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Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Think tank français spécialisé sur les questions géopolitiques et stratégiques

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13.10.2025 à 17:31

La transition énergétique en Asie centrale : catalyseur de la compétition entre puissances

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L’Asie centrale, composée du Kazakhstan, du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, sont confrontés à un mélange complexe de défis et d’opportunités énergétiques. Est en cause la conjoncture d’un passé soviétique commun, de régimes politiques autoritaires, et de l’inégale répartition d’abondantes réserves d’énergies fossiles, d’eau et de minerais. Afin de mieux comprendre ces dynamiques, ce rapport de l’Observatoire des flux et des matières énergétiques explore la structure des systèmes énergétiques de chacun des pays d’Asie centrale depuis l’ère soviétique, avant d’analyser leurs conséquences environnementales et sociales.

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L’Asie centrale, composée du Kazakhstan, du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, sont confrontés à un mélange complexe de défis et d’opportunités énergétiques. Est en cause la conjoncture d’un passé soviétique commun, de régimes politiques autoritaires, et de l’inégale répartition d’abondantes réserves d’énergies fossiles, d’eau et de minerais.

Afin de mieux comprendre ces dynamiques, ce rapport de l’Observatoire des flux et des matières énergétiques explore la structure des systèmes énergétiques de chacun des pays d’Asie centrale depuis l’ère soviétique, avant d’analyser leurs conséquences environnementales et sociales.

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10.10.2025 à 16:41

Les droits de l’homme aux États-Unis : et si Washington faisait l’objet de son propre rapport ?

Déborah Yapi
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Chaque année, le département d’État américain publie un rapport complet sur la situation des droits de l’homme dans le monde. Ce document, intitulé Country Reports on Human Rights Practices, se concentre principalement sur l’action des gouvernements, mais aborde également un large éventail de facteurs sociétaux et politiques. Mandaté par le Congrès, il jouit depuis longtemps d’une réputation de référence fiable et exhaustive. Il couvre tous les pays du monde. Tous, sauf un : les États-Unis. Au cours de mes trente années de carrière diplomatique, j’ai souvent été chargé de rédiger ou de relire des chapitres de ce rapport. En Côte d’Ivoire ou au Pakistan, j’en ai moi-même assuré la rédaction. À d’autres moments, notamment lorsque je dirigeais une région au sein du Bureau des droits de l’homme du département d’État, je relisais et peaufinais plusieurs rapports nationaux. Le travail de collecte des informations était intensif et s’étalait sur l’année entière. Les données provenaient d’ONG, de représentants de la société civile, de partis politiques, de syndicats, de journalistes, ainsi que des autorités elles-mêmes. L’édition du texte nécessitait une vérification méticuleuse : il fallait corroborer et confirmer chaque constat. La publication du rapport constituait souvent un moment délicat pour nos ambassades : nos analyses ne mâchaient pas leurs mots, et les gouvernements visés prenaient rarement ces critiques documentées avec sérénité. Récemment, je me suis livré à un petit exercice de pensée. En cette période particulièrement tendue de l’histoire politique américaine, je me suis demandé : que donnerait un rapport sur les droits de l’homme si les États-Unis faisaient l’objet de leur propre chapitre ? Pour être honnête, mon intention n’était pas de noircir le tableau, mais plutôt de me rassurer. J’imaginais que, selon des critères objectifs et standardisés, la situation des droits de l’homme aux États-Unis paraîtrait sans doute moins préoccupante que […]

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Texte intégral (1407 mots)

Au cours de mes trente années de carrière diplomatique, j’ai souvent été chargé de rédiger ou de relire des chapitres de ce rapport. En Côte d’Ivoire ou au Pakistan, j’en ai moi-même assuré la rédaction. À d’autres moments, notamment lorsque je dirigeais une région au sein du Bureau des droits de l’homme du département d’État, je relisais et peaufinais plusieurs rapports nationaux. Le travail de collecte des informations était intensif et s’étalait sur l’année entière. Les données provenaient d’ONG, de représentants de la société civile, de partis politiques, de syndicats, de journalistes, ainsi que des autorités elles-mêmes. L’édition du texte nécessitait une vérification méticuleuse : il fallait corroborer et confirmer chaque constat. La publication du rapport constituait souvent un moment délicat pour nos ambassades : nos analyses ne mâchaient pas leurs mots, et les gouvernements visés prenaient rarement ces critiques documentées avec sérénité.

