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Masculinisme. Entre manettes de jeux vidéo et serveurs Discord, dans l’intimité confinée de leurs chambres adolescentes, une génération de jeunes hommes bascule vers la barbarie d’un clic de souris. L’enquête de Damien Leloup et Soren Seelow pour Le Monde révèle les pratiques des communautés en ligne CVLT et 764. De la consommation d’images pédopornographiques aux sextorsions d’adolescentes contraintes à s’automutiler, jusqu’aux meurtres filmés et aux projets d’attentats : ces communautés Discord transforment méthodiquement leurs membres en bourreaux via un système d’initiation où chaque atrocité devient un rite de passage vers l’échelon supérieur.
Le bilan judiciaire de ces communautés dessine un inventaire macabre. Sextorsion sur webcam d’enfants et de très jeunes adolescentes, de 9 à 13 ans, contraintes de boire leur urine et de s’enfoncer des couteaux dans le vagin, sarifications forcées gravant « 764 » sur la chair d’adolescentes en pleurs, meurtre d’une retraitée égorgée en direct sur Discord par un Allemand de 17 ans, projets de distribution de bonbons empoisonnés devant des écoles juives : ces groupuscules transforment l’écran en théâtre d’opérations criminelles.
Deux dossiers d’instruction sont en cours en France. Théo, un jeune Normand d’une vingtaine d’années, encourt dix ans de prison pour détention de pédopornographie. Rohan R. comparaîtra quant à lui devant les assises de Paris en 2026 pour vingt crimes et délits passibles de la réclusion à perpétuité. Face à cette escalade, le FBI a requalifié ces « réseaux extrémistes violents et nihilistes » comme « menace terroriste intérieure », redoutant leur infiltration par des militants expérimentés qui pourraient transformer ces communautés en « arme clé en main ». Notre article.
Le recrutement obéit à une logique de groupe dont les ressorts rappellent ceux des sectes : l’intégration passe par une série d’épreuves de plus en plus extrêmes, de la consommation passive de contenus choquants à la commission d’actes violents sur autrui. Sur Discord et Telegram, les recruteurs repèrent d’abord des jeunes hommes en quête de repères, souvent marqués par des traumatismes familiaux ou scolaires, puis les font monter progressivement dans la hiérarchie de l’extrême.
Pour accéder au cercle interne de 764, il ne suffit plus de regarder des vidéos gore : il faut avoir ôté la vie — d’un animal ou d’un humain — ou contraint une victime à s’infliger des blessures. Théo, ce Normand de 21 ans a rejoint en filmant la mort de deux lapins pour prouver son engagement : il incarne cette mise en scène de la violence comme rite d’appartenance.
Ce procédé repose sur un effet d’entraînement : l’exposition répétée à l’horreur et la pression du groupe finissent par alimenter une soif de transgression, où chaque nouvel acte brutal devient la condition sine qua non de la reconnaissance. Le parallèle avec l’embrigadement des enfants soldats au Sud-Kivu, décrit par Denis Mukwege dans La force des femmes, éclaire ce processus : là aussi, les jeunes victimes sont contraintes à des rituels d’initiation — parfois le viol collectif d’un proche — pour les désensibiliser à la violence et créer chez eux une forme d’addiction à l’extrême brutalité.
En remplaçant la géographie des camps par celle des serveurs privés, les espaces numériques démultiplient cette mécanique et font s’immiscer la violence jusque dans l’espace domestique, où elle est déjà d’ailleurs parfois présente.
Cette délégation de la violence qui vise, par la médiation de l’écran, à faire des victimes leurs propres bourreaux rappelle le phénomène du Blue Whale Challenge. Apparu en Russie vers 2015, ce « jeu » consistait en 50 défis progressifs assignés par un « curateur » à des adolescents fragiles, culminant avec le suicide. Même ciblage d’adolescents vulnérables, même usage de la coercition psychologique, même progression vers des actes irréversibles : le Blue Whale Challenge a causé des dizaines de suicides à travers le monde avant d’être en partie démantelé.
Ces deux phénomènes, idéologiquement distincts mais d’effet et de mode opératoire similaires révèlent l’efficacité de la manipulation à distance. Internet, loin d’être un simple outil neutre, peut devenir un amplificateur de pathologies sociales. La géographie numérique permet aux prédateurs de ratisser large, d’identifier les profils les plus fragiles et de les isoler progressivement de leurs repères sociaux traditionnels.
