07.07.2025 à 12:05
Pendant que Laurent Wauquiez rêve de limiter l’accès au RSA à 2 ans, que Gabriel Attal s’obstine à « restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et de leurs parents » et que Gerald Darmanin, Garde des Sceaux, parle des mineurs en cinglant que « la répression est aussi une forme d’éducation », les mères seules sont, le plus souvent, dans une survie au quotidien. Leurs enfants sont pris à partie, on les rend responsables de tous les maux sociaux, notamment durant le soulèvement de juin 2023, à la suite de la mort de Nahel Merzouk, abattu à bout portant par un policier. La réalité est que ces mères isolées sont prises en étau entre leurs emplois bien trop précaires et l’éducation de leurs enfants, occupent en nombre important les métiers dits du care, de nettoyage et d’entretien (9,7 % d’entre elles sont agentes de services et nettoyeuses), représentent deux tiers des femmes bénéficiaires du RSA, et 41% des enfants élevées dans une famille monoparentale (à 82% une mère isolée) sont au dessous du seuil de pauvreté. Pour plaider leur cause, Selim Derkaoui publie Laisse pas traîner ton fils, aux éditions Les Liens qui Libèrent, et espère que son essai puisse éclairer la situation d’une frange de la population oubliée, et noyée sous les clichés des discours réactionnaires. Pour QG, le journaliste et auteur revient sur une situation qu’il connait bien, épaulé de témoignages précieux des protagonistes du sujet. Thibaut Combe l’a rencontré
QG : Pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir votre livre par une forme de droit de réponse, face aux discours stigmatisants de la bourgeoisie médiatique et politique à l’égard des mères isolées ?
À travers des médias et des personnalités politiques, il y a des représentations et des préjugés qui sont diffusés dans la société de manière rabâchée. Par exemple, il y a des émissions télés sur l’allocation de rentrée scolaire (ARS) qui affirment que les mères dépensent cet argent n’importe comment. Ce sont des images tellement présentes dans nos têtes que, par conséquent, c’était plus intéressant pour moi de commencer mon livre par ces représentations péjoratives. Parfois, on parle des mères isolées de manière plus méloriative, quoique paternaliste : la mère célibataire, la “célibatante”, qui a plusieurs emplois en plus de s’occuper de ses enfants. Depuis peu, quand on parle des familles monoparentales — en particulier de mères isolées donc —, et à la suite de drames comme la mort de Nahel Marzouk (tué par un tir de police en juin 2023, NDLR), ou bien lors des Gilets Jaunes, c’est essentiellement de manière négative : on parle de parents défaillants, plutôt que de l’État qui est défaillant. Pour éviter de remettre en question la responsabilité étatique et gouvernementale, on va se concentrer sur la défaillance supposée des familles.
QG : Votre essai est entre l’enquête sociologique et le reportage autobiographique. Au milieu de nombreuses données et sources scientifiques, des témoignages bouleversants de mères isolées se mêlent à la narration. Pourquoi ce choix de récit ?
Pour moi, c’était important de partir de l’expérience vécue pour ensuite la politiser. Partir de son propre terrain pour en faire émerger des choses plus larges, plus politiques, et créer des liens avec d’autres personnes. Mon vécu, c’est celui de nombreux enfants des quartiers populaires, de mères ou de pères. Je trouve que c’est encore plus fort parce que ça permet d’ancrer le récit, d’avoir un fil rouge, une sorte de caisse de résonance. Et surtout, quand je fais intervenir ma mère, comme je fais intervenir d’autres mamans de quartiers populaires — comme l’ancienne députée LFI Rachel Keke —, j’essaie de montrer qu’elles ont de nombreux points communs entre elles, ainsi que leurs enfants, alors qu’au contraire, tout est fait pour qu’elles soient atomisées, isolées. Il fallait aussi faire en sorte que leurs propos soient sur le même niveau qu’un sociologue ou d’un chercheur, car au-delà du témoignage, elles auto-analysent leur situation. La dimension reportage-enquête vient appuyer cette approche : il y a une complémentarité entre le vécu, l’auto-analyse, les apports des sociologues et des chercheurs, et les données chiffrées qui étayent l’ensemble. Enfin, il fallait qu’il y ait de la chair, que ce ne soit pas seulement des témoignages dépersonnalisés de mamans : en faire des portraits pour ne pas les réduire à une fonction ou une case.
