01.07.2025 à 11:58
Adresses, internationalisme & démocr@tie – Avis de parution du numéro 13 du 1er juillet 2025.
aplutsoc
Comme à chaque parution de cette revue, nous vous offrons :
- le téléchargement de la revue en PDF
- le sommaire du numéro
01.07.2025 à 11:26
À Balazuc, un hommage à France et Gilbert Serret.
aplutsoc
Texte intégral (1329 mots)
Ce dimanche 29 juin, à l’appel de l’IHS-CGT de l’Ardèche et de la FSU 07, une cinquantaine de personnes se sont réunies au cœur du hameau du Viel Audon, à Balazuc, pour honorer la mémoire de France et Gilbert Serret, figures majeures du syndicalisme révolutionnaire et enseignants de l’entre-deux-guerres.
Devant les falaises de l’Ardèche, non loin du lieu où Gilbert fut assassiné le 30 juin 1943, une plaque commémorative a été dévoilée. Elle rappelle leurs combats pour une école laïque et émancipatrice, leur refus de parvenir, leur engagement antifasciste, pacifiste, anticolonialiste, et leur rôle essentiel dans l’animation de la CGT, de la Fédération Unitaire de l’Enseignement et des comités de vigilance antifascistes.
La cérémonie a débuté par un mot d’accueil du collectif du Viel Audon, suivi d’une allocution commune au nom de la FSU 07 et de l’IHS-CGT 07 par Marc Zanoni, retraçant avec justesse l’éthique radicale et l’exigence pédagogique qui guidèrent leur vie et leur engagement syndical. Le maire de Balazuc a ensuite salué l’importance de cette initiative pour l’histoire locale et la mémoire militante.
Lors de la cérémonie de nombreuses organisations étaient représentées : FSU 07, IHS CGT 07, UD CGT 07, UL CGT Aubenas, Libre Pensée 07-26, ARAC 07, CNT Interpro 07, MATP.
(Le discours est reproduit ci-dessous.)
Des photos de l’événement sont jointes à ce compte rendu.
Nous appelons également la presse locale à relayer cet hommage, dont l’importance historique dépasse le cadre syndical pour nourrir la mémoire sociale de l’Ardèche.
Genebrier Léo pour l’IHS CGT 07
Valérie Benmimoune pour la FSU 07

Le discours de la cérémonie
Inauguration de la plaque commémorative de France et Gilbert Serret
Le Viel Audon, Balazuc, 29 juin 2025
Intervention de l’institut d’histoire sociale de la CGT et de la FSU de l’Ardèche.
Il y a 82 ans, le 29 juin 1943, France Serret, institutrice de la classe unique de filles de l’école de Balazuc donne l’alerte : son mari, Gilbert, instituteur de la classe de garçons, n’est pas rentré de son jardin au bord de l’Ardèche. Les habitants de Balazuc le cherchent toute la nuit et le retrouvent le lendemain, mort dans un gour, un trou dans le front, un bras en avant. Des bergères sur les falaises de l’autre rive affirment avoir remarqué deux individus qui observaient Gilbert longuement…
Qui étaient France et Gilbert Serret ? Et qui a tué Gilbert ?
Des pédagogues ardéchois
France et Gilbert sont un couple d’instituteurs, pédagogues chevronnés dont les qualités sont reconnues par leur hiérarchie (maîtres d’élite), très appréciés des élèves et des familles. France a participé avec Célestin Freinet au développement de l’imprimerie à l’école, de la correspondance scolaire, à la pédagogie active, c’est-à-dire donner du sens à l’enseignement tout en structurant les connaissances des élèves dans une perspective émancipatrice ; à Balazuc, ils ont créé un jardin avec des plantes médicinales, un verger, un atelier de réparation. Avant d’arriver à Balazuc à la rentrée 1942, ils ont d’abord enseigné au Pouzin, à Vallon-Pont-d’Arc, à St Montan (9 ans), à Lablachère (3 ans), et ont été déplacés en Haute-Loire.
Partout où ils sont nommés, ils se passionnent pour leur territoire : botanique, occitan, patrimoine local, savoirs ancestraux pour elle, agriculture, industrie, histoire et économie pour lui.
Syndicalistes
Ils sont également militants syndicaux à la section ardéchoise du syndicat des membres de l’enseignement laïque affilié à la fédération unitaire de l’enseignement de la CGT Unitaire. En 1928, Gilbert est élu secrétaire départemental du Syndicat des instituteurs et institutrices d’Ardèche. De 1930 à 1932, il est secrétaire général de la FUE avec des responsabilités nationales et internationales. En Ardèche, à la CGTU, il est apprécié des cheminots et métallurgistes du Teil, des ouvriers du textile de la Voulte comme des chaufourniers de Cruas ou des céramistes de Bourg Saint-Andéol. France sera toujours à ses côtés, particulièrement en assurant son secrétariat, mais également en s’investissant dans les groupes pédagogique et féministe et dans la presse du syndicat.
Antifascistes et antistaliniens
Les convictions des Serret et leurs échanges avec Élie Reynier, professeur d’École normale et président de la Ligue des droits de l’Homme et la philosophe Simone Weil, les amènent à s’engager contre la guerre, le colonialisme et le fascisme. En Ardèche, Gilbert anime le front unique antifasciste et n’hésite pas à partir de 1934 à manifester sous les fenêtres du député d’Annonay, Xavier Vallat, qui ne l’oubliera pas. Au sein de la CGTU où il est minoritaire, Gilbert Serret s’oppose au tour stalinien pris par la direction et à son alignement sur le régime soviétique, régime qui selon lui « … est devenu césarien et n’est plus au service de la classe ouvrière… ».
Ces prises de position, révolutionnaires pour l’époque, leur combat inlassable pour l’école publique, dérangent. En 1938, les Serret sont à l’école de Lablachère. Gilbert en est le directeur. En septembre 1940, il est victime d’une dénonciation anonyme. Malgré son innocence, il est déplacé avec France dans une zone très isolée de Haute-Loire en mars 1941. En septembre 1941, le couple se rapproche du Puy-en-Velay et retrouve un réseau d’amis.
En juillet 1942, les Serret bénéficient d’une mesure nationale « d’apaisement ». Ils reviennent en Ardèche, à Balazuc, malgré l’opposition de l’ancien préfet (qui les a déplacés), du préfet Esquirol, un authentique préfet fasciste, et du député Xavier Vallat, de sinistre mémoire (haut-commissaire aux questions juives) et ennemi de longue date de Gilbert.
Mi-juin 1943, la gendarmerie de Largentière réclame des photos d’identité aux Serret, Gilbert proteste, le commandant de la brigade lui affirme que cette demande n’émane pas de son service. Après sa mort, sous la pression des élus et de France, une enquête de la gendarmerie est ouverte et conclut qu’il pourrait s’agir d’un accident. La thèse de l’assassinat, sans doute par des agents pétainistes, ne fait plus guère de doute aujourd’hui.
A la rentrée 43, France est nommée directrice de l’école de filles de Ruoms et y restera jusqu’à la fin de sa carrière. Son action forcera l’admiration des parents, des inspecteurs, comme celle de ses élèves. Elle continuera à militer comme pédagogue et déléguée du personnel jusqu’à sa retraite le1er octobre 1955. Elle décède en 1979 à Aubenas et est enterrée aux côtés de Gilbert et leur fils René, mort à 5 ans, dans son village natal de Grospierres.
Marc Zanoni, FSU 07.
01.07.2025 à 10:59
Alerte sur le 2 juillet et l’initiative annoncée autour de Lucie Castets.
aplutsoc
Lire la suite (310 mots)
Aplutsoc questionne : depuis plusieurs mois, Lucie Castets a été la représentante légitime de l’unité qui, par le NFP, a bloqué la mise en place d’un exécutif Macron/Bardella et porté une majorité relative à l’Assemblée nationale ; elle a annoncé un rassemblement pour l’unité de tout le NFP, notamment sur la question des élections présidentielles, le 2 juillet, et lancé en ce sens un appel que, comme beaucoup d’autres, nous avons soutenu.
C’est demain soir, et bien que cette perspective ait été un espoir au congrès de l’APRÈS, ainsi qu’une motivation au congrès du PS pour celles et ceux qui veulent éviter l’extrême droite, ou son équivalent l’ « union des droites », au pouvoir, en combattant les atteintes de Macron à la démocratie, le flou est total sur les modalités et sur le lieu !
Montreuil ? Bagneux ? Une rencontre au sommet ? Avec qui ? Un meeting, un rassemblement ? Où et comment ? Pourquoi ce flou ? Y’a-t-il un loup ?
Ne soyons pas naïfs et – sans nullement en incriminer Lucie Castets-, comprenons que ces atermoiements reflètent les pressions du présidentialisme et donc de la division !
Unité dans la transparence ! Transparence dans l’unité !
Nous voulons un rassemblement ! Et le 10 juin 2024 lorsque le danger était là par le fait du cadeau de Macron au RN, offert le 9 juin au soir (la dissolution), nous sommes allés vite : est-ce cela que l’on voudrait éviter ? Est-ce la poussée vers la nécessaire unité que l’on voudrait écarter ?
Imposons l’unité, la transparence et le rassemblement !
Aplutsoc vous invite à faire circuler cette alerte pour qu’au plus vite, le flou prenne fin !
Le 01/07/2025.
29.06.2025 à 23:30
L’unité pour gagner, en France comme ailleurs !
aplutsoc
Lire la suite (387 mots)
Le 2 juillet, devrait se tenir une réunion à l’appel de Lucie Castets pour relancer le Nouveau Front Populaire (NFP) en vue des prochaines échéances électorales.
Au vu des conditions d’appel et d’organisation de cette initiative, et à la lumière des derniers développements internationaux, dont la « guerre des douze jours », Aplutsoc affirme et rappelle les propositions suivantes :
OUI, L’UNITÉ POUR GAGNER EST POSSIBLE ET NÉCESSAIRE !
⇒ UNITÉ des luttes sociales contre la politique des gouvernements nommés de manière anti-démocratique par Macron, à l’ombre desquels se forme l’union des droites, de Retailleau à Marion Maréchal-Le Pen, payée par le milliardaire Stérin !
⇒ Une CANDIDATURE UNIQUE DU NOUVEAU FRONT POPULAIRE est possible si, comme le NFP l’a été, elle est imposée par en bas. Ce ne sera donc ni la candidature d’un seul courant se présentant comme le seul et le pur, ni une candidature ouverte sur notre droite !
⇒ UNITÉ INTERNATIONALE contre Trump et Poutine et tous les Netanyahou, Khamenei, Orban, Meloni, Milei … pour soutenir la lutte armée du peuple ukrainien, pour briser le blocus et l’assassinat de Gaza, pour la défense des migrants en Europe et en Amérique, pour l’État de droit partout !
Contre la V° République, c’est une assemblée constituante et un gouvernement démocratique de la majorité qui pourront réaliser :
- la hausse des salaires,
- l’abrogation de la réforme des retraites,
- la sauvegarde des services publics,
- l’offensive écologique d’urgence,
- l’aide, y compris armée, à l’Ukraine pour faire tomber Poutine, et au peuple palestinien contre Netanyahou,
- et la solidarité de tous les peuples !
Réunion débat d’Aplutsoc le vendredi 4 juillet 2025 à 20H en visio
sur la question du pouvoir en France et aux États-Unis.
29.06.2025 à 19:58
La « guerre de 12 jours », Trump et la lutte des classes.
aplutsoc2
Texte intégral (1598 mots)
A quoi a réellement servi la « guerre de 12 jours » de Netanyahou et Trump ?
En Iran, loin d’affaiblir le régime des mollahs, elle a favorisé la répression, au nom bien sûr de la chasse aux agents du Mossad. Cette guerre ne l’a en rien relégitimé, mais lui a apporté un nouveau sursis. Pendant lequel les négociations secrètes avec Washington, dont on peut parier sans risque de se tromper qu’elles n’ont connu aucune interruption à aucun moment, se poursuivent.
Concernant l’état du nucléaire iranien, ni Khamenei, ni Trump, et certainement pas le bodybuildé à la gomme Pete Hegseth, ne sont crédibles, autrement dit : il n’y a strictement aucune certitude sur l’état du nucléaire iranien.
Cette guerre a permis à Netanyahou de poursuivre et d’aggraver le massacre à Gaza, attirant les foules dans le piège des distributions de vivres pour ordonner à Tsahal de leur tirer dessus – car ils en sont là. En Cisjordanie, les commandos fascistes poursuivent la purification ethnique.
