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02.05.2025 à 15:05

Les enjeux économiques du sport en France

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À l’occasion des Rencontres géoéconomiques et géopolitiques consacrées au sport pour leur deuxième édition, organisées en partenariat avec NEOMA Business School, Virgile Caillet, Délégué général d’UNION Sport & Cycle a accepté de répondre aux questions de l’IRIS. Il revient, dans cet entretien, sur les nouveaux défis, notamment économiques et écologiques, auxquels fait face la filière sportive française. 🔎Programme détaillé de la 2e édition des Rencontres géoéconomiques et géopolitiques qui s’est tenue le 1er avril 2025

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À l’occasion des Rencontres géoéconomiques et géopolitiques consacrées au sport pour leur deuxième édition, organisées en partenariat avec NEOMA Business School, Virgile Caillet, Délégué général d’UNION Sport & Cycle a accepté de répondre aux questions de l’IRIS. Il revient, dans cet entretien, sur les nouveaux défis, notamment économiques et écologiques, auxquels fait face la filière sportive française.

🔎Programme détaillé de la 2e édition des Rencontres géoéconomiques et géopolitiques qui s’est tenue le 1er avril 2025

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02.05.2025 à 14:05

Conférence de Londres sur le Soudan : quelles perspectives après des résultats diplomatiques peu encourageants ?

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Le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Union européenne et l’Union africaine ont coprésidé la Conférence de Londres sur le Soudan le 16 avril 2025, marquant le début d’une troisième année de combats. La guerre civile opposant les forces armées soudanaises (Sudanese Armed Forces – SAF), qui forment le gouvernement de facto, et les Forces de soutien rapide (Rapid Support Forces – RSF) a commencé en avril 2023, quand le général Abdel Fattah al-Burhan et le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, se sont tournés l’un contre l’autre dans une lutte violente pour le pouvoir. Pourquoi Londres a-t-elle accueilli un sommet pour soutenir le Soudan ? Quels en étaient les objectifs, et quels résultats ont été obtenus ? La partition du Soudan est-elle une possibilité ? Les réponses de Clémence Noisette, assistante de recherche à l’IRIS. Pourquoi Londres a-t-elle accueilli le 16 avril 2025 un sommet pour soutenir le Soudan ? Le conflit au Soudan est, depuis deux ans, largement ignoré par la presse internationale, africaine comme occidentale. Le Soudan fait face à une crise structurelle de temps long, puisque le pays a connu plusieurs conflits internes depuis son indépendance, ce qui participe à la faible mobilisation des instances diplomatiques internationales. Il a pourtant entraîné la pire crise humanitaire du monde. Plus de onze millions de Soudanais sont déplacés en interne, près de quatre millions ont fui le pays, tandis que 64 % de la population a besoin d’assistance (OCHA). Le Soudan connait la pire crise de la faim actuelle : vingt-cinq millions de Soudanais sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et plus de six cent mille Soudanais font face à la famine (PAM). Malgré la situation humanitaire catastrophique, les mobilisations pour le Soudan restent rares et inefficaces. Ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni est resté investi sur la question soudanaise. Dans les années 1990, le pays a […]

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Pourquoi Londres a-t-elle accueilli le 16 avril 2025 un sommet pour soutenir le Soudan ?

Le conflit au Soudan est, depuis deux ans, largement ignoré par la presse internationale, africaine comme occidentale. Le Soudan fait face à une crise structurelle de temps long, puisque le pays a connu plusieurs conflits internes depuis son indépendance, ce qui participe à la faible mobilisation des instances diplomatiques internationales. Il a pourtant entraîné la pire crise humanitaire du monde. Plus de onze millions de Soudanais sont déplacés en interne, près de quatre millions ont fui le pays, tandis que 64 % de la population a besoin d’assistance (OCHA). Le Soudan connait la pire crise de la faim actuelle : vingt-cinq millions de Soudanais sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et plus de six cent mille Soudanais font face à la famine (PAM). Malgré la situation humanitaire catastrophique, les mobilisations pour le Soudan restent rares et inefficaces.

Ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni est resté investi sur la question soudanaise. Dans les années 1990, le pays a formé une troïka avec les États-Unis et la Norvège pour soutenir les efforts de paix au Soudan et l’accès à l’indépendance du Soudan du Sud. Le Royaume-Uni est un des membres des « Friends of Sudan », le forum international le plus important pour le processus de transition soudanais. Le groupe a réuni des pays occidentaux, des acteurs régionaux et le gouvernement soudanais issu de la révolution démocratique de 2019 afin de suivre l’avancée de la transition.

Depuis sa nomination comme secrétaire d’État aux Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement en juillet 2024, David Lammy a tenté de faire bouger les lignes sur la question soudanaise. Lors de la présidence britannique du Conseil de sécurité de l’ONU de novembre 2024, le Royaume-Uni et la Sierra Leone avaient corédigé une résolution sur la protection des civils. Le projet de résolution visait à créer un mécanisme de mise en œuvre des engagements en matière de protection des civils issus de la Déclaration de Djeddah, signée par les RSF et les SAF en mai 2023. La résolution avait recueilli quatorze voix pour, mais le veto de la Russie avait empêché le Conseil de sécurité de l’ONU de l’adopter, Moscou ayant endossé la position des SAF. Le général al-Burhan reprochait au texte de mettre sur un pied d’égalité les RSF et les SAF, de violer la souveraineté du Soudan en mentionnant la possibilité d’une intervention militaire étrangère et en souhaitant une justice rendue par la Cour pénale internationale plutôt que par les autorités soudanaises. Le secrétaire d’État britannique s’est également déplacé en janvier 2025 afin de visiter la ville d’Adré, à la frontière entre le Tchad et le Soudan, et de rencontrer des réfugiés soudanais.

Dans la continuité de la Conférence pour le Soudan et les pays voisins, coorganisée à Paris par la France, l’Allemagne et l’Union européenne en avril 2024, David Lammy a réuni à Londres l’Arabie saoudite, le Canada, l’Égypte, les Émirats arabes unis, les États-Unis, l’Éthiopie, le Kenya, la Norvège, le Qatar, le Soudan du Sud, la Suisse, le Tchad, la Turquie et l’Ouganda. Des représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la Ligue arabe et des Nations unies étaient également présents. En unissant acteurs régionaux, instances politiques internationales et pays occidentaux, le sommet visait à trouver une position hégémonique multilatérale sur le règlement du conflit au Soudan.

