Aujourd’hui, mardi 6 mai, le Bundestag devrait voter en faveur du nouveau chancelier allemand Friedrich Merz, à la tête d’une coalition rassemblant la CDU/CSU et le SPD. La composition finale de son gouvernement, dévoilée hier, lundi 5 mai, laisse voir plusieurs profils expérimentés — dont certains sont proches des cercles économiques — côtoyer des ministres « juniors » qui participeront à leur premier gouvernement fédéral.
Le futur gouvernement Merz — dont la composition finale a été dévoilée hier, lundi 5 mai, avec le nom des ministres SPD — est issu des élections fédérales allemandes de février, qui ont consacré la victoire de la CDU/CSU (208 sièges sur 630) et ont poussé à une nouvelle « GroKo » avec le SPD (120 sièges).
Le cabinet du nouveau chancelier rassemblera plusieurs personnalités expérimentées, ainsi qu’un certain nombre de ministres « junior » n’ayant pas participé précédemment à un gouvernement au niveau fédéral ou régional.
Parmi les ministres du SPD, Boris Pistorius — initialement désigné candidat du parti social-démocrate à la chancellerie l’an dernier après la chute du gouvernement de coalition de Scholz — est le seul qui conservera son portefeuille de la Défense, à sa charge depuis janvier 2023.
L’ex-présidente du Bundestag (2021-2025) Barbel Bas, qui a également été secrétaire d’État au ministère des transports et du numérique sous la direction d’Alexander Dobrindt de 2013 à 2018 puis chargée d’affaires auprès de la chancelière pour la numérisation, a été nommée ministre de la Recherche et de l’espace.
L’ancienne vice-présidente du groupe parlementaire du SPD au Bundestag, Verena Hubertz, fera elle aussi sa première entrée dans un gouvernement, en charge du portefeuille du logement, du développement urbain et de la construction.
Stefanie Hubig, également originaire du land de Rhénanie-Palatinat, dont elle fût depuis 2016 la ministre de l’Éducation, occupera quant à elle la fonction de ministre de la Justice.
L’union chrétienne-démocrate (CDU) et l’Union chrétienne sociale bavaroise (CSU) ont annoncé les noms de leurs ministres dès le 28 avril : des ministres en partie venus du monde de l’entreprise, majoritairement du sud et de l’ouest de l’Allemagne.
Le nouveau gouvernement Merz affiche, avec 8 femmes et 9 hommes, une quasi-parité. Toutefois, sur les 17 ministres, seulement trois sont originaires de Länder de l’Est du pays : Katherina Reiche (Économie), Carsten Schneider (Environnement) et Reem Alabali-Radovan (Développement international) qui, bien que née à Moscou, a grandi dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, à la frontière avec la Pologne.
Depuis quelques mois, un petit pays d’Amérique centrale est au cœur de l’attention.
Son président, Nayib Bukele — autoproclamé « dictateur le plus cool du monde » — aurait trouvé une solution révolutionnaire pour vider les rues des criminels. Aujourd’hui, il vend les services pénitentiaires des méga-prisons du Salvador au reste du monde.
Nous avons rencontré son vice-président, Félix Ulloa, l’architecte de cette contre-révolution sécuritaire et carcérale.
Au Salvador, comme aux États-Unis, un candidat se présente et est élu à l’élection présidentielle avec un vice-président. C’est Félix Ulloa qui accompagne ainsi depuis le début — depuis le 1er juin 2019 — Nayib Bukele à la tête du Salvador.
Ulloa a toujours été une figure respectée dans le pays. Avocat reconnu qui a fait la majeure partie de ses études en Europe, il avait notamment œuvré à la défense des droits de l’homme pendant la guerre civile salvadorienne (1979-1992).
Son soudain alignement avec Bukele en rejoignant la vice-présidence avait pu surprendre — Ulloa est maintenant son principal porte-parole.
Le président Trump et le président Bukele ont une relation très cordiale, empreinte de beaucoup de respect. Ils partagent de nombreuses visions communes pour résoudre les problèmes de chacun de nos pays. Nous nous réjouissons de cette relation harmonieuse entre les deux présidents.
Nous considérons que le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche relève du droit souverain de chaque peuple et de chaque démocratie à élire ses dirigeants dans le cadre d’élections légitimes et transparentes. C’est la décision souveraine du peuple américain qui a fait de Donald Trump le nouveau président.
C’est tout ce que nous pouvons dire, car en tant que membres d’un gouvernement étranger, nous ne nous prononçons jamais sur les affaires internes d’un autre État et nous ne pouvons donc pas faire de commentaires — mais simplement reconnaître objectivement les faits.
