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08.10.2025 à 12:23

Éducation à la sexualité : « Ouvrir aux enfants des espaces de liberté »

La Déferlante

Nouveauté de la rentrée scolaire 2025, l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Évars) – obligatoire depuis 2001 de la primaire au collège – est pour la première […]
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Nouveauté de la rentrée scolaire 2025, l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Évars)

– obligatoire depuis 2001 de la primaire au collège – est pour la première fois dotée d’un programme officiel. Mais son application est loin d’être garantie. Dans le public, les syndicats s’inquiètent du manque de moyens horaires et de formation pour les enseignant·es. L’enseignement privé sous contrat (à 96 % catholique) a pour sa part pris l’initiative d’adapter ce programme pour en proposer une vision jugée plus conforme à ses valeurs. Les séances y sont parfois assurées par des associations non reconnues par l’Éducation nationale qui, pour certaines, distillent auprès des élèves l’idée d’une complémentarité naturelle entre femmes et hommes, stigmatisent la masturbation et l’homosexualité.

Au-delà de ce qui se joue dans l’institution scolaire, les interrogations des enfants sur les rapports de genre, les stéréotypes ou la sexualité sont plus que jamais présentes dans le sillage du mouvement MeToo. Comment discuter avec elles et eux de ces sujets ? Comment répondre à leur curiosité sur des notions cruciales – la diversité des corps, le consentement, la multiplicité des relations affectives – tout en les sensibilisant au danger des violences sexuelles ?

Des solutions à l’embarras des adultes

C’est pour répondre à ces interrogations que Claire Marcadé Hinge et Marianne Stéphan Marty ont écrit Grandir sans tabou. Comment parler de sexualité avec les enfants ? Toutes deux militantes féministes et engagées professionnellement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, elles expliquent : « Il nous fallait partager nos idées, nos recherches, nos tentatives pour outiller nos enfants sans les freiner, et leur ouvrir des espaces de liberté. »


« Comment répondre à la curiosité des enfants, tout en les sensibilisant au danger des violences sexuelles ? »


Inspirées par leur expérience de la parentalité autant que leur engagement, elles signent un guide qui entremêle finement réflexions sur les pratiques éducatives et solutions très concrètes aux embarras des adultes sur ces sujets complexes. Leur texte est enrichi par des éclairages d’expert·es (l’enseignante Lolita Rivé, l’autrice et formatrice Mai Lan Chapiron, les militant·es de l’association Queer Éducation…) et de nombreuses ressources commentées. Grandir Sans tabou s’adresse à toutes les personnes qui accompagnent un·e ou des enfants au quotidien et cherchent des pistes pour parler avec elleux, en toute bienveillance et lucidité, de la sexualité, du corps, de la richesse et de la diversité des liens affectifs.

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02.10.2025 à 17:18

💥Un agenda bien rempli

La Déferlante

📚Et un de plus ! Depuis ce matin, vendredi 3 octobre, notre cinquième livre, Sans parler des blessé·es est disponible en librairie. Entre janvier et juin 2025, les écrivain·es Kaoutar Harchi […]
Texte intégral (2134 mots)

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Et un de plus !

Depuis ce matin, vendredi 3 octobre, notre cinquième livre, Sans parler des blessé·es est disponible en librairie.

Entre janvier et juin 2025, les écrivain·es Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger se sont écrit une lettre par mois. Cet ouvrage est le recueil de cette correspondance. Réagissant à une actualité sans cesse plus brutale, chacun·e y explore, avec sa sensibilité propre, ce qui perce de toute part : la violence envers les enfants, le racisme structurel, la domination coloniale, la déshumanisation des Palestinien·nes. Au fil de leurs lettres, une question affleure : que peut la littérature face au chaos du monde ?

🗞 Lire la critique des Inrocks sur ce lien

🗺 Pour trouver une librairie où vous procurer votre exemplaire près de chez vous, rendez-vous sur notre carte interactive

✒ Vous pouvez aussi commander Sans parler des blessé·es sur notre site pour recevoir votre exemplaire dédicacé par les deux auteur·ices !

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On y sera

📖 Discussion et dédicaces

Jeu 9 octobre 2025, à 19 h
Ici Librairie – Grands Boulevards, Paris

Aurélien Bellanger, coauteur de Sans parler des blessé·es avec Kaoutar Harchi, échangera avec les lectrices et les lecteurs de la librairie Ici – Grands Boulevards. Il sera accompagné de l’éditrice du livre (également corédactrice en chef de La Déferlante), Lucie Geffroy. La rencontre sera suivie d’une séance de dédicaces.

👉🏼 → Informations et réservations

🎞 Festival du film féministe

Mer 8 — Dim 12 octobre 2025
Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas (Seine-Saint-Denis)

Pour la troisième année consécutive, La Déferlante est partenaire du festival du film des Lilas. C’est dans ce cadre que sa corédactrice en chef Marion Pillas animera samedi 11 octobre à 18 h 30 une table ronde intitulée : « La joie militante : de quoi s’agit-il ? ». L’humoriste Tahnee, la militante Sarah Durieux et l’historienne Ludivine Bantigny s’interrogeront sur ce concept, et sur la place que prennent les émotions dans les luttes sociales.

🎟 → Réservations

📖 Philippe Poutou reçoit La Déferlante

Jeu 16 octobre 2025 à 19 h
Librairie Les 400 coups, Bordeaux

Ouverte il y a moins d’un an par Béatrice Walylo et Philippe Poutou, cette librairie engagée accueillera Emmanuelle Josse, corédactrice en chef de La Déferlante, pour un échange avec les lectrices et les lecteurs autour du dernier numéro : « S’informer en féministes ».

👉🏼 → Informations pratiques et réservations

🎤 Des médias sur scène

Jeu 16 octobre 2025 à 20 h 30
Salle de la Cité, Rennes

Marie Barbier, corédactrice en chef de La Déferlante, montera sur scène lors d’un PRESStacle intitulé Quand les médias indés secouent la société, organisé par le média breton Les Trois Ours. La soirée sera suivie d’un concert de l’artiste montpelliéraine Mauvaise Bouche.

👉🏼 → Informations et billetterie

🐟 Débat à Marseille

Jeu 16 octobre 2025 à 18 h 30
La Friche, Marseille

À l’occasion de la parution du numéro « S’informer en féministes », la librairie de la Friche-La Belle de mai accueillera une discussion entre les journalistes Constant Spina et Floriane Louison, modérée par Lucie Geffroy, corédactrice en chef de La Déferlante. Entrée libre, sans réservation.

👉🏼 → Informations à venir sur notre site

🍟 Table ronde à Lille

Jeu 17 octobre 2025 à 19 h
Bazaar St So, Lille

Comment la presse et l’édition peuvent-elles s’engager dans la lutte contre l’extrême droite ? Que peut le féminisme dans la lutte contre les fake news ? Ces questions seront au cœur d’une table ronde modérée par Marion Pillas. Les discussions seront suivies d’un DJ set.

