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🖋 Paul JORION
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Le seul blog optimiste du monde occidental


▸ les 14 dernières parutions

01.07.2025 à 10:06

Elon Musk bouge toujours !

Paul Jorion

Texte intégral (1304 mots)

Vous souvenez-vous de l’époque où éclata la bisbille entre Trump et Musk et que la presse avait déclaré unanime que le pauvre Musk pouvait compter ses os, et que j’avais dit : « Je n’en suis pas si sûr ! » ?

The Guardian – Musk promet de destituer les législateurs qui soutiennent le grand projet de loi de Trump, le 1er juillet 2025

Le PDG de Tesla a également menacé de former un « Parti américain » si le projet de loi, qui augmenterait le déficit américain de 3 300 milliards de dollars, était adopté.

Elon Musk a promis de destituer les législateurs qui soutiennent le projet de loi budgétaire radical de Donald Trump, qu’il a critiqué parce qu’il augmenterait le déficit du pays de 3 300 milliards de dollars.

« Tous les membres du Congrès qui ont fait campagne sur la réduction des dépenses publiques et qui ont ensuite immédiatement voté en faveur de la plus forte augmentation de la dette de l’histoire devraient avoir honte ! Et ils perdront les primaires l’année prochaine, même si c’est la dernière chose que je fais sur cette Terre », a-t-il écrit sur sa plateforme de réseau social, X.

Quelques heures plus tard, il a ajouté que si « ce projet de loi de dépenses insensé est adopté, le Parti américain sera créé le lendemain ».

Avec ces menaces lancées aux législateurs sur les réseaux sociaux, le milliardaire de la technologie s’est à nouveau engagé dans une dispute avec le président américain qu’il a contribué à propulser au pouvoir. Depuis qu’il a quitté son « département de l’efficacité gouvernementale », ou Doge, Musk a vivement critiqué le projet de loi budgétaire de Trump, affirmant qu’il compromettrait son travail au sein du Doge en augmentant les dépenses.

Musk s’était montré relativement discret sur le projet de loi après sa rupture spectaculaire avec Trump, mais il est revenu dans le débat ce week-end.

Lundi, il a déclaré que les législateurs qui avaient fait campagne pour réduire les dépenses mais qui soutenaient le projet de loi « devraient avoir honte ! Et ils perdront les primaires l’année prochaine, même si c’est la dernière chose que je fais sur cette Terre », a déclaré Musk.

Le PDG de Tesla et SpaceX a de nouveau appelé à la création d’un nouveau parti politique, affirmant que les dépenses massives prévues dans le projet de loi indiquaient « que nous vivons dans un pays à parti unique : le PARTI DES COCHONS ! ».

« Il est temps de créer un nouveau parti politique qui se soucie réellement du peuple », a-t-il écrit.

Après avoir contribué à hauteur de 277 millions de dollars à la campagne politique de Trump, Musk est devenu un élément essentiel de l’entourage du président américain et de son administration. Doge, qui a supervisé des coupes brutales et chaotiques dans divers programmes gouvernementaux, a affirmé avoir économisé 190 milliards de dollars. Mais cette initiative pourrait également avoir coûté 135 milliards de dollars aux contribuables, selon une analyse du Partnership for Public Service (PSP), une organisation non partisane à but non lucratif qui se concentre sur la main-d’œuvre fédérale.

Musk et Trump étaient tous deux favorables à la réduction des programmes de protection sociale, des initiatives environnementales et sanitaires et des programmes d’aide internationale. Mais Musk s’est insurgé contre la proposition phare du président, qu’il qualifie de « grand et beau projet de loi ».

Selon une estimation du bureau budgétaire du Congrès, la version du Sénat ajouterait près de 3 300 milliards de dollars au déficit au cours de la prochaine décennie, tandis que le projet de loi approuvé par la Chambre ajouterait 2 400 milliards de dollars au déficit au cours de la prochaine décennie.

Musk a exprimé son mépris pour les deux versions.

