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28.04.2025 à 17:00

Protéger l’agriculture française face aux risques climatiques

Philippe Delacote, Directeur de recherche en économie à l'INRAE et Chaire Economie du Climat, Inrae

Seuls 30 % des surfaces agricoles sont couvertes par les assurances en cas de crise climatique. Pour répondre au défi de la vulnérabilité, il faut se concentrer sur la recherche de résilience.
Texte intégral (1555 mots)

Seuls 30 % des surfaces agricoles sont couvertes par les assurances en cas de crise climatique. Pour répondre au défi de la vulnérabilité, les stratégies individuelles comme les politiques publiques doivent se concentrer sur la recherche de résilience.

Cet article est publié en partenariat avec Mermoz, la revue du Cercle des économistes dont le numéro 6 a pour objet, « Le système alimentaire à l’heure des choix ».


Le changement climatique a des impacts multiples sur de nombreux secteurs d’activité, tant dans les pays industrialisés que dans les pays du Sud. Ces impacts résultent non seulement de l’augmentation des températures moyennes, mais aussi de la fréquence et de l’intensité accrues des événements météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses et les tempêtes. L’agriculture, en particulier, est fortement concernée.

Ainsi, en 2024, le ministère de l’agriculture indique que la production des céréales à paille en France a subi une baisse de 22 % par rapport aux cinq années précédentes, en raison de conditions climatiques extrêmes. Des études menées par Maxime Ollier et ses coauteurs ont démontré que les risques climatiques affectent de manière hétérogène les secteurs agricoles, en fonction des systèmes de production et de la localisation des exploitations.

Un taux de couverture de l’assurance récolte limité

Le réflexe naturel qui vient à l’esprit quand on parle de risque est d’envisager la couverture assurantielle. Ainsi il existe une offre d’assurance « multirisque récolte », qui, en théorie, devrait couvrir les acteurs contre les chocs liés au climat. Or, plusieurs facteurs limitent la portée de cette solution. En effet, le taux de couverture de l’assurance récolte est aujourd’hui limité en France : seuls 30 % des surfaces agricoles sont couvertes.


À lire aussi : Et si l’assurance verte pouvait aider à réduire les produits phytosanitaires dans les vignobles...


Les travaux de thèse de Richard Koenig ont montré que, malgré un taux de subvention important, le montant des franchises est un frein important à la souscription, ainsi que les délais de versement de la subvention. Or, la branche assurance récolte présente un déficit important, avec un rapport sinistre sur prime structurellement supérieur à 100 %. On peut donc en déduire que le rôle joué par les assurances récolte dans la protection des agriculteurs français sera certes utile, mais limité.

Face à ces multiples chocs et à l’impossibilité de l’assurance de couvrir l’ensemble de ces risques, la vulnérabilité des exploitants agricoles est une question centrale. Cette vulnérabilité peut être définie selon trois critères : l’exposition, la résistance et le rétablissement. L’exposition fait référence au fait que certains secteurs ou zones géographiques sont particulièrement concernés par les chocs liés au changement climatique. La résistance correspond à la capacité des agriculteurs à absorber ces chocs. Enfin, le rétablissement évoque leur aptitude à se relever après ces perturbations. Il est donc essentiel de comprendre dans quelle mesure ces impacts dépendent du contexte socio-économique local et des caractéristiques des acteurs concernés.

Sobriété, agilité et protection

Dans ce contexte, où l’agriculture est l’un des secteurs les plus affectés par le changement climatique, il est crucial que les stratégies individuelles et les politiques publiques se concentrent sur la recherche de résilience. Cet objectif peut être décliné selon trois grands principes : sobriété, agilité et protection. Premièrement, l’agriculture doit évoluer vers une utilisation plus sobre des ressources, notamment en réduisant la dépendance aux énergies fossiles et aux intrants chimiques. En effet, le secteur agricole contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre – 18,7 % des émissions françaises, selon le Citepa – et joue un rôle dans la dégradation des écosystèmes et de la qualité de l’eau. Or, le climat et les écosystèmes sont les socles sur lesquels repose l’activité agricole ; il n’y aura donc pas d’adaptation possible sans un effort d’atténuation sans précédent. Cela implique le développement de pratiques agroécologiques, telles que l’agroforesterie, et l’optimisation de l’usage de l’eau, comme le choix de cultures moins dépendantes des apports en eau.

Deuxièmement, l’agilité se manifeste au niveau des systèmes de production, en favorisant la diversification des cultures et des pratiques, mais aussi au niveau des chaînes de valeur, par la diversification des sources d’approvisionnement et des débouchés. Il est important que l’ancrage local soit renforcé, tout en maintenant des liens de partenariats plus éloignés, afin de diversifier les risques non seulement climatiques, mais aussi géopolitiques ou épidémiologiques. La recherche de partenariats de long terme, qui permettent de construire la confiance, est également préférable à une recherche court-termiste du mieux-disant.


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Enfin, la protection des plus vulnérables nécessite d’abord leur identification, puis la priorisation de certaines politiques publiques en leur faveur. On peut penser ici à un ciblage plus important des politiques d’aides à la transition écologique ou à l’accès aux assurances récolte.

Un coût de 4 milliards d’euros par an pour l’inaction

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ces réflexions sur la résilience des acteurs et des systèmes agricoles. Tout d’abord, la priorité doit être donnée à la lutte contre le changement climatique et la dégradation des écosystèmes. Bien que l’action en faveur de la protection de l’environnement puisse engendrer des coûts, l’inaction entraînera des coûts nettement supérieurs, en particulier pour les secteurs agricoles. Le coût du changement climatique se fait déjà durement ressentir dans certains secteurs ou régions. L’impact global du changement climatique sur le secteur agricole et de l’agroalimentaire français a été estimé par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux à plus de 4 milliards d’euros par an d’ici à 2050, soit un peu plus de 4 % du PIB agricole. Or, chaque tonne de gaz à effet de serre supplémentaire ne fera qu’accroître ces coûts et les défis associés. Enfin, il est indispensable que les stratégies d’adaptation et d’atténuation soient complémentaires : des stratégies d’adaptation qui auraient comme conséquence la hausse des émissions de gaz à effet de serre et des pressions supplémentaires sur des écosystèmes ne peuvent qu’être néfastes à long terme.

France 24 – 2024.

Un but contre leur camp

L’agroécologie, dont le fondement est d’utiliser les solutions fondées sur le fonctionnement des écosystèmes pour répondre aux problèmes posés aux agriculteurs, va dans ce sens d’une recherche de synergie entre adaptation et atténuation.

Au total, il apparaît que les actions de certains acteurs contre les politiques environnementales agissent comme un but contre leur camp. En faisant mine de défendre les intérêts des secteurs agricoles, ces actions amplifient au contraire les problèmes auxquels sont confrontés de nombreux acteurs du monde agricole.

