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Ces dernières semaines, les tensions se sont accrues dans les Hauts-de-France autour du projet de Canal Seine Nord. Des contestations sociales et scientifiques d’un côté, et des pressions politico-économiques de l’autre. Dans ce contexte, La Voix du Nord et RCF Hauts-de-France ont invité la Société du Canal Seine-Nord Europe et l’association Protection du Territoire Seine-Escaut, à débattre sur les craintes des habitants, l’envolée du budget et la demande de moratoire.
Cliquez ici pour lire la suite et écouter le sébat sur le site de RCF Hauts-de-France.
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« Le régime général de sécurité sociale repose sur une socialisation de la valeur qui permet de sortir du système capitaliste en proposant une organisation collective… Il faut changer de société en changeant notamment de système économique… » (1)
Depuis quelques années, fleurissent les publications et rencontres autour de la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation (SSA) généralisée permettant à chaque citoyen, quels que soient ses revenus, de se nourrir selon ses choix et d’accéder à une alimentation de qualité.
Dans la foulée, de multiples initiatives locales voient le jour à travers le pays et c’est assurément une bonne chose. Mais l’erreur serait de croire que ces initiatives, dont chacune s’exerce dans un contexte particulier, permettraient de déboucher prochainement sur une application d’une véritable SSA instaurée à l’échelle nationale. Localement, ces expériences peuvent avoir accès ou non à des subventions, bénéficier d’un accord avec des collectivités locales, nouer des partenariats financiers avec des organismes divers dont certains n’ont aucun intérêt à un véritable changement généralisé, à l’instar de France 2030, un concept purement macroniste, par exemple. Les modes de distribution sont très divers avec, par endroits, la remise d’une somme mensuelle à chaque cotisant et destinée à l’alimentation au sein de lieux conventionnés. Une somme prélevée sur une caisse commune alimentée par les adhérents ainsi que des subventions diverses. Ailleurs, on développe l’instauration d’un prix libre, voire de prix différenciés à hauteur des moyens de chacun et autres…
Pourquoi la SSA est un projet révolutionnaire
C’est un projet en incompatibilité totale avec le maintien de pratiques agricoles et agroalimentaires industrielles et le départ ininterrompu de quantités de paysans, conséquence directe de la politique actuelle. À titre d’exemple, il y a incompatibilité totale de concevoir une SSA en lien direct avec des chambres d’agriculture tenues par la FNSEA. L’incompatibilité totale également avec le maintien d’une industrie agroalimentaire aux mains de quelques grands groupes qui agissent comme des décideurs au détriment des producteurs et de la santé des consommateurs. Les grands centres de distribution comme les hypermarchés font partie de ce système qu’il conviendra d’affaiblir considérablement. Mais il restera nécessaire de disposer d’unités de transformation et de ventes, conventionnées au même titre que les producteurs moyennant un cahier des charges. Inclure l’ensemble des travailleurs de l’agroalimentaire dans les réflexions en cours apparaît indispensable. À ce niveau, si on veut être en mesure de décider ce dont nous avons besoin, il sera indispensable de modifier totalement le rapport de force en passant d’une propriété lucrative à une propriété d’usage assurant aux ouvriers non seulement une garantie pour leur emploi mais aussi l’acquisition du pouvoir sur l’outil de production, donc la possibilité de choisir avec les consommateurs et les producteurs, ce qui devra être transformé. Comme l’énonce Bernard Friot, on ne peut plus laisser à la bourgeoisie capitaliste le droit de décider de la production : « il faut passer à une lutte de classe antagonique où ce qui est remis en cause, c’est l’existence même de la bourgeoisie, en lui ôtant son monopole sur le travail » (2). Il sera nécessaire de passer par une tout autre organisation du travail en privilégiant l’autogestion. Les investissements nécessaires ne passeront plus par des emprunts qui créent de la dette, mais par des financements issus des caisses collectant les cotisations et entièrement gérées par les travailleurs-es et l’ensemble des producteurs et consommateurs.