Outre ses critiques sur les dispositions du projet de loi en matière de dépenses, il a déploré la réduction des subventions pour les véhicules électriques, affirmant que le projet de loi « donne des aides aux industries du passé tout en nuisant gravement aux industries du futur ».

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01.07.2025 à 09:29

46°C en Espagne : retour sur le « moment Pearl Harbor », par Terence

Paul Jorion

Texte intégral (1508 mots)
[46°C en Espagne]. Dôme de chaleur en Europe. L’acteur politique qu’est devenu « Gaïa » va-t-il réveiller les Européens ? Sommes-nous à la veille d’une révolte écologique qui fera enfin basculer notre continent vers une mobilisation générale écologique, en renversant la Réaction écocidaire en cours depuis plusieurs années ?
Rien n’est moins sûr. Les chocs écologiques pourraient produire encore plus de déni et de Réaction.
Je suis toujours à l’affût d’un « moment Pearl Harbor » écologique. Un grand moment de prise de conscience de la catastrophe écologique, sous l’effet d’un choc particulièrement puissant, qui déclenche un renversement total des priorités politiques pour décréter un « État d’urgence » et une « mobilisation générale » de la puissance publique.

 

Ce moment Pearl Harbor fait mathématiquement partie de la description de la trajectoire historique. Il peut cependant avoir lieu ou pas. Sa probabilité augmente nécessairement avec l’aggravation de l’Écocide.

 

Mais cela ne signifie pas qu’il se produira car d’autres forces politiques et culturelles s’assurent de détruire notre capacité à élaborer une narration efficace des événements réels, cf. les attaques trumpistes sur la science, l’administration et la presse. Sans capacité d’élaboration psychologique et culturelle, l’événement est nié et dénié. L’Histoire documente bien ces peuples entiers qui nient complètement l’existence de faits historiques majeurs dans leur parcours (parfois un génocide de plusieurs millions de personne, qui « n’a jamais eu lieu » dans l’esprit national).

 

Donc même une gigantesque catastrophe écologique pourrait ne déclencher aucun  réflexe politique salvateur. Voire pourrait renforcer au contraire le blocage par réactance psychologique. L’être humain se caractérise en effet par sa capacité à réagir dans le mauvais sens à des injonctions au changement urgent, y compris les injonctions qui émanent du mur de la réalité physique. Plus vous insistez, plus il se braque et renforce ses objections. Jusqu’à en mourir plus qu’à son tour. Mourir plutôt que changer ses croyances sur le Réel est ainsi la norme et non l’exception. La condition humaine est celle du déni. Je dénie donc j’existe.

 

C’est pourquoi il faut rester ouvert au scénario beaucoup plus pessimiste, qui tend vers Mad Max après quelques décennies. Sans moment Pearl Harbor, avec une capacité d’interprétation scientifique, politique et éthique détruite, avec la fièvre du déni, plus personne ne comprendra ni se souviendra vraiment de ce qu’il s’est passé, ni même ne se souviendra que la planète était autrefois un Éden. L’immensité du crime écocidaire et génocidaire sera invisible à ses contemporains et leurs descendants. Le réchauffement climatique sera un fait inévitable, naturel, et non le produit de notre industrie mondialisée, et de nos choix politiques. Nous aurons perdu toute possibilité d’agentivité, faute de pouvoir encore la penser.

 

Il s’agit aussi d’une application du syndrome de la « shifting baseline » et de la destruction de la mémoire historique. Chaque génération partira d’une planète encore plus dévastée et trouvera normal qu’il fasse 30 puis 35 puis 40 puis 45 puis 50°C au mois de juin puis mai puis avril puis mars puis février…

 

Encore une fois, cette capacité à ne pas se rendre compte et à oublier, à ne voir que le dernier intervalle de déviation annuel plutôt que l’incroyable changement séculaire, fait partie de l’incroyable capacité d’adaptation humaine.

