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01.09.2025 à 18:21

Au 30 juin 2025, les États-Unis avaient apporté un total de 114,6 milliards d'euros (134,23 milliards de dollars US) d'aide à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, contre 167,4 milliards d'euros pour l'Europe selon le Kiel Institute, un groupe de réflexion basé en Allemagne. Un montant partagé entre l'Union européenne et ses États membres, […]
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Au 30 juin 2025, les États-Unis avaient apporté un total de 114,6 milliards d'euros (134,23 milliards de dollars US) d'aide à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, contre 167,4 milliards d'euros pour l'Europe selon le Kiel Institute, un groupe de réflexion basé en Allemagne. Un montant partagé entre l'Union européenne et ses États membres, auxquels s'ajoutent le Royaume-Uni, l'Islande, la Norvège et la Suisse.
Pour les seules dépenses de l'Union européenne, ce sont 63,18 milliards de fonds qui ont été alloués entre 2022 et 2024, selon les données du Kiel Institute. L'aide militaire, elle, a été majoritairement fournie par les États membres en leur propre nom, quitte à être partiellement remboursés par l'Union européenne (ce qui apparaît comme une aide financière). L'UE n'est en effet pas compétente pour effectuer directement des dépenses militaires.
Le 22 août 2025, l'UE a validé un nouvel apport de 4 milliards d'euros à l'Ukraine : 3,05 milliards d'euros au titre de la facilité pour l'Ukraine, auxquels s'ajoute 1 milliard d'euros dans le cadre du mécanisme de prêts du G7. Ce dernier prêt exceptionnel d'assistance macrofinancière (AMF), mis en place par la Commission européenne, permet à l'Ukraine de couvrir ses besoins urgents.
L'avance européenne en matière d'aide à l'Ukraine se confirme désormais, et elle devrait fournir 90 milliards d'euros supplémentaires à Kiev. Au niveau de l'UE, les États membres ont créé un instrument, la facilité pour l'Ukraine, qui doit pourvoir jusqu'à 50 milliards d'euros de soutien financier de 2024 à 2027. Kiev a déjà reçu plus de 22,7 milliards d'euros au titre de cette facilité.
En termes de soutien militaire, les États-Unis sont longtemps restés devant l'Europe. Si l'aide totale de l'Europe était nettement supérieure, en comptant l'aide humanitaire, les Américains restaient d'importants pourvoyeurs d'armes. Du moins jusqu'au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier dernier.
Washington a fourni un total de 64,6 milliards d'euros pour aider l'Ukraine à s'armer et se défendre entre 2022 et 2024. Mais pour la première fois depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, les Européens ont devancé le pays de l'Oncle Sam en matière de soutien militaire. Selon le Conseil européen, celui-ci atteint désormais 77,32 milliards d'euros pour l'Europe, dont 59,6 milliards d'euros pour les États de l'Union européenne, 13,77 milliards pour le Royaume-Uni et 3,95 milliards pour la Norvège.
En mai 2025, Washington a approuvé d'importantes exportations d'armes vers l'Ukraine. Or celles-ci ne sont pas comptabilisées comme aide militaire au sens du Kiel Institute, puisqu'il s'agit d'achats que l'Ukraine doit financer elle-même.
L'Europe se distingue également par d'importantes aides financières et humanitaires. Rien que dans l'Union européenne, elles avoisinent 85 milliards d'euros en 2025. L'UE a activé en parallèle le mécanisme de protection temporaire pour accueillir des réfugiés ukrainiens sur son territoire, un dispositif de 17 milliards d'euros. À titre de comparaison, l'aide financière et humanitaire américaine s'élève à 50 milliards d'euros, calcule le Kiel Institute.
L'aide humanitaire européenne paraît d'autant plus importante au vu des récentes décisions de l'administration Trump. Dès le 20 janvier 2025, le président des États-Unis a ordonné par un décret le gel de l'aide étrangère de l'Usaid, l'Agence américaine pour le développement, durant 90 jours. 83 % des programmes de financement de l'agence sont de nouveau suspendus depuis le mois de mars 2025. Des décisions lourdes de conséquences, puisque l'organisme représentait jusque-là 42 % de l'aide humanitaire à travers le monde, notamment en Ukraine.

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05.08.2025 à 12:10

"Non, l’Europe n’impose pas seule les taux de TVA en France !". C'est par ces quelques mots que la Commission européenne a éteint un début de polémique autour de la hausse des factures de gaz et d’électricité des Français. Depuis le 1er août, le gouvernement a relevé la TVA sur les abonnements énergétiques de 5,5 % […]
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"Non, l’Europe n’impose pas seule les taux de TVA en France !". C'est par ces quelques mots que la Commission européenne a éteint un début de polémique autour de la hausse des factures de gaz et d’électricité des Français.
Depuis le 1er août, le gouvernement a relevé la TVA sur les abonnements énergétiques de 5,5 % à 20 %. Cette mesure, prévue par la loi de finances 2025, a été prise pour se mettre en conformité avec le droit européen, qui impose des taux de TVA uniformes pour un même service. Certains pays ont ainsi choisi d'harmoniser à des taux plus bas, comme la Belgique (6 %) ou l'Italie (10 %).
Concrètement, cette nouvelle taxation ne s’applique que sur le prix de l’abonnement, toujours fixe quelle que soit la consommation. La baisse de deux autres taxes sur la consommation devrait contrebalancer cette hausse. Si les usagers craignent une hausse des prix, certains y voient surtout une mesure imposée par Bruxelles.
En matière de politique fiscale, les États membres de l’Union européenne conservent, de manière générale, une grande partie de leur compétence. Concernant la TVA en revanche, l’UE dispose d’une compétence plus étendue. L'objectif : assurer le bon fonctionnement du marché intérieur, ce dernier relevant de la compétence partagée de l’Union avec les États membres.
L’UE a mis en place en 2006 une directive afin d’éviter des taux de TVA trop différents entre les États. Ce texte fixe un seuil minimal du taux normal, en deçà duquel les États ne peuvent pas descendre. Celui-ci est fixé à 15 %. En revanche, l’Union ne fixe aucun plafond en la matière : chaque pays est libre de le fixer au-dessus du seuil minimal de 15 %.
Ainsi, "le taux normal de TVA le plus bas dans l’Union aujourd’hui est celui fixé à 17 % par le Luxembourg et le plus haut est celui fixé à 27 % par la Hongrie", indique l'exécutif européen dans son communiqué, rappelant expressément que "l’Europe n’impose pas seule les taux de TVA en France" comme aux autres.
En matière de TVA, la fixation des taux appliqués aux biens et services dans chaque État-membre résulte toujours de la combinaison de règles européennes adoptées par les États membres au niveau européen et de décisions politiques prises ensuite dans chaque État membre, en fonction de ses propres politiques fiscales.
Les Vingt-Sept peuvent aussi choisir d'appliquer des taux réduits sur certains biens et services, selon l’article 98 de la même directive, jusqu'à 5 % au minimum. La liste concernée couvre notamment des "produits alimentaires, des produits de protection hygiénique féminine, des livres, de la construction de logements sociaux, [ainsi] que la fourniture d’électricité et de gaz".
La France, elle, "a fixé deux taux réduits : un a 10 % et un autre à 5,5 %", écrit la Commission. À titre d'exemple, le taux réduit à 10 % s'applique aux droits d’entrée dans les cinémas, aux fêtes foraines ou encore à la location meublée, tandis que celui de 5,5 % vise les denrées alimentaires ou les services aux personnes handicapées. Certains pays bénéficient aussi de dérogations spéciales : s’ils avaient au 1er janvier 1991 des taux inférieurs à 5 % sur certains produits, ils ont pu les garder et les maintenir à ce taux-là. En France, le taux de TVA est ainsi "super-réduit" à 2,1 % pour les médicaments remboursables, les journaux, ou encore les billets de théâtre.
Cependant, jusqu’au 1er août 2025, la France appliquait une double taxation non conforme au droit européen : la TVA sur l’abonnement énergétique, qui correspond à la part fixe de la facture liée à l’accès au réseau, était à 5,5 %, alors que la TVA sur la consommation, la part variable basée sur l’énergie utilisée, était à 20 %. Cette différence de taux pour un même type de service était contraire aux règles européennes. Dans un arrêt du 18 janvier 2018, la Cour de justice de l'Union européenne a affirmé qu’une prestation unique composée d’un élément principal et d’un élément accessoire doit être taxée au même taux de TVA.
Face à cette situation, la France aurait donc pu choisir d’harmoniser ses taux en réduisant la TVA sur la consommation d’énergie. Au lieu de cela, elle a opté pour aligner tous les taux à 20%. Pour limiter l'impact de cette hausse sur la facture finale des consommateurs, deux autres taxes ont été diminuées : l’accise, taxe sur la consommation, est passée de 33,70 €/MWh à 29,98 €/MWh, et le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE) a également été réduit légèrement.
En définitive, l’Union européenne n’a pas contraint Paris à augmenter la TVA sur les abonnements de gaz et d’électricité à 20 %. Elle a seulement exigé une harmonisation des taux.

