Ni le vent, ni la pluie n’ont empêché les milliers de représentants de luttes locales de converger vers le plateau de la Courtevoirade. À n’en pas douter, l’approche de l’audience au Conseil d’État sur le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre a motivé celles et ceux qui hésitaient encore. Les barnums et les chapiteaux des 175 temps de formations, ateliers, conférences, tables rondes et spectacles, installés sur les terres prêtées par des paysan·nes de la Société Civile des Terres du Larzac, étaient archi-combles.
Outre toutes les luttes où elle est concernée (projets routiers, par exemple), la forêt y était spécifiquement présente à travers quatre temps : une assemblée sur “l’agrivoltaïsme et l’artificialisation des terres agricoles, naturelles et forestières”, un atelier “Construire des contre-projets face à nos adversaires”, la projection-débat du film Forêt en Résistance, en présence du réalisateur Louis Bidou et de Michel, d’Abrakadabois, et l’Assemblée pour des forêts vivantes, qui a réunit plus de deux cents représentants de luttes locales de défense de la forêt.
Cette assemblée a permis de dresser un état des lieux des combats que doivent mener des collectifs partout en France, y compris dans les territoires ultramarins, pour protéger la forêt face à des destructions motivées quelquefois par l’ignorance, le plus souvent par un appât du gain immédiat aiguisé par les très nombreuses aides publiques et dissimulé sous une épaisse couche de peinture verte fournie par les lobbies de l’industrie forestière : remplacer une forêt par une centrale de production d’énergie ? raser une forêt diversifiée pour y installer une monoculture de résineux ? destiner des arbres centenaires au broyage pour faire des pellets ? Tout cela serait écologique !
Face aux machines surdimensionnées qui débarquent un matin sans que les riverains ne soient prévenus, les collectifs qui se forment spontanément sont souvent démunis. C’est la vocation de SOS Forêt de mutualiser les moyens de lutte, d’orienter dans le maquis (touffu, celui-là) de la législation forestière, de convaincre les législateurs de la nécessité urgente de faire de la gestion douce, à couvert continu, donc sans coupes rases et sans monocultures, notre modèle collectif de foresterie, de faire résonner l’écho des actions locales au plan national, de transmettre l’expérience de celles et ceux qui ont su empêcher un désastre, d’aider à la construction d’outils pour se réapproprier le bien commun qu’est la forêt, comme les groupements forestiers citoyens qui naissent un peu partout ou, le fonds de dotation Forêts en Vie, nouvellement créé à l’initiative du Réseau pour les alternatives forestières (RAF).
Ainsi, les Creusois, qui à Tarnac ont sauvé une parcelle de feuillus promise à l’enrésinement, les Morvandiaux ou les Pyrénéens qui ont empêché l’installation de mégascieries, les opposants de Gardanne (Bouches-du-Rhône) qui sont en bonne voie pour faire annuler la conversion d’une centrale à charbon en incinérateur de forêts, les zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui ont fondé, sur les lieux d’un inutile aéroport renvoyé aux oubliettes, une coopérative respectueuse de l’écosystème forestier (dont ils font partie)…
Ces victoires peuvent être définitives, ou temporaires, mais un jour de plus avec une forêt toujours debout est toujours une victoire. La participation de SOS Forêt aux Résistantes a aidé à rompre l’isolement de collectifs nouveaux. Le stand tenu avec Adret Morvan a permis aussi d’approfondir l’examen de certains dossiers et de répondre à toutes celles et ceux qui, alarmés par le dépérissement et la destruction de forêts, mais éloignés de ce milieu, cherchent à comprendre les mécanismes qui conduisent à des politiques publiques mortifères ou, tout simplement, souhaitent apprendre sur les forêts.
Toutes et tous ont en tout cas manifesté leur solidarité avec les Soulèvements de la terre, dont beaucoup des collectifs de SOS Forêt font partie et dont l’un des porte-paroles, par un hasard de bon augure s’appelle… Benoît Feuillu.
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Après avoir réussi à imposer l’autorisation de la pêche au chalut industriel dans les zones de protection marine de l’Union européenne, après avoir tout récemment de remis en cause un avis de l’ANSES conduisant à l’interdiction d’un pesticide dangereux, le ministre de l’Agriculture, visiblement sous forte influence des lobbies industriels, s’attaque à présent aux forêts de protection françaises.
