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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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02.10.2025 à 22:25

Le Tchad instrumentalise la citoyenneté

Human Rights Watch
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Click to expand Image Charfadine Galmaye Saleh (à gauche) et Makaila Nguebla. © Privé

Le 17 septembre, les autorités tchadiennes ont publié un décret visant à retirer la nationalité du blogueur Makaila Nguebla et du journaliste Charfadine Galmaye Saleh. Cette mesure marque une escalade inquiétante de la répression de la dissidence. En utilisant la citoyenneté comme une arme politique, le gouvernement viole non seulement le droit international, mais franchit également une ligne qui menace les droits de deux détracteurs importants, ainsi que les fondements mêmes de la vie civique au Tchad.

Makaila Nguebla et Charfadine Galmaye Saleh sont tous deux connus pour leurs critiques à l'égard du gouvernement tchadien. Le premier est un blogueur, activiste des droits humains et ancien conseiller du président en matière de droits humains. Le deuxième est rédacteur en chef de Tchad One, un important média en ligne. Les deux hommes sont actuellement en exil pour des raisons de sécurité. Faire d'eux des exemples en tentant de les déchoir de leur citoyenneté constitue non seulement une violation de leurs droits fondamentaux, mais crée également un climat de peur pour tous les dissidents locaux. Les journalistes, les militants et les citoyens ordinaires sont contraints de peser le pour et le contre entre leur droit à la liberté d'expression et la menace existentielle de perdre leur statut, leur identité et leur sécurité en tant que citoyens.

La Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que toute personne a droit à une nationalité qui ne doit jamais être révoquée de manière arbitraire ou d'une manière qui conduirait à l'apatridie. Cette norme juridique est renforcée par plusieurs conventions internationales et régionales africaines auxquelles le Tchad est un État partie. Pourtant, le Tchad prétend faire exactement cela. La citoyenneté n'est pas simplement un passeport ou une classification bureaucratique. Il s'agit d'un statut juridique fondamental auquel sont attachés de nombreux droits civils et politiques. Sans citoyenneté, les individus perdent une source de protection essentielle et sont exposés à des violations des droits telles que la détention arbitraire, l'ingérence dans leur vie privée et familiale, l’interdiction d'accès à leur pays et d’autres privations.

Cette mesure a été annoncée alors que la situation des droits humains au Tchad continue de se détériorer : des dirigeants de l'opposition sont condamnés à de longues peines de prison, la société civile et les journalistes sont de plus en plus réprimés, les forces de sécurité sont accusées de commettre des actes de violence en toute impunité et le président continue de consolider son pouvoir. Alors que des tentatives étaient faites pour retirer leur citoyenneté à Makaila Nguebla et Charfadine Galmaye Saleh, l'Assemblée nationale a voté la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Qui osera maintenant s'élever contre cette décision ?

Ce que le gouvernement espère gagner à court terme en bannissant deux détracteurs coûtera cher au pays en termes de légitimité et de stabilité. Lorsque la citoyenneté devient un pion entre les mains de ceux au pouvoir, l'État de droit s'effondre et, avec lui, les perspectives d'un Tchad plus démocratique et respectueux des droits humains.

01.10.2025 à 22:22

Une vendetta en RD Congo

Human Rights Watch
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Click to expand Image L'ex-président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila arrive à Goma, le 29 mai 2025. © 2025 Moses Sawasawa/AP Photo

Le jugement prononcé le 30 septembre par un tribunal militaire congolais à l'encontre de l'ancien président Joseph Kabila, incluant sa condamnation à mort, met en évidence le fragile équilibre entre l’obligation de rendre des comptes et la stabilité politique en République démocratique du Congo. Ce procès, pour des chefs d'accusation allant de la trahison aux crimes de guerre, avait toutes les caractéristiques d'une vendetta politique, menaçant à la fois l'État de droit et l'avenir démocratique du pays.

Il est incontestable que la RD Congo a connu des violations catastrophiques des droits humains sous différents gouvernements successifs et que les anciens hauts fonctionnaires devraient répondre de leurs méfaits. Les forces de sécurité gouvernementales ont commis de nombreux abus pendant les 18 années au pouvoir de Joseph Kabila. Human Rights Watch et d'autres organisations ont appelé à plusieurs reprises à ce que justice soit rendue. Cependant, la reddition de comptes perd tout son sens lorsqu'elle se fait à travers des processus qui s'apparentent à des simulacres de procès.

Le tribunal militaire a jugé Joseph Kabila par contumace et sans la présence d’un avocat de la défense, en violation du droit à un procès équitable prévu par le droit international relatif aux droits humains. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP), dans son interprétation de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, a déclaré que les tribunaux militaires « ne devraient en aucun cas avoir compétence sur les civils ».

Le moment choisi pour ce procès est également suspect. Joseph Kabila reste une figure majeure de la politique congolaise, et le président Félix Tshisekedi pourrait le considérer comme une menace politique alors que le gouvernement lutte contre le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda, dans l'est de la RD Congo. Plus tôt cette année, après le retour de Joseph Kabila du territoire contrôlé par les rebelles et ses critiques publiques à l'égard du président congolais, les autorités ont tenté de faire taire le débat public sur l'ancien président.

Les poursuites judiciaires précipitées et d’une flagrante iniquité à l'encontre de Joseph Kabila ressemblent moins à une quête de justice qu'à une stratégie calculée visant à éliminer un adversaire politique, remettant en question l'intégrité de l'ensemble du système judiciaire congolais.

