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08.05.2025 à 15:22

lsamuel

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Notre prochain Jeudi de l’écologie JNE aura lieu le 22 mai 2025 à l’Académie du Climat (Paris) sur le thème : mieux protéger les océans.

Programme détaillé à venir prochainement…

L’article Mieux protéger les océans : notre Jeudi de l’écologie du 22 mai 2025 est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

08.05.2025 à 15:09

lsamuel

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Notre assemblée générale se tiendra le 19 juin à Paris (à 16 h) à l’Académie du Climat juste avant notre Jeudi de l’écologie  (à 19 h) qui aura pour thème Réinventer notre rapport aux animaux.

Elle sera également accessible en visio-conférence pour ceux qui ne seront pas à Paris.

Parmi les thèmes abordés :
– comment faire face à la désinformation sur l’écologie, tant pour les journalistes que pour les citoyens ?
– quelle aide peuvent apporter les JNE aux journalistes qui connaissent des difficultés d’ordre juridique ?

L’article Le 19 juin, Assemblée générale des JNE suivie d’un débat : Réinventer notre rapport aux animaux est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

08.05.2025 à 14:44

lsamuel

Texte intégral (2859 mots)

« Mission Nature : attention, arnaque à la biodiversité ! » (1)

Depuis 2023, les Français sont incités à rejoindre les jeux de hasard pour défendre la biodiversité ! La Française des jeux (FDJ), « leader européen des jeux d’argent et de hasard », propose d’aider financièrement l’Office français de la biodiversité (OFB) qui se charge de sélectionner les différents projets sous l’appellation « Mission Nature ».

par Pierre Grillet

Ainsi, le « Loto de la biodiversité », sous la forme d’un jeu à gratter, est-il amené à financer des actions de protection de la nature à travers le territoire… Chaque joueur achète son ticket 3 euros espérant gagner jusqu’à 30 000 euros, et la FDJ reverse à l’OFB 43 centimes… Depuis 2023, plus de 14 millions d’euros auraient été collectés pour 64 projets soutenus, renforcés par 700 000 euros de mécénat FDJ UNITED directement adressés à l’OFB. De son côté, le vrai grand gagnant, l’État, avait récolté grâce aux jeux d’argent, plus de 6 milliards d’euros en 2021 !

La « nature » en fête a aussi son jackpot

Le 24 mai 2025, cette « nature » que l’on considère toujours comme un objet à notre service, que l’on ne cesse de détruire pour notre profit, sera à la fête. Une occasion rêvée pour la Française des Jeux de faire parler d’elle et de maximiser son chiffre d’affaires en proposant, ce même jour, un tirage Loto spécial avec un jackpot de 10 millions d’euros. « Ce tirage reversera 0,54 euro par grille jouée (2,20 euros) à l’OFB, contribuant ainsi à financer de nouveaux projets environnementaux », selon un site gouvernemental.

Quelques associations de protection de la nature très satisfaites

Les associations de protection de la nature sont de plus en plus étranglées par la baisse drastique des financements publics et par l’existence de ce fameux contrat d’engagement républicain qui tente, avec plus ou moins de succès, de bâillonner les structures qui auraient encore quelques velléités militantes (2). Certaines, parmi les plus importantes, se tournent vers les financements privés. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a clairement fait ce choix, de même que le WWF et tant d’autres. Ces structures voient d’un très bon œil une telle initiative qui, d’après elles, leur permet de mener à bien des projets de protection. Ainsi la LPO a-t-elle déclaré publiquement, en 2024, être « honorée de faire partie, cette année encore, des structures sélectionnées bénéficiant du Loto de la biodiversité » (3).  Pour ce qui concerne le WWF, la FDJ est un fidèle mécène dans le cadre du projet Nature Impact … Des établissements publics et des conservatoires en profitent également. Des personnalités reconnues dans ce domaine et appréciées du grand public en font la promotion, à l’instar de l’explorateur Jean-Louis Etienne, pour qui un tel outil ne peut pas se refuser : « Tout est une bonne idée pour faire de la pédagogie et inciter les gens à agir », déclare-t-il sur ce sujet. Autrement dit, tous les moyens seraient bons !

