La « Stratégie nationale biodiversité » (SNB) détaillant les objectifs de préservation de la biodiversité d'ici 2030 vient de paraître. Elle contient 40 mesures réparties en quatre axes (réduire les pressions ; restaurer la biodiversité ; mobiliser tous les acteurs ; les moyens). Parmi les plus de 200 actions détaillées, deux concernent directement les actions de Mountain Wilderness en faveur des espaces protégés :
SITES CLASSÉS
Le gouvernement souhaite « augmenter de 10% la surface du territoire national couverte par la protection sites classés », c'est-à-dire passer de 1,8 % à 2 % la surface du territoire métropolitain terrestre couvert par cette modalité de protection. La surface moyenne des sites classés étant de 421 ha, cette action représenterait la création de 300 sites classés ! Cette annonce confirme l'intérêt du travail de recensement des sites insuffisamment protégés effectué par le groupe de travail « sites inscrits / sites classés » de Mountain Wilderness.
GLACIERS
Le gouvernement souhaite « renforcer la protection des écosystèmes glaciaires et émergeant du retrait glaciaire ». Cette action reprend notamment l'annonce du Président lors de la clôture du One Planet – Polar Summit où il s'est engagé à placer 100 % des glaciers français sous protection forte (seuls 60 % sont aujourd'hui concernés). La bonne nouvelle concerne également les écosystèmes post-glaciaires, jusqu'alors peu considérés, et dont l'étude et la protection forte font désormais partie des objectifs de la SNB.
En plus des deux mesures concernant les glaciers et des sites classés, les espaces de montagne sont indirectement concernés par une panoplie de mesures. Le gouvernement souhaite notamment promouvoir des pratiques respectueuses – voire vertueuses – de sport de nature et de tourisme en plein air, en considérant l'ensemble des patrimoines (paysager, culturel et naturel). De la même manière, les professionnels du tourisme seront accompagnés pour réduire leurs impacts sur la biodiversité.
Si nous pouvons nous réjouir de ces quelques bonnes nouvelles pour les écosystèmes de montagne, certains aspects fondamentaux manquent à l'appel : La réduction des nuisances sonores (mesure 9) est cantonnée aux milieux marins, alors que bon nombre de milieux terrestres sont également concernés par cette pollution, à l'image des abords de grands cols routiers ;
Le problème de la sur-fréquentation de certains espaces naturels n'est considéré qu'à travers le prisme des « Grands Sites de France », oubliant que nombre d'espaces ne sont pas concernés par cette modalité de protection.
Sur le fond, cette stratégie est plus précise, plus cohérente et mieux organisée que les précédentes. Cependant, son caractère opérationnel est fortement questionnable du fait de deux écueils fondamentaux que le gouvernement n'a pas voulu prendre en compte :
L'OPPOSABILITÉ DE LA STRATÉGIE
Contrairement à d'autres stratégies nationales, la SNB 2030 n'est pas assortie d'un système de redevabilité qu'aurait permis sa publication par décret. N'étant pas opposable, c'est pour l'heure une « feuille de route » ou une déclaration d'intentions, les ministères et établissements concernés par sa mise en œuvre n'étant assujettis ni à un « rapportage » ni à l'ajustement des actions qui seraient en souffrance. En cela le gouvernement n'a pas tiré le bilan des deux stratégies précédentes, qui se sont enlisées faute de portage politique et ministériel dès que quelques remaniements ou changement de gouvernement sont passés par là (réduisant le document à tout autre chose qu'une stratégie nationale, au mieux un référentiel pour l'action et au pire un document de communication non suivi d'effets).
LA QUESTION DES MOYENS
Le gouvernement - même s'il a concédé un effort budgétaire pour 2024 de 264 M€ - ne s'est pas engagé à programmer une montée en puissance des moyens accordés à cette stratégie et à ses enjeux, alors même qu'un rapport de l'Inspection Générale des Finances et de celle de l'Environnement (IGF-IGEDD) estime à 600 M€ minimum les besoins annuels pour une mise en œuvre efficace. De plus, le gouvernement ne s'est nullement engagé dans la résorption ou la réorientation des subventions publiques néfastes pour la biodiversité, estimées à plus de 10 Mds€ par an selon le même rapport IGF-IGEDD. Outre que cette indécision manque à un des objectifs majeurs de la dernière COP biodiversité, elle est surtout l'expression d'une schizophrénie qui perdure : malgré les avancées scientifiques qui documentent de mieux en mieux l'urgence à agir contre l'effondrement de la biodiversité, en complément aux politiques d'atténuation et d'adaptation aux dérèglements climatiques, l'État est incapable de choisir, de porter et d'assumer les réorientations nécessaires des politiques qui nuisent à la biodiversité (et le plus souvent en même temps au climat).
Ainsi, cette nouvelle stratégie constitue un pas en avant dans la prise en compte des enjeux de biodiversité. Mais sa mise en œuvre dépendra beaucoup de l'engagement des associations, des collectivités et des acteurs professionnels. On y est habitués, mais le temps presse et nous n'abandonnons pas l'objectif que la stratégie devienne plus opérationnelle par son inscription dans le droit.