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04.08.2025 à 11:56

Chaque année, la France comme les autres États membres doivent présenter à la Commission européenne leurs prévisions budgétaires ainsi que les réformes, notamment économiques, envisagées au niveau national. Est-ce à dire que l'Union européenne dicte aux États ce qu'ils doivent faire en matière économique et budgétaire ? Des plafonds fixés par les traités Conformément aux […]
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Chaque année, la France comme les autres États membres doivent présenter à la Commission européenne leurs prévisions budgétaires ainsi que les réformes, notamment économiques, envisagées au niveau national.
Est-ce à dire que l'Union européenne dicte aux États ce qu'ils doivent faire en matière économique et budgétaire ?
CE QUE VOUS ALLEZ APPRENDRE DANS CET ARTICLE
Conformément aux traités européens, le déficit public d'un État de l'Union européenne ne doit pas dépasser 3 % de son produit intérieur brut (PIB). La dette publique, elle, est plafonnée à 60 % du PIB.
Ces obligations, mentionnées pour la première fois dans le traité de Maastricht de 1992, ont été précisées par le Pacte de stabilité et de croissance adopté en 1997 (lors de la signature du traité d'Amsterdam). Elles visent à maintenir la stabilité des finances publiques et la bonne santé économique des États de l'Union européenne, notamment ceux de la zone euro. Et s'assurent qu'aucun dérapage économique de l'un d'eux ne menace ses voisins.
Ces règles budgétaires sont aujourd'hui détaillées dans l'article 126 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) et le protocole n°12 annexé aux traités. La nouvelle version du Pacte de stabilité et de croissance, adoptée en 2024, ne modifie pas ces deux plafonds.
Pourquoi 3 et 60 % ?
La règle imposant un plafond de déficit aux États membres de l'Union européenne a été voulue par l'Allemagne au début des années 1990. En contrepartie de la création d'une monnaie commune, Berlin voulait s'assurer de ne pas payer pour d'autres États peu vertueux en cas de problème.
Le chiffre, lui, a toutefois été proposé par la France. En 1981, son déficit public menaçait de franchir le seuil symbolique des 100 milliards de francs, soit 2,6 % du PIB. Pour fixer un plafond qu'elle-même pensait ne pas pouvoir dépasser, c'est le chiffre "rond" de 3 % qui a alors été retenu, selon l'ancien chargé de mission au ministère des Finances, Guy Abeille.
Le chiffre de 60 % de dette publique découle de ces 3 % : avec un taux de croissance estimé à 5 %, un taux d'inflation de 2 %, les économistes d'alors calculent que la dette maximale serait de 60 % du PIB.
Si ces chiffres n'ont pas de justification économique particulière, le principe même d'un plafonnement du déficit et de la dette est en revanche accepté par tous les États membres.
En principe, si la dette ou le déficit d'un État excède ces plafonds, une "procédure de déficit excessif" (PDE) peut être lancée par le Conseil des ministres des Finances de l'UE (Ecofin), sur la base des recommandations formulées par la Commission. La France est soumise à une telle procédure depuis le 26 juillet 2024, ainsi que l'Italie, la Hongrie, la Pologne, Malte, la Slovaquie et la Belgique. Une procédure mise "en suspens" en juin 2025 pour la plupart, à l'exception de la Belgique. La Roumanie, elle, est concernée depuis 2020. L'Autriche depuis le 8 juillet 2025.
Le pays qui fait l'objet d'un avertissement doit alors mettre en œuvre un certain nombre de mesures pour rétablir l'équilibre entre ses recettes et ses dépenses. À défaut, et au bout d'un certain nombre d'étapes intermédiaires, le pays encourait jusqu'en 2020 des sanctions allant de 0,2 à 0,5 % de son PIB (s'il fait partie de la zone euro). Depuis la réforme du Pacte de stabilité et de croissance en 2024, ces amendes s’élèvent désormais à 0,05 % du PIB et s’accumulent tous les six mois, jusqu’à ce que l’État prenne des mesures efficaces pour résorber son déficit et sa dette.
Les pays non membres de la zone euro ne sont pas soumis à ces sanctions. Une telle situation les rend toutefois inéligibles pour adopter la monnaie unique. Et comme pour les autres États, le déclenchement d'une procédure pour déficit excessif reste une très mauvaise publicité, notamment auprès des marchés financiers. De quoi les inciter à rétablir leurs comptes publics.
En 2018 par exemple, la moitié des pays de l'UE avait une dette publique supérieure au plafond des 60 %… sans grandes conséquences à Bruxelles.
Si un certain nombre de procédures ont été ouvertes au motif de déficits trop importants, aucun État membre n'a jamais été sanctionné pour avoir dépassé son plafond de déficit ou de dette. En 2011, 24 États membres faisaient l'objet d'une procédure. La France, qui a enregistré entre 2007 et 2017 des déficits systématiquement supérieurs à 3 % de son PIB, a ainsi fait l'objet d'une procédure de déficit excessif pendant une décennie… sans jamais payer d'amende. Elle est sortie de ce processus en 2018, avant d'y retourner en 2024.
Entretemps, la pandémie de Covid-19 et l'invasion russe de l'Ukraine sont passées par là. Au-delà de leurs conséquences tragiques, ces deux bouleversements ont considérablement accru le déficit et la dette des États membres. En 2020, la Commission européenne a décidé d'activer une clause dérogatoire prévue par les traités pour suspendre temporairement l’application des règles budgétaires. Après avoir été prolongée à trois reprises, cette clause a pris fin le 1er janvier 2024.
L'Union européenne a également travaillé sur une réforme des règles de stabilité. Puisque celles-ci n'ont jamais été appliquées et sont plutôt jugées inefficaces, voire économiquement contre-productives, de nouvelles dispositions sont entrées en vigueur en 2024. Le nouveau Pacte de stabilité et de croissance maintient les plafonds de dette (60 % du PIB) et de déficit publics (3 % du PIB), mais les États ont désormais des périodes de 4 à 7 ans pour les atteindre et des plans de réformes plus adaptés à leur situation particulière. Les sanctions, moins lourdes, peuvent en revanche être appliquées plus efficacement qu’auparavant.
Chaque année entre l'automne et le début de l'été (d'où le nom simplifié de "Semestre européen"), les gouvernements de l'Union européenne débattent de leurs projets économiques nationaux avec la Commission européenne et le Conseil de l'Union européenne. En septembre 2024 notamment, ils devaient soumettre à la Commission un plan national présentant leurs objectifs de dépenses à moyen terme et la manière dont les investissements et les réformes seront entrepris.
Une attention particulière doit être portée aux transitions climatique et numérique ainsi qu’à la sécurité énergétique et la défense, qualifiés de domaines prioritaires de l’UE. Chaque État s’engage ainsi à ce que ses budgets annuels respectent son plan durant quatre ou cinq ans (selon la durée de la législature au niveau national). Après avoir publié ses recommandations par pays chaque année au mois de juin, la Commission évalue les plans nationaux avant que le Conseil ne les approuve.
Les recommandations de la Commission européenne ne sont pas en tant que telles juridiquement contraignantes : un État qui ne les respecterait pas ne risque pas de se retrouver devant la Cour de justice de l'Union européenne pour infraction au droit de l'Union, comme dans le cas d'une directive mal appliquée, par exemple. Toutefois, un État qui "persiste à ne pas donner suite [à ces] recommandations" (art. 126 TFUE) s'expose plus ouvertement aux amendes prévues par le Pacte de stabilité et de croissance.
Surtout, les États placés sous procédure de déficit excessif doivent réduire leur dette d’environ 1 % par an si elle dépasse 90 % du PIB, et d’environ 0,5 % par an si elle se situe entre 60 % et 90 % du PIB. Ils ne sont pas contraints de la ramener à moins de 60 % du PIB d’ici la fin de la période du plan, mais leur dette doit suivre une “trajectoire descendante plausible”. Si le déficit public d’un pays dépasse 3 % du PIB, il doit être réduit pendant les périodes de croissance afin d’atteindre un niveau de 1,5 % du PIB, créant ainsi une réserve de dépenses pour faire face à des conditions économiques difficiles. Et un État sous procédure de déficit excessif qui ne respecte pas ses obligations peut être soumis aux sanctions prévues.
En 2020, l'Union européenne a mis en place un instrument inédit pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19 : un plan de relance de 750 milliards d'euros, baptisé NextGenerationEU.
Pour bénéficier des prêts et subventions de ce plan, chaque pays a dû soumettre un plan national de relance et de résilience (PNRR), corrélé aux recommandations faites en 2019 et 2020. Leur versement est conditionné au respect de certains objectifs et étapes intermédiaires, dont la mise en place de réformes en lien avec les recommandations du Semestre européen.
C'est l'une des raisons pour lesquelles une partie des fonds à destination de la Hongrie, de la Pologne ou encore de la Belgique ont été un temps suspendus (c'est toujours le cas pour la Hongrie). L'état de la démocratie et de la justice dans les deux premières préoccupaient la Commission, tandis que la Belgique devait mettre en œuvre une réforme des retraites à laquelle elle s'était engagée.
Alors, Bruxelles impose-t-elle ses exigences budgétaires aux États de l’Union européenne ? En bref, les traités européens fixent depuis 1992 des plafonds de déficit public (3 % du PIB) et de dette publique (60 % du PIB). Les États qui outrepassent ces limites risquent certes des amendes en principe, mais les procédures n’ont jusqu'à maintenant abouti à aucune sanction. Les règles budgétaires ont depuis été réformées.
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19.06.2025 à 11:15