L’association nationale France Nature Environnement (FNE) d’un avis opposé

Sur son site, le président de FNE déclarait en 2023 : « l’État se trompe de cible et trompe le public en se servant d’un jeu de hasard comme paravent et outil de communication sur les politiques de biodiversité, alors qu’il devrait y consacrer des moyens autrement importants et commencer par réduire les dépenses publiques néfastes pour la biodiversité, estimées à plus de 10 milliards d’euros par an par l’Inspection Générale des Finances ». En 2025, la situation n’a fait que s’aggraver. Parmi les arguments avancés, FNE relève qu’un tel  « jeu » profitera majoritairement à la Française des Jeux, avant l’Etat (via le reversement de la FDJ et la TVA) qui peut ainsi générer de nouvelles recettes et « se légitimer en faisant croire que ces jeux seraient utiles socialement ». Ce type de jeu entretient la confusion entre les jeux d’argent et le financement d’actions d’intérêt général, comme l’avait déjà fait le Loto du Patrimoine institué en 2017 (dont seulement 12 % des recettes ont été reversées à la Mission Patrimoine). Par-dessus tout, au lieu d’engager durablement des crédits pour les politiques de préservation et de restauration de la biodiversité et de procéder à une véritable transition, l’Etat se défausse une fois de plus sur le privé tout en récupérant, pour lui-même, beaucoup d’argent. De l’argent dont une grande partie servira à détruire la biodiversité. Pour FNE, Il s’agit d’un jeu qui « permettra de lever une somme dérisoire par rapport aux besoins réels d’une politique de protection de la biodiversité. Le gain prévu est de moins de 10 millions d’euros selon les estimations, quand les politiques de biodiversité nécessiteraient au moins 500 à 600 millions par an (selon la Stratégie nationale biodiversité et Stratégie Nationale Aires Protégées) ».

La biodiversité « servie » au moyen d’une pratique reconnue néfaste pour les citoyens

Il convient aussi de se poser la question de la responsabilité de l’État lorsqu’il encourage les jeux de hasard, une pratique reconnue comme étant à risques. Le sociologue Thomas Amadieu, auteur de La fabrique de l’addiction aux jeux d’argent  (éditions Le Bord de l’eau, 2021) met l’accent sur le rôle pour le moins très ambivalent de l’État face aux problématiques liées à ces jeux. Pour ce chercheur, les jeux d’argent ne sont pas un loisir comme les autres, mais « une question de santé publique qui a trop longtemps été négligée ». Quelque 350 millions de personnes rencontreraient des problèmes de jeux dans le monde. Elles souffrent notamment d’addiction aux jeux d’argent, à l’origine de plusieurs conséquences néfastes pour la personne concernée comme pour son entourage. Et cette addiction est en forte augmentation en France : elle concernait 600 000 personnes il y a 10 ans. Elle en touche aujourd’hui 1 400 000 (4).

L’Autorité nationale des jeux elle-même a dénoncé un risque d’addiction supplémentaire au sujet d’un nouveau jeu à gratter produit par FDJ « trop addictif pour les jeunes », selon sa présidente, et qui « n’est pas conforme à la jurisprudence de la Cour de justice européenne en matière de prévention des addictions aux jeux ». En 2022, les jeux de tirage, de grattage ou jeux instantanés constituaient la première catégorie de jeux pratiqués à l’adolescence ! Pourtant, pour l’État, l’addiction aux jeux d’argent semble ne pas constituer un problème public, notamment en France. En 2018, l’Observatoire des inégalités publiait un rapport intitulé « Jeux d’argent : un impôt sur la fortune du pauvre ». Il précisait notamment : « Les joueurs issus des foyers les plus pauvres consacrent aux jeux d’argent un pourcentage de leur budget deux fois et demi plus élevé que les autres foyers. Ils ont un plus grand risque de développer une addiction. Près de 60 % des joueurs à risque ou pathologiques ont des revenus mensuels nets inférieurs à 1 100 euros et la quasi-totalité a au mieux un niveau d’études équivalent au baccalauréat » (5). Cet impôt tape beaucoup plus fort sur les pauvres que sur les riches.

