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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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25.06.2025 à 06:00

Haïti : Un nombre record de déplacés dû à l’insuffisance des efforts sécuritaires

Human Rights Watch
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Click to expand Image Des enfants haïtiens photographiés dans un site de déplacement, le 16 avril 2025 ; l'insécurité croissante en Haïti, en particulier dans la capitale, Port-au-Prince, a contraint un nombre croissant de familles à fuir leurs domiciles, ou leurs précédents abris.  © 2025 Guerinault Louis/Anadolu via Getty Images

(Washington) – Un an après le déploiement en Haïti du premier contingent de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), autorisée par les Nations Unies, les violences et les atteintes aux droits humains continuent à augmenter, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les pénuries continuelles de personnel, de fonds et d’équipement ont nettement limité la capacité de la MMAS à contenir les violences, qui se sont intensifiées, notamment dans la capitale d’Haïti, tuant au moins 2 680 personnes et faisant 957 blessés, selon les données de l’ONU. Le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, mettait en évidence une inquiétante montée des graves violations commises à l’encontre des enfants, passées de 383 incidents en 2023 à 2 269 incidents en 2024. Parmi ces violations, on comptait douze fois plus de cas de recrutement et d’instrumentalisation d’enfants dans des groupes criminels, ainsi qu’une augmentation encore plus forte des viols et des violences sexuelles envers les enfants.

La violence a forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs domiciles, menant à une forte hausse du nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, qui s’élève désormais à 1,3 million – le plus haut niveau enregistré en Haïti, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

« Chaque jour, la violence force des centaines d’Haïtiens à fuir, en n’emportant que les vêtements qu’ils portaient, vers des sites de déplacement ou vers d’autres villes, où ils demeurent en danger et n’ont pas, ou peu, accès à la nourriture et à l’eau », a déclaré Nathalye Cotrino, chercheuse senior auprès de la division Amériques à Human Rights Watch. « Les pays membres de l’ONU devraient immédiatement renforcer la MMAS. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait mettre fin à son inaction et transformer la MMAS en mission des Nations Unies à part entière, dotée du personnel, des ressources et du mandat lui permettant de protéger efficacement la population haïtienne. »

Fin avril et début mai, des chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus à Cap-Haïtien, chef-lieu du département du Nord. Avec l’aide du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) et de l’Office de la protection du citoyen (OPC) d’Haïti, les chercheurs se sont entretenus avec 33 déplacés internes qui avaient récemment fui Port-au-Prince, sa zone métropolitaine ou d’autres municipalités. Ils ont également rencontré des travailleurs humanitaires, des diplomates et des représentants de la société civile haïtienne et des agences des Nations Unies.

Depuis début 2025, des groupes criminels ont intensifié les attaques dans des zones auparavant sûres, y compris à Port-au-Prince et dans sa zone métropolitaine, ainsi que dans les municipalités de Mirebalais et Saut-d’Eau, dans le département Centre, et Petite-Rivière, dans l’Artibonite. Ces violences – y compris des affrontements avec des brigades d’autodéfense, fonctionnant souvent grâce à l’implication de policiers, et avec les forces de sécurité – ont forcé plus de 245 000 personnes à fuir leur domicile, selon l’OIM.

De nombreuses personnes interrogées par Human Rights Watch étudiaient à l’université ou bien avaient des emplois stables et des ressources financières – notamment un domicile ou une petite entreprise – et, jusqu’à récemment, étaient capables de mener une vie largement épargnée par la violence.

« Je vivais bien dans mon quartier, c’était tranquille. Et puis, d’un coup, les problèmes de sécurité ont commencé », a ainsi déclaré un étudiant en génie civil âgé de 23 ans, déplacé en mars de Port-au-Prince vers Cap-Haïtien, après une agression ayant coûté la vie à son frère. « Des hommes sont arrivés, plein de bandits. Ils ont commencé à tirer. Ma famille et moi, on est sorti de la maison. En traversant la rue, [mon frère de 19 ans] a été touché par une balle. [L]a balle lui avait traversé la tête [...]. Après ça, on est venus à Cap-Haïtien. Dans mon quartier, il ne reste plus personne – juste les bandits. »

Lors des attaques récentes, plusieurs personnes interrogées ont témoigné que les groupes criminels se servaient d’applications pour diffuser des messages audio avertissant les habitants qu’il ne leur restait que quelques heures pour s’enfuir.

