de la version 7.1 ici), vous trouverez le redesign de la page « A propos », vos contenus PeerTube en podcasts ou encore un confort de lecture amélioré grâce à la mise à jour de p2p-media-loader, la bibliothèque qui permet à PeerTube de faire du P2P dans le lecteur vidéo !
L’application quant à elle, sortie fin 2024 (disponible sur F-Droid, le Play Store et l’App Store) vous permet de regarder des vidéos (plutôt pratique pour une application de visionnage de vidéos, vous en conviendrez), d’avoir un compte local vous permettant d’ajouter des vidéos à une liste « à voir plus tard », d’explorer les plateformes, les chaînes, etc., tout en sortant des dark patterns des applications développées par les GAFAM (comme le doom scrolling, les notifications omniprésentes, etc.).
La version 0.6.0 (sortie fin janvier) vous permet maintenant de consulter les commentaires sous les vidéos !
Illustration : David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Cette année arrivera une fonctionnalité très demandée : la possibilité de transférer la propriété une chaîne à un autre compte ! Pour le moment, une chaîne est liée au compte PeerTube qui l’a créée. Il sera bientôt possible pour le compte associé à la chaîne (ou à l’admin de l’instance) de transférer la propriété de cette chaîne et de propager ce changement dans la fédération (comme c’est déjà le cas avec le changement de propriétaire d’une vidéo).
Cette fonctionnalité va de pair avec le développement d’une autre fonctionnalité très demandée : l’administration partagée d’une chaîne (voir… plus bas 👀).
Pour beaucoup d’admin d’instances il est important de pouvoir personnaliser sa plateforme comme bon leur semble (à son image, à celle de l’institution qu’iel représente, etc.). C’est pourquoi nous travaillerons à faciliter les changements tels que les couleurs générales de l’interface, la possibilité de mettre un logo, de personnaliser le lecteur vidéo, de permettre ou non l’intégration de vidéos en fonction d’une liste d’autorisation ou de blocage et plus encore… Cette personnalisation poussée de l’interface sera accessible aux admin directement depuis l’interface web de PeerTube.
PeerTube peut s’adresser à différents types de public : institutions, familles, associations, médias, entreprises… Afin de simplifier la configuration d’une plateforme, nous allons développer un assistant de configuration graphique qui permettra, après l’installation de PeerTube, d’appliquer et d’afficher plusieurs règles de configuration recommandées selon le profil voulu de la plateforme (avec l’installation d’extensions selon le cas d’utilisation : ajout du tchat si les lives sont autorisés, LDAP/OpenID, etc.).
Illustration : David Revoy (CC-By)
Une fois le travail réalisé sur le transfert de propriété de chaîne terminé, nous pourrons enfin vous proposer la gestion de chaîne(s) à plusieurs ! 🎉
Publiquement, la chaîne appartiendra toujours à un compte principal mais pourra être gérée par plusieurs autres utilisateurs de la même instance. Ces comptes co-gérants auront les mêmes droits (téléverser des vidéos, créer et gérer des playlists, personnaliser la chaîne, etc.) mais ne pourront pas :
Ces changements iront de pair avec de nombreux changements au niveau du design et de la base de données, ce qui représente un sacré travail !
Cette année apportera aussi une amélioration du système d’avertissement pour les contenus sensibles et des fonctionnalités de « qualité de vie » pour l’administration et la modération des instances, permettant aux institutions, associations, médias, administrations, etc., de s’emparer de PeerTube plus sereinement. Cela pourra se faire via des listes partagées d’instances ou comptes à bloquer, ou via des auto-tags empêchant des publications ou lives utilisant tel ou tel mot clé ! Nous prévoyons aussi d’ajouter des possibilités d’actions en lot, pour par exemple, mettre à jour la licence de plusieurs vidéos en une seule action.
L’application mobile est un excellent moyen de faciliter l’adoption de PeerTube auprès d’un large public. Nous souhaitons élargir l’audience aux utilisateurs et utilisatrices de tablettes et de télévisions.
Nous allons également permettre la connexion à votre compte PeerTube, vous donnant accès à tous vos abonnements, likes, commentaires, historique, notifications, paramètres et listes de lecture.
En fin d’année, vous aurez la possibilité de lire vos vidéos en arrière-plan, de les diffuser depuis votre téléphone vers votre télévision connectée (Android, dans un premier temps ; les télévisions Apple demandant un peu plus de travail), et de recevoir des notifications. Une amélioration du lecteur vidéo sera aussi effectuée.
Pour les créateurs et créatrices de contenu, il sera possible de téléverser, gérer vos vidéos, démarrer une diffusion en direct et gérer vos chaînes directement depuis l’application.
C’est à la fois grâce à la confiance que vous nous accordez depuis des années, votre soutien financier (et/ou moral), l’aide de la Coopérative des Internets, et le financement de la fondation NLnet que nous pouvons vous proposer cette feuille de route.
Nous espérons donc qu’elle vous plaira suffisamment pour continuer à nous aider !
09.04.2025 à 09:42
Framasoft
Bienvenue dans ce troisième numéro de FramIActu, la revue mensuelle sur l’actualité de l’IA !
Ce mois-ci, encore, nous avons plein de choses à dire au sujet de l’IA et ses impacts sur nos sociétés.
Pour rappel, nous mettons en avant notre veille sur le sujet sur notre site de curation dédié ainsi que sur Mastodon et Bluesky (sur le compte dédié FramamIA) !
Vous avez préparé votre boisson chaude (ou froide, c’est le printemps après tout !) préférée ? Alors c’est parti pour la FramIActu !
Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0
C’est tout pour ce mois-ci mais si
08.04.2025 à 09:42
Framasoft
08.04.2025 à 08:08
Stéphane Crozat
Depuis 2023 et la mise à disposition du grand public des IAG, l’exercice rédactionnel à l’université dysfonctionne. Stéphane Crozat en retranscrit un nouvel épisode dans cet article (les noms des étudiants ont été anonymisés).
« En effet, il y a un vrai risque de dénaturer le rôle principal de l’école : aider les élèves à développer leur esprit critique et leur autonomie. Imaginez un monde où les machines réalisent nos tâches à notre place. Selon une étude de John Doe en 2022, s’appuyer trop souvent sur des outils comme l’IA pourrait rendre les élèves moins capables de structurer leurs idées ou de résoudre des problèmes par eux-mêmes. »
(Alice, Bob, Claude & Daniel, 2024)
Je suis enseignant-chercheur à l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) et cet article fait suite à deux publications précédentes liées au déploiement de l’IA générative (IAG) dans le contexte de l’enseignement supérieur :
À l’automne 2024 j’ai animé le cours WE01 à l’UTC avec deux collègues Quentin Duchemin et Stéphane Poinsart. C’est un cours du département Technologie, Sociétés, Humanités (TSH) que suivent des élèvent ingénieurs. Le cours était intitulé « Écrire, communiquer et collaborer sur le web » et il consistait en des apports théoriques autour du fonctionnement technique de l’Internet, de l’histoire du Web, du droit d’auteur et de la culture libre, du capitalisme de surveillance ou encore des enjeux sociaux-écologiques liés au numérique. Le cours comporte également des apports méthodologiques autour de la lecture et la production d’articles scientifiques ou la critique de ce que le Web produit.
Le travail demandé aux étudiants en WE01 était essentiellement tourné vers la réalisation de fiches de lecture et de productions écrites de type scientifique autour de ces thématiques, en groupe, publiées en ligne sous licence libre, finalisées par une présentation en direct sur la radio locale Graf’hit.
Alice, Bob, Claude et Daniel ont rédigé ensemble 3 séries d’articles, dont la dernière a donné lieu à une lecture en direct sur la radio Graf’hit. Nous faisons ici une synthèse du processus de rédaction qui a été mobilisé. Le déroulé complet de leurs travaux, détaillé article par article, peut-être consulté en annexe de l’article original, que nous n’avons pas reproduit ici.
Image générée par un être humain grâce au Générateur de Grise Bouille
Bob injecte dans ChatGPT la bibliographie, et probablement le sujet, donnés par les enseignants au début de cours, afin d’obtenir un plan détaillé. On y trouve des rubriques comme « concepts vus en cours » qui ne correspondent pas à des concepts vus en cours ou des « arguments réfutables » qui répondent à une demande de produire des arguments réfutables, mais au sens de Karl Popper, alors qu’ici le sens et plutôt le sens trivial (ChatGPT n’a pas assisté au cours).
Exemple d’extrait de plan détaillé obtenu avec ChatGPT à partir du sujet fourni en entrée par les enseignants
Valeur éducative et éthique des exercices rédactionnels
Bob demande également à ChatGPT des références bibliographiques pour étayer les propos, ce qui est aussi une consigne donnée dans le cours. Cela conduit à l’apparition de sept sources hallucinées, c’est à dire sept références bibliographiques crédibles mais totalement inventées (les revues scientifiques mentionnées existent pour la plupart).
On note le J. Doe du début, qui correspond en anglais à une personne non identifiée (typiquement en cas de découverte d’un cadavre sans papier dans une série américaine). L’enseignant relit le plan détaillé, mais ne vérifie pas les références. Il prend donc le temps de corriger ce travail de ChatGPT et le trouve globalement de bonne qualité. Bravo ChatGPT.
Exemple de références bibliographiques hallucinées obtenues avec ChatGPT
(image réalisée par le Générateur de Grise Bouille)
Claude ne participe pas du tout à la mise au point du plan détaillé, il laisse Bob travailler seul. Il repart ensuite de ce plan détaillé, et sans aucune interaction avec Bob, sans consulter les sources, il fait un travail de développement du plan sous forme de phrases. Il ajoute néanmoins quelques éléments provenant de sources authentiques.
Ici on note donc que Claude ne fait pas directement usage de l’IA, mais qu’il finalise un article complet sur la base d’un plan complètement produit par IA et de références inventées. C’est un très bon cas de prolétarisation, on a une division des tâches et des responsabilités : Bob produit le plan puis Claude l’article sans connexion avec le travail de Bob.
Exemple d’extrait de plan détaillé obtenu avec ChatGPT mobilisé en entrée pour mener une rédaction sans ChatGPT
L’IA pourrait-elle remplacer l’enseignant ?
Argumentation face à l’hypothèse que l’IA pourrait réduire les interactions humaines en classe (Taylor, 2022).
Proposition : L’IA doit être considérée comme un outil complémentaire et non comme un substitut de l’enseignant.
Exemple de rédaction réalisée par Claude sans ChatGPT sur la base du plan détaillé précédent
L’IA pourrait-elle remplacer l’enseignant ? Si l’IA permet d’automatiser des tâches et de personnaliser l’apprentissage, elle ne peut remplacer l’interaction humaine essentielle. C’est d’ailleurs ce que défend Taylor (2022) avec l’avertissement qu’il propose face à la baisse d’interactions humaines en classe. Or, l’enseignant apporte un soutien émotionnel et une compréhension de l’humain que l’IA ne peux bien entendu pas produire. (Cuisinier, 2007).
L’IA devrait donc compléter l’enseignant et non le remplacer. De plus nous agissons différemment quand on se sait observé (effet Hawthorne), ce qui rajoute une limite supplémentaire, qu’il convient de notifier.
Alice et Daniel produisent en réponse un autre texte qui défend une position plus en faveur des IA, afin de construire pour la radio un dialogue autour d’études scientifiques orientées pour et contre.
Daniel injecte dans ChatGPT le texte de Bob et Claude et demande à ChatGPT un nouveau plan pour y répondre. Celui-ci sera donc basé sur un plan déjà généré avec ChatGPT et des fausses références. Il demande aussi à ChatGPT de nuancer ses propos. Il mobilise également un article réel, celui de Crozat (qui existe bien, nous pouvons en témoigner). Notons que cet article traite d’un cas précédent d’usage frauduleux de ChatGPT dans le même cours WE01 un an auparavant. Daniel l’a-t-il lu ?
Le résultat obtenu n’est plus cohérent avec les propos prêtés aux auteurs inventés, personne ne se rend compte que cela n’a plus de sens, même au sein de la fiction créée par ChatGPT.
Alice et Daniel se retrouvent avec une seconde bibliographie hallucinée. Il y a une cohérence partielle avec la première, on retrouve presque les mêmes entrées… Mais les auteurs, articles et revues se mélangent, suivant la logique combinatoire de l’IAG. Doe est remobilisé autour des données personnelles, tandis que Miller est dans un cas mobilisé sur les algorithmes de recommandations, dans l’autre sur les inégalités de ressources dans les écoles.
Exemple de proposition de ChatGPT avec nuance et avec citation de faux articles
Enfin, l’affirmation selon laquelle l’IA « ne remplacera pas l’enseignant » mérite également d’être nuancée. Smith et Lee rappellent que l’IA peut modifier de manière intrinsèque le rôle de l’enseignant, le faisant passer d’un « transmetteur de savoirs » à un « facilitateur d’apprentissages ».
Seconde bibliographie hallucinée, variation combinatoire de la première
Alice rédige partiellement sans ChatGPT, exclusivement à partir de la seconde version de la bibliographie. On note dans cette intervention l’apparition des prénoms des faux auteurs. Peut-être ont-ils été demandés à ChatGPT pour correspondre au format demandé en cours.
On note aussi l’apparition de nouveaux arguments prêtés à certains auteurs inventés. Comme les articles n’existent pas, la seule façon d’étayer leur contenu avec de nouveaux arguments était d’interroger à nouveau ChatGPT.
Premier argument généré avec ChatGPT
L’éducation sans IA privilégie l’interaction directe entre enseignants et élèves, permettant un lien pédagogique plus fort, difficilement remplaçable par des technologies (Taylor, 2022)
Argument complémentaire demandé à ChatGPT
Charlotte Taylor en 2022 ajoute que cela peut même appauvrir le processus d’apprentissage en rendant les enseignements moins inspirants et moins personnalisés.
Là où les étudiants avaient comme consigne de travailler ensemble, en groupe, ils ont plutôt mis en place un travail séquentiel. Dans ce cadre, ils semblent avoir très peu communiqué entre eux et de pas s’être relus les uns et les autres.
S’ils n’avaient pas utilisé ChatGPT ils auraient probablement été obligés de collaborer, certains travaux trop peu qualitatifs les auraient fait réagir et auraient, sinon, fait intervenir l’enseignant.
Vous l’avez peut-être deviné, mais leur sujet c’était… IA et école.
Image générée par un être humain grâce au générateur de mèmes de Framasoft – https://framamemes.org/
« L’usage d’IA génératives est simplement interdit dans le cadre de l’UV : ça ne vous apportera rien puisque le but est d’apprendre à écrire par vous-même. »
(extrait de la présentation du cours WE01 en 2024)
L’usage des IAG était donc interdit dans le cadre du cours et le règlement des études de l’UTC a été aménagé en 2024 pour interdire a priori l’usage des IAG (elles ne sont autorisées que si les profs l’explicitent).
Nous avons découvert l’usage d’IAG uniquement à la fin, en direct, à la radio alors que des références inventées par ChatGPT étaient mobilisées et que l’auteur John Doe interpelle l’enseignant qui anime l’émission. Après ré-étude du contenu nous avons soulevé un usage pluriel de l’IAG dans le cadre de WE01 par ces 4 étudiants (voir le récit complet en Annexe).
Nous avons rencontré ces quatre personnes pour un entretien d’environ quinze minutes chacune et leur avons posé trois questions :
— Avez-vous utilisé une IAG dans le cadre de l’un de vos exercices rédactionnels ?
— Saviez-vous que l’IAG était interdite dans le cadre de ces exercices ?
— Auriez-vous été capables de réaliser les exercices sans utiliser l’IAG ?
À l’issue de cet échange, voici ce que nous avons relevé :
Les quatre étudiants avaient correctement suivi l’UV tout au long de l’année et étaient considérés par leur encadrant comme des élèves sérieux. Ils ont semblé honnêtes et désolés dans les échanges que nous avons eus avec eux. Ils ont présenté des excuses et ont semblé prendre conscience du caractère fâcheux de la situation.
J’ai l’impression que ces étudiants ont tellement intégré l’IA générative dans leurs usages qu’ils ne sont pas rendus compte de l’importance de ce qu’ils faisaient malgré leur connaissance de l’interdiction :
Nous sélectionnons ici quelques citations provenant du travail fourni par les étudiants. La citation de début d’article leur est également créditée.
Nous nous passerons de commentaire, sidérés en quelque sorte, par la pertinence de tels propos critiques vis-à-vis de l’usage de l’IAG dans le contexte pédagogique, écrits sous la dictée de l’IAG.
« Avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), les pratiques éducatives, notamment les exercices de rédaction, sont mises à l’épreuve. Il devient tentant de laisser les machines écrire à notre place, mais la question se pose : est-ce réellement bénéfique pour les étudiants ? »
« Au cœur de la question se trouve l’importance cognitive et créative de l’écriture. Bien plus qu’un simple moyen de communication, l’écriture est un outil puissant pour structurer notre pensée. »
« Si l’on délègue ces tâches à une IA, on risque de perdre cette précieuse occasion d’entraîner nos capacités cognitives. »
« C’est une démarche éthique : l’apprenant ne se contente pas de répéter des informations, il les reformule et se les approprie. En remplaçant cette démarche par l’automatisation, ne risquons-nous pas de perdre cette dimension humaine, essentielle à la construction de notre individualité ? »
« Pourtant, n’y a-t-il pas un risque que cette facilité entraîne une paresse intellectuelle, voire une dépendance à l’IA pour formuler nos pensées ? »
« Son utilisation massive par les étudiants est pourtant indiscutable ; nos professeurs qui se plaignent régulièrement de corriger des copies réalisées par IA ce qu’il considère, à juste titre, comme une perte de temps. »
Si les étudiants étaient passés à côté de leur sujet il y aurait eu une certaine cohérence, mais ici les problématiques sont très bien transcrites par leurs travaux. Qui tire quel bénéfice de l’IAG ? Quelles conséquences ? Déstructuration de la pensée ? Perte cognitive ? Question éthique ? Construction de l’individualité ? Paresse ? Dépendance ? Perte de temps…
Si l’on fait l’hypothèse que les étudiants ont tout de même lu ce qu’ils ont rendu, on observe donc une décorrélation entre la prise de recul proposée par leurs propos et l’absence totale de distance manifestée dans leur pratique.
On pourra penser que ce cas est isolé est qu’il ne fait pas bon raisonner à partir d’un cas particulier.
Mais le cas n’est pas isolé. Je relève des cas similaires depuis 2023 et l’arrivée de ChatGPT. Suite à l’émission de radio, nous avons pris un temps de relecture d’autres travaux, révélant l’usage, moins évident, sans rôle principal pour John Doe, mais néanmoins régulier, d’IAG. Les échanges avec les collègues et les étudiants confirment également cette généralisation.
Par ailleurs, les étudiants forment un modèle raisonnable pour notre analyse. Ils sont assez représentatifs de la population UTCéenne, un étudiant étranger en reprise d’étude, deux étudiants tout juste sortis du lycée et un dernier en second semestre d’étude. Ces étudiants sont tout ce même tous les quatre présents à l’UTC depuis moins d’un an, on pourra faire l’hypothèse que des personnes plus expérimentées auraient moins utilisées l’IAG… ou se seraient moins fait détectées.
Rappelons que l’entrée à l’UTC est fortement sélective, les étudiants qui entrent à l’UTC étaient tous des « premiers de la classe » au lycée. Je ne sais pas exactement quoi faire de cette information, on pourra penser que des bons élèves sont moins enclins à tricher, au contraire que ce qui a fait leur réussite est leur habitude à optimiser, ou encore que confrontés pour la première fois à des difficultés scolaires à l’UTC ils n’ont pas su bien réagir. Les échanges avec des élèves de terminale font penser que tous utilisent les IAG, élèves à l’aise avec leur scolarité ou non.
Il y avait néanmoins des raisons objectives de penser que dans le cadre du cours WE01 les étudiants auraient pu être moins enclins à l’usage d’un ChatGPT.
Sur le fond, le sujet même du cours porte sur une dimension critique vis-à-vis du numérique, des enjeux socio-techniques associées, avec, notamment une réflexion sur le capitalisme du surveillance et la captation des données par les GAFAM. Surtout, le cours comporte une partie consacrée à l’écriture scientifique, qui expose le concept de réfutabilité de Karl Popper ou encore… l’importance de vérifier et citer ses sources !
« Lorsqu’une ressource est pré-sélectionnée, vérifier et qualifier la source permet de pré-évaluer la fiabilité de la ressource. »
Cours de WE01
Sur la forme, WE01 est un cours plutôt « cool », avec du travail horizontal et des méthodes assez proches de l’éducation populaire. Certains étudiants tutoient les profs ce qui assez inhabituel en début de cursus. On pourrait penser que l’idée de tricher dans ce contexte aurait posé des freins moraux. Enfin le cours n’intégrait pas d’examen et la validation était assurée sur la base d’une « obligation de moyen » : être présent, faire le job honnêtement. Tricher dans ce contexte était surprenant.
Une hypothèse néanmoins est que nous avons insisté sur le caractère « pour de vrai » des exercices proposés : articles publiés sur le web et communiqués via les médias sociaux, passage en direct à la radio. Peut-être avons nous réussi, en quelque sorte, sur ce point, et que leur interprétation du « pour de vrai » a impliqué pour eux, in fine, une obligation de résultat, quelques soient les moyens.
Une hypothèse complémentaire est que ces étudiants ont tellement intégré l’IA générative dans leurs usages qu’ils ne sont plus aptes à en évaluer les conséquences pour eux. Il se retrouvent à tricher et prendre des risques importants pour leur scolarité dans un contexte avec très peu de pression scolaire et dans un cadre relationnel de confiance. C’est donc à la fois une très mauvaise évaluation bénéfices/risques et une mauvaise attitude vis-à-vis de leur propre sens éthique.
Je pense que cet usage est fortement généralisé à l’UTC, ce qui les dédouane un peu et nous interroge fortement en retour ; leur erreur est un usage tellement médiocre qu’ils ont laissé passer une ou deux fausses références grossières, mais nous aurions pu ne pas nous en apercevoir, et nous pensons que ça a été le cas pour d’autres groupes.
Je fais l’hypothèse que ces habitudes ont été ancrées au lycée et même qu’ils ont perdu des compétences de rédaction et de travail en groupe que nous attendons de leur part (et cela peut nous interroger, peut-être encore plus que nous le faisons déjà, sur les conséquences à l’UTC). Cela va plus vite de faire faire par ChatGPT, que de s’installer et prendre un temps pour partager un espace de travail à plusieurs. Donc : ça vaut le coup. Ils ne se sont pas « fait prendre » ou n’ont pas subi de conséquences importantes jusque-là. Donc : ça marche.
La thèse TAC, pour Technologie Anthropologiquement Constitutive, formalisée à l’Université de Technologie de Compiègne, trouve son origine dans les travaux des anthropologues et philosophes André Leroi-Gourhan, Gilbert Simondon ou Bernard Stiegler. Une hypothèse fondatrice de cette théorie est que les humains et les objets techniques forment un couplage indissociable, dès l’origine. On abandonne l’idée que l’humain précède et surplombe la technique, que celle-ci n’est que le simple produit du travail ou de l’intelligence humaine, postérieure à une humanité qui en serait indépendante (Steiner, 2010).
La technique n’est pas un élément extérieur à l’humanité, mais la façon même dont celle-ci conçoit le monde. Les trains modifient la proximité entre les villes selon les connexions existantes ou non, la lumière artificielle modifie les cycles du jour et de la nuit, ou celui des saisons, les voyages spatiaux permettent d’imaginer exploiter des ressources situées dans l’espace ou se réfugier une autre planète si la terre n’est plus habitable.
Les objets techniques portent en leurs propriétés physiques des possibles et des probables. Le couteau, dur, pointu, solide, avec une lame d’une certaine taille embarque le geste de planter. Une propriété fondamentale du téléphone portable est qu’il est… portable. Sa taille, son autonomie, son mode de préhension rendent sa présence permanente au côté de l’humain aisée, naturelle en quelque sorte.
La technique n’est donc jamais neutre puisqu’elle configure notre rapport au monde. Nos usages, nos intentions, nos projets, ce que l’on veut faire, sont déjà, au moins en partie, pré-configurés par l’accès au monde rendu possible via la technique. La technique n’est pas neutre non plus car ceux qui la développent ne sont pas neutres. Les concepteurs d’une technique ont des représentations du monde qui sous-tendent ce pourquoi il veulent la faire advenir, ils visent un objectif qui est souhaitable, bon, selon eux. (Steiner, 2024)
Écrire avec un ordinateur, c’est écrire avec une machine à calculer. Donc, à un moment ou un autre, on a envie de la faire calculer. J’ai fait de l’ingénierie documentaire pendant 20 ans, l’objectif de mes travaux via la conception de chaîne éditoriales était d’automatiser, de calculer donc, des tâches de manipulation documentaires (Crozat, 2007). Parce que l’on considère que la mise en forme n’est pas une étape créative, qu’elle n’a pas de réelle valeur ajoutée, que l’on peut la déléguer à la machine. Je me souviens, tout de même, avoir croisé des éditeurs, des artisans de la mise en forme, qui n’étaient pas d’accord. Je devais penser qu’ils étaient rétrogrades, qu’ils s’accrochaient à un savoir-faire en voie de disparition. On dirait, à présent que c’est moi qui m’accroche…
En tous cas, en fin de compte, puisque la technique n’est pas neutre, ce qui compte c’est de se demander ce que le numérique en général, et l’utilisation de l’IA en particulier fait à notre pensée. Dans le lignée de Jack Goody, Bruno Bachimont (2000) parle de raison computationnelle pour désigner ces transformations induites par l’usage du numérique.