Les Européens sont-ils sevrés des énergies fossiles russes ? Sur le papier, les chiffres sont assez clairs. Début 2022, "une unité sur cinq de l'énergie consommée dans l'Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd'hui, c'est une sur vingt", se félicitait mi-février 2024 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Avant la […]
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Les Européens sont-ils sevrés des énergies fossiles russes ? Sur le papier, les chiffres sont assez clairs. Début 2022, "une unité sur cinq de l'énergie consommée dans l'Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd'hui, c'est une sur vingt", se félicitait mi-février 2024 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Avant la guerre, l'UE dépendait pour 45 % des importations de gaz naturel venu de Russie. Cette part est descendue à 15 % en 2023 avant d'enregistrer un rebond l'an passé, pour atteindre 19 % des achats totaux de gaz de l'Union. Les Européens ont également arrêté d'acheter du charbon russe et ont drastiquement réduit leurs importations de pétrole russe. En août 2021, l'UE achetait 14,9 millions de tonnes de pétrole à la Russie, un chiffre qui s'est effondré à 1,7 million au même mois de 2023. Ce chiffre a atteint 13 millions de tonnes en 2024, soit 3 % de la consommation européenne (contre 27 % avant la guerre).
Face à l'attitude de Moscou en Ukraine et aux incertitudes sur l'approvisionnement, la Commission européenne a publié en mai 2022 le plan REPowerEU, avec l'objectif de se passer des énergies fossiles en provenance de Russie d'ici à 2027.
Trois actions structurent cette stratégie, qui approfondit par ailleurs certains aspects du Pacte vert européen : diversifier l’approvisionnement, économiser de l’énergie et parier sur les énergies renouvelables.
C’est dans ce contexte que le commissaire européen à l’énergie, Dan Jørgensen, a dévoilé au Parlement européen à Strasbourg une nouvelle feuille de route pour “débarrasser” l’UE de sa dépendance historique à l’égard du gaz russe, mercredi 6 mai 2025. Un projet de règlement a été présenté le 17 juin, afin d'interdire toute importation de gaz russe. "Cela augmentera notre indépendance énergétique tout en réduisant les revenus que Poutine utilise pour financer sa guerre", a déclaré Dan Jørgensen.
Concrètement, la Commission revendique une approche "progressive", en visant d’abord les contrats à court terme. Cet arrêt graduel des importations de gaz russe se ferait selon un calendrier précis :
En parallèle, les États membres devront mettre en place des plans de diversification énergétique, avec des étapes concrètes pour sortir progressivement du gaz et du pétrole russes. Ces plans seront soumis à la Commission européenne et devront démontrer comment chaque pays entend atteindre cet objectif dans les délais impartis. Le règlement proposé doit désormais être adopté au Parlement européen et au Conseil de l'Union européenne.
Face à la guerre en Ukraine et aux tensions géopolitiques, l’Union européenne s’est tournée vers d’autres pays afin de diversifier son approvisionnement. L'Europe a massivement acheté du gaz naturel liquéfié (GNL) américain, transporté par bateau. Entre 2021 et 2022, les importations de GNL en provenance des États-Unis ont plus que doublé. Et au troisième trimestre 2023, la Russie n'était que le quatrième fournisseur des Européens en gaz, derrière les États-Unis (23 %), l'Algérie (19 %) et la Norvège (18 %). La Russie devrait représenter seulement 13 % des importations de gaz de l'UE en 2025, alors que Kiev a mis fin à l’acheminement de ce mélange d'hydrocarbures russe via l’Ukraine. "Il est temps pour l’Europe de rompre complètement ses liens énergétiques [avec la Russie]", a martelé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. "Nous le devons à nos citoyens, à nos entreprises et à nos courageux amis ukrainiens".
Sur ce point, le texte présenté le 17 juin par la Commission interdit notamment les contrats à long terme entre opérateurs russes et terminaux GNL de l’UE, afin de libérer ces capacités pour d’autres fournisseurs et renforcer l’autonomie énergétique. Un système renforcé de surveillance exigera des entreprises qu’elles transmettent à la Commission les données sur leurs contrats avec la Russie, tandis que les importateurs devront prouver l’origine du gaz à son entrée dans l’UE. La stratégie sera suivie par la Commission et l’Agence européenne pour la coopération des régulateurs de l’énergie (ACER), avec possibilité de mesures d’urgence en cas de menace sur l’approvisionnement.
Si les Européens ont décidé de se coordonner pour moins acheter de gaz russe puis s'en sevrer complètement, la baisse du transit est, au départ, une décision de Moscou. Déjà fin 2021 puis au début de la guerre en Ukraine, le Kremlin avait coupé les robinets vers l'ouest afin de faire pression sur les Européens. "Les Russes ont pris la décision d'interrompre le trafic via le gazoduc Yamal, entre la Pologne et la Biélorussie", rappelle Céline Bayou, chercheuse associée au centre de recherches Europe-Eurasie de l'INALCO. Fin septembre 2022, les pipelines de Nord Stream ont par ailleurs fait l'objet d'un sabotage, dont les auteurs restent à ce jour inconnus.
Pour le pétrole, l'UE a principalement regardé du côté des États-Unis, de la Norvège et de l’Arabie saoudite. Elle a même trouvé des partenaires moins traditionnels en la matière, à l’image du Brésil. Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, le pétrole russe importé en France a par exemple diminué de 22 % entre 2021 et 2022. À l’inverse, l’Hexagone s'est tourné vers l'Angola (+570 %), le Koweït (+150 %), ou encore les États-Unis (+28 %). D'après les informations de l'Insee et du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, la part du pétrole brut russe importé en France était nulle en 2023.
En plus de diversifier leur approvisionnement, les Européens ont réalisé d'importantes économies d'énergie. Entre 2022 et 2023, la demande en gaz naturel a chuté de 10 % en Italie et de 11,7 % en France. De façon générale, "on observe une baisse de 8 % de la consommation de gaz entre 2022 et 2023, et même jusqu'à 20 % si l'on compare à la moyenne des années 2017 et 2021", note Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l'institut Jacques Delors. Cette diminution est liée à la hausse des prix, à une politique active des États membres de l'UE pour économiser de l'énergie, "mais aussi à une destruction de la demande industrielle", souligne l'expert. Une situation dont il est difficile de savoir si elle est structurelle ou conjoncturelle, selon lui.
Enfin, les énergies renouvelables ont aussi contribué à ce que les Européens consomment moins de gaz. La part de ces énergies vertes dans le mix électrique européen a atteint 44 % en 2023, pour la première fois au-dessus de la barre des 40 %. De quoi faire dire à Ursula von der Leyen, le 13 février 2024, que "la tentative de Vladimir Poutine de faire chanter notre Union a totalement échoué […] Au contraire, il a vraiment poussé la transition verte". Cette part augmenté l'année suivante, pour atteindre 47 % selon un rapport du groupe de réflexion Ember rendu public le 23 janvier 2025.
Les Européens continuent toutefois d'importer de l'énergie russe, même si les quantités sont moindres. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE a versé davantage d’argent à la Russie pour ses importations d’énergies fossiles qu’elle n’en a accordé à Kiev sous forme d’aide, selon Dan Jørgensen. Le Commissaire estime le montant global des achats de gaz russe à près de 200 milliards d’euros - soit, "l’équivalent de 2 400 avions de chasse F-35" - contre 135 milliards d’euros d’aide européenne à l’Ukraine.
Depuis le 1er janvier 2025, le transit de gaz russe via le territoire ukrainien n'est plus possible. Après "une hausse notable de 36 %" des importations de GNL provenant de Russie par bateau, selon le centre pour la recherche sur l'énergie et la propreté de l'air (CREA), l'UE a importé 18 milliards de mètres cubes de gaz russe via des méthaniers en 2023, principalement par le biais d'accords à long terme signés avant le début de la guerre. Un chiffre tiré du rapport de l'Agence de coopération des régulateurs de l'énergie (ACER), publié fin avril 2024. Les Vingt-Sept ont encore importé 52 milliards de mètres cubes de gaz russe en 2024 (les deux tiers par gazoduc et un tiers en GNL).
Par ailleurs, si les Européens se sont notamment tournés vers l'Azerbaïdjan pour leur approvisionnement, une partie du gaz que l’UE fait venir depuis ce pays du Caucase provient de Russie. "On ne lui achète pas directement, mais la molécule est quand même russe", résume Céline Bayou.
En ce qui concerne le pétrole, les Vingt-Sept ont imposé des restrictions sur les importations de Russie. Mais ce n’est pas le cas de tous les pays, à l'image de l'Inde ou la Turquie. Aux confins de la Syrie et de la mer Méditerranée, le terminal turc de Dörtyol envoie par exemple à ses voisins européens du diesel ou du kérosène issus du pétrole russe. "En 2023, environ 85 % du pétrole expédié depuis Dörtyol était destiné à l'Europe, principalement à la Grèce, à la Belgique et aux Pays-Bas, contre 53 % en 2022", écrit le Financial Times. De son côté, l’Inde aussi a augmenté ses importations venues de Russie. Le pétrole y est raffiné avant d’être expédié vers l’Europe, qui a vu bondir de 115 % le nombre de barils indiens entre 2022 et 2023.
Tous les pays européens n'ont pas le même niveau de dépendance à la Russie. Au moment où l'UE décidait d'interdire l'importation de pétrole russe, la Bulgarie et la Croatie ont par exemple bénéficié de dérogations temporaires. Les pays baltes ou la Finlande étaient quant à eux largement irrigués par le gaz de leur grand voisin, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. La France, elle, est en première ligne. Selon l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière (IEEFA), l'Hexagone a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024, et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.
Aujourd'hui, dix États membres continuent d'acheter du GNL russe. À commencer par la Hongrie et la Slovaquie, connues pour leur inclinaison prorusse, ou encore la Grèce. Mais aussi l’Espagne, la France et la Belgique, dont les ports réceptionnent ce GNL avant que des usines le regazéifient et qu'il soit réinjecté dans le réseau européen.
Pour se déplacer, se chauffer ou produire de l’électricité, les Européens restent dépendants des énergies fossiles, bien que leur part dans la production d'électricité ait diminué. Selon le dernier rapport publié par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) fin mars, la part des fossiles dans la production d'électricité dans l'UE a atteint 29 % en 2024 contre 39 % en 2019, preuve d'une prise de conscience et de nombreux efforts.
La consommation de gaz naturel, elle, a augmenté d’environ 1 % dans l’Union européenne en 2024, tirée par une reprise dans l’industrie et stimulée par des prix plus faibles. Mais la tendance reste bien différente de celle constatée au niveau mondial, où la consommation de gaz a le plus progressé avec une hausse de 115 milliards de mètres cubes (+ 2,7 %).
"L'UE a réussi à retrouver les ressorts pour faire face à la baisse de l'offre en gaz russe, de manière très rapide. Il s'agit désormais de pérenniser ces politiques", insiste Phuc-Vinh Nguyen. Et le chercheur de citer plusieurs leviers, dont les énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique et la sobriété.
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15.05.2025 à 16:10