QG : Vous inscrivez votre ouvrage dans une perspective féministe et antiraciste, en montrant que les femmes sont particulièrement stigmatisées dès qu’elles deviennent mères — et d’autant plus lorsqu’elles sont issues de minorités. Selon vous, ces deux luttes sont-elles indissociables ?
Il est très important, dès le départ, d’avoir cette vision plurielle : la classe sociale, la dimension raciale et évidemment le genre. Le premier a priori qu’on peut avoir sur les mères isolées, c’est que c’est une thématique uniquement féministe. Pourtant, on se rend compte qu’il n’y a pas que ça, puisque les mères qui sont méprisées socialement et médiatiquement sont essentiellement les mères isolées issues des milieux populaires et, quand on creuse, ce sont surtout les mères des quartiers populaires qui sont le plus ciblées. Les mères seules issues de milieux plus favorisés ont plus de facilités économiques et sociales. Leurs salaires ne sont pas les mêmes. Il y a beaucoup de mères célibataires cadres qui ne se reconnaissent pas du tout dans les mères isolées des classes populaires, car elles n’appartiennent pas à la même classe sociale, ne vivent pas dans les mêmes quartiers, et ne subissent pas le racisme structurel. Il y a davantage de mères isolées dans les milieux populaires, car il y a plus de séparations dans ces milieux-là du fait des problématiques économiques et sociales. La dimension genrée, seule, n’est donc pas suffisante. Les mères issues de milieux bourgeois vont avoir des intérêts de classe parfois opposés à ceux de celles des quartiers populaires ou des milieux ruraux. Il existe des discriminations liées au genre, bien sûr, mais elles deviennent encore plus importantes et plus difficiles en fonction de la classe sociale et l’origine ethnique.
QG : Vous offrez aussi un reflet brut de la réalité des classes populaires: précarité économique, discriminations systémiques, violences sociales. En quoi le mouvement des Gilets Jaunes et les révoltes de juin 2023 sont-ils intimement liés au phénomène des mères seules?
C’est difficile pour les familles des milieux populaires de manière générale, mais encore plus pour les familles monoparentales. Par conséquent, ces conditions de vie produisent des contestations qui ne vont pas porter uniquement sur des mesures concernant spécifiquement les mères seules. Quand j’ai commencé à travailler sur ce sujet, deux moments m’ont particulièrement marqué : les Gilets Jaunes et les révoltes urbaines suite à la mort de Nahel Merzouk. Certes, les questions de la défiscalisation de la pension alimentaire et de la déconjugalisation de l’Allocation de Soutien Familial (ASF) sont très importantes, mais dans ces deux mouvements, les mères isolées parlaient aussi de la retraite, du rétablissement de l’ISF, de la redistribution des richesses, du temps de travail… Ce sont des questions qui les touchent directement et c’est aussi la raison pour laquelle il y avait autant de mères seules sur les ronds-points – une chose que l’on a pu observer également dans les cahiers des doléances. La question des mères isolées et de leurs enfants est donc un révélateur et un déclencheur. Lors de ces deux moments — les Gilets Jaunes et les révoltes urbaines de juin 2023 —, on a beaucoup plus parlé des mères isolées ou des familles monoparentales au sens large. Lors des révoltes de juin 2023, 60 % des mineurs interpellés vivaient dans une famille monoparentale. Ces deux révoltes, spontanées, ont fait trembler la bourgeoisie et la macronie car elles n’étaient pas prévues : elles sont le résultat d’un “trop plein” et ont ainsi été parmi les plus explosives. Quel est le plus gros point commun entre les Gilets jaunes et les révoltes urbaines (les deux plus importants mouvements insurrectionnels en France métropolitaine ces 20 dernières années) ? Les mères seules et leurs enfants.
QG : Vous dénoncez le racisme institutionnel à l’œuvre dans les services sociaux, dans le rapport à l’école et aux forces de l’ordre. Les quartiers populaires sont-ils une cible désormais considérée comme évidente et presque légitime ?