La technique pose toujours problème, c’est par essence un pharmakon, un remède en même temps qu’un poison, au sens qu’a réactivé Bernard Stiegler depuis Platon). Par exemple, l’écriture est un remède aux limites de la mémoire humaine, en même temps, ce qui amoindrit cette mémoire. L’informatique permet d’objectiver des impacts socio-écologiques tout en engendrant de nouveaux impacts socio-écologiques.
« [Platon] décrit alors l’écriture alors comme un pharmakon, mot grec signifiant à la fois le remède et le poison : à la fois remède pour la mémoire, car elle permet de stocker et de conserver les connaissances accumulées, mais aussi poison pour la pensée, car en fixant les connaissances et en épargnant aux individus de se les remémorer, l’écriture empêche leur mémoire de s’exercer. Bref, l’écriture, qui semblait innocente et bénéfique, a aussi de quoi inquiéter. »
(Alombert, 2023)
Un problème soulevé par l’usage des IAG qui doit être considéré en contexte pédagogique est celui de la prolétarisation intellectuelle, phénomène déjà largement observé et étudié sur le plan des activités manuelles dans le cadre de l’industrialisation. La prolétarisation est « ce qui consiste à priver un sujet (producteur, consommateur, concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser) »
(Petit, 2013).
« Passer une commande à une machine, aussi performante soit-elle, ne revient pas à exercer techniquement sa pensée ; au contraire, le savoir-écrire a ici été extériorisé dans la machine numérique sous forme d’automatismes algorithmiques, de même que les savoir-faire avaient été extériorisés dans les machines-outils sous forme d’automatismes mécaniques. De même que l’artisan privé de ses savoir-faire s’était vu prolétarisé. En perdant nos savoir-écrire, nous risquons de devenir des prolétaires de la pensée. »
(Alombert, 2023)
Anne Alombert (2025) précise que « nous risquons de perdre notre capacité à nous exprimer en la déléguant aux algorithmes et en nous contentant de lire bêtement les textes produits »
et avec elle notre capacité non seulement de mémorisation, mais, peut-être surtout d’imagination.
En tous cas, l’idée que la machine est un instrument de délégation des travaux humains pénibles est ancré depuis la période industrielle au moins, probablement depuis la révolution agraire. L’ordinateur est dédié aux tâches cognitives, certains trouveront les tâches d’écriture fastidieuses, il est logique que l’ordinateur soit alors mobilisé comme assistance. Puis, de l’assistance au remplacement il n’y a qu’un pas. L’histoire de l’industrie nous le montre également.
À ce stade, la question que l’on doit se poser, c’est quel sens cela a-t-il de former la lecture et à l’écriture dans un monde où les IAG savent faire ce travail infiniment plus rapidement ?
Une idée défendue par certains comme une évidence, puisqu’il faut bien vivre avec son temps, serait de faire évoluer les formations pour, non plus enseigner comment, par exemple, bien lire et écrire, mais plutôt comment bien utiliser les IAG pour faire ce travail à notre place. C’est aussi applicable à l’expression graphique ou à l’écriture de code informatique. S’il est raisonnable de penser, sur le modèle de l’artisanat, que certaines tâches intellectuelles continueront d’échapper à la machine, il est tout aussi raisonnable de penser, sur le modèle de la mécanisation des tâches manuelles déjà opérée, que le bon usage d’une machine avancée ne nécessitera pas de compétences avancées.
Selon Jacques Ellul, c’est la recherche systématisée de l’efficacité qui est problématique, car elle vide de leur sens les tâches qui sont menées, transformant le pourquoi on fait en comment on fait le plus efficacement possible (Rognon, 2020). Ainsi, l’idée de faire évoluer nos cours vers des formations à l’usage des IAG pourrait bien impliquer une évolution de l’ingénierie, de la conception de machines donc, à un objectif amoindri, d’utilisation de machines, voire d’utilisation par les machines.
Nous observons donc que les étudiants ne savent plus, en entrant à l’université, jouer le jeu de la lecture et de l’écriture, et qu’il le font faire, au moins en partie, par une IAG. D’autre part, nous nous questionnons sur l’intérêt même de défendre ce type de compétence quand on observe en aval que les ingénieurs mobilisent également massivement ces outils pour faire de la veille, produire des rapports ou des présentations. Eux non plus ne veulent plus ni lire ni n’écrire.
En attendant de mieux comprendre ce qui se passe et comment faire évoluer nos formations, nous avons procédé à quelques modifications. WE01 était intitulé « Écrire, communiquer et collaborer sur le web », nous le renommons « Questionner le Web » et le faisons évoluer en conséquence. Nous avons assoupli les exercices rédactionnels, décidés à être moins exigeants et à demander un travail plus modeste en volume. En contre-partie nous avons restitué un examen de contrôle des connaissances. L’objectif du cours devient alors moins de savoir écrire que de disposer d’éléments pour aider à se poser des questions et à remettre en cause les évidences du numérique, dans une logique technocritique.
Nous déconseillons l’usage des IAG tout en les autorisant. Nous imposons en revanche une prise de recul, inspirés par ce que notre collègue Hugues Choplin à développé à l’UTC dans le cadre de son cours IS04.
« Vous ajouterez une section IAG à votre projet pour spécifier si vous avez utilisé des IAG (ou des IA de correction, de traduction…) et si oui : Indiquez quelles IA ont été utilisées, pour quelles parties du travail et pour quelles raisons ; Reproduisez une copie des prompts et des résultats ; Indiquez si les résultats ont été retravaillés et comment. »
Extrait de la présentation du cours WE01 en 2025
Nous réfléchissons à un cours WE02 « Questionner l’IA » qui serait un pendant de WE01, orienté vers l’IA donc. Nous avons pris la décision d’attendre deux ou trois ans pour cela, histoire de se donner de l’espace pour consacrer l’énergie nécessaire au suivi d’une actualité très dynamique. Histoire également de se donner un peu de temps pour mieux analyser les évolutions en amont au lycée, en aval dans le monde socio-économique, et à les initiatives prises dans l’enseignement supérieur. Histoire, peut-être, que le domaine se stabilise un peu… ou pas.
Ces diverses attitudes sont autant de pistes pour maintenir une attitude active et critique vis-à-vis d’un phénomène qui percute l’ensemble de la société et que nous ne pouvons ignorer dans l’enseignement supérieur. Même quand on ne s’y intéresse pas par plaisir, donc.
07.04.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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InternetNZ is funded by the registration of .nz domain names, […] Following a 2022 review into systemic racism in the organisation, InternetNZ plans to adopt a new constitution this year.[…] Members of the FSU have been joining InternetNZ en masse, and the organisation’s membership has ballooned from less than 400 to close to 3000.
Le président déchu de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a été officiellement destitué par la Cour constitutionnelle, vendredi 4 avril. L’institution a voté à l’unanimité pour la mise à l’écart du chef d’État conservateur, va-t-en-guerre et réactionnaire, qui a tenté un coup de force en décembre dernier
“We have the capacity to save lives, and the choice has been not to use it,” said the former head of the agency’s Myanmar mission.
Avec une rare virulence à l’égard de Washington, le président ukrainien dénonce depuis samedi 5 avril la « faible » réaction des Etats-Unis, dont l’ambassadrice s’est dite « horrifiée » par ces tirs, sans en préciser l’origine russe.
Selon Copenhague, Poutine aurait besoin de seulement six mois pour lancer une nouvelle attaque contre un pays européen frontalier de la Russie, et cinq ans pour une guerre à grande échelle sur le continent européen — dans le cas où les États-Unis de Donald Trump n’apporteraient pas leur soutien.
79 arrested after Europol shuts down massive child porn platform.
Budapest annonce ce jeudi 2 avril son retrait de la Cour pénale internationale (CPI), au premier jour d’une visite dans la capitale hongroise du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, visé par un mandat d’arrêt de cette juridiction.
La capacité de production d’électricité photovoltaïque a quasiment doublé ces trois dernières années en Europe grâce aux subventions des États.
Member countries will be able to tap up to €15 billion of cohesion funds for homebuilding.
Selon le New York Times, la Commission européenne préparerait une amende de plus d’un milliard de dollars à l’encontre du réseau social X, anciennement Twitter. Il est reproché à la la plateforme d’Elon Musk ne pas suffisamment lutter contre les contenus illégaux et la désinformation.
It simply isn’t possible for a society to both “recognise, promote and support excellence in science and to encourage the development and use of science for the benefit of humanity” (as its mission statement claims) and enjoy the patronage of someone who is doing the exact opposite. […] In short, the Royal Society is dead. Three hundred and sixty-five years of history, and it’s ended it as a beard for a fascist. What an utterly utterly shameful end for a once-great society.
Three members of the pioneering band were detained and returned to the UK after flying to Los Angeles for a gig
Rebecca Burke, a 28-year-old graphic artist from Monmouthshire, South Wales, told British newspaper The Guardian how she had been refused entry to Canada from the state of Washington. She told the paper after she was sent back to the U.S, American officials classed her as an illegal alien, shackled and transported her to an Immigration and Customs Enforcement (ICE) detention center, where she was locked up for 19 days.
Eight international students at Arizona State University have had their visas revoked amid the Trump administration’s mass deportation efforts and a crackdown on students expressing their political views.
Jusque-là protégés par un statut protégé octroyé à titre temporaire par l’administration Biden, les ressortissants du deuxième pays le plus pauvre de la planète, au bord de la guerre civile, se sont vu retirer leur droit de séjour « avec effet immédiat ».
The Trump administration says that it mistakenly deported an immigrant with protected status but that courts are powerless to order his return.
Voir aussi Immigration : l’administration Trump reconnaît une « erreur » après l’expulsion d’un résident légal vers une prison du Salvador (liberation.fr)
Bien qu’interdit d’expulsion au risque de représailles dans son pays, le Salvadorien Abrego Garcia a été rapatrié le mois dernier et emprisonné. Le gouvernement américain dit ne plus pouvoir obtenir sa libération.
Though a billionaire, Powell Jobs has not found a reason to kiss Trump’s ring
Timothy Haugh et Wendy Noble, le patron et son adjointe du puissant service d’écoute et de cyberespionnage américain, ont été limogés jeudi 3 avril, rapportent plusieurs médias. Une décision dénoncée par des élus démocrates et probablement incitée par l’influenceuse Laura Loomer.
More than 1,600 readers answered our poll ; many said they were looking for jobs in Europe and Canada.
The creator of an open source genetic database is shutting it down and deleting all of its data because he has come to believe that its existence is dangerous with “a rise in far-right and other authoritarian governments” in the United States and elsewhere.
There was also not enough time for scientists to properly shut down the laboratories before they were locked out from their email systems and the building, two CDC officials said, with equipment still running and hazardous materials left unattended.
Le gouvernement américain a lancé, mardi 1er avril, la suppression de 10 000 postes de fonctionnaires au ministère de la Santé et dans les agences sanitaires. Les employés ont appris la nouvelle le jour même, en se rendant au travail.
Perhaps some Americans may think that this lower overall life-expectancy doesn’t really apply to them if they’re middle- or upper-class. After all, wealth inequality and health disparities are huge problems in the US.
La décision du président américain d’augmenter les tarifs douaniers selon un barème incompréhensible signe la fin d’un paradigme commercial vieux de plus d’un siècle et un désastre économique pour de nombreux pays, dont le sien. La première cause de disparition de civilisations historiques, avançait l’historien britannique Arnold Toynbee, est le suicide.
Voir aussi Donald Trump fait hurler le monde entier avec ses nouveaux tarifs douaniers (huffingtonpost.fr)
Sur presque tous les continents, les pays ont mis en garde les États-Unis sur les conséquences d’une « guerre commerciale » et le Brésil a déjà riposté.
Capsules Starbucks, poupées American Girl, piqûres de Botox… les consommateurs américains découvrent avec surprise que certains de leurs produits préférés seront sujets à des droits de douane dès ce soir.
Trump accused of consulting chatbots after critics mock tariffs on islands of penguins.
Malgré la forte implication d’Elon Musk, la démocrate Susan Crawford a remporté un siège à la cour suprême de cet État pivot. Le multimilliardaire avait estimé que « cette petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale ».
Voir aussi Dans le Wisconsin, Donald Trump et Elon Musk essuient un premier revers électoral très sec (huffingtonpost.fr)
Ce mardi 1er avril, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté le siège en jeu pour dix ans à la cour suprême de cet État.
L’agence américaine NOAA, qui a en charge notamment des données sur le climat et la météorologie, s’apprête à supprimer une quantité importante de sites internet via une simple annulation d’un contrat avec des hébergeurs cloud.
A new study questioning human-induced global warming — which claims to be entirely written by Elon Musk’s Grok 3 AI — has gained traction online.
Google is part of a Customs and Border Protection plan to use machine learning for surveillance, documents reviewed by The Intercept reveal.
Contrary to Popular Belief, Reinforcement Learning Isn’t Part of This Story
NaNoWriMo — an abbreviation of National Novel Writing Month — is an annual challenge for writers to complete a rough draft of a novel during the month of November. After starting as a Yahoo ! mailing list in 1999, the project grew into a self-described “internet-famous” writing challenge with hundreds of thousands of participants over more than two decades.
On n’ouvre plus de livres, on s’en remet à la machine, à des presses-boutons, à des prompts. On tombe dans l’ignorance crasse de la fainéantise parce qu’un jour, un connard n’a pas été capable de prendre des notes pour résumer une réunion de 15 minutes et qu’il s’est senti obligé de compenser son incomparable bêtise congénitale par une IA qui serait capable de faire ce travail élémentaire à sa place.
La troisième version du Code de bonnes pratiques du règlement européen sur l’intelligence artificielle, l’AI Act, reste largement insuffisante.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé mercredi 2 avril l’extension de l’offensive militaire à Gaza pour s’emparer de « larges zones » sous couvert de créer des « zones de sécurité ». Depuis la rupture de la trêve le 18 mars, plus de 1 000 personnes ont été tuées
Le Croissant-Rouge a rendu publiques ce samedi 5 avril des images qui montrent les dernières minutes des secouristes, parfaitement identifiables, tués le 23 mars par Tsahal. L’Etat hébreu assurait que ses soldats avaient tiré sur des « véhicules suspects » qui circulaient tous feux éteints.
Les décisions prises par le gouvernement Nétanyahou en mars de renvoyer le chef du Shin Bet, d’engager une procédure de destitution contre la procureure générale du pays et de reprendre la guerre à Gaza après près de deux mois de trêve ont relancé la contestation contre l’exécutif, accusé par l’opposition de dérive dictatoriale.
Stade ultime de l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme, la conférence de Jérusalem, réunie le 27 mars 2025, a scellé le pacte entre Israël et l’extrême droite européenne et américaine. Elle a également offert au président du Rassemblement national, Jordan Bardella, l’occasion de s’affirmer sur la scène internationale.
Les dirigeants européens prétendent être les champions de l’ordre international libéral que Donald Trump répudie. Mais ils s’alignent sur Trump pour soutenir la reprise de l’assaut meurtrier d’Israël contre les civil·es palestinien·nes.
Berlin’s immigration authorities are moving to deport four young foreign residents on allegations related to participation in protests against Israel’s war on Gaza, an unprecedented move that raises serious concerns over civil liberties in Germany.
Voir aussi Germany moves to deport four foreign residents for pro-Palestine activism (972mag.com)
The four slated for deportation have not been convicted of any crime but are alleged to have participated in protests against Israel’s assault on Gaza.
Fellows in the class of 2025 at the Nieman Foundation for Journalism have chosen +972 Magazine, an independent, nonprofit news organization run by a binational team of Palestinian and Israeli journalists, for this year’s Louis M. Lyons Award for Conscience and Integrity in Journalism. In making their selection, the Nieman Fellows recognized +972 Magazine — whose mission is to provide in-depth reporting “from the ground in Israel-Palestine” — for work that illuminates the complexity of life and politics in the region.
Long believed to be particularly associated with males, new research is revolutionising our understanding of autism
Ayaka Yoshida a reçu plus de 8 000 menaces de mort par mail après avoir partagé sur X sa réflexion sur l’absence de produits menstruels dans les toilettes publiques.
The need for women to be accompanied by a man in public is blocking access to healthcare and contributing to soaring mortality rates, say experts
Depuis mardi 2 avril, une affaire secoue la Belgique et provoque une vive indignation. Ruben Vanstiphout, étudiant en gynécologie âgé de 24 ans, a été reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle par le tribunal correctionnel de Louvain. Pourtant, il n’a écopé d’aucune condamnation, le tribunal invoquant sa « personnalité favorable »
Le médecin, également placé sous le statut de témoin assisté pour agression sexuelle, est sous contrôle judiciaire depuis le 28 mars. Il est mis en cause par trois femmes, qui dénoncent des faits survenus entre 2017 et 2023.
In the U.K., “Safe Spaces” in banks and pharmacies give domestic abuse victims a lifeline to seek support — and start again.
Mrs Webb, from Wythall in Worcestershire, joined operations at the Buckinghamshire base at the age of 18, later going on to help with Japanese codes at The Pentagon in the US. She was awarded France’s highest honour – the Légion d’Honneur – in 2021.
Moitié du célèbre duo qu’il composait avec sa femme Mariam Doumba, le musicien malien est mort vendredi 4 avril à 70 ans.
Après son suicide en juin 2023, Michel F. a légué l’entièreté de sa fortune de 1,4 million d’euros à Reconquête, selon « la Lettre ». L’ancien candidat du parti, Franck Chevrel, a également profité de cet héritage.
Outre celle de Marine Le Pen, 24 condamnations ont été prononcées ce lundi 31 mars au tribunal pour détournement de fonds publics, avec des peines allant de six mois à trois ans de prison.
Au lendemain des attaques portées contre l’institution judiciaire à l’occasion du jugement rendu le 31 mars 2025 par le tribunal judiciaire de Paris, le bureau de la CNCDH appelle les plus hautes autorités publiques à réagir.
Le meeting organisé ce dimanche à Paris parachève la régression du parti lepéniste vers un discours radical et antisystème.[…] c’est en s’imaginant citadelle assiégée que le Rassemblement national va sonner la riposte, ce dimanche 6 avril, après la lourde condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires.
Il n’y a pas si longtemps, le RN voulait rendre inéligible à vie les auteurs de détournement de fonds publics.
La chaîne de magasins discount a annoncé ce jeudi 3 avril vouloir réduire ses effectifs de 5 % et fermer onze de ses 570 magasins en France.[…] Outre la concurrence des magasins Action ou Maxibazar, ainsi que des plateformes internet comme le site chinois Temu, l’activité de Gifi a été mise à mal par un changement de système informatique courant 2023.
Mercredi 2 avril, peu avant minuit, l’Assemblée nationale a voté en faveur de la régulation des installations des médecins, mesure phare de la proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux.
Cinquante témoignages écrits, relatant des faits de violences commis entre 1962 et 1996 par les enseignants du collège catholique privé Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, ont été remis au parquet.
Si jusqu’à présent seul le Rassemblement national constituait une menace pour l’économie sociale et solidaire (ESS), le consensus républicain l’entourant semble s’éroder depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.
Sur l’étang de la Galiotte, à Carrières-sous-Poissy, des anciennes cabanes de pêcheurs présentes depuis 50 ans risquent de disparaître à la demande du département des Yvelines.
Alors que la foncière solidaire Terre de liens achète un nombre grandissant de fermes, des paysans et paysannes estiment avoir été abandonnés au cours de leur projet. Certain·es renoncent à leur installation.
Il suffit qu’une vache soit suspectée de tuberculose bovine pour que le troupeau entier, même s’il n’est pas malade, soit abattu. De la Normandie au Pays basque, des éleveureuses se rebellent face à un État suspecté de vouloir exporter à tout prix.
Depuis début 2025, l’île de La Réunion connaît une épidémie de grande ampleur. Le pic épidémique pourrait survenir en avril ou en mai.[…]la dernière grande épidémie de chikungunya à La Réunion remonte à vingt ans, c’était en 2005-2006.
Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un parcours du combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.
Confrontée au dérèglement du climat qui réchauffe ses pistes de ski, la station du Lac Blanc, dans le Haut-Rhin, va bénéficier de 788 000 euros attribués par la collectivité européenne d’Alsace, auxquels s’additionnent 159 000 euros fléchés par la communauté de communes de la vallée de Kaysersberg.
Le garant du débat public sur le projet d’EPR2 au Bugey (Ain) s’est alarmé du manque d’informations économiques fournies par EDF. Sa lettre a été retirée du site de la Commission nationale du débat public trois heures plus tard…
Dans le Lot, une formation de mécanique en non-mixité permet à des paysannes de maîtriser l’utilisation et l’entretien de tracteurs. Le véhicule reste un symbole très masculin de l’agriculture.
Les député·es ont adopté mardi une proposition de loi intégrant le non-consentement à la définition pénale du viol. Ce texte, transpartisan et soutenu par le gouvernement, divise les juristes et les associations féministes.
La commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences dans la culture a longuement entendu les professionnel·les des secteurs artistiques. Retour sur les témoignages poignants de plusieurs comédiennes à quelques jours des conclusions.
Le cinéaste est visé par la plainte d’une ex-employée, qui l’accuse de l’avoir « piégée dans sa chambre d’hôtel » lors du Festival de Cannes 2024.
L’ancien chroniqueur télé a décidé de sortir du silence via un communiqué à l’AFP, à quelques jours de la sortie d’un livre intitulé « Anatomie d’une prédation » où il sera, estime-t-il, « de fait décrit comme coupable ».
Depuis la condamnation de Le Pen fille, les députés RN crient à la manipulation politique. Au Poste a scruté leurs tweets et c’est gratiné. Pour eux, les juges n’ont qu’un but : « éliminer » leur cheffe. Coup d’État judiciaire ? Tyrannie des juges ? Bardella, Odoul, Tanguy et les autres embrasent X et poussent le renversement des valeurs comme jamais.
« Mains sales, tête basse ». C’est avec ces mots imprimés en gras et une photo de Marine Le Pen en noir et blanc, semblant avachie, que le journal L’Humanité représente en Une, ce mardi 1er avril, la « défaite » du Rassemblement national après la condamnation de sa cheffe de file à une inéligibilité immédiate pour cinq ans.
Le Premier ministre a plusieurs fois jugé injuste le sort judiciaire réservé à Marine Le Pen […] L’extrême droite dénonce un procès politique, quand la gauche prend acte d’une décision de justice, qui est « la même pour tous. » François Bayrou, lui, se dit « troublé. »
Après avoir pesé pour faire rouvrir la ligne aérienne lourdement déficitaire entre Pau et Orly, François Bayrou a appelé dans une lettre les acteurs économiques de l’agglomération de Pau à l’emprunter au maximum.
Saisi pour se prononcer sur la légalité du blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, le Conseil d’État précise aujourd’hui les conditions dans lesquelles le Premier ministre peut interrompre provisoirement l’accès à un réseau social. Il juge qu’en cas de circonstances exceptionnelles, une telle interruption peut être légale mais à trois conditions : qu’elle soit indispensable pour faire face à des événements d’une particulière gravité, qu’aucun moyen technique ne permette de prendre immédiatement des mesures alternatives moins attentatoires aux droits et libertés, et que l’interruption soit prise pour une durée limitée nécessaire à la recherche et la mise en place de ces mesures alternatives. En l’espèce, le Conseil d’État juge que la décision du Premier ministre d’interrompre l’accès à TikTok en Nouvelle-Calédonie en mai 2024 ne respectait pas l’ensemble de ces conditions.
Voir aussi Blocage de Tiktok en Nouvelle-Calédonie : le Conseil d’État se dérobe en faveur de l’arbitraire (laquadrature.net)
Le président américain et son vice-président, J. D. Vance, ont apporté leur soutien à la cheffe de file du RN, condamnée à une peine d’inéligibilité dont elle a fait appel.
Les députés ont voté, jeudi 3 avril, majoritairement en faveur d’une proposition de loi Horizons supprimant le recours aux alternatives à la prison en cas de courte peine (moins de six mois).
À la veille de la fin de la trêve hivernale, l’association pointe les graves conséquences sociales des expulsions locatives, démultipliées par l’inflation et les politiques répressives comme la loi anti-squat de 2023.
Un blog raciste et xénophobe a menacé l’élu en faisant référence à l’Aktion T4, programme d’extermination des handicapés sous le IIIe Reich. Le parlementaire a porté plainte pour « menace de mort » et « injures publiques ».
Depuis la condamnation de Marine Le Pen ce 31 mars 2025, émerge une demande de traitement particulier pour une responsable politique, du seul fait de sa notoriété ou de sa position dans les sondages d’opinion. Y faire droit, c’est porter atteinte à l’Etat de droit, à l’égalité de toutes et tous devant les lois, au profit de l’impunité des gouvernants.
« Inéligibilité à perpétuité », « Marine et les fachos au cachot » ou encore « Tolérance zéro pour les fachos », ont notamment scandé trois militantes très rapidement neutralisées et exfiltrées de la foule par le DPS, le service d’ordre du Rassemblement national.
Le 11 mars, la Cnil a donné son feu vert au projet Darwin EU qui prévoit un transfert massif d’informations de la Cnam vers le géant de la Tech domicilié aux Etats-Unis et sous la coupe des autorités américaines. Un collectif prépare un recours devant le Conseil d’Etat et appelle syndicats, associations et personnalités à le rejoindre.
En liberté conditionnelle après plus de quatre mois de prison, le militant antifasciste Rexhino Abazaj, dit « Gino », se livre à Politis avant l’audience décisive du 9 avril.
Après sept ans de bataille judiciaire, la famille Grataloup a rendez-vous ce jeudi 3 avril au tribunal de Vienne pour son procès contre Bayer-Monsanto, accusé d’être responsable des graves malformations de Théo, exposé in utero au glyphosate.