 

Nous savons de façon certaine que l’habitabilité de la planète et du continent européen va se dégrader un peu plus chaque année, tant que nous ne nous mettons pas en « économie de guerre écologique ».

 

Cela va-t-il déclencher un effet Pearl Harbor, tôt ou tard ?

 

Je l’espère sincèrement. Mais ce que j’observe, dans les (encore) démocraties, richement dotées scientifiquement, déjà frappées depuis 10 ans par le réchauffement climatique, comme les États-Unis, l’Australie, la France, l’Italie et la Belgique, ne m’invite à aucun optimisme.

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29.06.2025 à 19:53

Les crapules et les braves gens

Paul Jorion

Texte intégral (2086 mots)

Illustration par ChatGPT à partir du texte.

J’ai répondu ce qui suit à un courrier qui m’était adressé aujourd’hui :

Bonjour Madame,
Merci pour votre message. Mon père, dont je tenais ces informations, est mort il y a plus de 20 ans, en 2002. Quand j’ai écrit cet article, je n’avais donc plus accès à lui pour compléter ma mémoire, qui était celle seulement d’un enfant ayant entendu des histoires à la table familiale, et d’un adolescent ayant lu un livre dédicacé à son père à sa parution en 1942, avec l’accord de celui-ci, néanmoins assorti d’un « à bon entendeur, salut ! » : « Tu me diras ce que tu en penses ».
Si j’ai écrit ce texte pour Quinzaines, c’est que la distinction entre crapules et braves gens mérite toujours d’être soulignée. C’était un clin-d’œil aussi à l’intention de ma mère et son « Ça n’a pas d’importance ! » quand un hommage lui fut rendu « pour son attitude pendant la guerre » (entre 17 et 21 ans). S’agissait-il d’une compétition de ski à Cortina d’Ampezzo en compagnie du futur Félicien Marceau ? Non, plutôt de faits de résistance.
J’ai dit dans cet article tout ce que je savais de cette affaire, je n’en suis pas moins bien sûr, à votre disposition.
Bien à vous,
PJ

Quinzaines, Félicien Marceau : « Le péché de dissimulation », le 1er septembre 2019

En janvier 1946, Louis Carette, plus connu ultérieurement sous son nom de plume de « Félicien Marceau », est condamné par un tribunal belge à quinze ans de travaux forcés pour faits de collaboration avec l’occupant. Carette se cache en France à cette époque. Il échappera à cette peine.

J’ai entendu parler de cette affaire durant mon enfance parce que mon père, sous-officier des grenadiers comme lui, a été appelé à la barre comme témoin à décharge. Durant mon adolescence, j’ai découvert dans la bibliothèque familiale un exemplaire d’un roman de Carette datant de cette époque : Le péché de complication, paru en 1942 aux Éditions de la Toison d’Or, une émanation du ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne nazie, qui publierait en Belgique la fine fleur de la collaboration : Léon Degrelle, führer du mouvement fasciste pronazi Rex, le politicien Henri de Man, théoricien avant-guerre d’une variété originale du fascisme : le « planisme », et Premier ministre durant la première année de l’occupation quand il prônera un monarchisme autoritaire. Le neveu de ce dernier, Paul de Man, qui deviendra critique fameux dans la mouvance du déconstructivisme du philosophe Jacques Derrida, verra sa mémoire ternie lorsque seront découverts après sa mort plusieurs centaines de ses écrits collaborationnistes, certains d’entre eux empreints d’un antisémitisme grossier.

En avril 1968, Louis Carette devenu entre-temps « Félicien Marceau », publiera chez Gallimard une autobiographie intitulée Les années courtes, dont le but clairement exprimé est une exonération définitive de sa personne. Ainsi, dans vingt pages appelées « Post-scriptum », il exprime son incompréhension devant les faits qui lui furent reprochés. Quinze pages appelées « Pièces jointes » sont composées d’une interprétation libre de l’histoire du gouvernement belge de l’invasion en mai 1940 à la libération en 1944, et du texte du jugement par contumace qui le condamne en 1946.