Récemment, je me suis livré à un petit exercice de pensée. En cette période particulièrement tendue de l’histoire politique américaine, je me suis demandé : que donnerait un rapport sur les droits de l’homme si les États-Unis faisaient l’objet de leur propre chapitre ? Pour être honnête, mon intention n’était pas de noircir le tableau, mais plutôt de me rassurer. J’imaginais que, selon des critères objectifs et standardisés, la situation des droits de l’homme aux États-Unis paraîtrait sans doute moins préoccupante que ne le suggère l’extrême polarisation médiatique actuelle. « Après tout, le gouvernement américain ne fait pas disparaître ses citoyens en pleine nuit », me disais-je.

Hélas, le brouillon mental de ce rapport hypothétique s’est avéré décevant. La nouvelle administration Trump a publié son premier rapport sur les droits de l’homme avec retard, en août 2025, et a supprimé plusieurs catégories pourtant traditionnelles. Sans surprise, le département d’État de Trump ne considère plus les violences liées à l’orientation sexuelle comme une question relevant des droits fondamentaux. Même en m’en tenant à ces nouvelles rubriques “simplifiées”, aucune ne donnait de résultats satisfaisants. Et si l’on applique les critères classiques, comme je le fais ci-dessous, le bilan est encore plus préoccupant.

1. Le respect de l’intégrité de la personne

Ce chapitre comprend les homicides illégaux, la torture, les détentions arbitraires, le déni de procès équitable, les prisonniers politiques, etc. Notre système judiciaire et notre attachement à l’État de droit n’ont jamais été parfaits, mais je pensais que c’était un domaine où les États-Unis se distingueraient positivement. Pourtant, à la lumière des événements récents, j’ai constaté plusieurs sujets d’inquiétude que je n’aurais pas hésité à dénoncer si j’avais rédigé un rapport sur les premiers mois de l’administration actuelle.  Exécutions extrajudiciaires ? Les opérations militaires américaines visant des “narco-terroristes” au large du Venezuela, sans autorisation du Congrès ni respect du moindre principe de procédure, pourraient aisément entrer dans cette catégorie.  Détentions illégales ? Les arrestations par le service de l’immigration (ICE) de citoyens américains ou de résidents réguliers, souvent sur la seule apparence ou la langue parlée, mériteraient d’être mentionnées.  Déni de procès équitable ? Les enquêtes engagées contre des opposants politiques du président, notamment la mise en accusation infondée de l’ancien directeur du FBI James Comey, s’inscriraient à juste titre dans cette rubrique.

2. Le respect des libertés publiques

Ce volet englobe la liberté d’expression, de réunion pacifique et de religion. Là encore, les derniers mois ont été marqués par de sérieuses entorses. L’administration Trump tolère difficilement les discours contraires à l’idéologie MAGA, que ce soit dans les universités ou sur les plateaux télévisés. Les menaces de la ministre de la Justice, Pam Bondi, promettant de “poursuivre” ceux qui se livreraient à des “discours de haine” après l’assassinat de Charlie Kirk en sont une illustration.[1]  S’agissant de la liberté de réunion, le président a qualifié les manifestants de Los Angeles, opposés à sa politique migratoire, “d’animaux” et “d’ennemis étrangers”, avant de déployer la Garde nationale de Californie et les Marines pour rétablir l’ordre. Si quelques dégradations ont eu lieu, ce recours à la force militaire face à une contestation civile rompt avec les usages démocratiques.  Quant à la liberté de religion, la politique du gouvernement a clairement favorisé l’expression publique du christianisme. Trump évoque souvent les États-Unis comme une “nation chrétienne” et son administration a autorisé l’affichage de symboles religieux sur les propriétés fédérales.

