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la Maison commune de la décroissance

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18.04.2024 à 11:20
Fleur Bertrand-Montembault
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« Personne en France ne réclame un droit à la paresse » : c’est avec ces mots que Gabriel Attal s’est adressé à l’Assemblée Nationale lors de sa déclaration de politique générale. Réformes successives du chômage, baisse des montants et des durées de l’allocation, bénévolat contraint pour les bénéficiaires du RSA, requalification de Pôle Emploi en France Travail, remise en cause du congé parental, renforcement des contrôles… que ces mesures soient effectives, testées ou seulement annoncées par le gouvernement, elles vont toutes dans une même direction : « remettre la France au travail ». D’où une guerre contre le chômage qui se transforme en guerre contre les chômeurs : traque administrative, culpabilisation, responsabilisation individuelle… Le message est clair : celui qui ne travaille pas est un parasite social, celle qui ne travaille pas ne contribue pas à la vie de la société.

Mais peut-on vraiment considérer que ne pas travailler c’est « ne rien faire » ? Et quand bien même il arriverait à celles et ceux qui ne travaillent pas de « ne rien produire », devons nous continuer à propager l’idée que cela ne contribue pas à la vie sociale ? Que seules compteraient les activités productives et marchandes ?

Ce qui compte vraiment, ce sont les activités de reproduction sociale : celles qui permettent à la vie de la société de se perpétuer dans le temps, de se conserver et de se reproduire : les activités de soin, de subsistance, de lien, de partage… plus nous travaillons, moins nous avons de temps à y consacrer, plus ces activités sont remises aux mains du marché, et plus cela nous fragilise collectivement : c’est alors un effondrement social qui nous menace.

Alors oui, réclamons un droit à la paresse, comme nous y incitait Paul Lafargue dès 1880, ou comme le remet au centre de son programme le candidat imaginaire du livre Paresse pour tous

Le droit à la paresse, ça n’est pas un privilège réservé à une minorité qui a les moyens de « faire faire » (ses courses, son ménage, ses livraisons du resto thaï…), c’est une revendication sociale en faveur d’un droit inconditionnel au temps libre, que nous pourrions commencer à exercer en participant aux (F)estives 2024 de la décroissance, car s’extraire du travail c’est aussi retrouver du temps et de l’espace pour la discussion politique.

Amitiés anti-travaillistes

12.04.2024 à 09:33
Fleur Bertrand-Montembault
Texte intégral (1547 mots)

Le 4 avril 2024 était envoyée sur les listes d’Attac une lettre ouverte de la Commission Genre expliquant pourquoi elle cesse ses activités au sein d’Attac. Cet article exprime son soutien à ce qui est défendu par la Commission Genre dans son texte.

Si nous souhaitons publier sur notre site cette lettre ouverte de la Commission Genre d’Attac, c’est qu’elle recoupe nombre de nos préoccupations. D’abord, parce qu’elle pointe la dérive militante de plus en plus marquée de privilégier le « faire », « l’activisme » voire « l’action coup de poing » au détriment du travail d’élaboration théorique et de production d’idées. La MCD est née du MOC (Mouvement des Objecteurs de Croissance), justement parce que des « militants » décroissants de longue date faisaient l’analyse qu’un mouvement politique (ou social) sans outillage théorique et sans corpus commun ne pouvait aller bien loin dans le renversement du rapport de force, fut-ce en s’appuyant sur des convergences partidaires ou la multiplication des luttes locales et des alternatives concrètes : il fallait aussi mener la bataille des idées. Pourtant, combien de fois nous voyons-nous rétorquer quand nous exposons les raisons d’être de la MCD, que « oui d’accord c’est bien beau, mais quand même il faut agir » : réfléchir n’a pas bonne presse dans le monde militant, et la figure de l’intellectuel.le engagé.e et investi.e dans les combats de son temps par le travail des idées n’est plus une figure structurante du champ politique comme elle a pu l’être au XXème siècle. Le régime de croissance est profondément anti-intellectualiste et c’est l’une des hégémonies qu’il exerce sur la vie politique : l’injonction à faire plutôt qu’à discuter et à controverser.

