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28.04.2025 à 17:27

La décroissance impliquerait-elle le retour à l’âge de la bougie ?

Marc Germain, Maître de conférences émérite d'économie, Université de Lille

Le « jour du dépassement » a été atteint le 19 avril dernier. Une étude réfute les liens entre décroissance et retour à l’âge de la bougie. Au pire ? Un retour au PIB par habitant de 1964…
Texte intégral (2270 mots)
Le 19 avril, la France atteint son « jour de dépassement » écologique. À cette date, notre pays a consommé l’ensemble des ressources naturelles produites pour satisfaire la consommation de sa population et absorber ses déchets pour toute l’année. JHDTProductions/Shutterstock

Le « jour du dépassement » a été atteint le 19 avril dernier. Diminuer le produit intérieur brut (PIB) pour faire disparaître ce dépassement écologique n’impliquerait pas de retourner à l’âge de la bougie. C’est ce que conclut une étude appliquée à la France et à l’Allemagne. Le PIB par habitant soutenable d’aujourd’hui correspondrait à un niveau observé dans les années 1960. Tout en gardant les technologies actuelles.


En 2020, le président Macron balayait la demande de moratoire de la gauche et des écologistes sur le déploiement de la 5G en renvoyant ses opposants au « modèle amish et au retour à la lampe à huile ». En 2024, le premier ministre Attal estimait que « la décroissance, c’est la fin de notre modèle social, c’est la pauvreté de masse ». Au vu de ces citations, tout refus du progrès ou toute baisse volontaire de l’activité économique est assimilé à un retour en arrière, voire à un monde archaïque.

Pourtant, le 1er août 2024, l’humanité atteignait son « jour de dépassement » écologique. À cette date, celle-ci avait consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète avait produites pour satisfaire sa consommation et absorber ses déchets pour toute l’année.

Dans le cas de la France, le jour du dépassement était déjà atteint le 19 avril. Malgré ses limites, le jour du dépassement est un indicateur pédagogique très utilisé pour mesurer le degré de non-soutenabilité du « train de vie » moyen d’une population sur le plan environnemental. Plus ce jour intervient tôt dans l’année, moins ce train de vie est durable.

Afin de reculer le jour du dépassement (et idéalement de le ramener au 31 décembre), on peut schématiquement opposer deux grandes stratégies.

  • La première vise à découpler les activités humaines de leur empreinte environnementale, principalement par le progrès technique. C’est la posture « techno-solutionniste ».

  • La deuxième, promue notamment par les partisans de la décroissance, ne croit pas en la faisabilité de ce découplage. Elle prône une réduction volontaire et ciblée des activités humaines elles-mêmes.


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Une étude récente, appliquée en particulier à la France, réfute les citations du premier paragraphe. Elle montre que la baisse du PIB permettant de faire disparaître le dépassement écologique en France n’impliquerait nullement un retour à l’âge de la bougie (ou de la lampe à huile), mais à un PIB par habitant observé dans les années 1960.

Définition de l’empreinte écologique

Le point de départ de l’étude consiste à faire le lien entre empreinte écologique, PIB et population d’un pays, à travers l’identité suivante :

E = eyP

où :

  • E désigne l’empreinte écologique. Selon le Global Footprint Network (GFN), l’organisme qui produit les statistiques relatives à l’empreinte écologique, celle-ci mesure la surface de terre et d’eau biologiquement productive dont un individu, un pays ou une activité a besoin pour produire toutes les ressources qu’il consomme et pour absorber les déchets qu’il génère.

  • y = Y/P est le PIB par habitant, où Y et P désignent respectivement le PIB et la population du pays.

  • e = E/Y est définie comme l’intensité écologique du PIB. À titre d’illustration, considérons une économie qui ne produit que des denrées agricoles. L’intensité écologique est alors l’empreinte écologique liée à la production d’un euro de ces denrées. L’intensité est (entre autres) déterminée par la technologie, dans la mesure où elle est d’autant plus faible que les ressources sont utilisées efficacement par l’économie.

En résumé, l'empreinte écologique est le produit de la population, de sa consommation de richesses et de l'efficacité des moyens utilisés pour produire ces richesses.

Empreinte écologique en France et en Allemagne

Les graphiques ci-dessous illustrent les évolutions contrastées des différentes variables présentes dans la formule précédente pour la France et pour l’Allemagne.

On observe que, depuis 1970, l’empreinte écologique globale E est restée plus ou moins stable en France, avant de décroître, depuis 2010. En revanche, l’empreinte écologique est tendanciellement décroissante en Allemagne, depuis 1990. Cette évolution plus favorable s’explique notamment par la croissance sensiblement plus faible de la population de ce pays.

Les évolutions des composantes e, y, P de l’empreinte écologique sont similaires dans les deux pays. L’empreinte écologique est tirée vers le haut par la croissance du PIB/hab y et, dans une bien moindre mesure, par la hausse de la population P.

En revanche, l’empreinte écologique est tirée vers le bas par la baisse continue de l’intensité écologique e. Cette baisse de e est due à différents facteurs, notamment le progrès technique et la tertiarisation de l’économie – les services ayant une empreinte moindre que l’industrie par unité de richesses produites.

Dépassement écologique

La deuxième étape de l’étude consiste à définir le dépassement écologique d’un pays. Celui-ci est défini comme le rapport entre l’empreinte par habitant du pays et la biocapacité par habitant au niveau mondial. La biocapacité est la capacité des écosystèmes à produire les matières biologiques utilisées par les humains et à absorber les déchets de ces derniers, dans le cadre de la gestion et des technologies d’extraction en cours.

Si d désigne le dépassement d’un pays, alors celui-ci est en dépassement si d > 1. Le jour du dépassement de ce pays survient alors avant le 31 décembre, et ce, d’autant plus tôt que d est élevé. Le Global Footprint Network (GFN) interprète le rapport d comme le nombre de planètes Terre nécessaire pour soutenir la consommation moyenne des habitants du pays.

Évolution du dépassement en France et en Allemagne. Fourni par l'auteur

L’évolution au cours du temps du dépassement en France et en Allemagne est décrite par le graphique ci-dessus. Il montre que, si tous les habitants du monde avaient la même empreinte écologique moyenne que celle des Français ou des Allemands à l’époque actuelle, il faudrait à peu près les ressources de trois planètes pour la soutenir.

PIB soutenable

La dernière étape de l’étude concerne la notion de PIB/hab soutenable d’un pays, défini comme le rapport entre le PIB/hab observé et le dépassement écologique.

Le PIB/hab soutenable correspond au niveau de vie maximal moyen compatible avec l’absence de dépassement écologique. Le tableau suivant décrit le calcul du PIB/hab soutenable pour la France et l’Allemagne en 2022 – la dernière année disponible au moment de l’étude.

Pour expliquer ce tableau, considérons les chiffres pour la France. Les deuxième et troisième lignes renseignent respectivement le PIB/hab observé y et le dépassement d de ce pays en 2022. La quatrième ligne calcule le PIB/hab soutenable s, en divisant le PIB/hab observé y par le dépassement d (autrement dit s=y/d). Ce chiffre correspond au niveau maximal du PIB/hab compatible avec l’absence de dépassement.