Poutine en a tiré profit, lui aussi, pour massacrer des civils en Ukraine, jeter des soldats de Russie (pas forcément des soldats russes) dans la mort, et annoncer l’interdiction de la langue ukrainienne dans les territoires occupés.
La poursuite de la guerre au-delà des « 12 jours » inquiétait la Chine et, du coup, le Pakistan grognait. Taper sur l’Iran sans que Poutine ne réagisse a été, vu son échec contre l’Ukraine, le point le plus sérieux marqué par Washington dans le grand jeu visant à séparer Moscou de Beijing, ce qui, cela dit, est toujours loin d’être fait. Poutine n’ira pas au sommet des BRICS+ à Rio de Janeiro les 6-7 juillet, où Lula était pourtant prêt à l’accueillir et à le sécuriser. Mais Xi n’irait pas non plus – les éléments de crise au sommet en Chine s’accumulent, nous y reviendrons.
Alors, quel a été le véritable résultat de cette guerre pour ceux qui l’ont déclenchée ?
Netanyahou tente sans cesse de relégitimer son pouvoir par la guerre, et du point de vue israélien, le régime iranien annonçant depuis deux décennies vouloir la bombe pour l’envoyer sur Israël, cette guerre là était devenue la plus utile pour lui, la guerre d’anéantissement de la nation palestinienne conduisant aussi, visiblement, à l’autodestruction du peuple judéo-israélien.
Mais le répit est minuscule, et les procédures judiciaires visant Netanyahou reprennent, ce que Trump, en toute ingérence, a déclaré « ne pouvoir tolérer », sic …
Le vrai résultat est donné par ce fait capital : vendredi 27 juin, par 6 voix contre 3, la Cour suprême des Etats-Unis a décidé que « Lorsqu’un tribunal conclut que le pouvoir exécutif a agi illégalement, la réponse de ce tribunal ne peut pas être d’outrepasser lui aussi ses pouvoirs ». On admirera la tournure : la Cour ne dit pas que le pouvoir exécutif n’agit pas illégalement, mais juste que les tribunaux outrepassent leurs pouvoirs lorsqu’ils le sanctionnent ! Et elle poursuit : les décisions des juges fédéraux de portée nationale « excèdent probablement » (sic) leurs pouvoirs !
Cela signifie que les décrets anticonstitutionnels de Trump ne peuvent plus être supprimés par le pouvoir judiciaire, à commencer par son décret du 21 janvier abolissant le droit du sol, à l’encontre de la lettre de la constitution datant de 1789.
Cette offensive d’anéantissement du pouvoir judiciaire fait directement suite au bombardement de l’Iran décidé de manière anticonstitutionnelle sans consultation du Congrès.
Toute la vraie séquence de l’intervention étatsunienne en Iran doit être ainsi éclairée : début juin éclate la crise au sommet, très violente, entre Trump et Musk, qui a explicité sur le devant le scène la question de la destitution de Trump ; l’intervention militaire, certes de petite taille, mais intervention militaire quand même, contre la Californie, est déclenchée dans la foulée ; le 14 juin, plus de 13 millions – insistons-y : plus de 13 millions – de manifestants déferlent aux Etats-Unis sous le mot d’ordre simple et clair, qui résume admirablement les vraies termes de l’affrontement : NO KING, au singulier concernant Trump, ou NO KINGS au pluriel concernant la mafia oligarchique.
La « grosse bombe » sur les sites nucléaires iraniens, dont on ignore les résultats concrets, a donc été en fait une grosse bombe sur la nation américaine, visant à remettre en marche, à marche forcée, le coup d’Etat rampant, de moins en moins rampant, aux Etats-Unis.
On ne peut pas analyser les guerres, révolutions, crises … séparément région par région. L’unité mondiale de la crise globale totale, pendant que le climat grille, doit être le cadre réel de toute analyse.
C’est aussi dans ce procès qu’il faut intégrer la manière dont le sommet de l’OTAN, à La Haye, s’est déroulé, juste entre le « cessez-le-feu » mettant fin à la guerre dite des 12 jours, et la décision de la Cour suprême US.
Tous les commentateurs ont souligné l’apparence triomphale, pour Trump, de ce sommet, contrastant vigoureusement avec le sommet du « G7 » tenu, lui juste avant la guerre « des 12 jours », qu’il avait quitté précipitamment. Avec une servilité courtisane culminant dans le tweet obséquieux de Marc Rutte, secrétaire général de l’OTAN. De sorte que l’annonce de l’engagement des Etats membres d’atteindre les 5% de leurs PIB consacrés aux dépenses militaires en 2035 a pu passer pour un acte d’allégeance à Trump.
Poker menteur. La hausse des dépenses militaires européennes est tout autant conditionnée par l’intégration du fait qu’il y a rupture avec les Etats-Unis et qu’il devient urgent de s’en émanciper, alors qu’en même temps les dirigeants impérialistes européens en sont désolés et ne souhaitent vraiment pas couper les ponts. La conjoncture particulière du sommet de La Haye a permis à tout le monde de faire semblant, le texte de la déclaration finale, signé par les Etats-Unis, commençant par rappeler la fidélité à l’article 5, avec bien sûr à l’esprit une attaque de Poutine sur la Baltique, immédiatement peu probable en raison de l’intensification, qu’il a provoquée, de la pression sur l’Ukraine – mais le risque demeure à moyen terme et Trump n’a évidemment donné aucun vrai signal pouvant faire croire que, le cas échéant, il aiderait la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie ou la Finlande !
Cet objectif de dépense est donc officialisé par les principales puissances européennes parce qu’elles craignent d’être lâchées par les Etats-Unis, non parce que Trump le leur demande (Washington, et pas seulement Trump, le leur demande d’ailleurs depuis une dizaine d’années). Il se décompose en 3,5% de dépenses effectives liées à l’OTAN et 1,5% qui sont « à la carte » et, de fait, hors OTAN. L’Espagne a refusé, disant pour sa part vouloir atteindre les 2%. Refus légitime et intéressant, car il est clair que les besoins militaires véritables du moment : drones, batteries anti-aériennes, avions, pour l’Ukraine, et mesures pour casser le siège meurtrier de Gaza, ne nécessitent pas un tel plan à long termes, ni d’alimenter la pompe des trusts de l’armement, ni de tenter de faire, avec Macron, du nucléaire français un pilier de la sécurité européenne.
Sauver les apparences : les dirigeants européens ont fait à Trump le cadeau de la comédie au sommet de l’OTAN, contribuant ainsi au coup d’Etat à peine rampant et bientôt galopant qui est engagé aux Etats-Unis.
Ainsi, pour contre-attaquer sur l’arène de l’affrontement américain, Trump a fait une guerre, reçu des courbettes à La Haye et, de plus, validé un « cessez-le-feu » au président-dictateur ruandais Kagamé, auquel le génocide des Tutsis en 1994 ne confère nulle légitimité pour piller, massacrer et déplacer les populations dans le Nord-Est de la République Démocratique du Congo.
Les marches des fiertés ou « Gay pride », singulièrement celle de Budapest tenue contre l’interdiction par Orban, ce bon ami de Trump, de Poutine et de Netanyahou, qui mène l’extrême-droite européenne raciste et antisémite, indiquent le sens que doit prendre, aux Etats-Unis et dans le monde, la contre-offensive démocratique des peuples.
VP, le 29/06/2025.

Foule à la Gay Pride de Budapest : une claque pour Orban et ses prétentions autoritaires !
29.06.2025 à 15:25
Chikirou renvoie dos à dos la victime et le bourreau, par Robert Duguet.
aplutsoc
Texte intégral (847 mots)
Madame Chikirou a produit un roman-photo dont le contenu politique est pour le moins ignominieux qui concerne le combat pour la défense et la libération des opposants politiques au régime de Poutine. Le contenu des deux photos que nous avons extraites de cette « œuvre d’art » est pour le moins clair : il s’agit de mettre un signe égal entre la Russie et l’Ukraine. Ni Zélensky ! Ni Poutine !
En Russie les prisonniers politiques sont maltraités, ne peuvent se soigner correctement, font l’objet pour un certain nombre de tortures morales et physique ; ceux qui sont considérés comme des opposants redoutés aux yeux de Poutine sont morts du fait des conditions de détention ou ont été tués comme Navalny. Les témoignages signalent des cas d’empoisonnement. Ce qui se passe dans les camps de détention de Poutine et avec les méthodes du FSB rappelle les méthodes du nazisme allemand.
Comment peut-on oser écrire :« En Ukraine plus de 15 000 personnes sont poursuivis en justice au titre de l’article 111.1 de la loi martiale. Ils sont accusés de collaboration. »

Produisez des noms, des dossiers, des preuves !
On peut s’interroger certes sur la nécessité de la loi martiale. C’est le cas du Mouvement Social Ukrainien, et de groupes libertaires dont un certain nombre de militants ont fait le choix de rejoindre les unités des forces armées ukrainiennes et qui pensent que le gouvernement devrait davantage s’appuyer sur les forces vives de la Nation, les travailleurs et la jeunesse pour chasser l’envahisseur. Mais jusqu’à preuve du contraire, des syndicats indépendants du type de celui des infirmières (Sois comme nous), arrivent à faire leur travail de défense des revendications sociales. Il y a un gouffre entre un démocrate libéral, Zélensky qui par ailleurs remplit sa charge de chef de guerre et un nazi comme Poutine. Il semble que Madame Chikirou a oublié que la Russie a envahi l’Ukraine. Dans la semaine qui vient de s’écouler, l’armée russe n’a cessé de cibler délibérément des civils, commettant des crimes de guerre. D’après les informations que nous avons, le gouvernement ukrainien respecte lui la législation internationale concernant les droits des prisonniers russes et coréens. Et s’il y avait maltraitance des emprisonnés au nom de la loi martiale, une organisation comme Amnesty International, et d’autres se situant sur la défense du statut de prisonnier politique, l’auraient dénoncé depuis longtemps.
Madame Chikirou ment.
Voilà une sale petite opération qui ne vise pas la défense des emprisonnés politiques russes mais qui dédouane la politique campiste de France Insoumise sur la Russie poutiniste. Mélenchon a « ses » opposants russes comme le Vatican avait ses juifs pendant la seconde guerre mondiale. De 2014 à 2022, Jean Luc Mélenchon n’a cessé dans ses prises de position et dans son blog de justifier la politique du dictateur russe. A la veille de la guerre il déclarait dans son blog que la Russie n’était pas un État expansionniste et que Poutine était un dirigeant responsable. Il a fallu ensuite attendre trois ans pour qu’il parle très timidement de l’Ukraine, toutefois sans jamais justifier la légitimité du combat, de son peuple, le recours à la résistance armée.
Nous posons une question : est-ce le rôle d’une organisation de défense des droits de l’homme, en l’occurrence nous parlons de Free Azat, de s’associer et de justifier sa présence aux côtés d’Andreï Hunko, qui figure sur le roman-photo de Madame Chirikou ? Celui-ci est un proche de Sarah Wagenknecht, député du parti rouge-brun BSW, qui combat toutes les résolutions de soutien à l’Ukraine avec l’AFD, parti fasciste allemand…
- Ou l’animatrice de Free Azat est tombée dans un traquenard, auquel cas il faut qu’elle le dise clairement. Madame Chikirou est effectivement coutumière de ces provocations politiques : récemment elle a défilé portant le drapeau russe en compagnie de poutiniens.
- Ou elle justifie sa présence et celle de son association. Nous sommes en droit alors de lui demander des comptes. D’autant que j’ai adhéré à l’association Free Azat.
Robert Duguet, le 29/06/2025.
27.06.2025 à 17:56
Le spectacle de la droite.
aplutsoc
Texte intégral (1177 mots)
Pierre-Édouard Stérin milliardaire, patriote identitaire proclamé et néanmoins exilé fiscal en Belgique, a un plan pour permettre à ses amis de l’extrême droite, RN, Reconquête et de la droite extrême, Retailleau, Ciotti, de confisquer le débat public en France. Si la question de gagner, préoccupait les partis du NFP autant que l’extrême droite s’en préoccupe, on serait moins inquiets. Pour l’heure, sous l’égide de PERICLES (acronyme de Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes), c’est 150 millions d’euros que Pierre-Édouard Stérin a prévu de dépenser pour réaliser l’union des droites les plus réactionnaires et permettre leur victoire électorale.