Les politiques de protection de l’environnement ne sont pas parfaites, et les exploitants agricoles doivent être consultés pour améliorer leur mise en œuvre. Il est cependant indispensable de les accentuer, et d’affirmer qu’il n’existera pas de protection durable de l’agriculture sans la protection et la restauration des écosystèmes sur lesquels ces activités reposent.


Cet article est publié en partenariat avec Mermoz, la revue du Cercle des économistes dont le numéro 6 a pour objet « Le système alimentaire à l’heure des choix ». Vous pourrez y lire d’autres contributions. Le titre et les intertitres ont été produits par la rédaction de The Conversation France.

The Conversation

Philippe Delacote a reçu des financements de Chaire Economie du Climat.

24.04.2025 à 17:49

Vaches à lait, vaches à viande : ce qu’il faudrait changer pour notre santé et notre environnement

Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae

Changer l’alimentation des vaches, privilégier certaines races plus que d’autres, consommer moins de bœuf mais manger des viandes plus diverses… Les marges de progression sont nombreuses.
Texte intégral (2297 mots)

Changer l’alimentation des vaches, privilégier certaines races plus que d’autres, revaloriser le pâturage, consommer moins de bœuf, mais manger des viandes plus diverses… Les marges de progression sont nombreuses.


Depuis quelques années, les excès de consommation de viande sont montrés du doigt du fait de leurs impacts sur la santé et l’environnement. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas des produits laitiers comme les fromages. Pour faire face à ces enjeux environnementaux et sanitaires, mais aussi pour accroître notre souveraineté alimentaire, que nous disent les études scientifiques ? Comment peuvent-elles nous aider à réorganiser l’élevage pour le rendre plus durable, du champ jusqu’à l’assiette ?

Réduire notre consommation pour la planète et notre santé

Commençons par un état des lieux, en France, notre apport en protéines provient pour deux tiers des produits animaux et pour un tiers des produits végétaux. Il est en moyenne excédentaire d’au moins 20 % par rapport aux recommandations. Les bovins fournissent enfin la moitié de notre consommation de protéines animales sous forme de viandes et de laitages, le reste provenant surtout des porcs et volailles et très secondairement des brebis et chèvres.

Les recherches convergent vers une réduction nécessaire de moitié en moyenne de la consommation de viande, principalement du fait de l’augmentation de risques de cancers. Nous devrions également, d’après l’état des connaissances scientifiques, réduire notre consommation de produits laitiers mais dans une moindre mesure.

Ces réductions sont aussi encouragées par l’actuel plan national nutrition santé. Il est maintenant montré par des études épidémiologiques et des modélisations que de tels changements dans la composition de notre assiette auraient des effets bénéfiques sur notre santé (réduction du risque de maladies chroniques). Cela permettrait aussi de réduire l’impact environnemental de notre alimentation avec moins d’émissions de gaz à effet de serre, de méthane notamment qui constitue 40 % des émissions de l’agriculture, mais aussi moins de nitrates dans l’eau et d’ammoniac dans l’air.

Remplacer une partie des protéines animales par des protéines végétales, des légumineuses (lentilles, pois chiche…), rendrait aussi notre alimentation plus riche en fibres dont nous manquons cruellement. En outre, consommer plus de légumineuses permettrait de diversifier les productions végétales, un levier clef pour l’agroécologie.

Réduire notre consommation de viande ne semble de plus pas aberrant d’un point de vue historique, car celle-ci a été multipliée par deux en un siècle (passant de 42 kg par an et par habitant en 1920 à 85 kg en 2020), et elle a augmenté de plus de 50 % depuis les années 1950.

Diversifier notre consommation

Par ailleurs, notre façon de manger de la viande a changé : aujourd’hui, plus de la moitié de la viande de bovin consommée est sous forme de burger ou de viande hachée, souvent dans des plats préparés, qui sont considérés comme des « bas morceaux ». Or ces produits sont majoritairement issus de races de vaches laitières (Holstein) en fin de carrière dont le prix est attractif. Ce mode de consommation est donc défavorable aux filières de races de vaches à viandes (Blonde d’Aquitaine, Charolaise, Limousine).

Le succès des steaks hachés et des burgers à bas prix est même tel que l’on se retrouve à importer l’équivalent 30 % de notre consommation de viande de bovin. Il en résulte d’une part une baisse de souveraineté alimentaire et d’autre part un déclassement des pièces nobles des races à viande, fragilisant ainsi les élevages de race à viande. Pour faire face à ces dérives, il serait plus judicieux de consommer moins de viande, mais tous les types de viande à l’échelle d’une année.

Modifier les pratiques d’élevage pour la santé et l’environnement

Si l’on regarde maintenant du côté des protéines contenues dans la viande bovine et les produits laitiers, une autre marge de progression est aussi possible. Elle concerne l’alimentation des animaux et son impact sur la composition des produits que nous consommons.

Les produits animaux fournissent des protéines de qualité car ils sont équilibrés en acides aminés. Ils contiennent aussi des acides gras poly-insaturés, indispensables à notre santé dont notre alimentation est très déficitaire. C’est le cas des oméga-3 dont le rôle anti-inflammatoire réduit le risque des maladies chroniques : diabète, cancers, maladies cardio-vasculaires…

Cependant, la composition du lait et de la viande en oméga-3 sont très dépendantes du mode d’alimentation des animaux. Une alimentation à l’herbe (pâturage, ensilage, foin) permet d’environ doubler la teneur du lait en oméga-3, en comparaison d’une alimentation de type maïs-soja, et permet ainsi de réduire significativement notre déficit en ce nutriment.

Le lait et la viande issus d’animaux nourris à l’herbe contribuent donc à une alimentation anti-inflammatoire. Cependant en France, seulement 1/3 du lait est issu d’une alimentation à l’herbe, qu’il s’agisse de pâturage, de foin ou d’ensilage d’herbe. L’élevage bio se distingue sur ce point car l’alimentation à l’herbe est privilégiée pour des raisons économiques. Mais cette différence de composition des produits reste encore mal connue du consommateur, qui pourra également privilégier le lait le moins cher, issu d’un élevage où les vaches ne pâturent pas ou peu.

Les prairies présentent en outre l’atout d’avoir des stocks de carbone importants dans les sols, si bien que les retourner pour les transformer en terres agricoles comme cela a été souvent fait correspond à une déforestation. Faire paître des vaches est donc un moyen de conserver les prairies. D’autre part, lorsqu’elles sont bien réparties dans les paysages, les prairies jouent un rôle d’infrastructure écologique permettant de réduire les pesticides. Lorsqu’elles sont en rotation avec les cultures (prairies temporaires avec légumineuses), elles permettent également de réduire le recours aux engrais azotés de synthèse.

Bien que les prairies constituent à l'origine la base de l’alimentation des vaches, en particulier pour les races à viande, leur contribution n’a cessé de baisser au cours des cinquante dernières années ; car l’apport de céréales (maïs ensilage, blé), et d’oléoprotéagineux (soja) dans leur alimentation était le moyen le plus facile d’augmenter la production par animal et par hectare. Cependant, les vaches et leurs descendances utilisent 3,7 millions d’hectares de terres arables dédiés à la production de ces céréales et de ce soja qu’il conviendrait d’utiliser à d’autres fins.