👉🏼 → Informations et réservations sur notre site

✊🏼 Résister en s’informant

Lun 20 octobre 2025 à 19 h 30
MK2 Bibliothèque, Paris 13e

La Déferlante tiendra un stand dans le cadre de la deuxième édition de la masterclass de Salomé Saqué intitulée « Résister en (s)’informant ». Vous y retrouverez nos goodies et nos revues.

👉🏼 → Informations et réservations

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Un glossaire pour tout comprendre

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Grève féministe, intersectionnalité, masculinisme, validisme : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier.

🔏 → Retrouvez toutes nos définitions en libre accès

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26.09.2025 à 12:33

MeToo en Turquie : « Ignorer la parole des femmes, c’est autoriser les violences »

Céline Pierre-Magnani

Plus de 5 000 comptes turcs ont publié et relayé des accusations de violences sexuelles sur X dès la mi-août. En tant qu’avocate et militante féministe, comment avez-vous réagi en […]
Texte intégral (1101 mots)

Plus de 5 000 comptes turcs ont publié et relayé des accusations de violences sexuelles sur X dès la mi-août. En tant qu’avocate et militante féministe, comment avez-vous réagi en découvrant cette prise de parole ?

Certains témoignages m’ont mise mal à l’aise, car ils font écho à des expériences personnelles. Je suis aussi inquiète que des procédures pour diffamation soient lancées contre ces femmes. Pourtant, quand on lit les messages publiés, on comprend immédiatement de quels faits il s’agit, car nous sommes beaucoup à avoir vécu des choses similaires, en Turquie ou ailleurs.

À la Fondation Mor Çatı [qui accueille et accompagne les femmes victimes de violence domestique], nous menons depuis des années une campagne intitulée « Crie ! Que tout le monde entende et que cesse la violence masculine ! ». Parce que dans les récits de harcèlement ou d’agression, les femmes sont presque toujours réduites au silence et finissent par culpabiliser. Prendre la parole, c’est se rebeller, alerter les autres femmes et faire appel à leur solidarité.

Quel rôle jouent des associations et des fondations comme Mor Çatı, en Turquie ?

Le collectif Mor Çatı a été fondé en 1990, après une importante marche des femmes contre les violences de genre qui a eu lieu en 1987. L’objectif était de lutter ensemble contre la violence masculine, d’apporter une réponse institutionnelle aux demandes d’aide et aux besoins en matière d’hébergement (la fondation propose aujourd’hui quelques places d’hébergement et dispose d’un refuge indépendant). C’était aussi de mettre en place un accompagnement en partenariat avec des travailleurs sociaux, des psychologues et des juristes, en tenant compte des besoins des femmes et en adoptant une approche holistique. Il nous semble très important de valoriser l’expérience collective, de mettre en évidence les lacunes existant dans l’application du droit, et de visibiliser [auprès du grand public et des institutions] les bénéfices de l’approche féministe. Ignorer la parole des femmes – comme cela arrive souvent au sein des institutions ou des organisations [police, justice, lieux de travail], ou même dans la famille –, c’est autoriser ces violences.

Quels types de violences voyez-vous le plus souvent ?

En Turquie, la quasi-totalité des dossiers de divorces comportent des violences sexuelles. Les femmes n’ont pas toujours conscience qu’il s’agit de violences, car elles considèrent les relations sexuelles comme un devoir conjugal. De plus, ce sont des cas où il est très difficile, tant sur le plan social que juridique, de porter plainte. Il y a donc peu de signalements, car les femmes pensent qu’elles ne seront pas soutenues et, au contraire, blâmées.

On retrouve aussi très souvent, au sein de couples, des violences d’ordre économique et psychologique. Presque toutes les femmes sont par ailleurs victimes de harcèlement sexuel, dans la rue, dans les transports, ou pendant des concerts par exemple… C’est lié au système patriarcal, au regard porté sur le corps des femmes, jugé en permanence à travers leur tenue, leur attitude, leurs gestes.


« En Turquie, presque toutes les femmes sont victimes de harcèlement sexuel. »

Funda Ekin, avocate

Pourtant, il existe, dans la jurisprudence turque, un principe plutôt favorable aux victimes…

Le principe de « primauté de la parole de la plaignante » apparaît effectivement dans les jurisprudences de la Cour de cassation et de la Cour constitutionnelle. Dans les cas de crimes sexuels, c’est à l’auteur présumé de réfuter les faits : si le crime n’a pas eu lieu, il doit en apporter la preuve. C’est une forme d’inversion de la « charge de la preuve* ».

Les tribunaux s’attachent avant tout à évaluer si la déclaration de la victime est cohérente. Quand la plainte a‑t-elle été déposée ? Comment a‑t-elle été formulée ? Existe-t-il un passif d’animosité ? Pourquoi une femme porte-t-elle cette accusation alors même que cela pourrait porter atteinte à son honneur et à sa dignité ?

En 2020, la Cour de cassation a utilisé le principe de « primauté de la parole de la plaignante » dans une affaire de harcèlement sexuel impliquant un patron et une secrétaire dans laquelle les faits se sont déroulés sans témoin. Après avoir porté plainte, la secrétaire a perdu son emploi, et l’affaire s’est ébruitée dans tout son milieu professionnel : sa dignité et son honneur sont devenus un sujet de débat. Cela représente un coût énorme dans la vie de la plaignante. Quel intérêt avait-elle à accuser son patron ? La Cour est donc partie de ces réflexions pour faire avancer la procédure.

Personnellement, en plus de vingt ans de métier, je n’ai jamais vu une femme mentir sur ce type de faits.

Qu’est ce que le mouvement MeToo turc peut attendre du système judiciaire ?

En théorie, les procureurs doivent agir dans l’intérêt public et prendre connaissance des infractions lorsqu’ils reçoivent des plaintes. Mais, en Turquie, on ne les a jamais vus s’emparer de révélations publiques de harcèlement ou d’agressions sexuelles. Ils interviennent plus volontiers sur des sujets politiques [liés à des questions de mœurs]. Par exemple, en septembre, deux procès ont été ouverts immédiatement après des plaintes du ministère de l’Intérieur contre des groupes de musique pop [pour « obscénité » et « exhibitionnisme »].

* Dans le droit pénal français, la charge de la preuve repose sur les victimes. C’est à elles d’apporter des éléments prouvant les faits qu’elles dénoncent.

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18.09.2025 à 18:29

Les luttes sociales à la une

La Déferlante

🗞️ Revue de presse Grévistes des villes, grévistes de champs À peine la première journée de mobilisation du 10 septembre terminée, l’extrême droite prenait ses distances avec le mouvement, l’accusant de […]
Texte intégral (2975 mots)

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Revue de presse

Grévistes des villes, grévistes de champs

À peine la première journée de mobilisation du 10 septembre terminée, l’extrême droite prenait ses distances avec le mouvement, l’accusant de ne représenter qu’une frange de privilégié·es urbain·es. Dans un entretien, la chercheuse Clara Deville démonte la théorie, chère au Rassemblement national, de la fracture territoriale, qu’elle qualifie de « piège à penser assez dangereux ».