Quels étaient les objectifs du sommet, et quels résultats ont été obtenus ?

L’objectif principal du sommet était de créer une cohérence politique entre les acteurs impliqués dans la réponse internationale. L’absence de représentants soudanais, des SAF comme des RSF, rendait claire l’impossibilité de signer un accord de cessez-le-feu à la sortie du sommet. Toutefois, l’idée demeurait de trouver un « chemin vers la paix », en unissant les voix et les efforts.

Alors que les ambitions apparaissaient déjà limitées, les résultats n’ont pas été à la hauteur des objectifs du sommet du fait d’un désaccord entre l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui exercent tous trois une influence sur le conflit.

Égypte : Le président Al-Sissi considère le général al-Burhan comme un allié-clef pour la stabilité régionale, notamment dans son conflit d’intérêts avec l’Éthiopie sur la construction du grand barrage de la Renaissance. Celui-ci fournirait à Addis Abeba la main sur la gestion des eaux du Nil ce qui inquiète le Soudan et l’Égypte. Le Caire a donc procuré un soutien militaire, financier et humanitaire au gouvernement d’al-Burhan depuis son coup d’État en 2021.

Arabie saoudite : Pour contenir l’influence industrielle et technologique iranienne au Soudan, Riyad a largement financé le gouvernement d’al-Burhan. Téhéran ne joue pas un jeu politique, mais s’est imposé par ses exportations de drones depuis le début de la guerre. L’Arabie saoudite tente surtout de s’établir comme un médiateur crédible. Jusqu’ici, seules les négociations de Djeddah ont mené à un accord signé par les SAF et les RSF, même si elles ne sont pas mises en œuvre.

Émirats arabes unis : Abu Dhabi est le mécène principal des RSF. Les Émirats semblent fournir une aide militaire par un corridor à la frontière entre le Tchad et le Soudan, contrevenant ainsi à l’embargo sur les armes imposé par l’ONU. Ils ont toujours nié ces accusations. Les Émirats, deuxième plus grand centre aurifère du monde, jouent également un rôle clef dans le secteur, car près de 90 % de l’or soudanais finirait dans le pays, par des circuits commerciaux légaux ou clandestins.

Le conflit soudanais est marqué par l’intervention d’acteurs régionaux. Londres comptait notamment sur la convergence entre ces trois États pour produire un communiqué conjoint. Or, pour la première fois, l’Égypte et l’Arabie saoudite ont exprimé publiquement leur désaccord avec le soutien prodigué aux RSF par les Émirats arabes unis. Par ailleurs, l’Égypte et l’Arabie saoudite défendaient l’inscription du respect des institutions d’État dans le communiqué conjoint, entérinant implicitement la légitimité du gouvernement des SAF. Les Émirats y préféraient une formulation invoquant une gouvernance civile. À cause de cette impasse, la conférence a été contrainte de se conclure sur une déclaration des coprésidents et n’a pas réussi à trouver un groupe de contact pour relancer une médiation indirecte.

Par ailleurs, la conférence ne permettra pas de soutenir les civils confrontés à la catastrophe humanitaire en cours. Au total, 950 millions d’euros d’aide, dont 282 millions d’euros de dons de l’Union européenne, ont été annoncés. Ce montant est loin de pouvoir assurer les besoins urgents du peuple soudanais. En effet, l’ONU estime que 6 milliards de dollars sont nécessaires pour répondre aux multiples crises, dont 4,2 pour la réponse humanitaire et 1,8 pour les déplacés externes dans les pays voisins. Ainsi, seul un sixième du financement des besoins urgents sera mis à disposition, si les moyens engagés sont effectivement déboursés. Les populations les plus vulnérables subissent déjà la tendance à la baisse de l’aide multilatérale. L’appel à garantir un accès humanitaire libre et sécurisé au Soudan ne s’est pour l’instant traduit par aucune mesure concrète. Le sommet n’est donc pas en mesure de répondre à la crise structurelle que rencontre le Soudan actuellement.

En parallèle du sommet, le général Hemedti a annoncé la création d’une administration parallèle à celle du général al-Burhan. La partition du Soudan est-elle une possibilité ?

Le général Hemedti a annoncé sur Telegram, le 16 avril 2025, la création d’une administration « de paix et d’unité ». La charte fondatrice avait été signée le 22 février 2025 à Nairobi par les RSF et vingt-trois autres mouvements rebelles. La création de cette nouvelle administration alimente les inquiétudes quant à une éventuelle partition de facto du Soudan. Jusqu’ici, les RSF ne prodiguaient pas de système administratif et n’offraient donc pas de solution alternative au gouvernement d’al-Burhan.  Désormais, si la ligne de front se stabilise, le Soudan pourrait se fragmenter entre les zones d’influence des deux belligérants.

Comme il s’agit d’une guerre pour le pouvoir et pour le contrôle des matières premières, aucun des deux généraux ne souhaite cesser les combats.  Les deux camps sont des héritiers politiques de la dictature militaire d’Omar el-Bechir (1989-2019), qui s’étaient alliés en 2021 pour contenir la révolution démocratique de 2019 avant de se tourner l’un contre l’autre en 2023. Tous deux accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, ils n’hésitent pas à mettre les civils en péril pour poursuivre leur conquête militaire. L’instrumentalisation des communautés et des groupes socio-ethniques – en faisant appel aux réminiscences des crises antérieures et aux tensions autour des ressources naturelles – leur garantit certains soutiens alliés. Par des déclarations successives, les généraux Hemedti et al-Burhan ont affirmé que la guerre ne cesserait que par une victoire militaire. Ainsi, la reprise de Khartoum par les FAS en mars 2025 aurait pu devenir un évènement décisif dans le cours du conflit. Toutefois, les RSF poursuivent leur offensive à Khartoum, accroissent leur coalition, notamment par un accord avec le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-North), un groupe actif à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, et étendent le théâtre d’opérations vers le nord du pays, jusqu’ici relativement épargné.

De nombreuses ressources naturelles, dont l’or, mais aussi les terres arables, le bétail, les minéraux et la gomme, influent sur la dynamique de la guerre au Soudan. L’or s’est rapidement manifesté un élément central du conflit, à la fois comme cause et comme moyen. Par le passé, le contrôle des zones riches en or, dont le nord du Darfour, a déjà motivé l’action violente des RSF pour accéder au contrôle de la production et de l’exportation aurifère. La valeur élevée de l’or et son rôle dans le financement des acteurs locaux et extérieurs en font un élément essentiel du maintien et de l’évolution du conflit actuel. Ce commerce lucratif rend donc peu probable la fin du conflit, puisque les deux belligérants s’arrimeront aux zones riches en ressource qu’ils contrôlent.

