Le 19 mars, la police turque avait arrêté le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu, perçu comme la principale figure d’opposition, provoquant plusieurs centaines de manifestations à travers le pays. Le pouvoir turc avait durement réprimé les mouvements, réalisant plus de 1 000 arrestations en à peine cinq jours, dont neuf journalistes et un photographe de l’Agence France Presse.
Depuis l’arrestation d’İmamoğlu, Erdoğan a continué sa vaste opération de répression de l’opposition en ciblant des personnes soupçonnées « d’être membres d’une organisation créée dans le but de commettre un crime » 1.
- Samedi dernier, le 26 avril, plus de 50 personnes travaillant pour la municipalité de métropole d’Istanbul ont été interpellées. Si plusieurs ont depuis été relâchées par les autorités, la police a conduit une deuxième vague d’arrestations de 18 personnes « soupçonnées de corruption » mercredi 30 avril.
- Parmi ces 18 suspects, qui faisaient partie du groupe de 52 personnes placées en détention le week-end dernier, figurent le beau-frère d’Ekrem İmamoğlu, Cevat Kaya, ainsi que l’épouse d’un de ses collaborateurs.
Afin de museler l’opposition, les autorités turques ont durement réprimé les manifestations qui ont eu lieu jeudi 1er mai pour la fête du Travail, officiellement reconnue comme un jour férié par le gouvernement Erdoğan en 2009, lorsque celui-ci était Premier ministre. Plus de 50 000 policiers ont été déployés à Istanbul pour empêcher les groupes de manifestants de se former, et près de 400 personnes ont été arrêtées pour « manifestation non autorisée » 2.
- Selon un récent sondage, 65 % des électeurs turcs considèrent que l’arrestation d’İmamoğlu était « injustifiée », et 61 % pensent que celui-ci a été arrêté pour qu’il ne puisse pas être élu président.
- Les partis d’opposition turcs dénoncent une dérive autoritaire du pouvoir exercé par Recep Tayyip Erdoğan depuis 2014. Bien que ce dernier ne puisse pas se re-présenter lors de la prochaine élection en raison d’une limite de mandats fixée par la Constitution, certains de ses alliés ont demandé une révision constitutionnelle qui lui permettrait d’être à nouveau élu.
De nombreux observateurs avaient été surpris du timing de l’arrestation d’İmamoğlu, plus de cinq ans avant la prochaine élection présidentielle, prévue au plus tard le 7 mai 2028. Toutefois, la faible réaction internationale suscitée par l’arrestation ainsi que l’essoufflement relatif de l’opposition semblent jouer en la faveur du président turc.
Sources
- Turkey arrests Istanbul municipal employees in widening crackdown », Financial Times, 30 avril 2025.
- Hundreds arrested in crackdown on May Day protests in Istanbul », BBC, 1er mai 2025.