Myriades

Le blog de Francis Pisani

Publié le 19.08.2025 à 09:41

Hiroshima, coeur et raison ≈073

Quoi de plus improbable qu’une liaison entre un islandais et une japonaise ? Quoi de plus fou qu’un vieil homme partant à l’autre bout du monde en quête de son amour de jeunesse ? Quoi de plus stimulant qu’un couple qui fait face à son passé écrit tout de travers pour aborder la mort avec un sourire ?Les acteurs sont bons, les images sont belles, le scénario tient la route, le montage est superbe… Dépêchez-vous de rentrer pour aller voir le délicieux Touch - Nos étreintes passées du réalisateur islandais Baltasar Kormákur.Le film : Touch - Nos étreintes passéesCe coup de coeur est loin d’être anodin. Pour des raisons personnelles d’abord : l’âge et le sourire du héros, l’inévitable retour sur l’histoire de sa vie, et le Japon que je trimballe dans tout le corps avec une tendresse pas totalement explicable, légèrement coupable. Je l’ai abordé par les arts martiaux, une fascination pour le zen et j’y ai vécu un an, faisant l’effort de commencer à apprendre cette langue étrange, facile à prononcer, difficile à maîtriser, qui s’écrit en chinois.PartagerTouch (traduction du titre original, Snerting en islandais) fait partie de ces oeuvres dont je me garderai bien de dire qu’elles touchent à l’universel, notion dont je me méfie, mais qui nous permettent grâce à une histoire toute simple d’accéder à des moments ou des problèmes d’une importance planétaire et qui nous concernent. En l’occurrence la bombe lancée par les US sur Hiroshima en août 1945. Il y a 80 ans. Un fait que nous connaissons tous sans y accorder, il me semble, toute l’importance qu’il mérite et sans comprendre comment il pèse encore et toujours sur le monde d’aujourd’hui.Le fait figure dans les livres d’histoire. Comme un instant plus que comme un tournant. Comme une façon, expéditive certes mais efficace, de terminer une guerre plus que comme le lancement d’une nouvelle ère dans laquelle nous vivons encore. Et le premier champignon suffit à occuper la plupart des esprits sans qu’il soit nécessaire d’insister sur le fait qu’il y en a eu deux. Nous avons bien vu quelques images des destructions, des morts et des survivants mutilés, sans trop de profondeur. Sans la durée. Sans la dimension des horreurs qui se diffusent pendant des décennies. Nous avons une rapide idée des faits, sans vraie conscience de la réalité.C’est ce que Touch - Nos étreintes passées (complément de titre rajouté pour la version en français) réussit à faire en douceur et sans pitié, nous distille par petites touches tout au long du film sans que nous nous en rendions vraiment compte. Jusqu’à la fin amoureuse, délicate, implacable.Mais pourquoi s’y attarder aujourd’hui ?Deux bombes sans finalité militaireParce que ces deux bombes avaient pour objectif de marquer ce tournant dans l’histoire du monde invoqué plus haut.Le Japon étant sur le point d’accepter sa défaite elles ne correspondaient à aucun impératif militaire. La seconde encore moins que la première.Dans un horrible billard à trois bandes il s’agissait d’abord d’inviter Staline à ne pas trop rêver et surtout d’ouvrir à la face du monde entier une ère de domination américaine dangereuse à contester. Nous y sommes toujours.Après l’échec de ses tentatives de séduction de Kim Jung-un lors de son premier mandat, Trump a clairement voulu montrer en essayant de détruire les installations nucléaires de l’Iran le 22 juin 2025 qu’on ne l’y reprendrait plus.Laissez un commentaire.Un projet Manhattan 2 pour l’IAJe doute parfois de ces raccourcis un peu rapides et qui sonnent bien. Grâce au film Oppenheimer, même les plus jeunes savent aujourd’hui que nous devons la bombe au projet Manhattan. Bien montrés, les doutes et les regrets du savant, font ressentir à certains une sorte de compassion pour l’individu, presque pour l’idée dans son ensemble. Pour l’intention. Tout le contraire de Nos étreintes passées qui par l'histoire d’un couple nous permet d’entrevoir l’horreur dans sa durée.Permettez-moi de noter, pour finir, que le développement massif de l’intelligence artificielle prôné par Washington et les TechBros de Silicon Valley vise précisément à relancer cette dynamique qui s’essouffle. Une vision qui a conduit Trump à lancer le 21 janvier 2025 - « dès [la] première journée complète de travail » de son deuxième mandat - le projet Stargate. 500 milliards de dollars sur 4 ans pour créer le plus gros réseau mondial de data centers équipés de millions de microprocesseurs fabriqués par Nvidia, l’entreprise la plus riche du moment. Tout ça sur le sol états-unien. Premier objectif : assurer la domination des US dans le domaine de l'intelligence artificielle.Présenté par certains comme le « projet Manhattan pour l’IA », il est techniquement piloté par Sam Altman, patron de OpenAi, l’entreprise qui produit ChatGPT. Comme pour bien marquer le coup, il s’est installé dans les laboratoires de Los Alamos. Où travaillait l’équipe de Robert Oppenheimer…Deux notes personnelles :
  • Je suis reconnaissant à Baltasar Kormákur et à son film dont l’histoire m’a permis de percevoir une dimension du Japon que j’étais incapable de nommer : la douleur inoubliable et toujours vivante, 8O ans plus tard, d’avoir servi de cobaye au passage à l’ère nucléaire et de domination états-unienne. Il me semble que son effort pour préserver tradition et nouveauté se comprend mieux à cette lumière. Le fait par exemple qu’on y parle peu l’anglais.
  • Je ne peux pas être favorable à une victoire du régime autoritaire chinois dans la guerre de l’intelligence artificielle. Mais la volonté d’utiliser cette technologie pour dominer la planète me terrifie d’autant plus que j’en perçois la puissance, même si elle vient des États-Unis. Sans y croire vraiment j’aime bien la proposition de Guillaume Moukala Same nous invitant, plutôt qu’à un autre projet Manhattan à créer « un GIEC de l’IA ».
Qu’en dites-vous ?Thanks for reading Myriades \ Francis Pisani! This post is public so feel free to share it.PartagerThanks for reading Myriades \ Francis Pisani! Subscribe for free to receive new posts and support my work.