La fragmentation du pays est une ligne rouge pour tous les acteurs impliqués dans la résolution du conflit. Les coprésidents du Sommet de Londres ont souligné l’importance d’empêcher la partition du Soudan dans leur communiqué, tandis que l’Égypte et l’Union africaine ont réitéré ce même propos. Outre le non-respect de l’intégrité du territoire soudanais et du principe de l’intangibilité des frontières en Afrique, la fragmentation du pays risque de complexifier encore le chemin vers la paix et la surveillance internationale de la situation humanitaire.

La communauté internationale doit persévérer pour trouver une paix durable. Aujourd’hui, aucun général n’est considéré comme pleinement légitime pour diriger le Soudan. Après l’échec de la médiation américaine, l’administration Biden a émis en janvier 2025, à la toute fin de son mandat, des sanctions contre les RSF, accusés de génocide, puis contre les SAF. Par cette double décision, les États-Unis affirment que ni al-Burhan ni Hemedti n’encouragent un futur pacifique pour le Soudan. L’administration Trump n’a pour l’instant pas pris position sur la guerre au Soudan. De la même manière, aucun représentant soudanais n’a été convié au Sommet de Londres. De ce fait, les efforts internationaux doivent se concentrer sur la représentation des intérêts du peuple soudanais. Enfin, les puissances régionales doivent apporter des garanties de leurs engagements pour la paix. Chaque année, l’Égypte et les Émirats arabes unis signent des déclarations contre les interférences étrangères au Soudan, mais poursuivent leur soutien direct.

En organisant cette conférence, le Royaume-Uni a mis l’espace d’un instant le Soudan sur le devant de la scène diplomatique. Néanmoins, les résultats limités de la conférence et sa faible visibilité médiatique prouvent que les efforts diplomatiques vont devoir se répéter sur le temps long avant de parvenir à trouver une issue au conflit.

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30.04.2025 à 18:25

Gaza : Nul ne pourra dire  » Nous ne savions pas ». Avec Dominique Eddé

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Pascal Boniface · Gaza : Nul ne pourra dire "Nous ne savions pas". Avec Dominique Eddé | Entretiens géopo Face à la souffrance du peuple palestinien, le silence règne dans les sphères médiatique et politique. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas, la riposte du gouvernement de Benyamin Netanyahou, soutenu par la Maison-Blanche, a mené à la destruction du territoire gazaoui, et à la mort d’a minima 50 000 civils palestinien. Avec le retour de Donald Trump au pouvoir, le soutien inconditionnel de Washington se double d’une proposition de plan visant à vider Gaza de sa population pour y construire une riviera, le tout en dépit du droit international.Cette réalité donne lieu à une véritable bataille des récits, où la capacité de réflexion se heurte à la dévalorisation du savoir et à l’impossibilité du débat intellectuel. L’horreur des crimes de guerre commis ne devrait être qu’une raison de plus de les condamner, ce que défend ardument Dominique Eddé dans ce podcast.Comment expliquer le manque de recul qui anime les débats sur la reconnaissance des souffrances du peuple palestinien ? Pourquoi l’espace médiatique français fait-il preuve d’un lourd silence sur la question ? Comment sortir de l’immobilisme politique au sujet du conflit ? Autant d’enjeux abordés dans ce podcast par Dominique Eddé, intellectuelle et essayiste libanaise

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Face à la souffrance du peuple palestinien, le silence règne dans les sphères médiatique et politique. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le Hamas, la riposte du gouvernement de Benyamin Netanyahou, soutenu par la Maison-Blanche, a mené à la destruction du territoire gazaoui, et à la mort d’a minima 50 000 civils palestinien. Avec le retour de Donald Trump au pouvoir, le soutien inconditionnel de Washington se double d’une proposition de plan visant à vider Gaza de sa population pour y construire une riviera, le tout en dépit du droit international.
Cette réalité donne lieu à une véritable bataille des récits, où la capacité de réflexion se heurte à la dévalorisation du savoir et à l’impossibilité du débat intellectuel. L’horreur des crimes de guerre commis ne devrait être qu’une raison de plus de les condamner, ce que défend ardument Dominique Eddé dans ce podcast.
Comment expliquer le manque de recul qui anime les débats sur la reconnaissance des souffrances du peuple palestinien ? Pourquoi l’espace médiatique français fait-il preuve d’un lourd silence sur la question ? Comment sortir de l’immobilisme politique au sujet du conflit ?

Autant d’enjeux abordés dans ce podcast par Dominique Eddé, intellectuelle et essayiste libanaise

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30.04.2025 à 17:10

Le Vatican face à l’héritage du Pape François : le chemin est-il tout tracé ?

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Le pontificat du pape François, inédit par sa dimension latino-américaine et par son engagement politique en faveur du progrès social, a profondément marqué l’Église catholique. Sans s’éloigner des dogmes, il rompt avec ses prédécesseurs et élève la voix sur une scène internationale en pleine mutation. Il œuvre pour la reconnaissance des victimes des conflits et des dérèglements climatiques. Critique du modèle occidental, son pontificat s’inscrit dans des dynamiques mondiales profondes, laissant derrière lui un héritage majeur avec lequel ses successeurs devront nécessairement composer. Comment caractériser les 12 années du règne papal de François ? Dans quelle mesure rompt-il avec les positions traditionnelles de l’Église catholique ? Quels sont les enjeux qui planent au-dessus du prochain conclave, et plus largement, sur le pontificat de son successeur ? Le point avec François Mabille, chercheur associé à l’IRIS où il dirige l’Observatoire géopolitique du religieux. Qualifié de progressiste, quel héritage le pape François laisse-t-il derrière lui ? Le pape François laisse un héritage complexe et contrasté, plus pastoral que doctrinal. Sur le plan doctrinal, François n’a pas changé les grands principes de l’enseignement catholique sur la morale sexuelle, la famille ou le sacerdoce masculin. Son attachement à la doctrine sur ces sujets a déçu les progressistes qui attendaient des ruptures plus franches. Sur le plan pastoral, il a profondément transformé le style de gouvernement de l’Église, favorisant l’accueil et l’accompagnement des fidèles, y compris ceux en situation dite « irrégulière ». Il a promu une approche de sollicitude pastorale plus que normative. Un aspect clé de son pontificat est son opposition déterminée au libéralisme, à la fois moral et économique. Sur le plan moral, François a dénoncé les dérives individualistes, consuméristes et relativistes des sociétés occidentales, tout en refusant d’assouplir la doctrine catholique. Sur le plan économique, il a critiqué avec force « l’idolâtrie de l’argent » et le « culte […]

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Texte intégral (1193 mots)

Qualifié de progressiste, quel héritage le pape François laisse-t-il derrière lui ?