A commencer par les municipales de 2026 pour lesquelles PERICLES prévoit la formation des candidats identifiés comme partenaires, ceux du Rassemblement National et du Parti Républicain. Un tel activisme et un aussi beau projet de financement dénoncés dans l’Humanité dés juillet 2024 a fini par intéresser les députés qui ont souhaité entendre Pierre-Édouard Stérin sur « l’organisation des élections en France ». Stérin refusa une première fois le 14 mai d’être entendu par la commission d’enquête parlementaire, puis le 20 mai il a signifié de nouveau qu’il ne se déplacerait pas. Après avoir déclaré que « Rien ne justifie que M.Stérin se place au-dessus des lois de la République » , le président de la commission d’enquête Thomas Cazenave, député de Gironde, a annoncé que la justice serait saisie.
P-E Stérin, le roi des coffrets Smartbox, était plus disponible pour organiser « le sommet des libertés » le 24 juin au Casino de Paris avec son ami Bolloré, réalisant ainsi une coproduction PERICLES-Journal Du Dimanche (JDD) dont les invités vedettes étaient Bardella, E. Ciotti, Sarah Knafo, Marion Maréchal et quelques élus LR. Retailleau était excusé, il préfère traiter avec P-E Stérin en privé place Beauvau, dans les salons du ministère.
S’il faut en dire davantage pour comprendre à quel point est mensongère l’étiquette « apolitique » apposée par ces messieurs sur l’affiche de leur spectacle « Murmures de la cité », on rappellera que c’est par la grève que la rédaction de Marianne s’est opposée en juin 2024 au rachat du magazine par une entreprise partisane au service de l’extrême droite qui leur est apparue incompatible avec leur indépendance éditoriale. Face à la volonté des salariés le rachat du titre par M. Stérin a échoué.
PERICLES est une arme de la bataille politico-culturelle que Pierre-Édouard Stérin veut livrer à ses adversaires au premier rang desquels on trouve les femmes qui défendent leurs droits, les immigrés, les syndicalistes.
Pierre-Édouard Stérin a de gros moyens ; en fait sa fortune dépasse le milliard. De 400 millions ! Elle est placée dans plusieurs fonds (Fonds du bien commun, Otium capital Periclès…). Mais cela ne l’empêche nullement de convoiter l’argent public, l’argent des impôts qu’il s’est organisé pour ne pas payer en France.
« Murmures de la cité », le spectacle monté à Moulins dans l’Allier est un exemple de cette voracité à s’emparer, pour son projet politique nauséabond, des subventions publiques que ses amis politiques refusent ailleurs à la culture. Une mise en scène du récit national à prétention historique sert de prétexte à la chasse aux subventions.
Mais le pire est à venir : il est fort à craindre que les sommes accordées par des collectivités locales aux entreprises de M. Stérin comme « Murmures de la cité » servent à faire déferler sur l’Allier, toute l’extrême droite de France qui prépare son rassemblement sous couvert de spectacle, à Moulins le 11 juillet. Déjà des menaces ont été proférées à l’encontre d’une responsable de l’office de tourisme, attaquée en tant que femme (« la donzelle » !). Et des responsables départementaux de la FSU, notre camarade Vincent Présumey, et de la CGT, Laurent Indrusiak, ont aussi fait l’objet de menaces de mort sur des sites fascistes.
Nous voyons clair dans le projet de l’extrême droite, elle s’en prend le plus directement à ceux qui combattent pour un front unique contre l’axe Le Pen-Stérin-Retailleau, faible déclinaison française de l’axe fasciste qui réunit les réactionnaires de tous les pays derrière Trump et Poutine. C’est pour cela que nous encourageons à ne laisser aucune menace sans dépôt de plainte, aucune agression sans réaction. Cela est un appel à tous les partisans de la démocratie pour qu’ils s’organisent et que le fascisme ne passe pas.
Le 27/06/2025.


Plus de 150 personnes réunies à Moulins vendredi 27 contre Stérin, Murmures, Zita and co.


27.06.2025 à 10:56
Le 27 juin 1905, il y a 120 ans en Russie… Mutinerie du cuirassé Potemkine.
aplutsoc
Texte intégral (1579 mots)
D ans l’histoire du mouvement ouvrier, la révolution de 1917 en Russie a éclipsé celle de 1905. Pourtant qui a oublié les figures des mutins du cuirassé Potemkine dont les images du film d’Eisenstein rappellent le souvenir, le « Dimanche Rouge » à Saint-Pétersbourg, l’émergence des premiers soviets ?
L’Empire russe de 1905, c’est 22,9 millions de km2, 150 millions d’habitants. Cependant, si la Russie restait un pays essentiellement paysan et arriéré, les forces motrices de la Révolution russe étaient en fermentation, de la classe capitaliste aspirant à la démocratie bourgeoise face à l’autocratie des Romanov, à ces 3 millions de prolétaires industriels qui à eux seuls produisaient la moitié au moins du revenu annuel du pays et vivaient dans des conditions infernales pour des salaires de misère.
La paysannerie à peine sortie du servage en 1861, aspirait quant à elle à une vaste réforme agraire ; mais si la classe paysanne est dispersée sur tout le territoire, le prolétariat est mobilisé en grande masse dans les centres industriels.
Lorsque Nicolas II déclare la guerre au Japon en février 1904, un air d’insouciance flotte sur la cour du Tsar ! Après les manifestations patriotiques vint la stupeur de la défaite, de l’humiliation, la colère des masses. La période de « Printemps » gouvernemental, époque de tentative du rapprochement entre le pouvoir et le peuple en cette fin de 1904 a fait faillite, rien ne semblait changer dans l’Empire russe !
Le 9 janvier 1905
« Souverain, nous, les ouvriers, nos enfants, nos femmes et nos vieillards débiles, nos parents, nous sommes venus vers toi, souverain, pour demander justice et protection… ». La pétition que les ouvriers de Saint-Pétersbourg adressent au Tsar, en procession derrière le Pope Gapone, des icônes, des portraits de l’empereur, c’est bien une supplique, qui énumérait toutes les doléances, de l’amnistie des prisonniers politiques aux libertés publiques et à la journée de 8 heures, elle avait aussi un esprit de classe : le droit de grève était exigé !
La manifestation historique du 9 janvier, ce fut un chef, un prêtre en soutane, menant le peuple vers le Palais d’Hiver. Mais le véritable acteur, c’était le prolétariat.
La répression impitoyable du général Trepov, les centaines de morts, les milliers de blessés du Dimanche Rouge, eut une influence radicale sur le prolétariat de toute la Russie. Pendant deux mois, les grèves secouèrent l’Empire, des mines du Donetz aux compagnies de chemins de fer, dans plus de 12 villes. En février 1905, Trotsky écrivait qu’« après le 9 janvier, la révolution ne connaitra pas d’arrêt »… « La force principale de cette troupe immense est constituée par le prolétariat ; voilà pourquoi la révolution procède à l’appel de ses soldats par la grève ».
La vague révolutionnaire consécutive aux événements de janvier 1905 balaya l’ensemble de la Russie pour battre son plein en octobre et décembre 1905. Le « Dimanche sanglant », loin d’affecter le seul mouvement ouvrier, déclencha immédiatement, dans toutes les catégories sociales, une poussée de fièvre politique. Mais ce fut la vague de grèves qui constitua l’élément dynamique le plus vigoureux de la révolution de 1905, vérifiant ainsi la formule de Rosa Luxemburg, « L’Histoire de la grève de masse en Russie se confond avec l’histoire de la révolution ».
Si le premier soviet de la révolution russe fut fondé vers la mi-mai à Ivanovo – Voznesenk, centre textile de la région de Moscou, la « Manchester russe », la grève générale d’octobre 1905 engendra un organe dont l’influence s’étendit dans la Russie entière, l’organe de direction de la révolution ouvrière : le Conseil des députés ouvriers de Saint-Pétersbourg.
Les soviets, héritiers politiques des conseils de la Commune de Paris, étaient les organes d’auto-administration prolétarienne et l’expression démocratique des ouvriers. L’élection des députés au soviet reste un symbole unique et premier de démocratie directe et ouvrière à la base. Elle se faisait à main levée en Assemblée Générale, dans les fabriques, et les députés étaient révocables à tout moment. Cela donnait l’impression aux travailleurs de participer réellement aux activités du soviet qu’ils avaient mis en place. Le soviet devient immédiatement l’organisation même du prolétariat.
Des troubles apparaissaient aussi dans les campagnes, le moujik se révoltait également. Il s’installa dans les terres des propriétaires fonciers, saccageant les domaines, incendiant châteaux et propriétés. Cependant la Révolution dans le monde paysan se cantonnera à seulement 85 districts, soit 1/7ème de la Russie.
La révolution et les défaites des troupes russes ont eu une influence majeure dans l’armée. C’est ainsi que le 27 juin 1905 éclata une mutinerie dans la flotte de la Mer Noire à bord du cuirassé Potemkine. Les matelots neutralisèrent les officiers, hissèrent le drapeau rouge, et conduisirent leur bateau dans le port d’Odessa. Ils se rallièrent à la révolution. Mais incapables de gagner le reste de la flotte, isolés, ils livrèrent leur bâtiment à la Roumanie.
« Les jours de Liberté »
Pour Lénine et les bolcheviks, deux tâches possibles étaient assignées à la révolution : ou bien les choses se terminaient par une victoire sur le tsarisme au profit d’une république démocratique, ouvrant la voie au socialisme, ou bien on aboutirait à un arrangement entre le tsarisme et la bourgeoisie – une caricature de constitution aux dépens du peuple.
Au début du mois d’octobre la grève est générale à Moscou. Il aura suffi qu’un jour d’octobre elle se déclare sur la ligne de chemin de fer Moscou-Kazan pour que tous les chemins de fer de Russie cessent de fonctionner. Puis c’est au tour de la poste et des télégraphes, d’usine en usine, de ville en ville, la grève d’octobre devient générale : les étudiants, intellectuels, ingénieurs, médecins, tous s’y joignent. Le pays est paralysé.
Le 17 octobre, le tsar cède et concède sous la pression des masses et signe « Le Manifeste d’octobre » qui promet les libertés fondamentales, une Douma [parlement] législative, à l’élection de laquelle toutes les classes de la société devront participer. Il contente ainsi surtout la classe capitaliste émergente en Russie et les libéraux. Tandis qu’ils chantent la « Marseillaise », un couplet nouveau et significatif est dans la bouche du peuple : « Aux morts la liberté, aux vivants la prison » ! Déjà commence la répression policière.
« Les huit heures et un fusil »
Les revendications ouvrières n’ont pas été satisfaites par le « Manifeste d’octobre ». Les ouvriers mènent campagne pour la journée de huit heures, provoquant la haine de la presse bourgeoise.
En novembre et en décembre des régions rurales entières se soulèvent, des révoltes éclatent dans la flotte de Kronstadt à Sébastopol, elles sont toutes sévèrement réprimées par l’armée. Alors que Lénine prône l’insurrection armée, alors que le soviet des députés ouvriers de Saint-Pétersbourg, prépare l’affrontement armé, ses dirigeants dont Léon Trotsky sont arrêtés. Les consignes du gouvernement sont claires : « Pas de prisonniers », « Ne pas ménager les cartouches » !
Alors que la répression s’abat dans tout le pays, c’est à Moscou que l’insurrection armée prend corps, les révolutionnaires élevant partout des barricades. Le peuple entonne le Chant des Martyrs : « Vous êtes tombés pour tous ceux qui ont faim, tous ceux qu’on méprise et opprime… »
Du 9 au 17 décembre 1905, le prolétariat de Moscou, presque sans armes, résiste à une armée moderne et bien équipée. C’est dans le quartier de Presnia, dans ce Montmartre moscovite, que furent tirés les derniers coups de feu. Plus de mille morts et blessés, plus de 20 000 dans le pays. La contre-révolution victorieuse, arrête, juge, déporte en Sibérie des dizaines de milliers de révolutionnaires ; les militants sociaux-démocrates sont contraints de s’exiler ou d’entrer dans la clandestinité.
Une période de réaction s’abat sur l’Empire russe, c’est la terreur d’Etat ; d’ailleurs les Russes, ironiques, surnommaient les potences « les cravates de Stolypine » du nom du premier ministre.
En dépit de la défaite, la Révolution russe de 1905 a formé par l’expérience les cadres révolutionnaires. Elle a éprouvé la justesse de la tactique définie par les bolcheviks : grèves politiques de masse, organisation de soviets d’ouvriers et de paysans, mobilisation des masses en vue de l’insurrection. Lénine a pu écrire : « Sans la répétition générale de 1905, notre victoire de 1917 eut été impossible ».