Le rôle des plateformes numériques dans cette dynamique dépasse la simple question de la régulation des contenus. Internet devient un vecteur de retraumatisation pour des jeunes déjà confrontés à la violence dans leur quotidien. Des violences sexuelles dans la pornographie mainstream à la diffusion en temps réel des images du génocide en cours à Gaza, la surprésence de contenus « gore » très facilement accessibles créent un environnement de saturation traumatique.
L’algorithme des plateformes aggrave encore ce phénomène en créant des chambres d’écho qui renforcent les contenus violents ou extrêmes. Un adolescent cherchant des contenus transgressifs peut se retrouver aspiré dans une spirale de radicalisation où chaque étape normalise la suivante.
Cette exposition constante produit ce que les spécialistes appellent une « désensibilisation », une anesthésie émotionnelle qui facilite le passage à l’acte. Mukwege décrit un mécanisme similaire chez les anciens enfants soldats : l’exposition répétée à la violence extrême crée une forme d’addiction qui persiste bien après la fin du conflit.
Il faut aussi prendre en considération l’extrême exposition des enfants et des adolescents à toutes les formes de violence au sein de leurs propres foyers et à l’école, depuis un très jeune âge. Selon l’UNICEF, « toutes les 3 minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle » en France. Et cette vulnérabilité subsiste durant tout le temps de la minorité. En effet, les mineurs représentent 58% des victimes de violence sexuelle selon le ministère de l’Intérieur.
Il faut encore ajouter à cela les chiffres des enfants violentés physiquement, émotionnellement, victime de harcèlement scolaire ou témoins de violence domestique. L’habituation à la violence ne se fait donc pas seulement par la consommation de contenus, mais aussi par une expérience personnelle, une intégration depuis l’enfance de ses mécanismes. Les deux auteurs cités dans l’article mentionnent en effet des faits de harcèlement et/ou de violence familiale à leur encontre.
L’article du Monde décrit des groupes à l’idéologie synchrétique, entre masculinisme, nihilisme et suprémacisme blanc. L’association entre pédopornographie et violence misogyne n’a rien d’accidentel : elle traduit une vision du monde où les corps « non masculins » – femmes et enfants – sont réduits à des objets appropriables par les dominants.
Pour aller plus loin : Attentat Incel déjoué : les violences sexistes et le déni médiatique
Les références idéologiques de ces groupes puisent massivement dans la sphère masculiniste sur internet. Nick Fuentes, figure tutélaire de cette mouvance, est cité par R. Williams, membre de 764 et condamnée en 2023 à 3 ans de prison pour son rôle dans l’assaut du Capitole. Après l’élection de Trump en novembre 2024, Fuentes a popularisé le slogan « Ton corps, mon choix », détournement cynique du « Notre corps, notre choix » féministe.
L’idéologie masculiniste s’épanouit ici dans la réalisation concrète de tous ses présupposés : la sexualisation des enfants, l’infantilisation des femmes et la légitimation d’une « culture du viol » présentée comme naturelle. Ce qui se joue au fond est l’obsession de la domination absolue sur autrui. Cela explique la volonté de laisser des marques sur la peau des victimes.
Une des pratiques de torture consiste par exemple à faire se masturber une victime avec un couteau ou un cactus. Une autre de faire graver sur la peau des victimes le nom du bourreau ou du groupe. Ces tortures expriment une volonté d’appropriation totale de l’autre, qui se joue aussi dans le fait de contraindre la victime à s’infliger sa propre torture.
Ce qui distingue CVLT et 764 des mouvements politiques classiques, c’est leur passage à ce que l’on pourrait appeler une « post-idéologie ». Comme l’analyse une source policière citée dans l’enquête, on assiste à « une désidéologisation progressive, un glissement de l’idéologie pure vers une forme de nihilisme et de promotion de l’ultraviolence pour elle-même ».
Cette évolution transparaît dans les références à l’Order of Nine Angles (O9A), mouvement sataniste et néonazi britannique né dans les années 1980. L’O9A prône la « transgression de tous les tabous » – meurtre, viols d’enfants, sacrifices humains – dans une logique « accélérationniste » visant à semer le chaos pour provoquer une guerre raciale.
Cette influence, même « parfois uniquement esthétique » selon les experts, révèle une fascination pour la violence pure, détachée de tout projet politique cohérent. La violence comme idéal esthétique est pourtant d’emblée porteuse d’un projet politique – celui de la destruction des groupes déjà relégués dans les sphères marginales.