Le pape François laisse un héritage complexe et contrasté, plus pastoral que doctrinal.

Sur le plan doctrinal, François n’a pas changé les grands principes de l’enseignement catholique sur la morale sexuelle, la famille ou le sacerdoce masculin. Son attachement à la doctrine sur ces sujets a déçu les progressistes qui attendaient des ruptures plus franches.

Sur le plan pastoral, il a profondément transformé le style de gouvernement de l’Église, favorisant l’accueil et l’accompagnement des fidèles, y compris ceux en situation dite « irrégulière ». Il a promu une approche de sollicitude pastorale plus que normative.

Un aspect clé de son pontificat est son opposition déterminée au libéralisme, à la fois moral et économique. Sur le plan moral, François a dénoncé les dérives individualistes, consuméristes et relativistes des sociétés occidentales, tout en refusant d’assouplir la doctrine catholique. Sur le plan économique, il a critiqué avec force « l’idolâtrie de l’argent » et le « culte du marché », appelant à un ordre économique mondial plus juste et solidaire.

Cette double opposition l’a placé dans une position inconfortable : perçu comme trop rigide par les libéraux culturels, et comme trop radical par les partisans de l’économie de marché. Cette tension profonde entre valeurs spirituelles et structures du monde moderne sera héritée par son successeur, qui devra trouver un équilibre entre fidélité à la tradition et capacité d’interpellation du monde contemporain.

Au-delà de sa dimension religieuse, dans quelle mesure le pontificat du pape François a-t-il façonné la diplomatie du Saint-Siège ? Comment l’Église envisage-t-elle son rôle après lui ?

Sous François, la diplomatie du Saint-Siège a pris une tournure profondément nouvelle​.
Traditionnellement fondée sur la neutralité et la médiation discrète, elle a sous son pontificat pris une coloration beaucoup plus militante et critique. François a voulu que la voix du Vatican soit audible dans la dénonciation des injustices mondiales, des désordres climatiques, et des logiques guerrières.

Un aspect majeur de cette diplomatie est son opposition radicale à l’ordre international occidental​. François a critiqué économiquement, le libéralisme de marché et le « culte de l’argent », qu’il a accusé d’entretenir les inégalités ; politiquement, la domination hégémonique des grandes puissances occidentales, notamment les États-Unis et l’Union européenne ; idéologiquement l’individualisme, le relativisme moral et le consumérisme, vus comme des menaces pour la dignité humaine et la solidarité entre les peuples.

Cette critique n’a pas été simplement verbale : elle s’est incarnée dans des choix stratégiques, comme le dialogue avec la Chine, l’ouverture au Sud global (BRICS) et une prudente bienveillance envers la Russie jusqu’en 2021. Mais cette posture critique a isolé le Saint-Siège, faute de relais diplomatiques solides​.

Le pontificat de François a également été marqué par une vision pacifiste affirmée.
Il a rompu avec certaines prudences diplomatiques passées, en promouvant un pacifisme radical que l’on perçoit notamment à travers trois attitudes : le soutien au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN)​, la dénonciation de toute logique de dissuasion, même dans un cadre multilatéral, l’appel enfin, à une paix basée sur la fraternité et non sur l’équilibre de la terreur.

Cette posture a renforcé l’autorité morale du pape auprès des opinions publiques, mais a affaibli l’influence diplomatique traditionnelle du Saint-Siège auprès des grandes puissances stratégiques. La diplomatie du Vatican s’est retrouvée sans véritable levier d’action dans un monde revenu aux rapports de force.

Après François, l’Église devra peut-être retrouver une diplomatie plus équilibrée et aux formes d’action renouvelée. Dans cette perspective, la possibilité d’élection d’un pape plus diplomate et moins militant n’est pas impossible.

Dans quelle mesure les contextes sociétal et géopolitique tendus influenceraient-ils l’élection du prochain pape ? Doit-on s’attendre à un recul des mesures progressistes ?

Le contexte géopolitique (guerre, montée des tensions États-Unis/Chine, affaiblissement du multilatéralisme) et sociétal (fractures idéologiques profondes en Occident) pourrait peser fortement sur le prochain conclave.

À l’intérieur de l’Église, plusieurs dynamiques vont s’affronter :

  • Les conservateurs veulent recentrer l’Église sur la défense doctrinale claire face aux crises de société.
  • Les réformateurs veulent prolonger l’esprit pastoral et d’ouverture de François.
  • Les modérés chercheront à préserver l’unité fragile du corps ecclésial.

Le rejet du libéralisme moral et du libéralisme économique, hérité de François, continuera de structurer les choix futurs.

Le prochain pape devra donc poursuivre cette critique du monde contemporain, tout en étant peut-être plus habile pour recomposer une diplomatie efficace et nouer de nouveaux appuis.

Concernant les réformes « progressistes », il est probable que le style pastoral d’ouverture restera, car il est désormais bien implanté. En revanche, on peut envisager d’une part un recentrage doctrinal (plus de clarté et de fermeté sur les grands repères) et d’autre part une diplomatie plus feutrée, moins militante, pour restaurer la capacité du Saint-Siège à peser discrètement dans les affaires du monde.