3. La participation au processus politique

Cette section porte sur le fonctionnement démocratique et les élections. Les États-Unis continuent, bien sûr, d’organiser des scrutins compétitifs à tous les niveaux, et demeurent une démocratie. Mais là encore, les normes et les conventions se fragilisent. Le président a cherché avec vigueur à contester les résultats légitimes de l’élection de 2020, et des manifestants violents ont pris d’assaut le Capitole au moment du décompte des votes du Collège électoral. Depuis sa réélection, Trump a publiquement évoqué un troisième mandat — pourtant anticonstitutionnel.
Ces derniers mois, les deux grands partis ont redessiné des circonscriptions électorales de manière à maximiser leurs avantages lors des élections de mi-mandat, parfois au mépris de la volonté de la majorité. La théorie de “l’exécutif unifié”, défendue par l’administration Trump, selon laquelle le président exerce un contrôle absolu sur l’exécutif, a réduit l’autorité du Congrès en affaiblissant son pouvoir de contrôle et son droit budgétaire. Le Congrès, pourtant pluripartite, voit ainsi sa capacité de contre-poids au pouvoir présidentiel sérieusement amoindrie.

La liste pourrait s’allonger, mais l’idée est claire. Le résumé exécutif de ce rapport imaginaire sur les droits de l’homme aux États-Unis se lirait ainsi :


[1] Il n’existe aucune disposition prévoyant la répression du « discours de haine » dans le droit américain. Le premier amendement protège l’ensemble du discours public.


Retrouvez régulièrement les éditos de Jeff Hawkins, ancien diplomate américain, chercheur associé à l’IRIS, pour ses Carnets d’un vétéran du State Department.

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10.10.2025 à 15:57

Élection au Cameroun : après 43 ans de présidence de Paul Biya, est-il encore possible d’espérer ?

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Dans quel état d’esprit les artistes et intellectuels camerounais engagés, abordent la présidentielle du 12 octobre ? Peuvent-ils jouer un rôle dans le débat démocratique et l’accompagnement des transformations politiques ? Comment percevoir les attentes et les désillusions de la jeunesse face à cette élection et comment l’art de Jean-Pierre Bekolo s’en fait-il l’écho ? Face à cette dissolution du réel, que peut encore le cinéma ? Entretien avec Jean-Pierre Bekolo, auteur-réalisateur et cinéaste camerounais, réalisé par Caroline Roussy, directrice de recherche à l’IRIS.

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Entretien avec Jean-Pierre Bekolo, auteur-réalisateur et cinéaste camerounais, réalisé par Caroline Roussy, directrice de recherche à l’IRIS.

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09.10.2025 à 15:41

La Polynésie française dans le tohu-bohu du monde

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Les collectivités françaises du Pacifique ne dérogent pas à un climat délétère qui touche l’ensemble de l’Outre-Mer français : crises internes, relations difficiles avec le gouvernement central et positionnement délicat dans les enjeux géopolitiques et géostratégiques (qu’ils soient vus de Paris où de chacune des « capitales » ultramarines). Pratiquement aux antipodes de la France continentale, l’Océanie n’est plus « le continent oublié » de Jean-Marie Le Clézio. Elle est même de plus en plus convoitée.

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Les collectivités françaises du Pacifique ne dérogent pas à un climat délétère qui touche l’ensemble de l’Outre-Mer français : crises internes, relations difficiles avec le gouvernement central et positionnement délicat dans les enjeux géopolitiques et géostratégiques (qu’ils soient vus de Paris où de chacune des « capitales » ultramarines). Pratiquement aux antipodes de la France continentale, l’Océanie n’est plus « le continent oublié » de Jean-Marie Le Clézio. Elle est même de plus en plus convoitée.