Laurent Gutierrez
26.06.2025 à 10:57
Soutien à l’Ukraine Résistante – Parution du numéro 39-40 daté du 1er Juillet 2025.
aplutsoc
Texte intégral (1812 mots)
Au moment où approche pour nombre de nos lecteurs, l’heure du départ pour les congés d’été, nous attirons l’attention de ceux-ci sur la toute nouvelle édition du bulletin Soutien à l’Ukraine Résistante confectionné par les Brigades Éditoriales de Solidarité. 218 pages d’informations concentrées !
Alors que l’Axe Trump-Poutine rend la situation militaire de l’Ukraine plus difficile, c’est le moment de faire connaître toutes les facettes de la réalité ukrainienne, militaire, sociale, politique, culturelle, toutes les facettes de la lutte d’un peuple contre une agression militaire impérialiste féroce.
Alors, n’oubliez pas d’emporter dans vos bagages de vacances les liens pour lire et faire connaître cette réalité !
Pour vous inciter à découvrir et faire connaître cette publication, nous reproduisons ci après l’éditorial de Vitalyi Dudin intitulé « Qu’est-ce qui empêche la fin de la guerre ? » et le sommaire.
Cliquer sur les liens :
- Pour télécharger gratuitement le Numéro 39-40 du bulletin Soutien à l’Ukraine Résistante
- Pour retrouver toute la collection du bulletin.
Editorial du numéro 39-40 du bulletin
Qu’est-ce qui empêche la fin de la guerre ? Deux problèmes principaux. Par Vitalyi Dudin.
Malgré quelques espoirs, la guerre d’agression russe contre l’Ukraine se poursuit et se fait plus intense. Chaque jour, je vois des images épouvantables de destructions massives dans ma ville natale, Kyiv, à Kharkiv et dans d’autres magnifiques cités, qui étaient difficiles à imaginer. Ces scènes, dignes d’un film de catastrophe, font partie de notre vie quotidienne. Les endroits où nous nous promenions se transforment en cendres noires et en ruines. Pendant ce temps, les envahisseurs russes lancent de nouveaux assauts non seulement à l’est et au sud, mais aussi au nord, dans la région de Soumy.
Ici, en Ukraine, le conflit a vraiment les caractéristiques d’une guerre populaire en raison de l’ampleur de la participation de la population à l’effort de guerre : plus d’un million de personnes servent dans l’armée, un peu plus sont engagées dans les secteurs des infrastructures critiques et beaucoup d’autres sont impliquées dans des activités volontaires. Les négociations d’Istanbul cachent les plans expansionnistes de Moscou et ne pourront guère réussir (voir ci-dessous).
Mon existence même en tant que civil et en tant que militant des droits du travail a changé radicalement. Je reçois des messages de travailleurs des chemins de fer qui ont besoin d’argent pour les drones et d’autres équipements ; les proches des salariés décédés à la suite d’attaques de missiles sur leur lieu de travail me font part de leurs problèmes pour obtenir des aides sociales ; les infirmières près de la ligne de front se plaignent de ne pas recevoir les primes promises. Parfois, nous réussissons à surmonter de tels défis, mais nous voulons tous que la guerre se termine le plus rapidement possible.
Bien sûr, la résistance héroïque des défenseurs ukrainiens et les opérations spéciales étonnantes sur le territoire russe ont beaucoup contribué à affaiblir la machine de guerre du Kremlin. Mais après avoir perdu le soutien militaire américain, les chances d’une victoire stratégique de l’Ukraine se sont réduites. Les négociations d’Istanbul ont clairement montré que la position ukrainienne est désormais beaucoup plus souple pour tenter de chercher une solution pacifique (cessez-le-feu de 30 jours, par exemple). Au contraire, les exigences russes se font plus offensives et agressives. Grâce à Donald Trump, la Russie a repris l’initiative sur le champ de bataille et cela reflète une réalité objective. L’impossibilité de mettre fin à la guerre vient de la faiblesse de la position de l’Ukraine dans les négociations et elle ne peut être surmontée par une mobilisation plus importante des hommes sur le front. Alors quels sont les facteurs qui rendent l’Ukraine plus faible ?
Problème n° 1 – Le pseudo-pacifisme qui sévit parmi les forces progressistes occidentales.
Ce premier problème est extrêmement douloureux pour moi. Beaucoup de gens, dans le mouvement socialiste, ne veulent traditionnellement pas aborder des questions telles que la violence, l’État et la souveraineté. Cela les conduit à une mauvaise compréhension de la situation ukrainienne. Certains ne reconnaissent pas la nature décoloniale et anti-impérialiste de la lutte ukrainienne. Leur analyse se base sur une vision dépassée du système international où les États-Unis étaient considérés comme le seul impérialisme et où la Russie était représentée comme leur victime.
Et même si Donald Trump dit « comprendre » chaleureusement le sentiment impérialiste de Poutine, cela n’a pas changé les conclusions que tirent ces personnes qui se prétendent des intellectuels de gauche. Les régimes les plus réactionnaires de l’histoire de l’Amérique et de la Russie exercent une pression énorme sur l’Ukraine aujourd’hui, tandis que certains cherchent des arguments pour justifier qu’une nation attaquée ne mériterait pas de soutien international. Je suis curieux de savoir comment les protagonistes de la théorie de la « guerre par procuration » s’arrangeront avec le fait que l’Ukraine continue de se battre sans l’aide directe des États-Unis et même malgré des actions hostiles de la part ce pays.
Beaucoup de militants de gauche s’opposent au soutien militaire à cause de leur éthique antimilitariste. Et apportent une excuse philosophique sophistiquée afin de ne pas envoyer d’armes à un pays envahi, provoquant plus de souffrances parmi les innocents. La contradiction d’une telle posture devient particulièrement absurde lorsqu’elle est avancée par ceux qui prétendent être des révolutionnaires ou des radicaux…
Pour moi, il est évident que de tels rêveurs veulent avoir une vie tranquille à l’intérieur d’un système capitaliste sans tenter réellement de le renverser. Être contre les armes revient à se réconcilier avec le fléau de l’esclavage. Vivre sous la protection de l’OTAN et avoir peur d’une « militarisation excessive » de l’Ukraine ressemble à de l’hypocrisie.
À l’inverse : si les travailleurs ukrainiens remportent la guerre, ils se verront encouragés pour poursuivre une lutte émancipatrice pour la justice sociale. Leur énergie renforcera le mouvement ouvrier international. Expérience de la résistance armée et de l’action collective : voilà une condition préalable clé pour l’émergence des véritables mouvements sociaux qui défieront le système.
Problème n° 2 – L’incapacité de l’État ukrainien à placer les intérêts publics au-dessus des intérêts du marché.
Les élites dirigeantes en Ukraine encouragent le libre marché et le système basé sur le profit comme seul moyen possible d’organisation de l’économie. Toute idée de planification de l’État ou de nationalisation des entreprises doit, pour eux, être rejetée car faisant partie du patrimoine soviétique.
Le problème est que la version ukrainienne du capitalisme est totalement périphérique et incompatible avec la mobilisation de ressources nécessaires à l’effort de guerre. Le dogmatisme idéologique dominant place l’Ukraine dans le piège d’une économie primitive et qui dépend largement de l’aide étrangère. Nous vivons dans un pays d’hommes d’État riches et d’un État pauvre. Le gouvernement essaie de limiter sa responsabilité dans la gestion du processus économique et d’éviter d’imposer un impôt progressif élevé sur les riches et les entreprises. Cela conduit à une situation où le fardeau de la guerre est supporté par des gens ordinaires qui paient des impôts sur leurs petits salaires, qui servent dans l’armée, qui perdent leurs maisons…
Il est impossible d’imaginer qu’il y ait du chômage pendant la guerre à grande échelle. Mais en Ukraine, cela existe avec un niveau extrêmement élevé d’inactivité économique de la population ainsi qu’une pénurie incroyable de main d’œuvre. Ces carences peuvent s’expliquer par la réticence de l’État à créer des postes de travail et à l’absence de stratégie visant à impliquer massivement les gens dans l’économie dans des centres d’emploi.
Nos politiciens pensent que les dysfonctionnements historiques du marché du travail peuvent être résolus sans une ingérence active de l’État ! Malheureusement, les réformes dans le sens de la déréglementation en temps de guerre ont créé une multitude de contre-incitations qui démotivent les Ukrainiens à l’heure de chercher un emploi salarié. Voilà pourquoi la qualité de l’emploi devrait être améliorée en augmentant les salaires, avec de véritables inspections du travail et de vrais espaces de démocratie sur le lieu de travail. Seule une politique socialiste démocratique pourra ouvrir la voie à un avenir durable pour l’Ukraine, où toutes les forces productives travailleraient pour la défense nationale et une protection sociale juste.
Et maintenant, nous pouvons aller droit au but. Sans un soutien militaire et humanitaire à la hauteur, l’Ukraine ne pourra pas protéger sa démocratie et sa défaite affectera les libertés politiques partout dans le monde. Par ailleurs, nous devons rester critiques envers les responsables gouvernementaux ukrainiens et leur refus d’en finir avec le consensus néolibéral qui sape l’effort de guerre. Il sera particulièrement difficile de gagner une guerre contre un envahisseur étranger si nous avons beaucoup de problèmes internes, à cause d’une économie capitaliste dysfonctionnelle.
Kyiv, 9 juin 2025.
Vitalyi Dudin est juriste et membre de la direction de Sotsialnyi Rukh (Mouvement social).
Sommaire du numéro 39-40
25.06.2025 à 14:13
Quelques remarques de Kavita Krishnan du 25 juin 2025.
aplutsoc
Texte intégral (764 mots)
Aussi tentant que cela puisse être, on ne peut considérer le cessez-le-feu israélo-iranien-américain comme une victoire du « reste » contre « l’impérialisme occidental ». Nous ne sommes pas en 2003 : nous vivons bel et bien dans un monde multipolaire, mais c’est un monde que Trump ou Netanyahou souhaitent (et non un monde qu’ils craignent).
L’ordre mondial multipolaire est celui où une poignée de grands régimes illibéraux s’accordent pour se donner carte blanche pour commettre des crimes contre l’humanité et des génocides, dans leurs sphères d’influence respectives. L’ère Trump est une aubaine pour cet ordre mondial.
Trump et Netanyahou ont attaqué l’Iran, confiants que la Chine et la Russie n’interviendraient pas. De même, Israël s’en tire impunément avec son génocide à Gaza, encouragé non seulement par les États-Unis, mais aussi par la Chine et la Russie, qui ne sont pas seulement « neutres » : elles sont partenaires d’Israël tant sur le plan commercial que dans les technologies d’incarcération de masse, de colonialisme de peuplement et d’apartheid.
Considérez ces faits :
– Interrogé sur les raisons pour lesquelles la Russie n’a pas aidé l’Iran, Poutine a répondu que c’était parce qu’« Israël est aujourd’hui presque un pays russophone ».
– Gardant à l’esprit ses intérêts commerciaux au Moyen-Orient (y compris avec Israël), la Chine est restée prudemment neutre face à l’attaque israélienne contre l’Iran.
– La Chine demeure la principale source d’importations d’Israël, même pendant le génocide de Gaza. Il ne s’agit pas de « propagande médiatique occidentale » : c’est fièrement annoncé par l’agence de presse officielle chinoise Xinhua et le portail chinois « Belt and Road ».
– L’entreprise chinoise Hikivision produit les caméras et la technologie de reconnaissance faciale utilisées pour la surveillance de masse de la communauté musulmane ouïghoure du Xinjiang, au nom de la protection de la Chine et du monde contre les terroristes. Elle exporte la même technologie en Israël, où elle est utilisée contre une autre nationalité musulmane – les Palestiniens de Cisjordanie – également au nom de la protection d’Israël et du monde contre les terroristes.
Vous souvenez-vous du logiciel Pegasus d’Israël, utilisé pour espionner les détracteurs de Modi en Inde ? Eh bien, ce même Pegasus a été utilisé pour espionner secrètement des journalistes et autres critiques de Poutine – de Russie, de Biélorussie, de Lettonie, d’Estonie et d’Israël – tandis qu’Israël refuse de vendre Pegasus aux gouvernements estonien et ukrainien – pays que Poutine a envahis ou prévoit d’envahir. « Propagande occidentale » ? Eh bien, ces faits sont rapportés par Access Now et Citizen Lab, les mêmes groupes qui enquêtent et dénoncent l’utilisation de Pegasus et d’autres technologies de surveillance contre les accusés, les avocats et tant d’autres de Bhima Koregaon. On ne peut pas citer ces groupes lorsqu’il s’agit de l’Inde et les qualifier de propagandistes occidentaux lorsqu’il s’agit de la Russie.