🐄 → À lire sur le site de Mediapart.

Convergence des luttes

« Nous savons que seule l’abolition de la société de classe permettra notre émancipation intégrale, mais avec une rage supplémentaire au cœur, celle de nos vies fracassées par l’homophobie et la transphobie. » Publié par la revue de critique communiste Contretemps, l’appel à la mobilisation du collectif LGBTQIA+ Les Inverti·es, dans le cadre du mouvement Bloquons tout, explique avec clarté les raisons de la convergence des luttes queers et anticapitalistes.

🏳️‍🌈 → Retrouvez l’appel à mobilisation sur le site de Contretemps

Les campus sous surveillance

Dans une lettre adressée à l’avocat principal de l’université de Berkeley où elle enseigne, la philosophe Judith Butler s’inquiète que son employeur ait transmis à l’administration étasunienne une liste de 160 étudiant·es et professeur·es –dont elle fait partie – pour nourrir une enquête sur des actes « présumés antisémites ». Et ce, sans que la nature des faits qui leur sont reprochés n’ait été jamais été précisée, encore moins reconnue par la justice.

👩🏽‍🎓 → Retrouvez cette tribune dans Libération

📖
On lit

« Ces gens-là »

Née dans l’Ain, partie faire Sciences Po à Paris et devenue activiste pour la justice sociale et l’écologie à la fin du premier confinement, Lumir Lapray est momentanément retournée vivre dans le département qui l’a vue grandir. De ce retour aux sources, elle tire un livre, portrait intime des habitant·es de la France rurale et périphérique, régulièrement accusé·es de faire le lit de l’extrême droite. Pourtant, dans cette « France des ronds-points » d’où partit, en 2018, le mouvement des Gilets jaunes, les personnalités qu’elle rencontre – des anciennes copines d’école ou de nouvelles connaissances croisées au bar du coin – sont bien plus complexes qu’on ne le laisse entendre depuis les grandes villes. Surtout, au-delà de ce qu’elles et ils votent, toutes et tous partagent le même sentiment d’appauvrissement et de déclassement, la même sensation d’être méprisé·es autant par les élu·es que par les médias. Mais comme le souligne l’autrice, dans ce décor de lotissements et de villages, « les ultra-riches, les multinationales, les élus corrompus » sont invisibles, et les boucs émissaires bien plus faciles à trouver parmi les « cassos » et les « assistés », dont le vécu déroge à l’idéal de réussite – un pavillon à soi, un CDI, des vacances deux fois par an – des ouvrier·es et employé·es qui peuplent majoritairement ces territoires à la périphérie des villes et ces campagnes.

👩🏼‍🌾 → Lumir Lapray, « Ces gens-là ». Plongée dans cette France qui pourrait tout faire basculer, Payot, 24 septembre 2025. 19,50 euros.

📻
On écoute

Faire peur aux riches

Dans les 4e et 5e épisodes de son nouveau podcast Renverser la table, Victoire Tuaillon reçoit Nicolas Framont, sociologue et créateur du magazine en ligne Frustration, pour une masterclass décoiffante sur les effets concrets qu’ont sur nos vies les actions, les arbitrages et les alliances réalisées par les très riches, au sein du système capitaliste. Qu’on parle de marchandisation des transports, de l’éducation ou du soin, il s’agit bien selon les deux intervenant·es d’une « guerre » menée en toute impunité par les riches contre les pauvres, dans le but de gagner encore plus d’argent. Prenant pour exemple l’assassinat de Brian Thompson, patron de l’assurance santé privée UnitedHealthcare, accusé d’avoir refusé le remboursement de soins vitaux à des malades (on pense aussi à celui plus récent de Charlie Kirk, l’influenceur misogyne et transphobe), Nicolas Framont remet sur le tapis une question vieille comme les luttes sociales : la violence du système capitaliste qui détruit des vies, ne doit-elle pas être jugée et condamnée au même titre que des meurtres qui eux, tombent sous le coup de la loi ?

💸 → « Comment faire peur aux riches ? », 2 épisodes de 55 minutes. Produit par Victoire Tuaillon, disponible sur la plupart des plateformes d’écoute.

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Dans les archives

Grève féministe

En mars 2025, dans le cadre de son dossier sur le thème du travail, La Déferlante publiait un article de Mathilde Blézat sur la grève féministe, un processus révolutionnaire difficilement réductible aux seules grèves d’ouvrières qui jalonnent l’histoire sociale. Car avant même que les Espagnoles ou les Suisses s’emparent de cet outil, qu’en Argentine le mouvement de lutte contre les féminicides Ni una menos ne s’allie avec le mouvement social, ce sont les Islandaises, qui en 1975 ouvraient le bal. Cette année-là, le 24 octobre, 90 % des femmes du pays se mettaient en grève : pas de soins aux enfants, pas de repas en cuisine, pas de guichetières dans les banques ni d’hôtesses dans les avions. Le pays mis à l’arrêt réalise alors – comme le verbaliseront les militantes sud-américaines des années plus tard – que « la grève féministe, c’est la vraie grève générale ».

🚀 → Commandez le numéro 17 de La Déferlante sur le thème « Travailler »

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Un glossaire pour tout comprendre

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Grève féministe, temps partiel, travail domestique, intersectionnalité : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, qui sera alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier.

🔏 → Retrouvez toutes nos définitions en libre accès

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On soutient

Tandis que Sans parler des blessé·es, le recueil de la correspondance entre Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger, est en précommande sur notre site (il sortira le 3 octobre en librairie), notre partenaire, le média épistolaire La Disparition a besoin d’un coup de pouce. Il vient en effet de lancer de son côté les préventes d’une deuxième correspondance, cette fois entre les écrivaines Alice Zeniter et Phoebe Hadjimarkos Clarke. Une lettre par mois ou un espace de dialogue sur l’actualité, dont l’intégralité sera publiée, cette fois-ci encore, par La Déferlante Éditions.

→ Commandez la correspondance entre Alice Zeniter et Phoebe Hadjimarkos Clarke

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On y sera

🎉 Festival Livresse

Jeu 25 septembre 2025, à 20h30
Charleroi, Belgique

Marion Pillas, cofondatrice de La Déferlante échangera avec une de ses consœurs du magazine féministe belge Axelle lors d’une soirée sur le thème « Comment les femmes peuvent-elles gagner la guerre de l’info ? »

👉🏼 → Informations pratiques et inscriptions

💥 Salon Formula Bula

Ven 26, Sam 27 et Dim 28 septembre 2025
Césure, Paris

La Déferlante sera présente tout le week-end pour vendre ses revues, livres et goodies. Dimanche 28 septembre à 15h, la journaliste Marie Kirschen animera une table ronde sur le thème « Peut-on encore faire l’histoire de la BD sans parler des femmes qui y ont contribué ? » Avec Camille de Singly et l’équipe du Zine FFF.