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09.10.2025 à 14:32

Cessez-le-feu bienvenu : paix lointaine et incertaine

stagiairedecomm@iris-france.org
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Trump a annoncé un cessez-le-feu à Gaza sur lequel s’accordent Israël et le Hamas. Bien que celui-ci permettrait l’accès à l’aide humanitaire, la fin des bombardements sur les civils et la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, il ne constitue en réalité qu’une première étape vers une paix encore incertaine. Par ailleurs, celui-ci ne représente pas pour autant la fin de la colonisation et une réelle égalité entre Israéliens et Palestiniens. Les conditions nécessaires à la naissance d’un réel État palestinien sont-elles à ce jour réunies ? Quelles pourraient être les conséquences potentielles de ce cessez-le-feu ?

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Trump a annoncé un cessez-le-feu à Gaza sur lequel s’accordent Israël et le Hamas. Bien que celui-ci permettrait l’accès à l’aide humanitaire, la fin des bombardements sur les civils et la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, il ne constitue en réalité qu’une première étape vers une paix encore incertaine. Par ailleurs, celui-ci ne représente pas pour autant la fin de la colonisation et une réelle égalité entre Israéliens et Palestiniens. Les conditions nécessaires à la naissance d’un réel État palestinien sont-elles à ce jour réunies ? Quelles pourraient être les conséquences potentielles de ce cessez-le-feu ?

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09.10.2025 à 14:18

L’économie ivoirienne sous Alassane Ouattara : un succès macroéconomique aux défis sociaux persistants

Déborah Yapi
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Sous les trois mandats d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a été portée par une croissance soutenue apportant une stabilité au pays, des investissements massifs en infrastructures et une diversification progressive de ses activités. Si les indicateurs macroéconomiques témoignent d’une trajectoire solide et d’une gestion budgétaire maîtrisée, les fruits de cette expansion restent inégalement partagés. Pauvreté rurale, sous-emploi massif, dépendance aux matières premières et disparités régionales continuent de freiner la promesse d’une prospérité véritablement inclusive et durable.  Alors que l’élection présidentielle aura lieu le 25 octobre, Émilie Laffiteau, macroéconomiste et chercheuse associée à l’IRIS, dresse un bilan des 14 dernières années. Comment caractériser le bilan économique des mandats d’Alassane Ouattara ? Sous les trois mandats d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a connu une croissance économique soutenue et relativement stable. Entre 2012 et 2024, le PIB réel a progressé en moyenne de 6 à 7 % par an, plaçant le pays au-dessus de la moyenne subsaharienne. Cette dynamique a reposé sur la diversification progressive de l’économie : l’agriculture de rente (cacao, anacarde, caoutchouc) demeure essentielle, mais l’industrie extractive (or, hydrocarbures avec la mise en production du champ Baleine), l’agro-industrie, les télécoms, le BTP et les services financiers ont pris une place croissante. Les grands programmes d’infrastructures (ponts, routes, ports, énergie, stades, métro d’Abidjan) ont renforcé cette tendance, contribuant à asseoir le pays en locomotive économique de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Sur le plan des finances publiques, les efforts de consolidation ont été constants mais contraints. Le déficit budgétaire, qui avait fortement augmenté avec la pandémie et les chocs externes, a progressivement reculé pour atteindre 4 % du PIB en 2024 et devrait converger vers la norme de 3 % fixée par l’UEMOA dès 2025. Cette trajectoire a été soutenue par une hausse des recettes fiscales, encore modestes (14,4 % […]

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Texte intégral (1551 mots)

Sous les trois mandats d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a connu une croissance économique soutenue et relativement stable. Entre 2012 et 2024, le PIB réel a progressé en moyenne de 6 à 7 % par an, plaçant le pays au-dessus de la moyenne subsaharienne. Cette dynamique a reposé sur la diversification progressive de l’économie : l’agriculture de rente (cacao, anacarde, caoutchouc) demeure essentielle, mais l’industrie extractive (or, hydrocarbures avec la mise en production du champ Baleine), l’agro-industrie, les télécoms, le BTP et les services financiers ont pris une place croissante. Les grands programmes d’infrastructures (ponts, routes, ports, énergie, stades, métro d’Abidjan) ont renforcé cette tendance, contribuant à asseoir le pays en locomotive économique de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).