Les victimes de CVLT et 764 sont en effet sélectionnées selon leur vulnérabilité. En effet, les bourreaux s’en prennent prioritairement à des jeunes filles mineures, souvent de moins de quinze ans. Ces adolescentes sont aussi explicitement ciblées pour leurs origines « juives, musulmanes, arabes, mexicaines et noires », exploitant ainsi les angles morts du système policier américain où les disparitions d’enfants issus de minorités raciales font l’objet de recherches moins intensives et de moins d’attention médiatique.
Cette sélection cynique s’appuie sur des données documentées : les enfants noirs sont quatre fois plus susceptibles d’être portés disparus que les enfants blancs, mais ne bénéficient que de 22% des appels publics à témoins contre 61% pour les enfants blancs, selon les statistiques britanniques qui reflètent une tendance occidentale plus large.
Les groupes exploitent avec lucidité les angles morts d’une société qui hiérarchise implicitement la valeur des vies humaines. Ils acquiescent d’ailleurs à cette hiérarchie, qui conforte leur puissance personnelle et légitime la torture exercée sur les victimes. En ciblant des adolescentes issues de minorités, souvent en situation de précarité psychologique ou sociale, ils maximisent leurs chances d’impunité.
Au-delà de l’horreur qu’ils suscitent légitimement, les groupes CVLT et 764 fonctionnent comme un révélateur de la fascisation de notre imaginaire collectif. Ils prospèrent sur les failles de nos sociétés : isolement et fragilisation psychologique des jeunes, backlash patriarcal post #Metoo, banalisation de la violence dans les représentations culturelles, défaillances du système de protection de l’enfance.
Ces communautés de l’ultraviolence qui inquiètent les renseignements intérieurs ne surgissent pas ex nihilo. Elles émergent de représentations largement partagées, leurs fantasmes de domination trouvant des échos dans des structures sociales inégalitaires et elles mêmes violentes.
Par LRB
10.10.2025 à 15:07
Ce mercredi 8 octobre, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont bloqué la motion de destitution d’Emmanuel Macron déposée par la France insoumise et co-signée par 104 parlementaires. Ce sauvetage in extremis du chef de l’État intervient un an jour pour jour après un premier blocage du RN. Le parti d’extrême droite avait déjà bloqué une motion de destitution le 8 octobre 2024. S’en était suivi un cycle de bouées de sauvetage au cours duquel le RN avait refusé François Bayrou à huit reprises.
En octobre 2025, Marine Le Pen continue un double jeu hypocrite : prétendre que son parti ne fait pas dans les tambouilles alors qu’elles sont sa marque de fabrique. L’une des raisons principales : les magouilles de Le Pen au Parlement européen l’empêchent pour l’instant de se présenter à une élection présidentielle anticipée. L’Insoumission a recensé toutes les opérations de sauvetage d’Emmanuel Macron par Marine Le Pen et Jordan Bardella. Notre article.
Pour aller plus loin : Marine Le Pen bloque la motion de destitution d’Emmanuel Macron au bureau de l’Assemblée
Depuis sa constitution comme groupe politique à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national marque son existence du sceau de la fidélité : de la fidélité à Emmanuel Macron. Ainsi depuis 2022, sous les XVIème et XVIIème législatures, c’est à pas moins de 25 reprises que Marine Le Pen a refusé de censurer les gouvernements Borne, Barnier et Bayrou. Une véritable lune de miel du duo Macron-Le Pen dont L’Insoumission recense ci-dessous les manifestations dans les multiples refus du RN de renverser des gouvernements macronistes.
Toutes ces informations sont notamment disponibles sur le site de l’Assemblée nationale en cliquant ici au sujet des motions de censure de la XVIème législature (juin 2022-juin 2024), et ici concernant les motions de censure de la XVIIème législature (juillet 2024 à aujourd’hui).
Au total, depuis sa constitution comme groupe à l’Assemblée nationale, c’est à pas moins de 25 reprises que Le Pen et Bardella ont sauvé des gouvernements macronistes. À cela s’ajoutent les deux motions de destitution d’Emmanuel Macron bloquées par le RN en l’espace d’à peine un an, et les multiples petites magouilles de palais pour se partager les postes à responsabilités de l’Assemblée.
Au-delà des proximités idéologiques des deux camps et de leur peur panique du programme de rupture porté par la France insoumise, c’est aussi par la soif du pouvoir qu’est mue le duo Macron-Le Pen. Celle, pour Emmanuel Macron, de pouvoir donner l’illusion qu’il gouverne encore. Celle, pour Marine Le Pen, de l’élection présidentielle de 2027 et de ne pas précipiter la démission de Macron car ses magouilles au Parlement européen l’empêcheraient pour l’instant de se présenter.