Publié le 04.08.2025 à 15:31

Croisé trumpien dans un café parisien ≈072

Bonjour,D’abord quelques excuses qui ont trop tardé et un geste de ma part pour celles et ceux qui ont la générosité de soutenir économiquement mon travail, bien réduit ces temps-ci. Je le reconnais.
  • Parmi toutes les raisons qui m’ont poussé à moins écrire il y a la sidération de l’évolution du monde depuis le retour de Trump à la Maison Blanche. Plutôt que de dire n’importe quoi ou la même chose que tout ce qui se publie j’ai préféré réfléchir. J’y reviens dans un instant.
  • Le geste, bien normal, est une pause dans le prélèvement de vos contributions jusqu’au 15 septembre. Cela ne veut pas dire que je n’écrirai pas… seulement que rien ne vous sera débité. Profitez en pour boire un coup, prendre un café ou vous offrir une glace à notre santé à tou.te.s.
Tarifs douaniers, déportations d’immigrés, mise en coupe libre des parcs naturels, lutte contre juges, médias et universités, soutien à l’horreur contre Gaza, méga bombes sur l’Iran, j’en passe et des pires, nos médias sont plein de ces décisions, de ces nouvelles balancées à un rythme conçu pour nous hypnotiser, pour nous assommer. Qu’il s’agisse d’économie, de libertés, de menaces contre la démocratie, d’environnement ou de déni de science, chacune compte et mérite d’être suivie. Mais l’ensemble cache une dimension plus profonde et plus pernicieuse : la guerre idéologique entreprise par Trump, son entourage et ses missionnaires.J’en ai fait l’expérience directe en juin dernier dans un café de la rue Daguerre dans le 14ème parisien.≈072-horseback-crusader-Theglobalist.com.jpgLes jolis côtés de ma vie en quelques minutesNous sommes assis avec deux amis récents, curieux d’en savoir plus sur mon parcours légèrement hors norme. Plutôt en forme ce jour là, j’ai envie de les intéresser et j’y vais franco du récit de mon année 1968 : offensive du têt à Saigon, mai à Paris, août à Prague, novembre dans l’Alabama pour les élections américaines et, décembre à La Havane où je vivrai pendant deux ans grâce à des traductions et à des cours de judo.Suit mon intérêt pour les révolutions en Amérique centrale. Le fait qu’à l’époque j’y crois, à Fidel Castro comme aux Sandinistes avant de passer de la politique qui ne change pas grand chose aux possibilités qu’ouvrent la technologie. Installation dans la baie de San Francisco, tour du monde de l’innovation, travail sur les villes, notamment intelligentes. Mon inquiétude face à Trump et sa manipulation, entre autres, de la puissance, de la haine et de la peur. La totale. Dans la bonne humeur.Plaisir de dire mon envie directrice de voir le monde changer, de tenter de comprendre sur le terrain tout ce qui peut y contribuer, d’affirmer mes positions de gauche devant de possibles amis en espérant qu’ils y soient sensibles et que cela nous permette d’aller plus loin. Mais l’heure tourne et je dois finir par me lever.PartagerCroisé à l’attaqueC’est ce juste à ce moment qu’un client assis à la table d’à côté et dont j’avais remarqué qu’il avait délaissé sa lecture pour mieux nous écouter - j’ai même eu l’infantilisme de croire qu’il s’intéressait à mon récit - interrompt nos adieux avec les mots suivants prononcés dans un français parfait enluminé d’un délicieux accent américain : « Vos histoires c’est fini. J’ai voté trois fois pour Donald Trump, pas parce que j’avais peur mais parce que je suis chrétien et qu’il défend nos valeurs. Et d’ailleurs c’est pas la peine d’essayer de revenir aux États-Unis, le FBI a sûrement toutes les informations sur vous et il ne vous laissera pas rentrer ».Pas vraiment d’envie de me convaincre mais recours évident à la menace. Dans un café parisien. Et moi, pris dans les joliesses de mon discours, pressé par le retard à mon prochain rendez-vous, je ne trouve rien de plus malin à lui dire que : « Je me retrouverai ainsi dans la même situation qu’Oscar Arias, ancien président du Costa-Rica et prix Nobel de la paix à qui votre gouvernement a retiré son visa. Une compagnie qui m’honore ».Il reste coi.Je quitte la scène, plutôt content de ma répartie…Mais il me faut quelques minutes, alors que je m’éloigne, pour comprendre mon ridicule, mon incapacité de résister au mot d’esprit facile plutôt que de réagir à l’offensive idéologique. Car c’est de cela qu’il s’agit, et c’est à cela que nous devons nous préparer, contre quoi nous devons lutter.Les diplomates s’en mêlentHubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, estime que l’Europe est en train de devenir « trumpienne », que les idées du magnat de l’immobilier gagnent du terrain.Nous aurions tort de les prendre à la légère.Elles s’appuient sur une doctrine baptisée « black enlightment » ou « Lumières [en référence au Siècle des…] noires » dont vous trouverez les principales références sur le site du Grand Continent, notamment cet article intitulé Atlas de la pensée néoréactionnaire.Outre les bénévoles, comme celui que j’ai rencontré, l’offensive déploie ses croisés.J.D. Vance a donné le ton lors de son fameux discours de Munich. Les sbires du département d’État prennent la relève systématiquement comme le montre un article du Monde au titre révélateur : « Les envoyés très spéciaux de la diplomatie américaine pour « évangéliser » l’Europe ». A la recherche « d’alliés civilisationnels » deux jeunes diplomates du Département d’État sillonnent le continent et multiplient les pressions.Partager Myriades \ Francis PisaniEn Grande Bretagne ils rencontrent le plus puissant lobby antiavortement. En Irlande ils menacent de retirer les visas d’accès aux États-Unis aux fonctionnaires qui appliqueraient le Digital Services Act (DSA) mis en place par l’Union européenne, en 2023, afin de forcer les géants du Web à réguler leurs contenus.En France, qu’ils semblent avoir comparé à la Corée du Nord, ils protestent contre l’atteinte à la liberté d’expression que représente, selon eux, la condamnation de Marine Le Pen pour détournement de fonds publics et rencontrent des cadres du parti (mais pas les deux principaux dirigeants). Selon Pierre Haski, éditorialiste de France Inter et président du conseil d’administration de Reporters sans frontières qui les a reçus « Leur démarche était clairement idéologique ».A nous de comprendre qu’il s’agit d’une offensive en bonne et due forme… et d’y répondre. Le mépris ou les mots d’esprit, comme celui avec lequel j’ai cru m’en tirer, ne feront pas l’affaire. A bientôt…Abonnez-vous maintenant

Publié le 22.06.2025 à 19:36

Iran, Israël, US : escalade, enlisement ou trou noir ? ≈071

Comme vous, peut-être, comme beaucoup, j’ai passé plusieurs semaines sidéré par la montée visible, inéluctable du recours à la force, à la violence, à la destruction systématique au cours des derniers mois.Par la dynamique enclenchée en différents endroits de la planète à l’intérieur de multiples pays comme dans les relations internationales.Myriades \ Francis Pisani est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.Par son succès apparent et sa capacité à faire tâche d’huile.Chacun avec ses raisons, parfois ses prétextes, Poutine et Netanyahou mènent la danse. Trump les suit tous les deux et, de Kagame (Rwanda) à Modi, Xi et Erdogan, pour ne mentionner que les plus visibles, un nombre croissant de dirigeants et de mouvements politiques nous entrainent dans une dynamique plus dangereuse encore qu’il ne semble. De plus en plus éloignée du droit.Commençons par l’actualité de ce 22 juin 2025.Simulation par la NASA de ce que pourrait représenter le plongeon dans un trou noir. Pour la vidéo, tapez sur votre moteur de recherche : black hole simulation nasa« Escalade » ?« Escalade » est un des termes les plus couramment employés pour décrire les évènements de ces neuf derniers jours.Indiquant un mouvement vers le haut, il donne une tonalité presque positive à la surenchère combinée de Jerusalem et de Washington que personne, en tous cas aujourd’hui, ne semble pouvoir contenir.
  • L’appareil sécuritaire israélien fonctionne, grâce à la maîtrise de sa technologie, à un niveau dont la plupart de ses ennemis n’a pas la moindre notion. Nous l’avons vu à Gaza. De plus, les pratiques et déclarations du Hezbollah que Jerusalem a su tourner, chaque fois à son avantage, l'ont montré de façon limpide. C’est plus surprenant dans le cas de l’Iran mais, quelque soit sa sophistication dans le nucléaire (dont on n’est pas certain qu’elle soit aussi avancée que le prétendent Netanyahou et Trump), elle n’a rien à voir avec celle des technologies de l’heure : drones et intelligence artificielle. Le régime paye son obstination dans ce domaine en même temps que le rejet répandu de son fondamentalisme religieux intolérant et répressif.
  • Un suivi attentif de l’évolution d’Israël et de sa façon de mener ses guerres depuis l’attaque terroriste menée par le Hamas le 7 octobre 2023 montre que le recours massif et sans états d'âme à la force, à la destruction et aux massacres paye (à court terme en tous cas). Il est trop tôt pour dire si le programme nucléaire iranien est détruit pour toujours et si le régime tombera. Dans un cas comme dans l’autre, les doutes (de nature différente) sont permis. Mais il est clair, à court terme en tous cas, que le “patron” d’Israël depuis trois décennies peut fêter son triomphe.
  • Reconnaissons-le… en précisant que cela risque de se révéler très grave pour le reste de la planète et dans le long terme. Ce qui compte maintenant c’est d’évaluer la dynamique dans laquelle ils ont engagé le Moyen Orient et le reste du monde.
« Escalade » ne permet pas a elle seule de comprendre la logique à l’oeuvre.« Quagmire » (bourbier) ou « black hole » (trou noir)?Lundi dernier, en écoutant un podcast de The Economist sur la situation au Moyen Orient, j’ai entendu revenir, dans les dernières minutes, le mot « quagmire » (bourbier). A peine prononcé par un des experts il était repris par d’autres. Je le prends comme un signal d’alerte.Car « quagmire » a une longue histoire, en tous cas depuis la guerre américaine contre le Vietnam rappelle le site PoliticalDictionary.com pour souligner que Washington y avait mis les pieds peu à peu. Certains auteurs en ont même fait une théorie pour dire que l'implication s’était faite « par inadvertance » précise Wikipedia en anglais. Une façon de se défendre en affirmant que les intentions n’étaient pas mauvaises, qu'il s’agissait d’une « tragédie sans méchants », que le Washington d’alors avait les meilleures intentions du monde.Le même terme a été utilisé pour qualifier l’intervention lancée par Bush contre l’Iraq en 2003.Reprenant l’image, Max Boot écrivait en 2019 dans le Washington Post que « Une guerre avec l’Iran serait la mère de tous les bourbiers » en référence à la fameuse phrase de Saddam Hussein annonçant au moment de s’attaquer à Koweit « la mère de toutes les batailles » et dont on sait comment elle s’est terminée pour lui.Même l’enlisement pourrait se révéler une illusion.Début septembre 2003, 5 mois après le début de l’intervention américaine lancée par Bush contre l’Iraq, un ancien militaire américain trouvait trop optimiste la notion de bourbier. Il s’agit plutôt, écrivait-il, sur le site du think tank Foreign Policy in Focus, d’un « black hole », au sens astronomique du terme, un trou noir; « un voyage à sens unique dans un « tunnel » avec une force de gravité écrasante dans lequel même la lumière se perd ». Image radicale mais, si j’ose dire, lumineuse : une fois qu’on met le doigt dedans on n’en sort plus.PartagerComment aborder les mutations en cours ?Aucun conseil à donner, bien sûr, mais permettez-moi ces quelques réflexions :
  • Chacun.e d’entre nous tend à s’inquiéter, qui des menaces contre l’environnement, qui des dangers de l’intelligence artificielle, qui de la crise économique probable, qui des bouleversements culturels ou géopolitiques. Leurs interactions semblent ouvrir une période d’authentique mutation. C’est peut-être dans ce sens que nous devons essayer de penser et d’agir.
  • Les tristes sires (« no King » disent les manifestants américains) mentionnés plus haut montrent chacun, mais de façon implacablement similaire, que leur mépris du droit vaut aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ils nous enfoncent dans une période dominée par la logique de la haine, de la violence et de la puissance. Nous pouvons nous y opposer en misant sur la force des relations entre celles et ceux qui agissent en différents lieux, à différents niveaux.
Dépêchons-nous de profiter de la liberté d’expression et du droit de vote dont nous disposons pour condamner, voire punir, le manque de courage de nos dirigeants Européens.
  • Que le régime des ayatollahs soit indéfendable ne veut pas dire qu’on a le droit, qu’il soit avisé, de faire ou de laisser tomber sur lui le « Marteau de Minuit » (nom de l’opération lancée par le Pentagone).
  • Et quelle ironie destructrice. En même temps, et je choisis mes mots, qu’ils donnaient crédit à l’apparente possibilité de négociation alors que Trump préparait ses frappes, nos dirigeants se sont montrés victimes du biais cognitif bien connu sous le nom de « loi de l’instrument », selon laquelle qui possède un marteau a tendance à tout voir comme un clou !
  • Et il y a plus grave. Notre tolérance avec les guerres d’Israël choque un grand nombre d’autres pays et forces de la planète - généralement concentrées au sud - ceux que l’Amérique de Trump expulse, bannit ou cherche à détruire… et que la Chine courtise.
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Publié le 07.05.2025 à 08:59

