02.05.2025 à 06:00
5 exemples de sociétés post-capitalistes
Maureen Damman
Loin d’être une simple utopie, de nombreux modèles alternatifs émergent, proposant des pistes concrètes pour repenser notre organisation économique et sociale sans le capitalisme tentaculaire. Voici 5 exemples de sociétés post-capitalistes pour imaginer un futur radieux. « There is no alternative » (il n’y a pas d’alternatives), disait la Première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher, prétendant avec […]
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Loin d’être une simple utopie, de nombreux modèles alternatifs émergent, proposant des pistes concrètes pour repenser notre organisation économique et sociale sans le capitalisme tentaculaire. Voici 5 exemples de sociétés post-capitalistes pour imaginer un futur radieux.
« There is no alternative » (il n’y a pas d’alternatives), disait la Première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher, prétendant avec fatalisme que l’économie de marché néolibérale et capitaliste sont des phénomènes naturels et que toute société qui prend une autre voie court à sa perte.
Pour résister à cette croyance qui ne fait que multiplier les destructions socio-environnementales au profit d’une minorité, il est nécessaire d’imaginer un avenir post-capitaliste. Voici un tour d’horizon de quelques exemples d’utopies économiques.
1. La coordination négociée : La démocratie économique en action
Fondée sur la démocratie économique, la propriété sociale et la négociation permanente entre toutes les parties prenantes, la « coordination négociée », pensée par l’économiste britannique Pat Devine et enrichie par Fikret Adaman, est l’une des alternatives les plus sérieuses au capitalisme, en misant sur la planification démocratique et la délibération collective.
Comme l’expliquent Devine et Adaman, il s’agit de « coordonner les activités économiques entre les acteurs concernés » – qu’il s’agisse des travailleurs, des consommateurs, des membres de la communauté ou d’autres parties prenantes directement affectés par les décisions économiques.
« Les moyens de production devraient être la propriété sociale des parties prenantes, personnes ou groupes, directement affectés par leur utilisation »
Ainsi, chaque entreprise serait administrée non seulement par ses salariés, mais aussi par des représentants de la communauté locale, des fournisseurs, des clients et des organismes de planification. Ce conseil élargi négocierait les objectifs économiques, non seulement à l’échelle de l’entreprise, mais aussi dans des espaces de concertation sectoriels, sur la base d’informations quantitatives et qualitatives issues de l’expérience de chacun.
Le modèle fait une distinction nette entre « l’échange marchand », qui subsiste pour la circulation des biens existants, et les « forces du marché », qui sont éliminées pour les décisions d’investissement. « Les décisions relatives aux changements de capacité productive d’une entreprise affectent un ensemble plus large de groupes », souligne Devine, d’où la nécessité d’une négociation collective pour chaque investissement majeur. Ce processus, fondé sur la délibération, vise à dépasser les intérêts particuliers pour construire un intérêt général socialement défini.
La coordination négociée n’est pas sans critiques, comme le souligne l’économiste Florence Jany-Catrice, à travers le risque d’« épuisement » des acteurs engagés dans des négociations longues et complexes, et s’interrogent sur la capacité du modèle à favoriser l’innovation.
Devine et Adaman répondent que le processus délibératif est aussi un processus d’apprentissage collectif : « Les participants apprennent à prendre en compte les intérêts des autres et modifient leurs préférences en conséquence », écrivent-ils, misant sur une dynamique transformatrice plutôt que sur la simple addition d’intérêts individuels.
Pour aller plus loin, voici différentes ressources :
- Sortir du capitalisme : quatre modèles novateurs et méconnus | Philosophie magazine
- La coordination négociée, un modèle écosocialiste – Nouveaux Cahiers du socialisme – Érudit
- La coordination négociée, un modèle écosocialiste | Nouveaux Cahiers du socialisme
2. L’économie participaliste : une planification décentralisée
L’économie participaliste, ou « Parecon », imaginée par Michael Albert et Robin Hahnel, s’affiche comme une alternative radicale au capitalisme et à la planification centralisée. « L’économie participative vise à réaliser économiquement cinq valeurs : l’équité, l’autogestion, la variété, la solidarité et l’efficience », rappellent les auteurs dans The Political Economy of Participatory Economics paru en 1991.
Leur modèle entend « rendre impossible l’existence d’une classe capitaliste » en supprimant toute propriété privée des moyens de production (Parecon: Life After Capitalism, Michael Albert et Robin Hahnel).
« Personne ne détient de propriété sur les moyens de production qui lui conférerait des droits, des responsabilités, des richesses ou des revenus différents de ce que le reste de l’économie lui accorde »
Au cœur du dispositif, des conseils de producteurs et de consommateurs prennent ensemble les décisions économiques, sans direction étatique ni agence centrale. « Toute personne devrait avoir son mot à dire pour une décision de manière proportionnelle au degré où cette décision l’affecte », insistent Albert et Hahnel (The Political Economy of Participatory Economics, 1991). Les prix, loin d’être fixés par le marché ou l’État, émergent d’une négociation itérative : chaque conseil propose ses besoins et capacités, et le processus se répète jusqu’à atteindre un équilibre collectif.
Autre innovation majeure : les « complexes d’emplois équilibrés », qui visent à abolir la division hiérarchique du travail. La rémunération se base sur l’effort et le sacrifice, et non sur le statut ou le capital initial.
Face aux critiques sur la compatibilité de la Parecon avec la « nature humaine », les partisans affirment parier sur la capacité des institutions démocratiques à encourager la solidarité et la coopération à long terme (The Political Economy of Participatory Economics).
Enfin, le modèle a évolué pour mieux intégrer les enjeux écologiques, Robin Hahnel ayant récemment insisté sur la nécessité d’une planification prenant en compte les limites environnementales (Economic Justice and Democracy: From Competition to Cooperation, 2005, mêmes auteurs).
Pour aller plus loin, voici différentes ressources :
- L’économie participaliste de Michael Albert et Robin Hahnel — École d’innovation sociale Élisabeth Bruyère?