Alors que 73 % des Français réclament le départ immédiat d’Emmanuel Macron, dont plus de 90 % des électeurs RN, Marine Le Pen et ses parlementaires font encore le choix de sauver la Macronie en implosion. Une marque de fabrique du parti d’extrême droite.
10.10.2025 à 06:00
09.10.2025 à 15:51
Von der Leyen. Ce 9 octobre 2025, a eu lieu un vote de censure historique au Parlement européen, contre la Commission européenne. Accords commerciaux dévastateurs, reculs écologiques, soumission diplomatique aux États-Unis, inertie face aux violations du droit international et complicité avec Netanyahu : les griefs se sont accumulés contre la Commission et sa présidente, Ursula von der Leyen. Les insoumis et le groupe de la gauche au Parlement européen, présidé par l’euro-députée LFI Manon Aubry, ont été à l’initiative d’une motion de censure soumise au vote ce jeudi.
En milieu de journée, l’on apprenait le sauvetage d’Ursula von der Leyen, grâce aux républicains, socialistes et macronistes européens. « Une préfiguration d’une grande coalition française ? Heureusement, les écologistes ont désobéi à leur consigne de groupe et ont voté à nos côtés », a déclaré Manon Aubry. Retour sur les raisons de la colère. Notre article.
En Europe, les agricultrices et agriculteurs peinent à vivre dignement de leur travail. En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours, un drame qui illustre la détresse d’un secteur frappé par une concurrence internationale déloyale. La cause, selon de nombreux syndicats et élus, réside dans les accords de libre-échange signés en série par la Commission européenne. Ces traités permettent l’importation de produits agricoles à bas coût, souvent issus de pays où les normes sanitaires et environnementales sont bien plus faibles, et où sont utilisés des pesticides interdits en Europe. La Commission européenne actuelle détient le record du nombre d’accords de libre-échange signés.
Dernier en date : l’accord avec le Mercosur, alliance commerciale regroupant plusieurs États d’Amérique du Sud. En favorisant l’entrée sur le marché européen de produits issus de fermes-usines industrielles et chargés de pesticides souvent interdits en Europe, ce traité menace encore davantage la survie de l’agriculture européenne.
Pire encore, Ursula von der Leyen manipule les règles des institutions européennes pour tenter d’imposer cet accord sans consulter les parlements nationaux. Un passage en force qui méprise la démocratie et menace la santé publique et la survie de notre agriculture. Mais à l’instar des défenseurs de la loi Duplomb en France, Ursula von der Leyen a fait le choix des lobbies et de l’agro-industrie.
Alors que la planète a franchi sept des neuf limites planétaires identifiées par les scientifiques (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, sécheresses à répétition) l’Union européenne semble ignorer l’urgence.
Les ambitions du Green New Deal, autrefois présentées comme le socle de la transition écologique européenne, s’étiolent. Les réglementations contre la déforestation sont repoussées, d’abord d’un an puis désormais de deux, et le dernier paquet législatif dit « omnibus » détricote nombre d’avancées sociales et environnementales, notamment le devoir de vigilance des multinationales qui garantissait la fin de l’impunité des grosses entreprises qui détruisent la planète et piétinent les droits humains pour leurs profits.
Pour beaucoup, ces reculs sont le fruit des arbitrages d’Ursula von der Leyen et de sa Commission. À ce sujet, la cheffe de la Commission n’hésite plus à rompre le cordon sanitaire et à s’entendre avec l’extrême-droite pour défaire les réglementations écologiques et sociales.
Sur le front commercial, la présidente de la Commission européenne est également pointée du doigt pour sa gestion des relations avec les États-Unis.
Face à la menace du président américain d’imposer des taxes sur les produits européens, Ursula von der Leyen a cédé sans exiger la moindre contrepartie. Sans mandat démocratique, elle a accepté une taxation de 15 % sur certaines exportations européennes, tout en réduisant les droits de douane pour les produits américains.
Pire encore, elle s’est engagée, au nom de tous les peuples européens, à orienter plus de 600 milliards de dollars d’investissements européens vers les États-Unis d’ici à 2028. Une décision unilatérale qui fait figure de véritable soumission économique aux États-Unis de Donald Trump et de trahison des peuples européens.