"Take back control" ("reprendre le contrôle"), tel était le slogan des Brexiters, les partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, lors de la campagne électorale pour le référendum britannique sur le Brexit en 2016. Une promesse de souveraineté retrouvée, de contrôle des frontières et de prospérité. D'un point de vue économique, la sortie […]
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"Take back control" ("reprendre le contrôle"), tel était le slogan des Brexiters, les partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, lors de la campagne électorale pour le référendum britannique sur le Brexit en 2016. Une promesse de souveraineté retrouvée, de contrôle des frontières et de prospérité.
D'un point de vue économique, la sortie de l'UE devait signifier la fin de la contribution au budget européen. Et donc plus d'argent pour le Royaume-Uni et plus de liberté dans sa gestion. Si la croissance de l'économie britannique a été très faible en 2023, marquée par une période de récession au deuxième semestre, le PIB a rebondi en 2024, dans une tendance qui s'est confirmée au premier trimestre 2025, mais reste encore fragile.
Il convient donc de considérer avec mesure l'impact du Brexit sur l'économie britannique, eu égard à certains indicateurs économiques ou tendances. Qu'en est-il réellement aujourd'hui ?
Dès la victoire du “Leave” (quitter) le 23 juin 2016, les premières répercussions économiques du Brexit se manifestent. Les marchés financiers, anticipant les effets négatifs de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, réagissent immédiatement. La livre sterling chute de 7 % par rapport à l'euro. L’incertitude liée à l’issue des négociations sur la nouvelle relation qui se dessine entre Londres et Bruxelles provoque aussi une baisse significative de l’investissement outre-Manche.
Dans une note confidentielle révélée par la presse en 2018, le Trésor britannique évalue la perte de croissance du Royaume-Uni de 2 à 8 % dans les quinze années suivant la sortie de l'UE. L'année suivante, une étude menée par six économistes des universités de Stanford, de Nottingham, de la London School of Economics et de la Banque d'Angleterre estime le recul des investissements causé par l'anticipation du Brexit à 11 %.
La sortie du Royaume-Uni s'est déroulée en deux temps, avec le retrait de l'UE le 31 janvier 2020, puis de son marché unique le 31 décembre de la même année. Selon les termes de l'accord de commerce et de coopération entre Londres et Bruxelles, les deux parties continuent leurs échanges sans droits de douane ni quotas. Mais de nombreuses formalités administratives et contrôles douaniers, inexistants auparavant, font leur apparition. Ce qui complique significativement le commerce.
Dans les semaines qui suivent la sortie du marché unique, des pénuries de fruits et légumes frais, importés depuis le continent, sont constatées dans les supermarchés britanniques. En cause, les difficultés d'acheminement dues aux nouveaux obstacles commerciaux liés au Brexit. La fin de la libre circulation avec les autres pays européens impacte également la distribution d'essence ou aggrave encore la pénurie de médecins.
Rapidement, la pandémie de Covid-19, puis la guerre en Ukraine provoquent un choc économique qui affecte lourdement les économies européennes, dans et hors de l'UE, avec une forte inflation et un ralentissement de la croissance. Dès lors, difficile au Royaume-Uni de séparer l'impact de ces phénomènes mondiaux de celui du Brexit. À partir de la mi-2023, le pays enchaîne deux trimestres consécutifs de croissance négative, ce qui le fait entrer en récession technique.
Sur l'ensemble de l'année 2023, la croissance n'aura atteint que 0,1 %. Un chiffre plus faible que dans l'Union européenne et la zone euro, à 0,5 % de croissance en 2023. Au niveau national, les "grands" pays d'Europe de l'Ouest font alors tous mieux que le Royaume-Uni : 0,9 % en France et en Italie, 2,5 % en Espagne… à l'exception notable de l'Allemagne, qui fait pire, avec -0,2 % de PIB.
En 2024, l'économie britannique a montré des signes de reprise, avec une croissance de 0,7 % au premier trimestre (0,3 % dans la zone euro) et de 0,5 % au deuxième trimestre (0,2 % dans la zone euro), portée par la demande intérieure. La croissance est cependant restée nulle au troisième trimestre, période marquée par la crainte de fortes hausses d’impôts, confirmées depuis par le gouvernement travailliste de Keir Starmer. À cette embellie relative s'est par ailleurs ajoutée une inflation persistante, passée de 2,3 % à 2,6 % en décembre 2024, augmentant la pression sur le gouvernement pour stabiliser l'économie. Cette tendance s'est confirmée au début de l'année 2025. Selon des chiffres communiqués mercredi 19 février par l’Office national des statistiques (ONS), l’inflation est repartie à la hausse en janvier, à 3 % sur un an. Selon l'économiste Grant Fitzner, ce chiffre s'explique "par une diminution moins importante que d’habitude des tarifs aériens à cette période de l’année" et par la hausse du coût des aliments et des boissons non alcoolisés.
Le 16 janvier 2025, une étude de l'Institute for Public Policy Research a par ailleurs révélé une baisse significative des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'UE, appelant à une révision fondamentale des règles commerciales post-Brexit pour mieux aligner les relations avec Bruxelles. D'après les estimations, les exportations de biens britanniques vers l'UE ont diminué de 27 % entre 2021 et 2023, tandis que les importations ont baissé de 32 %. Selon la Chambre de Commerce et d'Industrie Franco-Britannique, cette situation est restée pratiquement inchangée en 2024.
Pour atténuer ces retombées du Brexit, il est suggéré aux ministres britanniques de négocier un accord vétérinaire avec l'UE afin de réduire les contrôles sur les aliments qui traversent la Manche. Les exportations agroalimentaires britanniques vers l'UE pourraient ainsi croître de 22,5 %, précise le rapport de l'Institute for Public Policy Research.
Si la fluidité des échanges et la confiance des investisseurs ont donc bien pâti du Brexit, certains chercheurs invitent cependant à la prudence. En d'autres termes, il serait assez juste de considérer que si l'accord conclu avec l'UE n'a pas tenu les promesses d'une transformation économique majeure au Royaume-Uni, il n'a pas non plus provoqué une véritable catastrophe économique comme certains le prédisaient.
D'abord parce qu'en données cumulées, le PIB britannique a globalement suivi les courbes des grandes économies de la zone euro depuis 2016, comme la France ou l'Italie. Les principaux analystes économistes, à savoir les grandes institutions internationales que sont le FMI et l’OCDE, ainsi que l’Office for Budget Responsibility (OBR) et la Banque d’Angleterre (BoE), prévoyaient respectivement une croissance annuelle du PIB du Royaume-Uni pour 2024 de +0,7 %, +1,1 %, +0,8 % et +1,25 %, selon un bulletin de la direction générale du Trésor, en date du 8 octobre 2024.
D'après les dernières données publiées jeudi 15 mai 2025 par l’Office national des statistiques (ONS), le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a suivi cette tendance. Il a déjà progressé de 0,7 % au premier trimestre 2025. Ce chiffre dépasse les prévisions des analystes, qui anticipaient une hausse de 0,6 %, selon une enquête de Reuters. Cette croissance est "principalement portée par le secteur des services, bien que la production ait également connu une amélioration notable après une période de repli", a précisé Liz McKeown, directrice des statistiques économiques à l’ONS. La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, salue cette performance. "L’économie britannique a enregistré une croissance plus rapide que celle des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Italie et de l’Allemagne sur les trois premiers mois de l’année [sur la même période]", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Plus optimiste encore, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), la croissance prévue pour le Royaume-Uni en 2029 serait de 1,3 %, comparable à celle de la France et deux fois supérieure à celle de l'Allemagne. De quoi nuancer les propos de certains détracteurs du Brexit, convaincus que les promesses de prospérité en quittant le wagon européen seraient vaines.
De la même manière, la dette publique britannique devrait représenter 103,8 % du PIB en 2025, soit environ 12 points de moins que la France.
Jeudi 8 mai, le premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président américain, Donald Trump, ont annoncé un accord commercial "historique". Premier texte signé par les États-Unis avec un pays partenaire économique depuis le "Jour de la libération", cet accord pourrait donner un léger coup de boost à l'économie du pays. Dans la pratique, il concerne l'ouverture de nouveaux marchés britanniques pour 5 milliards de dollars, incluant 700 millions pour l’éthanol et 250 millions pour des produits agricoles comme le bœuf américain. Les véhicules britanniques bénéficieront d’une taxe réduite à 10 % (au lieu de 27,5 %) pour un quota annuel de 100 000 voitures. En contrepartie, le Royaume-Uni s'engage à acheter 10 milliards de dollars d'avions Boeing. L’accord donne en outre un avantage au Royaume-Uni par rapport à d’autres pays, notamment ceux de l’Union européenne, toujours soumis aux taxes à l’importation de 25 % sur l’acier, l’aluminium et l’automobile.
La conclusion de cet accord pourrait occuper une partie des discussions lors d'un sommet jugé capital, le 19 mai à Londres, entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. De nombreux économistes s'interrogent cependant sur la portée de ce compromis. Une grande partie des produits manufacturés du pays feront toujours l'objet de droits de douane de 10 %, autrement dit la taxe "réciproque" imposée en avril par le dirigeant américain et suspendue actuellement pour une période de 90 jours.
Le Premier ministre actuel du Royaume-Uni est Sir Keir Starmer, chef du Parti travailliste. Il a pris ses fonctions le 5 juillet 2024.
Le dirigeant de 62 ans a clairement indiqué que le Royaume-Uni ne rejoindra pas l'Union européenne, le marché unique ou l'union douanière, et qu'il n'y aura pas de retour à la libre circulation des personnes.
Cependant, il s'est engagé à améliorer les relations avec l'UE en renforçant la coopération économique, diplomatique et militaire. Par exemple, il a exprimé son intention de renégocier l'accord commercial post-Brexit pour réduire les frictions commerciales et a proposé de reconnecter le système britannique d'échange de quotas d'émission avec celui de l'UE.
Si l'impact réel du Brexit sur l'économie britannique est difficile à évaluer, les Britanniques sont quant à eux de plus en plus nombreux à considérer que quitter l'UE fut une erreur. Le 23 juin 2016, ils étaient déjà 48,11 % à vouloir rester dans l'Union. Ils étaient même majoritaires en Irlande du Nord (55,8 %) et en Écosse (62 %).
Aujourd'hui, la part de Britanniques réfractaires au Brexit semble prendre durablement le dessus. Depuis janvier 2020, l'institut de sondages YouGov réalise par exemple une enquête avec pour question "Avec le recul, pensez-vous que la Grande-Bretagne a eu raison ou tort de voter en faveur de la sortie de l'Union européenne ?". Dès le 26 janvier 2020, 40 % pensaient que le pays avait eu raison quand 47 % considéraient le contraire (13 % ne savaient pas). Puis les partisans de la sortie de l'UE ont repris l'avantage dans le sondage… jusqu'en mars 2021, période à partir de laquelle les deux courbes se sont durablement éloignées. Au 1er mai 2024, 55 % des sondés estimaient que le Brexit était une erreur, contre seulement 31 % déclarant qu'il s'agissait d'une bonne décision.
Selon une enquête de l'institut Redfield & Wilton relayée par le quotidien The Independent en septembre 2024, cette tendance est encore plus marquée chez les jeunes, dans l'incapacité de voter en 2016. Alors que 56 % des personnes interrogées déclarent qu’elles voteraient pour une réadhésion à l’UE si un autre référendum était organisé aujourd’hui, ils sont 61 % parmi la "génération Z" (personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010) à la vouloir (contre 28 % pour le statu quo).
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13.03.2025 à 18:26