Aux États-Unis, la welfare queen, c’est la mère seule immigrée qui serait assistée et gavée d’aide sociale. On les accuse soit de voler le travail, soit de ne pas travailler du tout. Peu à peu, cette image raciste est utilisée pour légitimer des politiques de régression sociale qui finiront par s’appliquer ensuite à l’ensemble de la population. C’est dans ce contexte que le gouvernement impose les 15 heures hebdomadaires pour percevoir le RSA: un chantage à l’emploi et une forme de travail gratuit et dissimulé, qui vient compenser les suppressions de postes et les non-remplacements dans la fonction publique. Puisque deux femmes sur trois au RSA sont des mères seules, on teste le travail gratuit sur ces femmes. Car maintenant qu’on a ancré dans les esprits que ces femmes sont des assistées, il devient “normal” qu’elles doivent travailler 15 à 20 heures pour toucher un peu moins de 600 euros de RSA. L’idée de laboratoire est centrale ici, et elle dépasse largement le seul cadre du RSA. Dans les quartiers populaires, par exemple, on a expérimenté des techniques de surveillance policière, notamment lors des Jeux olympiques (comme en Seine-Saint-Denis, NDLR). Il y a cette idée qu’il faut sacrifier certaines populations, tester sur elles des dispositifs qui seront ensuite généralisés à l’ensemble de la population. C’est bien une guerre de classes menée contre les milieux populaires, et une guerre des sexes contre les femmes — en particulier contre les femmes immigrées. Il est donc essentiel de toujours articuler la question du genre avec celle de la classe sociale et de l’origine immigrée.
QG : L’État et ses institutions s’immiscent dans l’intimité des familles, dans la vie des mères seules pour les contrôler, leur faire justifier le moindre euro perçu. Comment cette pression, cette surveillance impactent-elles ces familles et crée une sorte de « prolo-anxiété » ?
Je prends l’exemple du concubinage, c’est-à-dire le fait de se remettre en couple, ce qui peut augmenter le quotient familial et faire baisser les prestations sociales. Car le simple fait d’avoir un nouvel homme dans sa vie est perçu, du point de vue de la CAF, comme une personne qui aurait des droits sur les enfants. On va ainsi surveiller ces mères pour savoir dans quelle mesure elles se remettent en couple : c’est une manière d’exercer un contrôle social, de faire en sorte que ces mères isolées culpabilisent de recevoir quelques maigres prestations sociales – quand elles y parviennent ! Parce qu’elles sont plus en difficulté, il sera plus difficile pour elles de se rebeller, de prendre le temps d’écrire des courriers administratifs pour contester des indus injustes, qui sont souvent des erreurs des organismes eux-mêmes. Elles vont être davantage à la merci de ces institutions, qui sont pensées par des hommes, bourgeois et blancs, qui n’ont aucune idée de ce qu’est leur vie au quotidien. Et vaut mieux faire des économies sur leur dos plutôt que sur le dos de leurs classes dominantes, bien entendu. Une fois de plus, plutôt que de responsabiliser l’État et les politiques gouvernementales néolibérales, on accuse les mamans et leurs enfants des milieux populaires, en sachant très bien qu’ils n’auront ni les moyens, ni les ressources pour se défendre ensuite. Et ces « aides”, qui sont des revenus de transfert par ailleurs, ne dépassent souvent pas la cinquantaine d’euros, parfois quelques centaines, qui viennent compenser le fait qu’elles sont souvent à mi-temps pour s’occuper des enfants et que les ex-conjoints ne payent pas ou peu la pension alimentaire. Il y a énormément de prestations qui ne sont même pas réclamées, et des millions d’euros qui sont perdus à cause de cette non-sollicitation. Plutôt que d’interroger le marché du travail — alors qu’on compte des millions de demandeurs-demandeuses d’emploi (si on additionne les catégories A, B, C), de personnes au RSA ou de personnes disposants de l’AAH, pour seulement une poignée de centaines de milliers d’emplois non pourvus en France, ces organismes préfèrent culpabiliser ces familles, et encore plus les mères isolées.
QG : Le rôle de l’école est primordial pour les enfants de mères isolés, et pour ces dernières, mais le service assuré par l’éducation nationale ne semble plus au niveau. Quel rapport ces quartiers populaires entretiennent avec cette institution ?
Les mères isolées se heurtent frontalement et violemment au fonctionnement caduque de l’institution scolaire. Le non-remplacement des enseignants, par exemple, pousse les jeunes à passer davantage de temps dehors. Il y a de moins en moins de structures et de services publics accessibles en dehors des heures de cours. Tout cela contribue à ce qu’ils se retrouvent davantage dans la rue — en particulier les garçons, qui disposent de plus d’espaces publics pour eux, et qui rencontrent plus fréquemment des difficultés scolaires. L’école n’est pas toujours adaptée pour ces familles, surtout dans un contexte de destruction progressive du service public éducatif : baisse du nombre d’enseignants, salaires gelés, raréfaction des personnels indispensables comme les assistants d’éducation (AED), les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), les infirmiers ou encore les psychologues. Ces défaillances ont des conséquences très concrètes sur ces familles monoparentales. Quand on parle de l’école, on se concentre souvent sur les enseignants en grève, mais beaucoup moins sur les AED (les surveillants), ou encore les AESH (personnel accompagnant les handicapés), qui jouent pourtant un rôle fondamental. Les AED, par exemple, assurent le lien extrascolaire, échangent avec les élèves dans les couloirs, s’intéressent à eux. Dans leur cellule familiale, ces enfants gagnent en maturité, ils ont plus de responsabilités. A contrario, l’école leur demande d’être scolaire et discipliné. Ces enfants ne sont pas forcément en adéquation avec une vision de l’école verticale, qui laisse peu de place à l’imagination, à la créativité, à l’autonomie.