Sur le plan des finances publiques, les efforts de consolidation ont été constants mais contraints. Le déficit budgétaire, qui avait fortement augmenté avec la pandémie et les chocs externes, a progressivement reculé pour atteindre 4 % du PIB en 2024 et devrait converger vers la norme de 3 % fixée par l’UEMOA dès 2025. Cette trajectoire a été soutenue par une hausse des recettes fiscales, encore modestes (14,4 % du PIB en 2024, contre l’objectif de 20 %). La dette publique a connu une forte progression, passant de 24,6 % du PIB en 2012 à près de 60 % en 2024, avant une stabilisation attendue. Abidjan a fait preuve d’innovation dans le financement : recours accru aux eurobonds, émission obligataire en yen (Samouraï bond) et même une première émission en francs CFA sur les marchés internationaux, témoignant d’une gestion active et diversifiée de la dette. Le FMI et la Banque mondiale jugent actuellement le risque de surendettement modéré, mais la marge de manœuvre budgétaire demeure limitée compte tenu de l’insuffisance du recouvrement face aux besoins de services publics.

Au niveau extérieur, les exportations agricoles et minières restent dominantes, mais l’essor du pétrole et du gaz a renforcé les recettes en devises. Les importations demeurent importantes, tirées par les besoins en biens d’équipement et en produits alimentaires. La balance des paiements s’est nettement améliorée grâce à la récente hausse des cours des matières premières (cacao, or, cajou) et à la montée en puissance des exportations d’hydrocarbures. Malgré un déficit courant persistant notamment au niveau des services et des revenus primaires (rapatriement des bénéfices des multinationales), les flux d’IDE et de capitaux permettent de financer les déséquilibres et de reconstituer progressivement les réserves de change au sein de la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Enfin, la situation monétaire et l’inflation témoignent d’une relative stabilité. Le système bancaire s’est montré résilient, avec une hausse continue des crédits à l’économie et une part relativement contenue de créances douteuses. Le cadre monétaire du franc CFA a offert une ancre de stabilité, renforçant la confiance des investisseurs et facilitant l’accès du pays aux marchés financiers internationaux. Toutefois, le maintien d’une inflation basse et d’une monnaie stable reste conditionné à la maîtrise des chocs externes, à la volonté de prolonger une coopération monétaire au sein de l’UEMOA et à la poursuite des réformes structurelles.

La forte croissance économique enregistrée sous les mandats d’Alassane Ouattara a eu des retombées positives, mais inégales, sur les conditions de vie des Ivoiriens. Sur le plan social, le taux de pauvreté est passé de 55 % en 2011 à 37,5 % en 2021, soit une baisse notable, mais encore insuffisante au regard des ambitions fixées (20 % à l’horizon 2030). La progression du PIB par habitant – estimé autour de 2 900 USD en 2025 – reste modeste par rapport à la moyenne des pays émergents et n’a pas permis l’avènement d’une large classe moyenne, d’autant plus que les inégalités entre zones urbaines et rurales demeurent marquées.

En matière d’emploi, la dynamique économique a contribué à limiter le chômage, notamment des jeunes, qui se situe autour de 5 %, un des taux les plus faibles de la région. Cependant, cette statistique masque la prédominance du sous-emploi et l’importance du secteur informel, qui concentre encore près de 80 % des emplois et plus de 40 % du PIB. La transformation structurelle de l’économie ivoirienne reste donc inachevée, et la création d’emplois formels, mieux rémunérés et socialement protégés, progresse à un rythme insuffisant pour absorber la forte croissance démographique.

L’accès aux services de base s’est nettement amélioré grâce à des investissements publics massifs. Le taux d’électrification est passé de 55,8 % en 2012 à plus de 90 % des ménages en 2024, tandis que la Côte d’Ivoire s’est dotée d’infrastructures modernes dans les transports, la santé et l’éducation. Le pays a mis en place une couverture maladie universelle, qui couvrait environ la moitié de la population ivoirienne fin 2024. Toutefois, ces progrès masquent encore de fortes disparités : les zones rurales, notamment dans le nord et l’est du pays, restent sous-équipées, et l’accès à l’éducation et aux soins demeure concentré dans les milieux urbains et parmi les ménages les plus aisés.