Seule institution de l'UE dont les membres sont élus au suffrage universel direct depuis 1979, le Parlement européen continue parfois de souffrir d’un manque de considération. A sa naissance en 1957, il n'est certes qu'une assemblée sans réel pouvoir. Il est d'ailleurs composé de parlementaires nationaux, délégués par leurs parlements respectifs. Mais au fil des […]
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CE QUE VOUS ALLEZ APPRENDRE DANS CET ARTICLE
Seule institution de l'UE dont les membres sont élus au suffrage universel direct depuis 1979, le Parlement européen continue parfois de souffrir d’un manque de considération.
A sa naissance en 1957, il n'est certes qu'une assemblée sans réel pouvoir. Il est d'ailleurs composé de parlementaires nationaux, délégués par leurs parlements respectifs. Mais au fil des années, le Parlement européen va progressivement gagner en compétence et en autonomie. Il conserve toutefois un certain nombre de différences avec l'Assemblée nationale.
Une de ces différences souvent soulignée entre députés nationaux et européens est la capacité à proposer des textes de lois. Au sein de l’Union européenne, c’est la Commission européenne (l'exécutif européen) qui dispose de l'initiative législative. Et pour cela, celle-ci doit généralement suivre les orientations définies par le Conseil européen, qui rassemble les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres. La Commission européenne soumet ensuite ses propositions de "lois" (directives ou règlements pour l'essentiel) au Conseil de l'UE et au Parlement européen en vue de leur adoption.
Côté français en revanche, les députés de l’Assemblée nationale, tout comme les sénateurs, peuvent déposer eux-mêmes des “propositions de lois” et ne s’en privent pas. Au cours de la XVIe législature (juin 2022-juin 2024), 1 260 textes ont ainsi été proposés par les parlementaires français (178 par les sénateurs).
Bien que les députés européens ne disposent pas sur le papier d'un tel pouvoir, la réalité est plus nuancée. D'une part, les députés nationaux partagent ce pouvoir avec le gouvernement. Or si ce dernier n'a déposé que 120 “projets de lois” pendant cette période, la majorité de la législation française est plutôt d'origine gouvernementale : 81 textes (57 %) arrivés à terme sont issus du gouvernement, contre 60 issus de parlementaires.
D'autre part, le Parlement européen peut tout de même inviter la Commission à élaborer une proposition sur un sujet particulier, en adoptant un rapport d’initiative législative (article 225 du traité sur le fonctionnement de l’UE). L'exécutif européen est alors libre de suivre ou non la proposition, mais s’engage à présenter “une proposition législative dans un délai d’un an” ou à inscrire celle-ci “dans son programme de travail de l’année suivante”. En cas de refus, il doit “en précise[r] les motifs circonstanciés au Parlement”, précise un accord-cadre entre les deux institutions. Et d’après une étude menée par le service de recherche du Parlement européen (EPRS) couvrant le mandat 2019 - 2024, la Commission a fait 23 propositions législatives, satisfaisant 33 des 58 demandes des eurodéputés.
Dans le cadre de la procédure législative ordinaire, qui concerne un grand nombre de domaines, le Parlement européen et le Conseil de l'UE sont sur un pied d’égalité pour amender et adopter des nouvelles mesures européennes. Toutes les lois doivent être votées par les deux institutions avant d'entrer en vigueur.
Le Parlement européen peut d'ailleurs être ambitieux et modifier en profondeur les textes proposés par la Commission européenne. Pour ne citer que quelques exemples, le Parlement européen a par exemple musclé certaines dispositions du règlement européen sur les services numériques (DSA), qui vise à combattre les produits et les contenus illicites en ligne. Les eurodéputés y ont ajouté par la voie d'amendements l'interdiction de la publicité ciblant les mineurs.
Le Parlement européen peut en revanche être considéré par certains comme un "purgatoire médiatique", où il est plus difficile de faire parler de soi. Ce qui n'empêche pas de nombreux parlementaires européens de considérer que leur rôle a une influence notable sur la vie des citoyens. Certains parviennent aussi à faire entendre leurs voix depuis Bruxelles ou Strasbourg, à l'image de Manon Aubry (La Gauche), Pascal Canfin (Renew) ou Raphaël Glucksmann (S&D).
A l'inverse de l'Assemblée nationale, le Parlement européen n'a cependant pas le dernier mot pour adopter un texte seul. Une approbation du Conseil de l'Union européenne, qui représente les 27 Etats membres, est inévitable pour entériner un projet européen.
Dans les faits, le Conseil de l'UE peut d'ailleurs bloquer un tel projet sur une période indéterminée. Ce qui arrive notamment lorsque ses membres ne parviennent pas à s'accorder… Par exemple, un projet de directive visant à mettre fin au changement d'heure est entre les mains du Conseil de l'UE depuis 2019 et ne peut avancer tant que l'institution ne se prononce pas.
Dans plusieurs domaines par ailleurs, certaines décisions ne relèvent pas de la procédure ordinaire. Comme en matière de fiscalité ou de sécurité, où le Parlement européen n'a qu'un pouvoir de véto et ne peut pas amender les projets législatifs.
En matière budgétaire aussi, le pouvoir du Parlement européen connait quelques limites. Le budget annuel sur lequel il se prononce est plafonné par un cadre financier pluriannuel de sept ans, largement déterminé par les Etats membres. Contrairement à l'Assemblée nationale, qui de son côté se prononce sur un budget non contraint.
Contrairement aux députés français à Paris, les eurodéputés jouissent en revanche d'une totale autonomie vis-à-vis de l'exécutif. "Le parlementaire européen est un homme libre, maître de son bulletin de vote", écrivait en 2019 Jean-Louis Bourlanges, actuellement député MoDem des Hauts-de-Seine, après avoir été eurodéputé pendant près de 19 ans.
L'autonomie des députés européens peut également se faire sentir au sein de leur groupe politique, où se côtoient plusieurs nationalités et donc des sensibilités différentes. Malgré des consignes de vote communes au groupe, il est fréquent (et admis) de voir des voix dissidentes. En témoigne par exemple les vote sur le Pacte européen sur la migration et l’asile d'avril 2024. Les eurodéputés français des groupes S&D (socialistes et démocrates) et PPE (Parti populaire européen) ont tous voté contre une majorité des textes du paquet. A contre-courant de la plupart des autres membres de leurs groupes respectifs.
Du côté de l'Assemblée nationale, le groupe politique dont est issu le gouvernement a de plus grandes chances d'obtenir une majorité absolue. Le mode de scrutin de la Ve République favorise en effet l'émergence de telles majorité solides. L'opposition est donc généralement plus encline à s'opposer d'une seule et même voix aux textes.
L'argument semble toutefois moins valable depuis les deux derniers renouvellement de la chambre en 2022 puis en 2024, où aucun groupe ne détient non plus la majorité, rendant plus que jamais nécessaire la recherche de compromis sur chaque projet ou proposition de loi. Comme au Parlement européen donc, et comme dans beaucoup de parlements nationaux, où la culture du compromis est beaucoup plus présente.
La Constitution française prévoit que l’Assemblée nationale peut adopter une motion de censure ou “désapprouver le programme ou une déclaration de politique générale du gouvernement”. Deux situations qui entrainent sa démission. Sur la centaine de motions déposées sous la Ve République, deux ont été adoptées : en 1962, conduisant à la démission du gouvernement Pompidou, puis en décembre 2024 faisant chuter celui de Michel Barnier.
Le Parlement européen dispose d'un pouvoir similaire. Selon le traité sur l’Union européenne, il “exerce des fonctions de contrôle politique”. Les eurodéputés peuvent adopter une motion de censure pour obliger les membres de la Commission à “démissionner collectivement de leurs fonctions. Si aucune des huit motions de censure soumises n'a abouti, la menace d'un tel scénario en 1999 a poussé la Commission dirigée par Jacques Santer à démissionner.
En revanche, si l’Assemblée nationale peut être dissoute par le président de la République (ce qui s’est produit à 6 reprises sous la Ve République), le Parlement européen est à l’abri d’une telle menace.
Enfin, les eurodéputés se démarquent des parlementaires français d'une autre manière : ils sont chargés d'élire le président de la Commission européenne, sur proposition des chefs d'Etats et de gouvernement. Le Parlement européen procède également à des auditions de chaque commissaire désigné. Ce qui n'est pas une formalité, certains n'ayant effectivement pas franchi cette étape en 2019. Les eurodéputés procèdent enfin à un vote pour valider l'ensemble du collège.
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10.03.2025 à 16:35