Alors que le rôle de l’État devrait être de tout faire pour, non seulement mieux encadrer de telles pratiques, mais surtout ne pas les encourager, il procède à l’inverse en ne cessant de trouver des objectifs motivants pour accroître ces tendances : après le Loto du patrimoine, celui de la biodiversité, peut-être prochainement celui des personnes âgées, des personnes handicapées, des cultures… Dans le cas du Loto de la biodiversité, il n’hésite pas à communiquer en amenuisant considérablement les problèmes évoqués contrairement aux avis de tous les spécialistes du sujet. Ainsi s’exprimait Sarah El Haïry, alors secrétaire d’État à la Biodiversité, dans une vidéo lunaire (6)

Non, tous les moyens ne sont pas acceptables pour soi-disant « protéger la nature »

« Gratter » pour la biodiversité pourrait encourager les citoyens à s’y intéresser. C’est ce qu’affirmait notre secrétaire d’État à la Biodiversité en 2023. On éprouve quelques difficultés pour la croire sincère lorsqu’on constate l’inaction gouvernementale autour de ce thème. Bénéficier de l’aide de la FDJ pour financer une action de protection pose des problèmes semblables à ceux provoqués par les aides financières obtenues au travers d’entreprises comme TotalEnergies, Bouygues, Vinci, Eiffage, Coca-Cola, le CIO et bien d’autres : on accepte des miettes pour conduire des actions ponctuelles alors que l’essentiel des activités réalisées par ces financeurs va dans le sens de l’appauvrissement de la biodiversité. Nous restons coincés dans ce jeu de dupes : tu protèges un peu grâce à mon argent et c’est bon pour mon image, mais tu me laisse détruire beaucoup. On accrédite l’inaction d’un État qui nous montre chaque jour combien la biodiversité fait partie de ses préoccupations mineures. Pire, dans le cas d’un jeu de hasard, on se tourne vers les plus appauvris et on cautionne cet impôt régressif qui repose sur les plus défavorisés d’entre nous qui, paradoxalement, ne sont pas les plus impactants sur l’ensemble du vivant. Du côté de la protection de la nature, on préfère obtenir quelques financements pour conduire des actions et payer son personnel plutôt que de lutter contre de tels dispositifs qui ne font, une fois de plus, que jeter de la poudre aux yeux, laissant croire aux citoyens que les enjeux environnementaux seraient réellement pris en compte.

Pendant ce temps, on peut continuer de détruire la conscience tranquille et on refuse de se poser ces questions essentielles : pourquoi tant de personnes sont attirées par ces jeux de hasard qui ne profitent qu’à une infime minorité ? Que dit de notre société un tel attrait ? Un tel espoir ? Aujourd’hui, le langage du jeu s’infiltre, par les médias notamment dans l’esprit de « ta mise peut te rapporter du fric et ta conscience sera tranquille puisque tu pourras justifier ton geste en prétextant sauver la biodiversité en faveur du commun ! ». Un vocabulaire façonne peu à peu une manière d’être au monde : vivre en pariant sur le bon moment, le bon geste, le bon coup, à la manière des paris en bourse. Présenter le soutien à la biodiversité comme un « pari », peut entretenir cette idée qu’agir, c’est miser — et non comprendre, réfléchir, s’organiser collectivement ou transformer. Ce vocabulaire façonne peu à peu une manière d’être au monde : vivre en pariant sur le bon moment, le bon geste, le bon coup, à la manière des paris en bourse. Une logique de l’instant, de la chance, d’être doté d’une force unique… et de l’oubli des causes, ce qui revient à se passer des historiens, chercheurs, etc. Dans une société où la chance, le mérite individuel et la réussite personnelle sont fortement valorisés, le joueur n’est pas seulement quelqu’un qui tente sa chance : c’est souvent quelqu’un qui croit en sa propre étoile, en son flair, voire en une forme d’élection divine ou de « destin personnel ». Cocher une grille, gratter, devient donc un geste performatif : une affirmation de son alignement avec la chance, avec l’univers, avec une forme d’intuition supérieure. Jouer pour la biodiversité, dans ce contexte, c’est : « Gagner pour la planète, pour la vie… grâce à moi ».