Un plombier de 38 ans de Port-au-Prince, père d’un bébé de six mois, a déclaré à Human Rights Watch : « Les bandits ont envoyé des messages pour nous prévenir [...]. On savait qu’ils allaient venir. Et ils sont venus. Ils sont rentrés [dans le quartier] et [l’]ont saccagé. Les policiers avaient déserté. Ils ont tué des personnes, ils ont brûlé des maisons.J’ai perdu ma maison. On voyait des corps sans vie partout, ça laissait une odeur nauséabonde. Il fallait passer en courant [...]. Nous avons dû partir pour nous sauver. »

Des travailleurs humanitaires et d’organisations de défense des droits humains ont rapporté que les groupes criminels mettaient le feu à des domiciles autour des quartiers ciblés afin de forcer les habitants – et parfois la police – à prendre la fuite. Selon des responsables de l’ONU, ces tactiques semblent avoir pour but de dépeupler de force certaines zones afin de permettre aux groupes criminels d’étendre leur présence et de préparer le terrain pour prendre le contrôle d’autres zones.

De nombreuses personnes interrogées ont été déplacées à plusieurs reprises, ayant d’abord fui vers d’autres zones de Port-au-Prince ou des villes voisines, avant de trouver refuge à Cap-Haïtien. Elles ont voyagé en bus, prenant beaucoup de risques sur le chemin, puisque les groupes criminels contrôlent des voies de circulation clés, mettent en place des points de contrôle et extorquent les passagers.

Une femme de 37 ans de Cabaret – une zone au nord de Port-au-Prince contrôlée depuis longtemps par des groupes criminels – a confié à Human Rights Watch qu’après avoir été déplacée plusieurs fois dans la même zone, elle s’était enfuie à Mirebalais pour protéger sa fille de 14 ans du risque de violences sexuelles. Toutefois, fin mars, alors que des groupes armés attaquaient Mirebalais – incendiant des maisons et tuant plusieurs personnes –, elle avait dû s’enfuir à nouveau. « J’ai dû [...] me réfugier dans une église à Hinche [une ville proche]. Mon mari était sorti pour travailler, peignant une maison. Je n’ai plus eu de nouvelles de mon mari [...]. J’espère simplement qu’il n’est pas mort. J’ai quitté Hinche car des rumeurs circulaient sur une attaque imminente [...]. Aujourd’hui on est ici [à Cap-Haïtien], mais je crains que la violence ne nous poursuive. »

Les personnes déplacées, qui représentent désormais près de 11 % de la population d’Haïti, se réfugient actuellement dans les dix départements du pays. Cinquante-cinq pour cent des personnes déplacées sont des femmes et des filles ; la plupart sont hébergées auprès de familles ou vivent dans des sites spontanés, où elles sont confrontées à de graves pénuries de nourriture, d’eau, de soins médicaux et d’autres services essentiels. D’après le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), plus de 8 400 personnes vivant dans des sites de déplacement font face à la famine.

Les conditions régnant dans les lieux de vie des personnes déplacées dans tout Haïti sont de plus en plus difficiles, avec plus de 246 sites informels rapportés début juin, chacun hébergeant une moyenne de 2 000 personnes. De nombreuses personnes se sont réfugiées dans des écoles ou des espaces publics surpeuplés, subissant des risques de sécurité importants et ce que l’Office de la protection du citoyen a qualifié de conditions « inhumaines ».

L’étendue de la crise du déplacement a débordé les capacités existantes. Le Plan de réponse humanitaire de l’ONU, qui vise à aider 3,9 millions d’Haïtiens, sur les 6 millions ayant besoin d’une assistance humanitaire, n’est financé qu’à 80 %. Le fait que le gouvernement de transition se montre incapable de mettre en place un plan national global pour soutenir les déplacés internes a par ailleurs entravé les efforts visant à coordonner et maintenir une réponse efficace.

La communauté internationale ne fait pas suffisamment pour appuyer les efforts de la MMAS pour protéger les Haïtiens des groupes criminels qui les obligent à se déplacer, a déclaré Human Rights Watch.

Bien que huit pays aient averti en 2024 le secrétaire général de l’ONU de leur intention de contribuer en fournissant du personnel à la MMAS, seul le Kenya, qui dirige la mission, le Guatemala, le Salvador, la Jamaïque et les Bahamas ont déployé des forces armées. Le total des effectifs déployés n’est que de 991 militaires, bien en-deçà des 2 500 attendus.

Il manque toujours à la MMAS des financements supplémentaires pour pouvoir maintenir ses opérations jusqu’en décembre et pour mettre en place les neuf bases opérationnelles restantes, sur les douze prévues, qui sont cruciales pour sécuriser le territoire et consolider sa présence.

Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait veiller à ce que la MMAS, soutenue par l’ONU, reçoive le personnel et les ressources nécessaires pour mener à bien son mandat, et convienne de mesures pour transformer cette mission en opération à part entière des Nations Unies, capable de protéger les droits humains et d’éviter une escalade encore plus dramatique des violences, a déclaré Human Rights Watch.

« La violence en Haïti empire de jour en jour », a conclu Nathalye Cotrino. « Le Conseil de sécurité devrait cesser son attentisme et transformer la MMAS en véritable mission des Nations Unies. Combien de meurtres, de viols, d’enlèvements et de recrutements d’enfants devront encore être commis, avant que les autres gouvernements ne se réveillent et se rendent compte de ce qui doit être fait ? »

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24.06.2025 à 22:15

Rwanda : Arrestation d'une dirigeante de l'opposition

Human Rights Watch
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Click to expand Image Victoire Ingabire, opposante politique et présidente du parti Dalfa-Umurinzi, à la Haute Cour de Kigali, au Rwanda, le 13 mars 2024. © 2024 Guillem Sartorio / AFP via Getty Images

(Nairobi) – Les autorités rwandaises ont de nouveau arrêté Victoire Ingabire, dirigeante d'un parti politique non enregistré, le 19 juin 2025, dans le cadre d'un long procès visant des figures de l'opposition politique, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Les autorités devraient la libérer, ainsi que toutes les autres personnes détenues pour des raisons politiques, et garantir les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique.

Victoire Ingabire a été arrêtée à son domicile à Kigali, la capitale du pays. Un tweet de l’Office rwandais d’investigation a indiqué que le parquet avait demandé son arrestation dans le cadre du procès en cours contre des membres de son parti. Le tweet déclarait qu'elle était poursuivie pour avoir formé un groupe criminel, et planifié des activités visant à inciter au désordre public.

« L'arrestation de Victoire Ingabire et ce procès ne sont que les exemples les plus récents des dangers auxquels s'exposent les opposants politiques au Rwanda », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « Le message des autorités chargées des poursuites est clair : si vous osez briguer un mandat politique en dehors du parti au pouvoir, vous risquez l'emprisonnement. »

Victoire Ingabire a déjà passé près de huit ans en prison, de 2010 à 2018, à la suite d'un procès politiquement motivé. En 2012, elle a été condamnée à 15 ans de prison après avoir tenté de se présenter à l’élection présidentielle de 2010 ; elle était accusée de complot visant à renverser le gouvernement en place, et de négation du génocide rwandais de 1994. Elle a été graciée et libérée en septembre 2018. En mars 2024, un tribunal de Kigali a rejeté sa demande d’effacer son casier judiciaire et de lui permettre de se présenter à l'élection présidentielle de juillet 2024. Le président Paul Kagame a remporté l'élection avec plus de 99 % des voix.

Victoire Ingabire, qui était auparavant présidente du parti d'opposition non enregistré Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi), a créé un autre parti, Développement et Liberté pour tous (Dalfa-Umurinzi), en novembre 2019. Les autorités rwandaises ont refusé d'enregistrer le parti ou de lui permettre de participer aux élections, et ont à plusieurs reprises arrêté, emprisonné et harcelé ses membres. Depuis 2017, cinq membres de ces partis sont morts ou ont disparu dans des circonstances suspectes.

En octobre 2021, sept membres de Dalfa-Umurinzi ont été arrêtés. Sylvain Sibomana, Alexis Rucubanganya, Hamad Hagenimana, Jean-Claude Ndayishimiye, Alphonse Mutabazi, Marcel Nahimana et Emmanuel Masengesho ont tous été placés en détention dans les jours qui ont précédé et suivi ce que le parti avait déclaré comme la « journée Ingabire », prévue le 14 octobre. Ce jour-là, Victoire Ingabire avait prévu de s'exprimer sur la répression politique au Rwanda, notamment sur les morts suspectes, les meurtres, les disparitions et les poursuites abusives.

Ces membres du parti sont en détention provisoire depuis lors, bien que leur procès n'ait commencé qu'à la fin de l'année 2024. Sylvain Sibomana avait déjà passé près de huit ans en détention, de 2013 à début 2021. Human Rights Watch avait suivi les précédents procès de ces personnes et d'autres membres de l'opposition, au cours desquels les accusés ont déclaré à la cour que les enquêteurs les avaient torturés pour leur extorquer des aveux.