Pendant ce temps, la commission européenne impose l’austérité budgétaire aux États de l’Union européenne en demandant sans cesse que ces derniers réduisent leurs investissements et leurs dépenses publiques.
Pour aller plus loin : Les États-Unis étendent leur guerre commerciale contre la Chine
Malgré plus de 65 000 morts en Palestine, une situation de génocide reconnue par l’ONU et un mandat d’arrêt international visant Benjamin Netanyahou, la Commission européenne refuse toujours d’imposer des sanctions au gouvernement israélien.
L’Union européenne maintient ses échanges commerciaux privilégiés avec Israël et n’applique aucune mesure coercitive, y compris lors des déplacements du Premier ministre israélien sur le sol européen. Alors que la défense du droit international constitue l’un des piliers de l’Union européenne, les demandes d’embargos contre Israël ou de rupture de l’accord d’association avec l’État génocidaire sont restées lettres mortes.
En revanche, Ursula Von der Leyen fut l’une des premières à soutenir le plan proposé par Donald Trump. Un « plan de paix » qui espère transformer Gaza en « riviera » sous tutelle néocoloniale des États-Unis.
Pour ses détracteurs, cette position fait de la Commission un obstacle à l’application du droit international et un complice tacite du génocide en cours à Gaza.
C’était la première fois que le groupe de la gauche au Parlement européen est à l’initiative d’une motion de censure contre la Commission européenne. Cette motion, initiée par les élus insoumis, a été déposée après la récolte de 72 signatures de députés de tous les groupes de gauche au Parlement européen, y compris écologistes et socialistes européens. Cependant, au niveau des élus français, les écologistes et socialistes ont refusé de soutenir le dépôt de la motion de censure. Les écologistes français se sont démarqués en refusant la consigne de vote de leur groupe.
Quoi qu’il en ait résulté, il est certain que la Commission européenne et sa présidente Ursula von der Leyen sont de plus en plus contestées et contestables. Il est maintenant admis que la gauche au Parlement européen a le pouvoir de déposer des motions de censure contre le cœur exécutif de l’Union européenne. Cet événement est à lui seul un tournant qui entrave la Commission européenne d’un poids nouveau : celui de la démocratie.
09.10.2025 à 14:31
Les moments de valse ministérielle comme celui que nous vivons depuis ce week-end ont un mérite : ils agissent comme un accélérateur de particules sur les politiciens les plus opportunistes. En juin 2024, Éric Ciotti pensait faire un bon coup en s’alliant avec le Rassemblement National (RN), il espérait sûrement devenir ministre dans un gouvernement d’extrême droite dirigé par Bardella. Avec le succès que l’on connaît.
Pour une promesse de poste, alors que tout semble s’emballer dans le petit monde de la macronie, s’accélérer, que les cartes sont en train d’être rebattues, certains tombent le masque avec une rapidité. C’est le cas des responsables Républicains (LR) qui, depuis la démission de Sébastien Lecornu lundi matin, ne savent plus où donner de la tête, mais confirment leur virage extrême droitier. Ce mardi matin, la sénatrice LR Sophie Primas a fait franchir le Rubicon à sa famille politique, en se disant favorable à un « contrat de gouvernement » avec le RN. Un interdit historique est brisé. Notre brève.
Ce mardi sur RTL, la sénatrice LR Sophie Primas, proche de Bruno Retailleau a laissé libre cours à son cynisme. Elle a en effet estimé, alors qu’elle était questionné sur le fait de gouverner avec le RN : « ça dépend pour quoi faire. S’il y a un contrat de gouvernement avec des idées et des mesures qui ne sont pas orthogonales à nos convictions, eh bien travaillons ensemble ? Nous n’avons pas que des désaccords avec le RN ».
Petit détail qui donne une autre ampleur à ces propos : Sophie Primas a été porte-parole du gouvernement de François Bayrou. Une élue de droite « républicaine », membre jusqu’à il y a peu d’un gouvernement mené par un démocrate-chrétien appelle donc à un gouvernement commun avec l’extrême droite.
La main (droite) tendue par Primas est à relier à deux autres déclarations. D’abord celle de son chef, Retailleau qui, pour l’élection législative partielle opposant PS et RN dans le Tarn-et-Garonne, a donné sa consigne : « pas une voix pour la gauche », à voter pour l’extrême droite donc.