En Turquie, Serbie, Hongrie, à Gaza, des mouvements de contestation nous rappellent que la société civile n’est pas le reflet des aspirations de ses dirigeants autoritaires. Les média indés internationaux nous parlent de ces soulèvements.
L’Autorité de la concurrence française a annoncé ce lundi 31 mars lors d’une conférence de presse la condamnation de l’entreprise américaine dans le cadre du ciblage publicitaire sur ses appareils.
“Shame on you,” said Microsoft employee Ibtihal Aboussad, speaking directly to Microsoft AI CEO Mustafa Suleyman. “You are a war profiteer. Stop using AI for genocide. Stop using AI for genocide in our region. You have blood on your hands. All of Microsoft has blood on its hands. How dare you all celebrate when Microsoft is killing children. Shame on you all.”
“Shame on you all. You’re all hypocrites,” said Microsoft employee Vaniya Agrawal, as some in the crowd began to boo. “50,000 Palestinians in Gaza have been murdered with Microsoft technology. How dare you. Shame on all of you for celebrating on their blood. Cut ties with Israel.”
It’s time, internet. We need to have a talk about the terrible state of the cybersecurity jobs market.
Les décisions automatisées façonnent nos rapports au réel. Dans les champs du social, du privé au public, de la banque à la CAF, ils sont partout défaillants. D’abord, parce que les erreurs des calculs ne sont pas une responsabilité pour ceux qui produisent les calculs. Ensuite parce que les individus mal calculés voient leurs possibilités d’action réduites plutôt qu’élargies.
Le technofascisme n’est pas une résurgence du fascisme du XXe siècle, mais bien une « transformation structurelle dans la manière dont le pouvoir se constitue, circule et s’exerce », explique Gregory Chatonsky.
au fond, est-il bien raisonnable de rendre une société entière dépendante, pour sa survie, d’un objet qui repose sur l’activité de centaines de mines aux quatre coins du monde, qui franchit en moyenne 80 frontières avant d’atteindre le stade du produit final ? Le numérique est une technologie impériale. Que devient-il quand l’empire vole en éclats ?
C’est une forme de revanche de l’État de droit sur un certain style de vie politique qui fonctionnait à l’arrangement, à l’entre-soi pendant des décennies. […] On pense aussi – bien sûr – à l’affaire Nicolas Sarkozy, plus récemment. Nous assistons aujourd’hui à un retournement historique.
Europe frames migration as a crisis—but this masks the reality of its aging population and skills shortages
Le « délirium agité » est un diagnostic fabriqué de toutes pièces pour absoudre les officiers de police du meurtre d’hommes noirs et latinos placés sous leur responsabilité. Tout un réseau de médecins légistes, de forces de l’ordre et d’entreprises privées ont soutenu cette pseudo-science.
Elizebeth Smith Friedman est une cryptanalyste d’avant-garde qui a décodé des milliers de messages, elle a ainsi révélé les activités de gangsters américains, sauvé le Queen Mary et démantelé un réseau d’espionnage nazi. Portrait d’une héroïne de la Seconde Guerre Mondiale.
passé l’effet de sidération, quand on reprend un peu ses esprits et ses appuis : maintenant, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on peut faire, dans ce monde néolibéral qui va — droit dans ses bottes et droit dans le mur climatique, sous les vivas de l’extrême droite et du centre ?
Malgré les sécheresses, malgré les feux, l’équipe de Life Nieblas garde son enthousiasme. En captant l’eau du brouillard grâce à des filets, des milliers de chênes replantés grandissent bon an mal an dans le centre du Portugal.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
06.04.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 16 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
La traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles, mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. C’est-à-dire, une ubérisation.
Dans un passionnant article pour la revue Traduire, la traductrice indépendante Laura Hurot explique comment le secteur de la traduction a changé ces dernières années, sous la forme d’une ubérisation silencieuse.
Nombre d’agences de traduction imposent de travailler sur des plateformes dotées d’un système de chronométrage intégré qui évalue la productivité des traductrices et traducteurs. Mais cette accélération n’affecte pas seulement la phase traductionnelle : des agences recourent également à des systèmes de révision et de contrôle qualité en partie automatisés reposant sur des outils de catégorisation des erreurs. Ces changements conduisent à une accélération de la productivité et à une perte d’autonomie, des savoir-faire et du bien-être des traducteurs indépendants plateformisés. D’ailleurs, on ne parle plus de traduction, mais de post-édition, pour désigner une correction de traduction automatique, dont la conséquence première est de lisser les tarifs de traduction vers le bas.
Dans un article plus récent de la même revue, le collectif en chair et en os, qui défend une traduction humaine contre la généralisation des machines, souligne que dans l’édition, la traduction automatique touche d’abord certains genres littéraires dont la langue n’est pas plus facile à prendre en charge par la machine, mais des genres qui sont périphériques dans la hiérarchie culturelle et où la précarité est depuis longtemps plus forte (les secteurs de la romance, des livres pratiques, des livres pour les jeunes ou des sciences humaines sociales sont également des secteurs où les rémunérations sont moindres et les statuts plus précaires… et ils se sont précarisés avec la forte féminisation du secteur depuis les années 80). Et les auteurs de rappeler qu’“un outil développé puis déployé à des fins d’économie n’est pas qu’un outil : il est l’élément d’un système”. Et de rappeler que la traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. Pour les acteurs de la tech, traduire un texte consiste en effet à le transposer en miroir, dans une vision purement mathématique, en remplaçant simplement un mot par un autre mot, même si désormais ces agencements sont largement statistiques. Ce n’est pourtant pas si simple, surtout quand les textes sont complexes et les langues rares, comme le pointent les limites à l’utilisation croissante d’outils de traduction automatiques pour accomplir des tâches trop complexes pour eux, comme pour remplir des formulaires de demandes d’asiles sans maîtrise de la langue, conduisant à des erreurs multiples et aux rejets massives des demandes.
Il n’y a pas que la traduction depuis des langues rares qui se révèlent complexe, dans leur numéro de décembre, les Cahiers du Cinéma revenaient, à la suite d’une tribune de l’Association des traducteurs et adaptateurs de l’audiovisuel (Ataa), sur la perte de qualité des sous-titres des films, trop souvent réalisés automatiquement. Le problème n’est pas seulement économique et lié au fait que le sous-titrage ou le doublage viennent en bout de chaîne de la production, qui échappe souvent à la production, que de savoir à qui elle incombe : producteur, distributeur, diffuseur… Un conflit de responsabilité qui permet de justifier la perte de qualité. Le plus fascinant pourtant est de constater combien la traduction automatique échoue sur des phrases assez simples, même depuis l’anglais. Ainsi cet « How’s my room ? » traduit par « Comment va ma chambre ? » au lieu de « Où en est ma chambre ? », nous montrant toutes les limites de l’approche de la traduction statistique, qui se révèle bien moins performante qu’on ne le pense souvent.
L’observatoire de la traduction automatique rappelait récemment que sa tribune de 2023 demandant la transparence réelle des données d’entraînements de l’IA générative, la possibilité de refuser que le travail de traduction serve à l’entraînement des machines qui détruisent le métier, que les aides publiques soient exclusivement réservées aux créations humaines ou que les produits culturels créés avec de l’IA soient obligatoirement signalés… n’avait toujours reçu aucune réponse des autorités.
Signalons enfin que le 10e numéro de la revue Contrepoint, la revue du Conseil européen des associations de traducteurs littéraires, est entièrement consacré à la question de la traduction sous IA. Pour Damien Hansen, qui rappelle que la traduction automatique reste incapable de comprendre le texte, “le problème n’est pas tant l’outil en soi que le fait qu’on l’impose aux professionnels et qu’on l’emploie pour des raisons purement économiques”. Plutôt que de venir aider et soutenir le traducteur, la traduction automatique est produite pour le contraindre voire le faire disparaître. L’utilisation de l’IA comme outil de contrôle montre à nouveau que leur orientation vers des outils de contrainte plutôt que d’assistance, contrairement à ce qui nous est asséné, risque de devenir une limite forte à son développement.
Dans son article, Laura Hurot, rappelle, à la suite du livre du spécialiste de la cognition, Olivier Houdé, L’intelligence humaine n’est pas un algorithme (Odile Jacob, 2019), que la clé de l’intelligence réside certainement bien plus dans le ralentissement de la pensée plutôt que dans son accélération. À l’heure où la vitesse est une idole indétrônable, il faudrait pouvoir mieux mesurer ce qu’elle nous fait perdre.
MAJ du 26/01/2025 : Dans un passionnant article sur un secteur assez proche, le Monde revient sur les transformations du secteur du doublage et le péril imminent de l’IA. Le journal rappelle qu’aux Etats-Unis, la grève des acteurs et scénaristes de l’automne 2023 a négocié des contreparties financières en cas d’utilisation de leur image ou de leurs œuvres par une IA générative, mais pas pour le doublage vocal, qui est resté l’angle mort des négociations.
En France, les doubleurs s’inquiètent, explique l’association de défense de la profession, Les Voix. Les acteurs s’interrogent : « l’IA risque de dénaturer totalement l’énergie du jeu, née de la proximité de plusieurs comédiens dans une même pièce », lors du doublage. « Le risque économique lié à l’avènement de l’IA dans le doublage concerne directement 15 000 personnes dans l’Hexagone, dont 5 000 comédiens, le personnel de 110 studios de doublage, donc des ingénieurs du son, des assistants de production, ainsi que 2 500 auteurs-adaptateurs ». Les syndicats réclament des protections pour interdire l’utilisation du travail de doublage pour entraîner les systèmes. Mais, « pour l’heure, rien n’empêche les studios étrangers, notamment américains, de proposer des films doublés directement en français grâce à l’IA, en clonant, par exemple, les voix des acteurs américains ». L’article rappelle enfin que les protections juridiques existent… mais seront-elles suffisantes face aux contraintes économiques qu’imposent les studios ?
02.04.2025 à 10:42
Framalang
Mise à jour – 2 avril 16:20 : Remplacement du terme « merdification » par « emmerdification ».
Cory Doctorow, blogueur, journaliste et auteur de science-fiction canado-britannique bien connu chez les lecteur·ices assidu·es du Framablog, et étant notamment à l’origine du néologisme d’ « emmerdification » des espaces numériques, a récemment publié sur son blog une transcription d’une conférence qu’il donnait lors de la conférence Ursula Franklin ayant lieu au Innis College de l’Université de Toronto. Si l’auteur parle avant tout de son point de vue de canadien, son analyse de la situation et ses pistes de réflexion nous semblent mériter toute votre attention.
Notez enfin que l’auteur a aussi récemment été publié en français chez C&F Éditions avec l’ouvrage « Le rapt d’Internet ».
Cet article est une traduction de la publication de Cory Doctorow. Il est traduit et republié avec l’accord de l’auteur selon les termes de la licence CC BY 4.0. Cette traduction apporte un certain nombre d’illustrations et de liens non présents dans la version originale, afin de rendre la lecture plus agréable. Une vidéo de la conférence est également disponible.
Traduction Framalang : cwpute, retrodev, MO, Jums, spf, Booteille, tcit
Hier soir, je me suis rendu à Toronto pour pour l’évènement annuel de la Conférence Ursula Franklin, pour lequel j’ai donné un discours, au Innis College de l’Université de Toronto.
La conférence était intitulée « Un grand pouvoir n’a impliqué aucune responsabilité : comment l’emmerdification a conquis le XXIème siècle, et comment nous pouvons la renverser ». Il s’agit du dernier grand discours de ma série sur le sujet, qui avait commencé avec la conférence McLuhan de l’année dernière à Berlin.
Et qui s’était poursuivie pendant l’été avec une conférence introductive au Defcon.
Ce discours aborde spécifiquement les opportunités uniques de désemmerdification créées par le « désassemblage imprévu en plein-air » du système de libre-échange international par Trump. Les États-Unis ont utilisé des accords commerciaux pour forcer presque tous les pays du monde à adopter les lois sur la propriété intellectuelle qui rendent l’emmerdification possible, et peut-être même inévitable. Alors que Trump réduit en cendres ces accords commerciaux, le reste du monde a une opportunité sans précédent pour riposter à l’intimidation américaine en se débarrassant de ces lois et en produisant les outils, les appareils et les services qui peuvent protéger chaque utilisateur·ice de la Tech (étasunien·nes y compris) de se faire arnaquer par les grandes entreprises étasuniennes de la Tech.
Je suis très reconnaissant à l’idée de pouvoir donner cette conférence. J’ai été accueilli pour la journée par le Centre for Culture and Technology, fondé par Marshall McLuhan, et installé dans le relais de poste qu’il utilisait comme bureau. La conférence, elle, s’est déroulée dans le Innis College, nommé en hommage à Harold Innis, le Marshall McLuhan des penseurs et penseuses. De plus, j’ai eu pour enseignante la fille d’Innis, Anne Innis Dagg, une biologiste féministe, brillante et radicale, qui a quasiment inventé le domaine de giraffologie (l’étude des girafes fossiles, NDT).
Cependant, et avec tout le respect que j’ai pour Anne et son père, Ursula Franklin est la Harold Innis des penseur·euses. Une scientifique, activiste, et communicante brillante qui a dédié sa vie à l’idée que ce n’est pas tant ce que la technologie fait qui est important, mais plutôt à qui elle le fait et pour le bénéfice de qui.
Avoir l’opportunité de travailler depuis le bureau de McLuhan afin de présenter une conférence dans l’amphithéâtre d’Innis qui tient son nom de Franklin ? Ça me fait tout chaud à l’intérieur !Voici le texte de la conférence, légèrement modifié.
Je sais que la conférence de ce soir est sensée porter sur la dégradation des plateformes tech, mais j’aimerais commencer par parler des infirmières.
Un rapport de janvier 2025, provenant du Groundwork Collective, documente comment les infirmières sont de plus en plus recrutées par des applis de mise en relation — « le Uber des infirmières » — ce qui fait qu’elles ne savent jamais d’un jour sur l’autre si elles vont pouvoir travailler et combien elles seront payées.
Il y a quelque chose de high-tech qui se trame ici vis-à-vis du salaire des infirmières. Ces applis pour infirmières — un cartel de trois entreprises : Shiftkey, Shiftmed et Carerev — peuvent jouer comme elles l’entendent avec le prix de la main d’œuvre.
Avant que Shiftkey ne fasse une offre d’emploi à une infirmière, l’entreprise achète l’historique d’endettement de sa carte de crédit via un courtier en données. Plus spécifiquement, elle paie pour savoir combien l’infirmière a de dettes sur sa carte de crédit, et s’il y a un retard de remboursement.
Plus la situation financière de l’infirmière est désespérée, plus le salaire qu’on lui proposera sera bas. Parce que plus vous êtes désespérée, moins ça coûtera de vous faire venir travailler comme un âne à soigner les malades, les personnes âgées et les mourant·es.
Bon, il y a plein de choses qui se passent dans cette histoire, et elles sont toutes terrifiantes. Plus encore, elles sont emblématiques de l’ « emmerdification » (« enshittification » en anglais), ce mot que j’ai forgé pour décrire la dégradation des plateformes en ligne.
Quand j’ai commencé à écrire sur le sujet, je me focalisais sur les symptômes externes de l’emmerdification, un processus en trois étapes :
D’abord, la plateforme est bénéfique pour ses usager·es, tout en trouvant un moyen de les enfermer.
Comme Google, qui limitait les pubs et maximisait les dépenses en ingénierie du moteur de recherche, tout en achetant leur position dominante, en offrant à chaque service ou produit qui avait une barre de recherche de la transformer en barre de recherche Google.
Ainsi, peu importe le navigateur, le système d’exploitation mobile, le fournisseur d’accès que vous utilisiez, vous feriez toujours des recherches Google. C’était devenu tellement délirant qu’au début des années 2020, Google dépensait tous les 18 mois assez d’argent pour acheter Twitter tout entier, juste pour s’assurer que personne n’essaie un autre moteur de recherche que le sien.
C’est la première étape : être bon envers les utilisateur·ices, enfermer les utilisateur·ices.
La deuxième étape c’est lorsque la plateforme commence à abuser des utilisateur·ices pour attirer et enrichir ses client·es professionnel·les. Pour Google, il s’agit des annonceur·euses et des éditeur·ices web. Une part toujours plus importante des pages de résultats Google est consacrée aux annonces, qui sont signalées par des libellés toujours plus subtils, toujours plus petits et toujours plus gris. Google utilise ses données de surveillance commerciales pour cibler les annonces qui nous sont adressées.
Donc voilà la deuxième étape : les choses empirent pour les utilisateur·ices et s’améliorent pour les client·es professionnel·les.
Mais ces client·es professionnel·les sont également fait·es prisonnier·ères de la plateforme, dépendant·es de ces client·es. Dès lors que les entreprises tirent au moins 10 % de leurs revenus de Google, quitter Google devient un risque existentiel. On parle beaucoup du pouvoir de « monopole » de Google, qui découle de sa domination en tant que vendeur. Mais Google est aussi un monopsone, un acheteur puissant.
Ainsi, vous avez maintenant Google qui agit comme un monopoliste vis-à-vis de ses utilisateur·ices (première étape) et comme un monopsoniste vis-à-vis de ses client·es professionnel·les (deuxième étape), puis vient la troisième étape : Google récupère toute la valeur de la plateforme, à l’exception d’un résidu homéopathique calculé pour garder les utilisateur·ices prisonnier·ères de la plateforme, et les client·es professionnel·es enchaîné·es à ces utilisateur·ices.
Google se merdifie.
En 2019, Google a connu un tournant décisif. Son activité de recherche avait cru autant que possible. Plus de 90 % d’entre-nous utilisaient Google pour leur recherches, et nous l’utilisions pour absolument tout. Chaque pensée ou vaine question qui nous venait en tête, nous la tapions dans Google.
Comment Google pouvait-il encore grandir ? Il n’y avait plus d’autre utilisateur·ice pour adopter Google. On allait pas se mettre à chercher plus de choses. Que pouvait faire Google ?
Eh bien, grâce à des mémos internes publiés dans le cadre du procès anti-trust de l’année dernière contre Google, nous savons ce qu’ils ont fait. Ils ont dégradé la recherche. Ils ont réduit la précision du système, de sorte que vous ayez à faire deux recherches ou plus afin de trouver votre réponse, doublant ainsi le nombre de requêtes et doublant la quantité de publicités.
Pendant ce temps, Google a conclu un accord secret et illégal avec Facebook, nom de code Jedi Blue, pour truquer le marché de la publicité, en fixant les prix de manière à ce que les annonceur·euses paient plus et que les éditeur·ices gagnent moins.
Et c’est ainsi que nous arrivons au Google merdifié d’aujourd’hui, où chaque requête renvoie une bouillie générée par IA, au dessus de cinq résultats payants signalés par le mot SPONSORISÉ écrit en gris police 8pt sur fond blanc, eux-même, placés au dessus de dix liens remplis de spam qui renvoient vers des sites SEO (Search Engine Optimization, des sites conçus pour être affichés dans les premiers résultats de Google, NDT) produits à la pelle et remplis d’encore plus de bouillie générée par IA.
Et pourtant, nous continuons d’utiliser Google, parce que nous y sommes enfermé·es. C’est l’emmerdification, vue de l’extérieur. Une entreprise qui est bénéfique pour ses utilisateur·ices, tout en les enfermant. Puis les choses empirent pour les utilisateur·ices, de manière à ce qu’elles s’améliorent pour les client·es professionnel·les, tout en enfermant ces dernier·ères. Puis elle récupère toute la valeur pour elle-même et se transforme en un énorme tas de merde.
L’emmerdification, une tragédie en trois actes.
J’ai commencé en me concentrant sur les signes extérieurs de l’emmerdification, mais je pense qu’il est temps de commencer à réfléchir à ce qu’il se passe à l’intérieur des entreprises qui rendent cette emmerdification possible.
Quel est le mécanisme technique de l’emmerdification ? J’appelle cela le bidouillage (« twiddling »). Les merveilleux ordinateurs qui les font tourner lèguent aux entreprises du numérique leur infinie flexibilité. Cela veut dire que les entreprises peuvent bidouiller les commandes qui contrôlent les aspects les plus fondamentaux de leur activité. Chaque fois que vous interagissez avec une entreprise, tout est différent : les prix, les coûts, l’ordre des résultats, les recommandations.
Ce qui me ramène à nos infirmières. Vous vous rappelez de l’arnaque, celle où vous consultez le degré d’endettement de l’infirmière pour réduire en temps réel le salaire que vous lui offrez ? Ça c’est du bidouillage. C’est quelque chose qu’on ne peut faire qu’avec un ordinateur. Les patrons qui le font ne sont pas plus malfaisants que les patrons d’antan, ils ont juste de meilleurs outils.
Notez que ce ne sont même pas des patrons de la Tech. Ce sont des patrons de la santé, qui se trouvent disposer des outils de la Tech.
La numérisation — tisser des réseaux informatiques à l’intérieur d’une entreprise ou d’un domaine d’activité — rend possible ce genre de bidouillage qui permet aux entreprises de déplacer la valeur depuis les utilisateur·ices vers les client·es professionnel·les, puis des client·es professionnel·les vers les utilisateur·ices, et enfin, inévitablement, vers elles-mêmes.
Et la numérisation est en cours dans tous les domaines — dont celui des infirmières. Ce qui signifie que l’emmerdification est en cours dans tous les domaines — dont celui des infirmières.
La juriste Veena Dubal a inventé un terme pour décrire le bidouillage qui comprime le salaire des infirmières endettées. Ça s’appelle la « Discrimination Salariale Algorithmique » (Algorithmic Wage Discrimination), et cela fait suite à l’économie à la tâche.
L’économie à la tâche est un lieu central de l’emmerdification, et c’est la déchirure la plus importante dans la membrane séparant le monde virtuel du monde réel. Le boulot à la tâche, c’est là où votre patron de merde est une application de merde, et où vous n’avez même pas le droit de vous considérer comme un employé·e.
Uber a inventé cette astuce. Les chauffeurs et chauffeuses qui font les difficiles pour choisir les contrats que l’appli leur affiche commencent par recevoir des offres avec de meilleurs paies. Mais si iels succombent à la tentation et prennent l’une de ces options mieux payées, alors les paies commencent à nouveau à réduire, à intervalles aléatoires, petit à petit, imaginés pour être en dessous du seuil de perception humain. Évitant de cuire la grenouille pour seulement la pocher, l’entreprise attend que lae chauffeur·euse Uber se soit endetté·e pour acheter une nouvelle voiture et ait abandonné tout boulot annexe qui lui permettait alors de choisir les meilleures contrats. Et c’est ainsi que leurs revenus diminuent, diminuent, diminuent.
Le bidouillage est une astuce grossière faite à la va-vite. N’importe quelle tâche assez simple mais chronophage est une candidate idéale à l’automatisation, et ce genre de vol de revenus serait insupportablement pénible, fastidieux et coûteux à effectuer manuellement. Aucun entrepôt du XIXème siècle rempli de bonhommes à visière vertes penchés sur des livres de compte ne pourrait faire ça. La numérisation est nécessaire.
Bidouiller le salaire horaire des infirmières est un exemple parfait du rôle de la numérisation dans l’emmerdification. Parce que ce genre de choses n’est pas seulement mauvais pour les infirmières, c’est aussi mauvais pour les patient·es. Pensons-nous vraiment que payer les infirmières en fonction de leur degré de désespoir, avec un taux calculé pour accroître ce niveau de désespoir, et donc décroître le salaire pour lequel elles vont sans doute travailler, aura pour conséquence de meilleurs soins ?
Voulez-vous que votre cathéter soit posé par une infirmière nourrie par les Restos du Cœur, qui a conduit un Uber jusqu’à minuit la nuit dernière, et qui a sauté le petit déjeuner ce matin pour pouvoir payer son loyer ?
Voilà pourquoi il est si naïf de dire « si c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit ». « Si c’est gratuit » attribue aux services financés par la publicité un pouvoir magique : celui de contourner nos facultés critiques en nous surveillant, et en exploitant les dossiers qui en résultent pour localiser nos angle-morts mentaux, et en les transformant en armes pour nous faire acheter tout ce qu’un publicitaire vend.
Avec cette expression, nous nous rendons complices de notre propre exploitation. En choisissant d’utiliser des services « gratuits », nous invitons les capitalistes de la surveillance à notre propre exploitation, ceux-là même qui ont développé un rayon-laser de contrôle mental alimenté par les données de surveillance que nous fournissons volontairement en choisissant des services financés par la publicité.
La morale, c’est que si nous revenions à simplement payer pour avoir des choses, plutôt que de demander leur gratuité de manière irréaliste, nous rendrions au capitalisme son état fonctionnel de non-surveillance, et les entreprises recommenceraient à mieux s’occuper de nous, car nous serions les client·es, et non plus les produits.
C’est pour cette raison que l’hypothèse du capitalisme de surveillance élève les entreprises comme Apple au rang d’alternatives vertueuses. Puisqu’Apple nous fait payer avec de l’argent, plutôt qu’avec notre attention, elle peut se concentrer sur la création de services de qualité, plutôt que de nous exploiter.
Si on regarde de façon superficielle, il y a une logique plausible à tout cela. Après, tout, en 2022, Apple a mis à jour son système d’exploitation iOS, qui tourne sur les iPhones et autres appareils mobiles, ajoutant une case à cocher qui vous permet de refuser la surveillance par des tiers, notamment Facebook.
96 % des client·es d’Apple ont coché cette case. Les autres 4 % étaient probablement ivres, ou des employé·es de Facebook, ou des employé·es de Facebook ivres. Ce qui est logique car, si je travaillais pour Facebook, je serais ivre en permanence.