Des vaches qui pâturent plus permettraient également d’agir sur une des principales pollutions de l’élevage : les pertes importantes d’azote et de phosphore dans l’environnement du fait d’importations massives de protéines (soja) et d’une trop forte concentration géographique des élevages (par exemple en Bretagne).

Si, à l’échelle locale, on imagine que des éleveurs échangent le fumier riche en azote et en phosphore avec des agriculteurs qui pourraient eux, leur donner en retour les ratés de cultures pour nourrir les animaux, tout le monde pourrait être gagnant. Les agriculteurs auraient ainsi accès à des apports en azote et phosphore nécessaires à la croissance des cultures et pourraient ainsi réduire l’utilisation d’engrais, les agriculteurs eux, bénéficieraient d’une source d’alimentation à faible coût et locale pour leur bête.

Réorganiser les filières, du champ à l’assiette

Une autre évolution qui permettrait à l’élevage d’être plus durable concerne le changement de type de races bovines que l’on trouve en France. Il y a aujourd’hui 3,5 millions de vaches à viande contre 3,3 millions de vaches laitières. Or les recommandations pour la santé portent bien plus sur la réduction de la consommation de viande que de produits laitiers.

De même, on sait que la viande issue des troupeaux laitiers (vaches laitières de réformes) est bien moins impactante que celle issue de troupeaux à viande puisqu’à l’échelle de la carrière de la vache, les émissions de gaz à effet de serre sont réparties entre le lait et la viande.

Cela montre l’intérêt de favoriser des races mixtes produisant du lait et de la viande (comme la race normande) ou de croiser une race à viande (Angus) avec une race laitière. La viande devient alors un co-produit du lait permettant de satisfaire nos besoins.

Mais une telle orientation est bloquée par le choix fait en France où, lors de l’abandon des quotas laitiers, de nombreux troupeaux laitiers ont été convertis en troupeaux à viande (dit allaitants) avec des races spécialisées. Il en résulte un élevage spécialisé uniquement pour la viande, devenu très vulnérable : des races lourdes, coûteuses à entretenir et à nourrir et dont une partie de veaux mâles est engraissée en taurillons, une viande jeune, peu prisée par le consommateur français. La plupart de nos voisins de l’UE ont eux bien moins de vaches allaitantes et font de la viande à partir du troupeau laitier (veaux, génisses, vaches de réforme), donc à moindre coût en gaz à effet de serre et en euros.

Construire un nouveau pacte sociétal

Toutes ces données montrent la nécessité de fortes évolutions dans notre système alimentaire. En agriculture, il s’agit d’aller vers des races mixtes produisant du lait et de la viande, et de plus laisser pâturer les vaches pour valoriser les atouts des prairies qui représentent 40 % de la surface agricole. De manière concomitante, il faudrait aussi réduire significativement notre consommation de viande en privilégiant la diversité des pièces de viande, et un peu aussi celle de produits laitiers.

Ces orientations sont nécessaires pour relever trois grands défis : celui de notre santé, de notre environnement, mais aussi de notre souveraineté alimentaire. Elles permettraient en effet d’une part de réduire les importations de soja, mais aussi de viande qui résultent entre autres d’une faible baisse de consommation en comparaison d’une forte diminution de la production, et d’autre part d’allouer les terres arables libérées à des cultures stratégiques comme les légumes et légumineuses que nous ne consommons pas suffisamment et que nous importons massivement.

Pour construire ce pacte sociétal, il importe :

  • de sensibiliser tous les acteurs aux coûts cachés de l’alimentation : excès de la consommation de viande, présence de trop d’élevages sans lien au sol du fait d’une faible autonomie protéique.

  • de s’appuyer sur des évaluations multi-critères à même de prendre en compte les impacts négatifs de l’élevage tout autant que les services environnementaux fournis principalement par les prairies. Ceci nécessite aussi une meilleure rémunération des éleveurs par le citoyen et le consommateur pour la valeur santé des produits et les services environnementaux fournis. Mais pour cela, il faudrait s’assurer de la traçabilité des produits issus de ces élevages vertueux.

The Conversation

Michel Duru est membre des conseils scientifiques de Bleu Blanc Coeur et de Pour une Agriculture Du Vivant.

24.04.2025 à 12:34

Près d’un tiers des champignons recensés sont menacés d’extinction

Coline Deveautour, Enseignante-Chercheuse en Ecologie microbienne des sols, UniLaSalle

Les champignons ne sont ni des plantes ni des animaux, mais ils sont aussi menacés. Cette réalité reste difficile à évaluer avec précision, car les champignons demeurent, à bien des égards, très énigmatiques.
Texte intégral (2822 mots)
Quelques-uns des champignons présents en France, considérés comme en danger par la liste rouge des espèces menacées. De gauche à droite : bolet rubis (_Chalciporus rubinus_), lactaire des saules réticulés (_Lactarius salicis-reticulatae_), bolet des sables (_Gyroporus ammophilus_), bolet de plomb (_Imperator torosus_), tricholome brûlant (_Tricholoma aestuans_), bolet rose pastel (_Rubroboletus pulchrotinctus_). Wikicommons, CC BY

Combien de champignons sont menacés d’extinction ? Pour répondre à cette question il faut vite en poser plusieurs autres : combien y a-t-il d’espèces de champignons en tout ? Qu’est-ce qu’un champignon, au juste ?

Et de découvrir, au passage, le monde aussi mystérieux que fascinant de ce règne ni végétal ni animal.


Les champignons sont partout et pourtant si mal connus. Ce ne sont ni des plantes ni des animaux. Ainsi, à côté du règne végétal et du règne animal, ils forment leur propre règne qui abrite une grande richesse d’espèces et de formes de vie. Ils jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement des écosystèmes et pour l’être humain. Beaucoup de champignons participent par exemple à la décomposition de la matière organique, qui permet le recyclage de la matière en rendant les nutriments à nouveau accessibles aux plantes.

Un grand nombre d’entre eux s’associent également à des plantes en échangeant directement des nutriments pour un bénéfice mutuel. D’autres sont comestibles ou sont utilisés pour la production de boissons et d’aliments grâce à la fermentation. Certains ont même la capacité d’extraire des polluants du sol par un processus que l’on nomme bioremédiation ou mycoremédiation.

La diversité est reine dans le règne des champignons. Wikimedia, CC BY

Dire combien d’espèces de champignons existent est une tâche difficile, car une grande partie n’est pas visible à l’œil nue. Beaucoup ne sont pas cultivables en laboratoire, ce qui rend encore plus complexe leur identification et description. Aujourd’hui, on connaît 155 000 espèces, mais certaines études estiment cependant qu’entre 2 millions et 4 millions d’espèces de champignons restent encore à découvrir et à identifier.

Un champignon, c’est quoi ?