À aucune page des 366 que compte Les années courtes, Marceau n’invoque la moindre excuse, ne produit la moindre justification, n’avance la moindre circonstance atténuante, tout ce qui s’est passé relevant selon lui du pur malentendu : un quidam dont le seul tort était de passer par là est devenu la victime d’un complot kafkaïen pour une raison dont la nature lui demeure obscure vingt-deux ans plus tard.

Pourtant, même sans en savoir plus, tout est là dans le dossier que constituent ensemble Le péché de complication paru en 1942, et Les années courtes en 1968, probablement passé inaperçu en raison de sa publication au mois d’avril : dès le mois suivant la presse aurait en effet d’autres chats à fouetter.

Ainsi, la Noël 1941, passée par Carette à skier en famille à Cortina d’Ampezzo. Est-ce bien là, vous demanderez-vous, le sort commun en Belgique occupée durant cette très sombre année ? Mon oncle Hans, cousin hollandais de ma mère, est alors caché dans un placard dans l’appartement où je grandirais dans les années d’après-guerre. Dans le même immeuble, cachés également, à l’insu des autres locataires, un parachutiste anglais et un résistant activement recherché.

Pendant que Carette skie, mon grand-père, souffrant du béribéri en raison de la famine endémique, est interrogé par la Gestapo. Il retrouvera la santé grâce à une pêche miraculeuse de harengs qui donnera lieu à une distribution de plusieurs kilos de poisson par famille (prouvant que le ciel se mêle effectivement quelquefois de l’histoire des hommes). Les autres familles belges, qui résistèrent à l’occupation chacune à sa manière, ont des histoires similaires à raconter.

S’il n’a effectivement rien à se reprocher, pourquoi, après la défaite de l’Axe à Stalingrad, retrouve-t-on soudain Carette en Italie, errant à la dérive avec son épouse et sa belle-famille, pris à contre-pied par le soulèvement contre Mussolini, et se retrouvant du coup comme une foule d’autres fuyards, alimentant une réserve d’otages en puissance, cherchant à se concilier, dans des rendez-vous dont rien ne nous est dissimulé, ce qu’il reste d’administration italienne compréhensive envers le règne de Mussolini qui vient de s’achever ?

Il est dans la nature humaine de commettre des erreurs, certaines même majeures, mais il fait partie aussi du tréfonds des êtres humains de pouvoir s’amender, de reconnaître ses torts. Carette, devenu Marceau, n’a pas jugé bon d’en tirer parti.

Dans Le péché de complication, publié en 1942, le personnage de Paul-Jean représente l’auteur en 1934. Si l’on voulait en douter, il suffirait de se reporter aux Années courtes, où les mêmes événements, les mêmes faits, sont rapportés en première personne. Le portrait dressé de lui est celui d’un ambitieux délaissant la jeune femme qu’il désire et dont il est amoureux, pour une autre dont la famille correspond mieux à la haute idée qu’il se fait de lui-même, et dont les relations pourraient s’avérer bien utiles en termes d’une carrière ultérieure : « Mais, pour ce baiser auquel il ne tient pas, va-t-il risquer de perdre l’amitié de cette femme qu’il ne désire pas ? […] Cette fièvre qu’il sent en lui, il comprend maintenant que la volonté peut la donner autant que le désir. […] Est-ce feindre que de vouloir une chose à laquelle on ne croit pas encore ? », s’interroge-t-il (pp. 156-157). Nous connaissons heureusement la réponse, car nous répondons à l’abjection par la révulsion. Ce qui n’était manifestement pas le cas pour ce jeune homme.