Lors de la première réunion de son cabinet gouvernemental, mercredi 26 février 2025, Donald Trump a décrit l’intégration européenne, un projet encouragé depuis des décennies par Washington, comme étant enraciné dans une tentative de contrer le pays de l'Oncle Sam. "L’Union européenne a été conçue pour entuber les Etats-Unis. C’était l’objectif et ils y sont […]
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Lors de la première réunion de son cabinet gouvernemental, mercredi 26 février 2025, Donald Trump a décrit l’intégration européenne, un projet encouragé depuis des décennies par Washington, comme étant enraciné dans une tentative de contrer le pays de l'Oncle Sam. "L’Union européenne a été conçue pour entuber les Etats-Unis. C’était l’objectif et ils y sont parvenus", a lancé le président républicain. Une phrase sans équivoque et une hostilité qui remet en cause les fondements mêmes de la relation transatlantique. Car dès l'origine, les deux parties ont entretenu des rapports étroits.
En d'autres termes, si la construction européenne est avant tout un projet porté par les Européens eux-mêmes, son histoire ne saurait être dissociée de l’influence, parfois bienveillante, parfois intéressée, des Etats-Unis.
L’implication américaine dans la construction européenne prend racine dans l’immédiat après-guerre. Confrontés à une Europe dévastée et divisée, les Etats-Unis voient le Vieux Continent comme un rempart stratégique contre le communisme et une opportunité économique pour asseoir son modèle libéral.
Sous la présidence du Démocrate Harry S. Truman, les Américains déploient en 1948 le Plan Marshall, officiellement appelé "Programme de rétablissement européen". 17 milliards de dollars sont alors injectés dans les économies européennes pour relancer des modèles particulièrement essoufflés après six ans de conflit. Mais cette aide financière n’est pas sans contrepartie : Washington conditionne son soutien à une coopération économique entre les Etats européens.
En imposant une logique de planification concertée, les Etats-Unis posent les premières pierres d’une Europe intégrée. Une vision alors partagée par Jean Monnet, considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Europe. Admirateur de la Constitution fédérale américaine, il voyait dans ce modèle un exemple à suivre et plaidait pour la création d'"Etats-Unis d’Europe" sur cette base.
Cette intervention s’inscrit dans une volonté géopolitique claire : stabiliser un continent fragilisé, éviter le retour des nationalismes et surtout, contenir l’influence soviétique. "Il y avait un contexte qui a fait que les Etats-Unis avaient un rôle de 'protecteur', notamment en raison de l’existence, à l’Est de l’Europe, d’un Etat qui s’appelait l’Union soviétique. Ce danger commun, qui était perçu par beaucoup de responsables, a favorisé le rapprochement entre les Etats-Unis et l’Europe à cette époque", analyse le politologue et historien, Eric Roussel.
L’Europe unie devient ainsi un pilier des ambitions américaines, visant à créer une ligne de front politique et économique dans la guerre froide naissante.
L’influence américaine dépasse largement le cadre des relations diplomatiques ou de l’aide économique. Dès les années 1950, le modèle capitaliste américain s’exporte en Europe, porté par les échanges inter-entreprises et la diffusion des techniques de production initiées outre-Atlantique par Henry Ford quelques décennies plus tôt.
Son nom, associé à la naissance d'un désormais célèbre constructeur automobile, est aussi rattaché au "fordisme", une méthode industrielle alliant un mode de production en série fondé sur le principe de lignes d’assemblage, et un modèle économique ayant recours à des salaires élevés. En Italie par exemple, Fiat adapte son organisation industrielle aux standards américains après des séjours d’observation aux Etats-Unis.
Cette "américanisation" du tissu productif accompagne la naissance de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en avril 1951, dont l’esprit libéral doit beaucoup à la vision économique des Etats-Unis.
Ceux-ci voient dans l’intégration européenne l'occasion de structurer un vaste marché unique favorable à leurs intérêts économiques. Paul Hoffmann, administrateur de l’Economic Cooperation Administration qui gère le plan Marshall, plaide dès 1949 pour la formation d’un marché commun européen sans barrières douanières, un objectif parfaitement aligné avec les ambitions commerciales américaines. Celui-ci faciliterait alors la circulation des produits importés des Etats-Unis, tout en consolidant l'influence des technologies et des méthodes de production américaines en Europe.
Quelques années plus tard, le 25 mars 1957, les traités de Rome donnent notamment naissance à la Communauté économique européenne (CEE). Celle-ci a pour mission, par l'établissement d'un marché commun et le rapprochement progressif des politiques économiques des Etats membres, de promouvoir un développement harmonieux des activités économiques dans l'ensemble de la Communauté. Elle encourage aussi une expansion continue et équilibrée, une stabilité accrue, un relèvement accéléré du niveau de vie, et des relations plus étroites entre les Etats qu'elle réunit. Moins sujet aux résistances nationales, le secteur économique apparaît alors comme un champ consensuel de coopération.
Ainsi, la construction européenne n’a jamais été pensée contre les Etats-Unis. Au contraire, elle repose sur des intérêts communs entre les deux parties. Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont soutenu l’unification politique de l’Europe pour assurer sa stabilité et limiter l’influence soviétique.
Le Vieux Continent a aussi adopté le modèle économique libéral américain, notamment à travers la CECA et la CEE, renforçant ainsi son alignement avec les idées diffusées outre-Atlantique. Loin d’être un rival, l'Europe se révèle être un partenaire clé des Etats-Unis, partageant une vision commune du monde occidental.
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06.03.2025 à 11:10

Propos hostiles du vice-président américain J.D. Vance durant la Conférence de Munich, suspension de l'aide à l'Ukraine, rapprochement avec la Russie… depuis février 2025, le changement de ton de l’administration américaine est clair. La menace d'un désengagement militaire des Etats-Unis sur le Vieux Continent n'a jamais été aussi prégnante. De quoi illustrer la dépendance de […]
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Propos hostiles du vice-président américain J.D. Vance durant la Conférence de Munich, suspension de l'aide à l'Ukraine, rapprochement avec la Russie… depuis février 2025, le changement de ton de l’administration américaine est clair. La menace d'un désengagement militaire des Etats-Unis sur le Vieux Continent n'a jamais été aussi prégnante.
De quoi illustrer la dépendance de l'Europe vis-à-vis de Washington et son incapacité à se défendre elle-même ? Bien sûr, les Etats-Unis jouent un rôle déterminant dans la protection des Européens à travers l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), où ils occupent une position centrale. Car l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord, signé par les 32 membres de l'organisation, prévoit une assistance mutuelle si l'un d'entre eux était agressé. Mais affirmer que la défense européenne n'est rien sans l'Alliance atlantique apparaît comme une simplification des réalités militaires en Europe, qu'elles soient nationales ou communes.
Souvent considérée comme la plus puissante au monde, l'armée américaine compte plus d'1,3 million de militaires d'active, avec près de 800 000 réservistes. Elle est par ailleurs dotée d'une puissance de frappe atomique très importante. Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), 5 244 ogives nucléaires seraient en possession des Etats-Unis. Sans compter du matériel et des équipements militaires très développés et à la pointe de la technologie.
Depuis la création de l'Otan en 1949, ce gigantisme de l'armée des Etats-Unis a su convaincre les Européens, de l'Ouest d'abord, puis de l'Est après la Guerre froide, du bien-fondé du parapluie militaire américain pour garantir leur sécurité. Rien d'étonnant donc à ce que 30 pays européens, dont 23 Etats membres de l'Union européenne, en fassent aujourd'hui partie.
Dernier venus, la Finlande en 2023 et la Suède en 2024. En réaction à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, et à la menace que fait peser Moscou sur leur sécurité, ces pays ont ainsi rompu avec leur neutralité historique. Deux adhésions qui témoignent de l'importance accordée par les Européens à l'Alliance atlantique pour assurer leur défense.
Si leur taille est modeste en comparaison avec l'armée américaine, les forces nationales de défense en Europe sont loin d'être dérisoires. Parmi les Etats membres de l'Union européenne, quatre comptent plus de 150 000 militaires d'active : la Pologne (202 100), la France (200 000), l'Allemagne (181 600) et l'Italie (165 500).
Surtout, la France fait partie des rares puissances nucléaires dans le monde. Elle disposerait de 290 ogives nucléaires. Une quantité bien inférieure à celle des Etats-Unis et de la Russie, avec ses 5 889 ogives. Mais l'Hexagone se classe tout de même au quatrième rang mondial, derrière la Chine (410 ogives). Ce qui permet aux Vingt-Sept, liés depuis le traité de Lisbonne en 2009 par une clause de défense mutuelle (article 42.7) analogue à l'article 5 du traité de l'Otan, d'être aussi associés à une force européenne de dissuasion nucléaire.
La France est également la seule parmi les Vingt-Sept à être membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, instance au cœur des questions de sécurité internationale, aux côtés des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et du Royaume-uni. Ce dernier a quitté l'UE en 2020, mais reste un proche partenaire des Vingt-Sept. Et il tient une place particulière en Europe en matière de défense : membre de l'Otan et pourvu de l'arme atomique, le Royaume-Uni possède l'une des armées les plus puissantes au monde.
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, les Etats membres de l'UE ont par ailleurs fortement augmenté leur budget militaire et ainsi musclé leur sécurité collective.
La menace russe et le détournement des Etats-Unis de ses alliés historiques ont précipité la réflexion autour d'une véritable politique européenne de défense, complémentaire de l'Otan. Des initiatives communes en ce sens ont toutefois vu le jour dès la fin des années 1990.
A partir de 2003, l'UE a mené des missions militaires de gestion des crises dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Les Etats membres ont ainsi dépêché hors des frontières européennes des soldats agissant au nom de l'Union. 37 opérations de ce type ont ainsi été lancées depuis plus de 20 ans, que ce soit en Bosnie-Herzégovine, au large des côtes somaliennes ou encore dans la mer rouge. Mais, comme le souligne la Fondation Schuman, l’effectif des opérations de l’Union européenne tourne autour de 5000 personnes, contre plusieurs dizaines de milliers pour les grandes opérations de l'Otan. Depuis le début de la guerre en Ukraine, 40 000 soldats internationaux ont ainsi été déployés sur le flanc est de l'Alliance, de la Finlande à la Bulgarie. La fondation rappelle aussi que la plupart des missions européennes sont des missions civiles ou civilo-militaires.
En parallèle de ces missions européennes, les Vingt-sept cherchent aussi à renforcer leurs capacités militaires et leur industrie de défense. Des objectifs formulés dans la Boussole stratégique de l'Union européenne, un livre blanc sur la défense adopté en 2022. C'est en ce sens que le Fonds européen de défense a vu le jour en 2021. Doté de 7,3 milliards d'euros, il vise à soutenir des projets transnationaux en stimulant la coopération entre industriels du secteur. Le contexte de la guerre en Ukraine a aussi poussé les Européens, pour la première fois de leur Histoire, à financer en commun des livraisons d'armes à un pays en guerre. 11,1 milliards d'euros ont été collectivement pris en charge à ce jour à travers la Facilité européenne pour la paix, un instrument finançant les actions de l'UE en matière de défense.
Pour contrer les menaces qui pèsent sur l'intégrité du continent et muscler la défense des Etats européens, la Commission a également proposé le 4 mars 2025 le plan "ReArm Europe" ("Réarmer l'Europe"), un programme qui devrait permettre de mobiliser près de 800 milliards d'euros, dont 150 milliards sous forme de prêts à disposition des Vingt-Sept.
Bien que la défense européenne se construise petit à petit, elle est toutefois loin de remplacer l'Otan et agit pour l'instant plutôt en complémentarité. Comme le résumait l'historienne spécialiste des questions de défense Nicole Gnesotto en 2022, "l’Otan reste le forum prioritaire pour la défense de l’Europe, alors que la politique de défense européenne consiste à gérer les crises extérieures à l’Europe". Et la spécialiste d'affirmer : "La vraie condition pour que l’Europe soit un acteur militaire efficace, c’est que les pays de l’UE en soient d’accord. Ce qui manque, c’est très souvent la volonté politique et non les capacités".