Mais un champignon, qu’est-ce que c’est au juste ? Vaste question ! Le mot « champignon » est en fait souvent associé à l’image de la structure sortant du sol, avec son pied et son chapeau, ou accolée à un arbre, en forme d’oreille. Cependant, la majorité des espèces fongiques ne produisent pas ce type de structures. Chez les espèces qui en sont dotées, cette partie du champignon contient les spores sexuées. Son nom savant est le « sporophore ». En anglais, cette distinction apparaît, puisqu’il existe deux mots distincts : « mushroom », qui décrit les sporophores, soit donc cette partie présente sur certains champignons, et « fungus » qui décrit toutes les espèces appartenant à la classe Fungi.

Le reste du corps du champignon est rarement visible et il est bien particulier. C’est un réseau microscopique formé d’hyphes. Ces hyphes sont des cellules très allongées qui forment des sortes de tunnels de quelques microns de diamètre. Leur ensemble ramifié, nommé « mycélium », se développe dans le substrat sur lequel il pousse (dans le sol, sur le bois, sur les feuilles mortes…) pour y chercher et en extraire des nutriments.

Un champignon est donc un organisme unicellulaire (comme les levures) ou pluricellulaire qui se caractérise par une paroi cellulaire contenant de la chitine et des cellules reproductives (qu’on appelle spores) non mobiles.

Ce n’est pas une plante pour de nombreuses raisons : les champignons ne font pas de photosynthèse et n’ont pas de sève. La paroi cellulaire des plantes est composée de cellulose, et non de chitine.


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S’intéresser aux champignons, c’est entrer dans l’infiniment petit mais aussi l’infiniment grand. Ainsi, à la fin des années 1980, des scientifiques découvraient en Oregon (nord-ouest des États-Unis) un spécimen d’Armillaria gallica vieux de près de 2 500 ans dont le mycélium s’étend sur plus de 37 hectares.

Diversité morphologique de plusieurs champignons marins. Wikimedia, CC BY

Une liste rouge qui s’allonge

Pour savoir maintenant combien de champignons sont menacés, il faut regarder du côté de la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). C’est l’inventaire le plus complet, répertoriant les espèces et leur état de conservation. Sa première édition est publiée en 1964. Elle ne comporte alors que des mammifères et des oiseaux rares.

Concernant les champignons en France, il faudra attendre 2024 pour que le premier inventaire des champignons menacés soit publié par le comité français de l’UICN.

Le 27 mars dernier, la liste rouge mondiale a, elle, été actualisée pour inclure le statut de 1 300 espèces de champignons. Nous sommes loin des 155 000 espèces connues, mais les premières évaluations restent préoccupantes avec 411 espèces de champignons menacées d’extinction, soit près d’un tiers des espèces recensées.

Bien que ce nombre soit important, il est primordial de rappeler que, dû au manque d’informations, les espèces qu’on a estimées les plus vulnérables ont été répertoriées en premier afin de faciliter le développement de projets de conservation.

Certaines de ces espèces sont rares, et n’ont été détectées que dans des zones géographiques très restreintes. En France hexagonale et en Corse, la liste rouge s’étend à 79 espèces qui sont menacées et 39 espèces sous le statut de « quasi menacées ». Cette liste inclut des lichens, dont Buellia asterella, classée en danger critique, qui n’a pas été repérée sur le territoire depuis 1960. On retrouve aussi des champignons décomposeurs, comme c’est le cas de Laccariopsis mediterranea qui pousse dans les dunes côtières de la Méditerranée et dont les populations sont en fort déclin (d’approximativement 30 %, ces trente dernières années).

Des espèces forment des relations symbiotiques avec les plantes : les plantes fournissent des sucres issus de la photosynthèse, tandis que les champignons apportent des nutriments provenant du sol. Ces espèces sont aussi menacées ; par exemple, Cortinarius prasinocyaneus, champignon associé au chêne et au charme. En France, il est uniquement répertorié sur cinq sites.

Des menaces bien identifiées, les répercussions beaucoup moins

Si le monde des champignons reste à beaucoup d’égards mal connu, tout comme le nombre exact d’espèces vulnérables, une chose reste quant à elle certaine : les menaces qui pèsent sur ces espèces sont bien identifiées. On trouve le changement dans l’utilisation des terres, notamment avec la destruction d’habitats et la déforestation, les pollutions liées à l’urbanisation et à l’agriculture (fertilisation déraisonnée et pesticides). Le changement climatique s’additionne maintenant aux autres menaces qui pèsent sur les champignons.

Leur perte pourrait entraîner des modifications dans le fonctionnement des écosystèmes. De nombreux champignons participent à la décomposition, un processus important dans le cycle des nutriments. Dans le cas des espèces qui forment des relations symbiotiques avec les plantes, ces associations peuvent être très spécifiques avec des champignons ne pouvant s’associer qu’avec une ou deux espèces d’arbres. C’est le cas de Geomorium gamundiae, en Argentine et de Destuntzia rubra, en Chine et au Japon, des espèces en danger critique d’extinction à cause de la déforestation menaçant leur plante hôte.

Mais l’inverse pourrait également se produire : si le champignon était menacé, cela entraînerait des conséquences néfastes pour leur hôte.

La conservation des champignons : encore du chemin à faire

Contrairement à la faune et à la flore, il n’existe pas de plan de conservation pour les espèces fongiques.

Les connaissances sur ces organismes étant trop limitées pour qu’ils fassent partis des lois environnementales quand celles-ci ont émergé, ils ont été les grands oubliés des projets de conservation. Actuellement, le seul rempart de protection pour ces espèces est la protection et la conservation des habitats, par des directives tel que le réseau Natura 2000 dans l’Union européenne.

Des initiatives existent cependant pour promouvoir la recherche, la connaissance et l’inclusion des champignons dans la législation. De par leur ubiquité et leurs rôles dans l’écosystème, les champignons forment un règne tout aussi important que les plantes ou les animaux.

Il est donc primordial de les prendre en compte pour protéger les écosystèmes en intégrant la faune, la flore… et la fonge.

The Conversation

Coline Deveautour ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

23.04.2025 à 16:23

Stocker les grains en consommant moins d’énergie : et si le passé éclairait le futur ?

Anna Valduriez, Cheffe de projet de recherche participative: stockage de denrées alimentaires (pour le futur, à partir de méthodes ancestrales), Inrae

Dominique Desclaux, Chercheure en Agronomie et Génétique, Inrae

Jean-Michel Savoie, chercheur, Inrae

Marie-Françoise Samson, Chercheuse en biochimie alimentaire, Inrae

Maxime Guillaume, chercheur, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)

Tanguy Wibaut, chercheur, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)

Les menaces climatiques et géopolitiques invitent à repenser le stockage des grains et denrées de demain, en réexaminant notamment les techniques du passé.
Texte intégral (2438 mots)
Dès le Néolithique, l’humanité a pratiqué le stockage souterrain et en grenier, et ce, de manière individuelle ou collective. Marc Wieland/Unsplash, CC BY-SA

Les menaces climatiques et géopolitiques invitent à repenser le stockage des grains et autres denrées de demain, en réexaminant notamment les techniques du passé. Du stockage souterrain au silo en passant par le grenier, les pratiques qui ont existé en région méditerranéenne, du Néolithique à nos jours, peuvent nous éclairer sur la façon d’envisager le stockage des aliments à l’avenir.