Théoneste Nsengimana, un journaliste qui prévoyait de couvrir la journée Ingabire, est également détenu et jugé avec les membres du parti. Deux autres personnes, Claudine Uwimana et Josiane Ingabire (sans lien de parenté avec Victoire), sont également visées dans cette affaire, Josiane Ingabire étant jugée par contumace.

Le parquet fonde ses accusations, telles que complot en vue d'inciter à l'insurrection, sur l'acquisition par le groupe d'un livre intitulé « Blueprint for Revolution » (« Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes »), écrit par Srdja Popovic, et sur la participation à une session de formation organisée par l'organisation de l'auteur, le Centre pour les actions et stratégies non violentes appliquées (Center for Applied Non-Violent Actions and Strategies, CANVAS). Le livre et la formation portent sur les stratégies pacifiques de résistance à l'autoritarisme, telles que la protestation non violente, la non-coopération, le boycott et la mobilisation. Le parquet rwandais a utilisé le contenu du livre et de la formation, y compris l'utilisation de Jitsi – une plateforme de communication en ligne cryptée – et l'utilisation de pseudonymes pendant la formation, comme preuves d'actes criminels.

Les chefs d'accusation comprennent « la diffusion de fausses informations ou de propagande préjudiciable dans l'intention de susciter une opinion internationale hostile à l'égard du gouvernement rwandais » et « association de malfaiteurs ».

Le 17 juin, le tribunal a convoqué Victoire Ingabire à comparaître le 19 juin, car elle avait été citée pendant le procès. Après avoir été interrogée au tribunal sur les accusés et leurs déclarations, le panel de trois juges, apparemment insatisfait, a ordonné au procureur d'enquêter sur elle directement et a ordonné sa détention.

Les manifestations et mobilisations sociales offrent aux citoyens la possibilité de faire part de leurs doléances et griefs légitimes aux autorités de manière non violente. Les gouvernements ont la responsabilité de créer un environnement sûr permettant aux individus et aux groupes d’exercer leurs droits à la liberté de réunion pacifique, d'expression et d'association, a déclaré Human Rights Watch.

Le Front patriotique rwandais (FPR) au pouvoir contrôle étroitement l'espace politique du pays en combinant restrictions légales, surveillance et intimidation des figures de l'opposition et des voix indépendantes. Les détracteurs sont souvent victimes de harcèlement ou d'emprisonnement, ou sont contraints à l’exil. Ces dernières années, certains prisonniers politiques sont morts dans des circonstances obscures. La société civile et les médias opèrent sous de lourdes contraintes, avec des lignes rouges autour de la critique du gouvernement ou des forces de sécurité, ou de tout écart par rapport aux discours officiels sur le génocide.

La nouvelle arrestation de Victoire Ingabire intervient alors que le Rwanda fait l'objet d'une surveillance internationale accrue en raison de son soutien militaire au groupe rebelle M23 dans l'est de la RD Congo, accusations qui ont conduit à la suspension de certaines aides occidentales et à des sanctions de la part des États-Unis et de l'Union européenne.

« Il est plus que troublant que les autorités rwandaises considèrent une formation sur la manière de résister pacifiquement à l'autoritarisme comme preuve d’association de malfaiteurs et une incitation à l'agitation », a déclaré Lewis Mudge. « Au lieu d’emprisonner des membres de l'opposition et de les traduire en justice, le gouvernement devrait ouvrir l'espace démocratique du pays à un débat politique dont il a grandement besoin. »

24.06.2025 à 20:00

Mozambique : Enlèvements d'enfants par un groupe armé dans le nord du pays

Human Rights Watch
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Click to expand Image Une jeune femme mozambicaine portait l’une de ses filles, tandis que son autre fille s’arrêtait devant une structure de la communauté de Saul, dans la région de Metuge située dans la province de Cabo Delgado, au Mozambique, le 26 mars 2024. © 2024 Juan Luis Rod/AFP via Getty Images

(Johannesburg, 24 juin 2025) – Un groupe armé lié à l'État islamique (EI) a multiplié les enlèvements d'enfants dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. La plupart des enfants enlevés sont utilisés pour transporter des biens pillés, effectuer d’autres types de travail forcé ou participer aux combats ; des filles sont soumises à des mariages forcés.

Des organisations de la société civile mozambicaine et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont signalé une hausse du nombre de ces enlèvements. Le groupe armé, connu localement sous le nom d'Al-Chabab, a libéré certains enfants enlevés plus tôt cette année, mais d’autres enfants sont toujours portés disparus ; ceux qui sont retournés dans leurs communautés peinent à se réintégrer.