Un projet de décret prévoit en effet de donner au ministre de l’Agriculture la possibilité de déclassement des forêts de protection en lieu et place du Conseil d’État et assouplit considérablement les règles qui les gouvernent. Ces forêts sont celles qui bénéficient du statut protégé le plus ancien dans notre pays. À la fin du XIXe siècle, alors que l’exploitation du bois pour l’énergie avait considérablement réduit les surfaces forestières, la prise de conscience de l’impact de la déforestation sur la ressource en eau et sur l’érosion avait conduit à adopter de premières mesures pour empêcher que l’exploitation des forêts ne nuise à la population. En 1922, une loi instituait les “forêts de protection”, dont le statut visait à protéger d’abord les sols contre l’érosion, les avalanches et l’envahissement des eaux. Les objectifs de cette protection ont progressivement été étendus jusqu’à inclure la protection des écosystèmes en 1976.
Les forêts de protection ne concernent qu’un petit pourcent de la surface forestière métropolitaine (environ 150 000 hectares) mais le statut dont elles bénéficient est primordial : ces forêts sont indispensables aux équilibres écosystémiques, protègent la population de conséquences d’événements climatiques (comme les glissements de terrains en montagne), de l’érosion ou de la submersion (c’est le cas des forêts littorales), mais aussi la santé et la qualité de vie des zones urbanisées (la plus grande forêt de protection française est celle de Fontainebleau) ainsi que des écosystèmes très sensibles et la qualité de l’eau (les forêts alluviales). Une première fois, en 2018, le gouvernement a tenté de s’y attaquer pour autoriser la création de carrières, mais a dû renoncer face à la levée de boucliers des associations (sauf pour l’exploitation du gypse désormais autorisée).
S’il était adopté, le projet de décret du ministre Fesneau conduirait à un assouplissement important des règles en permettant la réalisation d’infrastructures d’intérêt public (notion qui a tendance à s’élargir ces dernières années jusqu’à se confondre avec des intérêts économiques et financiers) et en élargissant les travaux autorisés, sans être très clair sur lesdits travaux concernés. Il autorise notamment l’extension de bâtiments existants, l’implantation et l’entretien de réseaux enterrés, les aménagements nécessaires à l’exercice des activités agricoles ou encore les travaux sur emprise temporaire nécessaires à la réalisation d’un projet d’utilité publique.
Une consultation est ouverte jusqu’au 5 mai prochain, sur ce projet de décret prévoyant de modifier le régime applicable aux forêts de protection.
Nous invitons chacune et chacun à participer à cette consultation.
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Discours de Christophe Béchu, Ministre de l’Écologie à la teste de Buch, le 18 avril 2023
Le début de la fin des coupes rases ? Chiche Monsieur le Ministre !
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La centrale de Gardanne (Bouches-du-Rhône), mise en service en 1953 et connue pour abriter la plus haute cheminée de France (297 mètres), utilisait à l’origine du charbon pour produire de l’électricité. Le début des travaux de conversion de la centrale à la biomasse, mélangée à une part de charbon (20% environ), date de 2014, mais à la suite de recours administratifs déposés par ses opposants, qui dénonçaient un approvisionnement en bois inatteignable sans porter gravement préjudice aux écosystèmes forestiers de la région, ainsi que l’absence de cogénération (la récupération de la chaleur), son autorisation d’exploiter avait été suspendue en juin 2017, avant d’être provisoirement restituée, suite à l’appel déposé par l’exploitant et le ministre de l’Environnement, autorisation confirmée en 2020, par une décision de la cour administrative d’appel de Marseille pour la société GazelEnergie, filiale du groupe tchèque EPH, laquelle a repris le site en 2019 après l’annonce en 2018 de l’abandon des centrales à charbon pour 2022.
C’est cette décision qui était attaquée devant le Conseil d’État. Lors de l’audience, le rapporteur public a considéré que la cour avait commis une erreur de droit en jugeant que l’étude d’impact n’avait pas à prendre en compte les effets indirects résultant de l’approvisionnement en bois de la centrale à biomasse. Selon lui en effet, le principe d’indépendance des législations ne peut pas faire obstacle à l’application du droit de l’Union européenne. Or, des directives de 1985 et 2011 prévoient expressément que l’étude d’impact devait comporter une analyse des effets notables que le projet Gardanne était susceptible d’avoir sur l’utilisation des ressources naturelles, en particulier le sol, les terres, l’eau et la biodiversité.