Il semble donc, à première vue, qu’Apple ne traite pas ses client·es comme un « produit ». Mais, en même temps que cette mesure de protection de la vie privée, Apple activait secrètement son propre système de surveillance pour les propriétaires d’iPhone, qui allait les espionner de la même manière que Facebook l’avait fait, et exactement dans le même but : vous envoyer des publicités ciblées en fonction des lieux que vous avez visités, des choses que vous avez recherchées, des communications que vous avez eues, des liens sur lesquels vous avez cliqué. Apple n’a pas demandé la permission à ses client·es pour les espionner. Elle ne leur a pas permis de refuser cette surveillance. Elle ne leur en a même pas parlé et, quand elle a été prise la main dans le sac, Apple a menti.
Il va sans dire que le rectangle à distractions à 1000 dollars d’Apple, celui-la même qui est dans votre poche, c’est bien vous qui l’avez payé. Le fait que vous l’ayez payé n’empêche pas Apple de vous traiter comme un produit. Apple traite aussi ses client·es professionnel·les — les vendeur·euses d’applications — comme un produit, en leur extorquant 30 centimes sur chaque dollar qu’ils gagnent, avec des frais de paiement obligatoires qui sont 1000 % plus élevés que les normes dans le domaine, déjà exorbitantes. Apple traite ses utilisateur·ices — les gens qui déboursent une brique pour un téléphone — comme un produit, tout en les espionnant pour leur envoyer des publicités ciblées.
Apple traite tout le monde comme un produit.
Voilà ce qu’il se passe avec nos infirmière à la tâche : les infirmières sont le produit. Les patient·es sont le produit. Les hôpitaux sont le produit. Dans l’emmerdification, « le produit » est chaque personne qui peut être productifiée.
Un traitement juste et digne n’est pas quelque chose que vous recevez comme une récompense de fidélité client, pour avoir dépensé votre argent plutôt que votre attention. Comment recevoir un traitement juste et digne alors ? Je vais y venir, mais restons encore un instant avec nos infirmières.
Les infirmières sont le produit et elles sont bidouillées, parce qu’elles ont été enrôlées dans l’industrie de la Tech, via la numérisation de leur propre industrie.
Il est tentant de rejeter la faute sur la numérisation. Mais les entreprises de la Tech ne sont pas nées merdifiées. Elles ont passé des années — des décennies — à concevoir des produits plaisants. Si vous êtes assez vieille ou vieux pour vous souvenir du lancement de Google, vous vous souviendrez que, au départ, Google était magique.
Vous auriez pu interroger Ask Jeeves pendant un million d’années, vous auriez pu remplir Altavista avec dix trilliards d’opérateurs booléens visant à éliminer les résultats médiocres, sans jamais aboutir à des réponses aussi nettes et utiles que celles que vous auriez obtenues avec quelques mots vaguement descriptifs dans une barre de recherche Google.
Il y a une raison pour laquelle nous sommes tous passé·es à Google, pour laquelle autant d’entre nous ont acheté des iPhones, pour laquelle nous avons rejoint nos amis sur Facebook : tous ces services étaient nativement numériques, ils auraient pu se merdifier à tout moment, mais ils ne l’ont pas fait — jusqu’à ce qu’ils le fassent, et ils l’ont tous fait en même temps.
Si vous étiez une infirmière, que tous les patient·es qui se présentent aux urgences en titubant présentent les mêmes horribles symptômes, vous appelleriez le ministère de la Santé pour signaler la potentielle apparition d’un nouvelle et dangereuse épidémie.
Ursula Franklin soutenait que les conséquences de la technologie n’étaient pas prédestinés. Elles sont le résultat de choix délibérés. J’aime beaucoup cette analyse, c’est une manière très science-fictionnesque de penser la technologie. La bonne science-fiction ne porte pas seulement sur ce que la technologie fait, mais pour qui elle le fait, et à qui elle le fait.
Ces facteurs sociaux sont bien plus importants que les seules spécifications techniques d’un gadget. Ils incarnent la différence entre un système qui vous prévient lorsqu’en voiture vous commencez à dévier de votre route et qu’un système informe votre assurance que vous avez failli dévier de votre route, pour qu’ils puissent ajouter 10 dollars à votre tarif mensuel.
Ils incarnent la différence entre un correcteur orthographique qui vous informe que vous avez fait une erreur et un patrongiciel qui permet à votre chef d’utiliser le nombre de vos erreurs pour justifier qu’il vous refuse une prime.
Ils incarnent la différence entre une application qui se souvient où vous avez garé votre voiture et une application qui utilise la localisation de votre voiture comme critère pour vous inclure dans un mandat de recherche des identités de toutes les personnes situées à proximité d’une manifestation contre le gouvernement.
Je crois que l’emmerdification est causée par des changements non pas des technologies, mais de l’environnement réglementaire. Ce sont des modifications des règles du jeu, initiées de mémoire d’humain·e, par des intervenants identifiés, qui étaient déjà informés des probables conséquences de leurs actions, qui sont aujourd’hui riches et respectés, ne subissant aucune conséquence ou responsabilité pour leur rôle dans l’avènement du merdicène. Ils se pavanent en haute société, sans jamais se demander s’ils finiront au bout d’une pique.
En d’autres termes, je pense que nous avons créé un environnement criminogène, un parfait bouillon de culture des pratiques les plus pathogènes de notre société, qui se sont ainsi multipliées, dominant la prise de décision de nos entreprises et de nos États, conduisant à une vaste emmerdification de tout.
Et je pense qu’il y a quelques bonnes nouvelles à tirer de tout ça, car si l’emmerdification n’est pas causée par un nouveau genre de méchantes personnes, ou par de grandes forces de l’histoire joignant leur poids pour tout transformer en merde, mais est plutôt causée par des choix de réglementation spécifiques, alors nous pouvons revenir sur ces règles, en produire de meilleures et nous extraire du merdicène, pour reléguer cet internet merdifié aux rebuts de l’histoire, simple état transitoire entre le bon vieil internet et un bon internet tout neuf.
Je ne vais pas parler d’IA aujourd’hui, parce que, mon dieu, l’IA est un sujet tellement ennuyeux et tellement surfait. Mais je vais utiliser une métaphore qui parle d’IA, pour parler de l’entreprise à responsabilité limitée, qui est une sorte d’organisme colonisateur immoral et artificiel, au sein duquel les humain·es jouent le rôle d’une sorte de flore intestinale. Mon collègue Charlie Stoss nomme ces sociétés des « IA lentes ».
Vous avez donc ces IA lentes, dont les boyaux grouillent de gens, et l’impératif de l’IA, le trombone qu’elle cherche à optimiser, c’est le profit. Pour maximiser les profits, facturez aussi cher que vous le souhaitez, payez vos travailleur·euses et vos fournisseur·euses aussi peu que vous le pouvez, dépensez aussi peu que possible pour la sécurité et la qualité.
Chaque dollar que vous ne dépensez pas pour les fournisseur·euses, les travailleur·euses, la qualité ou la sécurité est un dollar qui peut revenir aux cadres et aux actionnaires. Il y a donc un modèle simple d’entreprise qui pourrait maximiser ses profits en facturant un montant infini de dollars, en ne payant rien à ses travailleur·euses et à ses fournisseur·euses, et en ignorant les questions de qualité et de sécurité.
Cependant, cette entreprise ne gagnerait pas du tout d’argent, pour la très simple raison que personne ne voudrait acheter ce qu’elle produit, personne ne voudrait travailler pour elle ou lui fournir des matériaux. Ces contraintes agissent comme des forces punitives disciplinaires, qui atténuent la tendance de l’IA à facturer à l’infini et ne rien payer.
Dans la Tech, on trouve quatre de ces contraintes, des sources de discipline anti-emmerdificatoires qui améliorent les produits et les services, rémunèrent mieux les travailleur·euses et empêchent les cadres et des actionnaires d’accroître leur richesse au détriment des client·es, des fournisseur·euses et des travailleur·euses.
La première de ces contraintes, c’est le marché. Toutes choses égales par ailleurs, une entreprise qui facture davantage et produit moins perdra des client·es au profit d’entreprises qui sont plus généreuses dans leur partage de la valeur avec les travailleur·euses, les client·es et les fournisseur·euses.
C’est la base de la théorie capitaliste, et le fondement idéologique de la loi sur la concurrence, que nos cousins étasuniens nomment « loi anti-trust ».
En 1890, le Sherman Act a été première loi anti-trust, que le sénateur John Sherman, son rapporteur, défendit devant le Sénat en disant :
Si nous refusons de subir le pouvoir d’un roi sur la politique, nous ne devrions pas le subir sur la production, les transports, ou la vente des produits nécessaires à la vie. Si nous ne nous soumettons pas à un empereur, nous ne devrions pas nous soumettre à un autocrate du commerce disposant du pouvoir d’empêcher la concurrence et de fixer les prix de tous les biens.
Le sénateur Sherman faisait écho à l’indignation du mouvement anti-monopoliste de l’époque, quand des propriétaires de sociétés monopolistiques jouaient le rôle de dictateurs, ayant le pouvoir de décision sur qui pouvait travailler, qui mourait de faim, ce qui pourrait être vendu et à quel prix.
En l’absence de concurrence, ils étaient trop gros pour échouer, trop gros pour être emprisonnés, et trop gros pour s’en préoccuper. Comme Lily Tomlin disait dans ses publicités parodiques pour AT&T dans l’émission Saturday Night Live : « Nous n’en avons rien à faire. Nous n’en avons pas besoin. Nous sommes l’entreprise de téléphone. »
Qu’est-il donc arrivé à la force disciplinaire de la concurrence ? Nous l’avons tuée. Depuis une quarantaine d’années, la vision reaganienne des économistes de l’École de Chicago a transformé l’anti-trust. Ils ont rejeté l’idée de John Sherman selon laquelle nous devrions maintenir la concurrence entre les entreprises pour empêcher l’émergence d’« autocrates du commerce », et installé l’idée que les monopoles sont efficaces.
En d’autres termes, si Google possède 90 % des parts de marché, ce qui est le cas, alors on se doit d’inférer que Google est le meilleur moteur de recherche au monde, et le meilleur moteur de recherche possible. La seule raison pour laquelle un meilleur moteur de recherche n’a pas pu se démarquer est que Google est tellement compétent, tellement efficace, qu’il n’y a aucun moyen concevable de l’améliorer.
On peut aussi dire que Google est le meilleur parce qu’il a le monopole, et on peut dire que le monopole est juste puisque Google est le meilleur.
Il y a 40 ans, donc, les États-Unis — et ses partenaires commerciaux majeurs — ont adopté une politique de concurrence commerciale explicitement pro-monopole.
Vous serez content·es d’apprendre que ce n’est pas ce qui s’est passé au Canada. Le Représentant du Commerce étasunien n’est pas venu ici pour nous forcer à bâillonner nos lois sur la compétitivité. Mais ne faites pas trop les fier·es ! Ce n’est pas arrivé pour la simple raison qu’il n’y en avait pas besoin. Parce que le Canada n’a pas de loi sur la concurrence qui mérite cette appellation, et n’en a jamais eue.
Au cours de toute son histoire, le Bureau de la Concurrence (« Competition Bureau ») a contesté trois fusions d’entreprise, et a empêché exactement zéro fusion, ce qui explique comment nous nous sommes retrouvés avec un pays qui doit tout aux ploutocrates les plus médiocres qu’on puisse imaginer comme les Irving, les Weston, les Stronach, les McCain et les Rogers.
La seule raison qui explique comment ces prodiges sans vergogne ont été capables de conquérir ce pays est que les étasuniens avaient boosté leurs monopolistes avant qu’il ne soient capables de conquérir les États-Unis et de porter leur attention sur nous. Mais il y a 40 ans, le reste du monde adoptait le « standard de bien-être du consommateur » pro-monopole de la Chicago School (Consumer Welfare Standard, CWS), et on s’est retrouvé·es avec… des monopoles. Des monopoles en pharmaceutique, sur le marché de la bière, celui des bouteilles de verre, des Vitamine C, des chaussures de sport, des microprocesseurs, des voitures, des lunettes de vue, et, bien sûr, celui du catch professionnel.
Souvenez-vous : ces politiques spécifiques ont été adoptées de mémoire d’humain·e, par des individus identifiables, qui ont été informés, qui sont devenus riches, et n’en ont jamais subi les conséquences. Les économistes qui ont conçu ces politiques sont encore dans le coin aujourd’hui, en train de polir leurs faux prix Nobel, de donner des cours dans des écoles d’élite, de se faire des millions en expertise-conseil pour des entreprise de premier ordre. Quand on les interroge sur le naufrage que leurs politiques ont provoqué, ils clament leur innocence, affirmant — sans ciller — qu’il n’y a aucune manière de prouver l’influence des politiques pro-monopole dans l’avènement des monopoles.
C’est comme si on avait l’habitude d’utiliser de la mort-au-rat sans avoir de problème de rats. Donc ces gens nous demandent d’arrêter, et maintenant les rats nous dévorent le visage. Alors ils prennent leurs grands yeux innocents et disent : « Comment pouvez-vous être sûrs que notre politique contre la mort-au-rat et l’invasion globale de rats soient liées ? C’est peut-être simplement l’Ère des Rats ! Peut-être que les tâches solaires ont rendu les rats plus féconds qu’à d’autres moments de l’histoire ! Ils ont acheté les usines de mort-au-rat puis les ont fermé, et alors quoi ? Fermer ces usines après qu’on ait décidé d’arrêter d’utiliser de la mort-au-rat est une décision rationnelle et Pareto-optimale. »
Les marchés ne punissent pas les entreprises de la Tech parce qu’elles ne font pas de concurrence avec leurs rivaux, elles les achètent. C’est une citation, de Mark Zuckerberg :
Il vaut mieux acheter que d’entrer en concurrence.
C’est pour cela que Mark Zuckerberg a acheté Instagram pour un milliard de dollars, même si l’entreprise n’avait que 12 salarié·es et 25 millions d’utilisateur·ices. Comme il l’écrivait à son Directeur Financier dans un e-mail nocturne particulièrement mal avisé, il était obligé d’acheter Instagram, parce que les utilisateur·ices de Facebook étaient en train de quitter Facebook pour Instagram. En achetant Instagram, Zuck s’assurait que quiconque quitterait Facebook — la plateforme — serait toujours prisonnier·ère de Facebook — l’entreprise.
Malgré le fait que Zuckerberg ait posé sa confession par écrit, l’administration Obama l’a laissé entreprendre cette fusion, parce que tous les gouvernement, de tous les bords politiques, et ce depuis 40 ans, ont pris comme position de croire que les monopoles sont performants.
Maintenant, pensez à notre infirmière bidouillée et paupérisée. Les hôpitaux font partie des secteurs les plus consolidés des États-Unis. D’abord, on a dérégularisé les fusions du secteur pharmaceutique, les entreprises pharmaceutiques se sont entre-absorbées à la vitesse de l’éclair, et elles ont gonflé les prix des médicaments. Alors les hôpitaux ont eux aussi fusionné vers le monopole, une manœuvre défensive qui a laissé une seule chaîne d’hôpitaux s’accaparer la majorité d’une région ou d’une ville et dire aux entreprises pharmaceutiques : « Soit vous baissez le prix de vos produits, soit vous ne pouvez plus les vendre à aucun de nos hôpitaux ».
Bien sûr, une fois cette mission accomplie, les hôpitaux ont commencé à arnaquer les assureurs, qui mettaient en scène leur propre orgie incestueuse, achetant et fusionnant jusqu’à ce que les étasunien·nes n’aient plus le choix qu’entre deux ou trois assurances. Ça a permis aux assureurs de riposter contre les hôpitaux, en laissant les patient·es et les travailleur·es de la santé sans défense contre le pouvoir consolidé des hôpitaux, des entreprises pharmaceutiques, des gestionnaire de profits pharmacologiques, des centrales d’achats, et des autres cartels de l’industrie de la santé, duopoles et monopoles.
Ce qui explique pourquoi les infirmières signent pour travailler dans des hôpitaux qui utilisent ces effroyables applis, remplaçant des douzaines d’agences de recrutement qui entraient auparavant en compétition pour l’emploi des infirmières.
Pendant ce temps, du côté des patient·es, la concurrence n’a jamais eu d’effet disciplinaire. Personne n’a jamais fait de shopping à la recherche d’une ambulance moins chère ou d’un meilleur service d’urgences alors qu’iel avait une crise cardiaque. Le prix que les gens sont prêts à payer pour ne pas mourir est « tout ce que j’ai ».
Donc, vous avez ce secteur qui n’a au départ aucune raison de devenir une entreprise commerciale, qui perd le peu de restrictions qu’elle subissait par la concurrence, pavant le chemin pour l’emmerdification.
Mais j’ai dit qu’il y avait 4 forces qui restreignaient les entreprises. La deuxième de ces forces, c’est la régulation, la discipline imposée par les états.
C’est une erreur de voir la discipline du marché et la discipline de l’État comme deux champs isolés. Elles sont intimement connectées. Parce que la concurrence est une condition nécessaire pour une régulation effective.
Laissez-moi vous l’expliquer en des termes que même les libertariens les plus idéologiques peuvent comprendre. Imaginons que vous pensiez qu’il n’existe précisément qu’une seule régulation à faire respecter par l’État : honorer les contrats. Pour que le gouvernement puisse servir d’arbitre sur le terrain, il doit avoir le pouvoir d’inciter les joueurs à honorer leurs contrats. Ce qui veut dire que le plus petit gouvernement que vous pouvez avoir est déterminé par la plus grande entreprise que vous voulez bien tolérer.
Alors même si vous êtes le genre de libertarien complètement gaga de Musk et qui ne peut plus ouvrir son exemplaire de La Grève tellement sont toutes collées entre elles, qui trépigne à l’idée d’un marché du rein humain, et demande le droit de se vendre en esclavage, vous devriez quand même vouloir un robuste régime anti-monopole, pour que ces contrats puissent être honorés. Quand un secteur se cartelise, quand il s’effondre et se transforme en oligarchie, quand internet devient « cinq sites internet géants, chacun d’eux remplit des d’écran des quatre autres », alors celui-ci capture ses régulateurs.
Après tout, un secteur qui comporte 100 entreprises en compétition est une meute de criminels, qui se sautent à la gorge les uns les autres. Elles ne peuvent pas se mettre d’accord sur quoi que ce soit, et surtout pas sur la façon de faire du lobbying.
Tandis qu’un secteur de 5 entreprises — ou 4 — ou 3 — ou 2 — ou une — est un cartel, un trafic organisé, une conspiration en devenir. Un secteur qui s’est peu à peu réduit en une poignée d’entreprises peut se mettre d’accord sur une position de lobbying commune.
Et plus encore, elles sont tellement isolées de toute « concurrence inefficace » qu’elles débordent d’argent, qu’elles peuvent mobiliser pour transformer leurs préférences régulatoires en régulations. En d’autres termes, elles capturent leurs régulateurs.
La « capture réglementaire » peut sembler abstraite et compliquée, aussi laissez-moi vous l’expliquer avec des exemples concrets. Au Royaume-Uni, le régulateur anti-trust est appelé l’Autorité des Marchés et de la Concurrence (« Competition and Markets Authority », abbrégé CMA), dirigé — jusqu’à récemment — par Marcus Bokkerink. Le CMA fait partie des enquêteurs et des régulateurs les plus efficaces du monde contre les conneries de la Big Tech.
Le mois dernier (le 21 janvier 2025, NDT), le Premier ministre britannique Keir Starmer a viré Bokkerink et l’a remplacé par Doug Gurr, l’ancien président d’Amazon UK. Hey Starmer, on a le poulailler au téléphone, ils veulent faire entrer le renard.
Mais revenons à nos infirmières : il y a une multitude d’exemples de capture réglementaire qui se cachent dans cette situation, mais je vais vous sélectionner le plus flagrant d’entre eux, le fait qu’il existe des courtiers en données qui vous revendront les informations d’étasunien·nes lambda concernant leurs dettes sur carte de crédit.
C’est parce que le congrès étasunien n’a pas passé de nouvelle loi sur la vie privée des consommateur·ices depuis 1988, quand Ronald Reagan a signé la loi appelée « Video Privacy Protection Act » ( Loi de Protection de la Vie Privée relative aux Vidéos) qui empêche les vendeur·euses de cassettes vidéo de dire aux journaux quelles cassettes vous avez emmenées chez vous. Que le congrès n’ait pas remis à jour les protections de la vie privée des étasunien·nes depuis que Die Hard est sorti au cinéma n’est pas une coïncidence ou un oubli. C’est l’inaction payée au prix fort par une industrie irrespectueuse de la vie privée, fortement concentrée — et donc follement profitable — et qui a monétisé l’abus des droits humains à une échelle inconcevable.
La coalition favorable à maintenir gelées les lois sur la vie privée depuis la dernière saison de Hôpital St Elsewhere continue de grandir, parce qu’il existe une infinité de façons de transformer l’invasion systématique de nos droits humains en argent. Il y a un lien direct entre ce phénomène et les infirmières dont le salaire baisse lorsqu’elles ne peuvent pas payer leurs factures de carte de crédit.
Donc la concurrence est morte, la régulation est morte, et les entreprises ne sont punies ni par la discipline du marché, ni par celle de l’état. Mais il y a bien quatre forces capables de discipliner les entreprises, de contribuer à l’environnement hostile pour la reproduction des monstres merdifiants et sociopathes.
Alors parlons des deux autres forces. La première est l’interopérabilité, le principe selon lequel deux ou plusieurs autres choses peuvent fonctionner ensemble. Par exemple, vous pouvez mettre les lacets de n’importe qui sur vos chaussures, l’essence de n’importe qui dans votre voiture, et les ampoules de n’importe qui dans vos lampes. Dans le monde non-numérique, l’interopérabilité demande beaucoup de travail, vous devez vous mettre d’accord sur une direction, une grandeur, un diamètre, un voltage, un ampérage, une puissance pour cette ampoule, ou alors quelqu’un va se faire exploser la main.
Mais dans le monde numérique, l’interopérabilité est intégrée, parce que nous ne savons faire qu’un seul type d’ordinateur, la machine universelle et Turing-complète de von Neumann, une machine de calcul capable d’exécuter tout programme valide.
Ce qui veut dire que pour chaque programme d’emmerdification, il y a un programme de contre-emmerdification en attente d’être lancé. Quand HP écrit un programme pour s’assurer que ses imprimantes refusent les cartouches tierces, quelqu’un d’autre peut écrire un programme qui désactive cette vérification.
Pour les travailleur·euses à la tâche, les applis d’anti-emmerdification peuvent endosser le rôle du fidèle serviteur. Par exemple, les conducteur·ices de taxi à la tâche en Indonésie se sont monté·es en coopérative qui commissionnent les hackers pour écrire des modifications dans leurs applis de répartition de travail. Par exemple, une appli de taxi ne contractera pas un·e conducteur·ice pour aller cherche un·e client·e à la gare, à moins qu’iel soit juste à la sortie de celle-ci, mais quand les gros trains arrivent en gare c’est une scène cauchemardesque de chaos total et létal.
Alors les conducteur·ices ont une appli qui leur permet d’imiter leur GPS, ce qui leur permet de se garer à l’angle de la rue, mais laisse l’appli dire à leur patron qu’iels sont juste devant la sortie de la gare. Quand une opportunité se présente, iels n’ont plus qu’à se faufiler sur quelques mètres pour prendre leur client·e, sans contribuer à la zizanie ambiante.
Aux États-Unis, une compagnie du nom de Para proposait une appli pour aider les conducteur·ices chez Doordash à être mieux payé·es. Voyez-vous, c’est sur les pourboires que les conducteur·ices Doordash se font le plus d’argent, et l’appli Doordash pour ses conducteur·ices cache le montant du pourboire jusqu’à ce que vous acceptiez la course, ce qui veut dire que vous ne savez pas avant de la prendre si vous acceptez une course qui vous paiera 1,15$ ou 11,50$ avec le pourboire. Alors Para a construit une appli qui extrayait le montant du pourboire et le montrait aux conducteur·ices avant qu’iels ne s’engagent.
Mais Doordush a fermé l’appli, parce qu’aux États-Unis d’Amérique, les applis comme Para sont illégales. En 1998, Bill Clinton a signé une loi appelée le « Digital Millenium Copyright Act » (Loi du Millénaire Numérique relative aux Droits d’auteur, abrégé DMCA), et la section 1201 du DMCA définit le fait de « contourner un accès contrôlé par un travail soumis aux droits d’auteur » comme un délit passible de 500.000$ d’amende et d’une peine de prison de 5 ans pour une première condamnation. Un simple acte de rétro-ingénierie sur une appli comme Doordash est un délit potentiel, et c’est pour cela que les compagnies sont tellement excitées à l’idée de vous faire utiliser leurs applis plutôt que leurs sites internet.
La toile est ouverte, les applis sont fermées. La majorité des internautes ont installé un bloqueur de pubs (qui est aussi un outil de protection de vie privée). Mais personne n’installe de bloqueur de pubs pour une appli, parce que c’est un délit de distribuer un tel outil, parce que vous devez faire de la rétro-ingénierie sur cette appli pour y arriver. Une appli c’est juste un site internet enrobé dans assez de propriété intellectuelle pour que la compagnie qui l’a créée puisse vous envoyer en prison si vous osez la modifier pour servir vos intérêts plutôt que les leurs.
Partout dans le monde, on a promulgué une masse de lois qu’on appelle « lois sur la propriété intellectuelle », qui rendent illégal le fait de modifier des services, des produits ou des appareils afin qu’ils servent vos propres intérêts, plutôt que les intérêts des actionnaires.
Comme je l’ai déjà dit, ces lois ont été promulguées de mémoire d’humain·e, par des personnes qui nous côtoient, qui ont été informées des évidentes et prévisibles conséquences de leurs plans téméraires, mais qui les ont tout de même appliquées.