Non, cher Jean-Louis Etienne, tous les moyens ne sont pas bons pour faire de la pédagogie et inciter les gens à agir !

Remerciements à Philippe Veniel, la Boisselière, pour sa relecture et ses propositions dont certaines sont reprises dans le texte : https://boisseliere79.wixsite.com/monsite/bienvenue. Remerciements à Jean-Marc Thirion, pour sa relecture et ses engagements militants, remerciements également à Carine Mayo et Laurent Samuel des JNE pour leurs remarques.

(1)  Le sous-titre est emprunté à France Nature Environnement. Site FNE : https://fne.asso.fr/actualites/loto-mission-nature-attention-arnaque-a-la-biodiversite
(2) Lire l’article très documenté sur le contrat d’engagement républicain de Christophe Ayad dans Le Monde du 9 avril 2025 : « Le contrat d’engagement républicain, outil contre le séparatisme, parfois détourné de son objet ». https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/09/le-contrat-d-engagement-republicain-outil-contre-le-separatisme-parfois-detourne-de-son-objet_6593324_3224.html
(3) Citation extraite du site de la LPO : https://www.lpo.fr/qui-sommes-nous/espace-presse/communiques/cp-2024/mission-nature-l-avenir-de-trois-projets-lpo-se-joue-au-loto
(4) Selon un sondage de Harris Interactive pour l’Autorité nationale des jeux, publié fin 2024, 26 % des Français déclarent qu’ils pourraient offrir un jeu à gratter à un enfant, 35 % considérant que ce sont des cadeaux qui leur sont autant adaptés qu’aux adultes. Cette opinion est davantage partagée par les personnes qui elles-mêmes jouent aux jeux de grattage (49 %) et par les personnes qui ont déjà offert des jeux à gratter à un enfant (79 %). Pourtant, le même sondage précise que 87 % des Français ont conscience que les jeux de grattage sont interdits à la vente aux mineurs. Ainsi les jeux d’argent sont considérés comme une pratique dangereuse pour les enfants par 94 % des répondants, et une part similaire affirme que les enfants qui jouent aux jeux à gratter risquent de développer une addiction (93 %).
(5) Observatoire des inégalités. 29 juin 2018. : « Jeux d’argent, un impôt sur la fortune du pauvre ».
(6) Mission Nature : le jeu à gratter pour la biodiversité : https://youtu.be/67Fq5gdeU9I?si=xb7cymyI4uafyDRg

Photo : lézard ocellé sur l’île d’Oléron © Marie-Do Couturier

Quand le lézard ocellé devient « faire-valoir » pour un jeu de grattage !
Je travaille depuis 30 années autour du lézard ocellé sur l’île d’Oléron avec l’aide de scientifiques de Montpellier et de naturalistes locaux. Avec le gestionnaire des sites concernés, l’Office national des forêts, nous avons mis en place des actions de suivi et de protection, soutenues et financées jusqu’à présent et pour l’essentiel, par la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Nous avons écrit de nombreux articles scientifiques et publié deux ouvrages relatant l’ensemble des travaux réalisés. En avril 2025, j’apprends que l’ONF, établissement public à caractère industriel et commercial, a déposé auprès de l’OFB un dossier dans le cadre de « Mission Nature » afin de financer des opérations de protection autour de cette espèce. Celui-ci vient d’être sélectionné pour participer au Loto de la biodiversité. Par la même occasion, j’apprends avec stupeur que l’ONF est sponsorisé par la FDJ depuis de nombreuses années, ainsi que par TotalEnergies et bien d’autres. Pour ma part, il est hors de question de cautionner. J’ai donc pris la difficile décision de me retirer totalement de cette action. L’ONF, à la recherche de soutiens financiers, a créé en 2019 le fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt qui n’est autre qu’un appel à n’importe quelle entreprise pour bénéficier d’un mécénat largement financé par les citoyens en raison des déductions fiscales (réduction d’impôt sur les sociétés, à hauteur de 60 % du montant du don). Ainsi, la plupart des bénéficiaires du monde capitaliste complices de la destruction du vivant sont les heureux donateurs et bienfaiteurs des forêts domaniales ! Tristesse… P.G.