Or dans ce cas, les faits objectifs sont que les élections qui ont eu lieu en novembre dernier ont clairement reflété la volonté du peuple des États-Unis d’Amérique.
Au cœur de cette relation entre les États-Unis et le Salvador se trouvent les détenus envoyés dans les prisons salvadoriennes. Comment justifier légalement que le CECOT (Centre de confinement du terrorisme) devienne une sorte de prison américaine, un territoire américain par extension ? N’est-ce pas une forme de vassalisation extrême envers les États-Unis et cela ne pose-t-il pas même un problème de souveraineté pour vous ?
Absolument pas. Ce que nous faisons est différent. Le Salvador est un pays qui propose des services à la communauté internationale.
Nous proposons des services touristiques, des services technologiques — l’une des plus grandes succursales de Google est installée ici, au Salvador — et des services médicaux.
La qualité des détenus n’est pas évaluée par le Salvador, mais par l’État qui demande la prestation de service.
Félix Ulloa
Pour répondre à votre question, compte tenu de la qualité et de la sécurité des installations que nous proposons, nous offrons ce service que l’on pourrait appeler un hébergement pénitentiaire. C’est comme si une personne venait au Salvador pour se faire soigner ; nous proposons des soins médicaux aux personnes qui viennent se faire soigner les dents ici entre autres exemples.
Nous ne voyons donc pas là un problème de droit international ou de conflit international dans la mesure où ce service est fourni en contrepartie d’une prestation. La qualité des détenus ou de la personne qui vient n’est pas évaluée par le Salvador, mais par l’État qui demande la prestation de service.
Cela signifie-t-il qu’aujourd’hui, n’importe quel pays, le gouvernement français par exemple, pourrait contacter votre administration pour lui demander d’accueillir des prisonniers dans les prisons salvadoriennes ?
Bien sûr, ce serait avec plaisir. N’importe quel pays peut solliciter les services des établissements pénitentiaires du Salvador. Nous avons la capacité pour fournir ce service.
Il s’agit d’une relation strictement commerciale ou financière, une relation de prestation de services ; il ne s’agit pas, comme beaucoup l’ont dit, de l’exportation d’un système pénitentiaire.
En fait, nous avons déjà reçu la visite de plusieurs gouvernements qui sont venus au Salvador pour examiner notre système. La dernière délégation en date est celle de l’Équateur, dont les membres ont visité nos installations : non seulement le CECOT, mais aussi le centre pénitentiaire de Santa Ana, où ils ont pu voir comment fonctionne notre système.
Les fonctionnaires équatoriens ont dans leurs différentes déclarations souligné la qualité de vie des détenus et leur insertion sur le marché du travail. Ils ont pu voir les ateliers que nous avons dans différentes industries, la production de vêtements, d’uniformes, de tables pour les écoles, la production agricole avec des élevages de porcs,de poulets.
Au bout du compte, il existe tout un système pénitentiaire au Salvador qui sert de modèle à d’autres pays. À cet égard, nous donnons par exemple aux détenus la possibilité de découvrir de nouvelles formes de travail ou de développer de nouveaux métiers pour certains d’entre eux dans la boulangerie, l’agriculture, la couture, la menuiserie, etc. grâce à un programme appelé « Zéro Oisiveté ».
N’importe quel pays peut solliciter les services des établissements pénitentiaires du Salvador.
Félix Ulloa
Fort de cette nouvelle influence sans précédent — qui relève de ce que l’on pourrait appeler un soft power —, quel rôle aspire à jouer le Salvador de Bukele, sur la scène internationale, dans la région latino-américaine et dans le monde ?
Nous ne souhaitons pas exporter notre modèle, mais nous sommes ouverts à partager notre expérience avec les gouvernements ou les institutions qui nous demandent de l’expliquer. Dans ce cas, nous le faisons sans aucun problème.
Vous avez d’ailleurs mentionné le cas de la France : j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et de lui expliquer le fonctionnement de notre plan de contrôle territorial et de notre politique de sécurité. Nous leur avons envoyé de la documentation afin qu’ils puissent découvrir par eux-mêmes l’expérience réussie du Salvador en matière de sécurité.
Après avoir été le pays le plus violent du monde, avec un taux de plus de 30 meurtres par jour — plus d’un Salvadorien assassiné toutes les heures en 2015 — nous sommes aujourd’hui le pays le plus sûr de tout l’hémisphère occidental. Nous sommes plus sûrs que le Canada, qui a un taux de 2,5 morts pour 100 000 habitants. Nous sommes à 1,9 pour 100 000 habitants, ce qui fait de nous le pays le plus sûr des Amériques.