🎟 → Réservations

📖 Aurélien Bellanger en librairie

Jeu 9 octobre 2025 à 19h
Librairie Ici grands boulevards, Paris

Coauteur, avec Kaoutar Harchi, de Sans parler des blessé·es publié à La Déferlante Éditions, Aurélien Bellanger rencontrera lectrices et lecteurs parisien·nes. Il sera accompagné par Lucie Geffroy, cofondatrice de la revue et éditrice du livre.

👉🏼 → Informations pratiques et réservations

🎞 Festival du film féministe des Lilas

Sam 11 octobre 2025 à 18h
Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas (Seine-Saint-Denis)

Pour la troisième année consécutive, La Déferlante est partenaire du Festival du film féministe des Lilas. Cette année, l’évènement a pour thématique « La joie militante ». Pour discuter de ce qu’apportent le rire et les émotions dans les luttes, Marion Pillas recevra Tahnee, Sarah Durieux et Ludivine Bantigny.

👉🏼 → Informations et réservations à venir sur notre site

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11.09.2025 à 13:09

Y a‑t-il un backlash antiféministe sur la première radio de France ?

Nora Bouazzouni

Après l’inexplicable suppression, l’année dernière, de l’émission quotidienne de satire politique présentée par Charline Vanhoenacker et sa bande et le licenciement de Guillaume Meurice (qui a valu à Adèle Van […]
Texte intégral (1597 mots)

Après l’inexplicable suppression, l’année dernière, de l’émission quotidienne de satire politique présentée par Charline Vanhoenacker et sa bande et le licenciement de Guillaume Meurice (qui a valu à Adèle Van Reeth, directrice de la station, une motion de défiance signée par 80 % des titulaires), la grille des programmes de la rentrée 2025 semble confirmer le raidissement éditorial de France Inter.

Moins d’investigation, moins de reportages et deux thématiques élaguées à la machette : l’écologie et le genre. L’émission « La Terre au carré » se voit amputée de son dernier quart d’heure, lors duquel des militant·es écologistes (Cyril Dion, Claire Nouvian, Féris Barkat…), des médias indépendants et auditeur·ices prenaient la parole. Exit également l’émission hebdomadaire sur les luttes sociales « C’est bientôt demain ».

Côté féminisme, c’est l’hécatombe. La chronique hebdomadaire d’Anne-Cécile Mailfert, présidente fondatrice de la Fondation des femmes, passe à la trappe. La journaliste Giulia Foïs, journaliste productrice depuis 2019 des émissions « Pas son genre » puis « En marge » (qui a réalisé la saison dernière plusieurs pics d’audience à 775 000 auditeur·ices) est, pour sa part, remerciée.

Celle qui faisait exister les sujets liés aux droits des femmes et des minorités de genre depuis dix ans sur cette antenne a d’abord vu ses chroniques sauter, avant d’assister à la lente dilution de sa ligne éditoriale, sous prétexte de convergence des luttes. « En 2022, Adèle Van Reeth m’a proposé d’interroger plus largement la norme et pas seulement le genre. Avec le recul, je me demande si ce n’est pas là que commence le lissage des questions féministes : lorsqu’elles n’ont plus un créneau qui leur soit spécifiquement dédié. », confie-t-elle à La Déferlante.

« Complètement à côté de l’époque »

Alors que la saison dernière a été marquée par le procès des violeurs de Mazan, le renvoi aux assises de l’affaire « French Bukkake », la diffusion sur Netflix d’un documentaire accablant sur l’affaire Cantat ou la remise du prix Albert-Londres à la journaliste du Monde Lorraine de Foucher, spécialiste des violences masculines, à quoi joue la première radio de France ? « France Inter a choisi de couper le micro des féministes au moment où les masculinistes sortent du bois et où les personnes minorisées sont encore plus exposées qu’avant à la haine et au rejet. Elle passe complètement à côté de l’époque », tranche Giulia Foïs.

Sans croire à une « résistance » active de la part d’Inter à traiter de ces sujets, Magalie Lacombe, journaliste-formatrice experte des questions de genre et d’égalité, voit dans les choix de la direction une « validation et un renforcement du pouvoir politique » en place. Elle rappelle que de nombreuses études (ici et ) attestent d’une sous-représentation des femmes dans les médias. « Lorsque France Inter choisit délibérément d’effacer progressivement la présence des femmes de ses antennes, elle est consciente de les minoriser encore plus, et cette domination lui convient. »


« France Inter a choisi de couper le micro des féministes au moment où les masculinistes sortent du bois. »

Giulia Foïs, journaliste

Avec l’arrivée de Benjamin Duhamel pour remplacer Léa Salamé à la présentation de la matinale aux côtés de Nicolas Demorand, deux hommes sont désormais aux manettes de la tranche la plus écoutée de France – près de 5 millions d’auditeur·ices pour la saison 2024–2025. « Ce sont deux hommes blancs, cisgenres et socialement aisés : comment, avec si peu de diversité, peut-on imaginer raconter la société dans sa réalité ? », interroge Magalie Lacombe, elle-même ancienne journaliste à Radio France et autrice du podcast L’Info en tous genres.

Une situation qui ne semble émouvoir ni Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, ni Philippe Corbé, directeur de l’information depuis le printemps dernier. « La parité est une valeur très importante de cette chaîne, mais jamais aux dépens de la compétence », aurait affirmé la première, tandis que pour le second, Benjamin Duhamel « est le seul aujourd’hui à Paris en capacité » de coanimer la matinale. Des propos cités dans Télérama début juillet 2025, que le service de communication de la radio se dit incapable de nous confirmer. L’argument fait en tout cas bondir Magalie Lacombe : « C’est hallucinant de désuétude, en plus d’être complètement fallacieux ! Si c’est la seule personne compétente qu’ils ont trouvée, c’est qu’ils n’ont pas cherché. Je doute même qu’il y ait eu un casting pour ce poste… » L’équipe d’Adèle Van Reeth le concède : « Avoir deux voix masculines à 8 h 20, ce n’est pas idéal. » Elle plaide un mauvais concours de circonstances lié à l’annonce tardive du départ de Léa Salamé pour présenter le journal de 20 heures sur France 2.