Pourquoi stocker ? Qu’il s’agisse de denrées alimentaires, de données, ou d’énergie, la réponse est la même, « pour conserver de manière organisée, sécurisée, accessible ». Pour certains, stockage rime avec sécurisation, pour d’autres, avec spéculation. Dans tous les cas, lorsqu’il requiert des conditions particulières de température et d’hygrométrie, le stockage est énergivore.

Dans le cas des aliments, il est recommandé de les stocker à faible température pour limiter la prolifération de bactéries et autres microorganismes. Ainsi, la consommation électrique moyenne d’un réfrigérateur domestique (300 à 500 kWh/an) représente le quart des dépenses en énergie des ménages. Et si c’est le cas pour les ingrédients que nous conservons à la maison, les besoins à grande échelle du côté des producteurs sont d’autant plus importants.

Ici, c’est du stockage des grains (céréales et oléoprotéagineux), qui constituent la base de notre alimentation, dont il est question. Le stockage en région méditerranéenne, du Néolithique à nos jours, peut-il nous éclairer sur la façon d’envisager le stockage du futur ?

Le stockage, une pratique issue du Néolithique

Dès le Néolithique, l’humanité a pratiqué le stockage souterrain et en grenier, et ce, de manière individuelle ou collective. Cette méthode reste active ponctuellement dans certaines régions du monde, comme au Soudan, ou encore au Maroc et en Tunisie.

Schéma en coupe d’un silo souterrain expérimental en cours d’utilisation sur le site de l’Inrae à Alenya (Pyrénées-Orientales). Projet SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013. DAO C. Dominguez, Fourni par l'auteur

En France, malgré quelques variations liées aux périodes et zones géographiques, ces silos enterrés ont généralement été creusés sous forme d’ampoule à la taille variable, que les archéologues de l’Inrap retrouvent régulièrement, notamment sur les sites médiévaux de Thuir (Pyrénées-Orientales), de Pennautier et de Montréal (Aude).

Silo souterrain expérimental, vu du dessus, en cours de fermeture. Trois capteurs sont immergés dans le grain pour contrôler à terme l’évolution de la température et de l’hygrométrie. Tanguy Wibaut, Fourni par l'auteur

C’est vers la fin du Moyen Âge que le stockage souterrain est délaissé en France au profit du grenier à grains. Les explications à cette évolution restent de l’ordre de l’hypothèse : l’une d’elles tient à une centralisation du pouvoir nécessitant un contrôle des quantités de blé et autres céréales que ne permet pas le silo enterré.

C’est seulement au XIXe siècle que la curiosité pour la méthode du stockage souterrain réapparaît et fait l’objet de nouvelles études par les agronomes.

Cet élan a toutefois été freiné par le contexte de la Première Guerre mondiale. Au début des années 1930, la crise de surproduction du blé donne naissance aux coopératives et au système de marché de négoce pour réguler la production.

Une partie des récoltes de blé est ainsi livrée aux centres de stockage coopératifs par les producteurs afin d’assurer l’échelonnage des ventes et la stabilisation du marché. Ce sont les premiers grands silos industriels, qui se développent surtout dans les années 1950.

Des silos de plus en plus sophistiqués

Désormais, les grains sont majoritairement apportés après récolte à des organismes stockeurs, mais on estime en France que 53 % des agriculteurs stockent également à la ferme.

Le stockage devant garantir une bonne conservation du grain, température et humidité sont contrôlées dans les silos : ce contrôle passe le plus souvent par la ventilation, mais aussi par refroidissement forcé afin d’éviter la prolifération d’insectes et de moisissures. Des insecticides autorisés sont souvent appliqués dès la réception des récoltes et un gazage des grains à la phosphine (PH3) est parfois pratiqué, sous conditions très sécurisées, pour prévenir les invasions d’insectes.


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En béton ou en métal, cylindriques ou rectangulaires, les silos visibles dans le Midi de la France varient en taille et en capacité : d’une hauteur de 25 à 30 mètres, ils peuvent accueillir de 200 à 12 000 tonnes par cellule.

Le plus haut silo du monde, Swissmill, est situé à Zurich : de 118 mètres de haut, il peut abriter 40 000 tonnes de blé. Plus les silos sont massifs, plus les besoins énergétiques pour assurer leur remplissage et leur ventilation sont conséquents… Ce que la hausse des températures n’arrange pas, engendrant un besoin en ventilation quasi continu. Une consommation d’énergie qui vient se surajouter aux impacts environnementaux liés au transport des céréales au long de la chaîne de production.

Certains agriculteurs s’équipent de silos à la ferme, mais nombreux sont ceux qui stockent dans des « big bag », sacs souples de grande contenance (de 500 kg à 2 tonnes) généralement en polypropylène. Sont également développés des « big bag Nox », hermétiques à double couche, qui créent une barrière physique empêchant l’entrée de ravageurs : en parallèle, l’injection de CO2 tue ceux déjà présents en les privant d’oxygène. Dans la même idée, on retrouve les silos hermétiques, qui n’ont connu qu’un faible développement en France en raison de leur coût.

Ces techniques utilisent les mêmes principes de stockage en atmosphère modifiée que ceux qui prévalaient pour les silos souterrains médiévaux.

Le stockage au défi des crises à venir

Changements climatiques, conflits politiques, crises de l’énergie et pandémies menacent la sécurité alimentaire, non seulement en matière de production, mais également de stockage. Ce dernier, s’il est défaillant, est en outre une source importante de gaspillage et de perte de denrées.

C’est de ce constat que découlent les recherches menées par le collectif LocaStock. Différents acteurs y expérimentent ensemble et développent une réflexion prospective autour de la question du stockage des grains et autres aliments.

Ainsi des archéologues tentent de retrouver les techniques de conservation au sein de silos rendus hermétiques. Des producteurs de céréales biologiques testent la pratique du stockage souterrain. En parallèle, des généticiens et agronomes fournissent la diversité génétique, et des pathologistes et biochimistes analysent la qualité sanitaire, nutritionnelle et organoleptique des grains stockés une fois qu’ils sont récupérés après plusieurs mois passés sous terre. Enfin, une régie de quartier défavorisé intéressée par le stockage de denrées alimentaires ainsi qu’un chef de projet facilitant les liens sciences-société sont également associés pour que les enjeux ne soient pas abordés que d’un point de vue uniquement technique.