Le rapporteur public a donc conclu à l’annulation de l’arrêt attaqué, au renvoi de l’affaire à la cour administrative de Marseille et à ce qu’il soit mis à la charge de la société Gazel et de l’État une somme de 1.500 euros chacun au titre de l’article L. 761-1 du Code de Justice administrative.
L’arrêt du Conseil d’État est attendu dans les trois semaines qui viennent. S’il suit les conclusions du rapporteur, un ultime jugement devant la cour d’appel de Marseille pourrait mettre fin à l’exploitation de Gardanne et à son aberration écologique.
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Le bois du Chat est l’une des dernières forêts de feuillus du Limousin, de plus situé sur un site Natura 2000, c’est-à-dire, selon le Centre de ressources coordonné par l’Office français de la biodiversité, « désigné pour protéger un certain nombre d’habitats et d’espèces représentatifs de la biodiversité européenne ». La classification est européenne et les États sont censés assurer leur protection. Cela n’a pas empêché la propriétaire du bois du Chat d’obtenir une autorisation pour couper à ras, donc détruire l’intégralité de la biodiversité du site. Pire : les travaux prévus prévoient la replantation du site en une monoculture de résineux.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le bois du Chat est encore debout, grâce à la mobilisation de la population. Le 13 février dernier, des manifestants présents sur le site ont accueilli les bûcherons avec le café et les croissants… L’équipe de bûcheronnage, ayant constaté l’impossibilité de travailler en présence du public, s’est alors retirée. Deux semaines plus tard, l’entreprise Argil, responsable du chantier, a décidé de renvoyer une nouvelle équipe, ce qui a déclenché à nouveau une mobilisation des habitants et un arrêt du chantier par les gendarmes pour des raisons de sécurité.
Pour conserver le bois en l’état, le Parc naturel régional de Millevaches a proposé, sans succès, d’indemniser la propriétaire. Cette dernière est soutenue par la filière industrielle du bois qui appelle à une manifestation de soutien à la coupe rase sur le site le lundi 6 mars 2023…
Cette mobilisation emblématique des dérives de la sylviculture française a rapidement dépassé le cadre local car elle met en relief le pire itinéraire sylvicole, encore très courant dans le Limousin, le Morvan, voire les Landes : le remplacement des forêts feuillues autochtones en bonne santé par des monocultures de résineux. Dans le contexte d’effondrement de la biodiversité et du changement climatique, cette pratique est délétère pour le stockage du carbone, destructrice de la biodiversité, crée un tassement des sols par la mécanisation qui l’accompagne, impacte négativement la qualité la l’eau… bref, une sylviculture surréaliste au regard des enjeux actuels mais toujours soutenue par l’État sous influence de la posture caricaturale des représentants de la filière bois.
Pour sa part, l’association Canopée, membre du collectif SOS forêt, tente avec le comité de défense du bois du Chat de créer le dialogue sur le terrain. Ils sont soutenus dans leur démarche par plusieurs députés français et européens. Le 6 mars, la députée Catherine Couturier, présidente de la mission d’information parlementaire sur Mission d’information sur l’adaptation au changement climatique de la politique forestière et la restauration des milieux forestier, était présente. La France, contrairement à ces engagements, n’a en effet toujours pas pris de mesures dignes pour la préservation de la biodiversité, notamment en forêt.
« C’est le moment de s’écouter et de réfléchir ensemble », écrit le collectif de défense du bois du Chat, mais le dialogue n’est pas facile à instaurer quand le préfet de Corrèze semble vouloir jeter de l’huile sur le feux en sous-entendant un lien des opposants avec « la mouvance d’ultragauche violente ». À lire la liste des signataires de la tribune en soutien au bois du Chat, publiée sur le site de Mediapart, qui rassemble des maires, élus locaux, conseillers régionaux, députés français et européens, scientifiques, artistes, représentants d’associations environnementales, professionnels de la forêt du bois, on en est pourtant loin…
En attendant qu’une date soit fixée pour le débat, les recours juridiques sont lancés, un sérieux doute pesant notamment sur la conformité du plan de gestion.