Allô « Résilience », nous avons un problème… ≈070

Bonjour,Le mot « résilience » sonne bien. Un peu trop peut-être. Nous tendons à lui accorder plus de vertus qu’il n’en possède et l’usage abusif que nous en faisons risque de nous faire croire, quand nous l’adoptons, qu’il nous aide à bien poser un problème qu’en fait nous ne faisons que repousser sans nous donner une chance de bien l’aborder.Quel problème ?Le plus important peut-être de notre époque : comment faire face aux exigences de changements qui émergent et s’amoncellent. Comment ne pas seulement résister, voire même s’adapter à ce qui s’annonce, à ce qui nous arrive.Une question trop souvent mal posée.« Nous ne sommes pas arrivés là où nous sommes grâce à la notion de résilience » […], elle « étouffe les mécanismes de croissance et d'évolution » écrit l’économiste Nassim Nicholas Tayeb dans son livre Antifragile. Ce professeur à l’Université Polytechnique de New York est aussi l’auteur de la théorie du cygne noir qui traite des « événements imprévus à grandes conséquences et [de] leur rôle dominant dans l'histoire ». Exactement ce qui nous intéresse aujourd'hui.Mais de quoi parlons-nous?L’art japonais du kintsugi consiste à réparer une céramique ébréchée ou cassée à l’aide laque et de poudre d’or pour l’utiliser à nouveau. Exposition Entre art et résilience. Maison du Japon à Paris. https://www.mcjp.fr/fr/kintsugi-entre-art-et-resilienceRésistance, résilience, adaptabilité« La résilience est la capacité d’un système à revenir à son état initial après avoir été perturbé, » explique le site Géoconfluences (Ressources de géographie pour les enseignants). « De façon plus précise, l’UNISDR (United Nations International Strategy for Disaster Reduction) définit la résilience comme « la capacité d’un système, une communauté ou une société exposée aux risques, de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger (...), notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base ».Un progrès quand on se préoccupe de changement dans la mesure où ce terme se propose de dépasser les limites de la résistance qui cherche, par des travaux de correction, comme une digue, à s’opposer à l’aléa, tandis que la résilience vise à en réduire au maximum les effets. « La résistance prétend éliminer les risques en éliminant les aléas, la résilience admet que ce n’est pas possible; […] Elle reconnaît que le dommage n’est plus lié à une relation entre deux facteurs, comme entre aléa et vulnérabilité, mais à un ensemble de facteurs en interaction, à un système. »Partager Myriades \ Francis PisaniL’intérêt principal de cette précision est, à mes yeux, d’introduire une dynamique, une évolution dans la façon de se préparer aux perturbations, aux menaces, aux bouleversements. Elle pose un début de gradation dans la stratégie envisageable au lieu d’enfermer dans une unique acception, d’autant moins utile qu’elle est utilisée à toutes les sauces.Et maintenant que nous sommes lancés, nous n’avons aucune raison de nous arrêter là. Je parie que vous avez pensé à ce troisième terme fort utile: « adaptabilité ».Nous sommes enfin à notre aise. Il s’agit tout simplement de la faculté de s’adapter ou, comme le propose le site Indeed (moteur pour l’offre et la recherche d’emplois), de la « compétence comportementale qui vous permet d'adopter et d'accepter des évolutions ou changements de façon rapide ».Mais comment s’y retrouver avec ces trois notions : résistance, résilience, adaptabilité?Pour m’en sortir j’ai demandé au chat de Mistral.ai de me simplifier tout cela. Voici sa réponse:« En résumé, la résistance concerne la capacité à supporter des pressions sans changer, la résilience concerne la capacité à se remettre d'un choc, et l'adaptabilité concerne la capacité à changer et à s'ajuster à de nouvelles conditions. »Content.e.?Pas moi.La dynamique est enclenchée mais ne s’arrête pas là. Nous sommes toujours dans la réaction.Vers une théorie quantique de l’histoire ?Ce qui manque?L’anticipation d’un changement plus profond, d’une éventuelle mutation ou, mieux encore, d’une conception non-linéaire de l’histoire susceptible de se développer dans de multiples directions.Bizarre? A première vue, bien sûr. Mais le temps est venu de prêter attention à ce qui se présente comme une « théorie quantique de l’histoire » proposée par le philosophe Slovène Slavoj ZIzek. Une approche qui s’appuie sur la physique la plus avancée et rejoint le taoïsme le plus ancien.La « direction » de l’histoire n’est pas déterminable. Elle peut avancer, reculer ou faire un pas de côté résume Nathan Gardels dans Noéma Magazine.C’est, peut-être, cela que nous devons comprendre.J’y reviens aussi vite que je peux.Plus que jamais vos commentaires, suggestions et critiques sont les bienvenus.Abonnez-vous maintenant

Publié le 02.04.2025 à 08:25

Tout casser, tout brûler, le « brokenism » pro Trump ≈069

Xi, Poutine et Trump ont en commun de vouloir «renverser la table», a déclaré Pierre Haski lors de sa récente intervention sur Hors Norme.Image forte et d’autant plus belle que paradoxale.Ils s’attaquent tous les trois à l’ordre international établi à l’issue de la deuxième guerre mondiale sous l’égide des US. On le savait du russe et du chinois dont on comprend facilement qu’ils s’en considèrent les victimes. La surprise tient au fait que Trump les rejoigne au motif que cet ordre ne lui convient plus.Qu’il s’agisse de son besoin de simplicité, de sa sympathie pour les dirigeants autoritaires ou de son hypothétique espoir de séparer les deux autres, les tentatives d’explications les plus courantes me semblent insuffisantes.Suivons le Klash des mots…Brokenism-MuskChainsaw©EricLee-NYT https://www.nytimes.com/2025/02/21/us/politics/elon-musk-doge-cpac-chainsaw.html
De quelle table parlons nous? Échecs, go, poker… ou golf?Les médias anglo-saxons parlent plus volontiers de renverser l’échiquier «overturn the chessboard». Une image que Poutine peut comprendre mais pas Xi, formé au go, ni le maître de Mar-a-Lago qui ne brille qu’au golf…Il a pourtant dit à Zelensky qu’il n’avait pas toutes les «cartes».Songeait-il au poker? Possible pour un homme de sa génération et de son style. Mais toujours avec son pistolet sur la table.Dialogue vraiment difficile qu’il pourrait croire régler en renversant cette dernière, quel que soit le jeu qui s’y joue.Mais j’ai du mal à imaginer qu’il veuille vraiment «du passé, faire table rase», comme le promettait l’Internationale, cette rengaine que Xi et Putin chantonnent depuis leur plus tendre enfance et à laquelle tout indique qu’ils ont renoncé.Du bluff tout ça? En partie, comme toujours, mais la référence à la brutalité est omniprésente dans le jeu de Trump, plus présente encore dans sa politique interne.Partager Myriades \ Francis PisaniPolitique intérieureIl est courant pour les autocrates (et pas que) de mener des politiques apparemment contre productives, quand on les observe de l’étranger, mais sources de gains en politique intérieure, celle qui compte vraiment.Or les sondages indiquent que 90% des Républicains sont contents des premières actions de leur président qui traite les autres par le mépris, la menace et parfois même la terreur sans la moindre envie de les séduire.Début de piste?J’en ai trouve une dans un débat organisé par le New York Times entre ses quatre chroniqueurs les plus conservateurs invités à répondre à la question : «Pourquoi tant de républicains apprécient-ils la direction que Trump donne au pays?»On y trouve un peu de tout, l’immigration, le fossé grandissant entre parti démocrate et travailleurs, les méfaits du wokisme intolérant, la haine des élites ou le ressentiment généralisé.Mais une explication se détache, formulée par David Brooks : «C'est l'idée que tout est cassé et qu'il faut tout brûler».BrokenismIl la prend dans un début de réflexion théorique formulée voici deux ans sur Tablet.com un «a Jewish magazine about the world» par sa directrice, la new yorkaise Alana Newhouse.Sous le titre « Brokenism » («broken» veut dire cassé) , impossible à traduire, elle proposait une vision de la situation américaine selon laquelle « Le vrai débat aujourd'hui n'est pas entre la gauche et la droite. Il est entre ceux qui s'investissent dans nos institutions actuelles et ceux qui veulent en construire de nouvelles. »En clair :
  • Les «brokenists», [celles et ceux qui se retrouvent dans cette approche] pensent que nos institutions actuelles, nos élites, notre vie intellectuelle et culturelle et la qualité des services dont beaucoup d'entre nous dépendent ont été vidées de leur substance. Pour eux, l'establishment américain, au lieu d'être une force de stabilité, est un enchevêtrement obèse et corrompu de pouvoirs fédéraux et d'entreprises qui menacent d'étouffer le pays tout entier.»
  • «Les brokenists viennent de tous les horizons de l'échiquier politique. Ils ne sont pas d'accord entre eux sur les types de programmes, d'institutions et de cultures qu'ils souhaitent voir prévaloir en Amérique. Ce sur quoi ils s'accordent - et c’est plus important que tout le reste - c'est que ce qui fonctionnait auparavant ne fonctionne plus pour un nombre suffisant de personnes.»
Laissez un commentaire.Pour illustrer son propos elle les oppose aux «statu-quoïstes», parmi lesquels elle range aussi bien Alexandria Ocasio-Cortez, la jeune star latina et démocrate, que les Républicains opposés à Trump, comme Liz Cheney. Elon Musk et le célèbre investisseur Marc Andreessen sont des brokenists (que Deepl n’hésite pas à traduire par « cassandres »… formé à partir du mot « casser », ironie de la traduction automatique). Elle leur associe un peu vite Bernie Sanders qui ne me semble appartenir à aucun de ses deux groupes, lui qui n’a jamais confondu droite et gauche.Je limite ici la nécessaire approche critique de la vision proposée. Il suffit, ici, d’enregistrer qu’elle existe.« Tout casser pour que… »Brutal. Limpide. Excellent pour la comm et manifestement simpliste, le terme « brokenism » appelle à la main mise sur la société américaine de la poignée de milliardaires réunis dans le bureau ovale. Comme me l’a fait remarquer l’ami Jacques Rosselin, il masque bien leur entreprise de destruction de l’État et tout ce qui est « bien commun ». Mais on les voit mal s’en prendre au système lui-même, l’hyper-capitalisme d'aujourd'hui.Le terme rappelle, en fait, le doux Guépard de Lampedusa.La violence en plus.En passant de « tout changer pour que rien ne change » à « tout casser »… avec la même intention, il fait ressortir ce qui menace de devenir la caractéristique du régime Trump : la violence.Symbolisée par la tronçonneuse de Musk, nous pouvons comprendre qu’elle détruise beaucoup tout en doutant qu’elle serve à trancher la branche sur laquelle ces messieurs sont - ou se croient? - bien assis.Renverser la table autour de laquelle ils devraient causer sans scier la branche sur laquelle ils posent leurs fesses… n’est-ce pas là le défi des trumpists jouant aux brokenists?…PS-Ce post est également publié sur Aquarius.news Abonnez-vous maintenant