- Économie participative — Wikipédia
3. La planification centralisée informatisée : l’algorithme au service de l’économie
La planification centralisée informatisée, défendue par Paul Cockshott et Allin Cottrell, propose de confier l’allocation des ressources à des algorithmes puissants, capables de traiter en temps réel les besoins de la population et d’organiser l’économie de façon centralisée.
« le calcul centralisé des valeurs-travail de toute une économie est désormais réalisable grâce à l’informatique moderne »
Dans leur ouvrage de référence, Towards a New Socialism (1993), ils avancent que « le calcul centralisé des valeurs-travail de toute une économie est désormais réalisable grâce à l’informatique moderne », estimant qu’un superordinateur pourrait résoudre les équations nécessaires à la coordination de millions de produits en quelques minutes seulement. Leur modèle va jusqu’à envisager la suppression de la monnaie au profit d’une comptabilité en heures de travail.
Bien qu’on puisse trouver d’autres exemples plus pertinents, les partisans de cette approche s’appuient sur les progrès de la technologie de l’information et comparent leur méthode aux capacités logistiques d’entreprises comme Amazon, capables de gérer d’immenses flux de données et de stocks.
Dans une vidéo pour Blast, l’économiste Simon Tremblay-Pepin, défend l’utilisation des outils techniques existants pour transformer et planifier démocratiquement l’économie. Cependant, il met en garde contre une confiance excessive dans la technologie et souligne les questions énergétiques et écologiques posées par la gestion informatique d’une telle ampleur.
Pour aller plus loin, voici différentes ressources :
- La planification économique en France (1947-1997) – Major Prépa
- Économie planifiée — Wikipédia
- La planification centrale et ses alternatives dans l’expérience des économies socialistes – Default scope
4. Les économies communautaires : reconnaître et investir dans l’existant
Les économies communautaires, conceptualisées par Katherine Gibson et Julie Graham sous le nom de plume J.K. Gibson-Graham, proposent une approche dite « anti-modèle » qui valorise la diversité des pratiques économiques existantes en dehors du capitalisme dominant.
« plus de 50 % de nos activités économiques sont autres ou non capitalistes »
Plutôt que de chercher à imposer un système alternatif unique, elles invitent à reconnaître, soutenir et coordonner les multiples formes d’activités économiques locales, solidaires ou informelles, souvent invisibilisées par le « capitalocentrisme ».
Dans A Postcapitalist Politics (2006), elles affirment que « plus de 50 % de nos activités économiques sont autres ou non capitalistes », utilisant l’image de l’iceberg pour illustrer la richesse cachée de ces pratiques.
L’accent est mis sur la gestion collective des biens communs : ressources, savoirs ou services, gérés et maintenus par des communautés selon des règles partagées. Leur démarche consiste à ouvrir des espaces de délibération éthique et politique, où chaque acteur devient un participant actif à la transformation de son territoire et à la construction d’une économie plus inclusive et résiliente.
Le défi majeur reste de trouver des moyens efficaces pour investir dans ces ressources déjà présentes et coordonner leur développement à plus grande échelle.
Pour aller plus loin, voici différentes ressources :
- DE L’ÉCOLOGIE SOCIALE AUX ÉCONOMIES DE COMMUNAUTÉ : POUR UN AUTRE VIVRE-ENSEMBLE
- Katherine Gibson, conférencière invitée à la 9e Conférence internationale de recherche du CIRIEC en économie sociale – Séoul, du 4 au 6 juillet | Social Economy News
- La fin du capitalisme (tel que nous l’avons connu)
5. L’approche décroissance : moins produire, mieux vivre
L’approche de la décroissance, défendue par Serge Latouche et plus récemment par Timothée Parrique, remet en cause le dogme de la croissance économique infinie et propose une transformation profonde de nos sociétés pour respecter les limites écologiques de la planète.
Dans son Petit traité de la décroissance sereine, Latouche explique que « la décroissance n’est pas la croissance négative. Il conviendrait de parler d’“a-croissance”, comme on parle d’athéisme. C’est d’ailleurs très précisément de l’abandon d’une foi ou d’une religion (celle de l’économie, du progrès et du développement) qu’il s’agit ».
Il insiste sur la nécessité de « décoloniser notre imaginaire », c’est-à-dire de sortir de l’addiction à la consommation et à la croissance, pour inventer de nouveaux modes de vie plus sobres et plus heureux.
Ce modèle invite à réduire de manière planifiée la production et la consommation, à relocaliser l’économie, à promouvoir l’agriculture biologique et les circuits courts, et à encourager la réparation et la durabilité des biens.
La redistribution équitable des ressources est également centrale, avec une réduction du temps de travail pour permettre à chacun de mieux équilibrer vie professionnelle et personnelle, tout en favorisant la participation démocratique et la justice sociale.
Pour Latouche, la décroissance est avant tout une invitation à « retrouver le sens de la mesure » et à vivre mieux avec moins, dans le respect de l’environnement et des autres.
Le modèle de décroissance de Serge Latouche est critiqué pour son eurocentrisme, car il pourrait être difficilement applicable dans les pays en développement qui ont besoin de croissance pour sortir de la pauvreté.
Pour aller plus loin, voici différentes ressources :
- Serge Latouche : « La décroissance vise le travailler moins pour travailler mieux »
- Serge Latouche : « Le développement économique s’inscrit dans une démarche ethnocidaire »
- Ralentir ou périr : L’économie de la décroissance | Melchior
- Réponse aux verts qui parlent de décroissance – Timothée Parrique
– Maureen Damman
Image par Rudy and Peter Skitterians sur Pixabay.