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05.03.2025 à 12:25

La contribution des Etats membres de l'alliance atlantique au budget de l'Otan prend en compte les contributions directes des pays (ou quote-part) ainsi que les dépenses indirectes, qui correspondent au budget alloué à la défense au niveau national. Dans les deux cas, les Etats-Unis sont le plus gros contributeur. Leur quote-part correspond à près de […]
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La contribution des Etats membres de l'alliance atlantique au budget de l'Otan prend en compte les contributions directes des pays (ou quote-part) ainsi que les dépenses indirectes, qui correspondent au budget alloué à la défense au niveau national.
Dans les deux cas, les Etats-Unis sont le plus gros contributeur. Leur quote-part correspond à près de 16 % du budget de l'Otan (au même niveau que l'Allemagne), tandis que leurs dépenses de défense nationale sont les plus élevées parmi les 32 pays membres de l'alliance.
Les budgets et programmes annuels de l'Otan représentent environ 4,6 milliards d'euros, ce qui correspond à environ 0,3 % des dépenses de défense totales des pays de l'alliance. Cette somme sert essentiellement à financer la structure de commandement militaire permanente de l'Otan, les opérations et missions en cours et les infrastructures militaires essentielles.
Le financement commun du budget de l'Otan se compose de quotes-parts attribuées à chacun des 32 Etats qui en sont membres. La quote-part des Etats-Unis et de l'Allemagne s'élève ainsi à 15,88 %, contre 10,96 % pour le Royaume-Uni ou 10,19 % pour la France, indique l'organisation sur son site Internet.
A eux seuls, les Etats-Unis ont dépensé près de 970 milliards de dollars dans la défense en 2024, ce qui représente deux tiers des dépenses totales de l'ensemble des pays de l'Otan pour la défense. Les 31 autres pays membres ont, à eux tous, dépensé 506 milliards de dollars pour leur défense l'an passé.
A titre de comparaison, l'Allemagne est au deuxième rang de ce classement de dépenses militaires au sein de l'Otan, avec un budget de 97 milliards de dollars, devant le Royaume-Uni (82 milliards de dollars) et la France (64 milliards de dollars). Enfin, les dépenses des 23 Etats membres de l'UE qui appartiennent à l'Otan atteignent, en cumulé, 360 milliards de dollars en 2024.
Alors que Donald Trump exhorte les Européens à porter leurs dépenses militaires à hauteur de 5 % de leur PIB national, la Pologne (4,12 %) et l'Estonie (3,43 %) devancent les Etats-Unis (3,38 %) concernant cet indicateur.
En 2024, la majorité des 27 pays de l'Union européenne ont consacré plus de 2 % de leur PIB dans le domaine militaire, comme en République tchèque où une loi adoptée en 2023 fixe à 2 % le niveau minimal d'investissement dans la défense. La majorité des pays membres de l'UE et de l'Otan respecte désormais la "règle des 2 %", fixée au sein de l'alliance depuis 2006 mais très peu respectée jusqu'alors.
Ces dernières années l'augmentation la plus spectaculaire a eu lieu en Pologne, qui partage une longue frontière avec la Russie et l'Ukraine. Le pays consacrait 1,88 % de son PIB à la défense il y a dix ans, contre 4,12 % désormais.
Une part qui devrait continuer d'augmenter partout en Europe. Le Danemark a par exemple annoncé le 19 février qu'il dépenserait 3,2 % de son PIB pour sa défense d'ici la fin de l'année 2025, contre 1,1 % il y a dix ans.
Dans un entretien au Figaro le 2 mars, Emmanuel Macron a abondé dans ce sens. Appelant "à tirer rapidement les conséquences du désengagement américain, en investissant lourdement dans l'Europe de la défense", le président français plaide pour fixer un objectif autour de 3 à 3,5 % du PIB.
Une idée partagée par le Premier ministre britannique, Keir Starmer, pour qui une "coalition de pays volontaires" en Europe doit augmenter ses dépenses militaires et accentuer la pression économique sur la Russie dans le contexte de la guerre en Ukraine.
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04.03.2025 à 19:00

Les membres de l'Otan contribuent de deux manières au budget de l'alliance, via un financement direct (quote-part) et de manière indirecte par leurs dépenses de défense nationales. Si la quote-part des pays européens est relativement élevée, des écarts subsistent quant au niveau des dépenses militaires, qui compte dans leur contribution au budget de l'alliance. Ce […]
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Les membres de l'Otan contribuent de deux manières au budget de l'alliance, via un financement direct (quote-part) et de manière indirecte par leurs dépenses de défense nationales.
Si la quote-part des pays européens est relativement élevée, des écarts subsistent quant au niveau des dépenses militaires, qui compte dans leur contribution au budget de l'alliance. Ce qui explique pourquoi le président américain Donald Trump a exhorté de nombreuses fois les Etats membres de l'Otan à augmenter ces budgets à hauteur de 5 % du PIB.
Les membres de l'Otan financent l'organisation via trois budgets communs.
Le plus important est le budget militaire de fonctionnement, doté de 2,37 milliards d'euros pour l'année 2025. Le budget civil est quant à lui fixé à 483,3 millions d'euros. Cela représente respectivement une hausse de 10 % et 9 % des dépenses par rapport à 2024. Le dernier budget est le programme d'investissement au service de la sécurité (infrastructure et capacités militaires).
La contribution directe des membres de l'alliance, ou quote-part, est calculée selon une formule prenant en compte le revenu national brut (RNB) des Etats. Elle est fixée pour deux ans. En 2023 et 2024, les principaux contributeurs de l'UE étaient l'Allemagne, avec une participation à hauteur de 15,88 % du budget commun, la France (10,19 %), l'Italie (8,53 %) et l'Espagne (5,82 %). Les autres Etats membres ont tous une quote-part inférieure à 5 % du budget, voire à 1 % le plus souvent.
Les Etats-Unis, qui auparavant avaient la contribution la plus importante, contribuent désormais à la même hauteur que les Allemands : 15,88 %.
En 2006, les alliés au sein de l'Otan ont fixé la "règle des 2 %", ce qui signifie que chaque Etat doit consacrer au moins 2 % de son PIB à ses propres dépenses de défense chaque année.
Après avoir critiqué les trop faibles dépenses militaires de certains pays européens lors de sa campagne, le prochain président américain Donald Trump a appelé, le 7 janvier 2025, à ce que celles-ci passent à 5 % du PIB. En 2024, quinze des vingt-trois Etats de l'UE membres de l'Alliance atlantique respectaient la règle des 2 %, selon la CIA. Ils étaient seulement neuf en 2023. La Pologne a fourni l'équivalent de 4,1 % de son PIB en dépenses militaires, suivie de l'Estonie (3,4 %) et de la Grèce (3,1 %). La France est loin de ce podium, avec 2,1% de son PIB consacré aux dépenses militaires, en compagnie de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la République Tchèque.
Les forces armées des Etats membres de l'Otan peuvent être engagées dans des opérations communes. Et cet engagement est, en vertu de l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord, obligatoire si l'un des Etats membres de l'Otan est attaqué. C'est également cette clause que Donald Trump, lorsqu'il était candidat à la présidence des Etats-Unis en 2024, a menacé de ne pas respecter vis-à-vis des pays qui ne consacreraient pas une part suffisante de leur budget à la défense.
Si le ton adopté par Donald Trump est particulièrement agressif, les critiques américaines sur la trop faible contribution des Européens à l'Otan ne sont pas nouvelles. Le débat relatif au "burden sharing" (partage du fardeau) remonte à des décennies et s'est accentué après la fin de la Guerre froide, lorsque les Européens ont progressivement réduit leurs dépenses de défense.