Autre prise de position symptomatique de ce rapprochement entre les extrêmes droites et extrême centre, celle de Marine Le Pen qui, sur le plateau de LCI, estimait être d’accord avec « les mots » de Bruno Retailleau, mais pas avec ses « actes ». Les deux pensent au fond la même chose, mais Le Pen est favorable pour taper plus durement sur les précaires, les quartiers populaires, la jeunesse (qui l’emmerde toujours), les personnes racisées… Alors pourtant que Retailleau s’est particulièrement distingué dans ce domaine.
Dans l’état actuel des rapports de force au Parlement, un tel gouvernement LR-RN semble improbable, et pour cause : le RN a tout intérêt à laisser le centre et la droite pourrir sur place, à les laisser s’enliser dans des négociations entre Retailleau, Lecornu, Glucksmann, Faure… Le Pen a d’ailleurs refusé de se rendre à Matignon pour participer aux négociations de Lecornu. Ce qui n’a pas empêché les troupes lepénistes à l’Assemblée de sauver une nouvelle fois Emmanuel Macron en bloquant la motion de destitution du président de la République, déposée par les députés de gauche et initiée par les Insoumis.
Pour aller plus loin : Marine Le Pen bloque la motion de destitution d’Emmanuel Macron au bureau de l’Assemblée
Mais la prise de position de Sophie Primas a le démérite de lancer un « ballon d’essai » dans l’arène médiatique. Si l’option de faire entrer l’extrême droite au gouvernement semble encore aujourd’hui prématurée pour certains, viendra le moment où, lorsque la sauce médiatique aura bien pris, quand l’idée aura fait son chemin chez les macronistes (elle semble déjà circuler à l’Elysée), l’idée d’une cohabitation avec le RN ne semblera pas si farfelue aux bons modérés et raisonnables.
La barrière historique entre droite « gaulliste » et extrême droite, qui existe depuis 1945, mais aussi depuis les municipales de Dreux de 1983, a volé en éclat. Face au chaos macroniste, aux magouilles socio-démocrates, et à une extrême droite sur les crocs, la gauche de rupture est la seule option politique contre l’austérité, le racisme et la réaction, et pour la redistribution des richesses et une Nouvelle France.
Par Alexis Poyard
09.10.2025 à 12:47
La cote de confiance du Président de la République est tombée à un niveau historique : 14 % ! Un record d’impopularité qui appelle son départ immédiat. Dans le dernier baromètre politique Elabe pour Les Échos, sa cote de confiance a chuté lourdement pour atteindre le niveau le plus bas jamais mesuré par cet institut : 14 %, soit une baisse de 3 points en un mois et de 13 points depuis mars 2025. Jamais Président n’avait été aussi détesté, à l’exception de François Hollande qui avait également atteint cette cote d’impopularité en novembre 2016.
Ce n’est plus une « crise d’impopularité », mais une véritable « crise d’hostilité », comme le reconnaît le président d’Elabe. Non seulement 82 % des Français lui retirent leur confiance, mais surtout 59 % ne lui font « pas du tout » confiance, un chiffre qui explose de 11 points en un mois. Une côte qui s’effondre logiquement après huit années de politiques de souffrance populaire et de saccages écologistes. Le Président marche seul, déconnecté et haï par son peuple. Il doit partir. Notre brève.
Les Français reprochent en masse à Macron d’être « déconnecté », « loin de leurs préoccupations ». L’idée du mépris revient en force dans les témoignages. Après sa dissolution irresponsable, les Français lui imputent directement le blocage du pays et le chaos qui s’est installé.
Avec 14 % de confiance, Macron égale le record de disgrâce de François Hollande. Pire, il perd jusqu’à ses propres troupes : à peine 38 % de ses électeurs du premier tour de 2022 lui font encore confiance.
Le message est clair : l’immense majorité du pays rejette Emmanuel Macron et sa politique du chaos et du mépris. Ce niveau historique de rejet n’appelle qu’une seule issue démocratique : le Président n’a plus aucune légitimité pour gouverner. 73 % des Français demandent son départ immédiat. Il doit partir.
C’est ce pour quoi agit la France insoumise qui porte le mot d’ordre de la procédure de destitution depuis plus d’un an. Le mercredi 8 octobre, Marine Le Pen a encore sauvé Macron de la destitution en refusant de soutenir la procédure lancée à l’Assemblée nationale. Main dans la main pour sauver un système dont le peuple ne veut plus. Ils ne pourront plus tenir longtemps.
Pour aller plus loin : Marine Le Pen bloque la motion de destitution d’Emmanuel Macron au bureau de l’Assemblée
Ulysse