On entend souvent dire que de nombreux pays veulent appliquer le même modèle que le Salvador…
Bien sûr, le succès de notre modèle attire l’attention de nombreux gouvernements. Leurs peuples réclament l’application du modèle salvadorien parce que tout le monde peut voir comment les Salvadoriens profitent désormais de leur vie quotidienne. Aujourd’hui, quand on va au Salvador, on voit des gens souriants. Dans les transports, dans les lieux publics, partout où il y a du monde, on voit des visages heureux.
Il y a cinq ans, ces mêmes visages étaient des visages d’angoisse. On ne voyait que de la tristesse et de l’inquiétude. Il y a donc un peuple qui témoigne des avantages de la politique de sécurité de ce gouvernement. Cela va à l’encontre des critiques de certains organismes qui se permettent de parler sans connaître la réalité du Salvador, sans avoir vécu l’angoisse de notre peuple.
Si l’on prend seulement la période précédant l’arrivée au pouvoir du président Bukele, le 1er juin 2019, sous les deux gouvernements précédents, de 2009 à 2019, 41 000 Salvadoriens ont été assassinés. Ce sont les chiffres de l’Institut de médecine légale : 41 000 Salvadoriens en une décennie.
Aujourd’hui, cela fait plus de 880 jours qu’il n’y a pas eu un seul homicide.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au-delà des considérations de personnes ayant une vision critique ou biaisée, les données parlent d’elles-mêmes.
Et c’est le peuple salvadorien qui, par son soutien constant aux politiques du président, valide l’ensemble de la politique de sécurité de notre gouvernement.
J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et de lui expliquer le fonctionnement de notre plan de contrôle territorial et de notre politique de sécurité.
Félix Ulloa
Est-il possible d’instaurer la paix au Salvador comme votre administration l’a fait sans négocier — ou sans avoir négocié à un moment donné — avec les maras ?
Bien sûr. Ce gouvernement n’a jamais négocié avec les maras. Et nous pouvons le soutenir, contrairement aux gouvernements précédents — de gauche comme de droite. Les conversations entre des fonctionnaires, par exemple du gouvernement du FMLN (gauche), ont été enregistrées : il existe des preuves que l’ancien ministre Arístides Valencia et Benito Lara, qui étaient tous deux des hauts fonctionnaires du gouvernement, ont négocié avec un gang. Et de l’autre côté, il existe également des preuves que le maire de San Salvador de l’époque, Ernesto Muyshondt, et le président de l’Assemblée législative, Norman Quijano — tous deux du parti de droite ARENA, ont négocié avec l’autre gang. Tout cela a été enregistré, traité et porté devant les tribunaux. Des procédures judiciaires sont en cours.
Dans le cas du Salvador, depuis 2019, le président Bukele n’a jamais autorisé aucune forme de négociation avec les gangs. Certains articles de presse affirment que certains fonctionnaires ont négocié, mais il s’agit d’actions isolées. Ce n’est pas une politique du gouvernement.
Au contraire, dans le passé, lorsque les maras voulaient obtenir davantage de prestations de la part du gouvernement en place, on négociait. Par exemple, les chefs de gang menaient une vie confortable dans les prisons, on leur organisait des fêtes, on faisait monter des strip-teaseuses, ils bénéficiaient de toutes les prestations qu’ils souhaitaient. S’ils en voulaient davantage, ils haussaient le taux d’homicides et les gouvernements, pour le faire baisser, négociaient avec eux en leur accordant davantage de prestations.
Ils ont voulu faire la même chose en mars 2022 : en un week-end, ils ont assassiné plus de 80 personnes, pensant que le gouvernement céderait à leurs revendications.
Ce jour-là, l’état d’urgence a été décrété et la guerre contre les gangs a été déclarée. Elle est toujours en cours aujourd’hui. Depuis lors, plus de 85 000 membres de gangs ou collaborateurs sont poursuivis en justice. Certains d’entre eux ont déjà été condamnés, d’autres sont en attente de jugement.
Cela prouve qu’il n’y a eu aucune négociation avec eux. La preuve en est que les chefs des gangs les plus importants sont en prison.