En 2010, deux ministres du gouvernement Harper (Premier ministre canadien, NDT) ont décidé de copier-coller le DMCA étasunien dans la loi canadienne. Ils ont entrepris une consultation publique autour de la proposition qui rendrait illégale toute rétro-ingénierie dans le but modifier des services, produits ou appareils, et ils en ont pris plein les oreilles ! 6138 canadien·nes leurs ont envoyé des commentaires négatifs sur la consultation. Ils les ont mis en garde que rendre illégale le détournement des verrous propriétaire interférerait avec la réparation des appareils aussi divers que les tracteurs, les voitures, et les équipements médicaux, du ventilateur à la pompe à insuline.
Ces canadien·nes ont prévenu que des lois interdisant le piratage des verrous numériques laisseraient les géants étasuniens de la Tech s’emparer du marché numérique, nous forçant à acheter nos applis et nos jeux depuis les magasins d’appli étasuniens, qui pourraient royalement choisir le montant de leur commission. Ils ont prévenu que ces lois étaient un cadeau aux monopolistes qui cherchaient à gonfler le prix de l’encre ; que ces lois sur les droits d’auteur, loin de servir les artistes canadien·nes, nous soumettraient aux plateformes étasuniennes. Parce que chaque fois que quelqu’un dans notre public achèterait une de nos créations, un livre, une chanson, un jeu, une vidéo verrouillée et enchaînée à une appli étasunienne, elle ne pourrait plus jamais être déverrouillée.
Alors si nous, les travailleur·euses créatif·ves du Canada, nous mettions à migrer vers un magasin canadien, notre public ne pourrait pas venir avec nous. Il ne pourrait pas transférer leurs achats depuis l’appli étasunienne vers l’appli canadienne.
6138 canadien·nes le leur ont dit, tandis que seulement 54 répondant·es se sont rangé·es du côté du Ministre du Patrimoine canadien, James Moore, et du Ministre de l’Industrie, Tony Clement. Alors, James Moore a fait un discours, à la réunion de la Chambre Internationale du Commerce ici à Toronto, où il a dit qu’il allait seulement écouter les 54 grincheux·ses qui supportaient ses idées affreuses, sur la base que les 6138 autres personnes qui n’étaient pas d’accord avec lui étaient des « braillard·es… extrémistes radicaux·ales ».
Donc en 2012, nous avons copié les horribles lois de verrouillage numérique étasuniennes dans notre livre de lois canadien, et nous vivons maintenant dans le monde de James Moore et Tony Clement, où il est illégal de pirater un verrou numérique. Donc si une entreprise mets un verrou numérique sur un produit, ils peuvent faire n’importe quoi derrière ce verrou, et c’est un crime de passer passer outre.
Par exemple, si HP met un verrou numérique sur ses imprimantes qui vérifie que vous n’êtes pas en train d’utiliser des cartouches d’encre tierces ou de recharger une cartouche HP, c’est un crime de contourner ce verrou et d’utiliser une encre tierce. Et c’est pour ça que HP peut continuer de nous racketter sur le prix de l’encre en le faisant monter, et monter, et monter.
L’encre d’imprimante est maintenant le fluide le plus coûteux qu’un·e civil·e peut acheter sans permis spécial. C’est de l’eau colorée qui coûte 10.000$ le gallon (environ 2000€ le litre, NDT) ce qui veut dire que vous imprimez votre liste de courses avec un liquide qui coûte plus cher que la semence d’un étalon gagnant du Derby dans le Kentucky.
C’est le monde que nous ont laissé Clement et Moore, de mémoire d’humain·e, après qu’on les ait avertis, et qu’ils aient tout de même appliqué leur plan. Un monde où les fermier·ères ne peuvent pas réparer leurs tracteurs, où les mécanicien·nes indépendant·es ne peuvent pas réparer votre voiture, où les hôpitaux pendant les confinements de l’épidémie ne pouvaient pas mettre en service leurs respirateurs artificiels défectueux, où chaque fois qu’un·e utilisateur·ice canadien·ne d’iPhone achète une appli d’un·e auteur·ice canadien·ne de logiciel, chaque dollar qu’iels dépensent fait un petit tour par les bureaux d’Apple à Cupertino en Californie, avant de revenir allégés de 30 centimes.
Laissez-moi vous rappeler que c’est le monde dans lequel une infirmière ne peut pas avoir de contre-appli ou d’extension pour son appli « Uber-des-infirmières » qu’elles doivent utiliser pour trouver du travail, qui les laisserait échanger avec d’autres infirmières pour refuser des gardes tant que les salaires pour celles-ci ne montent à des niveaux corrects, ou bloquer la surveillance de leurs déplacements et de leur activité.
L’interopérabilité était une force disciplinante majeure pour les entreprises de la Tech. Après-tout, si vous rendez les publicités sur votre site internet suffisamment inévitables, une certaine fraction de vos utilisateur·ices installera un bloqueur de pubs, et vous ne toucherez jamais plus un penny d’eux. Parce que personne dans l’histoire des bloqueurs de pub n’a jamais désinstallé un bloqueur de pubs. Mais une fois qu’il est interdit de construire un bloqueur de pubs, il n’y a plus aucune raison de ne pas rendre ces pubs aussi dégoûtantes, invasives et inévitables que possible, afin de déplacer toute la valeur depuis les utilisateur·ices vers les actionnaires et les dirigeants.
Donc on se retrouve avec des monopoles et les monopoles capturent les régulateurs, et ils peuvent ignorer les lois qu’ils n’aiment pas, et empêcher les lois qui pourraient interférer avec leur comportement prédateur — comme les lois sur la vie privée — d’être entérinées. Ils vont passer de nouvelles lois, des lois qui les laissent manipuler le pouvoir gouvernemental pour empêcher d’autres compagnies d’entrer sur le marché.
Donc trois des quatre forces sont neutralisées : concurrence, régulation, et interopérabilité. Ce ne laissait plus qu’une seule force disciplinaire capable de contenir le processus d’emmerdification : la main d’œuvre.
Les travailleur·euses de la Tech forment une curieuse main d’œuvre, parce qu’iels ont historiquement été très puissants, capables d’exiger des hauts salaires et du respect, mais iels l’ont fait sans rejoindre de syndicat. La densité syndicale dans le secteur de la Tech est abyssale, presque indétectable. Le pouvoir des travailleur·euses de la Tech ne leur est pas venu de la solidarité, mais de la rareté. Il n’y avait pas assez de travailleur·euses pour satisfaire les offres d’emploi suppliantes, et les travailleur·euses de la Tech sont d’une productivité inconcevable. Même avec les salaires faramineux que les travailleur·euses exigeaient, chaque heure de travail qu’iels effectuaient avaient bien plus de valeur pour leurs employeurs.
Face à un marché de l’emploi tendu, et la possibilité de transformer chaque heure de travail d’un·e travailleur·euse de la Tech en or massif, les patrons ont levé tous les freins pour motiver leur main d’œuvre. Ils ont cajolé le sens du devoir des travailleur·euses, les ont convaincus qu’iels étaient des guerrier·ères saint·es, appelant l’avènement d’une nouvelle ère numérique. Google promettait qu’iels « organiseraient les informations du monde et les rendraient utiles ». Facebook leur promettait qu’iels allaient « rendre le monde plus ouvert et plus connecté ».
Il y a un nom pour cette tactique : la bibliothécaire Fobazi Ettarh l’appelle la « fascination vocationnelle » (« vocational awe » en anglais, NDT). C’est lorsque l’intérêt pour le sens du devoir et la fierté sont utilisés pour motiver les employé·es à travailler plus longtemps pour de moins bons salaires.
Il y a beaucoup d’emplois qui se basent sur la fascination vocationnelle : le professorat, le soin aux enfants et aux personnes âgées, et, bien sûr, le travail d’infirmière.
Les techos sont différent·es des autres travailleur·euses cependant, parce qu’iels ont historiquement été très rares, ce qui veut dire que bien que les patrons pouvaient les motiver à travailler sur des projets auxquels iels croyaient, pendant des heures interminables, à l’instant-même où les patrons leurs ordonnaient de merdifier les projets pour lesquels iels avaient raté l’enterrement de leur mère pour livrer le produit dans les temps, ces travailleureuses envoyaient chier leurs patrons.
Si les patrons persistaient dans leurs demandes, les techos quittaient leur travail, traversaient la rue, et trouvaient un meilleur travail le jour-même.
Donc pendant de longues années, les travailleur·euses de la Tech étaient la quatrième et dernière contrainte, tenant bon après que les contraintes de concurrence, de régulation et d’interopérabilité soient tombées. Mais alors sont arrivés les licenciements de masse. 260 000 en 2023 ; 150 000 en 2024 ; des dizaines de milliers cette année, et Facebook qui prévoit d’anéantir 5 % de sa masse salariale, un massacre, tout en doublant les bonus de ses dirigeants.
Les travailleur·euses de la Tech ne peuvent plus envoyer chier leurs patrons, parce qu’il y a 10 autres travailleur·euses qui attendent derrière pour prendre le poste.
Bon, j’ai promis que je ne parlerai pas d’IA, mais je vais devoir un tout petit peu briser cette promesse, juste pour signaler que la raison pour laquelle les patrons de la Techs sont aussi excités par l’IA c’est qu’ils pensent qu’ils pourront virer tous leurs techos et les remplacer par des chatbots dociles qui ne les enverront jamais chier.
Donc voilà d’où vient l’emmerdification : de multiples changements dans l’environnement. L’effondrement quadruple de la concurrence, de la régulation, de l’interopérabilité et du pouvoir de la main d’œuvre crée un environnement merdigène, où les éléments les plus cupides et sociopathes du corps entrepreneurial prospèrent au détriment des éléments modérateurs de leur impulsion merdificatoire.
Nous pouvons essayer de soigner ces entreprises. Nous pouvons utiliser les lois anti-monopole pour les briser, leur faire payer des amendes, les amoindrir. Mais tant que nous n’aurons pas corrigé l’environnement, la contagion se répandra aux autres entreprises.
Alors discutons des manières de créer un environnement hostile aux merdificateurs, pour que le nombre et l’importance des agents merdificateurs dans les entreprises retrouvent leurs bas niveaux des années 90. On ne se débarrassera pas de ces éléments. Tant que la motivation du profit restera intacte, il y aura toujours des gens dont la poursuite du profit sera pathologique, immodérée par la honte ou la décence. Mais nous pouvons changer cet environnement pour qu’ils ne dominent pas nos vies.
Discutons des lois anti-trust. Après 40 ans de déclin anti-trust, cette décennie a vue une résurgence massive et globale de vigueur anti-trust, qu’on retrouve assaisonnée aux couleurs politiques de gauche comme de droite.
Au cours des quatre dernières années, les anti-monopolistes de l’administration Biden à la Federal Trade Commission (Commission Fédérale du Commerce, abrégé en FTC) au Department of Justice (Département de la Justice, abrégé en DoJ) et au Consumer Finance Protection Bureau (Bureau de Protection des Consommateurs en matière Financière) ont fait plus de répression anti-monopole que tous leurs prédécesseurs au cours des 40 années précédentes.
Il y a certainement des factions de l’administration Trump qui sont hostiles à ce programme mais les agents de répression anti-trust au DoJ et au FTC disent maintenant qu’ils vont préserver et renforcer les nouvelles lignes directrices de Biden concernant les fusions d’entreprises, qui empêchent les compagnies de s’entre-acheter, et ils ont effectivement déjà intenté une action pour bloquer une fusion de géants de la tech.
Bien évidemment, l’été dernier Google a été jugé coupable de monopolisation, et doit maintenant affronter la banqueroute, ce qui explique pourquoi ils ont été si généreux et amicaux envers l’administration de Trump.
Pendant ce temps, au Canada, le Bureau de la Concurrence édenté s’est fait refaire un dentier au titane en juin dernier, lorsque le projet de loi C59 est passé au Parlement, octroyant de vastes nouveaux pouvoirs à notre régulateur anti-monopole.
Il est vrai que le premier ministre britannique Keir Starmer vient de virer le chef du Competition and Markets Authority (Autorité des Marchés et de la Concurrence, abrégé en CMA) et l’a remplacé par l’ex patron d’Amazon UK. Mais ce qui rend le tout si tragique c’est que le CMA faisait un travail incroyablement bon au sein d’un gouvernement conservateur.
Du côté de l’Union Européenne, ils ont passé la Législation sur les marchés numériques (Digital Markets Act) et le Règlement sur les Services Numériques (Digital Services Act), et ils s’attaquent aux entreprises de la Big Tech avec le tranchant de la lame. D’autres pays dans le monde — Australie, Allemagne, France, Japon, Corée du Sud et Chine (oui, la Chine !) — ont passé de nouvelles lois anti-monopole, et lancent des actions majeures de répression anti-monopole, donnant souvent lieu à des collaborations internationales.
Donc vous avez le CMA britannique qui utilise ses pouvoirs d’investigation pour faire des recherches et publier des enquêtes de marché approfondies sur la taxe abusive pratiquée par Apple sur les applis, et ensuite l’UE qui utilise ce rapport comme feuille de route pour sanctionner Apple, puis interdire le monopole d’Apple sur les paiements grâce à de nouvelles régulations. Ensuite les anti-monopolistes en Corée du Sud et au Japon traduisent l’affaire européenne et gagnent des affaires quasi-identiques dans leurs propres cours de justice.
Et quid de la capture réglementaire ? Et bien, on commence à voir les régulateurs faire preuve d’astuce pour contrôler les grosses entreprises de la tech. Par exemple, la Législation sur les Marchés Numériques et le Règlement sur les Services Numériques européens ont été imaginés pour contourner les cours de justice national des états membres de l’UE, et spécifiquement de l’Irlande, le paradis fiscal où les entreprises étasuniennes de la Tech prétendent avoir leurs bureaux.
Le truc avec les paradis fiscaux c’est qu’ils deviennent immanquablement des paradis criminels, parce qu’Apple peut prétendre être irlandaise cette semaine, être maltaise ou chypriote ou luxembourgeoise la semaine d’après. Alors l’Irlande doit laisser les géants de la Tech étasuniens ignorer les lois européennes sur la vie privée et autres régulations, ou le pays les perdra au profit de nations plus sordides, plus dociles et plus compétitives.
Donc à partir de maintenant, la régulation européenne sur le secteur de la Tech sera exécutée en cour fédérale européenne, et pas en cour nationale, en considérant les cours irlandaises capturées comme endommagées et en les contournant.
Le Canada doit renforcer sa propre capacité à appliquer les régulations sur le secteur de la Tech, en détricotant les fusions monopolistes comme celle de Bell et Rogers, mais par dessus tout, le Canada doit poursuivre son programme sur l’interopérabilité.
L’année dernière, le Canada a passé deux projets de loi très excitants : le projet de loi C244, une loi nationale sur le Droit de Réparation ; et le projet de loi C294, une loi d’interopérabilité. Nommément, ces deux lois permettent aux canadien·nes de tout réparer, depuis les tracteurs aux pompes à insuline, et de modifier les logiciels dans leurs appareils, que ce soient les consoles de jeux comme les imprimantes, pour qu’ils puissent fonctionner avec des magasins d’applis, des consommables, ou des extensions tierces.
Pourtant, ces projets de loi sont fondamentalement inutiles, parce qu’ils ne permettent pas aux canadien·nes d’acquérir les outils nécessaires pour briser les verrous numériques. Vous pouvez modifier votre imprimante pour qu’elle accepte des encres tierces, ou interpréter les codes diagnostiques d’une voiture pour que n’importe quel mécanicien·ne puisse la réparer, mais seulement si il n’y a pas de verrou numérique qui vous empêche de le faire, parce que donner à quelqu’un l’outil qui permet de briser un verrou numérique reste illégal grâce à la loi que James Moore et Tony Clement ont fourré dans la gosier du pays en 2012.
Et chaque imprimante sans exception, chaque enceinte connectée, voiture, tracteur, appareil ménager, implant médical ou appareil médical hospitalier aura un verrou numérique qui vous empêchera de le réparer, de le modifier, ou d’utiliser des pièces, un logiciel ou des consommables tiers.
Ce qui veut dire que ces deux lois remarquables sur la réparation et l’interopérabilité sont inutiles.
Alors pourquoi ne pas se débarrasser de la loi de 2012 qui interdit de briser les verrous numériques ? Parce que ces lois font partie d’accords d’échange avec les États-Unis. C’est une loi dont on a besoin pour garder un accès sans taxe aux marchés étasuniens.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Donald Trump va imposer 25 % de taxe sur toutes les exportations vers le Canada. La réponse de Trudeau c’est d’imposer des taxes de représailles, qui rendront les produits étasuniens 25 % plus chers pour les canadien·nes. Drôle de façon de punir les États-Unis !
Vous savez ce qui serait mieux encore ? Abolir les lois canadiennes qui protègent les compagnies des géants de la Tech étasuniens de la concurrence canadienne. Rendre légale la rétro-ingénierie, le jailbreak (le fait de contourner les limitations volontairement imposées par le constructeur) et la modification des produits technologiques et services américains. Ne demandez pas à Facebook de payer une taxe pour chaque lien vers un site d’information canadien, légalisez le crochetage de toutes les applis de Méta et de bloquer toutes les pubs qui en proviennent, pour que Mark Zuckerberg ne puisse plus se faire un sou sur notre dos.
Légalisez le jailbreak de votre Tesla par des mécanicien·nes canadien·nes, pour débloquer toutes les fonctionnalités normalement disponibles sur inscription, comme le pilotage automatique, et l’accès complet à la batterie, pour un prix fixe et pour toujours. Pour que vous puissiez mieux profiter de votre voiture et que, quand vous la revendrez, lae prochain·ne propriétaire continue de jouir de ces fonctionnalités, ce qui veut dire qu’iel paiera davantage pour votre voiture d’occasion.
C’est comme ça que l’on peut faire du tort à Elon Musk : pas en s’affichant publiquement comme horrifié·es par ses saluts nazi. Ça ne lui coûte rien. Il adore qu’on parle de lui. Non ! Frappez dans sa machine à sous incroyablement lucrative du marché de l’abonnement d’occasion sur lequel il se repose pour son entreprise de Swastikamions. Frappez-le en plein dans le câble d’alimentation !
Laissez les canadien·nes monter un magasin d’applis canadien pour les appareils Apple, le genre qui prend 3 % de commission sur les transactions, pas 30 %. En conséquence, chaque journal canadien qui vend des abonnements en passant par cette appli, et chaque créateur·ice de logiciel, musicien·ne ou écrivain·ne canadien·ne qui vend quelque chose en passant par une plateforme numérique verra ses revenus augmenter de 25 % du jour au lendemain, sans enregistrer un·e seul nouvelle·eau client·e.
Mais nous pouvons rallier de nouvelles·aux client·es, en vendant des logiciels de jailbreak et un accès aux magasins d’applis canadiens, pour tous les appareils mobiles et les consoles, partout dans le monde, et en incitant tous les éditeur·ices de jeux vidéos et les développeur·euses d’applis à vendre via les magasins canadiens pour les client·es du monde entier sans payer 30 % aux géantes entreprises étasuniennes de la Tech.
Nous pourrions vendre à chaque mécanicien·ne dans le monde un abonnement à 100$CAD par mois pour un outil de diagnostique universel. Chaque fermier·ère du monde pourrait acheter un kit qui leur permettrait de réparer leurs propres tracteurs John Deere sans payer 200$CAD de frais de déplacement à un·e technicien·ne de Deere pour inspecter les réparations.
Ils traceraient un chemin dans notre direction. Le Canada pourrait devenir un moteur de l’export des technologies, tout en baissant les prix pour les usager·ères canadien·nes, tout en rendant les affaires plus profitables pour tous ceux qui vendent des médias ou des logiciels sur des magasins en ligne. Et — c’est la partie la plus intéressante — ce serait un assaut frontal contre les entreprises étasuniennes les plus grandes, les plus profitables, les entreprises qui, à elles seules, maintiennent le S&P 500 à flot, en frappant directement dans leurs lignes de compte les plus profitables, en réduisant à néant, en l’espace d’une nuit et dans le monde entier, les centaines de milliards de revenus de ces arnaques.
Nous pouvons aller plus loin qu’exporter pour les étasuniens des médicaments à prix raisonnable. Nous pourrions aussi exporter pour nos amis étasuniens les outils extrêmement lucratifs de libération technologique.
C’est comme ça que vous gagnez une bataille commerciale.
Qu’en est-t-il des travailleur·euses ? Là, nous avons de bonnes et de mauvaises nouvelles.
La bonne nouvelle, c’est que la popularité des syndicats dans l’opinion publique est à son plus haut niveau depuis le début des années 1970, que le nombre de travailleur·euses souhaitant rejoindre un syndicat n’a pas été aussi haut depuis des générations, et que les syndicats eux-mêmes sont assis sur des réserves financières battant tous les records, qu’ils pourraient utiliser pour organiser la lutte de ces travailleur·euses.
Mais voilà la mauvaise nouvelle. Les syndicats ont passé toutes les années Biden — alors qu’ils disposaient de l’environnement réglementaire le plus favorable depuis l’administration Carter, que l’opinion public était à son maximum, qu’un nombre record de travailleur·euses voulaient rejoindre un syndicat, qu’ils avaient plus d’argent que jamais à dépenser pour syndiquer ces travailleur·euses — à faire que dalle. Ils n’ont alloué que des clopinettes aux activités de syndicalisation, aboutissant à la fin des années Biden à un nombre de travailleur·euses syndiqué·es inférieur à celui de leur début.
Et puis nous avons eu Trump, qui a illégalement viré Gwynne Wilcox du National Labor Relations Board, laissant le NLRB sans quorum et donc incapable de réagir à des pratiques professionnelles injuste ou de certifier des élections syndicales.
C’est terrible. Mais la partie n’est pas terminée. Trump a viré les arbitres, et il pense que cela signifie la fin de la partie. Mais je vais vous dire un truc : virer l’arbitre ne termine pas la partie, ça veut juste dire que l’on rejette les règles. Trump pense que c’est le code du travail qui crée les syndicats, mais il a tord. Les syndicats sont la raison par laquelle nous avons un code du travail. Bien avant que les syndicats ne soient légalisés, nous avions des syndicats, qui combattaient dans la rue les voyous à la solde des patrons.
Cette solidarité illégale a conduit à l’adoption d’un code du travail, qui légalisait le syndicalisme. Le code du travail est passé parce que les travailleur·euses ont acquis du pouvoir à travers la solidarité. La loi ne crée pas cette solidarité, elle lui donne seulement une base légale. Retirez cette base légale, et le pouvoir des travailleur·euses reste intacte.
Le pouvoir des travailleur·euses est la réponse à la fascination vocationnelle. Après tout, il est bon pour vous et pour vos camarades travailleur·euses de considérer votre travail comme une sorte de mission. Si vous ressentez cela, si vous ressentez le devoir de protéger vos utilisateur·ices, vos patient·es, vos patron·nes, vos étudiant·es, un syndicat vous permet d’accomplir ce devoir.
Nous avons vu cela en 2023, lorsque Doug Ford (premier ministre de l’Ontario, NDT) a promis de détruire le pouvoir des fonctionnaires d’Ontario. Des travailleur·euses de toute la province se sont soulevés, annonçant une grève générale, et Doug Ford a plié comme l’un de ses costumes bas de gamme. Les travailleur·euses lui on mis une raclée, et on le refera si il le faut. Chose promise, chose due.
Le « désassemblage imprévu en plein-air » du code du travail étasunien signifie que les travailleur·euses peuvent à nouveau se soutenir les uns les autres. Les travailleur·euses de la Tech ont besoin de l’aide des autres travailleur·euses, parce qu’eils ne sont plus rares désormais, plus après un demi-million de licenciements. Ce qui signifie que les patrons de la Tech n’ont plus peur d’eux.
On sait comment les patrons de la Tech traitent les travailleur·euses dont ils n’ont pas peur. Regardez Jeff Bezos : les travailleur·euses dans ses entrepôts se blessent trois fois plus que la moyenne nationale, ses livreur·euses doivent pisser dans des bouteilles, et iels sont surveillé·es par des caméras IA qui les balancent si leurs yeux ne regardent pas dans la direction requise ou si leur bouche est ouverte trop souvent pendant qu’iels conduisent, parce que le règlement interdit de chanter avec la radio.
En comparaison, les développeur·euses d’Amazon ont le droit de venir travailler avec des crêtes roses, des piercings au visage et des tshirts noirs qui parlent de choses incompréhensibles pour leurs patrons. Iels ont le droit de pisser quand iels veulent. Jeff Bezos n’est pas tendre avec les travailleur·euses de la Tech, de la même manière qu’il ne nourrit pas une haine particulière contre les travailleur·euses des entrepôts ou les livreur·euses. Il traite ses travailleur·euses aussi mal qu’il est permis de le faire. Ce qui veut dire que les dévelopeur·euses aussi connaîtrons bientôt les bouteilles de pisse.
Ce n’est pas seulement vrai pour Amazon, bien entendu. Prenons Apple. Tim Cook a été nommé directeur général en 2011. Le comité directeur d’Apple l’a choisi pour succéder au fondateur Steve Jobs parce c’est le gars qui a compris comment délocaliser la production d’Apple vers des sous-traitants en Chine, sans rogner sur la garantie de qualité ou risquer une fuite des spécifications de produit en amont des lancements de produit légendaires et pompeux l’entreprise.
Aujourd’hui, les produits d’Apple sont fabriqués dans une gigantesque usine Foxconn à Zhengzhou, surnommée « iPhone City« . Effectivement, ces appareils arrivent par conteneurs dans le Port de Los Angeles dans un état de perfection immaculée, usinés avec les marges d’erreur les plus fines, et sans aucun risque de fuite vers la presse.
Chantier de construction d’une usine Foxconn (sous-traitant principal d’Apple) à Zhengzhou.
Photo sous licence CC BY-NC-SA par Bert van Dijk.