En d’autres termes, si au lieu d’avoir été égal à 38 816 $, le PIB/hab avait été égal à 13 591 $, la France n’aurait pas été en dépassement en 2022.

Le PIB/hab soutenable étant approximativement égal au tiers du PIB/hab observé, ramener celui-ci à un niveau soutenable supposerait une décroissance de l’ordre des deux tiers. L’ampleur de cette décroissance fait écho à d’autres travaux visant à quantifier les impacts de politiques de décroissance.

La dernière ligne du tableau indique que le PIB/hab qui aurait été soutenable en 2022 en France (13 591 $) correspond à peu près au PIB/hab effectivement observé en 1964. En écho avec les citations évoquées au début de cet article, ce résultat suggère que la décroissance du PIB nécessaire pour faire disparaître le dépassement écologique en France n’impliquerait aucunement un retour à l’âge de la bougie.

Pas un retour aux années 1960

Les résultats de l’étude ne suggèrent pas pour autant un retour pur et simple aux années 1960. En effet, ils sont obtenus en neutralisant le dépassement au moyen de la seule réduction du PIB/hab, alors que l’intensité écologique (déterminée, en particulier, par la technologie) et la population sont fixées à leurs niveaux actuels. Si les résultats supposent une baisse sensible de la production globale de l’économie, ils n’impliquent pas de renoncer à la technologie actuelle.

Il importe de souligner que notre étude s’est limitée à des pays industrialisés, et ne concerne donc pas les pays émergents ou en voie de développement. Nombre de questions n’ont pas été abordées, à l’exemple de celle de la répartition de l’effort de décroissance entre habitants aux revenus très différents ou entre activités économiques.

Notre étude résumée ici doit donc être prise pour ce qu’elle est : un exercice simple visant à remettre en question certains discours dénigrant la décroissance en tant que stratégie de neutralisation du dépassement écologique, dans le cadre du débat autour de la nécessaire réduction des impacts des activités humaines.

The Conversation

Marc Germain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

28.04.2025 à 17:27

Livraison du dernier kilomètre : quelles solutions demain pour décarboner la logistique ?

Tristan Bourvon, Coordinateur Logistique & Transport de marchandises, Ademe (Agence de la transition écologique)

Focus sur trois solutions de décarbonation de la logistique : les centres de distribution urbains, les microhubs et la mutualisation des circuits courts alimentaires de proximité.
Texte intégral (2575 mots)
Les microhubs en ville peuvent faciliter le relais entre poids lourds et vélos-cargos pour la livraison du dernier kilomètre. Shutterstock

Comment réduire l’impact climatique des premier et dernier kilomètres des livraisons ? Pour le secteur de la logistique, le défi est de taille. Outre les leviers technologiques, comme le recours à des énergies renouvelables pour les véhicules, des solutions organisationnelles existent. La question du soutien des pouvoirs publics se pose, si l’on souhaite que ces solutions soient déployées à grande échelle en France.


La logistique représente au moins 16 % des émissions de gaz à effet de serre en France, soit 63 millions de tonnes équivalent CO2. Elle est également une source significative d’artificialisation des sols : elle représente environ 4 % de l’artificialisation totale en France entre 2010 et 2019.

La logistique urbaine pèse quant à elle pour 25 % des émissions de gaz à effet de serre des transports en ville, pour 33 % des émissions de polluants atmosphériques et 30 % de l’occupation de la voirie, sans oublier les nuisances sonores qu’elle génère.

Pour que l’objectif de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) de baisser de 50 % des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 soit tenu, les évolutions technologiques telles que l’électrification des flottes ne suffiront pas, quand bien même elles sont indispensables. Il faut donc transformer ce secteur qui représente aujourd’hui 1,8 million d’emplois en France. L’optimisation des flux logistiques et la réduction de leur impact doit aussi passer par des innovations organisationnelles.

Au cours des dernières décennies, plusieurs types de solutions ont déjà été expérimentées en France. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a lancé, en 2024, l’eXtrême Défi Logistique, un programme d’innovation visant à imaginer puis à déployer des démarches d’optimisation de la logistique du premier et dernier kilomètre. Dans le cadre de ce programme, elle a identifié trois solutions existantes particulièrement intéressantes sur lesquelles elle a mené une analyse rétrospective :

  • les centres mutualisés de distribution urbaine,

  • les microhubs (microplateformes logistiques, en général optimisées pour une livraison finale par des modes de transport doux),

  • et la mutualisation des circuits courts alimentaires de proximité.

L’enjeu était de mettre en évidence les forces et les faiblesses de chacune d’entre elles afin d’identifier les conditions auxquelles elles pourraient être mises en œuvre à grande échelle en France. Un appel à projets « Ideation », a également été lancé, dans le cadre de l’eXtrême Défi Logistique, pour imaginer et concevoir ce type de solutions sur des territoires partout en France. Quatorze lauréats sont soutenus par l’Ademe. Dès début 2026, une phase d’expérimentation sera lancée pour tester concrètement ces solutions.

En quoi consistent ces différentes solutions et à quelles conditions peuvent-elles fonctionner ? Quel rôle peuvent jouer les collectivités pour assurer leur succès, la coordination entre seuls acteurs privés paraissant compliquée à impulser ?

Des centres de distribution urbaine

La première solution, dont l’Ademe a recensé dans son étude 33 expérimentations, bénéficie déjà d’un certain recul. Les « centres de distribution urbaine » (CDU) sont de petits entrepôts installés en périphérie des centres-villes qui agrègent les flux de différents transporteurs et grossistes pour ensuite organiser des tournées de distribution optimisées vers les centres-villes.

Le but est de réduire le nombre de kilomètres parcourus, le nombre d’arrêts des véhicules, mais aussi les coûts de la livraison du dernier kilomètre. La mutualisation des flux, dont ces CDU sont une forme, participerait dans les villes denses à une diminution de 10 % à 13 % des émissions de gaz à effet de serre.


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Les premiers projets de CDU, issus du principe des gares routières nées dans les années 1960, émergent dans les années 1990. Parmi les cas étudiés, une partie est privée ou semi-privée, prise en charge par des opérateurs eux-mêmes et d’autres mixtes ou publics. Ces derniers sont portés par les pouvoirs publics et s’apparentent à un « service public » de livraison de marchandises. Certains CDU sont dits « spécifiques » et associés à une activité particulière (chantier de BTP, livraison de marchandises dans un lieu contraint comme un aéroport…). Enfin, les CDU peuvent être mutualisés, c’est-à-dire partagés entre plusieurs plusieurs opérateurs de transport.

L’étude a montré que les difficultés étaient essentiellement liées au modèle économique, du fait notamment d’un manque de flux. Les projets qui ont réussi à se pérenniser ont trouvé un équilibre entre coûts d’exploitation et revenus, en diversifiant leurs sources de financement et en intégrant des services à valeur ajoutée comme le stockage déporté ou la préparation de commande.

