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Von der Leyen. Ce 9 octobre 2025, a eu lieu un vote de censure historique au Parlement européen, contre la Commission européenne. Accords commerciaux dévastateurs, reculs écologiques, soumission diplomatique aux États-Unis, inertie face aux violations du droit international et complicité avec Netanyahu : les griefs se sont accumulés contre la Commission et sa présidente, Ursula von der Leyen. Les insoumis et le groupe de la gauche au Parlement européen, présidé par l’euro-députée LFI Manon Aubry, ont été à l’initiative d’une motion de censure soumise au vote ce jeudi.
En milieu de journée, l’on apprenait le sauvetage d’Ursula von der Leyen, grâce aux républicains, socialistes et macronistes européens. « Une préfiguration d’une grande coalition française ? Heureusement, les écologistes ont désobéi à leur consigne de groupe et ont voté à nos côtés », a déclaré Manon Aubry. Retour sur les raisons de la colère. Notre article.
En Europe, les agricultrices et agriculteurs peinent à vivre dignement de leur travail. En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours, un drame qui illustre la détresse d’un secteur frappé par une concurrence internationale déloyale. La cause, selon de nombreux syndicats et élus, réside dans les accords de libre-échange signés en série par la Commission européenne. Ces traités permettent l’importation de produits agricoles à bas coût, souvent issus de pays où les normes sanitaires et environnementales sont bien plus faibles, et où sont utilisés des pesticides interdits en Europe. La Commission européenne actuelle détient le record du nombre d’accords de libre-échange signés.
Dernier en date : l’accord avec le Mercosur, alliance commerciale regroupant plusieurs États d’Amérique du Sud. En favorisant l’entrée sur le marché européen de produits issus de fermes-usines industrielles et chargés de pesticides souvent interdits en Europe, ce traité menace encore davantage la survie de l’agriculture européenne.
Pire encore, Ursula von der Leyen manipule les règles des institutions européennes pour tenter d’imposer cet accord sans consulter les parlements nationaux. Un passage en force qui méprise la démocratie et menace la santé publique et la survie de notre agriculture. Mais à l’instar des défenseurs de la loi Duplomb en France, Ursula von der Leyen a fait le choix des lobbies et de l’agro-industrie.
Alors que la planète a franchi sept des neuf limites planétaires identifiées par les scientifiques (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, sécheresses à répétition) l’Union européenne semble ignorer l’urgence.
Les ambitions du Green New Deal, autrefois présentées comme le socle de la transition écologique européenne, s’étiolent. Les réglementations contre la déforestation sont repoussées, d’abord d’un an puis désormais de deux, et le dernier paquet législatif dit « omnibus » détricote nombre d’avancées sociales et environnementales, notamment le devoir de vigilance des multinationales qui garantissait la fin de l’impunité des grosses entreprises qui détruisent la planète et piétinent les droits humains pour leurs profits.
Pour beaucoup, ces reculs sont le fruit des arbitrages d’Ursula von der Leyen et de sa Commission. À ce sujet, la cheffe de la Commission n’hésite plus à rompre le cordon sanitaire et à s’entendre avec l’extrême-droite pour défaire les réglementations écologiques et sociales.
Sur le front commercial, la présidente de la Commission européenne est également pointée du doigt pour sa gestion des relations avec les États-Unis.
Face à la menace du président américain d’imposer des taxes sur les produits européens, Ursula von der Leyen a cédé sans exiger la moindre contrepartie. Sans mandat démocratique, elle a accepté une taxation de 15 % sur certaines exportations européennes, tout en réduisant les droits de douane pour les produits américains.
Pire encore, elle s’est engagée, au nom de tous les peuples européens, à orienter plus de 600 milliards de dollars d’investissements européens vers les États-Unis d’ici à 2028. Une décision unilatérale qui fait figure de véritable soumission économique aux États-Unis de Donald Trump et de trahison des peuples européens.
Pendant ce temps, la commission européenne impose l’austérité budgétaire aux États de l’Union européenne en demandant sans cesse que ces derniers réduisent leurs investissements et leurs dépenses publiques.
Pour aller plus loin : Les États-Unis étendent leur guerre commerciale contre la Chine
Malgré plus de 65 000 morts en Palestine, une situation de génocide reconnue par l’ONU et un mandat d’arrêt international visant Benjamin Netanyahou, la Commission européenne refuse toujours d’imposer des sanctions au gouvernement israélien.
L’Union européenne maintient ses échanges commerciaux privilégiés avec Israël et n’applique aucune mesure coercitive, y compris lors des déplacements du Premier ministre israélien sur le sol européen. Alors que la défense du droit international constitue l’un des piliers de l’Union européenne, les demandes d’embargos contre Israël ou de rupture de l’accord d’association avec l’État génocidaire sont restées lettres mortes.
En revanche, Ursula Von der Leyen fut l’une des premières à soutenir le plan proposé par Donald Trump. Un « plan de paix » qui espère transformer Gaza en « riviera » sous tutelle néocoloniale des États-Unis.
Pour ses détracteurs, cette position fait de la Commission un obstacle à l’application du droit international et un complice tacite du génocide en cours à Gaza.
C’était la première fois que le groupe de la gauche au Parlement européen est à l’initiative d’une motion de censure contre la Commission européenne. Cette motion, initiée par les élus insoumis, a été déposée après la récolte de 72 signatures de députés de tous les groupes de gauche au Parlement européen, y compris écologistes et socialistes européens. Cependant, au niveau des élus français, les écologistes et socialistes ont refusé de soutenir le dépôt de la motion de censure. Les écologistes français se sont démarqués en refusant la consigne de vote de leur groupe.
Quoi qu’il en ait résulté, il est certain que la Commission européenne et sa présidente Ursula von der Leyen sont de plus en plus contestées et contestables. Il est maintenant admis que la gauche au Parlement européen a le pouvoir de déposer des motions de censure contre le cœur exécutif de l’Union européenne. Cet événement est à lui seul un tournant qui entrave la Commission européenne d’un poids nouveau : celui de la démocratie.