L’article Loto de la Française des jeux pour la biodiversité : une entourloupe de plus – par Pierre Grillet est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

06.05.2025 à 11:02

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05.05.2025 à 19:00

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05.05.2025 à 15:15

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05.05.2025 à 14:51

lsamuel

Texte intégral (1361 mots)

 

 

par Olivier Nouaillas

 

 

C’est un vent mauvais qui souffle d’outre-Atlantique, à tel point que certains utilisent même un terme anglo-saxon pour le décrire : le « backlash » écologique. En bon français, le recul écologique. Certes, il n’a rien de comparable avec l’outrance et la violence réactionnaire du trumpisme qui emporte tout sur son passage : de la dénonciation de l’Accord de Paris sur le climat à la remise en question de l’interdiction de l’exploration minière des grands fonds marins en passant par l’attaque frontale contre les faits scientifiques et tout ce qui touche de près ou de loin à l’environnement (des énergies renouvelables à gestion des parcs nationaux américains, en passant par … les pailles en papier et la taille des pommeaux de douche !).

Mais tout de même, avec la remise en question du Green New Deal (Pacte Vert) sur l’agriculture et des objectifs européens de réduction des gaz à effet de serre, une petite musique insidieuse est en train de s’installer en Europe : il y aurait trop de normes environnementales. Ce que certains appellent même, dans un raccourci démagogique, « l’écologie punitive ». D’où cette tentation, notamment en France en période de recherches d’économies budgétaires, de remettre en question un certain nombre d’acquis environnementaux, mais aussi de financements liés à la transition écologique.

En fait, tout s’est cristallisé avec le mouvement agricole du début de l’année 2024. Rappelez-vous : à cette époque, un peu partout en France, des agriculteurs bloquent les routes avec leurs tracteurs, pour faire part à la fois de leur malêtre et surtout de leurs problèmes de revenus, réels notamment chez les éleveurs. Le mouvement est particulièrement suivi en Occitanie avec un blocage de l’autoroute A64 près de Toulouse par des agriculteurs menés par Jérôme Bayle, en marge des organisations syndicales agricoles. Nouvellement nommé Premier ministre, Gabriel Attal va se rendre dans la ferme de Jérôme Bayle et mettre en place une belle séance de communication. Sur fond de bottes de paille, il annonce plusieurs mesures en faveur des agriculteurs, tout en déplaçant de façon subtile la question des revenus vers un problème de … normes ! Avec cette phrase qui donne le la de l’action gouvernementale depuis : « il faut déverrouiller, libérer, simplifier et laisser nos agriculteurs respirer. On va lancer un choc de simplification ». La FNSEA, mais aussi la Coordination Rurale, sa concurrente encore plus à droite, s’engouffrent toutes les deux dans la brèche : les normes environnementales (de l’interdiction des pesticides et des néonicotinoïdes à la réglementation de la taille des haies), voilà l’ennemi ! Cela alors que l’effondrement de la biodiversité (oiseaux, abeilles, insectes…) prend, chaque jour, des proportions de plus en plus inquiétantes.