Nous ne pouvons pas penser le monde en termes de camps, de guerres froides et d’unipolarité contre multipolarité. Si nous voulons soutenir les Gazaouis, les Palestiniens, les musulmans indiens, nous devons également soutenir les Iraniens et les Ouïghours contre leurs régimes (et nous aurions dû soutenir les Syriens contre Assad qui était soutenu par la Russie même si Assad et Israël n’ont rien fait l’un contre l’autre). Si nous voulons que l’Iran combatte et gagne une guerre lancée par Israël et l’Iran, nous devrions sûrement vouloir que l’Ukraine combatte et gagne une guerre lancée par la Russie ?
Source : page Facebook de Kavita Krishnan.
Kavita Krishnan est une universitaire indienne, marxiste et féministe. Elle a rompu avec le CPI-ML dont elle avait été membre et dirigeante durant de nombreuses années, en 2022 après l’invasion de l’Ukraine. Sa sensibilité à la question des droits humains s’est forgée dans le combat pour les droits des femmes, contre le viol et les violences sexistes, et les droits des classes parias intouchables ainsi que dans son opposition à la persécution sanglante des minorités musulmanes en Inde par les milices hindou-fascistes liées au parti de Modi.
24.06.2025 à 12:31
Au fait, le conclave à Bayrou ?
aplutsoc2
Texte intégral (529 mots)
Cela pourrait faire une jolie chansonnette : « Tout le monde se fout _ Du conclave à Bayrou _ Tirelilou ! »
Cette indifférence générale est en elle-même un bel indicateur politique. Pour bien comprendre les données de la question : le RN vient de confirmer qu’il ne votera pas de censure de Bayrou sur ce sujet. Le RN est « contre » la loi retraite, mais il fait tout ce qu’il faut pour qu’elle s’applique. Le RN obéit au patronat. Soit dit en passant, ceci éclaire son vote sans conséquence pour la résolution des députés PCF demandant l’abrogation, seul vote parlementaire à ce jour sur cette loi, le 4 juin dernier.
Donc, Bayrou peut continuer à s’affaisser, entre Bétharram et son conclave, pendant que Retailleau tente des rafles façon Trump pour préparer l’union des droites avec le RN …
Selon la CFDT, qui a tenu à bout de bras le dit conclave, et donc Bayrou, pendant des mois, l’échec est la faute du patronat, qui ne voulait rien entendre sur la « pénibilité », bloquant du même coup une « mesure d’âge », ou disons une mesurette qui aurait été toujours bonne à prendre : l’abaissement de 67 à 66 ans et demi de l’annulation de la décote.
A l’heure où sont écrites ces lignes, Bayrou reçoit les « partenaires sociaux » à sa demande. La CGT et FO, qui ont fini par quitter le conclave à juste titre, ont demandé à être conviées …
Tout ce que l’on nous raconte sur les retraites repose sur deux mensonges.
Mensonge n°1 : les moyens financiers n’existeraient pas pour financer les retraites et donc impossible de revenir à la retraite à 60 ans, avec 37,5 annuités et 75% du meilleur salaire (pour rappeler la revendication historique du syndicalisme ! ). Cela alors que la productivité du travail est des dizaines de fois plus importante qu’en 1946 lors de la généralisation de la retraite par répartition !
Mensonge n°2 : il y aurait une « dette publique » qu’il ne faudrait pas léguer à nos enfants. Rectification : il n’y a aucune dette publique, hé non. Le mécanisme ainsi désigné est celui par lequel les Etats capitalistes alimentent la finance, les bourses et la spéculation. Ils empruntent au capital qui fait ensuite rouler la dette sur les marchés financiers, pouvant toujours récupérer la totalité de l’emprunt en revendant les titres, les intérêts ayant été remboursés depuis des années et nos impôts servant à faire tourner la pompe.
Et maintenant ? Hé bien maintenant, de même qu’il faut l’unité du NFP pour affronter le RN et Macron comme y appellent Lucie Castet et l’Après avec le rassemblement du 2 juillet prochain, il faut imposer l’unité syndicale contre la politique économique et sociale de vol des richesses produites par la majorité, donc la mobilisation toutes et tous ensemble pour imposer un gouvernement et un régime démocratiques, qui haussent les salaires et abrogent la loi retraite de Macron !
24.06.2025 à 12:02
Iran, point au 24 juin à 12H.
aplutsoc2
Texte intégral (1038 mots)
Photo illustrant cet article : Pakhshan Azizi, militante féministe kurde dont l’exécution prochaine est annoncée par le régime iranien.
Moment remarquable dans la combinaison entre crises aux sommets, crise internationale et poussées d’en bas : le tweet de Trump proclamant un étrange « cessez-le-feu » entre l’Iran et Israël, félicitant l’Iran d’avoir averti les Etats-Unis de l’envoi d’un « petit nombre » de missiles sur leur base militaire au Qatar, félicitant ensemble l’Iran et Israël, puis remerciant Dieu pour tout le monde en général et pour lui-même en particulier !
Ce matin Israël annonce que l’Iran, qui dément (mais alors qui a envoyé la dernière salve sur Tel-Aviv ?!) viole le cessez-le-feu et va riposter au viol du cessez-le-feu. Pour l’heure donc la guerre continue sous le label de « mesures de rétorsions réciproques contre les viols du cessez-le-feu de Trump ». Vous suivez ?
Hier, les bombardements israéliens ont touché la prison d’Evin à Téhéran, lieu central de terreur politique, où se trouvent aussi les deux français Cécile Koelher et Jacques Paris. Selon le Conseil de coordination des enseignants iraniens, syndicat indépendant, rapportant les récits des familles de prisonniers, « les bâtiments administratifs, la zone de visite, la cour de sécurité, la clinique, l’entrée principale, le quartier 4, ainsi que les quartiers de sécurité 209, 240, 241 et « Deux-Alef », ont été gravement endommagés. Le quartier des femmes est également touché, avec des parties du plafond, des murs et des fenêtres effondrés. Les familles des prisonniers ont exprimé leur inquiétude quant à la santé physique et mentale de leurs proches, notamment en raison du manque de services médicaux appropriés.
Le Conseil a également signalé que tous les prisonniers du quartier 4 ont été transférés à la prison du Grand Téhéran. Des informations non confirmées ont été publiées concernant le transfert de détenus du quartier 209 vers des lieux inconnus, bien que ces informations n’aient pas encore été confirmées par les familles. »
Il y a par contre accord entre les communiqués iranien et israélien pour prétendre qu’il n’y a pas de victimes parmi les prisonniers politiques …
Juste au moment du tweet de Trump félicitant tout le monde au nom de Dieu, le régime iranien a annoncé la prochaine exécution de la militante féministe et kurde Pashkan Azizi. Tous les fondamentalistes monothéistes peuvent avec lui féliciter encore les mollahs !
Ces faits montrent une chose : la lecture « traditionnelle » de cette guerre sous la forme « agression impérialiste contre un pays semi-colonial » retarde d’un siècle, et aboutit au campisme, alors qu’au Proche-Orient les peuples affrontent deux axes contre-révolutionnaires, l’axe de la soi-disant « résistance » mené par le régime iranien, cassé par la chute de Bachar el Assad, et l’axe Trump-pouvoir israélien, les deux axes alternant voire mélangeant affrontements militaires entre eux et collaboration, complicité. Deux axes qui ont aussi pour point commun leur liaison avec Poutine, bon ami de Khamenei et bon ami de Netanyahou.
D’Iran nous parvient cette voix du rappeur oppositionnel et féministe, qui a récemment échappé à la mise à mort, Toomaj Salehi : « L’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami ».
De plus en plus, pour les syndicalistes indépendants, les féministes et l’opposition de l’intérieur (à bien distinguer des monarchistes et des Moudjahidines du peuple qui voudraient monopoliser la voix de la diaspora), les bombardements israéliens ou américains et la répression du régime forment une même chappe contre le peuple. En même temps, ils cherchent et chercheront à utiliser tout affaiblissement militaire du régime pour le frapper et le renverser.
D’ailleurs, la ligne dominante de Trump et de Netanyahou, malgré les propos démagogiques ou cherchant à ménager le proche avenir, est bien la préservation du régime. La formule grotesque de Trump – Make Iran Great Again, MIGA – qu’il a, dans un précédent tweet, présentée comme devant remplacer la vilaine formule Regime change, contient toutes ces ambigüités, car au fond il n’y a pas tant d’ambigüités : ce qui les terrorise, ce sont les peuples, iraniens, syrien, palestinien …
Cette guerre n’est en rien le remake de la guerre de G.W. Bush contre l’Irak en 2003 comme veulent le croire tout ceux qui n’arrivent pas à intégrer le réel à leur vision du monde, et comme Netanyahou se l’imagine peut-être en se prenant pour Bush-Zorro.
Elle est, après et avec la guerre d’écrasement génocidaire de l’Ukraine de Poutine, la provocation du Hamas du 7 octobre 2023 et la fuite en avant vers le génocide du pouvoir israélien, mais face à la résistance ukrainienne, à la vraie résistance palestinienne – non pas le Hamas mais le peuple qui ne veut pas partir -, la révolution syrienne, une nouvelle étape de la décomposition de l’ordre capitaliste mondial de la multipolarité impérialiste, qui porte avec lui la guerre et les guerres, dans la catastrophe climatique et la destruction des bases de la vie et de la culture humaine. C’est en ce sens que celles et ceux qui veulent reconstituer un internationalisme réel et efficace doivent la comprendre. Et c’est urgent.
Rappel :
nous avions déjà évoqué le cas de Pakhsan Azizi dans une publication du 21 janvier 2025.
24.06.2025 à 09:16
L’APRES a fait sa mue.
aplutsoc2
Texte intégral (728 mots)
Les 21 et 22 juin dernier se tenait salle Solaris (ou ex-Lénine, tout un symbole) sise Paris 20ème, le congrès constitutif de L’Après. (1)
Un an après son lancement dans l’urgence autour de plusieurs député-es purgés par LFI sur fond de législatives anticipées, cette formation politique, qui se veut la plus unitaire au sein du NFP, a bien changé : d’abord par le profil de ses membres (4.500 revendiqués, dont l’arrivée d’élu-es locaux, sur une quarantaine de départements) qui va au-delà d’insoumis-es mis au banc du mouvement, composés de jeunes, qui ont d’ailleurs leur propre organisation, à des militant-es de gauche blanchis sous le harnais puis par une démonstration en actes de ce tropisme unitaire avec l’intégration de la GDS puis d’Ensemble, y compris dans la direction de L’Après rebaptisé Alliance Pour la République Ecologique et Sociale, et celle à venir de Génération.s.
La culture de gauche transparaissait tout du long du congrès entre reprise de chants du mouvement ouvrier après chaque intervention et internationalisme, avec le vote d’une motion de soutien à la lutte du peuple ukrainien, palestinien et, actualité oblige, iranien.
Lors de la matinée de clôture du dimanche, sont intervenus :
– d’une part en vidéo, Marine Tondelier pour Les Ecologistes, auquel les quatre député-es de L’Après sont rattachés à l’Assemblée, Olivier Faure pour le PS et François Ruffin qui, outre transformer son micro-parti, Picardie Debout !, en un national nommé Debout !, parle désormais de concubinage avec L’Après qui va se manifester sous la forme, outre d’une université d’été unique prévue à Châteaudun les 29 et 30 août 2025, d’un stand commun à la Fête de L’Humanité en septembre prochain.
Tous doivent d’abord se retrouver à Montreuil dès le 2 juillet à l’initiative lancée par Lucie Castets, qui s’est aussi adressée aux près de deux cents congressistes, auquel il faut ajouter le PCF, représenté lui tant par son aile « rousseliste », tentée de faire à nouveau cavalier seul comme en 2022, comme celle unitaire avec Elsa Faucillon.