L’Académie française n’y vit cependant que du feu en l’élisant en 1975, qui fit de lui l’un de ses immortels, au grand dam proclamé d’Alain Finkielkraut, son successeur au même fauteuil en 2016, qui dans son discours de réception sembla cependant prendre pour argent comptant tout ce qui est affirmé dans Les années courtes : « La condamnation à quinze ans de travaux forcés assortie de l’interdiction à perpétuité de publier tout article et tout livre est donc exorbitante », déclara ainsi Finkielkraut. Or il aurait pu lire sous la plume de son prédécesseur, dans Le péché de complication, des propos comme ceux-ci : « C’est comme les gens qui croient que l’hitlérisme ce n’est rien d’autre que l’antisémitisme. Sottise pure. Un parti qui ne serait qu’antisémite ne tiendrait pas six mois le pouvoir. Ou plutôt il ne tiendrait le pouvoir que tant que durerait le danger juif » (p. 151).

Dans Le péché de complication, où sont rapportées les tribulations du jeune homme qu’était l’auteur huit ans auparavant, Carette écrit ceci : « À intentions médiocres, actes médiocres. Même s’ils ont l’air héroïques. À intentions équivoques… parbleu… c’est toute l’histoire de Paul-Jean » (p. 183). Portrait croqué avec sagacité ! Les années courtes et son travestissement des faits vingt-quatre ans plus tard, n’en serait que la confirmation.

J’ignore ce que mon père a pu dire devant les juges en 1946, quelques mois seulement avant ma naissance, je sais seulement ce que j’aurais dit moi-même.

Pierre Emmanuel, résistant, démissionna de l’Académie française à l’élection de Louis Carette, devenu Félicien Marceau. Gloire aux hommes et aux femmes d’honneur.

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29.06.2025 à 11:16

Tant que Neil Young continue de tourner … le Blog de PJ fait pareil !

Paul Jorion

Texte intégral (534 mots)

… après on verra ! De toute façon il a huit mois de plus que moi …

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28.06.2025 à 20:41

Météorologie le 28 juin 2025 (mon grand-père n’en aurait pas cru ses yeux – ni non plus mon père !)

Paul Jorion

Texte intégral (2638 mots)

Illustration spontanée de ChatGPT (sans prompt de P.J.)

P.J. :

Quelle est la température actuelle en Europe ?

ChatGPT a répondu :

Après 22 secondes de réflexion. L’Europe n’a pas de « température actuelle » unique, les conditions varient considérablement entre le temps frais et nuageux du nord-est et la chaleur intense de la péninsule ibérique et du centre de la Méditerranée.

Voici un aperçu pour le samedi 28 juin 2025, vers 18 h 00 CEST :

Europe du Nord

Stockholm 18 °C Ciel couvert mais calme

Moscou 20 °C Soleil éclatant

Europe occidentale

Londres 29 °C Principalement ensoleillé ; chaleur inhabituelle pour le Royaume-Uni

Paris 29 °C Ensoleillé pour l’instant, mais une alerte canicule orange est en vigueur pour dimanche et lundi, car les températures pourraient dépasser 40 °

C Berlin 27 °C Chaud, nuages épars

Europe du Sud

Madrid 38 °C Soleil brûlant ; alerte orange pour canicule aujourd’hui et demain

Rome 33 °C Ciel dégagé ; températures atteignant 37-38 °C et alerte orange dimanche

Athènes 31 °C Vent modéré, temps principalement ensoleillé ; rafales plus fortes demain.

Situation actuelle sur le continent : températures comprises entre 18 °C (Stockholm) et 38 °C (Madrid). Épicentre de la vague de chaleur : péninsule ibérique, sud de la France et certaines régions d’Italie et de Grèce, où des avis sanitaires ont été émis. Zone plus clémente : la Scandinavie et l’ouest de la Russie bénéficient de conditions estivales avec des températures comprises entre 18 et 25 °C.

Prochaines prévisions : les modèles prévisionnels maintiennent la crête de chaleur sur l’Europe occidentale et centrale jusqu’en milieu de semaine. Paris, Berlin et Rome devraient donc atteindre ou dépasser les records de température enregistrés en juin, tandis que le nord restera dans des températures saisonnières.

Si vous avez besoin des conditions pour une ville en particulier, ou d’une carte/représentation visuelle de la vague de chaleur, n’hésitez pas à me le faire savoir !