Publié le 20.03.2025 à 17:59

Guerre à « guerre » ≈068

Bonjour,Un peu de nouveauté…J’ajoute, à partir d’aujourd’hui, une rubrique consacrée à la guerre des mots et des idées : « Parlons Klash ».Outre Myriades, elle apparaît aussi sur le nouveau site Aquarius.news nouveau media dédié à l’innovation civile au service de la défense et de la protection des citoyens. Une entreprise résolument européenne.Voici comment je l’y présente:Bonjour et bienvenue sur un champ de bataille où on perd, parfois, la vie et, trop souvent, la tête : la guerre des mots.Mais attention : « Abandonnez toute certitude, vous qui entrez ici ».On ne se baigne jamais deux fois dans le même mot. A nous d’en explorer la plexité (j’y reviendrai), les connexions, les réseaux de sens qu’anciens et nouveaux peuvent ouvrir, de s’y balader, d’en titiller les confins.En bref, il faut se battre avec les mots, contre, pour et sans eux (ça arrive même aux clavitifs).Parlons Klash!« Guerre » ne veut plus rien direChez nous, en Ukraine, la guerre est là.A Varsovie, Berlin, Stockholm ou Chisinau, le mot est sur bien des bouches et dans bien des têtes. Elle guette, elle est proche, présente même.Mais le mot n’a plus de sens. L’utiliser ne fait qu’augmenter la confusion, le brouillard qui l’accompagne toujours dirait-on en anglais (fog of war).Le mot - pas sa réalité - ne veut plus rien dire.Larousse le définit comme une « Lutte armée entre États »… « considérée comme un phénomène historique et social (s'oppose à paix) » précise Le Robert.Ceux qui la font, Poutine, Netanyahou et plein d'autres, se gardent bien d’utiliser le terme qui les obligerait à respecter les règles du droit international.Qui la déclare - George Bush contre la terreur et Macron contre la COVID - s’en prend à des problèmes que la guerre ne saurait résoudre et qu’on ne peut considérer comme réglés. « Une guerre peut prendre fin lorsqu'il y a reddition et capitulation de l'État vaincu » explique le site officiel Vie Publique.L’Ukraine et la Russie sont donc bien « en guerre », même si l’agresseur ne le reconnaît pas. Destructions et victimes sont là pour en porter l’horrible témoignage. Mais l’invasion russe reste, officiellement, une « opération spéciale ».Interrogez votre IA ou votre moteur de recherche préféré et vous verrez qu’à part trois conflits non conclus par des traités de paix, le monde ne connaît pas de guerre officielle en ce moment. Et pourtant, le nombre de conflits armés en cours s’élève à près de 60 pour le Peace Research Institute d’Oslo, à 110 selon la Geneva Academy.PartagerUne piste : « conflagration »Le Figaro nous donne une belle et courte histoire de la vie française du mot « conflagration ».
  • Désignant au départ - en 1690 - un « incendie de ville, le terme s’applique aujourd’hui à un « Conflit international de grande envergure ».
  • L’évolution s’explique par l’origine latine du terme. « Flagrare » veut dire brûler. Accompagné du préfixe con (ensemble) il indique plusieurs éléments brûlant ensemble.
Et c’est là que, pour moi, con-flagration prend toute sa force.« Guerre » a l’énorme défaut d’être strictement binaire. Il y a, ou il n’y a pas, on est, ou on n’est pas en « guerre ». Or il s’agit toujours de dynamiques complexes dont on espère rendre compte en les disant « hybrides » ce qui ne fait guère avancer le schmilblick (un autre terme sur lequel je pourrais revenir…).Reste l’adjectif. On peut dire d’une situation et, avec encore plus de pertinence, d’une dynamique, qu’elle est « conflagrationnelle ».Qui se refuse à dire que l’Europe est déjà en « guerre » aura du mal à nier qu’elle vit une situation « conflagrationnelle ».Ça suffit pour se préparer, pour se mettre au travail comme Aquarius.news nous y invite.Maintenant.Pauvre TolstoïMais, implacable logique, le mot « paix » auquel on aspire dans toute situation « conflagrationnelle » est aussi peu utilisable et, peut-être, encore plus mensonger que « guerre ». Pauvre Tolstoï !Diplomates et politiciens s’en gargarisent.Dès qu’ils brandissent le terme nous savons qu’ils se et nous trompent.Shooté aux réalités alternatives Trump la promet. Moquette.Je vois mal une figure responsable promettant de « déflagrer » la zone entre la Russie et l’Europe, mais aussi le Moyen Orient, les mers de la Chine du sud, le Myanmar, le Soudan etc.Peu vraisemblable… mais que ce serait bon d’entendre parler Klash…Allez vite y faire un tour sur Aquarius.news et... abonnez-vous.

Publié le 02.03.2025 à 09:46

Dire NON! comme Zelensky ≈067

Bonjour,Difficile de s’y retrouver dans cette actualité secouée par une stratégie trumpienne fondée sur la la menace, le chantage, la peur qu’elles suscitent, sa gueule irascible, ses mensonges assassins.Piégés par la confusion, minés par des années d’impuissance face à ce monde que nous voyons se détruire sans trouver comment l’améliorer, nous avons, à des degrés variables, tendance à nous réfugier dans le déni, la recherche d’un refuge loin de toute hypothèse nucléaire, ou la déprime.Arrêtons.Point n’est besoin d’avoir une réponse claire, de savoir quoi faire et avec qui.Commençons par dire : NON! pour inverser la dynamique.Comme l’a fait Zelensky dans le bureau ovale, au coeur de la Maison Blanche, à la face de Trump, au nez de Vance l’idéologue provocateur d’un président déstabilisé par la fermeté de son interlocuteur ukrainien qu’il pensait manipuler comme une marionnette.Quel courage. Quel force. Et quelle intelligence.Sa marge de manoeuvre étant proche de zéro il a joué la carte de la dignité contre celle du mépris.En disant simplement NON!.Position morale qui ne règle pas tout, mais bon début dont nous avions le plus grand besoin.PartagerCommençons par dire : NON!NON! est le premier mot de toute rébellion comme de toute innovation.
  • Galilée n’a pas commencé par affirmer : « Et pourtant elle tourne ». Tout a commencé quand il s’est convaincu du fait que, NON! le soleil ne tourne pas autour de la terre.
  • Les colons de Boston on dit NON!, en 1773, aux impôts exigés par le roi d’Angleterre, avant de participer, trois ans plus tard, à la déclaration d’indépendance des États-Unis.
  • De Gaulle a dit NON! au renoncement de Pétain avant d’organiser la participation des Français à leur libération.
  • Steve Jobs a dit NON! aux ordinateurs tristes et compliqués avant de lancer le Mac.
  • C’est en disant haut, fort et publiquement NON! que les femmes ont fait reculer le harcèlement sexuel.
  • etc., etc., etc.
Paradoxalement, dire NON! c’est prendre position contre le nihilisme, au sens où Nietzsche l’entend, c’est affirmer ses valeurs, s’affirmer face à l’impuissance.Deux précautions malgré tout :
  • Tous les « NON! » n’ont pas le même sens… Le fait de protester, de refuser, de s’opposer m’est généralement sympathique. Mais il faut faire attention à ceux qui dévient le terme, pour protester contre les vaccinations par exemple.
  • Dire NON! ne suffit jamais. Il faut agir après, proposer, dialoguer… Sur de meilleures bases quand on a d’abord fait état de sa capacité et de sa volonté de refuser l’inacceptable.Laissez un commentaire.
Le NON! de Zelensky l’a-t-il affaibli ?Certains analystes estiment que le président ukrainien est tombé dans un piège, qu’il n’a plus d’alternative et qu’il est maintenant condamné. En gros, qu’il a commis une erreur.Le dialogue entre Trump et Poutine lui avait fermé toutes les portes.Zelensky a pris des risques pour son pays et pour sa vie.Mais son NON! a donné une chance aux dirigeants européens de se ressaisir plus vite qu'ils n'auraient souhaités.Il nous a donné l’exemple.Que pouvons-nous en apprendre ?Adopter une position morale dans une situation critique peut sembler inutile.C’est pourtant ce dont nous avons le plus besoin, ce qu’aucun autre dirigeant ne nous propose.Tant de choses nous heurtent. Le sentiment d’impuissance nous bride. Qu’il s’agisse de la lutte contre la crise climatique, des attaques au Kärcher contre la biodiversité, de la protection sociale, de la fin du mois, de l’éducation des enfants ou de la réglementation des grandes fortunes ou de la BigTech.Et nous avons tendance à repousser l’action faute de savoir quoi faire, ou d’y croire.Commençons par un tout petit mot qui sort des tripes, que nous ne sommes pas seul.e.s à hurler et qui commence à nous engager.Commençons par dire NON! à tout ce qui nous écoeure, nous dégoûte, nous scandalise, nous menace.Et mettons nous à l’oeuvre.Merci Monsieur le Président de l’Ukraine.Laissez un commentaire.Partager Myriades \ Francis PisaniAbonnez-vous maintenant