– d’autre part, aux discours de plusieurs de ses dirigeant-es, à retrouver ici : d’abord un vibrant plaidoyer de Gérard Filoche sur la force du salariat dans laquelle la gauche, dans toutes ses sensibilités, doit fonder sa puissance puis Raquel Garrido pour faire le point sur la campagne on ne peut plus explicite » La France a 49.3 raisons de passer à la 6e République. « Ce fut ensuite le tour de Clémentine Autain, avec des accents de candidate à la candidature présidentielle dans le cadre de la primaire appelée par L’Après, déroulant un programme qui prend appui non seulement sur sa tournée de promotion, dans tout le pays, de son livre sur l’esprit public qui réhabilite en particulier les services publics comme instruments de la cohésion sociale et d’égalité entre territoires mais aussi sur le déjà-là que constituent les multiples initiatives citoyennes, le tout pour contrer l’influence de l’extrême droite. Enfin, celui stratégique d’Alexis Corbière, truffé de formules chocs, axé sur l’unité, déclarant « nous n’avons pas d’adversaires à gauche », et qui visait à renouer avec le souffle de la victoire électorale de l’an dernier contre l’accession au pouvoir du RN, qu’on disait inéluctable.
On peut aussi retrouver une captation de la salle faite par David Dufresne dans Au Poste et un article dans Libération.
Pour Aplutsoc, LD.
(1) Aplutsoc a tenu une table tout au long du congrès, dans le hall.
23.06.2025 à 23:40
Marioupol : protestation à visage découvert.
aplutsoc
Lire la suite (249 mots)
De nouveau des habitants de Marioupol, sous occupation russe, protestent contre leurs conditions de vie. En dépit des dangers et de la féroce brutalité de l’occupant ruscist, le peuple de Marioupol s’exprime de façon presque permanente pour défendre ses droits.
Comme le disait récemment une infirmière de Poltava : « Nous avons Maïdan dans le sang ».
Les habitants du quartier de Tcheremouchki ont enregistré une vidéo adressée au nouveau «chef » de Marioupol, Anton Koltsov. Ils ont déclaré que depuis 2022, 27 immeubles d’habitation ont été démolis ici. Environ 3 000 familles se retrouvent sans logement.
Selon les habitants, de nombreuses familles vivent dans des garages et des « datchas » en attendant un logement de remplacement. En effet, les gens n’ont pas les moyens financiers de louer un appartement.
« Dans le quartier, il n’y a rien d’autre qu’une crèche et une école : pas de poste, pas de banque, pas de marché, pas de terrains de jeux. Les enfants sont en danger lorsqu’ils jouent dans le quartier et sur le toit de l’hôpital endommagé. Il n’y a que 27 fosses béantes et des broussailles », expliquent les habitants de Marioupol.
Ils ont invité le nouveau pseudo-maire de la ville à leur rendre visite afin de lui montrer la réalité de Marioupol, que les occupants veulent ignorer.
21 juin 2025
Source : RESU / PLT.
23.06.2025 à 23:34
A propos du bombardement de la prison d’Evin par l’aviation israélienne ce 23 juin.
aplutsoc
Lire la suite (485 mots)
D ‘après les infos postés sur Facebook par un opposant iranien :
Suite au raid aérien israélien d’aujourd’hui sur Téhéran, la prison d’Evin, l’un des principaux centres sécuritaires de détention pour prisonniers politiques en Iran, a été gravement endommagée. Des rapports publiés par le Conseil de coordination des associations d’enseignants iraniens, ainsi que des témoignages de familles de prisonniers, font état de dégâts importants dans plusieurs parties de la prison.
Selon ces rapports, les bâtiments administratifs, la zone de visite, la cour de sécurité, la clinique, l’entrée principale, le quartier 4, ainsi que les quartiers de sécurité 209, 240, 241 et « Deux-Alef », ont été gravement endommagés. Le quartier des femmes est également touché, avec des parties du plafond, des murs et des fenêtres effondrés. Les familles des prisonniers ont exprimé leur inquiétude quant à la santé physique et mentale de leurs proches, notamment en raison du manque de services médicaux appropriés.
Le Conseil a également signalé que tous les prisonniers du quartier 4 ont été transférés à la prison du Grand Téhéran. Des informations non confirmées ont été publiées concernant le transfert de détenus du quartier 209 vers des lieux inconnus, bien que ces informations n’aient pas encore été confirmées par les familles.
Plusieurs heures après l’attaque, les médias proches du pouvoir judiciaire n’ont fait état que de la mort de quelques membres du personnel pénitentiaire et ont qualifié la situation de « normale », une description qui contredit les témoignages et les vidéos non officielles.
Dans un communiqué, le Conseil de coordination des associations d’enseignants iraniens a condamné l’attaque israélienne contre des zones civiles, dont la prison d’Evin, et a appelé à la fin immédiate de la guerre et des attaques contre les civils. Le communiqué stipule : « Soyons la voix des prisonniers. »
Notre commentaire :
Trump proclame que son but n’est pas de renverser le régime. Et son allié israélien s’en prend très violemment au centre de détention le plus célèbre du pays pour son rôle dans la répression de masse contre tous les opposants. Les bombes de Netanyahou ne visaient pas le régime mais les opposants à celui-ci.
Nous en déduisons que Trump et Netanyahou n’ont nullement envie de provoquer une révolution en Iran et que par avance, ils indiquent très clairement par cette frappe qu’ils ne feront aucun cadeau à toute révolte populaire visant à se débarrasser du régime théocratique en vue d’instaurer une république laïque et démocratique.
Nous voila prévenus !
23.06.2025 à 15:34
Rencontre internationale des syndicats : solidarité sans frontières. Par Ruslana Mazurenok.
aplutsoc
Texte intégral (595 mots)
Les 21 et 22 juin, une rencontre internationale des syndicats indépendants d’Ukraine, de Pologne, de France, ainsi que des représentants d’Italie, de Suède et du Brésil (en ligne) a eu lieu. Les discussions ont porté sur « Les relations de travail et les problèmes sociaux en Ukraine pendant la guerre. Perspective internationale et coopération ».
Parmi les participants figuraient des représentants des syndicats des médecins, des enseignants, des cheminots et des initiatives étudiantes : « Mouvement médical « Soyez comme nous sommes » (Ukraine), Syndicat des travailleurs de la santé et de l’aide sociale (SUD Santé Sociaux, France), le Syndicat des travailleurs de Pologne et le syndicat étudiant polonais et Action directe (Ukraine), le Syndicat indépendant des cheminots et le Syndicat des travailleurs du transport ferroviaire (SUD Rail, France), ainsi que des représentants d’organisations syndicales d’Italie, de Suède et du Brésil (en ligne).
Au cours de la réunion, en tant que représentante du Mouvement médical « Soyez comme nous sommes », j’ai parlé des activités de l’organisation, de la lutte pour des conditions de travail décentes, une rémunération équitable et la reconnaissance de la profession médicale, des problèmes systémiques dans le secteur de la santé et des défis auxquels sont confrontés les médecins ukrainiens : du burn-out aux licenciements et à l’inégalité d’accès aux services médicaux. La question de l’impact du nouveau modèle de financement par le biais du NSH [système de santé] a également été soulevée : en raison des conditions changeantes du NSH, qui sont modifiées unilatéralement, selon des « paquets » de services, le financement des hôpitaux est réduit et ceux-ci perdent leur capacité à fonctionner. Cela entraîne la fermeture d’établissements médicaux, en particulier dans les zones rurales et les régions proches du front, ce qui provoque de vives tensions sociales au sein de la population. À un moment où les gens ont besoin de soutien, ils se retrouvent sans accès aux soins médicaux de base.
Au cours de la réunion, l’impact global de la guerre sur les différents secteurs, en particulier sur la santé et les activités syndicales, a également été discuté : baisse de la confiance, pression des autorités et besoin d’un soutien international. Elle a souligné la nécessité de démocratiser le ministère de la Santé, d’accroître la transparence, d’organiser des consultations publiques et d’associer la communauté médicale et la société civile à la prise de décisions. C’est la clé d’un véritable changement dans le système de santé.
Ensemble, nous construirons des systèmes plus forts et plus justes.
Ruslana Mazurenok, présidente du syndicat de la santé de Khmelnytskyi, membre de Soyez comme nous sommes.

Source : RESU / PLT
23.06.2025 à 14:13
Hommage à Claude Beaugrand – Samedi 28 juin à 18H.
aplutsoc
Texte intégral (595 mots)
Un hommage à Claude Beaugrand sera rendu le samedi 28 juin à 18h, au 31 rue de la Grange aux Belles 75010 Paris.
23.06.2025 à 14:03
Les puissances européennes doivent s’opposer à Poutine et soutenir l’Ukraine. Par Alan Thornett.
aplutsoc
Texte intégral (2942 mots)
Présentation
Nous reproduisons cette contribution au débat rédigée par un vétéran du mouvement trotskyste en Grande-Bretagne, Alan Thornett. Pour se repérer dans l’histoire dont il est issu, voir le texte consacré aux rapports du dirigeant autoritaire Gerry Healy envers les militants et plus particulièrement les militantes, publié le 8 mars dernier sur ce site.
Document
Voici le texte que j’ai soumis à la discussion lancée par le Réseau européen de soutien à l’Ukraine (RESU/ENSU) sur la direction à prendre maintenant que Trump a retiré les États-Unis de toute forme de soutien à la guerre, tant politique que pratique, et en termes d’armes et de munitions.
Pour la discussion au sein de l’ENSU-RESU — par Alan Thornett
L’ordre mondial
L’ancien ordre mondial fondé sur l’atlantisme – l’hégémonie américaine – qui existe depuis la Seconde Guerre mondiale, s’est effondré – politiquement et économiquement.
Trump est désormais du côté de Poutine, malgré des querelles occasionnelles. Finalement, Trump est du côté de Poutine. Nombre de ceux qui étaient prêts à faire confiance aux États-Unis ne le sont plus. Aux États-Unis même, la démocratie bourgeoise est en chute libre.
Trump et Poutine partagent une idéologie autoritaire semi-fasciste. Elle inclut le déni climatique, l’anti-wokisme, la misogynie et l’opposition aux droits civiques, nationaux et à ceux des travailleurs. Trump est totalement imprévisible, tandis que tout ce que Poutine a dit et fait est cohérent avec son objectif stratégique, qui est de vaincre les Ukrainiens ou de les forcer à accepter un accord douteux qui anéantirait leur droit à l’autodétermination.
Trump accueille à la Maison Blanche des néofascistes comme Nayib Bukele du Salvador, Giorgia Meloni d’Italie et Benjamin Netanyahu d’Israël, en leur déroulant le tapis rouge. Il fera de même avec Marine Le Pen si elle remporte la présidence. Il ne tarit pas d’éloges sur Javier Milei d’Argentine, Victor Orbán, Premier ministre d’extrême droite hongrois, et Herbert Kickl d’Autriche. Il est également un ami personnel de Nigel Farage au Royaume-Uni.
Il a également réitéré sa proposition scandaleuse d’annexer le Groenland, le Panama et le Canada aux États-Unis – et Poutine est d’accord avec lui. Il n’a pas non plus exclu le recours à la force militaire pour atteindre ces objectifs.
Au moment où nous écrivons ces lignes, des batailles ont lieu à Los Angeles alors que des personnes sans papiers sont arrêtées et expulsées dans le cadre des politiques d’immigration racistes de Trump.
L’Europe doit prendre ses responsabilités
La fin de l’atlantisme soulève la question de savoir qui défendra l’Europe contre Poutine, qui fournira les armes nécessaires à l’Ukraine pour gagner la guerre, et qui fournira les garanties à long terme dont l’Ukraine a besoin contre une nouvelle agression de la Russie, maintenant que les États-Unis se sont retirés.
L’Ukraine a la capacité de gagner la guerre, mais seulement si elle reçoit les armes et le soutien nécessaires. Jusqu’à récemment, cependant, 50 % de l’aide militaire à l’Ukraine provenait des États-Unis, y compris certains des biens les plus essentiels. Tant qu’une alternative ne sera pas trouvée, Poutine restera une menace pour l’Europe. C’est impensable, tant pour l’avenir de l’Europe que pour l’avenir de la politique mondiale.
Il est donc temps que les puissances européennes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’UE, prennent leurs responsabilités. Elles comptent depuis trop longtemps sur les États-Unis à cet égard, et la situation est en train de se dégrader. Des rapports convaincants indiquent également que des armes américaines destinées à l’Ukraine sont détournées vers Israël.
Les principes
Les principes sont clairs. L’Ukraine a le droit de se procurer des armes où et de qui elle veut pour se défendre contre une telle agression. Si elle avait raison d’exiger des États-Unis, première puissance impérialiste, qu’ils lui fournissent les armes nécessaires pour s’opposer à l’invasion de Poutine, il est désormais légitime d’exiger la même chose des puissances européennes.