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Vivre et travailler avec un handicap invisible
Renard polaire
Quelles sont les difficultés rencontrées au quotidien pour les personnes porteuses de handicap invisible ? Comment articuler ses gênes ou ses douleurs avec ses proches, son travail et sa vie de tous les jours ? 80% des handicaps étant invisibles, il y a fort à parier que chacun d’entre nous fréquente une personne qui est […]
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Quelles sont les difficultés rencontrées au quotidien pour les personnes porteuses de handicap invisible ? Comment articuler ses gênes ou ses douleurs avec ses proches, son travail et sa vie de tous les jours ? 80% des handicaps étant invisibles, il y a fort à parier que chacun d’entre nous fréquente une personne qui est touchée… sans le savoir. Témoignages.
Au travers du témoignage de Lauriane atteinte de spondylarthrite ankylosante, de celui de Marie* atteinte de surdité et de celui Alice, fondatrice du média Petite Mu, tentons une approche de ce que représente le handicap invisible aujourd’hui.

Le handicap en France en quelques chiffres
La liste des handicaps invisibles est longue et aux caractéristiques très variables : sclérose en plaques, tendinite, endométriose, surdité, autisme, maladie de Crohn, dépression… Aujourd’hui en France, 12 millions de personnes sont porteuses de handicap : parmi elles, 9,6 millions sont atteintes d’un handicap dit « invisible ».
Les chiffres montrent également que les personnes porteuses de handicap, quel qu’il soit, sont davantage touchées par le chômage. En 2023, le taux d’activité des travailleurs handicapés atteignait 45%, contre 74% en général. On estime qu’une personne sur deux sera touchée à un moment de sa vie par un handicap invisible, et qu’une sur dix le cache en entreprise.

Découvrir son handicap, de la gêne à la douleur
Marie, 37 ans, vit depuis dix ans avec une otospongiose, maladie qui entraîne une surdité progressive dite de transmission, due à des foyers anormaux d’ossification sur l’étrier. Dans 80% des cas, les deux oreilles sont touchées mais de façon décalée, entraînant parfois des désagréments liés à une compensation, comme de l’hyperacousie. Enfin, les troubles de l’audition sont souvent accompagnés d’acouphènes.
« Mon otospongiose a été diagnostiquée à l’âge de 26 ans suite à une baisse d’audition, principalement de l’oreille droite, raconte Marie, Deux scanners espacés de dix ans ont démontré que la maladie avait progressé. Désormais, certaines fréquences me sont inaudibles, et je ne détecte plus les sons en deçà de 38 décibels. Une personne qui parle bas, même face à moi et sans bruit de fond, m’est presque incompréhensible. »
Lauriane, 28 ans, a été diagnostiquée à l’âge de 18 ans d’une spondylarthrite ankylosante et d’un rhumatisme psoriasique. « J’ai toujours souffert de douleurs très fortes, de fièvre, sans qu’aucun médecin ne mette de nom sur ce que j’avais. C’est suite à une batterie de tests que le diagnostic a été posé, avec la découverte du gène HLA B27, souvent héréditaire : on a alors su que mon père l’avait et en souffrait aussi. A contrario, ma soeur, porteuse, n’a jamais développé de symptôme. »

Dès lors, la vie de Lauriane va s’articuler autour de longs protocoles médicamenteux, allant des anti-douleurs à la biothérapie et même la chimiothérapie. Maladie inflammatoire dégénérative, la spondylarthrite ankylosante touche en premier lieu les articulations et avance par poussées, réduisant la mobilité.
Avec le temps, le seuil de douleur augmente et les médicaments avec, à en devenir parfois cobaye de nouvelles thérapies lourdes.
« Parfois, je ne sais plus ce qui est le pire, vivre avec les traitements, l’immunodépression qu’ils entraînent, leur liste interminable d’effets secondaires… Ou vivre sans, et subir chaque jour la maladie qui évolue. »
Malgré des symptômes virulents, Lauriane garde le sourire et tente de conserver ses passions, comme la course à pied. « Il y a des moments où je subis une fatigue extrême, n’arrive plus à mettre mes chaussures, à ouvrir une bouteille… C’est dur pour quelqu’un de sportif comme moi, mais je fais tout pour ne pas perdre ma mobilité, en pratiquant notamment le renforcement musculaire. »
Du même âge que Lauriane, Alice a créé en 2023 le média Petite Mu, afin de sensibiliser au handicap invisible. En 2021, la jeune femme apprend être touchée par une sclérose en plaques. Après une longue phase de déni, elle réalise qu’aucun média n’existe au sujet du handicap invisible. Or, Alice souhaite libérer la parole et créer un climat de confiance, notamment en entreprise : « J’aimerais que le handicap ne soit plus un frein dans notre vie quotidienne. »
Le regard des autres : comment révéler l’invisible ?
« Je pense que l’une des premières difficultés liées au handicap invisible, c’est de devoir en permanence se justifier, explique Alice. L’inconscient collectif associe le handicap à un fauteuil, une amputation… Quand il est invisible, la plupart des personnes touchées n’en parlent pas et préfèrent être dans une stratégie de compensation constante.«
Que ce soit au travail ou dans la vie de tous les jours, la surdité « moyenne » de Marie la perturbe : « Je travaille dans le commerce et me retrouve confrontée à des situations de quiproquos. Je dis parfois « oui » à des collègues que je n’ai pas entendus... Si un client parle bas, je dois lui demander de répéter. C’est assez pénible, il m’est arrivé de faire face à des réflexions du type « Il faut se laver les oreilles »… »
Il existe encore de nombreux clichés autour de la surdité, qui est souvent associée à l’âge. « Une personne jeune et en pleine santé n’a aucun moyen de faire paraître qu’elle est malentendante, souligne Marie, mais je n’en veux à personne : ce n’est pas écrit sur mon front. Finalement, c’est à moi de faire ce travail de sensibilisation… »

Après de longues démarches, Lauriane a obtenu la CMI (Carte Mobilité Inclusion) qui lui permet notamment de se garer sur les places réservées aux personnes handicapées ou d’utiliser les coupes-files. « Je subis régulièrement des regards interrogatifs, explique Lauriane. Je suis jeune et quand je ne suis pas en pleine crise, je peux marcher même si j’ai mal. Les gens ne comprennent pas. Sauf que j’ai besoin de beaucoup d’espace pour sortir de ma voiture, et qu’il y a des jours où je n’en suis pas capable de parcourir plus de 200 mètres. Utiliser la CMI sans handicap visible, cela fait tiquer : « Une fois, j’ai été agressée verbalement par un homme qui m’a crié « Je suis plus handicapé que vous ! »… »
Des discriminations également vécues par Alice, dès le premier jour de l’usage de sa CMI : « J’ai carrément été insultée par un jeune couple, sous prétexte que je pouvais marcher, se souvient-elle, ils m’ont reproché d’utiliser une fausse carte… Une violence qui m’a marquée. Le jugement des autres fait partie des plus grosses difficultés rencontrées. »
A l’instar de Lauriane, Alice a de bons et de mauvais jours, selon l’intensité de ses symptômes. S’il existe de nombreuses personnes détentrices de la CMI qui peuvent marcher, elle ne s’obtient pas sans un long parcours de demandes, appuyées par des médecins. Elle n’a rien d’une chance.