Des entrepôts agrégeant les colis en périphérie urbaine permettent d’optimiser la livraison en centre-ville. Shutterstock

Le milieu étant concurrentiel, l’idéal est que la démarche soit portée par une collectivité, qui initie par exemple une structure juridique (coopérative, groupement d’intérêt économique, délégation à une société locale) et met en place une réglementation incitative. Comme des restrictions de circulation ou la mise à disposition de véhicules électriques uniquement qui attireront certains acteurs.

À Lille, un centre qui avait fermé va ainsi être relancé pour réaliser des tournées de livraison mutualisées entre les transporteurs du dernier kilomètre.

Des microhubs au cœur des villes

Autre option, plus récente et encore balbutiante : les microhubs, qui ne bénéficient pas du même recul que les centres de distribution urbains. Ces mini-entrepôts prennent souvent la forme d’une structure légère implantée en cœur de ville, par exemple sur une place de parking. Ces petites installations visent à stocker temporairement de la marchandise afin de réduire les distances parcourues pour la distribution et/ou le ramassage des biens.

Ils facilitent également la rupture de charge entre un poids lourd et des vélos-cargos. La possibilité d’entreposer pour une durée limitée les marchandises permet d’éviter tout temps d’attente entre l’arrivée d’un poids lourd pour décharger et le relais par des vélos cargo. Ces derniers peuvent ainsi rayonner autour du microhub pour réaliser les approvisionnements des établissements économiques locaux.

Autrement dit, les microhubs pallient un déficit en espaces fonciers pour la logistique urbaine dans des zones urbaines denses ou permettent de répondre à un besoin exceptionnel, par exemple pour un événement de grande ampleur qui porte atteinte à la performance logistique, comme l’organisation d’un grand événement sportif type Jeux olympiques. Ces expérimentations présentent aussi l’intérêt de tester la pertinence d’une implantation temporaire pour la logistique urbaine avant d’envisager d’éventuels aménagements plus pérennes. Ils peuvent être fixes ou mobiles, temporaires (de quelques mois à quelques années) ou durables.

D’après l’étude, le modèle souffre de moins de verrous économiques que les centres de distribution urbains, mais il requiert une volonté politique en faveur de la cyclologistique : ce sont souvent les enjeux fonciers et une absence de cadre réglementaire structurant qui limitent leur succès. À Nantes, un projet porté par Sofub (filiale de la Fédération des usagers de bicyclettes), vise ainsi à évaluer le potentiel de déploiement de microhubs sur plusieurs territoires afin de tester leur pertinence.

Mutualiser les circuits courts alimentaires de proximité

La mutualisation des circuits courts alimentaires de proximité (CCAP), enfin, entend répondre aux problématiques que pose la vente d’aliments secs ou frais en filière courte en envisageant la mise en commun des ressources et des moyens mobilisés pour faire circuler ces produits entre producteurs et consommateurs. Dans le cadre de notre étude, le rayon est fixé à 160 km. Les producteurs étant en général contraints d’utiliser leur propre camionnette pour venir en ville commercialiser leurs produits, la démarche est coûteuse, les véhicules souvent vieillissants ne sont en outre pas forcément bien remplis. Ainsi, les circuits courts alimentaires ne sont ainsi pas toujours aussi vertueux qu’espéré.

L’idée de la mutualisation des CCAP est de mettre en place des organisations mutualisées pour acheminer les récoltes vers les villes de façon professionnalisée. Plus matures que les microhubs, les structures porteuses de ce schéma, nées il y a une vingtaine d’années, connaissent déjà de nombreux succès. Elles impliquent toutefois de prendre en compte beaucoup de critères : le type de consommateurs (entreprises ou particuliers), la complexité du circuit court, l’internalisation ou non des opérations logistiques, le support de mutualisation (matériel ou plate-forme virtuelle)…

La principale difficulté relevée par l’étude est de convaincre les producteurs de changer leurs habitudes et d’identifier la structure qui va se charger de cette organisation. Une association de producteurs ? La collectivité ? La Chambre d’agriculture ?

À cet égard, un projet prometteur mené par le Département de l’Aveyron a été retenu comme lauréat de l’appel à projets de l’Ademe : il associe la Chambre d’agriculture, les collectivités partenaires et les programmes alimentaires territoriaux (PAT) pour créer une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) qui aura pour objet d’optimiser la logistique des circuits courts à l’échelle du département, au travers du ramassage mutualisé et de la distribution optimisée.

L’approche, à l’échelle d’un département entier, permet d’envisager des gains d’efficacité et d’échelle assez importants, tout en facilitant le recours à ces offres par les acteurs locaux.

Quel rôle pour les collectivités ?

L’analyse rétrospective de ces trois options de décarbonation de la livraison a mis en évidence la nécessité, pour que ces solutions fonctionnent :

  • d’un modèle économique robuste,

  • d’une localisation stratégique,

  • d’une bonne coordination entre parties prenantes,

  • d’un soutien réglementaire et financier,

  • et d’un bon usage des outils numériques et des plates-formes collaboratives.

Elle souligne aussi que ces solutions ont toutes besoin, pour fonctionner, d’être encouragées par une volonté politique plus forte des collectivités. Laisser s’organiser des acteurs privés entre eux ne suffira pas, la coopération entre collectivités, transporteurs, commerçants et citoyens est déterminante pour l’adhésion et l’acceptabilité de ces projets.

Ce rôle des collectivités peut prendre différentes formes. Elles peuvent accompagner des projets en facilitant l’accès au foncier, en incitant à la mutualisation des flux, en mettant en place des leviers réglementaires et en intégrant ces infrastructures dans la planification urbaine.

Les collectivités peuvent également développer des incitations économiques et fiscales, pour soutenir les initiatives locales et encourager les transporteurs à utiliser ces infrastructures.

Elles peuvent enfin améliorer la collecte et le partage des données sur les flux logistiques, afin d’optimiser la planification et le suivi des performances environnementales et économiques.

À Padoue, en Italie, un péage urbain a par exemple été mis en place pour les véhicules de marchandises. Livrer dans la ville exige une licence et, en parallèle, un opérateur municipal, exonéré du péage urbain, a été mis en place. Les acteurs économiques ont ainsi le choix entre payer le péage ou passer par cet acteur municipal. En France, la ville de Chartres a elle aussi limité l’accès au centre-ville pour les véhicules de livraison et a créé une solution locale.

The Conversation

Tristan Bourvon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

28.04.2025 à 17:00

Protéger l’agriculture française face aux risques climatiques

Philippe Delacote, Directeur de recherche en économie à l'INRAE et Chaire Economie du Climat, Inrae

Seuls 30 % des surfaces agricoles sont couvertes par les assurances en cas de crise climatique. Pour répondre au défi de la vulnérabilité, il faut se concentrer sur la recherche de résilience.
Texte intégral (1555 mots)

Seuls 30 % des surfaces agricoles sont couvertes par les assurances en cas de crise climatique. Pour répondre au défi de la vulnérabilité, les stratégies individuelles comme les politiques publiques doivent se concentrer sur la recherche de résilience.

Cet article est publié en partenariat avec Mermoz, la revue du Cercle des économistes dont le numéro 6 a pour objet, « Le système alimentaire à l’heure des choix ».