« La hausse du nombre d’enlèvements d'enfants à Cabo Delgado s’ajoute aux horreurs du conflit au Mozambique », a déclaré Ashwanee Budoo-Scholtz, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Al-Chabab devrait épargner les enfants dans le cadre du conflit, et libérer immédiatement ceux qui ont été enlevés. »

En mai et juin 2025, Human Rights Watch a mené au Mozambique des entretiens avec neuf personnes, dont des habitants de Cabo Delgado, des journalistes, des militants de la société civile et un responsable de l'ONU, qui ont tous exprimé leur inquiétude face à la recrudescence des enlèvements. « Ces derniers jours, au moins 120 enfants ont été enlevés », a déclaré Abudo Gafuro, directeur exécutif de Kwendeleya, une organisation mozambicaine qui surveille les attaques et apporte un soutien aux victimes.

Le 23 janvier 2025, Al-Chabab a attaqué le village de Mumu, dans le district de Mocímboa da Praia, et a enlevé quatre filles et trois garçons. Lors du retrait ultérieur d'Al-Chabab, deux enfants ont été libérés, mais cinq sont toujours portés disparus. En mars, le groupe armé a enlevé six enfants à Chibau, afin de les forcer à transporter des biens pillés ; quatre ont été libérés le lendemain. Le 3 mai, Al-Chabab a enlevé une fille dans le village de Ntotwe, dans le district de Mocímboa da Praia. Le 11 mai, ce groupe armé a enlevé six filles et deux garçons près du village de Magaia, dans le district de Muidumbe.

Lorsque les combattants d'Al-Chabab « pénètrent ou attaquent certaines zones, ils ont tendance à enlever des enfants », a déclaré Augusta Iaquite, coordinatrice de l'Association mozambicaine des femmes du secteur juridique (Associação Moçambicana das Mulheres de Carreira Jurídica, AMMCJ) à Cabo Delgado. « Ils les emmènent pour les former et pour en faire ensuite leurs propres combattants. »

Lorsque des enfants enlevés sont libérés et retournent dans leur communauté, il n’y a que peu de ressources pour les aider à se réinsérer, a déclaré Human Rights Watch. « Ce pays a besoin d'une stratégie claire sur les mesures à prendre lorsqu'un enfant, en particulier s'il a été secouru, revient [dans sa communauté] », a déclaré Benilde Nhalivilo, directrice exécutive du Forum de la société civile pour les droits de l'enfant (Fórum da Sociedade Civil para os Direitos das Crianças, ROSC).

Les organisations de la société civile ont appelé le gouvernement mozambicain à respecter les obligations du pays en vertu du droit national et international, et mieux protéger les enfants de ce pays.

La Constitution du Mozambique et la Loi pour la promotion et la protection des droits de l'enfant de 2008 stipulent que l'État a le devoir de protéger les enfants contre toute forme de violence, d'exploitation et de maltraitance. En outre, le Mozambique est un État partie à divers instruments juridiques internationaux et africains garantissant les droits de l'enfant, notamment la Convention de l’ONU relative aux droits de l'enfant et la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. Ces deux textes interdisent explicitement l'enlèvement, le recrutement et l'exploitation des enfants. Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés et ratifié par le Mozambique en 2004, interdit aux groupes armés non étatiques de recruter ou d'utiliser des enfants âgés de moins de 18 ans.

En vertu du droit international humanitaire coutumier et du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, les enfants ont droit à une protection particulière ; le recrutement ou l'utilisation d'enfants de moins de 15 ans pour participer activement à des hostilités constitue un crime de guerre.

Les autorités mozambicaines devraient s'efforcer de prévenir de nouveaux enlèvements, d'enquêter sur les cas existants, de poursuivre équitablement les responsables et d'assurer un soutien adéquat aux victimes, a déclaré Human Rights Watch. Les enfants secourus ont besoin de soins médicaux, d'une assistance psychosociale et de mécanismes de réinsertion qui assurent leur protection et leur bien-être.

« Le gouvernement mozambicain devrait prendre des mesures concrètes pour protéger les enfants et empêcher les groupes armés de les utiliser dans le cadre du conflit », a conclu Ashwanee Budoo-Scholtz. « Il devrait aussi garantir la mise en place de mesures de réinsertion solides, afin que les enfants ne soient pas davantage ostracisés, suite à leur retour dans leur communauté. »

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