Pour aboutir à cette chaîne d’approvisionnement miraculeuse, Tim Cook n’a eu qu’à faire d’iPhone City un enfer sur Terre, un lieu dans lequel il est si horrible de travailler qu’il a fallu installer des filets anti-suicide autour des dortoirs afin de rattraper les corps de travailleur·euses tellement brutalisé·es par les ateliers de misère de Tim Cook qu’iels tentent de mettre fin à leurs jours en sautant dans le vide. Tim Cook n’est pas attaché sentimentalement aux travailleur·euses de la Tech, de même qu’il n’est pas hostile aux travailleur·euses à la chaîne chinois·es. Il traite simplement ses travailleur·euses aussi mal qu’il est permis de le faire et, avec les licenciements massifs dans le domaine de la Tech, il peut traiter ses développeur·euses bien, bien pire.
Comment les travailleur·euses de la Tech s’organisent-iels en syndicat ? Il y a des organisations spécifiques au domaine de la Tech, comme Tech Solidarity et la Tech Workers Coalition. Mais les travailleur·euses de la Tech ne pourront massivement se syndiquer qu’en faisant preuve de solidarité avec les autres travailleur·euses et en recevant leur solidarité en retour. Nous devons toustes soutenir tous les syndicats. Toustes les travailleur·euses doivent se soutenir les un·es les autres.
Nous entrons dans une période de polycrise omnibordélique. Le grondement menaçant du changement climatique, de l’autoritarisme, du génocide, de la xénophobie et de la transphobie s’est transformé en avalanche. Les auteurs de ces crimes contre l’humanité ont transformé internet en arme, colonisé le système nerveux numérique du XXIème siècle, l’utilisant pour attaquer son hôte, menaçant la civilisation elle-même.
L’internet merdifié a été construit à dessein pour ce genre de co-optation apocalyptique, organisée autour de sociétés gigantesques qui échangeraient une planète habitable et des droits humains contre un abattement fiscal de 3 %, qui ne nous présentent plus que des flux algorithmiques bidouillables et bloquent l’interopérabilité qui nous permettrait d’échapper à leur emprise, avec le soutien de gouvernements puissants auxquels elles peuvent faire appel pour « protéger leur propriété intellectuelle ».
Ça aurait pu ne pas se passer comme ça. L’internet merdifié n’était pas inévitable. Il est le résultat de choix réglementaires spécifiques, réalisés de mémoire d’humain·e, par des individus identifiables.
Personne n’est descendu d’une montagne avec deux tablettes de pierre en récitant « Toi Tony Clement, et toi James Moore, tu ne laisseras point les canadien·nes jailbreaker leurs téléphones ». Ces gens-là ont choisi l’emmerdification, rejetant des milliers de commentaires de canadien·nes qui les prévenaient de ce qui arriverait par la suite.
Nous n’avons pas à être les éternel·les prisonnier·ères des bourdes politiques catastrophiques de ministres conservateurs médiocres. Alors que la polycrise omnibordélique se déploie autour de nous, nous avons les moyens, la motivation et l’opportunité de construire des politiques canadiennes qui renforcent notre souveraineté, protègent nos droits et nous aident à rendre toustes les utilisateur·ices de technologie, dans chaque pays (y compris les États Unis), libres.
La présidence de Trump est une crise existentielle, mais elle présente aussi des opportunités. Quand la vie vous donne le SRAS, vous faites des sralsifis. Il fut un temps où nous avions un bon vieil internet, dont le principal défaut était qu’il requérait un si haut niveau d’expertise technique pour l’utiliser qu’il excluait toustes nos ami·es « normalles·aux » de ce merveilleux terrain de jeu.
Les services en ligne du Web 2.0 avaient des toboggans bien graissés pour que tout le monde puisse se mettre en ligne facilement, mais s’échapper de ces jardins clos du Web 2.0 c’était comme remonter la pente d’une fosse tout aussi bien graissée. Un bon internet tout neuf est possible, et nécessaire. Nous pouvons le construire, avec toute l’auto-détermination technologique du bon vieil internet, et la facilité d’usage du Web 2.0.
Un endroit où nous pourrions nous retrouver, nous coordonner et nous mobiliser pour résister à l’effondrement climatique, au fascisme, au génocide et à l’autoritarisme.
Nous pouvons construire ce bon internet tout neuf, et nous le devons.
01.04.2025 à 09:42
Framasoft
Vous voulez produire du mème libre, artisanal et remixé ? Framasoft sort (vraiment) le service Framamèmes. Vraiment. Promis.
Noyons le poisson dans le bocal : Framamèmes est une blague… mais une blague durable, qu’on compte bien continuer de maintenir même après ce 1er avril.
Vous pouvez d’ores et déjà vous rendre sur Framamemes.org, et tester vous-mêmes les mèmes à faire… comme chez mémé. Même que mémé aime les mèmes de millenials : si Framasoft a 20 ans, ses membres en ont (en moyenne) deux fois plus 😊.
Notez que ce n’est pas la première fois qu’à Framasoft, on prend la blague au sérieux et maintient le petit projet fun au-delà de l’annonce (l’occasion de vous faire redécouvrir Framaprout, Framadsense ou le fameux bingo du troll).
Il faut dire que la culture du remix et du partage est (à peine) tolérée par les industries culturelles qui capitalisent sur le droit d’auteur et le copyright.
Fi du fair use, exit l’exception pour parodie… les mèmes pourraient tout à fait être considérés comme illégaux, et mener à des poursuites judiciaires si leurs ayants droits y voyaient un intérêt (même que c’est déjà arrivé).
C’est pour cela que Gee s’est jeté sur sa tablette graphique au cours d’un stream (sur PeerTube, parce qu’ici, on est libres de bout en bout) et s’est dit : « tiens, et si je faisais mes propres versions libres des mèmes les plus populaires ? »
Avec son propre style de dessin bien connu du lectorat du Framablog, et en n’hésitant pas à franciser les mèmes, que ce soit simplement en traduisant les textes inclus dans les images (« draw 25 » sur la carte Uno devient « pioche 25 cartes ») ou même en appliquant le style français aux panneaux autoroutiers !
À gauche, les versions originales ; à droite, les versions dessinées ET francisées par Gee !
Quelques mèmes plus tard, il est devenu évident qu’un site web était nécessaire pour les partager. En ajoutant une pincée de JavaScript pour inclure un éditeur (libre, évidemment), et même une police libre (parce que All Fonts Are Beautiful, comme on dit)… on obtient Framamèmes !
Pour l’instant, une sélection restreinte de mèmes est proposée, mais Gee compte bien continuer à enrichir l’éditeur dans les semaines à venir ! N’hésitez pas à proposer les mèmes que vous voudriez voir adaptés en commentaires.
Partager des images en ligne, c’est bien : si elles sont accessibles à toutes et à tous, c’est mieux ! Une bonne pratique consiste à systématiquement inclure une description des images porteuses d’informations dans la balise prévue à cet effet (la fameuse balise alt
en HTML).
Pas mal de médias sociaux, notamment Mastodon (le réseau de microblogging libre et décentralisé que nous plébiscitons à Framasoft), permettent d’inclure un tel texte alternatif au moment d’intégrer une image dans un message.
Eh bien avec Framamèmes, on a décidé de vous simplifier la tâche : lorsque vous créez un mème, vous avez la possibilité de copier en un clic un texte descriptif de votre image dans le presse-papier ! Parce qu’il n’y a pas de raison que tout le monde ne puisse pas profiter de vos créations dont on ne doute pas qu’elles vaudront le détour…
Franchement : c’était pas prévu, à Framasoft, de faire un 1er avril cette année. On a du boulot plein le cloud. On a une Assemblée Générale ce week-end.
Alors faire un 1er avril qui en plus est un vrai service que vous pouvez vraiment utiliser… on ne l’imaginait pas. Sauf que Gee nous l’a servi sur un plateau. Et puis ça nous amuse. Et puis c’est une raison de rappeler que les monopoles de la propriété intellectuelle, ça peut très vite effacer de jolis sourires.
Alors on dit merci à Gee (et aux petites mains qui ont aidé à l’accouchement 😄) et on rappelle que cet artiste libre essaie de vivre de son art : vous pouvez le soutenir en achetant son nouveau livre, en jouant à ses jeux vidéo, ou encore par un don.
L’art libre, c’est vraiment bien plus intéressant que de voir ces mèmes refaits par des IA, avec OpenAI qui pille tranquillement le style de Hayao Miyazaki… le même Miyazaki qui déclarait que l’art généré par IA était « tout à fait écœurant » et constituait « une insulte à la vie même » (voir notamment cet article (en anglais).
Et puis surtout : amusez-vous avec Framamèmes, faites tourner autour de vous, et faites des mèmes libres, quelle que soit la date !
31.03.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Les autorités birmanes ont revu à la hausse le nombre de victimes ce samedi 29 mars dans l’après-midi, tandis que les secours multiplient les efforts pour rechercher des survivants. L’Institut géologique américain anticipe jusqu’à 100 000 victimes possibles.
L’ONG Reporters sans Frontières a qualifié mardi de « scandaleuse » la décision d’un juge turc de placer en détention provisoire les journalistes, accusés par les autorités d’avoir participé à un rassemblement illégal à Istanbul.
RTÜK has issued a total of seven penalties against four television channels due to their broadcasts during the protests
The global backlash against the second Donald Trump administration keeps on growing. Canadians have boycotted US-made products, anti–Elon Musk posters have appeared across London amid widespread Tesla protests, and European officials have drastically increased military spending as US support for Ukraine falters. Dominant US tech services may be the next focus.
La commissaire européenne chargée de la préparation et de la gestion des crises, Hadja Lahbib, a présenté mercredi 26 mars plusieurs mesures que la population devrait suivre pour anticiper une crise. Elle appelle les États membres à créer une stratégie commune sur le sujet.
US vice-president says he will join unsolicited visit to Arctic island, which Mette Frederiksen says is ‘not what Greenland needs or wants’
Un peu partout dans le pays, de nombreuses personnes se sont rassemblées samedi 29 mars devant des boutiques de la marque automobile, dans le cadre d’une journée mondiale d’opposition au milliardaire et proche conseiller de Donald Trump.
Du téléachat à la répression terroriste, Donald Trump fait tout pour sauver Elon Musk dont l’entreprise automobile est en déclin.
“A President cannot remove an FTC Commissioner without cause,” lawsuit says.
U.S. border officials are using more aggressive tactics at ports of entry as the administration scrutinizes green card and visa holders who have expressed opposition to its policies.
The Trump administration’s opening barrage against immigrants—arresting thousands of people around the country and declaring that hospitals, schools, and churches are no longer off limits—has put a chill on immigrant communities.
Depuis leur indépendance, les États-Unis n’avaient jamais proclamé de langue officielle. Le 1er mars dernier, le président américain Donald Trump a décrété le statut officiel de l’anglais, marquant une rupture fondamentale avec l’approche traditionnelle du gouvernement américain en la matière.
L’ex-procureure de Virginie, Jessica Aber, a été retrouvée morte samedi. Depuis, la disparition de celle qui avait enquêté sur des espions russes et un ex-agent de la CIA fait l’objet de spéculations outre-Atlantique.
Social Security systems contain tens of millions of lines of code written in COBOL, an archaic programming language. Safely rewriting that code would take years—DOGE wants it done in months.
Despite years of official criticism of encrypted messaging, CIA Director John Ratcliffe revealed that Signal comes installed on agency computers.
Il a révélé avoir reçu le plan d’attaque détaillé des raids américains menés le 15 mars contre les Houthis au Yémen.
Donald Trump’s most important security advisers used Signal to discuss an imminent military strike. Now, reporting by DER SPIEGEL has found that the contact data of some of those officials, including mobile phone numbers, is freely accessible on the internet.
L’État de Floride examine un projet de loi qui assouplit les conditions dans lesquels les mineur·es pourraient travailler, et cela, pour compenser la perte de main d’œuvre liée à l’expulsion de migrant·es.
Voir aussi Florida debates lifting some child labor laws to fill jobs vacated by undocumented immigrants (edition.cnn.com)
Florida has been working for years to crack down on employers that hire undocumented immigrants. But that presented a problem for businesses in the state that are desperate for workers to fill low-wage and often undesirable jobs.
Selon le directeur général des Postes, le renouvellement des baux de près de 31 000 bureaux de poste serait trop coûteux pour l’État, en raison notamment « de la hausse générale des loyers à l’expiration des baux ». Pour compenser les hausses de dépenses, il acte également la suppression de 10 000 emplois « dans les 30 prochains jours », grâce à « des départs volontaires à la retraite »
Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’Organisation mondiale de la santé, jusqu’à la décision de Donald Trump.
Long COVID research grants from the National Institutes of Health’s RECOVER program will be restored following news stories about their abrupt cancellations and advocacy to restore the funding, according to patient representatives in the initiative.
Pour les usager·es installé·es dans des zones où la loi protège les données personnelles, il est encore possible de supprimer ses informations et données génétiques pour éviter qu’elles ne soient transmises à un futur acheteur.
Voir aussi A Sale of 23andMe’s Data Would Be Bad for Privacy. Here’s What Customers Can Do (eff.org)
AI coding assistants such as GitHub Copilot and Cursor could be manipulated to generate code containing backdoors, vulnerabilities and other security issues via distribution of malicious rule configuration files
AI bots hungry for data are taking down FOSS sites “by accident”, but humans are fighting back.
Le gouvernement de gauche espagnol a présenté ce mardi 25 mars un large projet de loi visant à « protéger les jeunes filles et garçons ainsi que les adolescents » face aux dangers du « numérique ».
xAI buys X ; deal values social network at $33 billion, $11B less than Musk paid.”xAI and X’s futures are intertwined,” Musk wrote. “Today, we officially take the step to combine the data, models, compute, distribution and talent. This combination will unlock immense potential by blending xAI’s advanced AI capability and expertise with X’s massive reach.”
Sam Altman is promoting his new image generator by appropriating the work of one of the greatest living animators—who is “disgusted” by AI.
The company says that as part of its commitment to privacy, any images it captures that are published in the Look Around feature have faces and license plates blurred. Apple also says it will only use imagery with those details blurred out for training models. It does accept requests for those wanting their houses to also be blurred, but by default they are not.
AI can never fail, it can only be failed. Failed by you and me, the smooth-brained Luddites who just don’t get it.
On Thursday, Google and the Computer History Museum (CHM) jointly released the source code for AlexNet, the convolutional neural network (CNN) that many credit with transforming the AI field in 2012 by proving that “deep learning” could achieve things conventional AI techniques could not.
Israël a bombardé la banlieue sud de Beyrouth, vendredi 28 mars, après avoir frappé le sud du Liban. Après quatre mois de trêve, cette nouvelle attaque est une violation du cessez-le-feu déclaré fin novembre.
Israel Defense Forces has confirmed it killed Hossam Shabat and Mohammed Mansour, claiming they were terrorists
Des Palestiniens dénoncent, à visage découvert, les coups et les violences sexuelles qui leur ont été infligés dans les prisons israéliennes ou par des colons devant un panel d’experts des Nations unies à Genève”Je ne pensais pas qu’il existait sur Terre des gens avec un tel degré de laideur, de sadisme et de cruauté”.
Cette magistrate indépendante de 65 ans occupe ce poste depuis 2022. Elle s’est opposée à plusieurs reprises à Benyamin Nétanyahou, notamment en ordonnant une enquête sur les liens du Premier ministre israélien avec le Qatar, principal financeur du Hamas.
D’abord silencieuse après l’arrestation du réalisateur palestinien primé début mars à Los Angeles, l’Académie a envoyé une lettre que nombre de ses membres ont publiquement jugée insuffisante. L’instance a présenté des excuses ce vendredi 28 mars.
Après de fortes mobilisations dans les plus grandes universités américaines contre la guerre que mène Israël à Gaza, vient le temps du retour de bâton, renforcé par l’administration toute puissante de Donald Trump. Sur les campus, pour les soutiens du peuple palestinien, c’est la chasse aux sorcières, qui n’épargne pas les voix juives.
À Somerville, dans la banlieue de Boston, une étudiante turque, Rumeysa Ozturk a été arrêtée en pleine rue par des agents fédéraux en civils, mardi. Son visa a été révoqué en raison de son soutien présumé à la cause palestinienne. La vidéo de son interpellation a rapidement suscité une vague d’indignation.
Voir aussi Aux États-Unis, le parcours infernal d’une étudiante turque arrêtée et déplacée à l’autre bout du pays (huffingtonpost.fr)
The city council, in which no party has overall control, cites ICJ rulings over decision to pass motion boycotting Israel
Le ministre de l’Éducation israélien a refusé l’attribution de la plus haute distinction scientifique du pays à la directrice d’études à l’EHESS pour avoir signé une pétition appelant à une investigation de la Cour pénale internationale contre de possibles crimes de guerre en Cisjordanie.
Ces femmes auraient été droguées à leur insu, vraisemblablement par de la kétamine mélangée à leur boisson, en consommant dans des établissements de Courtrai, indique le parquet de Flandre occidentale ce jeudi 27 mars. A minima 41 victimes ont été identifiées entre décembre 2021 et décembre 2024.
La mannequin Brianna Stern a déposé une plainte contre l’influenceur américano-britannique qu’elle accuse de l’avoir violée en mars 2025 dans un hôtel de Los Angeles.Brianna Stern n’a porté plainte qu’après le départ d’Andrew Tate pour la Roumanie, après qu’il l’a menacée de « la tuer » si elle le « trahissait »
Le procureur du PNF a évoqué ce mardi 25 mars dans ses réquisitions « l’implication totale » de l’ancien chef de l’Etat, demandant sa condamnation, avec Claude Guéant et Brice Hortefeux, pour corruption et association de malfaiteurs.
Voir aussi Procès Sarkozy-Kadhafi : sept ans de prison et 300 000 euros d’amende requis contre l’ancien président (liberation.fr)
Le parquet a requis une peine de sept ans de prison à l’encontre de Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir conclu un « pacte de corruption » avec l’ancien dictateur libyen Muammar al-Kadhafi pour financer sa campagne de 2007.
Des sociétés françaises ont reçu une lettre de l’ambassade des États-Unis concernant leurs programmes internes en faveur de la diversité.
Nous n’en sommes plus à une menace vague et lointaine d’un avenir déplaisant, ce sont les conséquences concrètes de politiques autoritaires de Trump. Il n’aura fallu que 17 jours pour qu’Accenture se plie aux exigences de Trump et de son administration fasciste.
Pour son exposition mettant à l’honneur des artistes noirs, le musée se serait approprié le travail d’anciens collaborateurs, eux-mêmes noirs. C’est ce qu’affirme l’un deux, Chris Cyrille, dans un post Instagram interpellant les deux commissaires.
le parquet a semble-t-il considéré que si les véhicules de police ont fini encastrés dans la BMW poursuivie, ce n’est pas du fait du conducteur – quand bien même il aurait refusé de se soumettre à un contrôle routier – mais parce que les policiers n’ont pas pu ou su freiner à temps.
Par une large majorité, les participant·es à la votation citoyenne organisée ce dimanche 23 mars dans la capitale ont voté « oui » à la proposition de « végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues dans Paris ». Mais le scrutin est marqué par une très faible participation (3,9 %).
Cette fois, la décision est définitive : la ligne à haute tension qui passait au-dessus de sa ferme est bien en lien avec les difficultés que Dominique Vauprès a rencontrées dans son élevage laitier.
Deux ans après la grosse manifestation antibassines de Sainte-Soline, où en est la construction des 16 retenues d’eau prévues dans les Deux-Sèvres ? Quatre bassines ont été construites, dont une jugée illégale après des recours.
Dans un avis, l’Anses préconise de ne plus servir d’aliments à base de soja dans la restauration collective. Et recommande à l’industrie agroalimentaire de modifier ses méthodes de fabrication pour éviter les substances nocives.
Le chef d’établissement est accusé de s’être rendu dans les chambres d’élèves âgées de 15-16 ans lors d’un voyage scolaire organisé à Paris et d’y avoir eu des gestes ainsi que des propos « déplacés ». Enseignants et parents n’étaient même pas au courant de sa présence dans la capitale.
Peu documentées, les agressions entre partenaires masculins sont un angle mort de la prise en charge des violences sexuelles. Des représentations stéréotypées de la virilité aux espaces de drague particulièrement propices aux agressions, en passant par le chemsex et un contexte sociétal hétéronormé… Le tabou domine.
Le projet Hypathie, du nom d’une scientifique grecque d’Alexandrie, a pour but de faire graver les noms de quarante grandes femmes scientifiques au deuxième étage de la Tour Eiffel. Dès son inauguration en 1889, 72 noms d’hommes scientifiques sélectionnés par Gustave Eiffel avaient été plaqués en lettre d’or sur une frise.
Le site d’investigation révèle l’existence d’un rapport fouillé passé sous les radars et niant l’existence d’un lien entre sport et radicalisation.
« Monsieur Depardieu est fort avec les faibles et il est faible avec les forts. »[…]« Monsieur Depardieu a plusieurs facettes : c’est aussi le voyou de Châteauroux, un homme d’argent qui a investi dans le pétrole, un homme proche des dictateurs et un agresseur sexuel. »
« J’ai vu un homme se gargariser de la honte et de la terreur des plus faibles et s’abreuver de manière insatiable à toutes formes de domination. J’ai vu des équipes entières prises en otage par la gêne insupportable que ces mots et ces gestes provoquaient
Une enquête en flagrance pour « homicide sur conjoint » a été ouverte par le parquet de Châlons-en-Champagne après l’arrestation d’un ancien policier septuagénaire déjà condamné pour des faits de violences conjugales, samedi 29 mars à Esternay.
Sandra quitte son compagnon fin décembre 2020. Dès le 6 janvier, elle porte plainte pour violences conjugales. Le 24 février, elle demande une ordonnance de protection auprès du juge aux affaires familiales de Bordeaux – demande rejetée après une semaine. Fin mars, elle veut porter plainte pour harcèlement : on ne lui laissera enregistrer qu’une simple main courante. Le 30 mars, elle écrit au procureur et au président de la République : « Je crains le pire des dénouements sans votre intervention. » Sans effet. […] Sandra Pla « n’a jamais eu la protection qu’elle souhaitait, sa famille veut que ça n’arrive plus jamais à d’autres ».
Ça y est ! le Syndicat de la presse pas pareille (SPPP) est lancé, et doté d’un site. Il défend une presse émancipatrice, contre toutes formes de domination. Réfléchi lors des Assises de la Presse Pas Pareille, il souhaite promouvoir les médias indépendants, créer une dynamique collective entre rédactions et porter des revendications politiques et économiques.
Le milliardaire aurait menti avec l’aide de Bercy. Selon le Canard Enchaîné, le groupe Vivendi a baissé son imposition sans payer les pénalités prévues, avec le soutien du ministère de l’Économie et des Finances.
Le bras droit historique d’Emmanuel Macron, secrétaire général de l’Elysée depuis huit ans, a été nommé directeur général adjoint de la banque française, a annoncé cette dernière ce vendredi 28 mars.
Alors qu’une enquête accablante sur le groupe Galileo a mis une nouvelle fois en lumière les abus des établissements supérieurs privés lucratifs, les pouvoirs publics s’interrogent enfin sur la régulation de ce secteur.
Le rectorat dit effectivement que les collègues vont recevoir un courrier et ils vont le recevoir à priori le 2 avril, puisque l’instance académique a lieu le 1er avril, sachant que pour saisir ses vœux quand on perd son poste et qu’il en faut un nouveau, les collègues ont jusqu’au 3 avril.
L’ONG signe une tribune publiée mercredi pour dénoncer “une préférence nationale déguisée” à propos d’une proposition de loi Les Républicains adoptée au Sénat pour restreindre certaines prestations sociales aux étrangers.
Alors que les actes antisémites progressent de manière significative, de même que les actes racistes et islamophobes, les défenseurs de la France aux Français, les bons, les blonds, les Blancs, allument un contre-feu, et dénoncent avec force et vigueur le « racisme anti-Blancs ». C’est dire si leur combat contre l’antisémitisme est sincère. Et prioritaire. En réalité, ils ne font que hiérarchiser leur haine. Les Arabes et les Noirs d’abord, les juifs ensuite.
Voir aussi Fabien Roussel évoque un « racisme anti-blanc » (liberation.fr)
Le féminisme est traditionnellement associé à des valeurs progressistes, telles que l’égalité et la justice sociale. Mais ces dernières années, des activistes d’extrême droite, comme « Némésis », les « Antigones » ou les « Caryatides », revendiquent leur féminisme. Ciblant l’islam et les migrants au nom de la défense des femmes, elles sont de plus en plus présentes dans les médias.
Pierre Alessandri était connu en Corse pour son engagement syndical contre la spéculation, les fraudes et les pratiques mafieuses. Alors que les investigations se poursuivent sur son assassinat le 17 mars, le silence des autorités est effarant.
En six mois, douze véhicules électriques de la célèbre marque du milliardaire Elon Musk ont été incendiés dans la ville des Deux-Sèvres. Les enquêteurs privilégient la piste criminelle.
Amazon has disabled two key privacy features in its Alexa smart speakers, in a push to introduce artificial intelligence-powered “agentic capabilities” and turn a profit from the popular devices.