Plusieurs défis majeurs restent à relever pour que la trajectoire de croissance ivoirienne devienne réellement durable et inclusive :

Inégalités sociales et régionales persistantes. Malgré la baisse du taux de pauvreté, plus d’un tiers de la population vit encore sous le seuil de pauvreté selon les chiffres de la Banque mondiale. Les zones rurales, notamment au nord et à l’est, accusent un retard marqué en infrastructures, éducation et santé. L’accès aux services de base est inégal, concentré dans les grandes villes comme Abidjan, où se concentre 80 % de l’activité économique.

Dépendance aux matières premières et vulnérabilité climatique. L’économie reste fortement tributaire du cacao, de l’anacarde, de l’or et, de plus en plus, des hydrocarbures. Les aléas climatiques, la volatilité des prix mondiaux et la faible productivité agricole fragilisent cette base. L’autosuffisance alimentaire, notamment en riz, n’est toujours pas atteinte, et les pertes logistiques pèsent sur les cultures vivrières.

Faible formalisation et emploi de qualité insuffisant. Plus de 80 % des emplois demeurent informels, avec peu de protection sociale et de revenus stables. Le chômage officiel est faible, mais le sous-emploi est massif. De plus, les compétences des jeunes sont souvent inadaptées au marché du travail, limitant leur insertion dans les secteurs modernes et productifs (le système éducatif peine à fournir des compétences adaptées aux besoins des secteurs clés : transformation agricole, numérique, mines, énergie, BTP).

Gouvernance et climat sociopolitique. La lutte contre la corruption, bien qu’amorcée, reste insuffisante : les pertes liées à la corruption sont estimées à 4 % du PIB chaque année selon une note de la Banque mondiale (juillet 2024). Par ailleurs, la stabilité politique demeure fragile à l’approche de l’élection présidentielle, et l’insécurité dans le nord liée aux menaces terroristes pourrait menacer certains acquis économiques.

Sources mobilisées : Banque mondiale, FMI, autorités ivoiriennes, Banque africaine du développement, service économique régional d’Abidjan.

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08.10.2025 à 18:29

Israël-Palestine : paix impossible ? Avec Hakim El Karoui

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Pascal Boniface · Israël-Palestine : paix impossible ? Avec Hakim El Karoui | Entretiens géopo Deux ans après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et l’offensive israélienne contre Gaza, la question de la résolution du conflit au Proche-Orient a été remise sur la table à la suite de la reconnaissance de la Palestine par de nouveaux États, dont la France, le mois dernier. Alors que l’annonce d’un plan de paix proposé par Donald Trump semble relancer un espoir de cessez-le-feu et de libération des otages et prisonniers dans la région, il est nécessaire de repenser les perspectives de résolution du conflit à Gaza. Pour espérer « faire la paix », il est nécessaire de revenir aux racines profondes d’un affrontement qui dure depuis plus d’un siècle. Les deux peuples portent une blessure identitaire profonde, et renoncer à ce que chacun considère comme sa terre est inconcevable, d’un côté comme de l’autre. Si la proposition d’une solution à deux États ne semble jusqu’ici pas avoir trouvé d’issue, une coexistence durable de deux entités étatiques israélienne et palestinienne sur un même territoire pourrait-elle être envisageable ? Dans cette hypothèse, comment rompre avec la logique coloniale et les violences qui l’accompagnent pour sortir de ce cycle de haine ? Quel serait le médiateur à privilégier pour la résolution du conflit au Proche-Orient ? Hakim el Karoui, essayiste, auteur de Israël-Palestine : une idée de paix, revient sur la situation en proposant une approche inédite pour sortir de l’impasse.