Une répartition genrée

Dans un autre article publié le 3 septembre, Télérama, qui a épluché la nouvelle grille de programmes, pointe plus largement « une répartition qui reflète les stéréotypes de genre ». Aux femmes les chroniques et entretiens culturels ; aux hommes les interviews et éditos politiques ou économiques. « Agir de la sorte, c’est refuser une société plus égalitaire », analyse Magalie Lacombe. « Mais ces gens-là [la direction de France inter] s’en moquent, parce qu’ils bénéficient d’un grand nombre de privilèges. »

Désormais soumis au bon vouloir des rédacteur·ices en chef et des chroniqueur·euses, le traitement des luttes sociales – en particulier féministes – est-il encore un enjeu d’intérêt général aux yeux de la radio publique, dont la directrice martelait, à son arrivée en 2022, qu’elle n’était « ni de gauche ni de droite » ? Interrogée par La Déferlante, la direction de la station réaffirme son intérêt pour les sujets liés au genre : « c’est pourquoi ils sont présents partout sur l’antenne et ne se limitent pas à quelques émissions comme cela était le cas au moment où ces sujets ont commencé à émerger dans la société ». Pas convaincue par les arguments de son ex-direction, Giulia Foïs interroge : « Quelle est la raison d’être de France Inter, si ce n’est d’être un rempart contre les haines et les discriminations, un endroit où peut s’exprimer une pluralité d’opinions et de regards ? Aujourd’hui, ce n’est plus la radio de toutes et tous, mais bel et bien celle d’un courant de pensée unique. »

Thomas Legrand suspendu après une polémique lancée par l’extrême droite

Vendredi 5 septembre, après la diffusion d’une vidéo enregistrée à son insu sur le site du magazine d’extrême droite L’Incorrect, l’éditorialiste politique Thomas Legrand était suspendu de l’antenne d’Inter à titre conservatoire.

Filmé discrètement lors d’un déjeuner informel avec son confrère Patrick Cohen et deux personnalités du Parti socialiste, le journaliste assurait : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati. » Accusé par la droite et l’extrême droite de mener campagne contre la ministre de la Culture, candidate autoproclamée à la mairie de Paris, le journaliste s’est fendu d’une tribune, publiée dans Libération dans laquelle il reconnaît des propos maladroits pouvant semer la confusion mais affirme également : « J’assume […] de m’employer à dire la vérité sur les mensonges et l’attitude néotrumpienne de la ministre de la Communication (sic) […] il s’agit là de défendre notre métier, si menacé à travers le monde. »

Mardi 9 septembre il a finalement annoncé renoncer à son émission politique hebdomadaire, sans pour autant arrêter d’intervenir ponctuellement à l’antenne.

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02.09.2025 à 19:36

Sans parler des blessé.es : une correspondance pour penser le fractures du monde

Lucie Geffroy

Nous sommes nombreux et nombreuses à ressentir comme une accélération du temps. Depuis plusieurs mois, chaque jour, où que l’on regarde, nous sommes confronté·es à des nouvelles toujours plus catastrophiques. La guerre génocidaire contre le peuple palestinien, les bombardements en Ukraine, la politique menée par l’administration Trump, l’urgence climatique, etc.

En France, le 9 juin 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale rendait tout à coup possible la prise du pouvoir par le Rassemblement national, ouvrant une de ces brèches propres à faire basculer l’histoire. C’est précisément à ce moment-là qu’est née l’idée d’une correspondance entre Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger. Cette idée, ce sont nos ami·es du média épistolaire indépendant La Disparition, qui l’ont eue.

D’ici à l’élection présidentielle de 2027, les fondateur·ices de ce média indépendant ont proposé à trois duos d’écrivain·es de correspondre – à raison d’une lettre par mois pendant six mois, envoyée à leurs abonné·es – sur trois grandes thématiques : antiracisme, antisexisme et écologie.

La première correspondance entre Kaoutar Harchi, sociologue et écrivaine, autrice de Ainsi l’animal et nous (Actes Sud, 2024), et Aurélien Bellanger, romancier, auteur de Les Derniers Jours du Parti socialiste (Seuil, 2024), explore la question de l’antiracisme. Suivra ensuite un échange de lettres entre Alice Zeniter et Phoebe Hadjimarkos Clarke sur le thème de l’antisexisme. Puis Vidya Narine et Hadrien Klent correspondront sur l’écologie. Il nous a semblé important de diffuser plus largement ce projet, en rassemblant ces lettres pour en faire des livres.

L’expérience collective du chaos

De décembre 2024 à juin 2025, Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger ont donc échangé au sujet des visées impérialistes d’un Donald Trump en roue libre, de la déshumanisation des Palestien·nes, de la montée de l’islamophobie en France, etc., analysant les faits qui, par à‑coups, ont rendu l’opinion de plus en plus perméable au racisme et à la violence. L’intérêt de cette correspondance est justement de nommer cette expérience collective du chaos, tout en permettant aux lecteur·ices une prise de recul – grâce à la temporalité mensuelle des lettres. Au fil des mois, l’échange a donné un écho de plus en plus fort au génocide à Gaza, faisant émerger « la question des corps colonisés sur des territoires colonisés » et la notion d’« handicapement colonial », selon les termes de Kaoutar Harchi.

Mais, à travers cette expérience littéraire, les deux auteur·ices s’interrogent également sur leur rôle d’écrivain·es, sur ce que peut la littérature face à ce basculement. « Mais où  va-t-on ? Quel est ce monde ? », questionne l’autrice. Le livre n’a pas vocation à répondre à cette question mais il insiste sur « notre devoir politique » de garder espoir en imaginant d’autres possibles. « Être réaliste dans un monde qui délire, c’est délirer avec lui », écrit ainsi Aurélien Bellanger.

Bonne lecture !

Texte intégral (645 mots)

Nous sommes nombreux et nombreuses à ressentir comme une accélération du temps. Depuis plusieurs mois, chaque jour, où que l’on regarde, nous sommes confronté·es à des nouvelles toujours plus catastrophiques. La guerre génocidaire contre le peuple palestinien, les bombardements en Ukraine, la politique menée par l’administration Trump, l’urgence climatique, etc.

En France, le 9 juin 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale rendait tout à coup possible la prise du pouvoir par le Rassemblement national, ouvrant une de ces brèches propres à faire basculer l’histoire. C’est précisément à ce moment-là qu’est née l’idée d’une correspondance entre Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger. Cette idée, ce sont nos ami·es du média épistolaire indépendant La Disparition, qui l’ont eue.

D’ici à l’élection présidentielle de 2027, les fondateur·ices de ce média indépendant ont proposé à trois duos d’écrivain·es de correspondre – à raison d’une lettre par mois pendant six mois, envoyée à leurs abonné·es – sur trois grandes thématiques : antiracisme, antisexisme et écologie.

La première correspondance entre Kaoutar Harchi, sociologue et écrivaine, autrice de Ainsi l’animal et nous (Actes Sud, 2024), et Aurélien Bellanger, romancier, auteur de Les Derniers Jours du Parti socialiste (Seuil, 2024), explore la question de l’antiracisme. Suivra ensuite un échange de lettres entre Alice Zeniter et Phoebe Hadjimarkos Clarke sur le thème de l’antisexisme. Puis Vidya Narine et Hadrien Klent correspondront sur l’écologie. Il nous a semblé important de diffuser plus largement ce projet, en rassemblant ces lettres pour en faire des livres.