Publié le 21.02.2025 à 12:37

Président, et si vous alliez à Pékin lundi ? ≈066

URGENTMonsieur le Président,Si vous voulez être écouté, ça n’est pas à Washington qu’il faut aller lundi, mais à Beijing.Reprenant une formule chère aux innovateurs et aux startups que vous aimez je vous dis : « Et si… » vous aviez l’audace de renverser la table à votre tour ?L’hypothèse : Si vous voulez qu’Europe et Ukraine figurent à la table des négociations Trump-Poutine, qu’elles aient une chance de participer aux décisions concernant leur futur, rendez visite à Xi (il trouvera sûrement un créneau dans son agenda).Series: Nixon White House PhotographsPourquoi ?
  • Parce que vous n’êtes pas assez fort pour faire bouger Trump en le suivant. Vous n’y gagnerez que mépris ;
  • Parce qu’il vous respectera si vous lui donnez la preuve que vous avez compris sa vision stratégique ;
  • Parce que vous pouvez négocier avec Xi sur des bases d’intérêts mutuels bien compris et donc en tirer quelque chose et marquer l’opinion mondiale avec un geste fort.
Détourner le chaos avec une poignée de main… Quoi de plus élégant ?Songez à celle de Nixon et Mao en 1972. Et si la tête de ce président là ne vous reviens pas, pensez à l’impact de Kissinger sur son époque.Thanks for reading Myriades \ Francis Pisani! This post is public so feel free to share it.PartagerNe regardez pas le doigt qui cache la lune« Le deal pour les nuls », selon Trump, consiste à frapper fort, dérouter ses interlocuteurs, avant de se mettre à table.Ses injures contre Zelensky n’en sont que la manifestation la plus récente, la plus ridicule si elle n’était des plus dangereuses quand on sait la façon dont Poutine règle leur sort à tous ceux qui le gênent un peu trop dès qu’ils sont moins protégés.Comme les ingénieurs du chaos qui misent sur l’émotion pour masquer la vérité, ou comme les pickpockets qui vous bousculent d’un côté pendant qu’un acolyte vous vole de l’autre Trump vous (nous) choque pour s’assurer que nous n’aborderez que trop tard la seule question qui compte pour lui : l’affrontement Chine-États-Unis.L’émotion est à son maximum. Nous ne pensons qu’au scandale et à la Russie oubliant ainsi qu’elle n’est qu’une puissance de deuxième ordre au niveau planétaire, malgré son arsenal nucléaire. Question qui pourrait être vite réglée dans les mois qui viennent par un nouvel accord entre Washington et Moscou.En clair, et dans un premier temps, Trump est disposé à faire tous les cadeaux que Poutine lui demande… mais pas seulement parce que l’homme lui est sympathique, ni même parce qu’il est intéressé par les métaux stratégiques.Tout cela est vrai, mais pas déterminant.« Et si… » l’offre véritable de Trump à Poutine était de le sortir du piège géostratégique dans lequel il s’est lui-même jeté en envahissant l’Ukraine sans prévoir qu’elle résisterait.« Et si… » dans ce billard à trois bandes, Trump cherchait à séparer la Russie de la Chine ?Laissez un commentaire.Eurasie + Afrique : un Yalta gargantuesque… à 2Maintenant que ses visions impériales pour le continent américain et le Groenland sont claires, Trump pourrait bien négocier le sort du reste de la planète : l’Europe, l’Asie et même l’Afrique. Aucune raison de se limiter si tout le monde marche et que Poutine est complice… pour de bonnes raisons.Revenons à la surprise ukrainienne en février 2022 quand l’armée russe a échoué devant Kiev.
  • Le maître du Kremlin n’a rien trouvé mieux que de proposer son indéfectible amitié à Xi en échange d’une aide économique et militaire. Il livrait tout son front Est à son plus sérieux adversaire géopolitique. Car, comme le remarque l’ancien diplomate singapourien Kishore Mahbubani le 18 février dans la revue Foreign Affairs : « Quel est le principal rival stratégique de la Russie, l'UE ou la Chine ? Avec qui a-t-elle la plus longue frontière ? Et avec qui sa puissance relative a-t-elle tant changé ? Les Russes sont des réalistes géopolitiques de premier ordre. Ils savent que ni les troupes de Napoléon ni les chars d'Hitler n'avanceront à nouveau jusqu'à Moscou. » A fortiori, vous me l’accorderez, celles et ceux de l’Union Européenne.
  • Mais il ne s’agit pas que de l’Eurasie puisque l’ultime affrontement est planétaire. Pourquoi pas inclure l’Afrique pendant qu’on est à table. Maintenant que la France est hors jeu militairement, soutenir Poutine lui permettrait de faire intervenir une puissance expérimentée à moindre frais. Une coopération ne saurait être exclue. Et Poutine pourrait ainsi préserver l’accès aux richesses minières ouvert par l’ancien groupe Wagner.
Tout est dans la poignée de mainQue discuter avec Xi ?
  • Mahbubani conseille à l’Europe de pousser la Chine à participer au développement de l’Afrique afin de réduire les migrations qui lui posent problème. Pas une mauvaise idée venant d’un expert… Vous pourriez juste ajouter que l’expérience française suggère de ne pas être trop gourmand.
  • Appuyez vous sur la confirmation du soutien chinois aux accords de Paris abandonnés par Trump. Nos préoccupations sont assez proches en matière d’environnement et de crise climatique. Nos intérêts aussi.
  • Quant à l’intelligence artificielle, les perspectives sont immenses. Pékin a signé l’accord conclu au sommet que vous venez d’organiser. Coopérer pour le développement d’IA plus frugales (pensez au Chat de Mistral ou à DeepSeek ) que celles conçues à Silicon Valley intéresserait la pus grande part de l’humanité.
Mais n’allez pas trop loin. Je vous dis pourquoi dans une seconde.Je résume :
  • Si vous faites ce que tout le monde attend de vous, ni l’Ukraine, ni l’Europe n’obtiendront quoi que ce soit de Trump qui ne joue pas, en fait, le match auquel il fait semblant de ne pas vous inviter (sic).
  • Surprenez le, Poutine et tout le monde, en demandant à votre pilote de commencer par Beijing. Cet impensable bien pensé vous mettra dans une position, enfin, de surprise et de force. A lui d’être déconcerté.
Vous hésitez, Monsieur le Président ? C’est compliqué ?Pas tant que ça.Pensez « image » plus encore que « substance ».Serrez-lui la main… devant les caméras (vous savez faire) !PS - Aux lectrices et lecteurs de Myriades : J’espère que ma note à Macron vous a fait sourire… et dites moi - dites « nous » - si vous pensez que l’idée mérite réflexion. Ajoutez vos conseils pendant que nous y sommes…Abonnez-vous maintenant