Ce travail du projet LocaStock vise à imaginer et à expérimenter un stockage résilient des productions agricoles et alimentaires dans des conditions propres, saines, loyales, économes, sans impact sur l’environnement et adaptées au contexte actuel, ainsi qu’à définir dans quelle mesure les techniques ancestrales peuvent contribuer à apporter des réponses aux enjeux du présent et du futur.


Johan Friry de la régie de quartier Garros Services et Axel Wurtz du Biocivam de l’Aude ont contribué à la rédaction de cet article.

Pour participer à cette recherche de solutions résilientes de stockage et de préservation des produits agricoles et des aliments, de la ferme à la table, vous pouvez partager vos expériences et idées utopiques ou dystopiques à l’adresse locastock@mailo.com.

The Conversation

Anna Valduriez a reçu des financements de ANR pour ses recherches dans le projet LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018).

Dominique Desclaux a reçu des financements de l'ANR SAPS pour ses recherches dans le projet Locastock .

Jean-Michel Savoie a reçu des financements de l'ANR pour un projet de recherches multidisciplinaire sur la conservation des grains de céréales dans des silos souterrains (SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013) et pour le projet de Sciences Avec et Pour la Société LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018)..

Marie-Françoise Samson a reçu des financements de l'ANR SAPS pour ses recherches dans le projet LocaStock.

Maxime Guillaume a reçu des financements de l'ANR pour un projet de recherches multidisciplinaire sur la conservation des grains de céréales dans des silos souterrains (SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013) et pour le projet de Sciences Avec et Pour la Société LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018).

Tanguy Wibaut a reçu des financements de l'ANR pour un projet de recherches multidisciplinaire sur la conservation des grains de céréales dans des silos souterrains (SilArchaeoBio, ANR-21-CE27-0013) et pour le projet de Sciences Avec et Pour la Société LocaStock (ANR-2023-SSAI-0018)..

22.04.2025 à 17:25

La technique de l’insecte stérile, alternative aux pesticides pour l’agriculture française ?

Simon Fellous, Directeur de recherche en écologie et agriculture, Inrae

Tasnime Adamjy, Doctorante en sociologie, Inrae

La technique de l’insecte stérile, qui permet de limiter la reproduction des insectes ravageurs, est envisagée en France. Peut-elle se substituer aux pesticides ?
Texte intégral (2679 mots)
Une mouche _Drosophila suzukii_ en train de pondre sur une cerise. Fourni par l'auteur

Par quoi remplacer les pesticides sans bouleverser la production agricole conventionnelle ? La technique de l’insecte stérile, qui permet de limiter la reproduction des insectes ravageurs, est envisagée en France. Mais elle ne saurait se substituer aux insecticides, dans la mesure où elle implique de revoir en profondeur le système de production et d’impliquer tous les acteurs de la filière.


« Pas d’interdiction de pesticide sans solution » : ce principe, mis en avant par certains syndicats agricoles, demande qu’aucun pesticide ne soit interdit en l’absence « d’une solution » alternative « économiquement viable ». L’objectif est de réduire le recours aux pesticides sans bouleverser la production agricole conventionnelle.

Toutefois, cet élément de langage, qui a l’apparence du bon sens, masque l’impossibilité de déployer les solutions alternatives sans reconception des systèmes agricoles.

La technique de l’insecte stérile (TIS), une des « solutions » aujourd’hui à l’étude, en est un cas d’école. Elle figure justement dans une proposition de loi visant à lever les contraintes environnementales pour les agriculteurs qui doit être examinée prochainement à l’Assemblée nationale.


À lire aussi : L’agriculture française à la croisée des chemins


Une méthode de contraception pour insectes

Cette technique repose sur la libération en grand nombre d’insectes mâles, élevés en captivité puis stérilisés par rayons ionisants (par exemple rayons X). Ces mâles s’accouplent avec les femelles sauvages de l’espèce ciblée, qui produisent ainsi des œufs non viables.

Lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax).

Depuis ses premiers pas en Amérique du Nord pour contrôler la Lucilie bouchère (Cochliomyia_hominivorax) dans les années 1950, cette technique été utilisée en agriculture dans de nombreux pays et sur diverses mouches, papillons ou coléoptères.

La TIS fait l’objet de recherche et développement en France métropolitaine, mais également à La Réunion et à l’étranger pour contrôler les moustiques, notamment les Aedes, vecteurs de maladies telles la dengue ou du chikungunya.

Les usages agricoles, en France hexagonale, concerneraient en premier lieu la mouche Drosophila suzukii, responsables de dégâts sur la cerise et les fruits rouges, la mouche méditerranéenne Ceratitis capitata et le carpocapse, à l’origine du proverbial « ver dans la pomme ».

Bien plus qu’une affaire de producteurs et de parcelles agricoles

Une des caractéristiques de la TIS est qu’elle est souvent déployée à large échelle. En Espagne, c’est toute la région de Valence qui reçoit chaque semaine plusieurs millions de mouches méditerranéennes stériles lâchées par avion.

Le programme, financé par le gouvernement régional, coûte huit millions d’euros par an et protège une industrie fruitière dont le chiffre d’affaires se situe aux alentours de 10 milliards d’euros annuels. Un tel programme, déployé à large échelle, implique de nombreux acteurs. La protection des cultures ne concerne plus seulement les agriculteurs mais également les habitants des territoires.

En France, le développement de la TIS s’est nourri de la collaboration entre les milieux scientifiques et les parties prenantes (organisations agricoles, ONG environnementales, industriels et représentants de l’État).


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La question des effets non intentionnels de la TIS a très vite été posée au cours de ces discussions et a permis de lancer des programmes de recherche, toujours en cours aujourd’hui. Ces travaux sont d’autant plus importants que les risques environnementaux de la TIS sont encore mal documentés.

Les risques de la TIS pour l’environnement

La France est, peu ou prou, le premier pays à interroger formellement les possibles effets néfastes de la TIS sur l’environnement. L’absence actuelle de données, malgré l’ancienneté de la technique, peut s’expliquer par des a priori positifs sur son innocuité en raison de sa grande spécificité. Comme les mâles stériles ne s’accouplent généralement qu’avec les femelles de leur espèce, on attend peu d’effets sur les écosystèmes, contrairement aux insecticides qui sont toxiques pour de nombreuses espèces différentes.

Des moustiques prêts à être relâchés au Brésil pour lutter contre la dengue. Dean Calma/IAEA, CC BY-SA

Reste un paradoxe : les insectes relâchés ne sont jamais tous stériles à 100 %. Il arrive qu’une reproduction résiduelle soit possible avec des insectes sauvages. Il est donc préférable d’élever, de stériliser et de relâcher une population locale d’insectes, afin d’éviter d’introduire dans la population d’insectes à contrôler des gènes provenant d’une autre localité.

Enfin, les insectes stériles, relâchés en masse, peuvent transmettre leur microbiote aux insectes sauvages, notamment lors des accouplements. Cette possibilité est peu inquiétante, car les microbiotes des insectes d’élevage n’ont pas de raison d’être dangereux pour les humains ou pour l’environnement. Aucun effet néfaste notable sur l’environnement n’a été rapporté parmi les dizaines de programmes de TIS déployés dans monde.