L’expérience collective du chaos

De décembre 2024 à juin 2025, Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger ont donc échangé au sujet des visées impérialistes d’un Donald Trump en roue libre, de la déshumanisation des Palestien·nes, de la montée de l’islamophobie en France, etc., analysant les faits qui, par à‑coups, ont rendu l’opinion de plus en plus perméable au racisme et à la violence. L’intérêt de cette correspondance est justement de nommer cette expérience collective du chaos, tout en permettant aux lecteur·ices une prise de recul – grâce à la temporalité mensuelle des lettres. Au fil des mois, l’échange a donné un écho de plus en plus fort au génocide à Gaza, faisant émerger « la question des corps colonisés sur des territoires colonisés » et la notion d’« handicapement colonial », selon les termes de Kaoutar Harchi.

Mais, à travers cette expérience littéraire, les deux auteur·ices s’interrogent également sur leur rôle d’écrivain·es, sur ce que peut la littérature face à ce basculement. « Mais où  va-t-on ? Quel est ce monde ? », questionne l’autrice. Le livre n’a pas vocation à répondre à cette question mais il insiste sur « notre devoir politique » de garder espoir en imaginant d’autres possibles. « Être réaliste dans un monde qui délire, c’est délirer avec lui », écrit ainsi Aurélien Bellanger.

Bonne lecture !

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02.09.2025 à 13:04

Que peut la littérature face à la cruauté de l’époque ?

Emma Bokono

Comment avez-vous abordé cette expérience de la correspondance ? KAOUTAR HARCHI : Je trouvais ça intéressant d’apprendre à connaître un écrivain au-delà de ses livres, d’explorer avec lui l’écriture à […]
Texte intégral (928 mots)

Comment avez-vous abordé cette expérience de la correspondance ?

KAOUTAR HARCHI : Je trouvais ça intéressant d’apprendre à connaître un écrivain au-delà de ses livres, d’explorer avec lui l’écriture à chaud sur des questions d’actualité. C’était une manière différente d’aborder les dominations de race, de genre et de classe, d’une manière qui ne soit pas théorique ou abstraite, qui devait vraiment être incarnée par des éléments concrets.

AURÉLIEN BELLANGER : Je trouve passionnant d’échanger sur notre métier entre pair·es. L’important pour moi était que cet échange soit de bonne foi, que nous ne soyons pas dans une posture.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

KAOUTAR HARCHI : Une lettre transmet notre intimité à un instant précis, et ce n’est pas simple à écrire. Le fait de s’adresser à une personne tout en sachant que ces textes seront également lus par d’autres personnes modifie un peu la perspective. C’est une fausse intimité.

AURÉLIEN BELLANGER : L’exercice comportait un certain formalisme. Pendant longtemps, la lettre était un écrit terriblement banal, puis elle a disparu quasiment du jour au lendemain. Pourtant, le genre épistolaire est un classique de la littérature. Un livre est toujours un peu lu comme une lettre qui a été envoyée. C’est bien de confronter son métier d’écrivain à cette expérience.

Quelles réflexions vous sont apparues en échangeant ensemble ?

AURÉLIEN BELLANGER : Nous avons été les contemporain·es d’un génocide [à Gaza], d’un moment qui marquera l’époque. Cela a donné une solennité particulière à notre échange.

KAOUTAR HARCHI : Ces lettres étaient parfois très argumentées, et pour certaines simplement une sorte de témoignage de la cruauté de l’époque. J’espère que les personnes qui nous liront, avec le recul, pourront mesurer ce que c’était de vivre ça, face à nos écrans. Nous avons aussi tenté de nous interroger sur ce que la littérature peut, face à cela.

Que retirez-vous de cette correspondance qui a duré six mois ?

KAOUTAR HARCHI : L’échange avec Aurélien avait un enjeu politique important, notamment depuis la parution de son ouvrage Les Derniers Jours du Parti socialiste [Seuil, 2024], dans lequel les questions de l’islamophobie, du racisme structurel et de la gauche coloniale en France sont assez clairement posées. Il s’inscrit parfaitement dans les dialogues
que nous devons essayer de tisser entre écrivain·es qui reconnaissent le caractère structurel de l’islamophobie et le poids du colonialisme en France.

AURÉLIEN BELLANGER : La question du racisme structurel est relativement récente dans ma vie. Elle fait partie des quelques épiphanies qui m’ont permis de prendre conscience des biais que j’avais, en tant qu’homme, en tant que Blanc. Ce sont des sujets qu’il était passionnant d’aborder avec Kaoutar.

Qu’espérez-vous que les lecteur·ices retiennent de ces lettres ?

AURÉLIEN BELLANGER : Le caractère le plus angoissant du métier d’écrivain, c’est l’idée qu’il y ait des lecteurs et lectrices. J’ai essayé de mettre ça à part, afin d’écrire ces lettres comme des vraies lettres.

KAOUTAR BELLANGER : J’espère que les lecteurs et les lectrices aborderont ce texte comme un dialogue. C’est une écriture immédiate, au fil des jours, à partir d’éléments qui sont encore partiels. Elles et ils vont recevoir avec un temps de décalage ce que nous avons pu nous dire dans un moment partagé.

AURÉLIEN BELLANGER : Et en même temps, l’un des intérêts métaphysiques de la littérature, c’est de douter qu’il n’y a que le présent qui existe. L’idée, c’est de faire exister d’autres strates temporelles.

Des lettres devenues livre

L’idée de proposer à des duos d’écrivain·es d’échanger pendant six mois, à raison d’une lettre mensuelle, pour appréhender une époque en plein bouleversement, provient du média épistolaire La Disparition. Première d’une série de trois, la correspondance entre Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger a d’abord existé sous forme de lettres envoyées sous format papier entre janvier et juin 2025 aux abonné·es de La Disparition, avant que La Déferlante Éditions propose de les rassembler en un livre. Sans parler des blessé·es sortira en librairie le 3 octobre prochain.

👉 Vous pouvez déjà acheter le livre sur notre site.

COUV SANS PARLER DES BLESSE-ES

Entretien réalisé le 17 mai 2025 par Emma Bokono et édité par Malwenn Cailliau, respectivement journaliste et assistante d’édition à La Déferlante.

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29.08.2025 à 00:10

« En tant que personnes racisées, on est vite accusé·es de réécrire l’histoire »

Coline Clavaud-Mégevand

« À l’origine, je suis artiste vidéaste, formé aux Beaux-Arts d’Angoulême. Quand j’étais étudiant, j’étais très investi dans des milieux militants et actif dans des associations comme Extinction Rebellion ou […]
Texte intégral (929 mots)

« À l’origine, je suis artiste vidéaste, formé aux Beaux-Arts d’Angoulême.

Quand j’étais étudiant, j’étais très investi dans des milieux militants et actif dans des associations comme Extinction Rebellion ou Décoloniser les arts [une association née en 2015 pour dénoncer un racisme structurel dans les arts et la culture]. J’y ai entendu des discours très forts, mais souvent cantonnés à des petits cercles déjà convaincus et assez experts. Je me suis demandé comment faire pour toucher plus de gens. La vulgarisation m’a semblé être la bonne porte d’entrée.