Publié le 17.02.2025 à 11:24

Souveraineté m’a tuer ≈065

Bonjour,Je commence cette chronique avec un petit sourire jouissif. Elle me permet en effet de m’en prendre « en même temps » à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon tout en égratignant Monsieur Macron soi-même.De quoi s’agit-il ?Du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) qui vient de se dérouler à Paris.Mais pas sous l’angle de la tension (trop souvent binaire) entre l’innovation sans frein et contrôle politique voir sociétal. Sous l’angle de ceux qui en font une question de « souveraineté ».≈065-MurUS-Mex-Nogales_militarytimes.com (Jonathan Clark/Nogales International via AP)Commençons par deux citations tirées de tribunes écrites par les deux leaders politiques évoqués plus haut et publiées le même jour (8 février) par Le Figaro.
  • « Le cœur des questions posées est dans la souveraineté sur les données et les usages qui en sont fait. »
  • « Avec une ambition politique forte, fière et souveraine, la France saura être à la hauteur du défi de l’IA. »
Je vous laisse deviner de qui chacune provient…C’était clairement l’un des thèmes au coeur des discussions, notamment à propos de défense comme le montre Marion Moreau sur Hors Normes.Mais le coeur de mes préoccupations dans ce post est le mot lui-même. Qu’on l’utilise encore me choque.Abonnez-vous maintenantUn terme choquant et dangereuxAdjectif, le terme « souverain » désigne, selon le Robert online, celui ou celle « qui est au-dessus des autres, dont le pouvoir n'est limité par celui d'aucun autre » alors que le nom désigne un « Chef d'État monarchique ». C’est encore le cas deux siècles et demi après que la Révolution de 1789 a « tranché » la question du Roi de France, et transféré la notion au peuple alors menacé par d’autres suzerains européens.C’est pourtant clair. « Souveraineté » semble être apparue sous la plume de Jean Bodin dans un livre publié en 1576 (il y a quatre siècles et demi) pour poser les fondements de la monarchie absolue.Notion abstraite, elle est souvent invoquée pour commettre des crimes concrets, un concept Janus dans lequel Dr Jekyll se fait, une fois de plus, phagocyter par Mister Hyde.C’est le cas quand l’Europe, ou la Chine, ferment leurs frontières pour se protéger de l’immigration ou de la Covid sans discuter des torts créés, quand Poutine l’invoque pour envahir l'Ukraine en prétendant qu'elle menace la Russie, quand Maduro (il n’est pas le seul) refuse tout observateur international pour mieux voler des élections. Et Trump ne fait pas mieux quand il lance des déportations massives et enferme des immigrés sans papiers dans son ancienne geôle pour terroristes. Il fait pire quand il menace d’étendre la « souveraineté » des États-Unis, au Canada, à Panama ou au Groenland.On peut même,en dire, comme l’a écrit Yves Lacoste à propos de la géographie, qu’elle Sert, d’abord, à faire la guerre, qu’elle relève d’un discours idéologique masquant l'importance politique de toute réflexion sur l'espace. Ville ? Région ? Pays ? Qui veut se faire une idée des dynamiques en jeu doit ajouter à la prise en compte des « frontières » les flux qui transitent sur les routes, voies ferrées, lignes maritimes, pipelines et câbles sous-marins, entre autres.Mais, quoique j’en rage, le terme est là. Il est ressenti comme essentiel par beaucoup, qui se sentent menacés par ce qui reste de globalisation comme par ces technologies numériques conquérantes dominées par de grandes puissances qui ne nous veulent pas que du bien.Le piège est dans le mot lui-même : souverain « dont le pouvoir n’est limité par celui d’aucun autre. »Laissez un commentaire.Et si on pouvait s’en éloigner, s’en passer ? Accepter enfin qu’il n’en est pas, qu’il n’en a jamais été ainsi…Changer de métaphoreMoins chatouilleux sur l’origine du terme, de nombreux auteurs posent le problème depuis quelques dizaines d’année déjà, le philosophe allemand Jurgen Habermas comme le diplomate américain Richard Haas et plein d’autres. Leurs principales positions se déploient autour de trois axes :
  • Remise en question de l’importance des États-nations aujourd’hui menacés par la puissance croissante des méga-corporations de l’hyper capitalisme;
  • Interdépendance accrue du fait du rôle croissant des échanges en tous genres.
  • Multiplication des instances internationales plus ou moins contraignantes.
J’y ajouterais volontiers le rôle croissant joué par la société civile, mais la référence reste le contrôle, ou pas, exercé par des États à l’intérieur de murs.« Le temps de la souveraineté absolue et de la souveraineté exclusive... est révolu ; la réalité n'a jamais correspondu à sa théorie » avait prévenu, en 1992, Boutros Boutros-Ghali, alors secrétaire général de l’ONU.≈065-Table négociations_depositphotos.comPeut-être pourrions nous essayer d’autres métaphores inspirées des espaces où l’on cause :
  • La table ronde (du conseil de sécurité);
  • La grande salle (de l’assemblée générale);
La hiérarchie est aussi problématique qu’évidente mais, ce qui compte c’est d’y exister, d’y participer. On gagne plus en étant à la table du dialogue et de l’éventuelle coopération qu’en fermant ses frontières.L’organisation doit, certes, être modifiée pour en étendre la validité. Tout le contraire de ce que fait Trump en semant, à dessein, le chaos planétaire - ne s’amuse-t-il pas à dire qu’il est « cinglé » ? - pour mieux imposer son idéologie de puissance que nous pouvons commencer à décrypter… autour du même terme.Le souverainisteSans affirmer qu’il s’agit de filiation, nous pouvons détecter trois « coïncidences » entre les actions du président américain et des courants de pensée connus.
  • Ce qu'il dit et fait colle avec la théorie de Carl Schmitt, philosophe nazi. Selon lui « La distinction spécifique à laquelle les actions et les motivations politiques peuvent être réduites est celle entre ami et ennemi ». Simple : au lieu de causer on cogne.
  • Ça s’insère dans une conception qualifiée de « souverainiste » - nous voici de retour à notre point de départ - des relations internationales. Elle consiste à refuser « tout enchevêtrement de règles ou de normes d'autrui qui pourrait limiter l'autonomie absolue d'un État à agir unilatéralement dans son propre intérêt » explique Nathan Gardels dans le magazine Noéma.
La notion va de pair avec le mercantilisme, théorie économique classique. Si vous êtes comme moi le mot nous dit quelque chose mais rien de précis. Je suis donc allé vérifier.Il s’agit - la citation prise dans Wikipedia est irrésistible - d’un « courant de la pensée économique contemporain de la colonisation du Nouveau Monde et du triomphe de la monarchie absolue, depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe siècle en Europe ». Elle conduira l’Espagne à l’anémie après la défaite de son « invincible Armada ».La référence fera sourire celles et ceux qui ont lu mon billet 2034, roman réveil, dans lequel la prochaine conflagration commence par un affrontement maritime.Partager Myriades \ Francis PisaniNous n’en sommes pas encore là. Mais la logique « souverainiste » de Trump est clairement à l’oeuvre quand il menace d’écarter Ukraine et Europe de la table des négociations les concernant.Un vrai défi si l’on songe, remarque Gardels dans Noéma, que « L'Union européenne sera la plus désavantagée dans ce nouveau voisinage mondial difficile puisqu'elle est fondée sur la dé-souverainisation de l'État-nation et qu'elle est jusqu'à présent incapable de devenir une puissance significative à l'échelle continentale ».Rien de lui interdit de le re-devenir, sans renoncer aux leçons qu’elle a su tirer de sa propre histoire, pour s’imposer à la table de toute négociation dont son futur dépend.Mais quel examen de conscience, quel travail à faire, quels dialogues à engager entre partenaires, et pas que !Plutôt stimulants il me semble…