Le changement climatique a des impacts multiples sur de nombreux secteurs d’activité, tant dans les pays industrialisés que dans les pays du Sud. Ces impacts résultent non seulement de l’augmentation des températures moyennes, mais aussi de la fréquence et de l’intensité accrues des événements météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses et les tempêtes. L’agriculture, en particulier, est fortement concernée.

Ainsi, en 2024, le ministère de l’agriculture indique que la production des céréales à paille en France a subi une baisse de 22 % par rapport aux cinq années précédentes, en raison de conditions climatiques extrêmes. Des études menées par Maxime Ollier et ses coauteurs ont démontré que les risques climatiques affectent de manière hétérogène les secteurs agricoles, en fonction des systèmes de production et de la localisation des exploitations.

Un taux de couverture de l’assurance récolte limité

Le réflexe naturel qui vient à l’esprit quand on parle de risque est d’envisager la couverture assurantielle. Ainsi il existe une offre d’assurance « multirisque récolte », qui, en théorie, devrait couvrir les acteurs contre les chocs liés au climat. Or, plusieurs facteurs limitent la portée de cette solution. En effet, le taux de couverture de l’assurance récolte est aujourd’hui limité en France : seuls 30 % des surfaces agricoles sont couvertes.


À lire aussi : Et si l’assurance verte pouvait aider à réduire les produits phytosanitaires dans les vignobles...


Les travaux de thèse de Richard Koenig ont montré que, malgré un taux de subvention important, le montant des franchises est un frein important à la souscription, ainsi que les délais de versement de la subvention. Or, la branche assurance récolte présente un déficit important, avec un rapport sinistre sur prime structurellement supérieur à 100 %. On peut donc en déduire que le rôle joué par les assurances récolte dans la protection des agriculteurs français sera certes utile, mais limité.

Face à ces multiples chocs et à l’impossibilité de l’assurance de couvrir l’ensemble de ces risques, la vulnérabilité des exploitants agricoles est une question centrale. Cette vulnérabilité peut être définie selon trois critères : l’exposition, la résistance et le rétablissement. L’exposition fait référence au fait que certains secteurs ou zones géographiques sont particulièrement concernés par les chocs liés au changement climatique. La résistance correspond à la capacité des agriculteurs à absorber ces chocs. Enfin, le rétablissement évoque leur aptitude à se relever après ces perturbations. Il est donc essentiel de comprendre dans quelle mesure ces impacts dépendent du contexte socio-économique local et des caractéristiques des acteurs concernés.

Sobriété, agilité et protection

Dans ce contexte, où l’agriculture est l’un des secteurs les plus affectés par le changement climatique, il est crucial que les stratégies individuelles et les politiques publiques se concentrent sur la recherche de résilience. Cet objectif peut être décliné selon trois grands principes : sobriété, agilité et protection. Premièrement, l’agriculture doit évoluer vers une utilisation plus sobre des ressources, notamment en réduisant la dépendance aux énergies fossiles et aux intrants chimiques. En effet, le secteur agricole contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre – 18,7 % des émissions françaises, selon le Citepa – et joue un rôle dans la dégradation des écosystèmes et de la qualité de l’eau. Or, le climat et les écosystèmes sont les socles sur lesquels repose l’activité agricole ; il n’y aura donc pas d’adaptation possible sans un effort d’atténuation sans précédent. Cela implique le développement de pratiques agroécologiques, telles que l’agroforesterie, et l’optimisation de l’usage de l’eau, comme le choix de cultures moins dépendantes des apports en eau.

Deuxièmement, l’agilité se manifeste au niveau des systèmes de production, en favorisant la diversification des cultures et des pratiques, mais aussi au niveau des chaînes de valeur, par la diversification des sources d’approvisionnement et des débouchés. Il est important que l’ancrage local soit renforcé, tout en maintenant des liens de partenariats plus éloignés, afin de diversifier les risques non seulement climatiques, mais aussi géopolitiques ou épidémiologiques. La recherche de partenariats de long terme, qui permettent de construire la confiance, est également préférable à une recherche court-termiste du mieux-disant.


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Enfin, la protection des plus vulnérables nécessite d’abord leur identification, puis la priorisation de certaines politiques publiques en leur faveur. On peut penser ici à un ciblage plus important des politiques d’aides à la transition écologique ou à l’accès aux assurances récolte.

Un coût de 4 milliards d’euros par an pour l’inaction

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ces réflexions sur la résilience des acteurs et des systèmes agricoles. Tout d’abord, la priorité doit être donnée à la lutte contre le changement climatique et la dégradation des écosystèmes. Bien que l’action en faveur de la protection de l’environnement puisse engendrer des coûts, l’inaction entraînera des coûts nettement supérieurs, en particulier pour les secteurs agricoles. Le coût du changement climatique se fait déjà durement ressentir dans certains secteurs ou régions. L’impact global du changement climatique sur le secteur agricole et de l’agroalimentaire français a été estimé par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux à plus de 4 milliards d’euros par an d’ici à 2050, soit un peu plus de 4 % du PIB agricole. Or, chaque tonne de gaz à effet de serre supplémentaire ne fera qu’accroître ces coûts et les défis associés. Enfin, il est indispensable que les stratégies d’adaptation et d’atténuation soient complémentaires : des stratégies d’adaptation qui auraient comme conséquence la hausse des émissions de gaz à effet de serre et des pressions supplémentaires sur des écosystèmes ne peuvent qu’être néfastes à long terme.

France 24 – 2024.

Un but contre leur camp

L’agroécologie, dont le fondement est d’utiliser les solutions fondées sur le fonctionnement des écosystèmes pour répondre aux problèmes posés aux agriculteurs, va dans ce sens d’une recherche de synergie entre adaptation et atténuation.

Au total, il apparaît que les actions de certains acteurs contre les politiques environnementales agissent comme un but contre leur camp. En faisant mine de défendre les intérêts des secteurs agricoles, ces actions amplifient au contraire les problèmes auxquels sont confrontés de nombreux acteurs du monde agricole.

Les politiques de protection de l’environnement ne sont pas parfaites, et les exploitants agricoles doivent être consultés pour améliorer leur mise en œuvre. Il est cependant indispensable de les accentuer, et d’affirmer qu’il n’existera pas de protection durable de l’agriculture sans la protection et la restauration des écosystèmes sur lesquels ces activités reposent.


Cet article est publié en partenariat avec Mermoz, la revue du Cercle des économistes dont le numéro 6 a pour objet « Le système alimentaire à l’heure des choix ». Vous pourrez y lire d’autres contributions. Le titre et les intertitres ont été produits par la rédaction de The Conversation France.

The Conversation

Philippe Delacote a reçu des financements de Chaire Economie du Climat.

24.04.2025 à 17:49

Vaches à lait, vaches à viande : ce qu’il faudrait changer pour notre santé et notre environnement

Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae

Changer l’alimentation des vaches, privilégier certaines races plus que d’autres, consommer moins de bœuf mais manger des viandes plus diverses… Les marges de progression sont nombreuses.
Texte intégral (2297 mots)

Changer l’alimentation des vaches, privilégier certaines races plus que d’autres, revaloriser le pâturage, consommer moins de bœuf, mais manger des viandes plus diverses… Les marges de progression sont nombreuses.