Meredith Whittaker, the president of Signal, isn’t too happy with Will Cathcart’s recent statements, which suggest there are hardly any differences between WhatsApp and Signal.”WhatsApp can link that information to Facebook, to Instagram and to payment data that they could buy into. Signal simply doesn’t have all that data”
Voir aussi Dans un contexte tendu, Signal rappelle ses différences avec WhatsApp (next.ink)
Récemment déprogrammé par France Télévisions, Algérie, sections armes spéciales met en lumière la guerre chimique menée par l’armée française contre la population civile. En donnant la parole à des victimes et des anciens combattants, le documentaire soulève également des questions sur la transparence des archives militaires et la mémoire collective.
les bros de la Silicon Valley inventent des technologies qui sont ensuite utilisées par leurs bros d’Iran pour oppresser les femmes. On est vraiment au carrefour des masculinités toxiques. […] Ça veut dire aussi que les génies de l’IA… font de loooongues études, très pointues… ils sont capables de coder des programmes hyper compliqués et la première chose qu’ils font au moment d’utiliser leurs compétences, c’est DE FOUTRE LA MISÈRE AUX MEUFS ? ! ! ! !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
30.03.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 17 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Dans son livre, Mood Machine, la journaliste indépendante Liz Pelly, décortique ce que Spotify a changé dans la musique, pour les clients du service, comme pour les musiciens. Entre uberisation et syndrome de Stockholm.
Cela fait des années que la journaliste indépendante Liz Pelly observe Spotify. Son essai, Mood Machine : The Rise of Spotify and the Costs of the Perfect Playlist (Simon & Schuster, 2025) estime que la musique est devenue un utilitaire plus qu’un art. Pour les fans de musique, le streaming est, malheureusement, un « produit spectaculaire » : « un jukebox universel et infini ». Pour les musiciens cependant, Spotify a été une menace plus existentielle que la révolution du partage de fichiers qui l’a précédée, car le streaming, lui, a reçu le vernis de la légitimité, explique le Washington Post dans sa critique du livre. Mais Spotify a surtout détourné les bénéfices de la musique a son profit, tout en préparant le terrain pour remplacer les musiciens par de la musique générée par l’IA. Le secteur d’ailleurs s’y prépare : un récent rapport de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac) annonce la chute de la rémunération des artistes et le déferlement à venir de la musique générée par IA
Liz Pelly rappelle que les origines de Spotify plongent directement dans The Pirate Bay, l’emblème du téléchargement illégal de musique du début des années 2000, notamment parce que le service était une réponse au comportement des gens et à l’envolée du téléchargement illégal. Pour le fondateur de Spotify, la musique a été considérée comme Amazon a considéré les livres : un cheval de Troie pour exploiter les clients. La recette de la suprématie auditive de Spotify a surtout reposé sur les playlists, spécifiques, homogènes et de plus en plus automatisées, descendant monotone de la radio commerciale et des musiques d’ambiance. Nos habitudes d’écoute culturelles ont été peu à peu déformées par la domination de Spotify. « Les auditeurs ont été encouragés à aborder la musique comme une activité purement fonctionnelle – pour dormir, étudier ou meubler un lieu public – sans avoir à fournir aucun investissement particulier dans des artistes individuels et identifiables ». En fait, Spotify vise avant tout à maintenir ses clients dans leur zone de confort. Spotify incarne « un modèle de créativité axé sur le service client qui conduit à une stagnation esthétique », explique Pelly. Le « son Spotify » ressemble à la décoration des appartements sur Airbnb, partout identique.
« À quel moment un système de recommandation cesse-t-il de recommander des chansons et commence-t-il à recommander une idée complète de la culture ? » demande Pelly. Spotify préfère que vous vous engagiez de la manière la plus passive et la plus distraite possible. Comme en politique, les superstructures panoptiques fonctionnent mieux lorsque leurs sujets ne leur accordent pas trop d’attention. Comme l’aurait dit un jour Daniel Ek, le fondateur de Spotify, « notre seul concurrent est le silence ». Dans le New Yorker, le prof de littérature Hua Hsu qui discute du même livre, parle d’un syndrome Spotify comme d’un syndrome de Stockholm. « Tout comme nous entraînons l’algorithme de Spotify avec nos goûts et nos dégoûts, la plateforme semble, elle, nous entraîner à devenir des auditeurs 24 heures sur 24 ». Pelly soutient, en fait, que la plus grande innovation de Spotify a été sa compréhension de l’affect, de la façon dont nous nous tournons vers la musique pour nous remonter le moral ou nous calmer, nous aider à nous concentrer sur nos devoirs ou simplement nous dissocier. Contrairement aux maisons de disque, son but n’était pas de nous vendre un tube dont on se lasse, mais de nous vendre un environnement sonore permanent. Quand on écoutait MTV ou la radio, nous pouvions parfois tomber sur quelque chose de différent ou d’inconnu. Désormais, la personnalisation « laisse présager d’un avenir sans risque, dans lequel nous ne serons jamais exposés à quoi que ce soit que nous ne voudrions pas entendre ». Sur Spotify, « les sons flottent en grande partie sans contexte ni filiation ». Les artistes y sont finalement assez invisibles. La musique décontextualisée de son histoire.
Internet était censé libérer les artistes de la monoculture, en offrant les conditions pour que la musique circule de manière démocratique et décentralisée. Certes, elle circule plus que jamais, mais la monoculture, elle, s’est terriblement renforcée.
Dans les bonnes feuilles du livre que publie Harpers, Pelly évoque une autre dimension des transformations qu’a produit la plateforme, non pas sur les utilisateurs et clients, mais sur la musique et les musiciens eux-mêmes. Elle décrit les artistes fantômes de la plateforme, une polémique où les playlists populaires de Spotify semblaient se peupler de musiques de stock et d’artistes qui n’existaient pas. Pelly montre que Spotify avait en fait, malgré ses longues dénégations, bel et bien des accords avec des sociétés de productions pour produire des flux de musique moins chers. Ce programme, baptisé Perfect Fit Content (PFC, que l’on peut traduire par « contenu parfaitement adapté »), offrait des conditions de rémunération moindre et visait clairement à réduire les droits payés par Spotify aux artistes, normalisant des titres bons marchés pour remplir les playlists. « Au milieu des années 2010, le service s’est activement repositionné pour devenir une plateforme neutre, une méritocratie axée sur les données qui réécrivait les règles de l’industrie musicale avec ses playlists et ses algorithmes ». En se rendant compte que de nombreux abonnés écoutaient de la musique en fond sonore, Spotify a opté pour une solution qui lui permettait de réduire les dividendes qu’elle versait au majors (représentant quelques 70 % de ses revenus) afin de devenir bénéficiaire. Pour cela, elle a misé sur les recommandations par playlists d’humeur qui se sont peu à peu peuplées de titres PFC – et ce alors que Spotify se défend de faire des placements de chansons dans ses playlists.
De nombreuses entreprises fournissent désormais Spotify en musique libre de droits à petits budgets, au détriment d’artistes indépendants. Loin d’être la plateforme de la méritocratie musicale qu’elle prétend être, Spotify, comme bien des entreprises, « manipule secrètement la programmation pour favoriser le contenu qui améliore ses marges ». Pour les musiciens précarisés qui produisent ces musiques, cela ressemble surtout à une ubérisation à marche forcée, avec des enregistrements à la chaîne et des musiques écrites sur un coin de table pour correspondre à un style précis, qui signent des contrats avec des droits réduits. « La musique de fond est à certains égards similaire à la musique de production, un son produit en masse sur la base d’un travail à la demande, qui est souvent entièrement détenu par des sociétés de production qui le rendent facilement disponible pour la publicité, la sonorisation de magasin, la production de films… » Ce que l’on appelle « la musique de production » est d’ailleurs en plein essor actuellement, explique Pelly, notamment pour créer des fonds sonores aux micro-contenus vidéo de Youtube, Insta ou TikTok, afin d’éviter des accords de licences compliqués voire la suppression de contenus lié à la violation du droit d’auteur. Pour ces entreprises qui produisent de la musique à la chaîne, comme Epidemic Sound, la musique n’est rien d’autre qu’une « activité de données », aplanissant les différences entre les musiques, produisant un brouillage des frontières esthétiques.
Les musiciens de l’Ivors Academy, une organisation britannique de défense des auteurs-compositeurs, affirment que les « frictions » que des entreprises comme Epidemic cherchent à aplanir sont en fait des protections industrielles et de droit d’auteur durement gagnées. Nous sommes entrés dans une course au moins disant, explique un producteur. Quand ces morceaux décollent en audience, ils génèrent bien plus de revenus pour Spotity et les labels fantômes que pour leurs auteurs, par contrat. « Ce traitement de la musique comme rien d’autre que des sons de fond – comme des pistes interchangeables de playlists génériques et étiquetées en fonction de l’ambiance – est au cœur de la dévalorisation de la musique à l’ère du streaming. Il est dans l’intérêt financier des services de streaming de décourager une culture musicale critique parmi les utilisateurs, de continuer à éroder les liens entre les artistes et les auditeurs, afin de faire passer plus facilement de la musique à prix réduits, améliorant ainsi leurs marges bénéficiaires. Il n’est pas difficile d’imaginer un avenir dans lequel l’effilochage continu de ces liens érode complètement le rôle de l’artiste, jetant les bases pour que les utilisateurs acceptent la musique créée à l’aide de logiciels d’IA générative. » Epidemic Sound a déjà prévu d’autoriser ses auteurs à utiliser les outils d’IA pour générer des pistes musicales. Et Spotify, pour sa part, a fait part ouvertement de sa volonté d’autoriser la musique générée par l’IA sur la plateforme.
L’exploitation de l’IA par Spotify ne s’arrête pas là. Elle est toujours corrélée à des initiatives pour réduire les coûts, rappelle Pelly, en évoquant par exemple le Discovery Mode, un programme de promotion automatique où les artistes qui acceptent d’y participer acceptent également une redevance inférieure. Bien sûr, Discovery Mode a attiré l’attention des artistes, des organisateurs et des législateurs et il est probable que PFC attise également les critiques… Mais « les protestations pour des taux de redevance plus élevés sont plus difficiles quand les playlists sont remplies d’artistes fantômes ».
MÀJ du 27/01/2025 : Liz Pelly est en interview dans le Monde.
24.03.2025 à 07:42
Khrys
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
History pivoted in Tokyo yesterday – though few Americans noticed. The foreign ministers of Japan, China, and South Korea gathered for the first time since 2023, posed for ceremonial photographs, and drafted plans for an Asian future where American preferences no longer command deference.
prévient lundi que si elle ne trouve pas de fonds alternatifs, elle sera forcée de fermer d’ici juin « 80 % des services de soins essentiels » qu’elle soutient en Afghanistan, dont le système de santé ne tient que grâce au soutien des bailleurs internationaux.
Les autorités serbes ont démenti avoir usé de cet arsenal dont l’utilisation est interdite dans le pays. Mais un émetteur d’ondes millimétriques pourrait également être en cause. Ce type d’arme non-létale émet un intense rayon de chaleur causant une sensation de brûlure extrêmement désagréable.
Le texte a été adopté via une procédure exceptionnelle à une large majorité par la coalition au pouvoir avec 136 voix pour et seulement 27 voix contre.
Suspensions affect accounts spreading information about the widespread demonstrations.
The group behind the radical Project 2025 agenda is increasingly turning its attention to Europe.
Le ministère des Affaires étrangères rwandais a annoncé sa décision « avec effet immédiat » ce lundi 17 mars, accusant la Belgique d’avoir « pris parti » pour Kinshasa.
La direction de la giga-factory Tesla près de Berlin s’affranchit du droit du travail en coupant dans les revenus de ses salariés malades, jusqu’à les pousser à un départ sans indemnités. […] Pour y parvenir Musk a bénéficié de la complicité des autorités fédérales et du Land de Brandebourg, en vertu d’une très grande coalition rassemblant CDU, libéraux SPD et Verts.
The decision was for “the safety of attendees, exhibitors, and staff.”
The Elon Musk-led EV maker has given up entirely on LIDAR or radar sensors, which its many competitors have been using for object detection for years, with Musk once calling LIDAR “fricking stupid, expensive and unnecessary.”But by relying only on visual data, Tesla’s Autopilot can easily be fooled by anything from heavy fog to a wall-scale painting of the road ahead
Le constructeur américain, propriété d’Elon Musk, rappelle l’ensemble de ces véhicules produits depuis novembre 2023 à cause de panneaux de carrosserie qui risquent de tomber.
Brits going to the USA have been warned after high profile incidents of tourists being detained ‘in chains’ at the border.
Berlin checking if US immigration policy has changed after Fabian Schmidt becomes third German to be detained
Le gouvernement français a déploré ce mercredi 19 mars l’interdiction d’entrée sur le territoire américain d’un chercheur venu assister à une conférence pour le CNRS, en raison de son « opinion personnelle » sur la politique du président américain concernant la recherche.
as Trump expands the Department of Homeland Security’s (DHS) mandate, legal immigrants, too, are finding themselves in the government’s crosshairs. Their arrests are facilitated by DHS’s vast surveillance capabilities, which are largely invisible to the public by design — and where the details of a person’s life, from years-old criminal charges to seemingly innocuous social media posts, are weaponized.
Arrivé·es en 2022 et 2023 dans le cadre d’un programme lancé par Joe Biden, un demi-million de Cubain·es, Haïtien·nes, Nicaraguayen·nes et Vénézuélien·nes vont être contraint·es de quitter les États-Unis d’ici le 24 avril.
Durant trois années, des chercheurs de l’université de Yale avaient collecté numériquement de précieuses informations, compromettantes pour Vladimir Poutine.
Le président américain a déclaré lundi 17 mars suspendre le dispositif de sécurité du Secret Service qui protégeait jusqu’à présent le fils et la fille de son prédécesseur.
“It feels like a fake technological solution for a problem that doesn’t exist”
US President Donald Trump has signed an order to strip back federally funded news organisation Voice of America, accusing it of being “anti-Trump” and “radical”.
Voir aussi The silencing of Voice of America (vox.com)
A lawsuit was filed in federal court here today seeking to restore the Voice of America. My successor as VOA’s White House bureau chief, Patsy Widakuswara, who grew up under a dictatorship in Indonesia, is the lead plaintiff. Some of the other plaintiffs, who for now are anonymous, are among nearly 50 VOA journalists whose J-1 visas are being cancelled and must leave the country within 30 days. At least six of those face going home to authoritarian countries where they could be jailed, or worse.
Les régimes autoritaires, comme le Kremlin et le Parti communiste chinois, se réjouissent de la mort de Voice of America. Il est clair que l’action de Donald Trump encouragera une répression plus sévère contre les journalistes et la liberté de la presse.
The news business isn’t just any business — it serves a vital role in our democracy, recognized by the First Amendment. But media outlets can’t serve that role if they’re bankrupt. And as a result, news readers often find themselves blocked by paywalls from reading important stories about government business. […] Wired has a solution — it’s going to stop paywalling articles that are primarily based on public records obtained through the Freedom of Information Act.
Stories of Holocaust survivors were caught in the anti-DEI net, as was an article about Jewish “Golden Girls” star Bea Arthur.
Le président américain prévoit de ratifier, ce jeudi 20 mars, un décret visant à fermer le ministère de l’Education et à transférer ses compétences aux États. Mais ce démantèlement n’est pas possible sans l’adoption d’une loi au Sénat.
Like a mob boss, the government threatens to cut off two of the university’s fingers : academic freedom and faculty governance
Pour garder ses 400 millions de dollars de subventions, l’université new-yorkaise cède au chantage et s’engage notamment à évaluer le travail du Centre d’études palestiniennes et de l’Institut d’études israéliennes et juives.
The Federal Trade Commission (FTC) has removed over 300 blog posts published during the agency’s leadership under former chair Lina Khan, Wired reports. These include posts that are critical of companies like Amazon and Microsoft for their handling of customer data.
Last month, the Trump administration made a racist change to its rules for business that get federal contracts, so that “the federal government no longer explicitly prohibits contractors from having segregated restaurants, waiting rooms and drinking fountains.”
Federal support for mRNA vaccine research appears in jeopardy after KFF Health News reported Sunday that officials at the National Institutes of Health have directed scientists to remove all references to the lifesaving technology from their grant applications. All such research is now under direct scrutiny from health secretary and long-time anti-vaccine advocate Robert F. Kennedy Jr.
National Institutes of Health officials have urged scientists to remove all references to mRNA vaccine technology from their grant applications, two researchers said, in a move that signaled the agency might abandon a promising field of medical research.
So it happened. We have officially withdrawn a paper accepted for publication in a scientific journal because of editorial requests to remove language deemed out of compliance with executive orders.[…] It’s true, we could ‘comply’ with these editorial requests without altering the article’s main scientific contributions. But, let’s be clear. These are not editorial requests aimed at improving our science or clarifying our main arguments. […] By erasing entire groups of people from scientific dissemination, these requests reinforce the very inequities that the public health community should be seeking to address. […] We refuse to publish our work in any journal that enables such political interference or denies access to dissemination for reasons unrelated to the quality of the science itself […]Not everyone will have the luxury to make this choice, but for those who do, please take a stand.
Des cas de grippe aviaire de type H7N9, une des principales souches à l’origine des contaminations humaines, ont été confirmés dans un élevage de poulets aux Etats-Unis, déjà confrontés à une flambée de H5N1.
By the early 2020s, billionaires had positioned themselves as the masters of climate change policy, taking advantage of their great fortunes to become indispensable to environmentalism. Now, however, many of those same billionaires are pulling support at an alarming rate. And Bill Gates — Microsoft founder, sixth richest man in the world, and alleged sex pest — is the latest among them.
L’ONG a été condamnée ce mercredi 19 mars à verser plusieurs centaines de millions de dollars à Energy Transfer pour avoir participé à des manifestations en 2017 contre ce pipeline traversant le nord des États-Unis.
Sunita Williams et Barry Wilmore ont embarqué ce mardi 18 mars au petit matin dans le vaisseau Crew Dragon de l’entreprise SpaceX d’Elon Musk, qui s’est détaché du laboratoire orbital. Elle et il doivent regagner la Terre dans la soirée.
Last week, a Texas-based software developer by the name of Davis Lu was found guilty by a federal jury for maliciously disrupting servers at Eaton Corp, a huge power management firm headquartered in Dublin, Ireland.
Les logiciels ne remplaceront jamais les êtres humains, et ceux qui défendent leur déploiement le savent. Tout ce que les fossoyeurs de la démocratie attendent de l’outil technique, c’est qu’il soit perçu comme un concurrent plausible du fonctionnaire le temps du remplacement de la bureaucratie par l’infrastructure […] Si j’écris jusqu’ici “IA” entre guillemets, c’est parce que “l’IA” en tant qu’outil technique n’existe pas. L’IA n’est pas un outil technique, c’est une idéologie
Current AI is a perfect smoke screen to mess with democracy and freedom. More exactly, current AI is great for “manufacturing excuses and replacing politics, automating not paperwork but democratic decision-making… If you want a labor force, a regulatory bureaucracy, or accountability to disappear, you simply say, ‘AI can do it.’”
Generative AI spammers are brute forcing the internet, and it is working. […] The best way to think of the slop and spam that generative AI enables is as a brute force attack on the algorithms that control the internet and which govern how a large segment of the public interprets the nature of reality. It is not just that people making AI slop are spamming the internet, it’s that the intended “audience” of AI slop is social media and search algorithms, not human beings.
LLM scrapers are taking down FOSS projects’ infrastructure, and it’s getting worse. (theregister.com) SourceHut says it’s getting DDoSed by LLM bots
On Wednesday, web infrastructure provider Cloudflare announced a new feature called “AI Labyrinth” that aims to combat unauthorized AI data scraping by serving fake AI-generated content to bots. The tool will attempt to thwart AI companies that crawl websites without permission to collect training data for large language models that power AI assistants like ChatGPT.
Qu’elles soient génératives ou non, les IA ayant appris des corrélations fallacieuses exposent leurs utilisateurs à des biais plus ou moins importants. Si les corrélations fallacieuses peuvent apparaître amusantes de par leur absurdité, elles peuvent également être source de discriminations.
Biz leaders still dream of obedient agents replacing workers. In the actual workplace, they’re going AWOL
Asked whether “scaling up” current AI approaches could lead to achieving artificial general intelligence (AGI), or a general purpose AI that matches or surpasses human cognition, an overwhelming 76 percent of respondents said it was “unlikely” or “very unlikely” to succeed.
L’État hébreu a continué ce mercredi 19 mars de bombarder Gaza, en dépit du cessez-le-feu et des critiques de la communauté internationale. Tsahal a par ailleurs « pris le contrôle » du couloir de Netzarim, dans le centre de l’enclave.
Dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars, la bande de Gaza a été la cible de bombardements israéliens venus rompre la trêve en vigueur depuis plusieurs semaines. Des attaques condamnées à l’international, sauf par les États-Unis.
Malgré une pétition, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec refuse de dénoncer les violations de la liberté de la presse par Israël.
L’arrestation et la détention d’un ancien étudiant de l’université Columbia, qui avait manifesté en faveur de la population palestinienne à Gaza, créent un dangereux précédent pour la liberté d’expression aux États-Unis.
Les start-up, souvent présentées comme un symbole de la modernité d’Israël, sont en réalité une partie intégrante du complexe militaire de ce pays. Une troisième enquête montre comment le géant américain Microsoft est partie prenante de cette stratégie de mort visant les Palestiniens. […] Dès que Lavender désigne un individu comme étant un militant du Hamas, ce repérage fait office d’ordre d’exécution, sans que soient vérifiées les données qui ont conduit la machine à cette conclusion. En faisant abstraction de leur rang ou de leur grade, l’IA a sélectionné 37 000 Palestiniens selon le principe des « traits » communs aux membres du Hamas et du Djihad islamique, l’armée assumant le risque que cette similarité l’induise en erreur et que le programme désigne des policiers, des membres de la défense civile, des parents de militants, des homonymes comme cibles potentielles. C’est exactement ce qui est arrivé. Lavender a donc joué un rôle déterminant dans l’usage intensif des bombardements, en particulier pendant les premières phases de la guerre durant lesquelles les officiers, couverts par leur hiérarchie, n’ont pas été tenus de vérifier les critères de choix de la machine (bien qu’elle se trompe dans 10 % des cas), s’assurant seulement que la cible était un homme puisque le Hamas et le Djihad islamique n’ont pas recours à des combattantes. Un fonctionnement qui a conduit l’armée israélienne à tuer quelques 15 000 Palestiniens au cours des six premières semaines de son intervention à Gaza. Ce carnage s’est interrompu non pas pour des raisons morales, mais par peur de manquer de bombes. Une crainte infondée puisque l’aide américaine s’est poursuivie sans interruption.
In a significant diplomatic move, Mexico’s President Claudia Sheinbaum has officially recognized Palestine as a state, marking a historic moment in international relations. Sheinbaum, who enjoys an 80 % approval rating, reaffirmed her commitment to Palestinian human rights as she welcomed the Palestinian Authority’s ambassador to Mexico, Nadya Rasheed.
Testimonies are emerging of sexual violence against women and girls attempting to enter Poland from Belarus, in a wider report on illegal pushbacks of prospective asylum seekers.
L’actrice belge est morte ce dimanche 16 mars, emportée, à 43 ans, par un cancer.
Le conclave initié par François Bayrou prend l’eau depuis son refus à un retour à la retraite à 62 ans. Trois organisations sur huit ont déjà quitté les négociations.
Une rarissime panne technique a empêché de comptabiliser les votes des députés jeudi soir dans l’hémicycle. Les élus ont finalement voté, à l’ancienne, contre la levée de la confidentialité des messageries chiffrées dans la lutte contre les trafiquants de drogue.
Voir aussi Panne informatique à l’Assemblée nationale : quand la démocratie bugue, la voix reprend ses droits (projetarcadie.com)
À l’issue d’un conseil de politique nucléaire ce lundi autour d’Emmanuel Macron, la présidence de la République a indiqué que le programme EPR2 serait retardé d’au moins trois ans. Le coût de ce programme devrait se situer « sous les 100 milliards d’euros » selon le ministre de l’Énergie.
L’ancienne ministre de l’Environnement, fervente opposante autoproclamée à l’atome, a été nommée par Yaël Braun-Pivet au sein du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire.
L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a une nouvelle fois analysé les effets de la baisse de la vitesse sur le périphérique, cinq mois après sa mise en place. Et tous les voyants sont au vert : bruit, embouteillages, pollution et accidents.
D’anciens élèves de l’Institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine ont ouvert un groupe Facebook suite aux révélations dans l’affaire Bétharram. Il a permis de recueillir une vingtaine de témoignages à l’encontre de plusieurs anciens professeurs et surveillants. […] “On a été extrêmement choqué·es. On a eu l’impression d’ouvrir une boîte de Pandore parce qu’en moins de dix jours, on a eu des témoignages sur sept personnes accusées de faits très graves, de violences physiques, de violences psychologiques, de violences sexuelles”
Violenté enfant dans l’établissement catholique digne d’un « Bétharram bis », Renaud Serraz veut briser, pour lui et tous les autres, le « douloureux silence » dans lequel l’a enfermé le déni familial et collectif.
Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a envoyé ce vendredi 21 mars son dernier bulletin. Alerté sur des problèmes de gestion, le gouvernement n’a pas versé sa subvention fin 2024. Dans l’attente d’une décision du tribunal de commerce de Lyon le 26 mars, l’association risque la liquidation.
Ce jeudi 19 mars, le quotidien « Sud Ouest » rapporte que tous les points chauds de l’incendie de Landiras sont désormais éteints. Sur le dernier site encore actif, la combustion souterraine a été stoppée grâce à une opération d’envergure.
Edith Heard est biologiste et directrice générale de l’European Molecular Biology Laboratory (EMBL). Elle a reçu la médaille d’or du CNRS en 2024 pour ses travaux sur l’épigénétique et l’inactivation du chromosome X.
Après la Nouvelle-Aquitaine, une deuxième collectivité régionale autorise, depuis janvier, ses agentes qui souffrent de menstruations douloureuses à s’absenter de leur travail, sans retrait de salaire, maximum treize jours par an.
Le texte visant à faire reconnaître à l’Etat les « souffrances » des femmes condamnées a été adopté à l’unanimité par les sénateurs ce jeudi 20 mars, en première lecture.