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04.03.2025 à 10:43

300 à 350 milliards de dollars. C'est un montant que Donald Trump met régulièrement en avant lorsqu'il évoque les aides apportées par les Etats-Unis à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, en février 2022. Un argument qu'il utilise notamment pour faire pression sur Volodymyr Zelensky et lui arracher des concessions, tant sur les ressources […]
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300 à 350 milliards de dollars. C'est un montant que Donald Trump met régulièrement en avant lorsqu'il évoque les aides apportées par les Etats-Unis à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, en février 2022. Un argument qu'il utilise notamment pour faire pression sur Volodymyr Zelensky et lui arracher des concessions, tant sur les ressources minières ukrainiennes que sur un accord de paix avec la Russie de Vladimir Poutine. Mais ce chiffre de 350 milliards de dollars d'aides américaines à l'Ukraine est faux.
Les Etats-Unis ont accordé 114,1 milliards d'euros d'aides à l'Ukraine entre le 22 février 2022, début de l'invasion russe, et le 31 décembre 2024. Ce chiffre est issu du Kiel Institute, un institut de recherche économique allemand spécialisé dans le suivi du soutien militaire, financier et humanitaire à l'Ukraine. Cela représente, selon le taux de change moyen établi début mars 2025, quasiment 120 milliards de dollars. Soit presque trois fois moins que le montant de 350 milliards de dollars (soit 333 milliards d'euros), régulièrement mis en avant par Donald Trump.
Dans le détail, toujours selon le Kiel Institute, Washington aurait fourni à Kiev 64,1 milliards d'euros d'aide militaire, 46,6 milliards d'euros d'aide financière et 3,4 milliards d'euros d'aide humanitaire. Ces montants placent les Etats-Unis au premier rang des pays fournisseurs d'aide à l'Ukraine. Mais si l'on compare ces chiffres avec l'ensemble de l'Europe, et même lorsqu'on les rapporte au PIB national, l'aide américaine ne se détache pas particulièrement de celle des Européens.
Selon les calculs du Kiel Institute, les aides à l'Ukraine venues d'Europe depuis le début de l'invasion russe atteignent 132,3 milliards d'euros. Un montant qui s'avère donc supérieur aux aides américaines. Dans le détail, 49 milliards d'euros ont été directement alloués par les institutions de l'Union européenne, essentiellement en aide financière, tandis que les 83,3 milliards d'euros restants proviennent d'aides militaires essentiellement fournies par des Etats membres de l'UE.
Par exemple, l'Allemagne, deuxième pays ayant le plus aidé l'Ukraine, a fourni pour 17,26 milliards d'euros d'aides depuis février 2022, contre 8,05 milliards pour le Danemark, 7,33 milliards pour les Pays-Bas, 5,4 milliards d'euros pour la Suède ou 4,89 milliards pour la France. Parmi les pays européens qui ne sont pas membres de l'UE, on retrouve le Royaume-Uni, troisième donateur mondial avec 14,8 milliards d'euros, ou encore la Norvège, qui a soutenu l'Ukraine à hauteur de 3,35 milliards d'euros depuis le début de la guerre.
Si l'écart reste faible entre l'aide apportée par les Etats-Unis d'une part et par l'ensemble de l'Europe d'autre part, il risque de s'agrandir considérablement dans les mois et années à venir. 115 milliards d'euros d'aides supplémentaires devraient être engagés par les pays européens dans un futur proche. Et c'est sans compter un potentiel accroissement du soutien suite au plan de défense de 800 milliards d'euros annoncé le 4 mars 2025 par Ursula von der Leyen. Quelques heures avant, le président américain décidait de couper les vannes de l'aide à Kiev. Selon les chiffres de l'institut Kiel de décembre 2024, 4,8 milliards d'euros d'aide étaient encore censés être versés prochainement par les Etats-Unis.
En rapportant le montant de son aide à son PIB national, là aussi, l'engagement des Etats-Unis en faveur de l'Ukraine n'est pas le plus important parmi les alliés de Kiev. Cette aide représente ainsi 0,53 % du PIB américain, selon les données du Kiel Institute. A titre de comparaison, un certain nombre d'Etats européens font mieux, en incluant dans ce calcul leur participation de 0,2 à 0,3 % du PIB à l'aide commune de l'UE.
L'Estonie et le Danemark figurent en tête de ce classement : ils ont consacré l'équivalent de 2,5 % de leur PIB national pour soutenir l'Ukraine. Ils devancent la Lituanie (2,1 %), la Lettonie (1,8 %) ou encore la Finlande (1,3 %). Les "grands" pays européens, eux, se rapprochent des Etats-Unis : 0,72 % pour l'Allemagne, 0,52 % du PIB pour la France, 0,51 % pour le Royaume-Uni (qui n'est pas membre de l'UE).
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25.10.2024 à 18:34

Ces dernières années, l'Union européenne a continué d'être un pôle d'attraction pour des millions de personnes en quête de sécurité, d'opportunités ou de meilleures conditions de vie. 5,1 millions de personnes ont migré vers l'UE en 2022, un chiffre qui souligne l’ampleur de la mobilité humaine vers le continent européen. Plus de 1,1 million de […]
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Ces dernières années, l'Union européenne a continué d'être un pôle d'attraction pour des millions de personnes en quête de sécurité, d'opportunités ou de meilleures conditions de vie. 5,1 millions de personnes ont migré vers l'UE en 2022, un chiffre qui souligne l’ampleur de la mobilité humaine vers le continent européen. Plus de 1,1 million de demandes d'asile ont été enregistrées en 2023, reflétant l'intensification des conflits et crises mondiales.
L'UE compte désormais 27 millions de résidents non-européens, ce qui représente près de 6 % de sa population. Malgré la grande majorité de mouvements légaux, Frontex a signalé plus de 385 000 entrées irrégulières en 2023, mettant en lumière les défis sécuritaires et humanitaires que pose la gestion des frontières extérieures de l'Union.
CE QUE VOUS ALLEZ APPRENDRE DANS CET ARTICLE
En 2022, ce sont 5,1 millions de personnes qui ont migré vers un pays de l'Union européenne depuis un pays tiers (excluant donc les migrations d'un pays de l'UE à un autre), selon Eurostat.
Il s'agit nettement d'un record, en grande partie causé par l'afflux d'Ukrainiens vers l'Union européenne depuis l'invasion russe en février 2022. Le chiffre de migrants a donc plus que doublé par rapport à l'année précédente (2,4 millions en 2021), ou même la période pré-Covid (2,7 millions en 2019). Parmi eux, on compte aussi plusieurs centaines de milliers de citoyens européens revenus dans leur pays d'origine.
L'Allemagne a enregistré le plus grand nombre total d'immigrants parmi les Etats membres de l'UE en 2022, avec 2,1 millions d’arrivées. La France est troisième, avec environ 400 000 personnes. Au regard de sa population, c'est Malte qui a enregistré le taux d'immigration le plus élevé : près de 66 immigrants pour 1 000 habitants.
En 2022 toujours, 1 million de personnes a effectué le chemin inverse en émigrant depuis un pays de l'Union européenne vers un pays tiers. Un chiffre relativement stable d'année en année.
Cette année-là, 1,5 million de personnes qui résidaient déjà dans un Etat membre de l'UE ont migré vers un autre Etat membre. Enfin, 400 000 personnes dont le pays de résidence antérieur est inconnu ont également migré vers l'UE. Ainsi, en 2022, on obtient un total de 7 millions d'arrivées résultant de l'immigration internationale au sein de l'UE, et un solde migratoire de 6 millions de personnes, en soustrayant les personnes ayant quitté l'UE.
L'Organisation des nations unies (ONU) estimait le nombre de migrants à 281 millions en 2020, soit environ 3,5 % de la population mondiale. Un chiffre en augmentation régulière depuis près d'un demi-siècle.
Cette donnée inclut les personnes déracinées ayant fui leur pays d'origine, ainsi que les migrations par choix, souvent pour des motifs économiques. En revanche, elle ne prend pas en compte le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays en raison de guerre, de conflit ou de persécutions.
1 142 618 personnes ont demandé l'asile dans un pays de l'Union européenne (ou en Norvège et en Suisse) en 2023, selon l'Agence européenne de l'asile. Il s'agit d'une augmentation de 18 % par rapport à 2022.
La grande majorité de ces demandes ont été déposées en Allemagne (29 %), en France (15 %), en Espagne (14 %) et en Italie (12 %). Les Syriens constituent la première nationalité en nombre de demandes d'asile l'an passé, devant les Afghans, les Turcs, les Vénézuéliens et les Colombiens.
491 000 personnes ont vu leur demande acceptée cette année-là, soit moins de la moitié même s'il s'agit du taux le plus élevé depuis 2016. Cette reconnaissance du statut de réfugié varie fortement selon l'Etat d'origine - il est beaucoup plus important pour les Afghans que pour les Syriens par exemple - mais aussi selon l'Etat d'accueil.
Le chiffre des demandes d'asile ne comprend pas la protection temporaire accordée aux plus de 4 millions d'Ukrainiens qui ont fui leur pays à la suite de l'invasion russe.
Au total, le nombre de personnes étant effectivement reconnues comme réfugiées atteint 7,4 millions dans l'Union européenne à la fin 2023, selon les chiffres du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés. L'Allemagne est de loin le principal pays d'accueil, avec 2,6 millions de réfugiés sur son sol, suivie de la Pologne (970 000) et de la France (660 000).
En vertu du système de Dublin, les personnes souhaitant obtenir un statut de réfugié doivent, sauf exception, déposer leur demande d'asile dans leur premier pays d'arrivée pour que celui-ci la traite.
S'ils dérogent à cette règle en déposant leur demande dans un autre pays de l'UE, ils peuvent être transférés vers leur pays d'arrivée. 13 300 personnes ont été concernées par ces transferts en 2022.
Selon Frontex, 385 771 entrées irrégulières dans l'Union européenne ont été constatées en 2023. C'est plus qu'en 2022 (326 335), mais beaucoup moins que le record atteint en 2015 en raison de la crise migratoire liée à la guerre en Syrie (1,82 million).
La traversée de la Méditerranée centrale reste la plus empruntée et la plus meurtrière des quatre principales routes migratoires vers l'Europe, avec environ 1 400 personnes décédées ou portées disparues en 2022.
En 2023, 83 370 ressortissants de pays tiers ont été renvoyés hors de l'Union européenne, selon Eurostat. Un chiffre qui ne correspond qu'à 19 % des 435 000 décisions de retour prises au cours de l'année par les Etats membres de l'UE, les autres personnes attendant une nouvelle décision suite à un recours ou vivant dans la clandestinité.
Avec 10 625 renvois (sur 138 000 décisions de retour), la France est le pays qui a expulsé le plus de ressortissants non-européens, juste devant l'Allemagne. Les personnes sommées de quitter le territoire de l'UE étaient principalement originaires du Maroc, d'Algérie, d'Afghanistan, de Syrie et de Turquie.
Sur près de 450 millions d'habitants au 1er janvier 2023, l'Union européenne compte 27 millions de citoyens non-européens, soit 6 % de sa population, selon Eurostat. Une part comparable à celle des Etats-Unis, mais qui représente une nette augmentation par rapport à l'année précédente.
Si leur nationalité n'est pas toujours recensée par Eurostat (certains Etats ne transmettant pas ces informations), les données laissent entendre que beaucoup d'entre eux sont des Ukrainiens ayant fui l'invasion russe.
Par ailleurs, le nombre de citoyens de l'UE vivant dans un autre Etat membre que le leur est de 14 millions au 1er janvier 2023, soit 3 % de la population de l'UE.
L'Allemagne compte le plus de non-nationaux (européens ou non) dans sa population au sein de l'UE, avec 12 millions de personnes au 1er janvier 2023. L'Italie, la France et l'Espagne comptent 5 à 6 millions d'étrangers chacune. En France, ils représentent 8 % de la population.
A l'inverse, on trouve moins de 3 % d'étrangers en Roumanie, en Slovaquie, en Pologne, en Bulgarie, en Croatie et en Hongrie.
Enfin, ce sont les citoyens roumains, italiens et polonais que l'on retrouve le plus souvent dans un autre Etat membre. Les Français sont 0,6 % à avoir fait ce choix.
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