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30.04.2025 à 11:04

Élection présidentielle annulée en Roumanie : la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux

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En Roumanie, l’élection présidentielle de novembre 2024 s’est trouvée chamboulée par un événement majeur : l’annulation du premier tour par la Cour constitutionnelle. Cette décision a été prise après des accusations d’ingérence russe via des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, en faveur du candidat d’extrême droite indépendant Călin Georgescu. Pour ce qui s’apparenterait à « une campagne de manipulation historique menée contre la Roumanie. » À un mois du scrutin, l’homme politique est crédité de seulement quelques pourcentages d’intentions de vote dans les sondages d’opinion publique, mais obtient 23 % lors du premier tour, après une campagne courte et intense sur les réseaux sociaux. Cette annulation est une situation inédite dans une démocratie de l’Union européenne. Le Global Risks Report 2024 classe la mésinformation et la désinformation comme les menaces majeures des deux prochaines années. Il convient alors de s’interroger sur la portée de cet événement roumain, les répercussions à l’échelle européenne et sur l’utilisation de ce concept de désinformation dans la sphère politique. Le premier tour de l’élection présidentielle roumaine est reporté au 4 mai 2025, le second au 18 mai 2025.

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En Roumanie, l’élection présidentielle de novembre 2024 s’est trouvée chamboulée par un événement majeur : l’annulation du premier tour par la Cour constitutionnelle. Cette décision a été prise après des accusations d’ingérence russe via des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, en faveur du candidat d’extrême droite indépendant Călin Georgescu. Pour ce qui s’apparenterait à « une campagne de manipulation historique menée contre la Roumanie. » À un mois du scrutin, l’homme politique est crédité de seulement quelques pourcentages d’intentions de vote dans les sondages d’opinion publique, mais obtient 23 % lors du premier tour, après une campagne courte et intense sur les réseaux sociaux. Cette annulation est une situation inédite dans une démocratie de l’Union européenne.

Le Global Risks Report 2024 classe la mésinformation et la désinformation comme les menaces majeures des deux prochaines années. Il convient alors de s’interroger sur la portée de cet événement roumain, les répercussions à l’échelle européenne et sur l’utilisation de ce concept de désinformation dans la sphère politique. Le premier tour de l’élection présidentielle roumaine est reporté au 4 mai 2025, le second au 18 mai 2025.

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29.04.2025 à 18:20

Pape François : aux origines d’une voix populaire mondiale

Coline Laroche              
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De Buenos Aires au Vatican, le pape François, laisse aujourd’hui derrière lui un héritage fort au sein de l’Église catholique. Surnommé « El Hombre del común », José Bergolio était connu pour sa proximité à l’égard des argentins et son engagement au sein de l’Église dans les quartiers de sa ville. Dès ses débuts dans la vie cléricale, il se consacre à la défense des droits des plus défavorisés. Chef de file du courant de pensée de la « théologie du peuple », il entretient des liens étroits avec les différents chefs d’État latino-américains et dialogue activement avec les mouvements sociaux. Ainsi, une fois intronisé pape en 2013, il organise annuellement la « Rencontre des mouvements populaires » pour promouvoir le développement humain intégral. Son pontificat, marqué par un engagement politique, a permis à la voix populaire de se faire entendre sur la scène internationale. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, revient sur le parcours atypique du défunt pape François et sur son impact au sein de l’Église.

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De Buenos Aires au Vatican, le pape François, laisse aujourd’hui derrière lui un héritage fort au sein de l’Église catholique. Surnommé « El Hombre del común », José Bergolio était connu pour sa proximité à l’égard des argentins et son engagement au sein de l’Église dans les quartiers de sa ville. Dès ses débuts dans la vie cléricale, il se consacre à la défense des droits des plus défavorisés. Chef de file du courant de pensée de la « théologie du peuple », il entretient des liens étroits avec les différents chefs d’État latino-américains et dialogue activement avec les mouvements sociaux. Ainsi, une fois intronisé pape en 2013, il organise annuellement la « Rencontre des mouvements populaires » pour promouvoir le développement humain intégral. Son pontificat, marqué par un engagement politique, a permis à la voix populaire de se faire entendre sur la scène internationale. Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, revient sur le parcours atypique du défunt pape François et sur son impact au sein de l’Église.

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29.04.2025 à 17:19

Inde – Pakistan : peut-on arrêter l’engrenage vers la guerre ? | Les mardis de l’IRIS

stagiaire-comm@iris-france.org
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Chaque mardi, je reçois un membre de l’équipe de recherche de l’IRIS (‪@institutiris‬) pour décrypter un fait d’actualité internationale. Aujourd’hui, échange avec Olivier Da Lage, chercheur associé à l’IRIS, autour de la relation entre l’Inde et le Pakistan. Les tensions se sont fortement ravivées après l’attaque de touristes au Cachemire indien qui a fait 26 victimes. Les autorités indiennes accusent le Pakistan d’appuyer ces opérations terroristes.

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Chaque mardi, je reçois un membre de l’équipe de recherche de l’IRIS (‪@institutiris‬) pour décrypter un fait d’actualité internationale. Aujourd’hui, échange avec Olivier Da Lage, chercheur associé à l’IRIS, autour de la relation entre l’Inde et le Pakistan. Les tensions se sont fortement ravivées après l’attaque de touristes au Cachemire indien qui a fait 26 victimes. Les autorités indiennes accusent le Pakistan d’appuyer ces opérations terroristes.

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29.04.2025 à 16:10

Miner la politique étrangère américaine, un diplomate à la fois

Coline Laroche              
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Alors que Donald Trump accélère le désengagement de Washington à l’international et érige des barrières budgétaires le long de ses frontières, l’étude des bouleversements intérieurs étatsuniens passe au second plan, en dépit de leur importance. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche remanie les institutions et préfère la fidélité du candidat à son expérience, un choix qui suscite de vives critiques. L’exemple du nouveau « Director General of the Foreign Service » est éloquent en la matière et inquiète le corps diplomatique qui n’est plus en capacité d’exprimer son mécontentement. Il y a eu tellement de changements vertigineux dans la politique étrangère américaine depuis l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier dernier.  Le président a lancé une guerre commerciale mondiale, semble avoir plus ou moins abandonné l’Ukraine, est passé à l’offensive contre les immigrants. Donald Trump et son acolyte Elon Musk ont eu un impact dramatique sur l’infrastructure de la diplomatie américaine, fermant l’USAID, réduisant les budgets et le personnel consacrés aux affaires étrangères, coupant les liens avec des organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Il est difficile de suivre tout cela. Il est encore plus difficile de suivre le travail de sape à l’intérieur de nos institutions.  Le président fixe les grandes lignes d’une politique étrangère pour le moins transgressive.  En même temps, ses fidèles sont également très concentrés sur les détails. Prenons un exemple au Département de l’État. Je parierais que vous n’avez pas entendu parler du « Director General of the Foreign Service ».  Contrairement à de nombreux autres fonctionnaires de haut niveau au sein du ministère, à commencer par le secrétaire d’État, le « Director General (DG) » a un travail tourné vers l’intérieur.  C’est un de ces postes qui n’attirent pas beaucoup d’attention en dehors du « Beltway ».  Ce responsable n’en est pas moins l’un des dirigeants chargés […]

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Il y a eu tellement de changements vertigineux dans la politique étrangère américaine depuis l’entrée en fonction de Donald Trump en janvier dernier.  Le président a lancé une guerre commerciale mondiale, semble avoir plus ou moins abandonné l’Ukraine, est passé à l’offensive contre les immigrants. Donald Trump et son acolyte Elon Musk ont eu un impact dramatique sur l’infrastructure de la diplomatie américaine, fermant l’USAID, réduisant les budgets et le personnel consacrés aux affaires étrangères, coupant les liens avec des organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Il est difficile de suivre tout cela.