Un paysagiste de 34 ans est mis en examen après avoir reconnu quinze agressions sexuelles avec soumission chimique. Trois plaintes avaient été enregistrées, la gendarmerie cherche d’autres victimes.
Devant la cour criminelle du Morbihan, l’ex chirurgien a même évoqué un viol, disant « accepter les conséquences judiciaires », a précisé son avocat à « Ici Breizh Izel ».
La septuagénaire sortira dans quelques mois un livre dont le titre provisoire est « Un hymne à la vie », annonce-t-elle au « Guardian » ce jeudi 20 mars. L’ouvrage sera publié dans 21 langues.
L’animateur de la chaîne CNews qui avait été condamné en première instance à un an de prison avec sursis, voit sa peine s’alourdir. Il doit aussi payer une amende de 20 000 euros pour des faits commis sur trois adolescents entre 2009 et 2016.
Le dossier de l’hebdomadaire français sur une Belgique supposément aux mains de l’extrême gauche et des islamistes est loin d’avoir fait l’unanimité dans le pays.
Quelques heures après l’annonce du Premier ministre sur France Inter ce dimanche 16 mars, son ministre de l’Economie a assuré que le dernier mot sur l’âge de départ à la retraite reviendra aux partenaires sociaux.
Confrontées à des difficultés économiques, les entreprises multiplient les plans sociaux. Mais certaines n’hésitent également plus à se séparer directement de leurs salariés tant la législation leur a facilité la tâche.
L’ancien directeur de l’ANSSI, Guillaume Poupard, a fermement dénoncé la tentative du gouvernement d’imposer des backdoors dans les messageries chiffrées. Il y voit une approche inefficace et risquée pour la sécurité numérique française.
Voir aussi Le gouvernement prêt à tout pour casser le droit au chiffrement (laquadrature.net) et Loi narcotrafic : Bruno Retailleau échoue à faire écouter les messageries chiffrées (humanite.fr)
Alors que les appels politiques à la défense de la souveraineté technologique se multiplient, le ministère signe un énorme contrat avec Microsoft. Montant de l’accord : de 74 à 152 millions d’euros.
Voir aussi Microsoft aime toujours l’Éducation nationale (cafepedagogique.net) et Souveraineté numérique : fronde contre l’Éducation nationale qui attribue un “gros” contrat à Microsoft (silicon.fr)
Hexatrust, l’association professionnelle des acteurs français et européens de la cybersécurité et du cloud de confiance, pousse un coup de gueule contre le ministère de l’Éducation nationale qui vient d’attribuer un marché public de 74 millions € à Microsoft. De son côté, le député Philippe Latombe demande son annulation.
Le gouvernement avait lancé une expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans la perspective des Jeux olympiques de Paris. L’Exécutif souhaite désormais prolonger l’expérimentation jusqu’en 2027, ce que l’Assemblée nationale a définitivement voté, ce mardi 18 mars.
À son article 15, ce projet de loi « simplification » (ou PLS) prévoit d’accélérer la construction d’immenses data centers sur le territoire français, en permettant à l’État de les imposer aux territoires concernés et en multipliant les dérogations au droit de l’urbanisme, de l’environnement ou au principe de participation du public.
Les textes, présentés ce mardi 18 mars, proposent notamment d’augmenter la durée de rétention pour les étrangers dangereux et de conditionner les prestations sociales à une durée de résidence. La gauche dénonce une « retaillisation du Sénat ».
Le Premier ministre a convoqué et recadré ce mardi 18 mars cinq ministres opposés à « la ligne » du gouvernement : celle d’interdire le port de signes religieux dans l’ensemble des compétitions sportives. Gérald Darmanin avait mis sa démission dans la balance.
Le gouvernement a détaillé auprès des conseils départementaux les grandes lignes de sa réforme du RSA dans une lettre […] jeudi 20 mars. Selon cette dernière, les allocataires qui ne peuvent pas justifier une quinzaine d’heures d’activité hebdomadaire verront leur allocation être suspendue de 30 à 100 %, et ce, pendant plusieurs mois.
Ce mardi 18 mars au petit matin, les forces de l’ordre ont encerclé la salle de spectacle parisienne occupée depuis trois mois par environ 500 exilé·es. Des dizaines de manifestant·es sont présent·es et nassé·es.
Voir aussi Évacuation de la Gaîté Lyrique (lundi.am) « La merde ambiante se propage »
Confinés, verbalisés, endeuillés : en Seine-Saint-Denis, la pandémie de Covid-19 a laissé des cicatrices.« C’était la chasse aux gamins. Ils couraient dans les escaliers, les flics leur tombaient dessus. À chaque étage, on frappait aux portes : “Ouvrez ! Ils sont où ?” »« Les jeunes étaient coincés chez eux à huit ou neuf. Comment respirer ? Mais dehors, c’était l’amende assurée. »
En mai 2024, au petit matin, en plein cœur de la capitale, trois fonctionnaires frappent violemment trois hommes d’origine maghrébine face à l’établissement de nuit. Deux des agents de police n’en sont pas à leur première condamnation de ce type.
Le journaliste indépendant Clément Lanot affirme qu’il était « clairement identifiable » et portait un casque.
Des journalistes frappés. Des personnes âgées plaquées au sol. Des manifestants agressés alors qu’ils brandissaient des drapeaux antifascistes, une banderole mentionnant « Tant qu’il le faudra » arrachée en tête de cortège. Voici la réaction de la police lors d’une marche nationale contre le racisme et l’extrême droite ce samedi 22 mars à Paris.
Sept mois après la mort de Djamel Bendjaballah tué près de Dunkerque, ses proches et des élus écologistes appellent à reconnaître le mobile raciste de l’acte.
on voit le véhicule des mis en cause percuter le feu rouge, avant d’être à son tour heurté par une voiture de police qui le suivait. Une deuxième voiture de police suivant juste après s’encastre à son tour dans la première voiture de police. Un peu plus tard, une troisième voiture de police vient percuter les deux premières.
Plus de 400 personnalités du monde de la culture dénoncent la violente expulsion de la Gaîté lyrique qui a eu lieu le mardi 18 mars 2025. Depuis le 10 décembre, 460 mineur·es isolé·es occupaient ce théâtre emblématique de la capitale.
Nous, militantes féministes, dont Anna Toumazoff, Rose Lamy, Blanche Sabbah, avec le soutien des associations la Fondation des femmes, trois comités locaux de #NousToutes, le collectif Le Bruit Qui Court et la Brigade d’action féministe, appelons à nous réunir le 24 mars devant le tribunal judiciaire de Paris à 12 h 00.
Sarah Wynn-Williams dénonce avec le plus de virulence les pratiques sans foi ni loi de Mark Zuckerberg : elle l’accuse d’avoir facilité, au Myanmar, la diffusion de messages de haine de la part de la junte et la planification de violences sexuelles et de tueries de masse à l’encontre de la minorité musulmane.
La directrice générale de Polytechnique, Laura Chaubard, a acté en toute discrétion une migration des données de la prestigieuse école d’ingénieurs vers l’offre Microsoft 365. La bascule suscite les critiques de chercheurs, qui s’inquiètent de voir la confidentialité de leurs données menacée par les lois extraterritoriales américaines.
Voir aussi L’école Polytechnique veut migrer sur Microsoft 365 et déclenche un tollé (next.ink)
Si les amish sont numériquement peu importants aux États-Unis, leur image, celle d’une communauté profondément attachée aux « valeurs traditionnelles », fait d’eux un enjeu électoral important. Durant la dernière campagne présidentielle, le soutien d’une partie significative d’entre eux à Donald Trump a sans doute eu une influence importante
The extreme right is organizing for a new austerity campaign modeled on Elon Musk’s destructive efforts
If there’s any lesson so far in Trump’s second term, it’s that playing nice isn’t just bad optics — it’s a losing strategy.
Le pouvoir trumpiste a jeté en prison Mahmoud Khalil, militant palestinien et figure du mouvement étudiant de solidarité avec Gaza aux États-Unis. Dans cette lettre, dictée depuis sa prison dans l’État de Louisiane, celui-ci revient sur les conditions et la signification politique de son arrestation arbitraire
The very short version : It has now become clear that European governments can no longer rely on American clouds, and that we lack good and comprehensive alternatives. Market forces have failed to deliver a truly European cloud, and businesses won’t naturally buy as yet unproven cloud services, even when adorned with a beautiful European flag, so for now nothing will happen. This means it’s time for industrial policy, which requires politics to be proficient in “industry.” Such proficiency is the only way to develop policies and plans that don’t go off the rails (which, unfortunately, can happen in many ways).
international broadcasters should not close any more shortwave transmitting sites. They are essential facilities to relay information when the internet is blocked, which will happen in more places, more frequently and more thoroughly.
« Se préparer au pire devient le discours officiel »
Des centaines de tablettes administratives de l’empire d’Akkad, fondé en Mésopotamie vers 2330 av. J.-C., ont été déterrées en Irak, offrant un rare aperçu de la bureaucratie à l’époque antique.
loin d’être identique au fil des millénaires, le chant des oiseaux serait en perpétuelle évolution culturelle au gré des migrations aviaires
Sur l’île d’El Hierro, aux larges des Canaries espagnoles, en proie à une pénurie d’eau, un biologiste polonais tente de produire des fruits sans apport d’eau autres que la pluie et le brouillard, en se fondant sur la recherche scientifique.
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23.03.2025 à 09:00
Framasoft
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 08 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Dans « Les prophètes de l’IA », le journaliste Thibault Prévost nous explique que le futur est désormais un programme idéologique et politique, celui des grands acteurs de la Tech. Leur objectif : faire perdurer la religion, le capitalisme et le colonialisme en les rendant fonctionnels. La méthode que met en œuvre cette petite élite de technomilliardaires consiste à prendre le pouvoir par la technologie, non pas pour sauver le monde, mais uniquement pour se sauver eux-mêmes. La perspective technofasciste est un récit éminemment séducteur… mais sans horizon, puisque cette élite ne propose ni d’améliorer notre futur ni d’en partager les fruits. Seulement de renforcer leur pouvoir.
Le livre du journaliste Thibault Prévost, Les prophètes de l’IA (Lux éditeur, 2024), a une grande vertu : nettoyer notre regard de ce qui l’embrume.
Il permet d’abord de comprendre que la technologie ne mobilise pas tant des imaginaires, comme on l’entend trop souvent, mais bien des idéologies. Imaginaire, le terme fait référence à quelque chose qui n’existerait que dans l’imagination, qui serait sans réalité, comme dévitalisé, sans effet autre que sûr le rêve et l’irréel. Rien ne me semble moins vrai. Ce que nous sommes capables de composer dans nos esprits à une puissance d’évocation sans précédent, qui mobilise et galvanise les énergies et façonne le réel. Le terme d’imaginaire dépolitise ce que nos esprits façonnent, quand les récits que nous brodons et partageons construisent d’abord des ralliements, des adhésions ou leur exact inverse, des rejets, des défections, des oppositions. Ce que nous imaginons ne flotte pas dans l’éther, bien au contraire. Nos imaginaires reflètent tout le temps des idées et conduisent nos agissements, décrivent des façons de voir le monde, de le régir, de le gouverner. Imaginaire : le terme ne vise qu’à dépolitiser ce qui est à l’œuvre dans la mise en représentation du monde, à savoir dévitaliser les luttes idéologiques par des récits neutralisés qui ont pour but de les rendre plus séduisants, plus accrocheurs, plus malléables, plus appropriables, plus diffusables. Mais derrière le storytelling, les récits que l’on construit sur l’IA, les discours que l’on porte sur la technologie, il n’est question de rien d’autre que d’une lutte idéologique.
A mesure que la technologie a pris une place prépondérante dans nos sociétés, le discours qui la porte s’est chargé de promesses, de prophéties, de mythes, de prédictions qui se sédimentent en idées politiques qui annoncent, au choix, la fin du monde ou le retour des Lumières. L’un comme l’autre d’ailleurs n’ont qu’un objectif : nous éloigner de la réalité et nous faire adhérer à leur promesse. À savoir qu’il n’y a pas d’alternative au futur que propose la technologie. Qu’il soit rose ou sombre, c’est la technologie qui le façonne, c’est l’élite technologique qui le construit. Le futur est devenu une religion.
Prévost rappelle trop rapidement la longue histoire de l’avènement des religions technologiques, schismes du rêve transhumaniste, pour se concentrer surtout sur les courants et les figures les plus récents. Ce qui l’intéresse, c’est de regarder les habits les plus neufs du transhumanisme, cette consécration de la science et de la technologie, qui promet d’améliorer la condition humaine. Qui souhaite rendre la religion, le capitalisme et le colonialisme fonctionnels, effectifs, comme pour les faire perdurer à jamais. Ces courants qui déifient les sciences de l’ingénierie ne proposent pas qu’une transcendance, c’est-à-dire un dépassement de l’homme par la technique, mais bien l’avènement d’une technocratie toute puissante. L’essai, qui se présente sous forme d’un catalogue des idées du secteur, devient vite épuisant à lire, tant ces délires mis bout à bout se concatènent dans leur logique rance, qui ne produit rien d’autre qu’un total mépris pour la société comme pour les individus qui la composent.
Le livre de Thibault Prévost a une autre vertu. Il nous montre que les grands ingénieurs, les grands investisseurs, les grands entrepreneurs et les grands penseurs de l’IA sont tous complètement… tarés ! Excusez du peu ! Les récits de dépassement, de conquête, de croisade, de puissance ou d’IApocalypse qu’ils nous vendent forment un ramassis de technodélires qui n’ont rien de sérieux ou de rationnel, malgré le fait qu’ils se présentent ainsi. Ces délires sur l’intelligence artificielle générale, sur la transcendance par la machine comme sur l’effondrement, nous abreuvent d’idéologies hors-sol, sectaires, fanatiques et vides pour mieux invisibiliser leur autoritarisme et leur cupidité débridée (à l’image de celle qu’exprimait Mustafa Syleyman dans son livre particulièrement confus, La déferlante). Tous les grands gourous de la tech que Prévost évoque dans son livre (et il n’y a pas que Musk) semblent d’abord et avant tout des individus totalement perchés et parfaitement lunaires. Ils sont tous profondément eugénistes, comme le répète le chercheur Olivier Alexandre (voir aussi dans nos pages). Ils sont obsédés par le QI et la race. Ils ont à peu près tous tenu à un moment ou à un autre des propos racistes. Ils sont tous profondément opposés à la démocratie. Ils partagent tous des discours autoritaires. Derrière leurs récits, aussi barrés les uns que les autres, tous n’oeuvrent qu’à leur propre puissance. A peu près tous partagent l’idée que ceux qui ne croient pas en leurs délires sont des parasites. Leur délire élitiste, eugéniste et cupide a de quoi inquiéter. Le futur qu’ils nous vendent n’a rien d’un paradis, puisqu’il ne remet en rien en cause des privilèges qui sont les leurs, bien au contraire. Tous nient les biens communs. Tous veulent détruire la régulation, à moins qu’ils en soient en maîtres. Ils nous exhortent à penser un futur si lointain qu’il permet de ne plus être fixé dans un cadre politique normé, ce qui permet de totalement le dépolitiser. Tous cachent les enjeux politiques qu’ils défendent sous des questions qui ne seraient plus que technologiques. Remplacer le discours politique par un discours technique permet d’abord de déplacer son caractère politique, comme pour l’aseptiser, l’invisibiliser.
A le lire, Prévost nous donne l’impression de nous plonger dans les disputes sectaires, rances et creuses… qui anônent un « cocktail d’arrogance élitiste et de naïveté qui défend férocement la légitimité morale des inégalités ». Qu’ils se définissent comme altruistes efficaces, longtermistes, doomers, ultralibertariens, extropiens ou rationalistes… (tescralistes, comme les ont qualifiés Timnit Gebru et Emile Torres), ils semblent avant tout en voie de fascisation avancée.
L’IA ne va pas sauver le monde. Elle vise à sauver leur monde, celui d’une caste de milliardaires au-dessus des lois qui cherchent à se garder du reste de l’humanité qu’elle abhorre. « L’IA n’est que le paravent technique d’une entreprise tout à fait classique de privatisation et de captation des richesses ». L’IA vise d’abord la préservation du taux de profit.
La Tech a longtemps été Démocrate et pro-démocratie, rappelle le journaliste, mais c’est de moins en moins le cas. La perspective que la Silicon Valley perde de sa puissance, explique en partie son réalignement. Le techno-solutionnisme progressiste qu’ils ont longtemps poussé a fait long feu : la Tech n’a produit aucun progrès social, bien au contraire. Ses solutions n’ont amélioré ni la démocratie, ni l’économie, ni l’égalité, ni l’espérance de vie… surtout quand on les compare aux technologies sociales du XXᵉ siècle comme l’hygiène publique, le développement des services publics ou la justice économique.
Si ces évolutions politiques ont plusieurs origines, l’influence de grandes figures, de financeurs milliardaires, sur le secteur, semble déterminant, à l’image des Marc Andreessen et Peter Thiel, qui ne sont pas tant des évangélistes de la tech, que des évangélistes néolibéraux ultra-conservateurs, qui promeuvent par leurs discours et leurs investissements des projets anti-régulation et autoritaires. Prévost rappelle que la grande caractéristique de cette élite financière est d’être férocement opposée à la démocratie. Ces milliardaires rêvent d’un monde où une poignée d’individus – eux – captent toutes les richesses et tous les pouvoirs. « La tech est un système immunitaire développé par le capitalisme pour lutter contre tout ce qui pourrait le mettre en crise », disait déjà Antoinette Rouvroy. Ces gens sont tous admirateurs de régimes autoritaires. Ils rêvent d’un progrès technique sans démocratie tel qu’ils le font advenir dans les outils qu’ils façonnent et les entreprises qu’ils dirigent.
En compilant toutes ces petites horreurs qu’on a déjà croisées, éparses, dans l’actualité, Prévost nous aide à regarder ce délire pour ce qu’il est. Nous sommes confrontés à « un groupe radicalisé et dangereux », d’autant plus dangereux que leur fortune astronomique leur assure une puissance et une impunité politique sans précédent. Leurs exploits entrepreneuriaux ou financiers ne peuvent suffire pour les absoudre des horreurs qu’ils prônent. Prévost les montre comme ce qu’ils sont, un freak-show, des sortes de monstres de foire, complotistes, fascistes, prêts à rejoindre leurs bunkers et dont le seul rêve est de faire sécession. Le journaliste décrit un monde réactionnaire qui ne craint rien d’autre que son renversement. « Ces patrons méprisent nos corps, nos droits, nos existences ». Leur discours sur les risques existentiels de l’IA permet de masquer les effets déjà bien réels que leurs outils produisent. « L’IA est une métaphore du système politique et économique capitaliste qui menace l’espèce humaine ». Pour sécuriser leur avenir, cette élite rêve d’un technofascisme qu’elle espère mettre en œuvre. Notamment en manipulant les peurs et les paniques morales pour en tirer profit.
Le pire finalement c’est de constater la grande audience que ces pensées rances peuvent obtenir. La réussite fait rêver, la domination fait bander… oubliant qu’il s’agit de la domination et de la réussite d’un petit monde, pas de celui de l’Occident ou de tous les entrepreneurs du monde. En nous répétant que le futur est déjà décidé et qu’ils en sont les maîtres, ils nous intoxiquent. « À force de se faire dire que le futur est déjà plié, que c’est la Silicon Valley qui décide de l’avenir de l’humanité, le public, convaincu qu’il n’a pas son mot à dire sur des enjeux qui le dépassent, remet son destin entre les mains des Google, Microsoft, Meta ou Amazon. » Ce déplacement permet d’orienter la régulation vers des dangers futurs pour mieux laisser tranquille les préjudices existants. Derrière la promotion de leur agenda néolibéral pour maximiser leurs profits aux dépens de l’intérêt général, se profile le risque d’une bascule vers un capitalisme autoritaire qui contamine le monde au-delà d’eux, comme le notait la chercheuse Rachel Griffin. « À l’instar de la Silicon Valley, l’Union européenne semble être en train de mettre à jour son logiciel idéologique vers un capitalisme autoritaire qui privilégie l’économie de la rente et les monopoles à l’économie de marché et la concurrence ». Cette transformation du capitalisme est assurée par la technologie. Les systèmes s’immiscent dans nos institutions, à l’image de leurs LLM que les acteurs publics s’arrachent en permettant aux entreprises de la Silicon Valley « d’étendre leur intermédiation sur un corps social médusé ». Qu’importe si ChatGPT raconte n’importe quoi. Les prophètes de l’IA, ces « bullionaires » (contraction de bullshitters et de millionnaires) eux aussi mentent avec assurance. Derrière leurs délires apparents, un transfert de pouvoir est en cours. Pas seulement une privatisation du futur, mais bien son accaparement par quelques individus qui font tout pour n’avoir de compte à rendre à personne. La fétichisation de l’individu rationnel, tout puissant, du génie solitaire, du milliardaire omnipotent, du grotesque individualiste ne nous conduit à aucune société qu’à son délitement. La métaphore computationnelle qui permet d’affirmer que la seule intelligence est désormais celle de la machine, vise à nous reléguer, à nous transformer en une marchandise dévaluée, puisque nos esprits valent désormais moins que le calcul, tout comme notre force de travail a été dévaluée par l’énergie fossile.
Prévost rappelle que les machines nous trompent. Que l’automatisation est un leurre qui masque les ingénieurs et les travailleurs du clic qui font fonctionner les machines à distance. L’IA générative aussi. Nombre d’utilisateurs de ChatGPT l’abandonnent au bout d’une quarantaine de jours, comme un jouet qu’on finit par mettre de côté. Google SGE produit des fausses informations après plus d’un an de tests. Par essence, la prédiction statistique ne permet pas de produire de résultats fiables. Partout où ils se déploient, ces systèmes se ridiculisent, obligeant à les surveiller sans cesse. Notre avenir sous IA n’est pas soutenable. Il repose sur un pillage sans précédent. Les « cleptomanes de la Valley » ne cessent de nous dire que l’IA doit être illégale pour être rentable. L’IA est une bulle financière qui risque de finir comme le Metavers (que McKinsey évaluait à 5000 milliards de dollars d’ici 2030 !).
« Arrêtons pour de bon de donner du crédit aux entrepreneurs de la tech. Depuis le début de la décennie 2020, le technocapitalisme ne fonctionne plus que par vagues d’hallucinations successives, suivies de (très) brèves périodes de lucidité. La Silicon Valley semble bloquée dans un trip d’acide qui ne redescend pas, et dont l’IA n’est que la plus récente hallucination », rappelle, cinglant, Thibault Prévost, fort des punchlines saisissantes auxquelles il nous a habitués dans ses articles pour Arrêt sur Images.
L’IA n’est que la nouvelle ligne de front de la lutte des classes, où les systèmes d’analyse dégradent les conditions d’existence des plus mal notés, ce lumpenscoretariat. Sa grande force est d’avancer masqué, opaque, invisible à ceux qu’il précarise. Nous n’utilisons pas l’IA, mais nous y sommes déjà assujetties, explique très justement Prévost. Les systèmes de calculs se démultiplient partout. « Aucun d’entre eux n’est fiable, transparent ou interprétable. Nous vivons tous et toutes à la merci de l’erreur de calcul sans recours ».
« Les systèmes d’IA sont le reflet des oligopoles qui les commercialisent : privés, opaques, impénétrables, intouchables, toxiques et dangereux. » L’IA prolonge le continuum des discriminations et de l’injustice sociale et raciale. La faute aux données bien sûr, jamais « à leurs beaux algorithmes neutres et apolitiques ».
« Comme l’idéologie d’extrême droite, l’IA échoue à représenter le monde. Elle ne fonctionne que par archétypes et biais, par catégorisation a priori ». Elle rappelle aux humains la distance qui les sépare de la norme masculine, blanche et riche. L’IA n’est rien d’autre qu’une « prothèse pour le maintien de l’ordre social racial et l’avancée des projets capitalistes impérialistes », comme le dit Yarden Katz dans son livre Artificial Whiteness. Elle n’est rien d’autre que le nouvel auxiliaire du pouvoir. Elle exploite la violence structurelle comme une grammaire et un grand modèle d’affaires. « Si la Silicon Valley essaie de nous vendre l’apocalypse, c’est parce que son projet technique, économique et politique en est une ». Ce que veulent les milliardaires de la tech, c’est la fin du monde social pour imposer le leur.
Avec l’élection de Trump, c’est exactement là où nous sommes. La Silicon Valley a obtenu ce qu’elle voulait, dit Brian Merchant.
Dan McQuillan nous avait mis en garde du risque fasciste de l’IA. Les opportunités politiques sont devenues des prises de risques financières. La victoire de Trump vient d’assurer à Musk et quelques autres la rentabilité de tous leurs investissements. Son rachat de Twitter n’était rien d’autre que l’achat d’une arme qu’il a transformée en site suprémaciste, pour amplifier ses délires, permettant d’attiser la haine en ligne et la traduire en vote et en violence dans le monde physique. Comme l’explique Martine Orange pour Mediapart, l’enjeu, désormais, consiste à éradiquer la régulation et mettre l’ensemble de l’appareil d’État à la disposition de la Tech, c’est-à-dire assurer la mainmise de la Tech sur le pouvoir politique.
Face au technofascisme qui vient, le risque est que nous soyons démunis d’alternatives technologiques et donc idéologiques. Sans récit et réalisations progressistes de la tech, la seule option pour beaucoup ne consistera qu’en une chose : abandonner la technologie et arrêter les machines.
Hubert Guillaud
MAJ du 19/11/2024 : Allez lire également ce très bon entretien avec Thibault Prévost qui explique que l’IA n’est pas qu’un outil de puissance au service des technoprophètes, il est aussi un outil d’asservissement et de déresponsabilisation de la puissance publique.