Sur 621 votants (9 députés sur 630 n’ont pas pris part au vote), Merz a recueilli 310 votes, 307 députés ont voté contre, avec 3 abstentions et 1 suffrage invalide.
Il aurait eu besoin de 316 voix pour être confirmé dès le premier tour.
Sa coalition dispose théoriquement de 328 voix, 18 voix ont donc manqué à l’appel pour le probable futur chancelier.
Le chancelier fédéral est élu à la majorité absolue des membres du Bundestag dans son ensemble et non pas seulement des présents (« le vote du chancelier », « Kanzlermehrheit »).
- L’article 63 de la loi fondamentale prévoit qu’en cas d’échec au premier tour le Bundestag puisse revoter dans l’espace de quatorze jours, toujours à la majorité absolue.
- Si aucun candidat n’est élu, un troisième tour a lieu immédiatement : le candidat arrivé en tête (majorité relative) peut être nommé.
- Si la majorité est absolue, le président fédéral doit nommer le chancelier sous 7 jours.
- En cas de majorité relative, le président peut soit nommer le candidat, soit dissoudre le Bundestag.
C’est la première fois qu’un chancelier échoue au 1er tour, à l’exception du vote de défiance constructive de Rainer Barzel (un mode de scrutin spécifique au système parlementaire allemand) en 1972, qui échoua à cause de deux députés de la CDU retournés par la Stasi.
Que se passera-t-il ?
- Un nouveau vote pourrait avoir lieu dès demain mercredi, 7 mai — mais la date n’est pas encore confirmée, des tractations complexes ont commencé à Berlin ?
Qui est responsable ?
- Selon le journaliste du The Economist Tom Nuttall, « les doigts pointeront vers le SPD, bien sûr. Mais Merz ne manque pas d’ennemis au sein de son propre parti ».
- « C’est un vote à bulletin secret, nous ne le saurons donc jamais ».
- À noter : Angela Merkel, l’ancienne rivale de Friedrich Merz, retirée de la politique active depuis 2021 était présente à la tribune des invités du Bundestag. En janvier 2025, elle avait critiqué la politique migratoire de son successeur à la tête de l’Union Chrétienne-démocrate et son vote commun avec l’AfD.
- L’influence transatlantique ? Le vendredi 2 mai, le service de renseignement intérieur allemand avait qualifié le parti Alternative für Deutschland (AfD) d’« extrémiste de droite » dans son ensemble. Les dirigeants américains dont le vice-président J. D. Vance et le Secrétaire d’État Marco Rubio ont réagi en soutenant explicitement le parti d’extrême droite dans une nouvelle ingérence de Washington dans la vie politique allemande.
Quelles conséquences internationales ?
- Dans son discours face à la Körber-Stiftung en janvier 2025, Friedrich Merz avait annoncé se rendre immédiatement après son élection à Varsovie et à Paris.
- Selon Michaela Wiegel de la FAZ, le premier voyage de Friedrich Merz comme chancelier à Paris qui devait avoir lieu demain « est reporté ».
- C’est la deuxième fois que Friedrich Merz échoue au Bundestag depuis le début d’année, avec le rejet in extremis de sa proposition de loi sur l’immigration en janvier 2025.
Alice Weidel : Merz a « eu ce qu’il mérite »
Pour la co-présidente du parti d’extrême droite, la défaite de Merz au premier tour est logique. Cela démontre la faiblesse des fondations sur laquelle est bâtie la “petite coalition” de l’Union et du SPD qui a été rejeté par les électeurs.” Elle appelle même à un retrait du candidat et demande de nouvelles élections, un scénario néanmoins peu probable.
Le chef des Grünen inquiet pour l’Europe
Pour le co-président des Verts Felix Banaszak qui représente le deuxième groupe d’opposition, il n’y a cependant pas de quoi se réjouir : « Cet événement est une césure. Je veux dire : pas une bonne. Friedrich Merz n’est pas le chancelier que j’aurais voulu ou élu. Mais pour être capable d’agir, un gouvernement a besoin de majorité. Ce n’est pas le moment de donner des leçons. L’Allemagne et l’Europe ont besoin de stabilité. Très vite. »
Selon des informations concordantes, il faudra attendre vendredi pour qu’un nouveau vote puisse avoir lieu. En attendant, Olaf Scholz reste en poste pour gérer les affaires courantes, lui qui a fait ses adieux hier à la chancellerie lors du Großer Zapfenstreich, cérémonie militaire nocturne avec fanfare et flambeaux organisée en l’honneur les chanceliers sortants.