C’est comme ça qu’est né le projet Histoires Crépues : pour vulgariser l’histoire coloniale, la décomplexifier, la rendre plus accessible. Le but, c’est que le public puisse appréhender ce passé et comprendre comment l’histoire coloniale continue d’avoir un impact sur la société aujourd’hui.

J’ai lancé la chaîne YouTube en avril 2020, pendant le confinement. À l’époque, il existait des comptes militants intéressants et très influents, mais peu de formats pédagogiques. En mai de la même année, George Floyd a été tué aux États-unis, ce qui a contribué à visibiliser les questions de discrimination. C’est sur Instagram que ça a pris le plus vite : en quelques semaines, le compte d’Histoires Crépues est passé de 4 000 à 30 000 abonné.es. Très vite, Reha Simon [producteur, monteur et réalisateur] m’a rejoint pour développer le projet. Aujourd’hui, on est quatre permanent·es et une quinzaine de freelances, pour une communauté de 850 000 abonné·es.

On est présent·es sur Instagram, YouTube, TikTok et même X. C’est un choix stratégique : on doit exister partout, même si on évite de s’investir émotionnellement et qu’on refuse de nourrir des algorithmes délétères – on poste peu sur X, on n’alimente pas les polémiques… En revanche, je crois beaucoup en TikTok. C’est là que se passent les changements politiques de demain.

Devenir un média indépendant

Nos contenus sont toujours très rigoureux. On se base sur des thèses, des articles scientifiques et des livres qu’on reformule pour les rendre accessibles. On cite nos sources et on fait relire nos textes par des chercheur·euses, des commissaires d’exposition ou par les invité·es des vidéos. C’est une nécessité : en tant que personnes racisées traitant d’histoire coloniale, on est très vite accusé·es de réécrire l’histoire ou d’être dans l’idéologie. Mais le devoir qu’on s’est imposé d’être irréprochables nous a permis de nous démarquer de certains contenus militants qui, bien que puissants, ne mettent pas toujours en avant leur méthodologie.


« On cherche à créer un espace d’autonomie, depuis lequel on peut s’exprimer à égalité avec les autres médias. »


À partir de septembre 2025, on veut que Histoires Crépues soit clairement identifié comme un média antiraciste indépendant. Pas juste une chaîne YouTube que j’incarne, mais un espace éditorial collectif, porté à tous les niveaux par des personnes concernées : rédaction, production, montage, cadrage… L’objectif, c’est de professionnaliser des membres de nos communautés, pour que les sociétés de production ne nous disent plus : “Sur ce sujet, il n’y a pas de producteur·ice ou de monteur·euse racisé·e.” On veut pouvoir produire nous-mêmes, avec nos codes, nos formats et ne pas être assigné·es à des positions marginales.

On entend aussi servir de tremplin. Si une personne est repérée grâce à une émission sur Histoires Crépues et embauchée à « Quotidien » ou ailleurs, c’est gagné ! Pour autant, on ne cherche pas à intégrer les médias mainstream, mais à créer un espace d’autonomie, depuis lequel on peut s’exprimer à égalité [avec les autres médias, où les personnes blanches sont majoritaires]. Dans le monde de l’art contemporain, on a vu que les personnes racisées peuvent être mises en avant temporairement, puis rapidement évacuées dès que la tendance passe. D’où l’idée de construire un pôle solide dans l’écosystème médiatique actuel.

Quant à la montée de l’extrême droite, elle ne change pas grand-chose à notre posture. Oui, elle complique l’accès aux financements, notamment aux aides publiques, mais on a grandi avec, ce n’est pas une nouveauté pour nous. Au contraire, ce contexte renforce notre volonté de construire un modèle économique autonome, même si c’est difficile, notamment parce que nos communautés, souvent précaires, ne peuvent pas forcément soutenir financièrement un média. Mais ça aussi, ça renforce notre détermination : il faut des voix antiracistes qui ne dépendent de personne, certainement pas du bon vouloir d’une gauche blanche qui, pour l’instant, n’a pas montré de réelle volonté politique de porter nos luttes. »

Ces propos ont été recueillis par téléphone le 15 juillet 2025.

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21.08.2025 à 14:57

« Le journalisme est pour moi un outil de lutte »

Manon Boquen

« Je me présente comme une journaliste engagée. Cette dénomination ne me dérange pas, car on n’arrive pas dans le métier avec une page blanche derrière soi. Des discussions, des […]
Texte intégral (903 mots)

« Je me présente comme une journaliste engagée. Cette dénomination ne me dérange pas, car on n’arrive pas dans le métier avec une page blanche derrière soi. Des discussions, des rencontres, des lectures m’ont amenée à cette profession. J’étais engagée pour l’écologie avant de devenir journaliste.

J’ai grandi à Calais, dans une famille nombreuse de la bourgeoisie, mais ayant été scolarisée dans l’enseignement public, j’ai évolué dans un milieu très mixte socialement. Je pense que mon engagement remonte à l’enfance, car grandir dans cette ville n’est pas neutre. Calais est une ville frontière qui accueille des personnes ayant fui la guerre, en Europe, au Moyen-Orient ou sur le continent africain. Je me souviens que quand j’avais 8 ou 9 ans, des Kosovar·es vivaient dans le parc à côté de chez moi. Cela m’a marquée d’être au contact de cette réalité. À l’époque du collège puis du lycée, j’étais impliquée dans une association nommée Salam, qui vient en aide aux exilé·es. J’ai compris par la suite que cet engagement m’avait servi de formation politique.

Dans mon entourage, personne n’exerçait le métier d’enquêteur·ice ou de journaliste. Je l’ai découvert lors d’un voyage en sac à dos après mes études à Sciences Po Paris. Plein de jeunes diplômé·es partaient à l’autre bout du monde, mais moi, j’avais envie de parcourir la France et de rencontrer des gens qui me faisaient rêver. J’ai côtoyé des personnes qui n’étaient pas issues du milieu agricole et qui reprenaient une ferme ou en créaient une. Cela a donné naissance à mon premier livre : Les Néo-paysans (coédition Le Seuil/Reporterre, 2016), écrit avec Gaspard d’Allens. Après le bouquin, je me suis dit : quelle formidable façon de s’engager, de rencontrer des gens ! C’est comme ça que je suis devenue journaliste.

« Personne ne peut être neutre »

Je ne me disais pas journaliste à l’époque. Je me demandais plutôt si on pouvait l’être sans avoir fait d’école de journalisme, s’il n’y avait pas un statut à obtenir… Le fait de me considérer comme telle s’est fait petit à petit, notamment grâce aux collectifs de journalistes. Pour moi, exercer ce métier, c’est aussi créer des liens et échanger avec ses pair·es. C’est vraiment ce qui donne de la force. Et c’est comme ça que j’ai trouvé ma place dans le monde professionnel.