Personne à gauche ne souhaite une augmentation des dépenses militaires, c’est contraire à notre ADN, mais personne ne souhaite non plus être renversé par Poutine – et nous voulons la victoire de l’Ukraine. En fait, refuser de dépenser davantage pour la défense aujourd’hui pourrait bien entraîner des dépenses encore plus importantes à l’avenir.
L’augmentation des dépenses militaires ne devrait toutefois pas inclure l’achat d’armes nucléaires, qui n’ont aucun rôle à jouer dans la région. Toutes les tentatives de Poutine pour jouer la carte du nucléaire ont échoué. Même Poutine a cessé de les utiliser pour intensifier la menace, car ses tentatives ont échoué à chaque fois. Il est temps que les centrales nucléaires ukrainiennes soient démantelées par consentement mutuel.
Bien que l’aide militaire américaine (y compris le renseignement militaire) ait été, nous dit-on,
« restauré » après avoir été retiré suite à l’humiliation de Zelensky à la Maison Blanche, elle ne peut plus constituer la base de la lutte ukrainienne pour l’indépendance, puisqu’elle dépend du caprice de Trump et qu’elle fait face à la détermination de Poutine.
Aucun pays européen n’est à l’abri
La menace Poutine est réelle et sérieuse, et la gauche ne devrait pas s’opposer aux dépenses militaires destinées à y faire face. Elle ne devrait pas non plus s’opposer aux dépenses destinées à aider l’Ukraine à gagner la guerre. Bien que Poutine n’envahisse aucun autre pays tant que la guerre actuelle n’est pas concluante, une victoire russe, qu’elle résulte d’une défaite de l’Ukraine sur le champ de bataille ou d’un accord douteux orchestré par Poutine et/ou Trump remettant en cause le droit de l’Ukraine à l’autodétermination, changerait radicalement la donne.
Il est inconcevable que Poutine, après une telle victoire, se contente des frontières européennes existantes. Aucun pays européen ne serait à l’abri. Certains pourraient être confrontés à une invasion – les États baltes, par exemple, et les anciennes républiques soviétiques –, d’autres pourraient être confrontés à une intimidation accrue, comme la manipulation des systèmes électoraux, l’assassinat de dirigeants politiques et/ou un soutien financier et politique à des partis d’extrême droite et ouvertement fascistes. Tous souffriraient des cyberattaques croissantes.
Poutine est motivé par le nationalisme et le chauvinisme russe. Son objectif stratégique est de reconstituer la plus grande partie possible de l’ancien empire russe (voire de l’empire soviétique) sous l’hégémonie de l’extrême droite, et il poursuivra cet objectif jusqu’à ce qu’il soit arrêté.
Après avoir annexé la Crimée en 2014, il a envoyé ses armées en février 2022 dans un pays voisin indépendant, dans une guerre totale, illégale et non provoquée. Il justifie cette invasion par « l’expansionnisme de l’OTAN » et la soi-disant « dénazification » scandaleuse des dirigeants ukrainiens. La plupart de l’extrême gauche, du moins au Royaume-Uni, partage cette affirmation – y compris la coalition « Stop the War », qui adopte une position très campiste sur l’Ukraine.
Bien que l’avancée russe initiale ait été stoppée à la périphérie de Kiev, alors que l’Ukraine s’efforçait de se mobiliser, notamment en distribuant des armes et des munitions à la population, la Russie s’est regroupée et réalise désormais de gains dangereux.
Le rôle de l’OTAN
La Suède et la Finlande ont rejoint l’OTAN non pas parce que l’OTAN disposait d’arguments convaincants dans le cadre d’une campagne de recrutement, mais parce qu’elles cherchaient à obtenir toute la protection possible contre les attaques de Trump et de Poutine.
La question de savoir si l’OTAN peut offrir une telle protection est toutefois une autre question, car elle est, elle aussi, gravement compromise. Une alliance défensive ne fonctionne que si la nation la plus puissante impliquée est prête à défendre tout autre État membre attaqué – ce que Biden appelle le « serment sacré ». Que Trump ne le fasse pas est on ne peut plus clair. Il n’y songerait même pas. De telles alliances sont historiquement déterminées et très difficiles à reconstituer une fois le mythe démasqué.
Le Canada, menacé d’annexion par Trump, est un membre fondateur de l’OTAN.
La Russie est en train de gagner la guerre
La réalité est que la Russie est en train de gagner la guerre. Si l’Ukraine dispose d’une armée extrêmement efficace et aguerrie, capable de mener des opérations spectaculaires comme l’opération « Toile d’araignée », au cœur même de la Russie, les avancées russes sont réelles. La Russie déploie plus de missiles et de drones (jusqu’à 500 par nuit, missiles de croisière compris) qu’à tout autre moment depuis l’invasion, et des éléments crédibles laissent penser qu’elle s’apprête à lancer une offensive estivale.
Ces derniers mois ont été marqués par une impasse au Sud (y compris en mer Noire), mais avec des gains territoriaux modestes mais réels de la Russie au Nord. Elle compte également sur 12 000 soldats nord-coréens sur le champ de bataille et bénéficie du soutien politique (au moins) de la Chine. La Russie reçoit également des drones et des missiles iraniens. De fait, les missiles iraniens sont devenus un facteur majeur dans les bombardements incessants des villes ukrainiennes. Cette situation a été compensée jusqu’à présent – insuffisamment mais de manière cruciale – par l’aide militaire occidentale, dont près de la moitié a été fournie par les États-Unis sous Biden.
Cette guerre a toujours été à sens unique. La Russie compte 144 millions d’habitants et dispose d’importants stocks d’armements datant de l’ère soviétique – des bombes planantes par exemple –, tandis que l’Ukraine, avec seulement 37 millions d’habitants, doit quémander des armes à quiconque veut bien lui en fournir.
Les prétendues négociations de paix, dont les Ukrainiens ont été exclus, étaient et sont toujours totalement frauduleuses. Tous les participants étaient des personnes nommées par Poutine ou Trump, et tous étaient favorables au démembrement de l’Ukraine et à son intégration à la Fédération de Russie. En fin de compte, Trump et Poutine ne s’opposent pas sur la question de la guerre : ils souhaitent tous deux dépecer l’Ukraine et la transformer en une partie subordonnée de la Fédération de Russie.
La réponse européenne
La plupart des puissances européennes — du moins en apparence, et à l’exception de la minorité d’extrême droite — sont d’accord avec ce constat.
L’Allemagne a transformé sa réponse sous la direction de son nouveau chancelier, Friedrich Merz, qui s’est présenté sous l’étiquette chrétienne-démocrate conservatrice et s’est radicalisé pour faire face à cette menace. Il a déclaré à propos du second mandat de Trump : « C’est le début d’une nouvelle ère dangereuse pour la sécurité européenne. Immédiatement après la victoire de la CDU/CSU, sa priorité absolue serait de créer l’unité en Europe le plus rapidement possible, afin que, étape par étape, nous puissions obtenir notre indépendance vis-à-vis des États-Unis. » Il s’est depuis engagé à augmenter considérablement les livraisons d’armes à l’Ukraine, notamment en missiles longue portée.
Macron et Starmer se sont présentés comme les chefs de file de ce qu’ils appellent une « coalition des volontaires ». Ils ont soutenu Zelensky contre Poutine et se sont engagés à remplacer les États-Unis comme principal garant de la lutte de l’Ukraine pour l’indépendance et la souveraineté. Ces réunions se poursuivent avec la participation d’une trentaine de pays, bien que le rôle de chacun reste incertain.
Une conférence d’urgence de l’UE elle-même – c’est-à-dire des 27 États membres – s’est tenue le 4 mars afin que l’UE prenne position sur le réarmement. Point crucial, il n’a pas été question d’un filet de sécurité américain, mais seulement d’un transfert de responsabilité de l’UE dans la défense du continent face à Poutine et de la nécessité d’une importante aide militaire à l’Ukraine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que la situation était exceptionnelle, impliquant la nécessité de « réarmer l’Europe afin que l’UE puisse soutenir l’Ukraine en l’absence des États-Unis ». Elle a proposé 800 milliards d’euros supplémentaires au fonds de défense de l’UE, dont la majeure partie proviendrait d’un assouplissement des restrictions budgétaires actuellement imposées aux États membres en matière d’envois militaires. Cela renforcerait les défenses des États membres de l’UE et atténuerait l’impact du retrait américain.
Bien sûr, tout cela pourrait n’être que des mots, mais si c’est le cas, cela deviendra très vite clair car les événements évoluent rapidement.
Il faut cependant arrêter Poutine. S’il parvenait à gagner la guerre – soit directement sur le terrain, soit en forçant l’Ukraine (peut-être avec Trump) à conclure un accord qui violerait ses droits et ses biens nationaux – il en serait considérablement renforcé, tout comme tous les dictateurs et démagogues de droite du monde.
L’avenir de la guerre en Ukraine – et donc de la politique mondiale – repose désormais sur la capacité et la volonté des puissances européennes d’assumer cette responsabilité et de le faire avec succès.
Puissances impérialistes
Tout ce que disent ou font les puissances impérialistes n’est pas nécessairement réactionnaire. Par exemple, défendre les droits nationaux d’un pays attaqué par une autre puissance impérialiste.
S’il était légitime d’exiger des États-Unis, première puissance impérialiste, qu’ils défendent l’Ukraine, il est légitime d’exiger que les puissances européennes prennent le relais après le retrait des États-Unis. Le principe est identique. Ceux qui prétendent que les puissances européennes profitent de cette situation pour réarmer l’Europe de manière réactionnaire et impérialiste se trompent à mon avis, mais c’est une question d’appréciation politique.
Il y a bien sûr des intérêts personnels en jeu, comme toujours dans de tels cas. La position européenne coïncide avec la défense de son propre pays et du reste de l’Europe, pour se protéger contre Poutine et Trump. C’est une réponse rationnelle aux évolutions de la scène internationale et aux implications d’une victoire de Poutine sur l’Ukraine.
Pour l’Ukraine, c’est une question de survie. Les options qui s’offrent à elle sont une victoire de Poutine, avec tout ce que cela implique en termes de renforcement de l’extrême droite. Ou que d’autres nations – principalement européennes, mais pas seulement – fournissent à l’Ukraine suffisamment d’armes et de munitions pour gagner la guerre et lui offrent les garanties à long terme nécessaires contre de futures invasions de la Russie ou d’autres pays.
Sanctions
Pour que la défense de l’Ukraine soit un succès, les sanctions contre la Russie doivent être fortement renforcées, notamment sur le pétrole, parallèlement à la pleine application de celles déjà en vigueur. Ces sanctions doivent également inclure les avoirs russes gelés détenus en Belgique, dont la valeur varie entre 125 et 190 milliards d’euros.
Il serait également téméraire de conclure que le trumpisme prendra fin avec Trump ou que Poutine sera renversé prochainement. Nous sommes engagés dans une bataille contre l’extrême droite, une bataille que nous devons gagner. Si Poutine l’emporte, nous pourrions bien être confrontés à une longue période de politique réactionnaire à l’échelle mondiale, durant laquelle l’initiative reviendra à l’extrême droite.
Alan Thornett, le 10 juin 2025.
23.06.2025 à 13:28
KJAR : « Sans la présence des femmes, on ne peut parler d’un avenir libre pour l’Iran ».
aplutsoc
Texte intégral (908 mots)
Présentation
Nous reproduisons à titre de document un article tiré du site Kurdistan au féminin.
Document
IRAN / KURDISTAN – L’Association des femmes libres du Kurdistan oriental (en kurde: Komelgeha Jinên Azad a Rojhelatê Kurdistanê, KJAR) déclare que la lutte démocratique des femmes mènera à la liberté, et non à la guerre entre États-nations, ajoutant que: « Sans la présence des femmes, on ne peut pas parler d’un avenir libre pour l’Iran. »
Dans une déclaration concernant la guerre en cours entre Israël et l’Iran, la Société des femmes libres du Kurdistan oriental (KJAR) a souligné que les guerres entre États-nations ne sont pas une voie vers la liberté pour les sociétés.
Voici le communiqué du KJAR publié aujourd’hui:
Au cinquième jour de la guerre entre l’Iran et Israël, Israël a lancé de lourdes attaques contre des centres militaires, des médias d’État et des hôpitaux dans plusieurs villes iraniennes. La République islamique a également mené plusieurs frappes de représailles. Il est clair que la guerre va se poursuivre, causant de nouvelles victimes et de nouvelles destructions.