Auparavant, on arrêtait des membres de bas ou de moyen rang, des porte-parole (palabreros), des tueurs à gage (gatilleros), des membres des maras (homeboys). Nous avons déjà arrêté 13 des 15 plus hauts responsables de la MS-13. Il n’en manque plus que deux ou trois, mais nous avons démantelé toutes les structures.
Cela vous montre qu’il ne peut y avoir aucune négociation lorsque tout le pouvoir logistique, économique, organisationnel et militaire des structures criminelles est en train d’être démantelé.
Il s’agit d’une relation strictement commerciale ou financière, une relation de prestation de services ; il ne s’agit pas, comme beaucoup l’ont dit, de l’exportation d’un système pénitentiaire.
Félix Ulloa
Vous dites que les chefs les plus haut placés ont été arrêtés, mais vous avez sans doute vu les dernières publications d’El Faro avec le chef de gang du Barrio 18, Charli, qui affirme avoir été libéré de prison par le gouvernement Bukele et avoir conclu des accords avec lui.
Eh bien, ils peuvent dire n’importe quoi.
Lorsque le président Bukele était maire de San Salvador, ils ont dit qu’il avait également négocié avec les gangs pour libérer les rues du centre-ville. Il est possible que des membres de gangs aient participé aux négociations avec les chefs des vendeurs ambulants et que c’est pour cela qu’ils disent qu’il s’agit de négociations entre les gangs et le gouvernement.
Mais il n’y a jamais eu de négociation en tant que politique d’État.
Avez-vous un registre de toutes les arrestations au Salvador ? Savez-vous combien de personnes sont actuellement détenues dans les prisons salvadoriennes ?
Actuellement, il y a plus de 85 000 détenus rien qu’au niveau des membres de gangs.
Il y a des prisonniers pour des raisons personnelles, pour des délits de droit commun, etc., mais les membres de gangs ont leur propre régime. Ils sont soumis à un régime spécial, celui de l’état d’urgence. Nous n’appliquons pas ce régime aux délinquants de droit commun, mais uniquement aux membres des gangs.
Qu’adviendra-t-il des Vénézuéliens qui ont été expulsés des États-Unis vers le Salvador et que Bukele a proposé à Maduro d’échanger contre des prisonniers vénézuéliens ?
On voit là la double morale de la communauté internationale.
D’un côté, un rapport récent des Nations unies demande la libération des Vénézuéliens détenus au Salvador. Le président Bukele a proposé leur libération en échange de celle des prisonniers politiques détenus au Venezuela par le dictateur Maduro. Ces derniers sont emprisonnés pour leurs opinions, pour leur affiliation politique.
Les membres de gangs ont leur propre régime. Ils sont soumis à un régime spécial, celui de l’état d’urgence.
Félix Ulloa
Ici, ils sont emprisonnés pour avoir commis des crimes dans un pays qui les a envoyés et nous les recevons dans le cadre de notre hébergement pénitentiaire. Ainsi, lorsque le président propose cette solution, cette issue, personne dans la communauté internationale ne pense aux prisonniers politiques du Venezuela. On parle même de la mère de María Corina Machado, qui est également harcelée au Venezuela.
C’est là que nous voyons un double standard : d’un côté, on défend des personnes qui ont commis des actes illégaux et qui sont détenues pour des crimes, et de l’autre, on ne défend pas des personnes qui sont détenues simplement pour leurs opinions.
C’est ce que nous voulons que l’on voie — et c’est ce que le président Bukele a mis en évidence : la double morale de la communauté internationale face à un fait notoire. Comme l’a dit le président, si Maduro a libéré 30 prisonniers politiques pour un seul qui était détenu aux États-Unis, pourquoi ne libère-t-il pas maintenant le même nombre de prisonniers politiques que le nombre de Vénézuéliens détenus au Salvador ?
Quelle est la prochaine étape du plan de sécurité du modèle salvadorien ? Qui allez-vous arrêter si les gangs ne sont plus dans les rues et que, comme vous l’indiquez, 85 000 mareros sont emprisonnés ?
Nous en sommes actuellement à la sixième étape.
Le « Plan de contrôle territorial » en compte sept.
Nous sommes à l’avant-dernière étape, celle de l’intégration sociale.
C’est pour cela qu’a été créée la Direction de l’intégration sociale, qui permet de reconstruire le tissu social détruit par la violence à l’époque où les maras contrôlaient le territoire national et la vie des communautés. La vie et la mort étaient entre leurs mains. Ce tissu social s’est alors désarticulé. Nous sommes en train de le reconstruire.