QG : Les relations avec l’ex-conjoint sont souvent un enjeu quotidien pour les mères isolées et beaucoup hésitent à réclamer leurs droits ou à demander au père d’assumer ses responsabilités…
La mère doit composer avec un père démissionnaire, veiller à ne pas froisser son ego au sujet de la pension alimentaire, pour maintenir le lien avec les enfants — mais s’il est coupable de violences, il faut savoir mettre des distances, ce qui est très compliqué. Or, elles ne sont pas toujours aidées par le système juridique, qui tend parfois à favoriser le père, à vouloir à tout prix le réintégrer dans la cellule familiale. Elles doivent composer avec les hommes: les ex-conjoints, mais aussi les nouveaux. Il y a une forme de dépendance ultime, permanente, aux hommes, et c’est aussi ce que veulent les institutions. Au fur et à mesure, elles deviennent aussi dépendantes des institutions, de la CAF et du chantage à l’emploi, à la demande de prestations sociales, pour survivre. Elles le sont également sur le marché du travail, où elles n’ont souvent pas la possibilité de négocier leurs horaires, ni leur temps de travail. On se retrouve donc avec une triple dépendance : aux hommes, aux organismes sociaux et au marché du travail.
QG : Dès leur plus jeune âge, certaines filles endossent un rôle maternel et deviennent un pilier de leur famille. Cette responsabilisation précoce rend la reproduction sociale presque inévitable ?
Les mères vont s’identifier à leurs filles et inversement: il y a une forme de proximité entre elles, ce qui va aussi perpétuer la charge mentale féminine. On se reporte davantage sur les filles que sur les garçons. Il y a là une dynamique de genre, mais aussi une logique de sécurité et d’urgence: les filles sont moins turbulentes, donc on va spontanément davantage compter sur elles. La mère va instinctivement se rapprocher de ses filles pour gérer la cellule familiale, même si les garçons participent a minima, parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix. Il y a souvent une forme de coparentalité qui s’installe entre la mère et la fille.
QG : Vous terminez l’essai en brossant un tableau de la situation d’isolement des mères en zones rurales: la honte d’être dépendantes des prestations sociales tout en assurant une solidarité géographique très importante. Qu’est-ce que ces territoires ont de différent par rapport aux quartiers populaires ?
L’État n’est pas défaillant parce qu’il le serait involontairement, mais bien parce que c’est une volonté, un choix politique délibéré. C’est ainsi que des associations et des collectifs voient le jour dans les milieux ruraux aussi, même s’il y en a encore trop peu. Par exemple, il y a l’association Solidarité Femme Beaujolais, pour venir en aide aux femmes victimes de violences, pour qu’elles deviennent justement des mères isolées. Bien sûr, il existe des points communs entre les mères isolées des milieux ruraux et celles des quartiers populaires, mais des différences existent. Par exemple, en Seine-Saint-Denis, il peut y avoir un tissu associatif un poil plus développé qu’en milieu rural. Mais dans les quartiers populaires, le racisme structurel est très présent : discriminations au logement et à l’embauche… Globalement, les situations sont néanmoins souvent similaires, notamment en ce qui concerne la précarité socio-économique, l’absence paternelle et la violence des institutions.
QG : Le logement reste un sujet prioritaire, selon vous, pour prendre à bras le corps la question des mères isolées. Pourquoi cette problématique est si urgente ?