Les questions rurales me portent depuis longtemps. J’ai fait le choix de vivre à la campagne dans le nord de la France. Peut-être que si je vivais en ville je serais moins sensible à l’environnement autour de moi. J’observe ce qui se passe où j’habite, tout en continuant à voyager pour mes enquêtes. C’est particulièrement important pour les sujets que je traite, car le territoire agricole n’est pas homogène. Ce qui compte, d’après moi, c’est de transmettre des informations d’intérêt général, qui sont absentes du débat public. Par exemple, quand on ne peut pas entrer dans une ferme parce qu’elle appartient à une entreprise privée, c’est qu’il y a quelque chose à creuser.


« Exercer ce métier, c’est aussi créer des liens et échanger avec ses pair·es. C’est vraiment ce qui donne de la force. »


On me demande souvent comment j’articule journalisme et militantisme. Mais je trouve la question mal posée. Est-ce que dans un pays en guerre on demande aux gens s’ils sont militants ? Certes, en France, nous ne sommes pas en guerre, mais le pays est traversé par une conflictualité sourde. Une violence systémique s’exerce contre les humain⋅es et contre la nature – par exemple, le taux de suicide dans le monde agricole est trois fois plus élevé que dans le reste de la population active. C’est une évidence que personne ne peut être neutre. Le journalisme est pour moi un outil de lutte au même titre que le droit ou la politique.

On a souvent une intuition ou un avis avant de se mettre à enquêter sur un sujet. C’est un moteur, mais cela ne doit jamais dicter le résultat. Ce qui prime, tout au long du travail d’investigation, c’est la rigueur : la manière dont on mène l’enquête, dont on interroge ses sources, dont on exploite les rapports, les études, la documentation. L’engagement relève avant tout de la déontologie, pas de l’idéologie. Être engagé·e, c’est rester honnête face à ce que l’on découvre, c’est juger les faits avec exigence et responsabilité. »

Ces propos ont été recueillis au téléphone, le 15 juillet 2025.

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07.08.2025 à 16:41

Ivonne Gonzalez : « Féminiser, décoloniser et diversifier Wikipédia »

Coline Clavaud-Mégevand

« Sur Wikipédia, mon pseudo est AfricanadeCuba. Il dit mon identité : je suis une femme noire née à Cuba. Aujourd’hui, je vis en Suisse, où je suis artiste. En 2017, […]
Texte intégral (948 mots)

« Sur Wikipédia, mon pseudo est AfricanadeCuba. Il dit mon identité : je suis une femme noire née à Cuba. Aujourd’hui, je vis en Suisse, où je suis artiste.

En 2017, j’ai découvert le projet Wikipédia Art+Féminisme, qui vise à accroître la visibilité des artistes femmes sur l’encyclopédie. À l’époque, 83 % des biographies en français concernaient des hommes, blancs dans une immense majorité. J’ai donc lancé Noircir Wikipédia en 2018, en français et en espagnol, tout en me formant sur le tas. Puis j’ai structuré le projet avec d’autres wikipédien⋅nes : Galahmm, LurKin et Moumou82.

Notre but : féminiser, décoloniser et diversifier l’encyclopédie. La mission que nous nous sommes donnée consiste à créer des biographies de personnalités afro-descendantes, à corriger des articles biaisés et à introduire des sources jusqu’ici peu visibles, tout en déconstruisant les récits européocentrés. Mais Noircir Wikipédia, ce n’est pas juste écrire des pages : c’est réparer l’oubli, tisser des liens, transmettre des outils, faire mémoire… C’est montrer qu’on peut occuper des espaces de connaissance, même sans être universitaire.

Nous organisons des ateliers mensuels lors desquels nous formons les participant⋅es à vérifier les sources avec un œil critique. Nous n’excluons pas les publications universitaires ou journalistiques, mais nous les confrontons à d’autres récits. On apprend aussi à repérer les biais coloniaux, les stéréotypes racistes et les tentatives de minimisation des actions menées par les femmes.

Nous militons aussi pour une décentralisation des savoirs. Nos ateliers ont lieu dans des quartiers périphériques, des bibliothèques, des parcs… L’idée est de les rendre accessibles à tous les publics. Par exemple, les femmes peuvent venir avec leurs enfants, car il y a une animatrice sur place. Les ateliers se tiennent aussi en ligne, ce qui permet d’accueillir des personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui vivent loin. Nous avons désormais des participant·es en Afrique, en Asie, en Amérique latine, dans les Caraïbes… Ce travail collaboratif est majoritairement bénévole, même s’il est ponctuellement soutenu par des partenariats avec des institutions. Dans un monde où tout se paie, c’est une forme de résistance.

Des récits alternatifs, difficiles à faire exister

Sur Wikipédia, on se heurte vite à certaines règles, notamment celle des critères de notoriété. On veut par exemple écrire sur une figure importante pour nos communautés, et certain·es utilisateur·ices ou Wikipédien·nes nous disent : “Elle n’est pas assez importante.” Qui décide de ça ? Qui fixe les critères ? Ce sont des questions politiques.
Mais notre plus gros enjeu, c’est la diversification des sources. Le Wikipédia francophone a tendance à considérer que seuls les “grands” médias – de préférence français ou européens – sont fiables. Or, dans beaucoup de pays d’Afrique, les “grands” journaux sont contrôlés par des régimes autoritaires. Nous avons donc besoin des blogs, des réseaux sociaux, des livres auto-édités, etc. Il a fallu expliquer à la communauté que le contexte géopolitique change la nature même de ce qu’est une source fiable.


« Il y a un vrai travail à faire pour légitimer d’autres façons de documenter le monde. »


Autre difficulté : la digitalisation des archives est inégale selon les pays, et cela conduit à la disparition de beaucoup d’informations. Il faudrait aller faire des recherches dans la mémoire collective, dans les archives familiales… Là encore, il s’agit de sources dont il nous faut démontrer la validité. Il y a un vrai travail à mener pour légitimer d’autres façons de documenter le monde.

Aujourd’hui, notre engagement paie : Noircir Wikipédia est reconnu comme un WikiProjet. Notre groupe compte environ 150 membres, même si tout le monde ne contribue pas régulièrement. Mais ce n’est pas grave : l’idée, c’est de planter une graine, pour qu’ensuite les gens se sentent légitimes à alimenter l’encyclopédie. 370 articles sont recensés sur notre page projet francophone et une centaine en espagnol.

Occuper les espaces numériques, c’est crucial aujourd’hui. Internet est devenu très réactionnaire, et Wikipédia, malgré ses limites, reste un des rares lieux où l’on peut encore défendre une certaine pluralité des savoirs. À titre personnel, ce projet a changé ma vie. Il m’a permis de comprendre les logiques des discours numériques et de les inverser, bref : de gagner en puissance. »

Ces propos ont été recueillis le 11 juillet 2025 par téléphone.

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