Cette guerre en cours est le résultat de politiques préconçues du système capitaliste, qui visent à créer un nouveau paysage géopolitique au Moyen-Orient, ciblant cette fois le régime iranien. La guerre d’Israël contre l’Iran vise à contraindre le régime à opérer des changements conformes à l’ordre mondial. Autrement dit, l’objectif des récentes négociations était de légitimer les assauts actuels.
Dans les guerres entre États-nations, ce sont les sociétés, et en particulier les femmes et les enfants, qui paient le plus lourd tribut. Le conflit entre Israël et l’Iran ne fait pas exception. Cependant, il est important de rappeler que la République islamique mène une guerre contre sa propre société, et en particulier contre les femmes, depuis des années, par le biais d’exécutions, de féminicides et de la propagation de la pauvreté et du chômage. La rupture fondamentale entre la République islamique et la société, et en particulier les femmes, remonte à loin, et cette guerre ne fera que l’accentuer et la rendre plus visible.
Il faut souligner que cette guerre n’est pas une guerre de libération des sociétés, notamment des femmes. Les revendications des peuples, et en particulier des femmes, ne figurent pas à l’ordre du jour d’Israël ou de l’Iran. Les représentants des États-nations scandant des slogans tels que « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté) ne peuvent annoncer la liberté ni promettre un avenir radieux à la société, surtout s’ils ne comprennent pas véritablement l’importance des luttes des femmes.
Il faut rappeler que « Jin, Jiyan, Azadî » n’est pas un slogan destiné à gagner l’opinion publique en Iran, en particulier parmi les femmes, mais plutôt l’expérience vécue de femmes et d’hommes qui ont risqué leur vie au cours des trois dernières années en transformant les rues en un champ de bataille pour la liberté.
Les mouvements démocratiques menés par des femmes ont démontré que leurs objectifs concordent avec la création d’une vie libre pour tous les segments de la société iranienne. Cependant, atteindre ces objectifs nécessite de s’éloigner du centralisme, des dogmes religieux, du patriarcat et du nationalisme. La guerre entre les États-nations et le système capitaliste mondial n’offre aux femmes qu’un choix entre le pire et le pire, qui leur sont imposés. Pourtant, les femmes ne se sont pas contentées de s’opposer à cet état d’esprit ; elles sont également devenues les porte-drapeaux et les leaders du combat pour la liberté et la démocratie en Iran, au Moyen-Orient et au-delà.
La révolution « Jin, Jiyan, Azadî » est un exemple clair du leadership des femmes dans la démocratisation de la société.
KJAR souligne l’importance de l’organisation et du renforcement de la base pour la liberté de la société, et en particulier des femmes. Dans un contexte de guerre entre pouvoirs autoritaires et systèmes patriarcaux, KJAR souligne qu’il n’existe aucune lueur d’espoir, de liberté ou d’égalité. C’est pourquoi KJAR appelle tous ses membres et groupes en Iran à s’unir et à faire preuve de solidarité en créant des comités populaires et des organisations populaires dans tout le pays.
KJAR appelle également toutes les femmes des partis et organisations œuvrant pour la liberté à collaborer et à s’unir pour les femmes en Iran. La création de structures transpartisanes au Kurdistan et d’organisations transnationales en Iran est une étape cruciale vers l’instauration de la démocratie. Sans la présence des femmes, on ne peut pas parler d’un avenir libre pour l’Iran. (ANF)
18/06/2025.
23.06.2025 à 12:24
Dan Gallin : suite des hommages et souvenirs.
aplutsoc
Texte intégral (1543 mots)
Présentation
Nous reproduisons ci dessous plusieurs hommages ou souvenirs rendus par des militants ayant connu Dan Gallin dans l’action syndicale et dans l’activité du mouvement ouvrier des soixante-dix dernières années.
Document 1
Dan Gallin : des anciens membres du personnel de l’IUF/UITA se souviennent de lui.
Les hommages à Dan Gallin ont afflué à l’UITA. Dan est décédé le 31 mai 2025. Ses funérailles ont eu lieu à Genève le 6 juin. Un événement commémoratif pour célébrer sa vie et son énorme contribution au mouvement syndical mondial sera organisé plus tard dans l’année.
Les condoléances et les souvenirs concernant Dan peuvent être envoyés à l’adresse suivante GLI.geneva2025@gmail.com
Parmi les nombreux hommages, plusieurs proviennent du personnel de l’UITA qui a travaillé aux côtés de Dan pendant de nombreuses années.
Lors des funérailles de Dan, Barbro Budin, ancienne coordinatrice de l’UITA pour les questions de genre, d’égalité et de projets, a déclaré :
« Tu faisais partie de ceux et celles qui ont marqué une époque et qui continuent à donner de la force et de l’inspiration à tous ceux et celles qui s’organisent contre toutes les formes d’exploitation et de répression. Peu de dirigeant-e-s syndicaux-ales ont l’expérience et les vastes connaissances culturelles et politiques que tu avais et que tu as mises entièrement au service du mouvement des travailleurs-euses. » Voir l’intégralité de son hommage ici (également disponible en version originale française).
Peter Rossman, ancien responsable de la communication et des campagnes de l’UITA, écrit dans la Global Labour Column :
« Sous sa direction, l’UITA est devenue une organisation combative et tournée vers l’avenir – un réseau mondial de solidarité dont le nombre de membres et l’ambition ne cessent de croître. De nouvelles organisations régionales dynamiques en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique latine, dont beaucoup de membres luttaient pour leur existence même contre des gouvernements répressifs, ont été l’un des piliers de cette croissance. Un autre pilier était l’engagement à renforcer la force syndicale au sein des sociétés transnationales qui étaient de plus en plus le moteur de l’économie mondiale et des secteurs de l’UITA. Plus important encore, l’UITA a fourni une orientation stratégique allant au-delà de la simple réactivité ».
L’ancien secrétaire régional de l’UITA pour l’Asie/Pacifique, Ma Wei Pin, a écrit :
« À partir de janvier 1974, nous avons voyagé ensemble dans toute la région Asie/Pacifique pour construire l’organisation régionale de l’UITA (une première parmi les organisations affiliées) ; votre brillante vision pour entreprendre cette tâche ardue mais essentielle est incontestablement prémonitoire aujourd’hui.
En défendant avec force et fermeté les droits humains et leur universalité en Asie/Pacifique dans les années soixante-dix, alors qu’ils faisaient l’objet d’attaques soutenues de la part de gouvernements autoritaires qui les considéraient comme une valeur non asiatique, la région a vu et admiré votre leadership passionné et courageux, qui s’est avéré justifié ».
Suivront des hommages d’autres personnes qui ont connu Dan et d’organisations qu’il a inspirées.
Source : https://www.iuf.org/fr/news/dan-gallin-remembered-by-former-iuf-staff/
Document 2
Le témoignage d’Eric Lee, fondateur et animateur de LabourStart.
Dan Gallin, ancien secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA), est décédé à son domicile à Genève à la fin du mois dernier à l’âge de 94 ans. Il était pour moi, et pour beaucoup d’autres, un mentor, un camarade et un ami.
Mes premiers souvenirs de Dan remontent à près de cinquante ans. Lors de ses visites à New York, nous nous rencontrions lors de divers événements organisés par le Comité d’organisation des socialistes démocratiques, ancêtre de l’actuelle DSA. Dan s’intéressait à la gauche américaine depuis des décennies, à l’époque où il vivait là-bas, à l’apogée du maccarthysme. Durant son séjour aux États-Unis, Dan devint un partisan de la gauche anti-stalinienne, et en particulier du Workers Party (Parti des travailleurs) de Max Shachtman (plus tard connu sous le nom de Ligue socialiste indépendante).
Dan détestait les staliniens et détestait tout autant les partisans de la Guerre froide, d’extrême droite, financés par la CIA, qui ont tous deux joué un rôle destructeur dans le mouvement ouvrier international. Mais il ne se serait jamais qualifié de socialiste du « troisième camp ». Comme il l’a dit un jour : « La ligne de clivage fondamentale dans le monde d’aujourd’hui n’est pas la ligne verticale séparant les deux blocs ; c’est la ligne horizontale séparant la classe ouvrière de ses dirigeants, et cette ligne traverse les deux blocs. Nous ne sommes ni à l’Est ni à l’Ouest. Nous sommes en bas, là où se trouvent les travailleurs. »
À l’approche de la retraite, après avoir fait de l’UITA une organisation militante forte de plusieurs millions de membres regroupant les syndicats mondiaux de l’alimentation et de l’agriculture, Dan a d’abord tenté de relancer le mouvement international d’éducation ouvrière. Selon lui, ce mouvement était l’un des piliers survivants de ce qui était autrefois un vaste mouvement ouvrier, comprenant des partis politiques, des groupes de jeunesse, des coopératives et des syndicats. Il comparait certains de ces mouvements aux ruines d’une civilisation disparue, qu’il entendait contribuer à faire revivre.
Dan a été élu président de la Fédération internationale des associations d’éducation ouvrière (IFWEA) et il m’a chargé de produire – pour la première fois dans les 50 ans d’histoire de l’organisation – un magazine trimestriel, Workers’ Education, qui paraissait en trois langues.
Plus tard, après avoir quitté la présidence de l’IFWEA, Dan a créé le Global Labour Institute, qu’il qualifiait parfois d’« NGI » – jeux de mots sur ONG, en anglais NGO – un individu non gouvernemental. Bien après sa longue retraite, il a continué à écrire, à prendre la parole et à former une nouvelle génération de syndicalistes et de militants de gauche démocratique. LabourStart a rassemblé de nombreux essais de Dan remontant à plusieurs décennies et les a publiés dans deux ouvrages, disponibles ici : https://www.labourstart.org/pico/?en/publications
Par exemple, il a longtemps soutenu l’idée de publier un livre sur l’histoire oubliée de la première république géorgienne (1918-1921). Dans les années 1980, il a même suggéré que si je parvenais à terminer l’écriture du livre, il pourrait le faire traduire et le faire passer clandestinement en Géorgie soviétique. Mais l’écriture du livre a survécu à l’Union soviétique. Lorsque le livre est finalement paru, c’est un Dan beaucoup plus âgé et frêle qui s’est rendu à Tbilissi pour participer à son lancement. Comme me l’a récemment rappelé un ami qui était là, Dan m’a expliqué que le « socialisme démocratique » était une appellation erronée : il ne peut y avoir de socialisme sans démocratie, a-t-il dit.
Dan possédait une connaissance encyclopédique de l’histoire de la gauche et des mouvements ouvriers du monde entier. Lors de ma dernière visite, à la veille du premier confinement dû au COVID, il m’a dit ces mots d’adieu : « La prochaine fois que je te vois, rappelle-moi de te raconter une histoire sur le trotskysme albanais. »
Cela, en une phrase, exprimait qui était Dan, comment il pensait et comment il vivait.
Paru initialement sur le blog d’Eric Lee et sur le site de Solidarity.
- Persos A à L
- Mona CHOLLET
- Anna COLIN-LEBEDEV
- Julien DEVAUREIX
- Cory DOCTOROW
- Lionel DRICOT (PLOUM)
- EDUC.POP.FR
- Marc ENDEWELD
- Michel GOYA
- Hubert GUILLAUD
- Gérard FILOCHE
- Alain GRANDJEAN
- Hacking-Social
- Samuel HAYAT
- Dana HILLIOT
- François HOUSTE
- Tagrawla INEQQIQI
- Infiltrés (les)
- Clément JEANNEAU
- Paul JORION
- Michel LEPESANT
- Frédéric LORDON
- Persos M à Z
- Henri MALER
- Christophe MASUTTI
- Jean-Luc MÉLENCHON
- Romain MIELCAREK
- MONDE DIPLO (Blogs persos)
- Richard MONVOISIN
- Corinne MOREL-DARLEUX
- Timothée PARRIQUE
- Thomas PIKETTY
- VisionsCarto
- Yannis YOULOUNTAS
- Michaël ZEMMOUR
- LePartisan.info
- Numérique
- Christophe DESCHAMPS
- Louis DERRAC
- Olivier ERTZSCHEID
- Olivier EZRATY
- Framablog
- Tristan NITOT
- Francis PISANI
- Pixel de Tracking
- Irénée RÉGNAULD
- Nicolas VIVANT
- Collectifs
- Arguments
- Bondy Blog
- Dérivation
- Dissidences
- Mr Mondialisation
- Palim Psao
- Paris-Luttes.info
- ROJAVA Info
- Créatifs / Art / Fiction
- Nicole ESTEROLLE
- Julien HERVIEUX
- Alessandro PIGNOCCHI
- XKCD