Il est encore plus difficile de suivre le travail de sape à l’intérieur de nos institutions.  Le président fixe les grandes lignes d’une politique étrangère pour le moins transgressive.  En même temps, ses fidèles sont également très concentrés sur les détails. Prenons un exemple au Département de l’État.

Je parierais que vous n’avez pas entendu parler du « Director General of the Foreign Service ».  Contrairement à de nombreux autres fonctionnaires de haut niveau au sein du ministère, à commencer par le secrétaire d’État, le « Director General (DG) » a un travail tourné vers l’intérieur.  C’est un de ces postes qui n’attirent pas beaucoup d’attention en dehors du « Beltway ».  Ce responsable n’en est pas moins l’un des dirigeants chargés de déterminer les grandes lignes de notre diplomatie.

Le directeur général est officiellement le chef des ressources humaines du département d’État, mais le travail implique bien plus que cela.  Il fixe la politique globale du personnel, supervise le recrutement de nouveaux diplomates, aide à identifier les officiers pour les postes les plus importants, gère les crises et les évacuations à l’étranger, résout les conflits de travail, et agit essentiellement comme chef du corps diplomatique américain. Il n’est pas exagéré de dire que c’est le directeur général qui dirige le service diplomatique.  Selon la loi, le DG doit être issu des rangs des agents professionnels du « Foreign Service » et, selon la tradition, le DG est toujours un officier de très haut rang avec au moins une mission d’ambassadeur à son actif. La liste des anciens DG comprend un grand nombre des diplomates de carrière les plus accomplis du département d’État.

Or, ce mois-ci, la Maison-Blanche a nommé Lew Olowski au poste de directeur général, à titre intérimaire. Avocat spécialisé dans la « sécurité nationale », il entretient des liens avec des médias et organisations de droite comme le Daily Caller et la Federalist Society. Il a servi dans la première administration Trump au département de la Sécurité intérieure. Lew Olowski remplit, à peine, les conditions requises pour assumer son nouveau poste à force d’une seule affectation en tant que diplomate junior délivrant des visas dans la mission américaine en Chine.  Très fidèle à Donald Trump, Lew Olowski apporte une sensibilité chrétienne à l’affichage.  Sa première sortie publique dans ce poste a été un discours qu’il a prononcé devant les nouveaux agents diplomatiques, très commenté dans les médias.  Parmi les citations notables de la conférence, il y avait celle-ci, commentant le serment que les officiers venaient de prêter à la Constitution américaine : « Les serments et les paroles sont différents », a-t-il déclaré. « Les mots sont pour parler. Les dauphins peuvent parler. Les serments sont des engagements. Les animaux ne font pas d’engagement. Seuls Dieu et l’Homme peuvent faire des engagements ». Oui, cela parait tout aussi étrange en anglais qu’en français.   

Il n’est pas surprenant que la réaction du « Foreign Service » ait été moins qu’enthousiaste. L’American Foreign Service Association (AFSA), essentiellement le syndicat des diplomates de carrière, a même publié un communiqué de presse critiquant sévèrement la nomination de Lew Olowski.

Cette nomination est problématique à bien des égards. Premièrement, il n’a ni l’expérience ni le respect de ses collègues nécessaires pour occuper ce poste essentiel. Cet officier non titulaire, qui n’aura qu’une seule mission à l’étranger, fera partie du processus de sélection des futurs ambassadeurs et hauts fonctionnaires, s’occupera des problèmes de personnel sensibles, et organisera les évacuations des ambassades dans les zones de guerre. Comme l’AFSA l’a dit dans son commentaire sur sa nomination, faire de Lew Olowski DG « reviendrait à placer un officier militaire subalterne, qui n’a pas encore fait une période de commandement, à la tête du système de personnel du Pentagone. Cela sape la structure, la discipline et les normes qui sont essentielles au maintien d’une main d’œuvre efficace en matière de sécurité nationale. »

Deuxièmement, la nomination « par intérim » de Lew Olowski contourne effectivement la surveillance du Congrès que la constitution exige pour des postes clés comme celui-ci.  Le directeur général doit être confirmé par le Sénat ; le titre temporaire de « haut fonctionnaire du bureau » qu’il porte n’a pas besoin d’être confirmé.  Les républicains du Congrès voteraient presque certainement pour Lew Olowski, mais l’affectation temporaire qu’il a lui permet d’éviter les réunions avec les sénateurs et les audiences de la Commission des affaires étrangères, parfois éprouvantes, qui font partie du processus de confirmation.  Les démocrates n’ont pas eu l’occasion de l’interroger ou de vérifier son expérience.

Troisièmement, il procédera à une rupture avec des partenaires légitimes. Bien qu’elle ne soit pas nominalement un syndicat, l’AFSA a longtemps joué un rôle formel dans les questions de personnel. La relation entre l’AFSA et le bureau du DG est parfois coopérative, parfois plus conflictuelle, mais l’organisation est une voix essentielle pour les diplomates américains. En mars, le président Trump a publié un décret refusant aux employés fédéraux des agences de « sécurité nationale » le droit à la représentation. L’AFSA n’a donc plus de rôle officiellement reconnu, et Lew Olowski décidera des questions de travail sans la contribution du syndicat.