Pourquoi est-il nécessaire de la penser comme telle dès le départ ?
Penser l’instauration d’une SSA généralisée comme étant révolutionnaire permettrait d’emblée de s’attaquer aux questions de fond telles que celles déjà évoquées et auxquelles nous ne pourrons échapper à un moment ou un autre. Un tel projet repose sur de l’existant. On peut rappeler que lorsque Ambroise Croizat, un communiste ministre du Travail, instaure le régime général de la sécurité sociale au lendemain de la guerre, en 1946, ce régime est alors quasiment entièrement géré par les travailleurs. Il s’agissait d’un véritable processus révolutionnaire combattu par la droite et que les « dominants » n’ont cessé de vouloir détricoter jusqu’à aujourd’hui. Contrairement aux idées reçues, le général de Gaulle n’y était pas du tout favorable et n’aura de cesse de s’y attaquer. En 2025, les constats négatifs autour de l’agriculture industrielle et l’alimentation sont là et partagés au moins par l’ensemble des militants ainsi qu’un nombre croissant de petits producteurs et de consommateurs. Parmi celles et ceux qui revendiquent encore l’appellation « exploitants agricoles », ils sont aussi de plus en plus nombreux à s’interroger sur le devenir de leurs pratiques. Il serait donc redondant de rappeler ici tous ces constats.
Il est temps de penser les changements autrement qu’en prolongeant les démarches environnementales effectuées depuis au moins les années 70 et qui n’aboutissent jamais, car trop orientées sur des améliorations supposées tout en restant dans un cadre global destructeur et inégalitaire qui n’a jamais cessé de croître. La situation actuelle est là pour confirmer cet échec. Il en est de même pour les mouvements paysans qui ne cessent de contester l’hégémonie de la FNSEA et sa politique comme le Modef dès 1959, les Paysans travailleurs dès 1973, puis la Confédération paysanne en 1987, sans obtenir de résultats significatifs pour le moment. Il nous faut changer totalement de système. Or, celui-ci s’accommode fort bien d’expérimentations locales qu’il peut même, en certaines occasions, encourager. La FNSEA elle-même n’est pas opposée à une agriculture qui serait « à deux vitesses » comme n’hésitait pas à le déclarer Christiane Lambert lorsqu’elle était à sa tête : l’une industrielle, performante et exportatrice et l’autre plus locale et productrice d’aliments de meilleure qualité. Pour ces raisons, si les initiatives locales ont le mérite d’exister, voire de se multiplier, elles ne seront jamais suffisantes pour aboutir à de tels changements devenus pourtant indispensables et urgents. Ce serait une erreur que de se contenter de la multiplication de démarches locales, quels que soient leurs intérêts bien réels et qui doivent être reconnus, bien entendu.
Ainsi, il faut lire cette « évaluation » des expérimentations locales inspirées de la sécurité sociale de l’alimentation, commanditée par l’ADEME, la Banque des Territoires du groupe Caisse des dépôts, la Fondation Daniel et Nina Carasso (fondateurs de Danone) et la Fondation de France, co-financeurs de nombreuses expérimentations aux côtés d’autres dispositifs de l’État et des collectivités territoriales. Ce rapport « sent bon » la récupération par le biais de bonnes actions qui seraient dénuées de toute remise en cause capitaliste, sans qu’à aucun moment, on ne ressente ce besoin incontournable de prôner une lutte des classes qui ne pourra pas être déconnectée ou quasiment ignorée dans le cas d’une application généralisation de la SSA. Plus vite, on intégrera une démarche radicale (aller à la racine des problèmes), plus vite on parviendra à une telle réalisation qui en appellera d’autres comme la sécurité sociale du logement, de la culture, de la mort et plus vite nous contribuerons à affaiblir un système dont il faudra impérativement se débarrasser.
En paraphrasant ce qu’écrit Mireille Bruyère dans Politis (3), la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) doit être pensée de manière anticapitaliste et surtout pas comme simple instrument de solidarité alimentaire.