Depuis quelques années, les excès de consommation de viande sont montrés du doigt du fait de leurs impacts sur la santé et l’environnement. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas des produits laitiers comme les fromages. Pour faire face à ces enjeux environnementaux et sanitaires, mais aussi pour accroître notre souveraineté alimentaire, que nous disent les études scientifiques ? Comment peuvent-elles nous aider à réorganiser l’élevage pour le rendre plus durable, du champ jusqu’à l’assiette ?

Réduire notre consommation pour la planète et notre santé

Commençons par un état des lieux, en France, notre apport en protéines provient pour deux tiers des produits animaux et pour un tiers des produits végétaux. Il est en moyenne excédentaire d’au moins 20 % par rapport aux recommandations. Les bovins fournissent enfin la moitié de notre consommation de protéines animales sous forme de viandes et de laitages, le reste provenant surtout des porcs et volailles et très secondairement des brebis et chèvres.

Les recherches convergent vers une réduction nécessaire de moitié en moyenne de la consommation de viande, principalement du fait de l’augmentation de risques de cancers. Nous devrions également, d’après l’état des connaissances scientifiques, réduire notre consommation de produits laitiers mais dans une moindre mesure.

Ces réductions sont aussi encouragées par l’actuel plan national nutrition santé. Il est maintenant montré par des études épidémiologiques et des modélisations que de tels changements dans la composition de notre assiette auraient des effets bénéfiques sur notre santé (réduction du risque de maladies chroniques). Cela permettrait aussi de réduire l’impact environnemental de notre alimentation avec moins d’émissions de gaz à effet de serre, de méthane notamment qui constitue 40 % des émissions de l’agriculture, mais aussi moins de nitrates dans l’eau et d’ammoniac dans l’air.

Remplacer une partie des protéines animales par des protéines végétales, des légumineuses (lentilles, pois chiche…), rendrait aussi notre alimentation plus riche en fibres dont nous manquons cruellement. En outre, consommer plus de légumineuses permettrait de diversifier les productions végétales, un levier clef pour l’agroécologie.

Réduire notre consommation de viande ne semble de plus pas aberrant d’un point de vue historique, car celle-ci a été multipliée par deux en un siècle (passant de 42 kg par an et par habitant en 1920 à 85 kg en 2020), et elle a augmenté de plus de 50 % depuis les années 1950.

Diversifier notre consommation

Par ailleurs, notre façon de manger de la viande a changé : aujourd’hui, plus de la moitié de la viande de bovin consommée est sous forme de burger ou de viande hachée, souvent dans des plats préparés, qui sont considérés comme des « bas morceaux ». Or ces produits sont majoritairement issus de races de vaches laitières (Holstein) en fin de carrière dont le prix est attractif. Ce mode de consommation est donc défavorable aux filières de races de vaches à viandes (Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine).

Le succès des steaks hachés et des burgers à bas prix est même tel que l’on se retrouve à importer l’équivalent 30 % de notre consommation de viande de bovin. Il en résulte d’une part une baisse de souveraineté alimentaire et d’autre part un déclassement des pièces nobles des races à viande, fragilisant ainsi les élevages de race à viande. Pour faire face à ces dérives, il serait plus judicieux de consommer moins de viande, mais tous les types de viande à l’échelle d’une année.

Modifier les pratiques d’élevage pour la santé et l’environnement

Si l’on regarde maintenant du côté des protéines contenues dans la viande bovine et les produits laitiers, une autre marge de progression est aussi possible. Elle concerne l’alimentation des animaux et son impact sur la composition des produits que nous consommons.

Les produits animaux fournissent des protéines de qualité car ils sont équilibrés en acides aminés. Ils contiennent aussi des acides gras poly-insaturés, indispensables à notre santé dont notre alimentation est très déficitaire. C’est le cas des oméga-3 dont le rôle anti-inflammatoire réduit le risque des maladies chroniques : diabète, cancers, maladies cardio-vasculaires…

Cependant, la composition du lait et de la viande en oméga-3 sont très dépendantes du mode d’alimentation des animaux. Une alimentation à l’herbe (pâturage, ensilage, foin) permet d’environ doubler la teneur du lait en oméga-3, en comparaison d’une alimentation de type maïs-soja, et permet ainsi de réduire significativement notre déficit en ce nutriment.

Le lait et la viande issus d’animaux nourris à l’herbe contribuent donc à une alimentation anti-inflammatoire. Cependant en France, seulement 1/3 du lait est issu d’une alimentation à l’herbe, qu’il s’agisse de pâturage, de foin ou d’ensilage d’herbe. L’élevage bio se distingue sur ce point car l’alimentation à l’herbe est privilégiée pour des raisons économiques. Mais cette différence de composition des produits reste encore mal connue du consommateur, qui pourra également privilégier le lait le moins cher, issu d’un élevage où les vaches ne pâturent pas ou peu.

Les prairies présentent en outre l’atout d’avoir des stocks de carbone importants dans les sols, si bien que les retourner pour les transformer en terres agricoles comme cela a été souvent fait correspond à une déforestation. Faire paître des vaches est donc un moyen de conserver les prairies. D’autre part, lorsqu’elles sont bien réparties dans les paysages, les prairies jouent un rôle d’infrastructure écologique permettant de réduire les pesticides. Lorsqu’elles sont en rotation avec les cultures (prairies temporaires avec légumineuses), elles permettent également de réduire le recours aux engrais azotés de synthèse.

Bien que les prairies constituent à l'origine la base de l’alimentation des vaches, en particulier pour les races à viande, leur contribution n’a cessé de baisser au cours des cinquante dernières années ; car l’apport de céréales (maïs ensilage, blé), et d’oléoprotéagineux (soja) dans leur alimentation était le moyen le plus facile d’augmenter la production par animal et par hectare. Cependant, les vaches et leurs descendances utilisent 3,7 millions d’hectares de terres arables dédiés à la production de ces céréales et de ce soja qu’il conviendrait d’utiliser à d’autres fins.

Des vaches qui pâturent plus permettraient également d’agir sur une des principales pollutions de l’élevage : les pertes importantes d’azote et de phosphore dans l’environnement du fait d’importations massives de protéines (soja) et d’une trop forte concentration géographique des élevages (par exemple en Bretagne).

Si, à l’échelle locale, on imagine que des éleveurs échangent le fumier riche en azote et en phosphore avec des agriculteurs qui pourraient eux, leur donner en retour les ratés de cultures pour nourrir les animaux, tout le monde pourrait être gagnant. Les agriculteurs auraient ainsi accès à des apports en azote et phosphore nécessaires à la croissance des cultures et pourraient ainsi réduire l’utilisation d’engrais, les agriculteurs eux, bénéficieraient d’une source d’alimentation à faible coût et locale pour leur bête.