Ce mouvement anti-normes va culminer en novembre 2024, au moment des élections dans les chambres d’agriculture, avec la mise en cause des missions des agents de l’ Office français de la biodiversité (OFB), la police de l’environnement. Avec notamment le saccage des locaux de l’OFB à Guéret (en Creuse) par des membres de la Coordination Rurale. Et bien sûr, des hommes politiques démagogues, de Laurent Wauquiez (LR) à Eric Ciotti (UDR), vont aller jusqu’à réclamer la dissolution de l’OFB. Alors que son travail quotidien – surveillance de la qualité de l’eau, protection de la biodiversité, régulation de la chasse – est essentiel. Même le centriste François Bayrou, alors nommé Premier ministre, ira jusqu’à mettre en cause le comportement « humiliant » des agents de l’OFB, tout cela parce qu’ils portent une arme (comme les gendarmes et les policiers). Ce qui entraînera en janvier 2025, une grève intersyndicale et largement suivie des 3.000 agents de l’OFB, dont 1.700 inspecteurs de l’environnement, écoeurés d’être désignés comme les boucs émissaires d’une crise agricole due davantage au système productiviste et aux accords de libre échange qu’aux normes environnementales. Seule, et c’est à son honneur, la Confédération paysanne a apporté son soutien et sa solidarité avec les agents de l’OFB.

Mais ce mouvement de recul écologique, même s’il a pris sa source dans le milieu agricole – un terrain fertile tant il est gangréné depuis des années par des lobbys puissants – ne s’arrête pas là. Cherchant à faire des économies (20 milliards d’euros pour Michel Barnier, 40 milliards maintenant pour François Bayrou), les pouvoirs publics regardent, comme par hasard, en priorité du côté des crédits affectés à la transition écologique comme Ma prim’ rénov, celle également pour l’achat de véhicules électriques et surtout les sommes allouées au fonds vert pour le climat, toutes les trois diminuées. Plus inquiétant encore, trois agences de l’Etat spécialisées dans la recherche et l’action écologique – l’ADEME, l’ANSES et l’Agence Bio – sont menacées d’être sinon supprimées tout du moins amputées de leurs moyens. De plus, la mise en place de la loi Zéro artificialisation nette (ZAN) est vivement contestée par certains maires, tandis que la réglementation sur les Zones à faibles émissions (ZFE) – qui pose, il est vrai, de vrais problèmes d’accès à la mobilité pour les classes moyennes et populaires – se réduit à quelques villes comme Lyon et Paris. Et pour finir ce tableau préoccupant, la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie vient d’être reportée « à la fin de l’été » par François Bayrou, alors que la planification écologique, grande promesse du second quinquennat d’Emmanuel Macron, est quasiment à l’arrêt. Cela tandis que la diminution des gaz à effet de serre connaît un ralentissement (-1,8 % en 2024 contre -5,8 % en 2023 et 2022) alors qu’il faudrait accélérer pour tenir les engagements pris par la France, soit – 40 % de GES à l’horizon 2030.

Faut-il pour autant en déduire que le recul écologique enclenché par les trois derniers gouvernements d’Emmanuel Macron est irréversible et surtout qu’il répondrait à une demande de l’opinion publique française ? Ce n’est pas l’avis de  Parlons Climat, une association qui s’est donnée pour but de mobiliser de nouveaux publics en faveur de la transition écologique. Dans un article récent consacré précisément au backlash écologique, elle met en garde contre « une prophétie auto-réalisatrice ». Pour Parlons Climat, la grande vague anti-écologique venue des Etats-Unis a surtout contaminé les décideurs politiques, mais pas encore la population. Sondages et enquêtes de l’ADEME à l’appui, cette étude montre à la fois que l’importance portée à la question de l’environnement est stable (elle fait toujours partie des cinq enjeux principaux pour l’avenir du pays) et que le soutien aux politiques publiques de lutte contre le changement climatique reste fort : 64 % de soutien en 2024, contre 58 % en 2018. Peut-être que la perspective d’une France à + 4° C d’ici la fin du siècle, un scénario sur lequel a beaucoup travaillé et communiqué Météo-France, infuse lentement les esprits. Bref, faire du Trump en France ne serait pas si payant que cela. Avis aux populistes démagogues…

En haut : couverture d’une brochure d’information de l’OFB (Office français de la biodiversité)

L’article La France touchée par le recul écologique est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

03.05.2025 à 09:42

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L’article 🔐 [La Voie est Libre] A69 : coût du chantier est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

30.04.2025 à 12:04

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L’article 🔐 [Musée des Confluences] Le mystère des anneaux par Laurent Ballesta est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

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