Démarches administratives, accès au travail… Un parcours semé d’embûches
Il aura fallu à Lauriane des années de démarches pour enfin obtenir son RQTH, il y a deux mois. « L’administration française est ubuesque, lâche-t-elle avec un demi-sourire, maintenant que j’ai enfin mon RQTH, je dois refaire une demande pour ma CMI, en suspens à cause de lenteurs administratives… Résultat, ma carte n’est plus valide et je suis parfois forcée de frauder. La spondylarthrite est une maladie dégénérative : devoir régulièrement refaire une demande, c’est un peu idiot… »
Côté travail, Lauriane n’a jamais révélé son handicap lors d’entretiens d’embauche. Peur du refus de certaines missions, de la croire inapte, ou a contrario de l’utiliser pour remplir le quota employeur « travailleur handicapé »… « Durant mes études, un poste m’a été refusé suite à une alternance où j’étais souvent absente à cause de traitements inefficaces, explique-t-elle. Mes collègues actuels savent que j’ai des problèmes de santé mais ne m’ont jamais questionnée. Je sais que je devrai finir par en parler. Il y a des matins où il me faut plusieurs heures avant de me « déverouiller »… C’est dur à associer avec des horaires de travail classique. »

Marie, qui vient d’être appareillée et entre dans les démarches de RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), a fait profil bas lors de son embauche : « Je n’en ai pas parlé de peur que cela ne fasse obstacle, mais si je reste trop longtemps en caisse, cela m’épuise car je fais constamment répéter. J’ai fini par aborder le sujet avec mon patron, qui s’est montré compréhensif. Nous avons pu réadapter mon poste ensemble. »
Alice travaille au quotidien à adapter le monde du travail à celui du handicap. « Je constate une évolution positive, même si le chemin à parcourir est encore très long. La notion de productivité reste dure à associer au mot « handicap », mais de plus en plus d’entreprises s’adaptent car nous sommes aussi capables que les autres, à condition d’avoir les aménagements nécessaires. Une entreprise inclusive a tout à y gagner, à commencer par le regard des autres salariés. Nous manquons d’informations, ne savons pas quoi faire face à quelqu’un en situation de handicap… Il y a encore beaucoup de tabous, mais c’est en les évoquant et en les dédramatisant que cela avancera. »
« J’ai encore du mal à utiliser le mot « handicap », avant tout parce que je ne me sens pas légitime.
Être handicapé, une question de légitimité ?
Parler de handicap ne va pas de soi quand c’est une maladie acquise car dans ce cas, on ne naît pas en situation de handicap, on le devient. Une étape psychologiquement difficile à franchir.
« Le mot « handicap » est tout récent pour moi, souligne Marie, mais j’ai compris que se taire est une erreur, car comment faire deviner ce qui ne se voit pas ? Récemment, un client m’a faite répéter en précisant « Désolé, je suis malentendant. » En quelques mots, il a su me montrer l’invisible et ce que je n’arrive pas, pour ma part, à exprimer. J’ai encore du mal à utiliser le mot « handicap », avant tout parce que je ne me sens pas légitime : je ne souffre pas, et l’appareillage m’aide à retrouver une partie de mon audition. Toutefois, j’ai compris que le handicap ne se définit pas par son aspect irréversible, mais par la gêne qu’il apporte dans notre quotidien. »

Pour Lauriane, le mot « handicapée » n’a rien de péjoratif mais elle n’arrive pas à l’utiliser avec sérieux. Elle aussi souffre d’une question de légitimité. Comment se dire porteur de handicap face à des personnes en fauteuil roulant quand on peut marcher ? « J’utilise le terme « handicapée » quand je suis incapable de faire mes lacets et que je m’exclame en rigolant « Quelle handicapée ! ». Je n’arrive pas à l’employer sérieusement. Ce n’est pas une question de honte, ou de sémantique… Je dis que j’ai des problèmes de santé mais pas que je suis handicapée, sans doute parce que je considère que d’autres personnes sont plus touchées que moi«
Alice préfère employer le terme « en situation de handicap », car pour elle, les personnes touchées ne le sont pas forcément dans tous les contextes. Une appellation qui passe souvent mieux que le mot « handicapé », qui « représente quelque chose d’énorme, et engendre en effet un souci de légitimité. Il faut comprendre qu’il existe tous types de handicaps, plus ou moins lourds, plus ou moins visibles. Pourtant, dès lors que l’on n’est « pas capable de » à cause d’une maladie physique ou psychique, on est en situation de handicap. Chaque personne l’approche et l’apprivoise ensuite à sa manière, avec ses propres mots. »
*Le prénom a été modifié.
– Renard polaire
Photo de couverture de Manuel Gast sur Unsplash
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Activités industrielles : 24% des espèces d’eau douce menacées d’extinction
Mr M.