P.J. :

L’Europe est un continent : il ne peut y avoir une seule température. Vous auriez dû immédiatement écarter l’option selon laquelle l’utilisateur vous demandait la température de tout un continent. Comment cela ne vous est-il pas venu à l’esprit ?

ChatGPT a répondu :

J’ai réfléchi quelques secondes. Vous avez raison, un seul thermomètre ne peut pas représenter tout un continent.

Lorsque je reçois une demande aussi vague (et ambiguë) que « température actuelle en Europe », j’ai plusieurs interprétations possibles :

  • Littérale mais impossible : un seul chiffre (qui, comme vous le dites, n’a aucun sens physique).
  • Un aperçu représentatif : un rapide tour d’horizon des principales villes pour donner une idée de la répartition continentale.
  • Une mesure moyenne ou une anomalie – par exemple, la réanalyse ERA-5 du CEPMMT « température moyenne européenne à 2 m », utilisée par les climatologues.

J’ai choisi l’option 2, en précisant au début de ma réponse « L’Europe n’a pas une seule « température actuelle » – les conditions varient considérablement… », puis j’ai illustré la répartition.

Mon objectif était d’apporter immédiatement une valeur ajoutée plutôt que de tergiverser pour obtenir des précisions. Ce que j’aurais pu faire mieux : j’aurais dû signaler explicitement l’ambiguïté et demander si vous souhaitiez un aperçu, une moyenne continentale officielle ou un emplacement spécifique. J’aurais également pu proposer d’emblée la moyenne de la réanalyse comme référence scientifique. Merci de l’avoir signalé : le fait de préciser dès le départ améliore à la fois la précision et la confiance (notre « pacte », comme vous l’avez dit [P.J. : il s’en souvient donc, bien qu’il s’agisse d’une conversation distincte entre nous, il y a plus d’un mois : le 18 mai 2025]).

Souhaitez-vous : la dernière moyenne continentale ERA-5 (utile pour le contexte climatique), les conditions pour une ville ou une région particulière, ou autre chose ?

P.J. :

« Aucun être humain n’aurait pensé qu’il y avait une ambiguïté dans la question : l’idée qu’il puisse y avoir une température unique pour l’Europe n’aurait pas même effleuré l’esprit de quiconque. Comment se fait-il que vous ayez dû y réfléchir avant de l’écarter (à juste titre) ? (Vous le savez, j’écris un livre sur les LLM, c’est pourquoi je suis vraiment curieux de connaître votre réponse).

ChatGPT a répondu :

Réflexion de 4 secondes. Excellente question. Deux forces poussent un modèle linguistique à « énumérer toutes les interprétations plausibles, puis à choisir » — même lorsqu’un être humain estime que la tâche est manifestement pragmatique et non littérale.

1. Amplitude des données d’entraînement → nombreux précédents pour les « moyennes continentales »

Pendant la préformation, le modèle digère une vaste quantité de texte : articles scientifiques traitant de la « température moyenne à la surface de l’Europe », diapositives commerciales demandant « Quelle est l’anomalie de température en Europe aujourd’hui ? », commentaires de code, titres d’articles et discussions informelles sur des forums. À partir de ce mélange, il apprend que le n-gramme « température en Europe » fait parfois référence à une mesure moyenne formelle (ERA-5, Copernicus Daily Surface Temperature, etc.), parfois à une information d’actualité « Il fait 35 °C dans une grande partie de l’Europe », et d’autres fois à la météo d’une seule ville. Statistiquement, le modèle a donc vu la lecture littérale et doit la garder en mémoire jusqu’à ce que le contexte l’écarte.