Publié le 04.02.2025 à 08:18

Quand l’empire du milieu change de continent et l'IA d'échelle ≈064

Bonjour,« La vraie guerre commence » écrit Jean-Michel Bezat dans sa chronique publiée sur le site du Monde le lundi 3 janvier. Je crois qu’il a raison et que ces quinze derniers jours nous donnent une idée de la façon dont les deux principaux acteurs s’y engagent, en termes symboliques, mais pas que.Le style adopté par Trump pour son retour à la Maison Blanche et l’irruption au timing précis de DeepSeek, une intelligence artificielle chinoise, permet de se faire une idée de comment chacun des adversaires de la grande conflagration géopolitique de cet encore début de siècle (il s’annonce très long) entend passer à l’étape suivante de la confrontation.Un autre Empire du milieu ?Et si le monde venait de basculer, le « moyeu » changer de continent ?Partager Myriades \ Francis PisaniLe pays se vivant comme « Empire du milieu » - immense étendue de terres centrée sur elle-même - est aujourd’hui le nouvel espace impérial conçu et dessiné par Trump2 qui rêve sans doute d’une Amérique « Great Again » pour quelques millénaires.Ses appétits déclarés pour le Canada, le Groenland, Panama et les Philippines visent à mettre les États-Unis au centre d’une masse territoriale protégée par des limbes distantes du centre, auto suffisante en énergie, forte de ses percées en intelligence artificielle et dotée d’un marché permettant à ses plus grosses entreprises de s’enrichir à gogo.En termes symboliques, la mainmise se manifeste par le changement de nom du golfe du Mexique en golfe de l’Amérique. Un pluriel aurait été plus élégant, surtout si on y ajoute la mer qui divise et réunit les Caraïbes et l’Amérique centrale, région que j’ai baptisée Bassin des Ouragans (Cuenca de los huracanes en espagnol) et à laquelle le Secrétaire d’État, Marco Rubio, consacre son premier voyage pour en marquer l’importance.A l’inverse, la suspension de l’aide humanitaire au reste du monde montre le manque d’intérêt et presque le mépris qu’on a pour lui. En se déplaçant, la notion « d’empire du milieu » conserve son sous-texte : tous ceux qui n’en sont pas sont des « barbares ».La Chine module sa stratégieComme si elle voulait souligner ce renversement des rôles (que Trump ne se fasse pas trop d’illusions), la Chine a choisi le même moment pour lancer sur le marché DeepSeek, une mini intelligence artificielle ultra puissante qui a semé la panique à Silicon Valley comme à Wall Street.La technologie pure n’est pas, ici, la partie la plus importante.Les deux points à retenir pour les non-spécialistes sont :
  • Son ouverture. Elle est « open source » ce qui permet à qui veut de copier et adapter les processus utilisés ;
  • Sa frugalité. Son gros travail sur la qualité des algorithmes permet d’utiliser des chips moins chers et de consommer moins d’énergie.
Un tel modèle « remet en question les idées reçues sur les ressources nécessaires à la recherche et au développement de l'IA de pointe, ouvrant ainsi la voie à un écosystème de l'IA plus diversifié et plus inclusif » peut-on lire sur la newsletter The Sequence. Tout le contraire de la stratégie exposée en grande pompe le lendemain du retour de Trump à la Maison Blanche avec le projet Stargate reposant sur un investissement de 500 milliards de dollars sur 4 ans.Pour Azeem Azhar, analyste britannique des plus pertinents, l’émergence d’une solution bien plus économe (en données, en puces et en énergie) était « attendue ». Toutes les innovations s'affinent entraînant ainsi une accélération dans son adoption. La surprise, selon lui, est que l’amélioration vienne de Chine.À Trump qui dit, symboliquement, nous sommes si gros et disposons de tant d’argent que personne ne pourra jamais nous rattraper, une petite startup chinoise répond, ne vous affolez pas, nous faisons aussi bien qu’eux et mettons notre savoir faire à disposition de la terre entière.C’est, côté américain, la puissance et la brutalité des Mixed Martial Arts, dont sont fans Elon Musk et Mark Zuckerberg, contre, côté chinois, une des multiples figures en esquive du Taï-Chi. Je vous laisse choisir entre deux noms de mouvements : « partager à égalité », qui me semble un peu optimiste, et « l’aigle se retourne en vol ».Mais ne vous trompez pas il s’agit bien de guerres à de multiples niveaux. A peine DeepSeek est-elle devenue l’application la plus téléchargée sur l’AppStore, le site de la compagnie a été victime de cyber attaques malveillantes . Étatiques ou privées ? Les deux sont possibles. L’investisseur David Baverez nous l’a annoncé il y a près d’un an avec son livre Bienvenue en économie de guerre que je ne saurais trop vous recommander.Guerre tous azimuts en fait.Laissez un commentaire.Un monde en résonanceForce, puissance, brutalité, vous choisirez l’adjectif qui vous paraît le mieux adapté. J’y vois une pratique d’autant plus inquiétante qu’elle correspond à l’air du temps et que les pires s’y complaisent, à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs frontières.
  • Aux État-Unis mêmes, Trump s’en prend à ceux qui ne sont pas d’accord avec lui… anciens collaborateurs, juges ou médias. On commence à parler de coup d’État;
  • Poutine a ouvert le chemin en assassinant Navalny et en envahissant l’Ukraine;
  • Le gouvernement de Netanyahou a décidé de « refaçonner le Moyen Orient » quoi qu’il en coûte… aux autres.
  • Modi réprime les Musulmans indiens et Xi les Ouïgours, sans états d’âme.
  • Les petits en profitent. Kagame, le rwandais, se dépêche de leur emboiter le pas en envahissant une des régions les plus riches du Congo voisin. Qui aura le culot - ils n’en manquent pas pourtant - de le lui reprocher ?
Pas Trump, en tous cas, qui mène le bal en nous inondant de décisions dont le rythme de publications semble plus important encore que le contenu même. Un style de gouvernement que le philosophe hongkongais Jianwei Xun qualifie dans un article pour Le Grand Continent (et dans un livre) de « gouvernement par l’hypnose » ou « hypnocratie ». Un « système où le contrôle s’exerce non pas en réprimant la vérité, mais en multipliant les récits au point que tout point fixe devient impossible. »Thanks for reading Myriades \ Francis Pisani! This post is public so feel free to share it.PartagerProfitez davantage de Francis Pisani avec l'App SubstackDisponible sur iOS et AndroidObtenir l’app

Publié le 23.01.2025 à 11:45

L’armée de Dieu de Trump ≈063

Impérial ! Autoritaire ! Dangereux ! Prometteur ! Historique ! J’en passe et des pires…Malgré l’hyper couverture médiatique et le tintamarre des sonneries d’alarmes tirées de toute part, ce qui nous lisons, voyons, entendons et qui nous inquiète concernant Trump2 reste en dessous de la réalité.La crainte sur laquelle j’attire votre attention aujourd’hui est, qu’en plus, il ouvre les portes à l’éclosion d’une religion fondamentaliste, en gestation depuis plus de 30 ans, et à son armée de croisés.The Atlantic - Illustration by Nicolás Ortega. Sources: Kevin Liles / Sports Illustrated / Getty; Penta Springs Limited / Alamy.Partager Myriades \ Francis PisaniConnue sous le nom de Nouvelle Réformation Apostolique (NAR en anglais) elle représente une profonde transformation du christianisme américain et son adoption de positions de plus en plus radicales. Le mouvement qui attire des dizaines de millions de personnes de différentes confessions est celui qui croît le plus vite. Plus de 40% des chrétiens (y compris des catholiques) se retrouvent dans ses valeurs. En « guerre » (le terme n’est pas de moi) depuis des années ces gens voient dans le « nouveau » président l’envoyé chargé d’accélérer le retour du royaume de dieu. Ils ont activement participé au soulèvement du 6 janvier 2020. Trump, Musk et le vice-président Vance y puisent tout le soutien qu’ils peuvent.L’armée de dieu sort de l’ombreL’article le plus complet sur la NAR (il n’y en a pas beaucoup) a été publié par The Atlantic sous le titre : The Army of God Comes out of the Shadows (L’armée de Dieu sort de l’ombre). Il est écrit par Stephanie McCrummen, prix Pulitzer (le plus prestigieux) pour ses travaux passés. Comme il est en anglais, et que l’accès est payant, je me permets de vous en signaler les points les plus importants.
  • Il commence par le récit d’une soirée de prières dans une étable en Pennsylvanie deux jours après la victoire électorale de Trump2. Une sorte de « war room » dans laquelle « Au moins une personne, et parfois des dizaines, avaient prié chaque minute de chaque jour pendant plus de 15 ans pour la victoire qui semblait maintenant à portée de main. Dieu était en train de gagner. Le Royaume arrivait. »
  • Radicale plus encore que conservatrice, la NAR se donne depuis 1996 pour mission de « construire le Royaume » ce qui veut dire, en termes clairs : « détruire l'État laïque avec des droits égaux pour tous, et le remplacer par un système dans lequel le christianisme est souverain. En pratique, le mouvement a mis toute la force de Dieu du côté de l’économie capitaliste de marché. »
  • Issu de cette mouvance et soutenu par J. D. Vance, un livre intitulé Unhumans (Non-humains), décrit les opposants politiques comme des « non-humains » qui veulent « détruire la civilisation elle-même ». Le livre affirme que ces « non-humains » doivent être « écrasés ». « Notre étude de l'histoire nous a amenés à cette conclusion : La démocratie n'a jamais réussi à protéger les innocents contre les non-humains », écrivent les auteurs. « Il est temps d'arrêter de jouer selon des règles qu'ils refusent. »
  • Certains chercheurs attentifs à l’évolution de ce mouvement y voient « le mouvement religieux le plus significatif du XXIème siècle », celui qui « fournit les fantassins pour démanteler l’état séculier ».
  • Dans un livre intitulé The Violent Take it by Force, Matthew D. Taylor, chercheur à l’Institut d’études islamiques, chrétiennes et juives précise que les leaders de la NAR ont été les « principaux architectes théologiques » de l’insurrection du 6 janvier 2021 dont les acteurs viennent d’être graciés et que leur « [Leur] ordre du jour [agenda en anglais] c’est maintenant Trump ».Faith leaders, including major figures in the New Apostolic Reformation movement, pray with Donald Trump at the White House in 2019. (Storms Media Group / Alamy)Partager
Pourquoi c’est vraiment inquiétantNous aurions tort de sous-estimer le phénomène, comme le font trop de médias (à commencer par le New York Times), que cette dimension semble gêner.
  • Trump, qui se dit (il finira bien par le croire, si ce n’est déjà le cas) « miraculé » depuis l’attentat manqué auquel il a échappé, a toujours bénéficié du soutien des mouvements religieux les plus conservateurs. Cette fois, ça va plus loin.
  • Plus grave, parce que plus diffus et donc plus difficile à saisir, il doit une grande partie de son succès politique à la solitude des plus défavorisés, des hommes jeunes, d’un peu tout le monde. Or on n’a rien trouvé de mieux jusqu’à présent que les religions pour donner un sens de communauté.
  • Face aux difficultés que la nouvelle administration risque de rencontrer au moment de passer des promesses aux actes, recourir à une foi plus organisée et d’autant plus efficace qu’elle repose sur une structure non hiérarchisée en réseaux, risque d’être particulièrement tentante. Nous en avons vu un exemple lors de ce meeting perturbé où plutôt que de parler de son programme celui qui n’était alors que candidat s’est , tel un preacher, à bercer la foule au son, entre autre, d’Ave Maria.
  • Une telle évolution peut parfaitement convenir aux géants de la tech algorithmique qui privilégie l’émotion, donc la montée aux extrêmes et s’accorde à merveille avec la fragmentation et les cassures du monde. Ces géants qui le soutiennent à fond et viennent de manifester leur allégeance.
Laissez un commentaire.Un 21ème siècle fondamentaliste ?Revenons, pour conclure, à la fameuse phrase attribuée à Malraux selon laquelle il aurait dit « Le 21ème sera religieux ou ne sera pas ». Une phrase qu’il a, lui-même maintes fois contesté préférant le terme « spirituel » voir « mystique » (nous y sommes).Le vrai sujet semble être la forme que prennent les différentes fois.Le nombre de croyants tend à se réduire. C’est inégal, bien sûr, mais c’est globalement vrai, notamment aux États-Unis. En 1991, 6% des Américains se déclaraient non-religieux. Ils sont 30% aujourd’hui. Mais ceux qui restent sont de plus en plus intolérants, extrémistes, violents…Le monde est divisé, selon eux, en bons (qui partagent la même croyance) et en méchants (tous les autres). Les premiers s’arrogent vite le droit de tuer les seconds. C’est d’autant plus grave qu’ils se mêlent de plus en plus de politique, souvent manipulés par ceux dont c’est le métier. Guerres de religions et conflits politiques s’entremêlent.On le voit dans le monde musulman mais pas que, et loin de là. Les forces soutenant le gouvernement de Netanyahou (qui a participé à un évènement de la NAR) en Israël et celui de Modi en Inde jouent cette carte.Plus choquant encore au vu de la perception dominante que nous avons d’eux, même des bouddhistes se sont engagés sur cette voix (dans le massacre des musulmans au Myanmar).Je crains que le 21ème siècle ne soit intolérant et violent. La technologie y contribue. La fragmentation (ou les cassures) du monde aussi. Ainsi que la méta-mutation dans laquelle nous sommes engagés sans savoir vers quoi elle nous entraîne.Abonnez-vous maintenantProfitez davantage de Francis Pisani avec l'App SubstackDisponible sur iOS et AndroidObtenir l’app