Selon une nouvelle étude parue dans la revue Nature, près d’un quart (24%) des espèces d’eau douce sont menacées d’extinction. La faute aux activités humaines comme l’agriculture intensive, la construction de barrages, la surpêche ou encore la pollution, qui affectent les écosystèmes aquatiques dont nous dépendons. Les milieux d’eau douce, qui incluent les rivières, les […]
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Selon une nouvelle étude parue dans la revue Nature, près d’un quart (24%) des espèces d’eau douce sont menacées d’extinction. La faute aux activités humaines comme l’agriculture intensive, la construction de barrages, la surpêche ou encore la pollution, qui affectent les écosystèmes aquatiques dont nous dépendons.
Les milieux d’eau douce, qui incluent les rivières, les lacs et les zones humides, représentent moins de 1% de la surface de la Terre. Pourtant, ils abritent une biodiversité très riche puisque, selon le Huffington Post, plus de 10% des espèces connues y vivent, dont un tiers des vertébrés et la moitié des poissons.
Cependant, ces zones sont très fragiles. Entre 1970 et 2015, 35% des milieux humides ont disparu, et ils continuent de se dégrader. Les lacs, les oasis et les sources font principalement partie des zones critiques en termes d’extinction. En conséquence, depuis l’an 1 500, 89 espèces d’eau douce se sont éteintes et 178 autres sont suspectées de ne plus exister.

Près d’un quart des espèces d’eau douce menacées
Ce phénomène s’est accentué ces dernières années, selon une étude parue le 8 janvier 2025 dans la revue Nature et co-écrite par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Pendant plus de 20 ans, près de 1 000 experts du monde entier ont étudié 24 496 espèces d’eau douce. Ils sont arrivés à la conclusion qu’aujourd’hui, 24% de la faune d’eau douce est menacée d’extinction.
Cette menace concerne particulièrement les décapodes (crevettes, écrevisses, crabes), dont 30% risquent de s’éteindre. 26% des poissons d’eau douce, 23% des tétrapodes (grenouilles, salamandres, reptiles, oiseaux, mammifères) et 16% des odonates (libellules) sont également menacés.

Selon des données de l’étude relayées par Sciences et Avenir, le plus grand nombre d’espèces concernées se trouve dans le lac Victoria, le lac Titicaca, les zones humides du Sri Lanka ainsi que dans les Ghâts occidentaux, une chaîne de montagnes en Inde. Menacées, ces zones sensibles abritent des espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.
Les activités humaines mises en cause
Si les espèces d’eau douce sont menacées, c’est à cause des « pressions considérables » qui pèsent sur elles, comme le rappellent les auteurs de l’étude. Ces « pressions » sont les activités humaines, qui engendrent une forte pollution et ont un impact dévastateur sur les zones aquatiques et les espèces qui y vivent.

Aujourd’hui, 54% des espèces menacées sont affectées par la pollution, l’agriculture intensive et l’exploitation forestière. 39% des espèces sont menacées par l’extraction d’eau, la conversion des terres à des fins agricoles et la construction de barrages, qui affectent la migration des poissons. 28% des espèces sont menacées par la surpêche, l’introduction d’espèces exotiques et les maladies. Enfin, un cinquième des espèces d’eau douce souffre du changement climatique, qui engendre des phénomènes météorologiques violents.
Au total, 84% des espèces menacées sont concernées par plus d’une de ces menaces. Si la disparition des espèces d’eau douce est une catastrophe pour la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes, cela représente également un danger pour la population humaine. Stéphanie Wear, vice-présidente principale de Conservation International au Centre scientifique Moore, a déclaré dans un communiqué de l’UICN :
« La plupart des animaux d’eau douce menacés, comme les crevettes, les écrevisses ou les crabes, sont petits et vivent cachés sous la surface, mais quelle que soit leur taille, ils sont essentiels pour maintenir en bonne santé les étangs, les lacs et les rivières dont dépendent des milliards de personnes »
Quelles solutions pour préserver les milieux d’eau douce ?
Bien que ce constat soit alarmant, les auteurs de l’étude affirment qu’il est toujours possible de mettre en place des solutions pour limiter les extinctions et préserver les milieux d’eau douce. Pour cela, les chercheurs demandent une action ciblée et des mesures politiques. Ils appellent les gouvernements à protéger les zones d’eau douce, notamment dans le cadre du Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui aura lieu en octobre 2025. Pendant ce congrès, les autorités devront prendre des mesures pour assurer une meilleure conservation des milieux d’eau douce ainsi qu’une meilleure gestion de l’eau.

« Il est essentiel que des données sur les espèces d’eau douce soient activement incluses dans les stratégies de conservation et la planification et gestion de l’utilisation de l’eau, afin de s’assurer que ces pratiques soutiennent des écosystèmes d’eau douce sains. Un investissement accru dans la mesure et le suivi des espèces d’eau douce est nécessaire pour garantir que les mesures de conservation et la planification de l’utilisation de l’eau soient basées sur les informations les plus récentes », a déclaré le docteur Topiltzin Contreras Macbeath, coprésident du Comité de conservation des milieux d’eau douce de la CSE-UICN, dans le communiqué de l’UICN.
Ainsi, en adoptant des « changements de pratiques dans la gestion de l’eau douce », nous pourrions parvenir à mieux protéger la biodiversité et les écosystèmes aquatiques, qui pourront se rétablir rapidement. Une bonne nouvelle pour l’avenir si des actions sont mises en œuvre pour protéger la biodiversité.
– Lisa Guinot
Photo de couverture de Tom Fisk. Pexels.
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« Ne tirons plus la chasse ! » : et si nos toilettes pouvaient sauver l’agriculture ?
Mr Mondialisation
Dans un nouvel essai engagé, Christophe Gatineau alerte sur l’appauvrissement croissant des sols agricoles. Pour contrer la tendance, l’agronome mise sur une solution aussi évidente qu’audacieuse : le recyclage de nos déjections, riches en phosphore. Dans Ne tirons plus la chasse !, l’auteur s’attaque aux résistances culturelles et aux controverses scientifiques qui entourent l’usage de […]
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Dans un nouvel essai engagé, Christophe Gatineau alerte sur l’appauvrissement croissant des sols agricoles. Pour contrer la tendance, l’agronome mise sur une solution aussi évidente qu’audacieuse : le recyclage de nos déjections, riches en phosphore. Dans Ne tirons plus la chasse !, l’auteur s’attaque aux résistances culturelles et aux controverses scientifiques qui entourent l’usage de ces engrais naturels.