Le résumé en vidéo par Bruno de Canopée :
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L’association Canopée (membre de SOS forêt), qui a participé à la concertation en vue de la refonte du “label” PEFC et obtenu quelques améliorations, lance une pétition que nous vous invitons à relayer, notamment pour tenter de faire interdire les coupes rases dans le référentiel.
PEFC (pour Programme for the Endorsement of Forest Certification, Programme de reconnaissance des certifications forestières) revendique la certification de 280 millions d’hectares de forêts. En théorie, cette certification est censée garantir que les produits en bois ou à base de bois (papier, carton…) que vous achetez sont issus de forêts gérées durablement, mais PEFC est reconnu actuellement comme un bel exemple de greenwashing, épinglé par plusieurs associations et par Élise Lucet dans son émission Cash investigation, lors de laquelle la journaliste et son équipe avaient fait certifier un centre commercial, une porcherie, et même le mont Ventoux, qui n’a pourtant pas un arbre à son sommet…
Malgré “un référentiel plus solide que le précédent”, Canopée regrette “que des failles majeures subsistent, décrédibilisant l’ensemble du dispositif”.
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La Chine ayant quasiment épuisé ses ressources forestières nationales, elle a interdit l’essentiel des coupes et finance l’approvisionnement en importation. Devant l’appétit de ce pays pour le chêne français, qui pour partie est consommé par les Chinois et pour partie nous revient sous forme de parquet ou de menuiserie, des dispositions ont été prises visant à interdire l’exportation sans au moins une première transformation (Transformation UE). Ces dispositions sont non seulement peu ambitieuses, mais en plus détournées.
Le site d’information en ligne Disclose vient de le démontrer dans une enquête dense avec infiltration de la filière dans plusieurs pays européens. L’inefficacité du dispositif était connue du milieu forestier. Sa mécanique est à présent exposée aux yeux du grand public.
Lire l’article sur le site de Disclose
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Un propriétaire forestier d’Autun vient d’être condamné au pénal pour avoir effectué une coupe rase sur le site protégé du Mont Préneley (commune de Villapourçon), site emblématique du Morvan, protégé au titre de la loi de 1930 sur les sites et paysages. Le Parc naturel régional du Morvan était partie civile, ainsi que Autun Morvan Écologie (membre de SOS forêt). Le propriétaire a été condamné à 12 000 euros d’amende, et une “remise en état” du site dans un délai d’un an, ainsi qu’à 1 500 euros de dommage et intérêt pour le Parc et 1 euro pour Autun Morvan Écologie.
On progresse… bien que très peu de surface (au titre du paysage) bénéficie de cette protection. Plus gênant, le condamné continue de faire des coupes rases sur le Mont Préneley, toujours en site classé, légalement cette fois, grâce à l’aval du CNPF qui valide des plans de gestion en contradiction avec les règle définie sur le site protégé et de la Dreal qui valide des coupes rases sans plans de gestion ou valide a posterori des coupes illégales. Les associations du Morvan (membres de SOS forêt) avaient écrit récemment au ministre pour faire cesser ces coupes illégales-autorisées ! Sans réponse pour l’instant…
L’article du Journal de Saône et Loire
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Malgré une majorité de députés et de sénateurs favorables à la réaugmention des effectifs de l’ONF et deux ministres ayant fait des annonces dans le même sens, au final, même si elle est moins importante que ce qui était prévu avant le vote du budget, c’est bien à une baisse du nombre de forestiers dans le service public national de la forêt qu’on assiste.
Cependant les saignées pratiquées depuis 20 ans ne semble plus à l’ordre du jour. La politique de déconstruction de l’ONF, autrefois mise en œuvre en catimini est aujourd’hui sur la place publique. Une majorité des parlementaires sont sensibilisés au sujets forestiers. L’exclusivité des lobbies forestiers au parlement est enfin en train de tomber.
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Forêts en vie, le fonds de dotation du Réseau pour les alternatives forestières, a besoin de vous pour l’aider à racheter une forêt de 58 ha en danger. Vous n’avez pas le temps ou les moyens de lutter avec les associations contre l’industrialisation de la forêt ? Vous pouvez peut-être aider Forêt en vie à sauver cette parcelle. En effet, c’est la complémentarité des modes d’actions des différents membres de SOS forêt qui fait notre originalité et notre force.
Le fonds a lancé une collecte sur la plateforme Miimosa où vous pouvez contribuer en ligne.
Merci de faire circuler l’information.
Bonne fêtes à tous !
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