Réorganiser les filières, du champ à l’assiette

Une autre évolution qui permettrait à l’élevage d’être plus durable concerne le changement de type de races bovines que l’on trouve en France. Il y a aujourd’hui 3,5 millions de vaches à viande contre 3,3 millions de vaches laitières. Or les recommandations pour la santé portent bien plus sur la réduction de la consommation de viande que de produits laitiers.

De même, on sait que la viande issue des troupeaux laitiers (vaches laitières de réformes) est bien moins impactante que celle issue de troupeaux à viande puisqu’à l’échelle de la carrière de la vache, les émissions de gaz à effet de serre sont réparties entre le lait et la viande.

Cela montre l’intérêt de favoriser des races mixtes produisant du lait et de la viande (comme la race normande) ou de croiser une race à viande (Angus) avec une race laitière. La viande devient alors un co-produit du lait permettant de satisfaire nos besoins.

Mais une telle orientation est bloquée par le choix fait en France où, lors de l’abandon des quotas laitiers, de nombreux troupeaux laitiers ont été convertis en troupeaux à viande (dit allaitants) avec des races spécialisées. Il en résulte un élevage spécialisé uniquement pour la viande, devenu très vulnérable : des races lourdes, coûteuses à entretenir et à nourrir et dont une partie de veaux mâles est engraissée en taurillons, une viande jeune, peu prisée par le consommateur français. La plupart de nos voisins de l’UE ont eux bien moins de vaches allaitantes et font de la viande à partir du troupeau laitier (veaux, génisses, vaches de réforme), donc à moindre coût en gaz à effet de serre et en euros.

Construire un nouveau pacte sociétal

Toutes ces données montrent la nécessité de fortes évolutions dans notre système alimentaire. En agriculture, il s’agit d’aller vers des races mixtes produisant du lait et de la viande, et de plus laisser pâturer les vaches pour valoriser les atouts des prairies qui représentent 40 % de la surface agricole. De manière concomitante, il faudrait aussi réduire significativement notre consommation de viande en privilégiant la diversité des pièces de viande, et un peu aussi celle de produits laitiers.

Ces orientations sont nécessaires pour relever trois grands défis : celui de notre santé, de notre environnement, mais aussi de notre souveraineté alimentaire. Elles permettraient en effet d’une part de réduire les importations de soja, mais aussi de viande qui résultent entre autres d’une faible baisse de consommation en comparaison d’une forte diminution de la production, et d’autre part d’allouer les terres arables libérées à des cultures stratégiques comme les légumes et légumineuses que nous ne consommons pas suffisamment et que nous importons massivement.

Pour construire ce pacte sociétal, il importe :

  • de sensibiliser tous les acteurs aux coûts cachés de l’alimentation : excès de la consommation de viande, présence de trop d’élevages sans lien au sol du fait d’une faible autonomie protéique.

  • de s’appuyer sur des évaluations multi-critères à même de prendre en compte les impacts négatifs de l’élevage tout autant que les services environnementaux fournis principalement par les prairies. Ceci nécessite aussi une meilleure rémunération des éleveurs par le citoyen et le consommateur pour la valeur santé des produits et les services environnementaux fournis. Mais pour cela, il faudrait s’assurer de la traçabilité des produits issus de ces élevages vertueux.

The Conversation

Michel Duru est membre des conseils scientifiques de Bleu Blanc Coeur et de Pour une Agriculture Du Vivant.

24.04.2025 à 12:34

Près d’un tiers des champignons recensés sont menacés d’extinction

Coline Deveautour, Enseignante-Chercheuse en Ecologie microbienne des sols, UniLaSalle

Les champignons ne sont ni des plantes ni des animaux, mais ils sont aussi menacés. Cette réalité reste difficile à évaluer avec précision, car les champignons demeurent, à bien des égards, très énigmatiques.
Texte intégral (2822 mots)
Quelques-uns des champignons présents en France, considérés comme en danger par la liste rouge des espèces menacées. De gauche à droite : bolet rubis (_Chalciporus rubinus_), lactaire des saules réticulés (_Lactarius salicis-reticulatae_), bolet des sables (_Gyroporus ammophilus_), bolet de plomb (_Imperator torosus_), tricholome brûlant (_Tricholoma aestuans_), bolet rose pastel (_Rubroboletus pulchrotinctus_). Wikicommons, CC BY

Combien de champignons sont menacés d’extinction ? Pour répondre à cette question il faut vite en poser plusieurs autres : combien y a-t-il d’espèces de champignons en tout ? Qu’est-ce qu’un champignon, au juste ?

Et de découvrir, au passage, le monde aussi mystérieux que fascinant de ce règne ni végétal ni animal.


Les champignons sont partout et pourtant si mal connus. Ce ne sont ni des plantes ni des animaux. Ainsi, à côté du règne végétal et du règne animal, ils forment leur propre règne qui abrite une grande richesse d’espèces et de formes de vie. Ils jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement des écosystèmes et pour l’être humain. Beaucoup de champignons participent par exemple à la décomposition de la matière organique, qui permet le recyclage de la matière en rendant les nutriments à nouveau accessibles aux plantes.

Un grand nombre d’entre eux s’associent également à des plantes en échangeant directement des nutriments pour un bénéfice mutuel. D’autres sont comestibles ou sont utilisés pour la production de boissons et d’aliments grâce à la fermentation. Certains ont même la capacité d’extraire des polluants du sol par un processus que l’on nomme bioremédiation ou mycoremédiation.

La diversité est reine dans le règne des champignons. Wikimedia, CC BY

Dire combien d’espèces de champignons existent est une tâche difficile, car une grande partie n’est pas visible à l’œil nue. Beaucoup ne sont pas cultivables en laboratoire, ce qui rend encore plus complexe leur identification et description. Aujourd’hui, on connaît 155 000 espèces, mais certaines études estiment cependant qu’entre 2 millions et 4 millions d’espèces de champignons restent encore à découvrir et à identifier.

Un champignon, c’est quoi ?

Mais un champignon, qu’est-ce que c’est au juste ? Vaste question ! Le mot « champignon » est en fait souvent associé à l’image de la structure sortant du sol, avec son pied et son chapeau, ou accolée à un arbre, en forme d’oreille. Cependant, la majorité des espèces fongiques ne produisent pas ce type de structures. Chez les espèces qui en sont dotées, cette partie du champignon contient les spores sexuées. Son nom savant est le « sporophore ». En anglais, cette distinction apparaît, puisqu’il existe deux mots distincts : « mushroom », qui décrit les sporophores, soit donc cette partie présente sur certains champignons, et « fungus » qui décrit toutes les espèces appartenant à la classe Fungi.

Le reste du corps du champignon est rarement visible et il est bien particulier. C’est un réseau microscopique formé d’hyphes. Ces hyphes sont des cellules très allongées qui forment des sortes de tunnels de quelques microns de diamètre. Leur ensemble ramifié, nommé « mycélium », se développe dans le substrat sur lequel il pousse (dans le sol, sur le bois, sur les feuilles mortes…) pour y chercher et en extraire des nutriments.

Un champignon est donc un organisme unicellulaire (comme les levures) ou pluricellulaire qui se caractérise par une paroi cellulaire contenant de la chitine et des cellules reproductives (qu’on appelle spores) non mobiles.