« Une agriculture sans humus n’a pas plus d’avenir qu’un arbre sans racines ». C’est par ce constat sans ménagement que commence le nouvel essai de Christophe Gatineau, intitulé Ne tirons plus la chasse ! et publié aux éditions Ulmer.
Connu du grand public pour son ouvrage Éloge du ver de terre publié quelques années plus tôt, l’agronome spécialiste des modèles de production non conventionnels revient pour tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme face à l’épuisement des sols nourriciers, et plus précisément de l’humus.
L’humus, fondement invisible de notre civilisation
« L’humus, c’est cette fine couche supérieure du sol, les quinze premiers centimètres où la vie souterraine se concentre et transforme la matière organique en engrais naturel pour les plantes. C’est l’habitat des vers de terre et des microbes, l’intestin des plantes, le berceau de notre civilisation », explique l’agronome issu d’une longue lignée de paysans saintongeais, « Et pour être vivant, l’humus a besoin d’être nourri ».
Entre alors en jeu le phosphore (P), ainsi que d’autres éléments chimiques indispensables à la fertilisation des sols. Comme l’azote (N) ou le potassium (K), le phosphore est un engrais précieux pour assurer la santé des cultures et des rendements suffisants. Depuis la Révolution verte, il est pourtant extrait à un rythme tel qu’il pourrait disparaître à l’échelle de quelques générations. Certains scientifiques estiment que son pic de production devrait être atteint entre 2030 et 2040, marquant le début d’un dépassement de l’offre par la demande et la fin de l’abondance.
Cette perspective fait peser une menace directe sur la sécurité alimentaire mondiale. Alors que les dernières réserves mondiales s’amenuisent, seuls 6,5 % des sols de la planète sont cultivables et fertiles — et plus de la moitié d’entre eux sont aujourd’hui dégradés, dépendants des intrants chimiques pour rester productifs.
Et si nos toilettes nourrissaient les champs ?
Face à cette tendance inquiétante, Christophe Gatineau propose de se reconnecter aux pratiques paysannes : « tout ce qui vit a besoin de phosphore, tout ce qui vit en rejette. Nos corps en rejettent, et nous le jetons à l’égout en tirant la chasse… », regrette l’auteur. Il nous alerte alors sur « la nécessité impérieuse d’arrêter de tirer la chasse » et de repenser la gestion des 3 milliards de tonnes d’urine et des 300 millions de tonnes de matières fécales que nous rejetons tous les ans dans les eaux d’évacuation.
Alors que nos déjections contiennent « environ un quart des besoins en azote et phosphore de notre agriculture », les valoriser en engrais destinés aux champs constitue une arme redoutable dans la lutte contre la disparition de l’humus et « la survie de l’humanité ».
Une pratique paysanne tombée dans l’oubli
Cette solution ne date pas d’hier. « L’histoire agricole révèle clairement que nos déjections étaient vues comme des biodéchets et qu’elles étaient recyclées dans les champs au même titre que toutes les autres déjections animales ». En Europe, cette méthode a connu un essor particulier au XIXe siècle, notamment en région parisienne ou en Flandre.
Dans les pays anglophones, on parlait de night soil, un euphémisme désignant les matières fécales collectées encore fraîches, souvent non diluées, issues des égouts, fosses ou latrines, puis transportées – souvent de nuit – hors des villes pour être vendues comme engrais. En périphérie parisienne, cette pratique donnait lieu à la fabrication de poudrette, un fertilisant dont l’utilisation permettait plusieurs récoltes maraîchères par an, malgré les nuisances olfactives qu’elle entraînait.

De Victor Hugo à Zola, en passant par de nombreux témoignages plus anonymes évoqués dans son ouvrage, Christophe Gatineau multiplie les références pour démontrer les bienfaits de l’utilisation de cet engrais naturel, connus depuis des décennies par les paysans et jardiniers.
Réglementations : un casse-tête pour les agriculteurs
Pourtant, aujourd’hui, l’utilisation des déjections humaines comme engrais fertilisant est strictement réglementée, voire carrément interdite. Si leur valorisation est tolérée en agriculture conventionnelle, les autorisations requises, accompagnées de lourdes démarches administratives, en découragent plus d’un.
« Pire, les agriculteurs n’ont même pas le droit d’épandre eux-mêmes nos déjections, ils sont obligés de faire appel à des sociétés agréées… Finalement, il est plus simple d’épandre du glyphosate que des engrais naturels », regrette l’auteur. Paradoxalement, l’utilisation de fertilisants issus d’excrétats humains est complètement interdite en agriculture biologique.
Dans un contexte géopolitique instable et le renouveau du concept de souveraineté alimentaire sur la scène politique, l’Union européenne affiche une volonté de favoriser l’économie circulaire et de réduire la dépendance aux engrais chimiques importés. Cependant, l’utilisation des excrétats humains comme engrais reste un sujet sensible et relativement controversé.
Polluants, médicaments : entre objections et controverses
Les principales raisons invoquées par les détracteurs d’une telle pratique sont la présence potentielle de résidus médicamenteux et de micropolluants contenus dans nos déjections, qui polluerait à leur tour les sols et les plantes qui y sont cultivées, avant de contaminer potentiellement le reste de la chaîne alimentaire.