Pour l’association d’éducation populaire Réseau salariat et « dans un objectif de lutte contre l’accumulation de biens », il en découle que « les enjeux de réappropriation des technologies et techniques agricoles, des ateliers de transformations alimentaires et des systèmes de distribution sont placés au cœur de la proposition de SSA ».
L’instauration d’une sécurité sociale quelle qu’elle soit, entièrement gérée par des cotisants ayant pris le pouvoir de décision sur les productions, n’est en rien réformiste. Elle est révolutionnaire et le passé nous démontre qu’il ne s’agit pas d’une utopie !
Qu’attendons-nous ?
Remerciements à Kévin Certenais, Philippe Véniel, Laury Gingreau et Marie-Do Couturier pour leur relecture.
(1) Extrait de la présentation de l’association Réseau Salariat.
(2) Romain Godin. 2023 (11 février). « Bernard Friot : Pour gagner, il faut se battre pour élargir nos conquis ». Mediapart.
(3) Mireille Bruyère. 2025 (11 novembre). « La Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) doit être pensée de manière anticapitaliste et non comme simple instrument de solidarité alimentaire ». Politis.
Ensemble, cultivons l’avenir de notre alimentation !
Les 30 et 31 janvier 2026, à la Bourse du travail de Paris, les Journalistes et écrivains pour la Nature et l’Écologie (JNE) organisent un colloque sur le thème de la sécurité sociale de l’alimentation, au cours duquel sont invités des responsables d’expérimentations, des chercheurs-euses, des acteurs-rices de la filière agroalimentaire, des syndicats, des collectifs et associations travaillant sur le thème de la sécurité sociale, des politiques… Ce colloque s’adresse à toutes les personnes intéressées par le sujet.
Pour en savoir plus sur la SSA, nous recommandons la lecture du livre de Laura Petersell & Kévin Certenais Régime Général. Pour une sécurité sociale de l’alimentation. Éditions Syndicalistes. 2023. Disponible en téléchargement en cliquant ici.
A lire aussi, la BD Encore des patates !?, à télécharger en cliquant sur ce lien.
L’article La mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation : un projet résolument révolutionnaire basé sur de l’existant – par Pierre Grillet est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.
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par Mélissande Bry
Malgré de grandes attentes, le texte définitif de la COP30 est une déception : aucune mention des énergies fossiles ni de feuille de route pour en sortir, pas de nouvelle grande avancée en termes de financement climatique et surtout, aucune mesure satisfaisante pour lutter contre la déforestation qui était pourtant un des enjeux clés de cette COP, tenue aux portes de la forêt Amazonienne. Ainsi, que peut-on réellement retenir de la COP30 ? Plus d’une dizaine de jours après la fin de l’événement, il est temps d’en dresser le bilan.

Mutirão global : Unir l’humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique, c’est le nom du texte adopté le 22 novembre 2025 suite au coup de marteau d’André Correa do Lago qui a acté symboliquement la fin de la COP30. Au Brésil, le « mutirão » est une mobilisation collective et gratuite pour atteindre un but commun. À l’origine, il était employé pour décrire des travaux agricoles ou la construction de logements sociaux où chacun bénéficie du travail accompli et apporte simultanément son aide.
En réalité, ce n’était pas vraiment l’ambiance qui régnait dans l’enceinte de la COP pendant les dernières heures des négociations. Au centre des débats : la sortie des énergies fossiles et le financement climatique. Pour le premier point, une scission claire s’est tenue entre des pays fervents défenseurs du statu quo (Arabie Saoudite, Russie, Inde) et une coalition de plus de 80 pays portée par la Colombie qui souhaitait s’accorder sur une stratégie concrète de sortie du pétrole, du gaz et du charbon. Résultat des courses : le terme « énergie fossile » n’apparaît même pas dans le texte final, un réel coup dur quand on sait que la COP30 devait enfin être celle de « la mise en œuvre ». Malgré tout, la coalition créée pendant la COP30 compte poursuivre le travail de son côté avec la tenue de la première conférence internationale sur la sortie des énergies fossiles les 28 et 29 avril 2026 à Santa Marta, ville côtière du nord de la Colombie, en partenariat avec les Pays-Bas.