Il existe une politique de construction des CUBOS (Centres urbains de bien-être et d’opportunités). Nous les construisons dans les zones où les maras avaient leurs quartiers généraux ou dans les zones les plus touchées par la violence. Ce sont désormais des espaces publics qui sont en train d’être redonnées à la population.
Les écoles ont été récupérées, elles ne sont plus la cible des maras qui recrutaient les élèves pour percevoir des extorsions ou pour le trafic de drogue. En d’autres termes, l’école est redevenue le centre éducatif par excellence. Nous avons récupéré les espaces publics, les parcs, etc.
Nous voyons désormais des gens se rendre dans les parcs le soir : c’était impensable autrefois. Auparavant, dans les espaces publics, les enfants ne pouvaient pas traverser la rue : ils seraient passés d’un gang contrôlant un secteur à un autre contrôlant le secteur d’en face. Aujourd’hui, ces espaces ont disparu : des tournois de football et de basket-ball sont organisés dans tous les quartiers.
En d’autres termes, la normalité et l’harmonie ont été rétablies dans les villes.
Qu’est-ce qui va arriver aux très nombreux innocents détenus arbitrairement par le régime qui se trouvent dans les prisons salvadoriennes ?
Si vous suivez les informations officielles, vous verrez que plus de 7 000 personnes ont été libérées après avoir prouvé devant les tribunaux qu’elles n’avaient aucun lien avec les maras.
Si l’on considère que nous avons arrêté plus de 80 000 personnes et libéré plus de 7 000, le taux d’erreur est inférieur à 10 %.
Félix Ulloa
Le système judiciaire garantit une procédure régulière à toute personne arrêtée. Si elle n’a pas les moyens de payer un avocat, l’État lui en fournit un. Plus de 300 avocats ont été engagés par le bureau du procureur général de la République pour représenter les personnes qui n’ont pas les moyens de payer un avocat.
Ensuite, les procédures ne dépendent plus du gouvernement, mais de la justice, des juges. Si les preuves adéquates et correctes leur sont présentées, les personnes poursuivies retrouvent leur liberté. Ce ne sont pas des dizaines, ni des centaines, mais des milliers de personnes qui ont été libérées. Le dernier rapport du Bureau du procureur pour la défense des droits de l’homme indique qu’au cours des trois années d’état d’urgence, un peu plus de 7 000 personnes ont pu retrouver leur liberté en démontrant qu’elles n’appartenaient pas à des structures criminelles.
On pourrait vous rétorquer que c’est déjà 7 000 de trop… Un si grand nombre d’innocents emprisonnés est considérable.
Si l’on considère que nous avons arrêté plus de 80 000 personnes et libéré plus de 7 000, le taux d’erreur est inférieur à 10 %.
Dans une guerre comme celle que nous menons contre les gangs, c’est pour nous un succès.
Cela signifie que ce que nous faisons n’est pas parfait — nous en sommes conscients. Mais cela reste très positif. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Nous essayons de réduire la marge d’erreur.
C’est pourquoi nous avons également mis en place des protocoles pour arrêter les personnes. Nous n’allons pas arrêter tous les jeunes tatoués. Les mauvaises pratiques des policiers ou des militaires qui ont commis des abus, violé les droits de l’Homme ou arrêté des personnes pour des raisons personnelles ont été corrigées. La semaine dernière, un policier a été condamné à 25 ans de prison pour avoir extorqué de l’argent à des gens et utilisé son pouvoir pour les envoyer en prison.
Ces erreurs sont en train d’être corrigées. Il existe un bureau au sein de la police chargé de recueillir les plaintes contre les mauvaises pratiques des policiers. Le gouvernement salvadorien a été accusé de violer les droits de l’Homme. C’est un autre mensonge : la politique de l’État est de défendre les droits de la population.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, 41 000 personnes avaient été assassinées. Autrement dit, les droits humains de 41 000 personnes avaient été violés — ainsi que ceux de toute leur famille, des orphelins, des veuves, de tout leur entourage. L’État ne les défendait pas. Nous sommes intervenus pour les défendre.
On nous dit qu’il y a 300 ou 400 plaintes de personnes qui ont été arrêtées illégalement. En termes de proportionnalité, on peut voir que l’action du gouvernement vise clairement à protéger l’ensemble de la population.
Nous avons libéré plus de 7 millions de personnes qui étaient enfermées chez elles par peur des maras. Les villes et les quartiers ont été libérés aujourd’hui. En échange, nous avons arrêté 85 000 individus qui font l’objet d’une procédure judiciaire régulière. Ce sont les tribunaux qui sont ensuite chargés de déterminer les peines.