Ce n’est pas une plante pour de nombreuses raisons : les champignons ne font pas de photosynthèse et n’ont pas de sève. La paroi cellulaire des plantes est composée de cellulose, et non de chitine.


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S’intéresser aux champignons, c’est entrer dans l’infiniment petit mais aussi l’infiniment grand. Ainsi, à la fin des années 1980, des scientifiques découvraient en Oregon (nord-ouest des États-Unis) un spécimen d’Armillaria gallica vieux de près de 2 500 ans dont le mycélium s’étend sur plus de 37 hectares.

Diversité morphologique de plusieurs champignons marins. Wikimedia, CC BY

Une liste rouge qui s’allonge

Pour savoir maintenant combien de champignons sont menacés, il faut regarder du côté de la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). C’est l’inventaire le plus complet, répertoriant les espèces et leur état de conservation. Sa première édition est publiée en 1964. Elle ne comporte alors que des mammifères et des oiseaux rares.

Concernant les champignons en France, il faudra attendre 2024 pour que le premier inventaire des champignons menacés soit publié par le comité français de l’UICN.

Le 27 mars dernier, la liste rouge mondiale a, elle, été actualisée pour inclure le statut de 1 300 espèces de champignons. Nous sommes loin des 155 000 espèces connues, mais les premières évaluations restent préoccupantes avec 411 espèces de champignons menacées d’extinction, soit près d’un tiers des espèces recensées.

Bien que ce nombre soit important, il est primordial de rappeler que, dû au manque d’informations, les espèces qu’on a estimées les plus vulnérables ont été répertoriées en premier afin de faciliter le développement de projets de conservation.

Certaines de ces espèces sont rares, et n’ont été détectées que dans des zones géographiques très restreintes. En France hexagonale et en Corse, la liste rouge s’étend à 79 espèces qui sont menacées et 39 espèces sous le statut de « quasi menacées ». Cette liste inclut des lichens, dont Buellia asterella, classée en danger critique, qui n’a pas été repérée sur le territoire depuis 1960. On retrouve aussi des champignons décomposeurs, comme c’est le cas de Laccariopsis mediterranea qui pousse dans les dunes côtières de la Méditerranée et dont les populations sont en fort déclin (d’approximativement 30 %, ces trente dernières années).

Des espèces forment des relations symbiotiques avec les plantes : les plantes fournissent des sucres issus de la photosynthèse, tandis que les champignons apportent des nutriments provenant du sol. Ces espèces sont aussi menacées ; par exemple, Cortinarius prasinocyaneus, champignon associé au chêne et au charme. En France, il est uniquement répertorié sur cinq sites.

Des menaces bien identifiées, les répercussions beaucoup moins

Si le monde des champignons reste à beaucoup d’égards mal connu, tout comme le nombre exact d’espèces vulnérables, une chose reste quant à elle certaine : les menaces qui pèsent sur ces espèces sont bien identifiées. On trouve le changement dans l’utilisation des terres, notamment avec la destruction d’habitats et la déforestation, les pollutions liées à l’urbanisation et à l’agriculture (fertilisation déraisonnée et pesticides). Le changement climatique s’additionne maintenant aux autres menaces qui pèsent sur les champignons.

Leur perte pourrait entraîner des modifications dans le fonctionnement des écosystèmes. De nombreux champignons participent à la décomposition, un processus important dans le cycle des nutriments. Dans le cas des espèces qui forment des relations symbiotiques avec les plantes, ces associations peuvent être très spécifiques avec des champignons ne pouvant s’associer qu’avec une ou deux espèces d’arbres. C’est le cas de Geomorium gamundiae, en Argentine et de Destuntzia rubra, en Chine et au Japon, des espèces en danger critique d’extinction à cause de la déforestation menaçant leur plante hôte.

Mais l’inverse pourrait également se produire : si le champignon était menacé, cela entraînerait des conséquences néfastes pour leur hôte.

La conservation des champignons : encore du chemin à faire

Contrairement à la faune et à la flore, il n’existe pas de plan de conservation pour les espèces fongiques.

Les connaissances sur ces organismes étant trop limitées pour qu’ils fassent partis des lois environnementales quand celles-ci ont émergé, ils ont été les grands oubliés des projets de conservation. Actuellement, le seul rempart de protection pour ces espèces est la protection et la conservation des habitats, par des directives tel que le réseau Natura 2000 dans l’Union européenne.

Des initiatives existent cependant pour promouvoir la recherche, la connaissance et l’inclusion des champignons dans la législation. De par leur ubiquité et leurs rôles dans l’écosystème, les champignons forment un règne tout aussi important que les plantes ou les animaux.

Il est donc primordial de les prendre en compte pour protéger les écosystèmes en intégrant la faune, la flore… et la fonge.

The Conversation

Coline Deveautour ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

23.04.2025 à 16:23

Stocker les grains en consommant moins d’énergie : et si le passé éclairait le futur ?

Anna Valduriez, Cheffe de projet de recherche participative: stockage de denrées alimentaires (pour le futur, à partir de méthodes ancestrales), Inrae

Dominique Desclaux, Chercheure en Agronomie et Génétique, Inrae

Jean-Michel Savoie, chercheur, Inrae

Marie-Françoise Samson, Chercheuse en biochimie alimentaire, Inrae

Maxime Guillaume, chercheur, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)

Tanguy Wibaut, chercheur, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)

Les menaces climatiques et géopolitiques invitent à repenser le stockage des grains et denrées de demain, en réexaminant notamment les techniques du passé.
Texte intégral (2438 mots)
Dès le Néolithique, l’humanité a pratiqué le stockage souterrain et en grenier, et ce, de manière individuelle ou collective. Marc Wieland/Unsplash, CC BY-SA

Les menaces climatiques et géopolitiques invitent à repenser le stockage des grains et autres denrées de demain, en réexaminant notamment les techniques du passé. Du stockage souterrain au silo en passant par le grenier, les pratiques qui ont existé en région méditerranéenne, du Néolithique à nos jours, peuvent nous éclairer sur la façon d’envisager le stockage des aliments à l’avenir.


Pourquoi stocker ? Qu’il s’agisse de denrées alimentaires, de données, ou d’énergie, la réponse est la même, « pour conserver de manière organisée, sécurisée, accessible ». Pour certains, stockage rime avec sécurisation, pour d’autres, avec spéculation. Dans tous les cas, lorsqu’il requiert des conditions particulières de température et d’hygrométrie, le stockage est énergivore.

Dans le cas des aliments, il est recommandé de les stocker à faible température pour limiter la prolifération de bactéries et autres microorganismes. Ainsi, la consommation électrique moyenne d’un réfrigérateur domestique (300 à 500 kWh/an) représente le quart des dépenses en énergie des ménages. Et si c’est le cas pour les ingrédients que nous conservons à la maison, les besoins à grande échelle du côté des producteurs sont d’autant plus importants.

Ici, c’est du stockage des grains (céréales et oléoprotéagineux), qui constituent la base de notre alimentation, dont il est question. Le stockage en région méditerranéenne, du Néolithique à nos jours, peut-il nous éclairer sur la façon d’envisager le stockage du futur ?