Cette question dépasse largement le cas de Joseph Kabila lui-même. Refuser à un ancien président une procédure équitable envoie un message effrayant, laissant entendre que d'autres opposants politiques pourraient subir le même traitement. Ce procès indique que le droit à un procès équitable est conditionnel, dispensable lorsqu'il dérange, sapant le principe même de l'égalité devant la loi.

Le jugement, dont la peine de mort, prononcé à l'encontre de Joseph Kabila met en évidence la nécessité pour la RD Congo de mettre en place des institutions suffisamment solides pour traduire en justice les responsables d'abus passés et présents, et de cesser d'utiliser les tribunaux pour régler des comptes politiques. En RD Congo, où les notions de stabilité et de réel progrès démocratique restent des aspirations, le procès de Joseph Kabila n'est pas un triomphe de la justice : c’est plutôt un signal d'alarme qui annonce une dérive autoritaire de plus en plus marquée.

01.10.2025 à 21:19

Afghanistan : Les coupures d’Internet menacent les droits humains

Human Rights Watch
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Click to expand Image Deux jeunes femmes afghanes travaillaient sur leurs ordinateurs dans un bureau à Kaboul, en Afghanistan, le 3 juillet 2024. © 2024 Siddiqullah Alizai/AP Photo

(New York) – Les coupures d’Internet infligées par les talibans portent gravement atteinte aux droits et aux moyens de subsistance des personnes de tout l’Afghanistan, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces interruptions, qui ont commencé mi-septembre 2025 et ont été étendues à l’ensemble du pays à la fin du mois, ont entravé l’accès aux services éducatifs, commerciaux, médiatiques et médicaux.

Des représentants des talibans ont affirmé qu’ils avaient décidé de couper Internet afin de prévenir les « comportements immoraux », en bloquant initialement les connexions par fibre optique dans plusieurs provinces du nord. Cette coupure s’est étendue à la capitale, Kaboul, le 29 septembre à 17 heures, avec la suspension aussi bien de la des connexions par fibre optique que via les réseaux de téléphonie mobile. Proton VPN a indiqué le 30 septembre qu’Internet était complètement coupé dans tout le pays.

« La décision des talibans de couper l’accès à Internet menace la subsistance de millions d’Afghans et les prive de leurs droits fondamentaux à l’éducation, aux soins médicaux et à l’information », a déclaré Fereshta Abbasi, chercheuse sur l’Afghanistan à Human Rights Watch. « Les talibans devraient abandonner leurs argumentations infondées et cesser de couper Internet. »

Lorsque le black-out a commencé à Kaboul, les entreprises ont rapporté des perturbations, tandis que les vols en direction et en provenance de Kaboul étaient annulés, ont rapporté les médias.

Les élèves et étudiant·e·s accédant à l’éducation via Internet – en particulier les filles et les femmes déjà privées d’enseignement secondaire et supérieur par les politiques des talibans qui les bannissent largement de l’éducation – se sont rendu compte qu’il leur était impossible de se connecter aux cours. Le 29 septembre, une personne enseignant dans un cursus universitaire en ligne a confié à Human Rights Watch que sur 28 étudiant·e·s suivant ces cours, dont 18 femmes en Afghanistan, seulement neuf avaient pu y assister.

Les coupures isolent encore davantage les femmes et les filles en venant rompre un des derniers moyens qui leur reste pour apprendre, travailler en ligne, accéder à l’information et à tous les services qui dépendent d’une connectivité numérique. Des activistes ont témoigné que ce blocage portait atteinte à leurs efforts pour soutenir leurs communautés, sachant que les initiatives dirigées par des femmes et les services destinés aux femmes et aux filles étaient particulièrement affectés.

Des journalistes couvrant l’Afghanistan ont rapporté qu’ils ne pouvaient plus passer d’appels locaux et internationaux, car la coupure affectait autant les réseaux mobiles que la fibre, y compris les plateformes comme WhatsApp et Signal. Il est même difficile de documenter l’impact de la coupure, puisqu’il est impossible de joindre qui que ce soit à l’intérieur du pays tant qu’Internet et les téléphones sont hors service.

Les organisations d’aide humanitaire ont déclaré que le black-out freinerait leurs interventions en Afghanistan, qui dépendent de la connectivité Internet pour joindre les personnes, se coordonner et apporter l’aide. Indrika Ratwatte, le coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Afghanistan, a déclaré que les coupures affectaient le travail quotidien et l’apport d’aides vitales : « C’est une nouvelle crise qui vient s’ajouter aux crises existantes ; et ce sont les vies des Afghan·e·s qui seront impactées. »

L’accès à Internet est largement reconnu comme un facteur indispensable facilitant la réalisation de divers droits humains. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rapporté les effets dramatiques des coupures d’Internet, notamment l’impact sur la liberté d’expression, la participation politique, la sûreté publique, l’éducation, le travail et la santé, ainsi que l’exacerbation d’inégalités sociales, économiques et de genre préexistantes. Les coupures restreignent encore davantage l’accès des femmes et des filles à des aides et des informations cruciales, notamment les services médicaux d’urgence. Le HCDH et le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ont appelé les gouvernements à se garder d’imposer de telles coupures.

« Les Afghan·e·s étaient déjà coupé·e·s du monde extérieur, mais à présent elles et ils sont complètement isolé·e·s », a conclu Fereshta Abbasi. « Plus les coupures d’Internet par les talibans durent, plus les conséquences seront nocives pour la population et pour le pays. »

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