Autre enjeu de taille : transitionner, oui, mais à quel prix? Depuis plusieurs années, les pays du Sud demandent des aides financières aux grands pollueurs historiques du Nord pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (on parle d’atténuation), mais aussi pour s’adapter aux effets du changement climatique et compenser les pertes et dommages liés à des évènements météorologiques de plus en plus extrêmes. Les pays d’Europe et en particulier la France, championne des prêts (en 2022, 92 % des financements climatiques français sont des prêts et non des dons), ont rechigné à augmenter l’assiette de 300 milliards de dollars d’aide aux pays du Sud qui avait été définie lors de la COP29 à Bakou l’an passé. Finalement, l’accord de Belém prévoit de tripler le financement pour l’adaptation au changement climatique sans préciser quelle somme sera réellement triplée, ainsi que la mobilisation d’au moins 1300 milliards de dollars par an d’ici 2035 provenant de fonds publics et privés des pays les plus développés.
Enfin, un des sujets brûlants de cette COP : la déforestation. Au Brésil, 70 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’agriculture intensive et de la déforestation, c’est pourquoi le président Lula da Silva tenait tant à ce que la COP30 se déroule à Belém, aux portes de l’Amazonie. Si ce choix a permis de donner une grande visibilité aux revendications des peuples autochtones du monde entier et à la démarcation officielle d’une dizaine de territoires indigènes brésiliens, le texte de la COP30 ne s’attaque pas du tout aux menaces qui pèsent sur les grands bassins forestiers. Seule avancée, poussée par le Brésil : le lancement du programme Forêts tropicales pour toujours (FTTT), un fonds d’investissement de 22 milliards d’euros qui vise à donner une valeur boursière à des milliers d’hectares de forêt. Loin de faire l’unanimité, cette « fausse solution » inquiète depuis plusieurs années les associations et ONG qui dénoncent la logique délétère du capitalisme vert et la marchandisation du vivant.
Beaucoup d’autres thèmes ont été débattus à la COP avec plus ou moins de succès. On peut d’abord mentionner l’engagement de plus d’une dizaine de pays, dont la France, à renforcer leur action contre la désinformation climatique. Une avancée importante au vu de la montée des discours anti-science partout dans le monde, et ce jusque dans les arènes de négociations de la COP30 où la légitimité du GIEC a été remise en question par plusieurs délégations. Autre nouveauté cette année : l’adoption d’un texte sur le genre et la transition climatique, porté corps et âme par des femmes en première ligne, qui affirment qu’il n’y aura pas de justice climatique sans égalité des sexes. Enfin, un dossier a été totalement éclipsé par la fin chaotique des négociations : l’adoption du Mécanisme d’Action de Belém pour une transition juste mondiale (BAM), un texte qui vise à institutionnaliser la protection des travailleurs et travailleuses du monde entier via des politiques publiques ambitieuses, une réelle victoire pour les syndicats.

En bref, la COP30 a surtout brillé par ses actions citoyennes spectaculaires et la mobilisation massive de la société civile autour de l’évènement. Bien que cette COP soit révélatrice de scissions profondes et d’une véritable crise du multilatéralisme, 194 Etats se sont tout de même assis autour de la table pour avancer sur les questions climatiques et trouver un accord, aussi décevant soit-il. Comme le précise le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres : « en période de fractures géopolitiques, parvenir à un consensus est plus difficile que jamais ». Aussi, la question d’une réforme des COP se pose sérieusement, notamment le renforcement de discussions régionales pour travailler à plus petite échelle et faire émerger des solutions concrètes, plus adaptées aux réalités des territoires. Pour ce qui est de la COP31 prévue pour novembre 2026, elle sera présidée par l’Australie mais aura lieu à Antalya, au sud-ouest de la Turquie. Une COP avec une double nationalité donc, une grande première.
Photo du haut : la COP30 à Belém © UN Climate Change – Kiara Worth
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