Publié le 05.01.2025 à 18:51

2034, roman réveil ≈062

Bonne année à toutes et tous…Commençons par un bon livre pour aborder presque sereinement ce qui nous attend (spoiler : je ne parle pas de dissolution).Myriades \ Francis Pisani est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.Un roman… Mais je vous préviens, celui-ci imagine comment nous pourrions nous retrouver happés dans l’engrenage d’une conflagration planétaire.Parler de la mort n’a jamais tué personne. Parler de guerre non plus j’espère. Et un bouquin qui tient la route est trop précieux pour être ignoré. Surtout s’il est utile.Source : Wikipedia2034, le livre2034, tel est le titre, a été publié aux États-Unis en 2021 avec un sous-titre on ne peut plus clair : A Novel of the Next World War, soigneusement gommé de l’édition française par peur, j’imagine, d’inquiéter. C’est pourtant là une de ses vertus principales : il alerte en mettant en scène ce qui pourrait bien arriver… après-demain… ou plus tôt.Les deux auteurs savent ce que « guerre » veut dire.Ancien Marine, Elliot Ackerman a commandé des troupes spéciales en Afghanistan et en Irak. Le New York Times review of Books estime d’un de ses premiers romans qu’il « a fait quelque chose de courageux en tant qu'écrivain et d'encore plus courageux en tant que soldat : il a touché, pour de vrai, la culture et l'âme de son ennemi. » Un art qu’on retrouve dans 2034.Ancien commandant du groupe d'attaque naval mené par le porte-avions Enterprise dans le Golfe Persique de 2002 à 2004, l’amiral James Stavridis a occupé plusieurs postes de commandement en chef dont celui de l’OTAN. Il connaît par coeur les différents théâtres d’opérations traités dans le livre : la mer de la Chine du sud revendiquée par Beijing, Kaliningrad cette obsession russe, ou le détroit d’Ormuz, position stratégique dont le contrôle peut changer les flux mondiaux d’énergie, entre autres.Ensemble, ils nous donnent un vrai thriller structuré autour de l’inévitable affrontement des deux superpuissances de notre époque qu’ils font démarrer par un piège tendu par le Chinois. Les Américains s’y précipitent la tête la première et s’empêtrent, entraînant leurs ennemis dans un emmêlement dont personne ne sait plus comment se dégager.On y voit une femme commodore en charge d’un destroyer américain dont l’escadre est anéantie sans qu’elle comprennent pourquoi, sur le moment.Un pilote de chasse US dont l’avion se fait aspirer au dessus de l’Iran sans, lui non plus, s’expliquer comment.Escadre-chine-pa-20243110-Zonemilitaire/Opex360.com.jpgUn amiral chinois diplomate en poste à Washington dont je ne vous dirai pas plus.Un ministre de la défense et membre du politburo de Beijing qui s’inspire de Sun Tzu (impossible d’y couper) pour berner une présidente américaine modérée et craignant de paraître trop faible…Un officier irascible des Gardes révolutionnaires iraniens qui, incapable de foutre une simple baffe à son prisonnier, complique la situation, peut-être à dessein.Un analyste américain d’origine indienne qui a le plus grand mal à gérer une crise planétaire en même temps que la garde de sa fille dont il a quitté la mère.Une amiral russe qui, suivant les instructions de Poutine, toujours au pouvoir, profite de la situation pour rattacher Kaliningrad à la mère patrie.Le tout est tissé de tensions et de jalousies familiales, amoureuses ou professionnelles qui, loin d’être le centre du livre, lui donnent une chaleur humaine et en rend la lecture facile.Elle est aussi utile.Thanks for reading Myriades \ Francis Pisani! This post is public so feel free to share it.PartagerLire 2034 permet de comprendre comment :
  • l’affrontement se jouera sur plusieurs théâtres à la fois et fera intervenir des alliances et des rivalités entre puissances secondaires tout aussi surprenantes que les technologies alors que l’Europe, sauf la Russie ne joue pas le moindre rôle;
  • une fois lancée, la logique des inter-actions, devient incontrôlable du fait des relations entre les différentes composantes de l’ensemble.
Mais, le livre n’est pas totalement pessimiste. Un shiva ex machina permet d’éviter, non sans difficulté, l’embrasement généralisé.Pas vraiment pessimisteContrairement au mythe de la fin du monde qui ressort de siècle en siècle les auteurs ont l’intelligence de ne pas faire de quelques échanges de charges nucléaires une affaire définitive. Loin de là. On modifie la composition du Conseil de Sécurité de l’ONU dont on fait déménager le siège loin de New York comme de Beijing. Dommage qu’il faille une guerre pour cela.Mais pourquoi recommander un tel livre qui n’est au fond, qu’une hypothèse concernant un futur, somme toute, lointain ?
  • Parce qu’elle est vraisemblable et que si nous attendons la veille pour nous réveiller il sera trop tard.
  • Parce que ces deux militaires américains reconnaissent l’importance des revendications des pays affectés par 5 siècles de domination occidentale et n’hésitent pas à écrire, en plus, que « L'Amérique que nous croyons être n'est plus celle que nous sommes. . . . ». Et la Chine pas encore… Quant aux Européens qui, sauf la Russie, sont inexistants dans cette grande conflagration, ils feraient bien d’admettre que cela vaut pour eux plus encore.
Encore des doutes ?Sachez que le nouveau secrétaire de l’OTAN, Marc Rutte, prévoit une guerre majeure dans les cinq ans qui viennent. « Nous devons adopter un état d’esprit (mindset) de guerre » a-t-il déclaré le 12 décembre 2024, juste avant Noël.« Réveillez-vous » m’a suggéré comme titre de ce billet un ami à qui je racontais l’histoire…A quelle heure ?PS - N’oubliez pas, avant de regarder vos montres, que l’actu court très vite derrière la fiction comme l’indiquent ces trois infos (parmi plein d’autres) de ces dernières semaines :
  • Deux câbles sous-marins de communication ont été coupés en Mer baltique. Le hasard ne faisant jamais si bien les choses on parle de sabotages dans lesquels seraient impliqués un bateau russe, un chinois et un chinois piloté par un Russe.
  • Des Chinois ont hacké le Département Trésor américain (l’équivalent, en France, du Ministère de l’économie et des Finances) et, ainsi, gagné « accès à certains documents non classifiés ».Partager
  • Quant à Donald Trump il a souhaité un « joyeux Noël au gouverneur du Canada, Justin Trudeau, dont la fiscalité est beaucoup trop élevée. Si le Canada devenait notre 51ᵉ État, les taxes seraient réduites de plus de 60%, toutes les entreprises doubleraient immédiatement de taille et les Canadiens bénéficieraient de la protection militaire la plus importante au monde. » Idem pour les « habitants du Groenland, qui est nécessaire aux États-Unis pour des raisons de sécurité nationale, et qui veulent que les États-Unis soient là—et nous y serons ! » Et ce n’est pas tout, comme le montre la carte ci-dessous trouvée sur Le Grand Continent sous le titre “Noël avec Empire”.
Carte partagée plus de 4,2 milliers de fois, avec plus de 5 millions de visualisations par le compte X (ex-Twitter) @EndWokeness.Bonne année à toutes et tous…Profitez davantage de Francis Pisani avec l'App SubstackDisponible sur iOS et AndroidObtenir l’appMyriades \ Francis Pisani est une publication soutenue par les lecteurs. Pour recevoir de nouveaux posts et soutenir mon travail, envisagez de devenir un abonné gratuit ou payant.

 

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