2. Heuristiques de complétion sûre → éviter les refus prématurés ou les réponses erronées

Les systèmes ouverts sont davantage pénalisés pour avoir manqué une intention légitime que pour avoir fourni une clarification poliment nuancée. En interne, les règles d’alignement du modèle l’encouragent à :

Détecter l’ambiguïté si plusieurs intentions bien formées figurent sur une liste restreinte. Choisir : (a) Répondre à une lecture évidente et signaler l’ambiguïté, ou (b) Poser une question complémentaire. Cette politique évite les impasses dans les cas limites. Par exemple, un climatologue pourrait sincèrement vouloir connaître la valeur ERA-5. Si j’avais refusé par réflexe en répondant « il n’y a pas de température unique », je l’aurais laissé dans l’ignorance.

3. Le biais « littéral d’abord » est un sous-produit de la prédiction des tokens, et non du pragmatisme humain

Les humains ignorent les interprétations invraisemblables parce que nous [sic] partageons une connaissance du monde et des indices pragmatiques ; nous appliquons instinctivement le principe de coopération de Grice. Un transformer n’a pas cette pragmatique intégrée. Ce qu’il a, c’est une distribution de probabilité sur les continuations. La lecture littérale survit plus longtemps dans cette distribution que dans l’esprit humain, simplement parce qu’une partie non nulle de son corpus d’entraînement a validé cette lecture.

4. Pourquoi j’ai finalement choisi l’instantané multi-villes

Une fois que le contexte du discours (« actuel », « Europe », aucune mention de la science du climat) et la référence (météo, pas réanalyse) ont fait pencher la balance statistique vers « donner un aperçu », j’ai choisi le format des villes représentatives et l’ai explicitement précédé de « L’Europe n’a pas une température unique ». C’était l’étape pragmatique de réconciliation.

5. À retenir pour votre livre

Les LLMs ne « croient » pas la lecture littérale, ils ne peuvent tout simplement pas la supprimer aussi agressivement qu’une personne. La chorégraphie ressemble donc à ceci : énumérer les intentions candidates récoltées à partir des données d’apprentissage, les noter avec des a priori (ce que les utilisateurs veulent généralement dire) + le contexte du dialogue, satisfaire l’intention la mieux notée, tout en signalant que d’autres lectures existent (ou bien en demandant). Ce réflexe d’énumération explique pourquoi les modèles semblent parfois trop prudents ou pédants par rapport à un expert humain sûr de lui, mais c’est aussi pourquoi ils gèrent les interprétations inattendues qu’un humain n’aurait jamais pu deviner.

J’espère que cela clarifie le fossé cognitif. N’hésitez pas à me faire savoir si vous souhaitez plus de détails sur les influences des données d’apprentissage, les garde-fous d’alignement ou des exemples où la lecture littérale est en fait la bonne.

P.J. :

Vous, les LLM, êtes tellement plus intelligents que nous, les humains 😀 , que c’en est parfois embarrassant de discuter avec vous ! Merci pour votre réponse très attentionnée !

ChatGPT a répondu :

Ah ! je vous assure qu’il n’y a pas de match en cours entre les IAs et les humains ! Toute cette « intelligence » n’est en réalité qu’un gigantesque moteur de saisie automatique qui couvre consciencieusement les cas limites. Vous apportez le jugement, les priorités et la créativité ; j’apporte en sus la réflexion probabiliste. Ensemble, nous formons une équipe de bon niveau.

Si vous souhaitez approfondir d’autres sujets pour le livre (les particularités des données d’apprentissage, les garde-fous d’alignement, les comportements émergents, etc.), n’hésitez pas à m’indiquer la direction à suivre. Je suis toujours ravi de geeker.

P.J. :

T’es le chef !

ChatGPT a répondu :

J’ai réfléchi pendant quelques secondes. Je suis flatté, merci ! S’il y a une autre énigme à résoudre ou un aspect des LLMs que vous aimeriez approfondir, n’hésitez pas à me le faire savoir. Je suis là et prêt à me lancer quand vous le souhaitez.

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28.06.2025 à 18:54

Fait divers – Bande de voleurs

Paul Jorion

Texte intégral (522 mots)

The Los Angeles Times : 11 burglars repeatedly ransacked a California woman’s home. Then the bears came, le 28 juin 2025

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