La question du logement est extrêmement importante pour les mères isolées. Quand elles sont victimes de violences, il leur faut un logement le plus rapidement possible. C’est central, parce que c’est leur lieu de vie ! Les mères seules et les familles monoparentales vont se heurter à la question du logement, mais aussi à celle de la propriété lucrative. À Paris, par exemple, ce sont quelques propriétaires qui se partagent l’ensemble du parc locatif (58%, NDLR). La question du logement pour les mères isolées est également une question de classe sociale : le non-accès au logement, les nombreuses municipalités qui préfèrent payer des amendes plutôt que de construire plus de logements sociaux (113 millions d’euros ont ainsi été perçus sur tout le territoire en 2022). Ce sont des décisions politiques bourgeoises qui visent à marginaliser une partie de la population pour la rendre plus dépendante des propriétaires, comme on est dépendant d’un patron. Si on ne repense pas à la manière dont est pensée la propriété lucrative et les logements sociaux, on ne peut pas penser à la situation des mères isolées.
QG : Le statut de “mère isolé” n’existe pas. Pour autant, vous en faites un petit plaidoyer. A quoi servirait-il pour ces mères seules ?
C’est une proposition de l’association « Collective des Mères Isolées », pour faciliter l’accès aux droits, aux prestations sociales ou encore à un logement social de manière plus prioritaire. L’idée c’est que des municipalités délivrent un statut de “parents isolés” (pour éviter une discrimination de genre, on parle ainsi de “parent isolé”). Sur le plan parlementaire, la France Insoumise est aujourd’hui le seul parti qui se mobilise réellement sur la situation des mères isolées et de leurs enfants, notamment à travers l’engagement de Sarah Legrain. En parallèle, il y a le Mouvement des Mères Isolées qui fait en sorte d’imposer cette thématique centrale dans les combats féministes : lors de manifestations ou à travers des tribunes qu’elles publient. Il faut repenser leur vie dans sa globalité, sur plusieurs niveaux : municipal et pragmatique, associatif et militant, mais aussi politique.
Interview de Thibaut Combe
Selim Derkaoui est journaliste indépendant et auteur, collaborant régulièrement avec Le Monde diplomatique, ou Frustration. Il est notamment l’auteur de Rendre les coups : boxe et lutte des classes (Le Passager Clandestin, 2023), une exploration sociologique du noble art comme terrain de résistance populaire. Il a également co-écrit La guerre des mots (Le Passager Clandestin, 2020) avec Nicolas Framont
02.07.2025 à 23:00
La guerre initiée par Israël avec l’Iran ce 13 juin a-t-elle réglé quel que problème que ce soit ? Est-elle venue à bout du programme nucléaire de la République islamique, grâce à l’appui militaire des Américains ? A-t-elle déstabilisé le régime des mollahs ? A-t-elle apporté plus de sécurité à la région? Depuis le début du cessez-le-feu, le 24 juin dernier, il est permis de douter de tous ces points. Un régime iranien radicalisé, un peuple traumatisé, une région plus instable que jamais: voilà le triste tableau qui s’offre aux observateurs.
Ce mercredi 2 juillet à 20h30 en direct, Aude Lancelin a évoqué la situation des hommes et des femmes de terrain, qui tous connaissent l’Iran de l’intérieur, et suivent la situation au Moyen Orient depuis de longues années.
– Sébastien Regnault, chercheur au CNRS, persanophone, spécialiste de l’Iran contemporain
– Sepideh Farsi, réalisatrice de cinéma iranienne
– Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient, ex-otage en Iraq
– Chirinne Ardakani, avocate franco-iranienne, notamment de la famille des otages français détenus à la prison d’Evin à Téhéran, bombardée par Israël
30.06.2025 à 22:00
Le pouvoir n’exécute même plus le résultat des urnes: il décide seul, dans une logique de plus en plus autocratique. Le vote devient un simulacre, nourrissant un sentiment d’impuissance civique. Le néolibéralisme, socle idéologique d’une Union européenne en déclin, a accentué les inégalités, provoqué la désindustrialisation et subordonné les États aux logiques du capital.
Les médias, en renonçant à leur rôle critique, favorisent la dépolitisation, tandis que l’oubli des trahisons passées progresse. Le discours technocratique prétend que l’économie ou le droit seraient trop complexes pour le peuple, l’excluant du débat démocratique. Face à cela, abstention, défiance et vote d’extrême-droite traduisent une profonde crise de représentation.
L’enjeu est de reconstruire une souveraineté populaire et d’assumer un projet de rupture sociale clair, y compris en direction des classes dominées qui votent aujourd’hui pour le RN. Une exigence qui implique de dépasser les postures morales, de parler franchement des sujets sensibles, et de redonner au peuple le contrôle.
Pour en parler, Aude Lancelin et François Bégaudeau ont reçu le lundi 30 juin sur QG, François Boulo, figure nationale des Gilets jaunes, partisan du Frexit, ex-avocat pour le tout dernier épisode de L’Explication de la saison !