Le stockage, une pratique issue du Néolithique

Dès le Néolithique, l’humanité a pratiqué le stockage souterrain et en grenier, et ce, de manière individuelle ou collective. Cette méthode reste active ponctuellement dans certaines régions du monde, comme au Soudan, ou encore au Maroc et en Tunisie.

Schéma en coupe d’un silo souterrain expérimental en cours d’utilisation sur le site de l’Inrae à Alenya (Pyrénées-Orientales). Projet SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013. DAO C. Dominguez, Fourni par l'auteur

En France, malgré quelques variations liées aux périodes et zones géographiques, ces silos enterrés ont généralement été creusés sous forme d’ampoule à la taille variable, que les archéologues de l’Inrap retrouvent régulièrement, notamment sur les sites médiévaux de Thuir (Pyrénées-Orientales), de Pennautier et de Montréal (Aude).

Silo souterrain expérimental, vu du dessus, en cours de fermeture. Trois capteurs sont immergés dans le grain pour contrôler à terme l’évolution de la température et de l’hygrométrie. Tanguy Wibaut, Fourni par l'auteur

C’est vers la fin du Moyen Âge que le stockage souterrain est délaissé en France au profit du grenier à grains. Les explications à cette évolution restent de l’ordre de l’hypothèse : l’une d’elles tient à une centralisation du pouvoir nécessitant un contrôle des quantités de blé et autres céréales que ne permet pas le silo enterré.

C’est seulement au XIXe siècle que la curiosité pour la méthode du stockage souterrain réapparaît et fait l’objet de nouvelles études par les agronomes.

Cet élan a toutefois été freiné par le contexte de la Première Guerre mondiale. Au début des années 1930, la crise de surproduction du blé donne naissance aux coopératives et au système de marché de négoce pour réguler la production.

Une partie des récoltes de blé est ainsi livrée aux centres de stockage coopératifs par les producteurs afin d’assurer l’échelonnage des ventes et la stabilisation du marché. Ce sont les premiers grands silos industriels, qui se développent surtout dans les années 1950.

Des silos de plus en plus sophistiqués

Désormais, les grains sont majoritairement apportés après récolte à des organismes stockeurs, mais on estime en France que 53 % des agriculteurs stockent également à la ferme.

Le stockage devant garantir une bonne conservation du grain, température et humidité sont contrôlées dans les silos : ce contrôle passe le plus souvent par la ventilation, mais aussi par refroidissement forcé afin d’éviter la prolifération d’insectes et de moisissures. Des insecticides autorisés sont souvent appliqués dès la réception des récoltes et un gazage des grains à la phosphine (PH3) est parfois pratiqué, sous conditions très sécurisées, pour prévenir les invasions d’insectes.


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En béton ou en métal, cylindriques ou rectangulaires, les silos visibles dans le Midi de la France varient en taille et en capacité : d’une hauteur de 25 à 30 mètres, ils peuvent accueillir de 200 à 12 000 tonnes par cellule.

Le plus haut silo du monde, Swissmill, est situé à Zurich : de 118 mètres de haut, il peut abriter 40 000 tonnes de blé. Plus les silos sont massifs, plus les besoins énergétiques pour assurer leur remplissage et leur ventilation sont conséquents… Ce que la hausse des températures n’arrange pas, engendrant un besoin en ventilation quasi continu. Une consommation d’énergie qui vient se surajouter aux impacts environnementaux liés au transport des céréales au long de la chaîne de production.

Certains agriculteurs s’équipent de silos à la ferme, mais nombreux sont ceux qui stockent dans des « big bag », sacs souples de grande contenance (de 500 kg à 2 tonnes) généralement en polypropylène. Sont également développés des « big bag Nox », hermétiques à double couche, qui créent une barrière physique empêchant l’entrée de ravageurs : en parallèle, l’injection de CO2 tue ceux déjà présents en les privant d’oxygène. Dans la même idée, on retrouve les silos hermétiques, qui n’ont connu qu’un faible développement en France en raison de leur coût.

Ces techniques utilisent les mêmes principes de stockage en atmosphère modifiée que ceux qui prévalaient pour les silos souterrains médiévaux.

Le stockage au défi des crises à venir

Changements climatiques, conflits politiques, crises de l’énergie et pandémies menacent la sécurité alimentaire, non seulement en matière de production, mais également de stockage. Ce dernier, s’il est défaillant, est en outre une source importante de gaspillage et de perte de denrées.

C’est de ce constat que découlent les recherches menées par le collectif LocaStock. Différents acteurs y expérimentent ensemble et développent une réflexion prospective autour de la question du stockage des grains et autres aliments.

Ainsi des archéologues tentent de retrouver les techniques de conservation au sein de silos rendus hermétiques. Des producteurs de céréales biologiques testent la pratique du stockage souterrain. En parallèle, des généticiens et agronomes fournissent la diversité génétique, et des pathologistes et biochimistes analysent la qualité sanitaire, nutritionnelle et organoleptique des grains stockés une fois qu’ils sont récupérés après plusieurs mois passés sous terre. Enfin, une régie de quartier défavorisé intéressée par le stockage de denrées alimentaires ainsi qu’un chef de projet facilitant les liens sciences-société sont également associés pour que les enjeux ne soient pas abordés que d’un point de vue uniquement technique.

Ce travail du projet LocaStock vise à imaginer et à expérimenter un stockage résilient des productions agricoles et alimentaires dans des conditions propres, saines, loyales, économes, sans impact sur l’environnement et adaptées au contexte actuel, ainsi qu’à définir dans quelle mesure les techniques ancestrales peuvent contribuer à apporter des réponses aux enjeux du présent et du futur.


Johan Friry de la régie de quartier Garros Services et Axel Wurtz du Biocivam de l’Aude ont contribué à la rédaction de cet article.

Pour participer à cette recherche de solutions résilientes de stockage et de préservation des produits agricoles et des aliments, de la ferme à la table, vous pouvez partager vos expériences et idées utopiques ou dystopiques à l’adresse locastock@mailo.com.

The Conversation

Anna Valduriez a reçu des financements de ANR pour ses recherches dans le projet LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018).

Dominique Desclaux a reçu des financements de l'ANR SAPS pour ses recherches dans le projet Locastock .

Jean-Michel Savoie a reçu des financements de l'ANR pour un projet de recherches multidisciplinaire sur la conservation des grains de céréales dans des silos souterrains (SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013) et pour le projet de Sciences Avec et Pour la Société LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018)..

Marie-Françoise Samson a reçu des financements de l'ANR SAPS pour ses recherches dans le projet LocaStock.

Maxime Guillaume a reçu des financements de l'ANR pour un projet de recherches multidisciplinaire sur la conservation des grains de céréales dans des silos souterrains (SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013) et pour le projet de Sciences Avec et Pour la Société LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018).

Tanguy Wibaut a reçu des financements de l'ANR pour un projet de recherches multidisciplinaire sur la conservation des grains de céréales dans des silos souterrains (SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013) et pour le projet de Sciences Avec et Pour la Société LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018)..

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