Toutefois, le suivi postintroduction est important. Cela permet d’assurer la transparence vis-à-vis des différents acteurs et de pouvoir interrompre les lâchers en cas de doute.

Une alternative aux pesticides, mais pas dans les mêmes conditions

Comme pour l’immense majorité des leviers agroécologiques de gestion des insectes et maladies des plantes, la TIS seule ne pourra pas remplacer les pesticides chimiques. En effet, si les insecticides sont si simples à utiliser, c’est bien parce qu’ils tuent les insectes sans discrimination.

De ce fait, les enjeux sociaux et organisationnels autour de la TIS appliquée à la protection des cultures méritent toute notre attention. En effet, les leviers agroécologiques de biocontrôle, comme la TIS ou les insectes auxiliaires, n’ont d’effets que sur une partie du cycle de vie des insectes visés. Leur efficacité dépend donc aussi des conditions locales et des autres leviers éventuels mobilisés par les agriculteurs.

Une attention particulière aux organismes à contrôler (par exemple, au travers de suivis par piégeage dans et autour des parcelles agricoles) et une adaptation des pratiques mobilisées en fonction de ce suivi sont quelques-unes des clés du succès d’une production agricole sans insecticides.

Pour être opérationnelles, ces « solutions » doivent donc être combinées entre elles. Il s’agit d’une réalité assez éloignée du concept de substitution implicite dans la phrase « pas d’interdiction sans solution ». Définir ces combinaisons de leviers amène, dans la pratique, à reconcevoir les stratégies de production et de protection des cultures dans leur totalité.

Cette reconception ne peut se faire sans l’implication active des professionnels. Agriculteurs, paysans et autres professionnels du monde agricole sont les seuls à connaître les réalités et contraintes pratiques du terrain. Les acteurs de la R&D, de leur côté, peuvent accompagner et soutenir ces travaux de reconception, par exemple au travers d’apports méthodologiques.

D’autant plus que les insectes sont mobiles et n’ont que faire des limites cadastrales. De ce fait, la TIS est souvent déployée à des échelles très supérieures à celles des parcelles agricoles. La participation des riverains et d’autres utilisateurs des territoires est alors essentielle.

La collaboration avec les producteurs s’avère souvent bénéfique pour tous. L’exemple du programme de biocontrôle du carpocapse de la pomme mené au Canada en fournit un exemple éloquent.

Dans ce cadre, les riverains qui ont participé au suivi des populations d’insectes responsables des pertes agricoles ont co-financé le programme de TIS. Ils en ont retiré le bénéfice d’une exposition réduite aux pesticides, argument mis en avant dans leur offre touristique. Cet exemple montre que les alternatives aux pesticides ne sont pas seulement une affaire de scientifiques et/ou d’agriculteurs : de nombreux autres acteurs sont concernés et peuvent contribuer à leur élaboration.


À lire aussi : Le biocontrôle pour remplacer les pesticides : de la difficulté de changer les usages


Vers une TIS « à la française » ?

Comme l’ont montré les travaux de la chercheuse Aura Parmentier-Cajaiba, la question des formes organisationnelles est incontournable lorsqu’il s’agit de concevoir des alternatives aux pesticides. C’est en particulier vrai pour la TIS, qui est avant tout une méthode développée par des scientifiques.

Or, la façon dont sont conçus et financés les programmes menés par les organismes de R&D reste encore limitée par une conception linéaire de l’innovation. Ainsi, les connaissances sont transférées à des entreprises ou start-ups sans que des formes organisationnelles alternatives ne soient envisagées – et, encore moins, construites en collaboration avec les parties prenantes.

Ceci constitue une limite directe à l’adaptation des « solutions » aux réalités des territoires et filières concernés. Un modèle français pourrait s’inspirer de l’exemple du programme canadien exposé précédemment. La collaboration avec les riverains et les producteurs de pommes s’y joue sur le terrain et avec des incitations économiques. Une gouvernance partagée, entre agriculteurs et acteurs des territoires, avec l’appui d’industriels de la production d’insectes et de leur diffusion serait ainsi une piste prometteuse.

Cela montre aussi l’importance d’intégrer la concertation à l’approche « pas d’interdiction de pesticide sans solution ». En effet, il est impossible de substituer un seul levier agroécologique à une molécule chimique, car cela impose de revoir les systèmes agricoles et d’impliquer tous leurs acteurs.

Parallèlement, il apparaît irresponsable de développer des « solutions » sans réfléchir à leurs effets non intentionnels. Les risques que comportent les différentes méthodes doivent être étudiés et explicités par les scientifiques. À cet égard, une mise en débat citoyenne pour définir les modalités de déploiement des alternatives aux pesticides et orienter les transformations de l’agriculture semble incontournable.

The Conversation

Simon Fellous a reçu des financements de ANR, OFB, Région Occitane, Europe. Simon Fellous travaille avec les acteurs agricoles dans les territoires ou la TIS pourrait etre déployée. Il a travaillé avec Clelia Oliva, aujourd'hui à la tête de l'entreprise Terratis.

Tasnime Adamjy a reçu des financements de l'INRAE et de la Région Occitanie.

21.04.2025 à 19:33

Recycler les déchets plastiques et le CO₂ en nouveaux matériaux : une piste sérieuse pour le climat ?

Olivier Coulembier, Chercheur, Université de Mons

Un projet de recherche ambitionne de transformer les déchets plastiques en nouveaux matériaux pour la construction, tout en retirant du CO₂ de l’atmosphère.
Texte intégral (1887 mots)

Un projet de recherche ambitionne de transformer les déchets plastiques en nouveaux matériaux innovants à l’aide de réactions chimiques permettant de retirer du CO2 de l’atmosphère. État des lieux d’une piste encore jeune, mais déjà prometteuse.


Le plastique suscite de fréquents débats : pollution marine, recyclage… Omniprésents dans l’économie mondiale, leur production, leur utilisation et leur élimination représentent environ 4,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), sans parler de leurs impacts sur la biodiversité marine.

Les appels à réduire leur usage se multiplient, mais une question persiste : les alternatives aux plastiques permettent-elles de réduire les émissions de GES au niveau global ? Un sac en papier, par exemple, bien qu’il semble plus écologique qu’un sac en plastique, peut engendrer jusqu’à trois fois plus d’émissions de GES sur l’ensemble de son cycle de vie. En parallèle du problème de plastique, les émissions de CO₂ continuent de croître au niveau mondial.

Et s’il était possible de faire d’une pierre deux coups, en valorisant à la fois les déchets plastiques et le CO2 pour les transformer en produits utiles, par exemple des matériaux de construction ? C’est l’objectif du programme de recherche Pluco (pour Plastic Waste Upcycling by CO₂ Valorization).