Rien de tout cela n’est un accident. L’administration Trump a toujours cherché à mettre les fonctionnaires au pas. La nomination de Lew Oleski envoie un message très fort au service extérieur : « Votre expérience et votre expertise sont sans importance, votre loyauté politique est bien plus importante que vos conseils politiques ou votre connaissance des pays étrangers, nous ne sommes pas intéressés par un dialogue équitable avec les hommes et les femmes qui travaillent au département d’État. »  


Retrouvez régulièrement les éditos de Jeff Hawkins, ancien diplomate américain, chercheur associé à l’IRIS, pour ses Carnets d’un vétéran du State Department.

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29.04.2025 à 15:06

Le rôle des athlètes dans la géopolitique du sport

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Depuis le renouveau des Jeux olympiques modernes, le sport s’est imposé comme un élément à part entière des dynamiques géopolitiques mondiales. Dès lors, il devient un prisme d’étude qui vient compléter les grilles de lecture traditionnelles des relations internationales. Outil diplomatique, il met en exergue les prises de position des acteurs concernés par les enjeux et les intérêts que suscite le sport. Dans cette perspective, les athlètes, moteurs de leur discipline, occupent naturellement le devant de la scène et deviennent les porte-étendards des revendications politiques et sociales qu’ils décident de soutenir. Carole Gomez, chercheuse spécialisée en sociologie et géopolitique du sport à l’Université de Lausanne répond à nos questions : 00:10 On parle de géopolitique du sport, quels sont les liens entre les pratiques sportives et les relations internationales ? 01:05 Dans quelle mesure l’évolution de la géopolitique du sport depuis quelques années nous permet-elle d’établir un constat réaliste des relations internationales actuelles ? 04:09 Comment a évolué la prise en compte de la voix des athlètes dans le sport ? Comment le sport est-il devenu un outil de revendication ? Cette vidéo a été réalisée à l’occasion de la 2e édition des Rencontres géoéconomiques et géopolitiques organisées par l’IRIS et  @NEOMAbsWebTV , en partenariat avec Diplomatie Magazine, le 1er avril 2025.

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Depuis le renouveau des Jeux olympiques modernes, le sport s’est imposé comme un élément à part entière des dynamiques géopolitiques mondiales. Dès lors, il devient un prisme d’étude qui vient compléter les grilles de lecture traditionnelles des relations internationales. Outil diplomatique, il met en exergue les prises de position des acteurs concernés par les enjeux et les intérêts que suscite le sport. Dans cette perspective, les athlètes, moteurs de leur discipline, occupent naturellement le devant de la scène et deviennent les porte-étendards des revendications politiques et sociales qu’ils décident de soutenir.

Carole Gomez, chercheuse spécialisée en sociologie et géopolitique du sport à l’Université de Lausanne répond à nos questions :

00:10 On parle de géopolitique du sport, quels sont les liens entre les pratiques sportives et les relations internationales ?

01:05 Dans quelle mesure l’évolution de la géopolitique du sport depuis quelques années nous permet-elle d’établir un constat réaliste des relations internationales actuelles ?

04:09 Comment a évolué la prise en compte de la voix des athlètes dans le sport ? Comment le sport est-il devenu un outil de revendication ?

Cette vidéo a été réalisée à l’occasion de la 2e édition des Rencontres géoéconomiques et géopolitiques organisées par l’IRIS et  @NEOMAbsWebTV , en partenariat avec Diplomatie Magazine, le 1er avril 2025.

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28.04.2025 à 17:31

Italie-Vatican : entre proximité institutionnelle et fractures idéologiques

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La République italienne a suspendu toutes ses activités officielles jusqu’aux obsèques du Saint-Père, qui ont eu lieu ce samedi. Si le pape François était le guide spirituel des catholiques du monde entier, il était aussi le chef d’État du plus petit pays au monde, situé au cœur même de Rome : le Vatican. Les relations entre l’Italie et le Saint-Siège sont anciennes et complexes, mêlant spiritualité, politique, histoire et intérêts (parfois divergents). Depuis l’unification italienne au XIXe siècle, ces liens ont été marqués par des tensions – notamment la question territoriale – jusqu’à la signature des accords du Latran en 1929. Malgré des divergences idéologiques parfois profondes, l’Église et l’État italien n’ont jamais véritablement rompu le dialogue, preuve de l’influence durable du catholicisme dans la société italienne. Les accords du Latran, socle de la relation entre les deux États Les accords du Latran, signés le 11 février 1929 par Benito Mussolini, le Saint-Siège et le cardinal Gasparri pour le pape Pie XI, constituent un tournant majeur dans les relations entre les deux entités. Ils viennent clore la « question romaine », ouverte en 1870 lorsque les troupes italiennes ont annexé Rome et mis fin aux États pontificaux. Par la suite et pendant près de 60 ans, les papes avaient refusé de reconnaître la légitimité du nouvel État italien. Les accords du Latran stabilisent les rapports entre les deux pays sur trois axes majeurs : d’abord un traité politique, par lequel l’Italie reconnaît l’indépendance et la souveraineté de l’État de la Cité du Vatican, nouvellement créé. Ce traité garantit également à l’Église une série de privilèges, notamment l’extraterritorialité pour certaines basiliques majeures et résidences (comme le Latran, Sainte-Marie-Majeure ou Castel Gandolfo), ainsi qu’une totale immunité pour les autorités ecclésiastiques sur ces sites. Les accords prévoient aussi une convention financière, à travers laquelle l’Italie […]

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Texte intégral (1443 mots)

La République italienne a suspendu toutes ses activités officielles jusqu’aux obsèques du Saint-Père, qui ont eu lieu ce samedi. Si le pape François était le guide spirituel des catholiques du monde entier, il était aussi le chef d’État du plus petit pays au monde, situé au cœur même de Rome : le Vatican. Les relations entre l’Italie et le Saint-Siège sont anciennes et complexes, mêlant spiritualité, politique, histoire et intérêts (parfois divergents). Depuis l’unification italienne au XIXe siècle, ces liens ont été marqués par des tensions – notamment la question territoriale – jusqu’à la signature des accords du Latran en 1929. Malgré des divergences idéologiques parfois profondes, l’Église et l’État italien n’ont jamais véritablement rompu le dialogue, preuve de l’influence durable du catholicisme dans la société italienne.

Les accords du Latran, socle de la relation entre les deux États

Les accords du Latran, signés le 11 février 1929 par Benito Mussolini, le Saint-Siège et le cardinal Gasparri pour le pape Pie XI, constituent un tournant majeur dans les relations entre les deux entités. Ils viennent clore la « question romaine », ouverte en 1870 lorsque les troupes italiennes ont annexé Rome et mis fin aux États pontificaux. Par la suite et pendant près de 60 ans, les papes avaient refusé de reconnaître la légitimité du nouvel État italien.