En 2012, une étude menée par le chimiste Chad Kinney de l’Université d’État du Colorado a montré que les vers de terre présents dans les sols arrosés de biosolides contenaient un grand nombre de substances synthétiques, dont des médicaments et des produits d’hygiène. Vice Media dans un article plutôt réfractaire à la pratique, relève :
« Kinney s’est inquiété tout particulièrement de la présence de triméthoprime (un antibiotique utilisé notamment pour soigner les infections urinaires) et de triclosan (un biocide courant dans le savon pour les mains) dans les organismes des animaux »
Pour Christophe Gatineau, ces arguments ne semblent pas réellement pertinents au vu de la pollution déjà massive des eaux et des sols par des polluants divers : « En additionnant tous les produits de santé destinés aux plantes, aux animaux et aux humains, et à l’image d’un mégot jeté par la fenêtre d’une voiture, plus de 100 000 tonnes de molécules chimiques sont ainsi jetées chaque année dans la nature ; 100 000 tonnes rien qu’en France, et des dizaines de millions à l’échelle mondiale ». L’agronome dénonce en outre le lobbying implacable des industries de l’agro-chimie, opposées par essence à une alternative naturelle, moins coûteuse (et moins polluante ?) que leurs produits pour la fertilisation des sols.
Un plaidoyer percutant, entre bon sens et radicalité
En moins d’une centaine de pages, Christophe Gatineau nous invite à redécouvrir un pan méconnu du cycle alimentaire, en mêlant vulgarisation scientifique et éthologie végétale. Ce détour inattendu par le monde des plantes permet au lecteur de questionner les tabous culturels qui rendent difficile l’idée de recycler nos excréments dans les champs. Porté par un style direct et sans détour, nourri de nombreuses références, l’essai parvient à éveiller la curiosité : « et pourquoi pas ? », se surprend-on à penser, alors que débute la saison des potagers.

On peut toutefois regretter un ton parfois abrupt et quelques jugements plutôt hâtifs sur des pratiques ou personnages, qui risquent d’en rebuter certains. De plus, l’ouvrage reste centré sur la faisabilité locale du compostage des déjections humaines à l’échelle domestique, sans parvenir à s’aventurer pleinement dans les implications systémiques d’un tel changement pour notre modèle agricole. À la recherche du coup de pouce qu’il vous manquait pour sauter le pas au jardin, dans votre foyer ou au sein de votre communauté ? Foncez !
– Lou Aendekerk
Photo de couverture : Unsplash
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1er mai : jour international de lutte pour les droits des travailleurs
Simon Verdiere
Le 1er mai 2025, des millions de gens défileront partout dans le monde pour la journée internationale des droits des travailleurs. Cette date particulière découle d’une Histoire marquée par le sang. Parfois détournée par le capitalisme, elle doit cependant rappeler que les conquis sociaux ne sont pas tombés du ciel, mais ont dû être arrachés […]
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Le 1er mai 2025, des millions de gens défileront partout dans le monde pour la journée internationale des droits des travailleurs. Cette date particulière découle d’une Histoire marquée par le sang. Parfois détournée par le capitalisme, elle doit cependant rappeler que les conquis sociaux ne sont pas tombés du ciel, mais ont dû être arrachés par les travailleurs de ceux qui possèdent les moyens de production.
Chômé dans de très nombreux États du monde, le 1er mai est commémoré dans pas moins de 163 pays sur 195. Rendez-vous immanquable des syndicats et partis politiques de gauche, il ramène à des évènements pourtant trop souvent oubliés. Retour sur l’Histoire d’un jour incontournable pour les droits humains.
Une lutte pour les droits des travailleurs
L’idée d’une journée dédiée aux travailleurs émerge pour la première fois en 1793 lorsque le poète révolutionnaire Fabre d’Églantine propose de l’y inscrire dans le nouveau calendrier républicain. Fêtée un temps, cette date (le 20 janvier) tombera pourtant dans l’oubli.
Tout au long du XIXe siècle, avec l’ère industrielle, la volonté des salariés d’acquérir des droits essentiels grandit de plus en plus. Aux États-Unis, en 1886, la pression augmente sur le patronat. Les employés souhaitent généraliser la journée de huit heures de travail.
La grève historique de 1886
Le 1er mai, les syndicats font pression et obtiennent ce droit pour 200 000 salariés. Mais d’autres sont obligés de mener de puissantes grèves pour faire céder les employeurs. Soutenu par les anarchistes, le mouvement s’amplifie à Chicago, mais il est violemment réprimé par la police, causant trois décès parmi les manifestants.
Quatre jours plus tard, les anarchistes organisent un meeting de protestation. La police intervient à nouveau pour disperser la foule. Une bombe explose alors, tuant plusieurs membres des forces de l’ordre. Huit militants anarchistes sont arrêtés, jugés sommairement et condamnés à mort. Trois échapperont finalement à la peine capitale, mais quatre autres seront bien pendus un an plus après (le dernier s’étant suicidé).
En 1893, John Altgeld, nouveau gouverneur local, finira par reconnaître ces exécutions comme une injustice et les anarchistes incriminés seront réhabilités par l’État. Dans le même temps, l’idée du 1er mai comme une journée internationale des travailleurs a commencé à se répandre à travers le monde. L’internationale socialiste l’avait d’ailleurs déjà officiellement instituée depuis 1889 avec une revendication principale identique.
Une idée qui fait boule de neige
Pour réclamer cette avancée, les militants du monde entier arborent un triangle rouge cousu à leur maillot. Le rouge symbolise le socialisme et les trois côtés de cette figure géométrique représentent leur combat : huit heures de travail, huit heures de sommeil, huit heures de loisir.
Fervents adversaires de l’idéologie de gauche, les nazis utiliseront plus tard ce triangle dans les camps de concentration pour identifier les opposants politiques (les juifs en avaient un jaune et les homosexuels un rose). Après la guerre, ce triangle sera de nouveau porté par certains militants de gauche comme un symbole antifasciste.
Un combat dans le sang
En 1891, lors du premier mai à Fourmies, ville industrielle du nord de la France, des manifestants sont massacrés par la police. Dix d’entre eux (dont deux enfants) sont ainsi tués par balle, et trente-cinq sont blessés.