L’enjeu : concevoir de nouveaux matériaux piégeant du CO2 à partir de déchets plastiques, tout en s’assurant que ce CO2 soit très peu relâché à l’échelle humaine. On estime à 100 000 ans le temps pour que le CO2 incorporé à des matériaux de construction soit réémis dans l’atmosphère. Lorsqu’il est réutilisé pour l’industrie chimie ou pharmaceutique, ce délai est d’environ 10 ans, et même de seulement un an pour la production de carburant à partir de CO2, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie.

Le recyclage des plastiques reste insuffisant

Le recyclage des plastiques repose aujourd’hui majoritairement sur des procédés mécaniques (tri, broyage, lavage). Ces derniers présentent plusieurs limites majeures :

  • Qualité dégradée : les plastiques recyclés perdent souvent jusqu’à 50 % de leurs propriétés mécaniques (souplesse, rigidité, propriétés barrières notamment au gaz…), ce qui limite leur réutilisation. Une bouteille d’eau gazeuse recyclée ne permettant pas de retenir le gaz carbonique ne présenterait que peu d’intérêt.

  • Coûts élevés : ces procédés sont énergivores, avec un coût moyen de recyclage avoisinant 400 à 500 euros par tonne.

  • Émissions de CO2 : environ deux kilogrammes de CO2 sont émis pour chaque kilogramme de plastique recyclé mécaniquement, du fait de l’énergie utilisée pour le tri mécanique.


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Bien que ces techniques permettent une réduction partielle des émissions, elles restent loin d’être idéales. À l’inverse, le recyclage chimique, notamment par solvolyse – c’est-à-dire, par dissolution à l’aide d’un solvant –, ouvre la voie à des économies substantielles pouvant atteindre 65 à 75 % de réduction des émissions de CO₂.

Des solvants verts pour transformer les plastiques ?

La solvolyse est une technique de traitement qui permet de décomposer les plastiques inertes comme les polyoléfines (un des types de polymères plastiques les plus courants) pour les transformer en matériaux fonctionnels. Par exemple, le PET, utilisé dans des produits courants comme les bouteilles plastiques et les fibres textiles, peut être recyclé par solvolyse pour produire de l’éthylène glycol. Bien connu pour son rôle d’antigel dans les radiateurs de voiture, il peut également être réutilisé dans la production de nouveaux produits en PET, contribuant ainsi à la réduction des déchets plastiques et à la réutilisation de matériaux.

Selon ce procédé, une tonne de plastique traité peut produire jusqu’à 800 kg de matières premières réutilisables, tout en économisant trois à six tonnes de CO₂ par rapport aux procédés traditionnels.

Autre axe d’amélioration en dehors des procédés eux-mêmes : le remplacement des catalyseurs métalliques par des catalyseurs organiques afin de les rendre plus respectueux de l’environnement sans recourir aux métaux lourds utilisés dans les catalyseurs traditionnels.

La toxicité potentielle des catalyseurs métalliques pose en effet problème, notamment en ce qui concerne l’utilisation de métaux lourds comme le palladium, le platine ou le nickel. Ces métaux peuvent entraîner des risques pour la santé et l’environnement, notamment en cas de contamination des sols ou des eaux. Des études montrent que leur accumulation dans les écosystèmes peut avoir des effets délétères sur la biodiversité et les chaînes alimentaires.

C’est justement cette voie que nous explorons dans nos recherches, en valorisant le CO2 comme une véritable brique de construction chimique.

Le CO₂, une ressource chimique sous-exploitée

L’une des voies que nous explorons est la transformation du CO2 en produits carbonatés. Ces derniers trouvent des applications industrielles variées comme les batteries, les plastiques biodégradables ou encore les revêtements. Cette approche représente une alternative durable aux produits dérivés du pétrole, et permet de convertir pas moins de 500 kg de CO2 par tonne de dérivés carbonatés produits.

Notre approche consiste à tirer parti des catalyseurs organiques pour permettre à ces réactions de survenir dans des conditions plus simples et à des températures plus modérées. Nous travaillons également sur l’ajout de CO2 dans des plastiques recyclés pour produire de nouveaux matériaux utiles, par exemple dans le domaine de la construction.

Ces deux approches combinées – revalorisation du CO2 et des plastiques – ouvrent ainsi la voie à des applications industrielles variées dans les secteurs de l’emballage, de la construction et même de la santé. L’objectif de Pluco est de démontrer la faisabilité de ces procédés à l’échelle industrielle et leur intérêt tant économique qu’en matière de durabilité.

Vers un recyclage plus décentralisé

Aujourd’hui, le recyclage des plastiques repose sur un nombre limité d’usines centralisées, comme en Belgique où seules quelques infrastructures traitent l’ensemble des déchets plastiques du pays. Pourtant, les déchets plastiques et les émissions de CO2 sont un problème global, présent dans toutes les régions du globe.

Grâce à sa flexibilité et à son efficacité, la technologie que nous développons avec Pluco pourrait favoriser un recyclage plus décentralisé. Plutôt que de concentrer le traitement des déchets sur quelques sites industriels, il deviendrait envisageable de mettre en place des unités de transformation locales, installées directement là où les déchets sont produits.

Par exemple, des lignes d’extrusion réactive – système qui permet de transformer des plastiques à des températures plus basses que celles utilisées dans les procédés de recyclage classique – pourraient être déployées dans divers contextes industriels et géographiques, réduisant ainsi le besoin de transport des déchets et maximisant l’impact environnemental positif du procédé.

Ce procédé est une technologie bien connue, facile à mettre en œuvre et localisable partout dans le monde. En travaillant à des températures où les plastiques deviennent suffisamment souples pour être transformés sans fondre complètement, il permet de modifier les propriétés du plastique tout en préservant sa structure. Cela permet notamment d’intégrer dans leur structure des molécules ayant été préparées par catalyse organique directement à partir de CO2. De quoi créer de nouveaux matériaux tout en facilitant le recyclage de manière plus économe en énergie.

Au-delà de l’aspect écologique, cette approche pourrait aussi générer de nouvelles opportunités économiques en termes d’économie circulaire, en permettant à des acteurs locaux d’exploiter ces technologies et de créer de la valeur à partir de ressources considérées jusqu’ici comme des polluants.

Le programme Pluco ouvre donc la voie vers un recyclage à empreinte carbone nulle, voire négative. Cette approche unique, qui transforme deux menaces environnementales en ressources précieuses, démontre que la chimie verte peut jouer un rôle central dans la transition écologique. Il ne s’agit pas seulement de recycler mieux, mais de redéfinir les bases mêmes du recyclage pour un impact positif et durable sur la planète.


Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds Axa pour la Recherche a soutenu près de 700 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs originaires de 38 pays. Pour en savoir plus, consultez le site Axa Research Fund ou suivez-nous sur X @AXAResearchFund.

The Conversation

Olivier Coulembier a reçu des financements du Fonds National de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS), notamment à travers des projets PDR, MIS et EOS. Il a également bénéficié de financements européens via H2020 et M-ERA.NET, ainsi que du soutien de la Chaire de Recherche AXA.

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