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Deux ans après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et l’offensive israélienne contre Gaza, la question de la résolution du conflit au Proche-Orient a été remise sur la table à la suite de la reconnaissance de la Palestine par de nouveaux États, dont la France, le mois dernier. Alors que l’annonce d’un plan de paix proposé par Donald Trump semble relancer un espoir de cessez-le-feu et de libération des otages et prisonniers dans la région, il est nécessaire de repenser les perspectives de résolution du conflit à Gaza. Pour espérer « faire la paix », il est nécessaire de revenir aux racines profondes d’un affrontement qui dure depuis plus d’un siècle. Les deux peuples portent une blessure identitaire profonde, et renoncer à ce que chacun considère comme sa terre est inconcevable, d’un côté comme de l’autre.

Si la proposition d’une solution à deux États ne semble jusqu’ici pas avoir trouvé d’issue, une coexistence durable de deux entités étatiques israélienne et palestinienne sur un même territoire pourrait-elle être envisageable ? Dans cette hypothèse, comment rompre avec la logique coloniale et les violences qui l’accompagnent pour sortir de ce cycle de haine ? Quel serait le médiateur à privilégier pour la résolution du conflit au Proche-Orient ?

Hakim el Karoui, essayiste, auteur de Israël-Palestine : une idée de paix, revient sur la situation en proposant une approche inédite pour sortir de l’impasse.

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08.10.2025 à 15:16

Le masculinisme, outil d’influence anti-démocratique partout dans le monde

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L’idéologie masculiniste s’est répandue sur les réseaux sociaux en l’espace de quelques années. Des États autoritaires et acteurs anti-démocratiques pourraient en tirer avantage. Longtemps confiné à quelques forums anonymes, le masculinisme – idéologie imprégnée de conspirationnisme qui prétend que les femmes sont structurellement avantagées, et qui encourage les hommes à reprendre un pouvoir prétendûment perdu par des moyens plus ou moins violents – s’est répandu en l’espace de quelques années sur les réseaux sociaux, où de nombreux influenceurs amassent des millions d’abonnés et commercialisent leur discours anti-féministe en vendant formations, livres et conseils à leurs abonnés. Si l’idéologie masculiniste a émergé dans la sphère anglo-saxonne, elle a pris son essor dans de nombreuxpays, de la Corée du Sud à l’Allemagne, en passant par la France, qui a pour la première fois mis un homme en examen pour un projet d’attentat motivé par la mouvance « incel ».

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L’idéologie masculiniste s’est répandue sur les réseaux sociaux en l’espace de quelques années. Des États autoritaires et acteurs anti-démocratiques pourraient en tirer avantage. Longtemps confiné à quelques forums anonymes, le masculinisme – idéologie imprégnée de conspirationnisme qui prétend que les femmes sont structurellement avantagées, et qui encourage les hommes à reprendre un pouvoir prétendûment perdu par des moyens plus ou moins violents – s’est répandu en l’espace de quelques années sur les réseaux sociaux, où de nombreux influenceurs amassent des millions d’abonnés et commercialisent leur discours anti-féministe en vendant formations, livres et conseils à leurs abonnés. Si l’idéologie masculiniste a émergé dans la sphère anglo-saxonne, elle a pris son essor dans de nombreux
pays, de la Corée du Sud à l’Allemagne, en passant par la France, qui a pour la première fois mis un homme en examen pour un projet d’attentat motivé par la mouvance « incel ».

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07.10.2025 à 18:42

Xi Jinping face au défi Trump | Les mardis de l’IRIS

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Chaque mardi, Pascal Boniface reçoit un membre de l’équipe de recherche de l’IRIS‬ pour décrypter un fait d’actualité internationale. Aujourd’hui, échange avec Emmanuel Lincot, directeur de recherche à l’IRIS, sur les relations sino-américaines et les défis posés à la Chine par la politique menée par Donald Trump.

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Chaque mardi, Pascal Boniface reçoit un membre de l’équipe de recherche de l’IRIS pour décrypter un fait d’actualité internationale. Aujourd’hui, échange avec Emmanuel Lincot, directeur de recherche à l’IRIS, sur les relations sino-américaines et les défis posés à la Chine par la politique menée par Donald Trump.