Stratégie nationale biodiversité
Rapport de l'Inspection Générale des Finances
Suite à une mobilisation des glaciologues, personnalités, ONG et citoyens pour présenter l'Appel pour les Glaciers lors du One planet - Polar Summit, le président Emmanuel Macron, en clôture du sommet, a annoncé une volonté d'engager les procédures pour assurer que la totalité de nos glaciers fassent l'objet d'une protection forte. Nous félicitons cette démarche, et dans cette lignée, nous réitérons la pertinence de l'arrêt du projet de T3, au vu notamment de son incohérence environnementale et financière. D'autres alternatives existent et méritent d'être pleinement considérées.
La communication par la Société d'aménagement touristique de la Grave (SATG) et de la commune autour du projet ne cesse d'avancer que le T3 est une voie écologique pour la station. Cela est justifié par un bilan carbone négatif sur 13 ans.
Cela signifie que pendant 12 ans, donc, la construction et l'exploitation du T3 vont émettre plus de CO2 que le maintien de l'actuel téléski, déjà très polluant puisqu'il fonctionne au fioul. Uniquement sur ce point, on peut donc affirmer que le projet est incompatible avec la nécessité de réduire immédiatement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Comment alors expliquer que ce bilan carbone est utilisé par les promoteurs du projet comme un argument pour dire que le T3 est un projet « écologique » ?
Cet argument est employé tout simplement parce que le scénario de l'arrêt du téléski sans remplacement par une autre infrastructure, le choix le moins émetteur en GES, a purement et simplement été écarté par la commune de La Grave et la SATG, pour deux raisons :
1. D'une part, cela permet d'afficher un bilan carbone beaucoup moins défavorable, car le scénario de comparaison avec le T3 est celui du maintien et de l'adaptation du téléski actuel, scénario très émetteur en C02. Seulement il y a un hic : la vitesse de retrait du glacier est telle que le maintien en activité du téléski actuel au-delà de quelques années est sérieusement remis en question. Prendre comme point de comparaison le maintien de son exploitation pendant encore 15 ans est donc une aberration.
2. D'autre part, et c'est la raison principale, selon la commune et la SATG, laisser le glacier vierge de toute remontée signifierait que le téléphérique actuel (les deux premiers tronçons) serait déficitaire, et devrait donc fermer. Ainsi, dans cette logique, questionner l'intérêt du T3 équivaut à vouloir la fermeture du téléphérique, ce qui mènerait à la « mort de La Grave ».
On pourrait considérer sérieusement cet argument s'il reposait sur des éléments chiffrés précis, rigoureux. Or il n'en est rien : aucun élément ne permet de conclure la nécessité d'une remontée mécanique sur le glacier pour maintenir la rentabilité du téléphérique actuel, à part une simple affirmation qu'il n'y a pas le choix. L'ancien maire de La Grave, Jean-Pierre Sevrez, avance que le téléski représente 23 % du chiffre d'affaires du téléphérique de la Meije. Cette déclaration n'est pas sourcée, probablement puisque le téléski n'est pas équipé d'un compteur de passage et que le forfait hiver est "tout compris" pour les deux tronçons et le téléski. Le chiffre est d'ailleurs surprenant sachant que, selon les compte-rendus annuels sur les saisons d'hiver 2017-2018-2019, le téléski n'a fonctionné que 30 à 50% du temps d'ouverture du téléphérique.
Le projet de T3 est une impasse, rappelons à ce stade les éléments suivants :
Le coût du projet est de 14 M€ minimum, dont 4 M€ d'argent public, que les estimations de chiffre d'affaires de l'infrastructure avec T3 fournis par la SATA dans l'étude d'impact reposent sur des biais flagrants et des hypothèses plus qu'optimistes qui cachent un risque que les coûts de fonctionnement du T3 ne soient pas couverts par la hausse attendue de la fréquentation, ce qui risque sérieusement d'endetter la commune ;
Qu'un recours en justice sur la délivrance du permis de construire sera examiné en 2024 ;
Mais surtout, que la skiabilité du glacier, condition indispensable pour espérer une rentabilité selon la commune et la SATA, est largement remise en question à court terme.
Le seul scénario compatible avec la nécessité de réduction des émissions de GES, de l'adaptation du climat, avec le respect de la biodiversité que nous devons collectivement viser est celui de l'abandon immédiat de l'exploitation du glacier de la Girose, sans nouvelle infrastructure. Ce scénario n'équivaut pas à renoncer à un avenir pour La Grave, au contraire, il ouvrirait la voie vers une vraie démarche de co-construction d'un projet pour ce territoire
Lutter contre le grignotage insidieux, par l'extension des accès motorisés, de la wilderness de montagne : un espace de ressourcement et de reconnexion avec les rythmes de la nature et la vie sauvage.
Notre objectif est d'illustrer comment la limitation d'accès automobile à un espace naturel peut permettre d'y retrouver ce qui le rend si précieux et radicalement différent de l'environnement citadin quotidien. Dans le cadre de ce projet, nous nous focaliserons sur le bruit : bien qu'il ne soit qu'une des dimensions de la wilderness, il est facilement mesurable.
En 2023, une première campagne de mesures effectuée sur le col du Cucheron (PNR Chartreuse), le col d'Izoard (PNR Queyras) et le col de la Cayolle (RNR des Gorges de Daluis) est venue confirmer l'importance de cette problématique du bruit en montagne. 74 % des bruits émis par les véhicules dépassent le seuil de 5dB(A) fixé par le code de la santé publique. Des preuves probantes qui vont nous permettre d'appuyer notre argumentaire en vue de trouver des solutions pour réduire cette nuisance.
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