Pourtant, nous ne défendons pas une posture « coupée du monde » mais revendiquons d’être des militant.es chercheur.es : il s’agit de conceptualiser la pratique de la décroissance, d’élaborer une pensée à partir des milieux. Pour cela, comme le souligne si bien la Commission Genre, il faut des espaces dédiés et des rencontres : en un mot il faut pratiquer la discussion, seul lieu permettant le travail d’élaboration et de production en commun d’une pensée collective et structurée, qui permette de défendre des positions collectives et partagées, tout en sachant les nuancer individuellement. À la MCD, ce rôle revient au groupe appelé « la Mutuelle ». À Attac, il est bien regrettable que la Commission Genre, qui incarnait cette possibilité, doive se résoudre à disparaître : cela en dit long sur le fonctionnement d’un mouvement, qui, sous couvert de pratiquer l’horizontalité absolue, instaure en réalité d’autres formes de pouvoir et d’autoritarisme, dont l’un des aspects est très justement souligné dans le texte : celui de la police du langage et des comportement, police que nous avons eue à subir lors de l’Université des Mouvements Sociaux 2023.

J’avais alors été passablement choquée par la multiplication des affiches (portes, couloirs, et même dans chaque toilettes ! ) nous incitant à nous débarrasser de nos comportement de domination (sexistes, validistes, racistes, grossophobes, transphobes…), à les repérer chez les autres, et à intervenir ou à prévenir « l’équipe oppression » en cas de besoin : cela m’avait révoltée, et j’avais beau partager de tout mon cœur la cause, je ne pouvais me résoudre à accepter ces méthodes « paramilitaires » digne d’une « brigade des mœurs » inversée !

Dans le même registre anxiogène, un document de repérage des mécanismes d’oppression avait été distribué.

J’avais alors commencé à écrire un texte intitulé « De retour des Universités des Mouvements Sociaux » qui aurait mentionné, entre autres, ce malaise qui m’avait poursuivi même après la fin de l’événement ; sans parvenir à trouver le ton juste, j’y avais renoncé : la police des comportements a des effets à long terme, jusque dans nos capacités à exercer notre esprit critique ou à en partager les analyses…

Par ailleurs, la Commission Genre inscrit sa pensée dans un courant large de luttes contres les systèmes de domination, dont le libéralisme est peut-être l’un des plus pervers, puisqu’il a réussi à convaincre que pour s’émanciper il fallait penser le monde à partir de soi : et de la libéralisation de la circulation des capitaux, qu’ordinairement « à gauche » nous dénonçons, nous voilà promotrices (règle de majorité) de la version sociale de ce « laisser faire économique » : légitimation de la prostitution, parcellisation et morcellisation des identités de genre, promotion de l’individualisme…

Nous espérons que le travail théorique de la Commission Genre pourra être poursuivi et visible en dehors d’Attac, et que de telles initiatives soulignant l’importance du travail de politique soit entendue… Aujourd’hui il est peut-être temps de clamer : penseur.es de tous les pays, unissez-vous !

10.04.2024 à 12:04
Rédaction
Lire plus (311 mots)

La semaine se divise en 2 moments : les rencontres et les réflexives :

  1. Les « rencontres », le mardi 16 et le mercredi 17 au jeudi 10 (arrivée possible dès le lundi 15 dans la journée) : la décroissance en est le thème général → cette année, nous consacrerons une première journée à partager des interrogations sur la question des limites. Si la décroissance est une opposition politique à l’illimitisme, alors il peut être fécond de a) présenter la notion d’espace écologique et b) de s’interroger sur nos rapports sociaux et politiques aux limites écologiques.
  2. Les (f)estives, du jeudi 18 au dimanche 21 (vers midi) : là, il y a un thème plus précis qui, cette année, est celui de «la décroissance et la question du travail ».

Pour bien lire le programme, cliquer dessus.

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