À partir de cet évènement, la fleur d’églantine rouge remplacera le triangle de la même couleur dans de nombreux cortèges, rendant hommage aux victimes de Fourmies, mais aussi à Fabre d’Églantine.
Bataille de symboles
Finalement, ce n’est qu’en 1919 que le gouvernement français se décidera enfin à céder et à instituer la journée de travail à huit heures. Il faut dire que dans le même temps, l’Empire russe vient d’être renversé par la révolution et que les idées communistes commencent à monter partout en Europe. Craignant une contagion, la bourgeoisie française accepte donc de lâcher du lest en votant cette mesure.
Le 1er mai devient alors une journée chômée, et s’entérine définitivement comme un symbole pour les droits du travail. Pourtant, quand la Seconde Guerre mondiale éclate puis que l’extrême droite de Philippe Pétain prend le pouvoir en France, le régime de Vichy prend bien soin d’effacer toutes connotations de gauche sur cette journée.
Fête du Travail contre journée internationale des travailleurs
Ainsi, Pétain nomme le jour « Fête du travail et de la concorde sociale » (ce qui fait écho à sa devise Travail, Famille, Patrie) et il le rend définitivement férié. Il tire par ailleurs parti d’une vieille tradition de vente du muguet à cette époque pour faire définitivement disparaître l’églantine au profit de la fleur blanche.
Juste après la guerre, l’appellation de « fête du Travail » sera pourtant bien conservée et instrumentalisée dans les esprits par la droite de l’échiquier politique. De ce fait, elle tente de dissimuler qu’il s’agit à l’origine d’une journée de lutte et elle glorifie la « valeur travail » chère aux libéraux (et surtout aux portefeuilles des patrons qu’elle permet de remplir).
Une méthode contre laquelle des millions de manifestants continuent chaque année de se battre en défilant dans les rues pour rappeler à tous les travailleurs que leurs droits ne sont pas tombés du ciel et qu’il faudra encore se dresser contre le capitalisme néolibéral pour les préserver et pour en obtenir de nouveaux.
– Simon Verdière
Photo de couverture : Flickr
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Revue de presse : 10 bonnes nouvelles de la semaine
Maureen Damman
Si vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité, voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine. 1. Loi Omnibus : huit ONG portent plainte contre la Commission européenne Huit ONG dénoncent la procédure opaque et non démocratique de la directive Omnibus, qui vise à alléger les obligations environnementales et sociales des entreprises européennes. […]
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Si vous n’avez pas eu le temps de suivre l’actualité, voici les 10 bonnes nouvelles de la semaine.
1. Loi Omnibus : huit ONG portent plainte contre la Commission européenne
Huit ONG dénoncent la procédure opaque et non démocratique de la directive Omnibus, qui vise à alléger les obligations environnementales et sociales des entreprises européennes. Elles ont déposé plainte auprès de la Médiatrice européenne, craignant un recul majeur du Green Deal et du devoir de vigilance, au profit des intérêts industriels. (L’humanité)
2. Le Brésil lance un fonds colossal pour sauver les forêts tropicales
Le gouvernement brésilien annonce la création d’un fonds de 125 milliards de dollars pour la préservation des forêts tropicales, dont l’Amazonie. Ce plan vise à financer des projets de protection, de reforestation et de développement durable, impliquant États, entreprises et société civile. (L’humanité)

3. Chamonix interdit la création de nouvelles résidences secondaires
Pour lutter contre la crise du logement et préserver l’équilibre local, la commune de Chamonix interdit désormais la transformation de logements en résidences secondaires. Cette mesure vise à favoriser l’habitat permanent et à limiter la spéculation immobilière dans la vallée. (LeMonde)
4. Sanofi condamné pour pollution à Mourenx
Le laboratoire Sanofi a été condamné pour avoir rejeté à plusieurs reprises un produit cancérogène, le bromopropane, autour de son usine de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques). L’affaire relance le débat sur la responsabilité des industriels face à la santé publique et à la protection de l’environnement. (Vert)
5. Des supercoraux résistants à la chaleur découverts en Polynésie française
Des chercheurs ont identifié en Polynésie des coraux capables de survivre à des températures exceptionnellement élevées. Cette découverte offre un espoir pour la préservation des récifs face au réchauffement climatique, et pourrait inspirer de nouvelles stratégies de conservation. (Reporterre)
6. Huit Français sur dix opposés au retour des néonicotinoïdes
Un sondage révèle que 80 % des Français s’opposent à la réintroduction des insecticides néonicotinoïdes, jugés responsables du déclin des pollinisateurs. L’opinion publique reste largement favorable à l’interdiction de ces substances nocives pour la biodiversité. (Reporterre)
7. Le dispositif d’épuration des eaux ménagères le plus écologique bientôt autorisé
Les autorités françaises s’apprêtent à autoriser un nouveau système d’épuration des eaux usées domestiques, jugé plus écologique et efficace. Cette innovation pourrait accélérer la transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement dans le traitement des eaux. (Reporterre)
8. Une note sur 10 pour la durabilité des lave-linge
Un nouvel indice de durabilité, noté sur 10, sera bientôt affiché sur les lave-linge vendus en France. Ce dispositif vise à mieux informer les consommateurs sur la robustesse et la réparabilité des appareils, dans une logique de lutte contre l’obsolescence programmée. (Reporterre)
9. Aigle et faucons tués par des éoliennes : EDF et Valeco condamnés
EDF et la société Valeco ont été condamnées pour la mort d’un aigle royal et de faucons crécerellettes, victimes de collisions avec des éoliennes dans l’Aude. Cette décision relance le débat sur la cohabitation entre énergies renouvelables et protection de la biodiversité. (Reporterre)
10. Marine Le Pen conteste la perte de son mandat local
Condamnée à cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds dans l’affaire des emplois fictifs du Front national, Marine Le Pen a été démise de son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais. Elle a saisi le tribunal administratif pour contester cette décision, entamant une bataille judiciaire pour défendre son honneur et ses droits. (Libération)
– Maureen Damman
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