Les accords du Latran stabilisent les rapports entre les deux pays sur trois axes majeurs : d’abord un traité politique, par lequel l’Italie reconnaît l’indépendance et la souveraineté de l’État de la Cité du Vatican, nouvellement créé. Ce traité garantit également à l’Église une série de privilèges, notamment l’extraterritorialité pour certaines basiliques majeures et résidences (comme le Latran, Sainte-Marie-Majeure ou Castel Gandolfo), ainsi qu’une totale immunité pour les autorités ecclésiastiques sur ces sites. Les accords prévoient aussi une convention financière, à travers laquelle l’Italie s’engage à indemniser le Saint-Siège pour la perte des États pontificaux. Le Vatican reçoit à ce titre une compensation de 1,75 milliard de lires (en partie en espèces, en partie en obligations d’État), ce qui permet à l’État pontifical de constituer une base financière solide. Enfin, un concordat religieux, qui établit le catholicisme comme religion d’État et qui confère à l’Église un rôle prépondérant dans la société italienne, encore aujourd’hui.          

Ces accords marquent une alliance stratégique entre l’Église et le régime fasciste. En échange de la reconnaissance du Vatican, BenitoMussolini obtient le soutien tacite de l’Église, qui voit dans le régime un rempart contre le communisme. L’Église gagne en revanche un statut institutionnel puissant dans l’Italie unifiée. Un mariage de raison et d’intérêt plus qu’un réel accord politique voulu par les deux parties. Malgré la chute du fascisme et le retour de la république en 1946, les accords du Latran restent en vigueur. Aujourd’hui encore, ils constituent le cadre juridique des relations entre le Saint-Siège et l’État italien.

Une Église toujours influente dans l’Italie contemporaine

Les accords du Latran ont été révisés : depuis 1984, le catholicisme n’est plus religion d’État en Italie. Toutefois, l’influence de l’Église demeure significative. L’enseignement religieux, bien que facultatif, est encore proposé dans les collèges et lycées. Plusieurs lois italiennes reflètent encore cette influence.

La première est celle sur le blasphème qui constituait un délit (article 724 du Code pénal) jusqu’en 1999. Désormais considéré comme une simple infraction passible d’une amende (entre 51 et 309€). Il n’est que très rarement sanctionné, car dans certaines régions (comme la Vénétie) le blasphème fait partie du langage courant et son contrôle est quasi impossible. Toutefois, dans le monde du sport, la règle est plus appliquée : l’article 37 du code de justice sportive prévoit une suspension d’un match pour tout joueur surpris en train de blasphémer sur le terrain, à condition qu’un enregistrement audio en atteste. Ce fut le cas de Davide Lanzafame en 2010, premier footballeur sanctionné pour cette raison.

La seconde concerne l’objection de conscience, notamment dans le domaine médical. Cette disposition permet aux praticiens de refuser de réaliser certains actes, comme l’avortement. Dans certaines régions (comme la Calabre), le taux de médecins objecteurs dépasse 90 %, rendant l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) très difficile et obligeant les femmes à se déplacer vers d’autres régions. Cette réalité provoque un déséquilibre majeur dans la planification hospitalière. Le même phénomène est observé pour la distribution de la pilule du lendemain, parfois introuvable dans certaines communes, faute de médecins enclins à la prescrire.

Enfin, le Vatican bénéficie de conditions fiscales très avantageuses en Italie. L’Église ne paie pas de taxe foncière sur ses propriétés immobilières, bien que la réforme de 2012 ait limité cette exonération. Par ailleurs, chaque contribuable italien doit reverser 0,8 % de ses impôts à une organisation de son choix. En l’absence de précision, ce montant est attribué par défaut à l’Église catholique, qui a ainsi perçu près d’un milliard d’euros en 2024. Sur le plan administratif, l’Église conserve une certaine autorité : les mariages religieux sont légalement reconnus, au même titre que les unions civiles célébrées en mairie.

Tensions politiques et divergences idéologiques

Le pape François a régulièrement fait des déclarations opposées au gouvernement italien, sur plusieurs sujets. Sur la question migratoire, il affirmait : « Dieu est avec les migrants, les rejeter est un péché grave », une déclaration en totale contradiction avec la rhétorique de la droite souverainiste, qui dénonce une supposée « substitution ethnique et culturelle », selon les mots de Giorgia Meloni. De même, François a défendu une posture neutre dans la guerre en Ukraine, appelant à la paix, et s’est montré solidaire de la population de Gaza dans le conflit israélo-palestinien, contrastant avec la ligne dure du gouvernement italien.

Dans ce contexte, la droite souverainiste italienne n’a d’autre solution que de défendre les valeurs de la religion chrétienne sous un prisme civilisationnel. Matteo Salvini, en 2021, affirmait que le pape François « n’était pas [son] pape », lui préférant Benoît XVI, plus conservateur. Pour Giorgia Meloni, c’est plus la défense des traditions chrétiennes qui importe, même si la figure du Pape ne peut pas être totalement évincée.

Les funérailles du pape François ont ouvert une autre polémique en Italie. La date de la cérémonie coïncide avec l’une des fêtes nationales italiennes, la libération du fascisme. Le ministre de la Protection civile, Nello Musumeci, a appelé les Italiens à fêter ce jour « avec la modération et la sobriété que les circonstances imposent ». Une manière, pour certains, de limiter les manifestations anti-fascistes dans le pays, sous le couvert des funérailles du pape Bergoglio.

Une élection papale aux enjeux politiques majeurs

Le choix du successeur de François aura un impact réel en Italie. Un pape progressiste renforcerait l’opposition morale à la ligne Meloni, tandis qu’un pontife plus conservateur pourrait favoriser un rapprochement. Giorgia Meloni, adepte du choc idéologique, pourrait tirer parti d’un pape réformateur pour renforcer son propre positionnement. Dans un pays où l’identité religieuse reste un levier politique, la personnalité du futur pontife peut devenir un enjeu de politique intérieure, instrumentalisé par les différentes forces partisanes pour légitimer ou contester les orientations gouvernementales. Dans tous les cas, les deux États devront composer, comme ils l’ont toujours fait, avec leurs convergences comme leurs désaccords, pour préserver un équilibre au cœur de la péninsule italienne.

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