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07.10.2025 à 18:17

L’Afrique, laboratoire des recompositions religieuses mondiales

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Comme pour d’autres continents, la place de la religion en Afrique dépasse largement le domaine de la croyance individuelle ou de la spiritualité privée. La perspective intégraliste (la religion dans toutes les sphères de la vie, dans les domaines privé, social, sociétal et politique) y opère souvent, ici comme ailleurs. Elle constitue souvent un facteur structurant des sociétés mais aussi un instrument de légitimation du pouvoir politique. En Afrique comme sous d’autres cieux, on y constate « L’ambivalence du sacré » (The Ambivalence of Sacred pour reprendre le titre d’un bref ouvrage de l’américain Scott Appleby), la religion étant selon les cas vecteur essentiel de conflictualité ou au contraire de pacification. Le présent des religions est encore affecté par l’histoire coloniale et postcoloniale, qui montre que le religieux ne peut être totalement dissocié des dynamiques de domination, des processus d’émancipation, qu’il convient de prendre en compte, en régime de mondialisation, les différentes recompositions identitaires auxquelles on assiste. Aujourd’hui, dans un contexte marqué notamment par les flux migratoires ou par la fragilité de nombreux États, les religions africaines connaissent un processus de transformation qui les inscrit au cœur des grands enjeux contemporains. L’Afrique apparaît ainsi comme un laboratoire planétaire des recompositions religieuses. Les phénomènes de mobilité et de diversification interne y prennent une ampleur particulière. Ils sont d’autant plus significatifs que le continent abrite des foyers de croissance démographique uniques dans le monde, ce qui confère à ses dynamiques spirituelles une portée mondiale. La compréhension de la géopolitique des religions en Afrique ne se réduit donc pas à l’étude des clivages traditionnels entre christianisme, islam et religions africaines endogènes. Elle implique d’observer des transformations beaucoup plus complexes : circulation transnationale des pratiques, émergence d’autorités religieuses alternatives, hybridations spirituelles et nouvelles formes de légitimité.

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Comme pour d’autres continents, la place de la religion en Afrique dépasse largement le domaine de la croyance individuelle ou de la spiritualité privée. La perspective intégraliste (la religion dans toutes les sphères de la vie, dans les domaines privé, social, sociétal et politique) y opère souvent, ici comme ailleurs. Elle constitue souvent un facteur structurant des sociétés mais aussi un instrument de légitimation du pouvoir politique. En Afrique comme sous d’autres cieux, on y constate « L’ambivalence du sacré » (The Ambivalence of Sacred pour reprendre le titre d’un bref ouvrage de l’américain Scott Appleby), la religion étant selon les cas vecteur essentiel de conflictualité ou au contraire de pacification. Le présent des religions est encore affecté par l’histoire coloniale et postcoloniale, qui montre que le religieux ne peut être totalement dissocié des dynamiques de domination, des processus d’émancipation, qu’il convient de prendre en compte, en régime de mondialisation, les différentes recompositions identitaires auxquelles on assiste. Aujourd’hui, dans un contexte marqué notamment par les flux migratoires ou par la fragilité de nombreux États, les religions africaines connaissent un processus de transformation qui les inscrit au cœur des grands enjeux contemporains.

L’Afrique apparaît ainsi comme un laboratoire planétaire des recompositions religieuses. Les phénomènes de mobilité et de diversification interne y prennent une ampleur particulière. Ils sont d’autant plus significatifs que le continent abrite des foyers de croissance démographique uniques dans le monde, ce qui confère à ses dynamiques spirituelles une portée mondiale. La compréhension de la géopolitique des religions en Afrique ne se réduit donc pas à l’étude des clivages traditionnels entre christianisme, islam et religions africaines endogènes. Elle implique d’observer des transformations beaucoup plus complexes : circulation transnationale des pratiques, émergence d’autorités religieuses alternatives, hybridations spirituelles et nouvelles formes de légitimité.

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